Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article BUCINA

BUCINA ou BUCCINA ' (Boxâvr). Coquille, cornet, trompette. Plusieurs sortes de coquillages enroulés, tels que buccins, strombes, tritons, murex, etc., ont été de bonne heure transformés sans beaucoup de peine en trompettes par ceux qui les ramassaient sur le rivage de la mer' ; ils sont souvent figurés dans les mains des dieux marins [TRITON], des vents [VENTS]. On voit encore cette trompette primitive employée, au temps où les instruments de musique furent le plus perfectionnés, par des marins, des paysans, des bergers 3, comme le montrent la figure 884 d'après un des bas-reliefs romains encastrés dans les murailles de Narbonne 4 et la figure 885, tirée d'une lampe romaine en terre cuite 5 où est représenté un navire à Lexie. graec. s. e. rs3s4;ntx,n ; Suid, s. v. Baur?),d;es,. 8 Zosim. Y, 13 ; BBeking, Not. imper. Orient. p. 26. Les cavaliers d'élite étaient couverts d'une armure et armés de flèches et formaient l'avant-garde ou l'arrière-garde. Turneb. Advers. XXIV, tribuée à Tyrrhénus, fils d'Hercule, Hyg. Fab. 274; cf. Id. Astr. II, 23. Le nom du Theoer. XXII, 75.4 Al. de Laborde, Montan. de ta France, I, pl. nxu; Cf. V irg. Aen. 95 BUC 753 BUC bord duquel la manoeuvre est commandée par un marin qui sonne de la bucina. Mais il ne faut pas chercher uniquement dans le modèle des coquilles à spirale allongée la forme de la bucina, Ce nom, quelle que soit sa véritable étymologie était celui de la trompe dont se servaient les bouviers et les porchers pour rassembler et conduire leurs troupeaux 7; il s'est conservé dans le vieux nom de busine et dans celui de cornet à bouquin, qui désignent encore l'instru ment à l'aide duquel les pâtres rappellent les bestiaux, et les veilleurs de nuit, en quelques endroits, sonnent les heures, comme autrefois les bucinatores dans les camps romains (Voy. § II). Il faut donc voir dans la bucina un instrument analogue, droit ou plus ou moins courbé, à embouchure étroite, s'élargissant progressivement et se terminant par un pavillon largement ouvert e. La distinction entre bucina et cornu, ce dernier mot désignant proprement le cor circulaire, n'est pas rigoureusement observée par les auteurs, et la définition même qu'en donne Végèce 8, lorsqu'il indique les différentes espèces de trompettes en usage de son temps dans l'armée, prouve que, pareils à peu près à l'origine, les deux instruments ne différèrent plus tard que par les perfectionnements donnés à celui qui garda le nom de cornu. Dans les monuments qui représentent des combats de Grecs et de Barbares, l'un de ceux-ci tient quelquefois la bucina, qui est alors opposée à la longue trompette droite (asa7rty) de leurs adversaires 10 (fig. 886). On voit des bucinatores mêlés à des musiciens jouant d'autres instruments et précédant le char d'un triomphateur, dans un bas-relief étrusque (fig. 887)11. C'est aussi à l'aide de la trompe grossière du pasteur que le héraut, dans les temps antiques de Rome, appelait le peuple aux assemblées 1E. II. Dans les armées romaines, la bucina était spécialement employée pour le service de nuit : on en trouve la preuve dans divers passages de TiteLive 13, de Properce 14, de Silius Italicus f5, de Tacite q8. Polybe 17 donne le mên}e renseignement. Frontin, dans son Stratagematicon18, raconte que Sylla, se trouvant dans une position difficile, put décamper pendant la nuit sans être poursuivi, grâce à l'idée qu'il eut de laisser dans son camp un soldat qui sonna de la buccina au commencement de chaque veille, comme si les troupes avaient été présentes. Varus employa la même ruse avec succès 18 On sonnait de la bucina, non-seulement pour faire connaître le moment où il fallait relever les sentinelles, mais encore pour annoncer une exécution 40, ou pour prévenir les soldats qu'ils devaient finir leur repas 21, ou qu'on voulait leur communiquer des ordres ut; cette sonnerie était appelée quelquefois buccinus 83, et plus généralement classicum. Plusieurs commentateurs ont cru que ce dernier mot servait à désigner un instrument particulier, mais un passage de Végèce dément cette assertion E8 : Classicum appellatur quod buccinatores per cornu dicunt. En outre, Modestus dit ceci z6 : Classiarü appellantur buccinatores. Le classicum était donc une sonnerie; mais l'examen des passages des auteurs où il en est question prouve qu'on donnait particulièrement ce nom à la sonnerie exécutée par toutes les trompettes réunies sur le même point pour donner le signal du combat 28; ou devant la tente du général pour annoncer la réunion des gardes x7, ainsi que celle de toute la troupe M; ou qui servait à exiger le silence xe. Elle constituait une prérogative du commandement, puisqu'elle ne s'exécutait qu'en présence du chef de l'armée 80 : lorsque Pompée donna l'ordre de faire sonner le classicum devant la tente de Scipion, il fit ainsi savoir à toute l'armée qu'il reconnaissait ce dernier comme son égal a1. Cette sonnerie, transmettant un ordre donné directement à toutes les troupes par le chef de l'armée, il ne pouvait y avoir ni retard, ni hésitation parmi ceux qui l'entendaient : c'est sans doute pour cela que Suétone 32 a employé le mot classicum, quoiqu'il ne parlât que d'une seule trompette, en racontant le passage du Rubicon. De tout ceci, il résulte que l'expression classicum canere cor quels nous renvoyons feront comprendre l'effet décoratif que l'on obtenait au moyen de boutons ou de têtes de clous régulièrement disposés. Dans la description de la maison de Tri BUL 754 BUL respond généralement à celle-ci, qu'on emploie dans les armées modernes, sonner l'assemblée. Nous sommes d'autant plus porté à adopter cette traduction, que Varron a dit 33 : a Ceux qui sonnent de la trompette pour appeler les classes du peuple à l'assemblée des comices, et qu'on appelle classici, tirent leur nom du mot elassis (division du peuple). Un passage des Institutions militaires de l'empereur Léon 3" nous apprend que, de son temps, il y avait deux espèces de buccines qui différaient entre elles par leurs dimensions. MASQLFLFZ.