Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

CACUS

CACUS, CAcius, CAECms. Géant, fils de Vulcain, moitié homme et moitié satyre, qui habitait un antre sur le mont Aventin, au temps où Hercule conduisit aux bords du Tibre les troupeaux qu'il avait enlevés à Géryon dans les pâturages d'Érythie. Cacus vola à Hercule, pendant son sommeil, quelques génisses, et, pour cacher son larcin, il les traîna dans son antre à reculons. Le matin, comme Hercule se disposait à partir, les taureaux de son troupeau se mirent à mugir et les génisses enlevées leur répondirent. Hercule furieux écarta de ses mains le rocher énorme qui fermait la caverne de Cacus, lutta contre le monstre, le vainquit en dépit des flammes qu'il vomissait et l'étouffa ou le tua à coups de massue Tels sont les récits de Virgile et d'Ovide; selon d'autres traditions, Cacus était un simple pasteur ou un serviteur d'Évandre On lui donne aussi une soeur du nom de Caeca, et l'on raconte que ce fut elle qui dénonça à Hercule le larcin de son frère, ce qui lui valut d'être honorée comme une divinité 3. Dans Diodore, Cacius, loin d'agir vis-à-vis d'Hercule en ennemi, lui donne au contraire l'hospitalité Enfin Solin' fait de Cacus un ambassadeur envoyé en Étrurie par le roi de Phrygie, Marsyas. Mis en prison par Tarchon, roi des Tyrrhéniens, il s'échappe, retourne en Asie, d'où il revient avec des troupes, s'empare des bords du Vulturne et de la Campanie, et est tué par Hercule au moment où il allait ajouter à ses conquêtes le territoire concédé aux Arcadiens. Dans d'autres versions, Hercule disparaît; et Cacus, redevenu un brigand, est puni de ses vols par un autre pasteur d'une force extraordinaire, appelée Garanus ou bacaranus 6. Le théâtre de la lutte d'hercule et de Cacus est une vallée étroite entre le mont Aventin et le mont Palatin, là où fut plus tard le Forum boaciunl, à l'endroit même où, selon la tradition, avaient été parqués les boeufs d'Hercule. Du côté de l'Aventin, on montrait la descente de pierre appelée Échelle de Cacus 7, et l'autel voué par Hercule à Jupiter Jneentoc lorsqu'il allait à la recherche de ses boeufs Du côté du Palatin, s'élevaient l'Ara Maxima, consacrée à Hercule victorieux, le temple d'Hercule et la statue du dieu 9. Des fêtes annuelles rappelaient aux Romains la victoire d'Hercule. Le sacrifice y était suivi d'un festin. Outre les fêtes ordinaires, il y en avait d'extraordinaires aux jours de triomphe. La victoire d'Hercule sur Cacus était devenue le type des victoires romaines, et la légende y rattachait l'institution du On a signalé le caractère grec des rites de l'Ara Maxima 1U. La fable de Cacus rappelle aussi la Grèce. Le vol des boeufs d'Hercule rappelle, jusque dans un détail caractéristique 11, le vol des boeufs d'Apollon par Hermès dans l'hymne homérique. Aussi a-t-on dit qu'Hermès était la forme divine, et Cacus la forme démoniaque du voleur 12. Le nom même de Cacus semble venir de xaxôç, méchant 13 La légende herculéenne de Cacus a dû vraisemblablement former un épisode des Gar'ganides, composées par des poëtes siciliens et dont la plus ancienne est contemporaine de Servius Tullius. Néanmoins, on a cru reconnaître, sous un déguisement grec, une ancienne légende latine, ou même un vieux mythe arien 14 ; le masque grec aurait été apporté par les colonies de l'Italie méridionale et de la Sicile. On a pensé que le fils d'Alcmène avait remplacé un Hercule sabin du nom de Samo Sanctts, forme terrestre de Jupiter [sAxCUS[. Quant à Cacus, il CAD 775 CAD faudrait voir en lui un dieu souterrain du feu. Sancus, ou Jupiter, serait ainsi le vrai dieu de l'Ara Maxima 15. Le culte d'Hercule vint probablement de Cumes, à Rome, lors du premier LECT1STEIINIUM qui y fut tenu en 402 av. J.-C., à l'occasion d'une peste ; Hercule y fut honoré, comme Apollon, sous le nom d11ns;(Y«xo4 16. L. DE RONCHAUD.