Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article BENEFICIUM

BENEFICIUM. Ce mot, en droit romain, a souvent le sens de privilége : par exemple, le droit des soldats de tester suivant certaines formes [TESTAsIENTUIU] est appelé beneficiunz militare'. Il signifie aussi les avantages, promotions et grâces attribués aux soldats, par suite d'une fiction de la loi Cornelia, et qui faisaient d'eux des BENEFICIARII'. Enfin on trouve dans Hygin, qui vivait sous Nerva, la mention d'un liber bene/icioruen 3, qui était un livre des grâces impériales, sur lequel on inscrivait, entre autres choses, les concessions de terres faites à des colonies. Ce livre prit lui-même plus tard le titre de Benefciutrt4. On est parti de là pour assimiler les concessions de terres faites par les empereurs romains à des conditions militaires, avec les bénéfices des Mérovingiens et surtout des Carlovingiens Le savant Guérard a repoussé cette assimilation 6 d'une manière trop absolue. L'idée première des bénéfices en terres remonte aux Cimbres et aux Teutons demandant au consul Silanus de leur accorder des terres et s'engageant, moyennant cette concession, au service militaire envers Rome Les Romains n'acceptèrent pas cette proposition, mais plus tard un arrangement analogue fut conclu avec les Bataves et les Mattiaques 8. Alexandre Sévère accorda des terres conquises aux généraux et aux soldats préposés à la garde des frontières (limitanei), à condition que leurs héritiers seraient pareillement soldats et que ces terres ne passeraient jamais entre les mains de personnes étrangères à l'armée 9. Probus en fit autant pour les vétérans qu'il établit dans les gorges de l'Isaurie 10 ; il y eut un dux lintitis spécialement préposé à ces frontières'1. Enfin Constantin et ses successeurs généralisèrent ces mesures et prirent l'habitude de distribuer des terres (agri limitaneli aux soldats des frontières et aux vétérans, en soumettant eux et leurs fils à l'obligation du service militaire ; ces colons militaires s'appuyaient sur des castella ou burgi, ce qui leur fit donner le nom de BURGARII. Ensuite les barbares furent admis, sous le nom de LAETI ou GENTILES, à occuper des terres des frontières à la charge du service militaire'. Par suite de ces faits on s'est quelquefois représenté cette institution comme formant une origine romaine des bénéfices barbares. Nous serions plutôt disposé à regarder ces distributions de terres moyennant service militaire comme dues à l'influence des Barbares; elle s'exerça sur l'empire romain longtemps avant le moment où elle le fit tomber en dissolution. F. BAIIDBY.