BYSSUS (BtiaQoç). Une assez grande obscurité règne sur le véritable sens de ce mot, et il est vraisemblable que les auteurs anciens l'ont appliqué à des étoffes différentes. Ce que les naturalistes actuels appellent byssus est une sécrétion filamenteuse du mollusque appelé pinne marine; les anciens la connaissaient, ils surent même en faire des tissus '. Mais cette substance n'a pas de rapport avec le byssus dont parlent les écrivains des temps antérieurs, qui était certainement un tissu végétal. Le mot byssus semble venir de l'hébreu
buth dont le sens n'est pas mieux défini. Le passage le plus remarquable est celui où Hérodote dit qu'on enveloppait les momies dans des bandages de byssus 2 : or on a cru longtemps que la matière de ces bandages était du coton, mais les dernières recherches et les études microscopiques tendent à prouver que c'est du lin. D'ailleurs, dans un autre passage, Hérodote dit que les Perses avaient des baudriers en byssus ce qui ne permet guère de supposer que ce fût du coton, et en décrivant le coton qui croît dans les Indes, il ne nomme pas le byssus 4. 11 ne paraît pas avoir bien distingué le coton du lin : car il dit que les prêtres égyptiens portaient une robe de lin et il ressort de plusieurs passages d'autres auteurs 6, notamment de Pline l'Ancien' et de Philostrate 8, que les prêtres de l'Égypte portaient des vêtements en coton, qu'on faisait venir de la Haute-Égypte ou de l'Inde. Que le byssus ait été tiré d'un ou de plusieurs végétaux, ce qui est certain, c'est qu'il était ordinairement blanc ; on le teignait souvent en pourpre 9 ; mais l'Elide, le seul endroit de la Grèce où on cultivât cette plante, produisait du byssus jaune, «v8ç 10. Ce byssus était travaillé à Patras par des ouvrières spéciales, elles en faisàient des voiles et des coiffures (xerp4aaot) fort recherchés Pline nous apprend que ces étoffes, qu'il appelle linum byssinum, servaient surtout à des femmes et se vendaient au poids de l'or 12. Peut-être étaient-ce des tissus extrêmement légers, analogues aux étoffes de Cos ; Pausanias 16 croit nécessaire d'avertir que les étoffes de soie que fabriquaient les Sères étaient quelque chose de distinct du byssus.
Le premier auteur grec qui nomme le byssus est Eschyle", qui paraît entendre par là le lin; Hérodote en parle comme d'un produit étranger; on ne peut préciser à quelle époque il fut introduit chez les peuples helléniques. Il ne se trouve mentionné que très-rarement par les auteurs latins 15; il était sans doute peu en usage chez les Romains, ou bien ils lui donnaient un autre nom. G. PABls.