Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article BENEFICIARIUS

BENEFICIARIUS. -Titre sous lequel on désignait, dans l'armée romaine, tous ceux qui avaient reçu une récompense ou jouissaient d'un privilége [BENEFICIUM] : on le trouve habituellement, dans les écrits des auteurs latins ou dans les inscriptions, suivi du nom ou du titre de celui qui a accordé cette faveur' ; dans les inscriptions, il se présente quelquefois sous la forme B, BB ou BF. Les tribuns et les centurions, nommés par les consuls, les proconsuls, les préteurs, les préfets, etc., leur en témoignaient toujours une grande reconnaissance, et se montraient dévoués à leur personne en les suivant partout, et particulièrement en adoptant leur parti dans les guerres civiles' ; ils en recevaient alors de nouvelles récompenses, le partage des terres des vaincus, etc. Il y avait donc une grande analogie entre eux et les EVOCATI. Sous la république, les beneficia accordés par les gouverneurs des provinces n'étaient définitivement acquis que trente jours 3 après l'inscription faite à Rome, sur les registres du trésor public, par les soins des donateurs eux-mêmes : on désignait cette formalité par l'expression ad aerarium referre 4. Comme ces libéralités étaient réservées exclusivement aux citoyens romains, la preuve de la possession de ce dernier titre résultait de l'inscription sur les registres du trésor On trouve plus tard la mention d'un registre consacré à ces inscriptions, qui s'appelait liber benefzciorum 6. Le titre de bene/icia 'ius fut donné sous l'empire à tous ceux qui obtinrent une faveur', quelque minime qu'elle fût. telle que l'exemption du travail des retranchements On voit ici (fig. 19) la pierre funéraire d'un soldat romain, trouvée près d'Aumale, en Algérie, dans les ruines de l'antique Auzia'. Une inscription gravée sous la figure nomme Geminius Saturninus beneficiaries d'un préfet, c'est-à-dire du commandant d'un corps de cavalerie auxiliaire, probablement indigène, dans lequel ce beneficiarius avait sans doute un grade. Le bâton qu'il tient de la main droite rappelle le sarment des centurions. La gauche s'appuie sur un long glaive suspendu à un baudrier Pendant bien longtemps, aucune loi ne régla les beneficia que les gouverneurs de province ou les chefs d'armée accordaient aux centurions ou aux personnes recommandées par les tribuns 10; mais des abus se ma BEN nifestèrent11. Tibère partagea les beneficia d'une légion entre le chef direct de celle-ci et le gouverneur de la province où elle résidait" : pour qu'il y eût partage entre deux hommes jaloux de maintenir leurs prérogatives, il fallait qu'il y eût au moins des limites précises. Lorsqu'on adopta l'usage de donner le nom de contubernium à la décurie et celui de contubernales à ceux qui en faisaient partie, on cessa de donner ce dernier titre aux militaires qui étaient attachés à la personne d'un chef ou d'un gouverneur de province, et on le remplaça par celui de bene/icia