Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ACTIA

ACTIA (Ax'ta). Fête célébrée en l'honneur d'Apollon Aetius sur le promontoire d'Actium en Acarnanie, auprès (lu temple qui était le centre religieux de tous les Acarnaniens 1. Des concours 2 gymniques et hippiques y avaient lieu tous les deux ans ; les vainqueurs remportaient pour prix une couronne. Quelques auteurs en racontent un usage singulier : au commencement de la fête un bœuf sacrifié était abandonné aux mouches. Auguste, après sa victoire sur Antoine, agrandit le sanctuaire d'Apollon, fonda sur le promontoire une ville qui fut nommée Nicopolis, et institua de nouveaux jeux ', ACT 54 MCT célébrés tous les quatre ans, le 2 septembre, jour anniversaire de la bataille d'Actium. Ils consistaient en luttes athlétiques, en courses de chevaux, en concours de musique et de poésie et en joutes navales. Ils prirent le cinquième rang, après les jeux Olympiques, Pythiques, Isthmiques et Néméens, parmi les fêtes solennelles de la Grèce, et l'on compta par actiades (âxTfce;), comme par olympiades 4. De nombreuses inscriptions 1, témoignages de victoires remportées à ces jeux par des athlètes ou des musiciens appartenant à tous les pays où l'on parlait la langue grecque, montrent en quel honneur furent tenues ces victoires jusqu'à la lin du paganisme. L'empereur Julien les rétablit encore pour quelque temps 6. Les jeux actiaques ne furent pas célébrés seulement à Nicopolis; à Rome, le Sénat décréta aussitôt après la ba taille d'Actium une fête quinquennale (7CEVTxETT,p(ç), c'est-à dire revenant après une période de quatre années révolues, en commémoration de la victoire d'Octave. Le soin en fut confié à tour de rôle aux quatre colléges des pontifes, des augures, des quindecimviri et des septemviri epulones7, lesquels devaient offrir des sacrifices pour la santé de l'empereur. On vit pour la première fois à Rome, lors de la célébration des jeux actiaques, en 726 (29 av. J.-C.), des luttes d'athlètes à l'imitation des jeux de la Grèce, et des courses de chars conduits par des hommes appartenant à la classe noble. On ne sait pas jusqu'à quelle époque cette fête se maintint à Rome ; rien ne prouve qu'elle y ait été célébrée postérieurement au règne d'Auguste ; mais dans les provinces où plusieurs villes B ou princes 9 fondèrent des jeux semblables par flatterie pour l'empereur, des inscriptions attestent qu'ils durèrent au moins jusqu'à la fin du premier siècle de l'ère chrétienne. Le souvenir du culte d'Apollon Actius restauré par Auguste est aussi conservé par les monnaies. On a repro duit ici (fig. 87), d'a 5t près un exemplaire du Cabinet de France to làQ© ',jp àat~ une monnaie d'argent d'A ntistius vetus, monétaire d'Auguste, sur laquelle on voit, au droit, la tête de cet empereur, avec ces mots : IMP. CAFSAR Aud. TR. POT. IIx (imperater Caesar Augustes tribunicia potestate octavo) ; et, au revers, avec ces mots : APOLLINI ACTIO, un personnage dans le costume d'Apollon, en longue robe et tenant une lyre, debout sur une estrade ornée des ancres et des proues des vaisseaux qu'Auguste lui avait consacrés, et faisant une libation sur un autel. D'autres monnaies " mentionnent les voeux offerts pour la santé de l'empereur. E. SAGLIO.