Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CANABENSES

CANABENSES [CANABA]. C.ANALIS, diminutif c_4r'sLIi,UL_us. -L Canal, conduit de quelque espèce que ce soit, particulièrement, un conduit pour les eaux. Vitruve distingue les canotes strueatea constructions en maçonnerie, des tuyaux de plomb ou de poterie (/stulae plumbeae, tub°où timides), qui servaient à leur distribution [FISSCLA, TUetsj. Pour d'autres canaux, creusés dans le sol,voy.rissx u nsssr cM, CLO,1cs fin appelait encore canotes les rigoles ou canaux découverts où des animaux viennent s'abreuver. La figure reproduit une miniature du manuscrit de Virgile de la bibliothèque du Vatican, où l'on voit des canaux artificiels en bois semblables à ceux que décrit un vers des Géorgiques' et à ceux qui sont encore en usage dans beaucoup de pâturages des montagnes 3. Il y avait à Rome, au milieu du forum, un endroit appelé canes : c'était probablement celui où la pente 'u terrain formait un ruisseau qui conduisait les ~x grand égout (cloaca ,.zc c,r..a) ''. On nommait er les oisifs, les parasites et les mendiants dont cet était toujours rempli a. H. Cataalis a été employé clans la basse latinité pour indiquer un chemin de traverse III. Dans le langage de l'architecture, canalis si nifie la cannelure d'une colonne ou d'un pilastre, celle qui. est creusée sur la face verticale d'un larmier, d'une architrave, d'une plate-bande, ou le canal creusé dans hl règle ou fémur des triglyphes.' ; le premier exemple qu'on voit (fig. 1067) reproduit un des triglyphes du temple de Ségeste en Sicile; le second est tiré du larmier du tene pie d'Antonin et Faustine à Rome (fig. 1068), tin appelait aussi canalis, le creux en forme de cannelure peu CAN -868-CAN profonde qui suit le contour de la volute du chapiteau IV. Candis est aussi le canon, rrtpty, de la catapulte V. En chirurgie, ce mot signifie un appareil en gouttière pour contenir des membres cassés 8. E. SAGLIo. CANCELLARIUS [CANCELLII. CALNCELLI et anciennement CANCRI Klyxay, pbwxx7og, xâynoèaç. Ces noms s'appliquaient àtoute clôture à claire-soie 2, grille, balustrade, barrière, qu'elle fût faite de bois, de marbre ou de métal, de barres assemblées d'un treillis de fer ou de bronze, ou de tuiles superposées [CLATHHI, TIIANSENNA et destinée à enceindre un terri foire 8, à protéger un monument, à fermer les différentes parties d'un édifice, ou à interdire un endroit réservé 4. 1)es cancelli servaient de garde-fous au-dessus du podium et demurs (bals %), des précinctions du théâtre et du cirque e. Dans les bas-reliefs qui ornent le piédestal de la colonne de Théodose à Constantinople a, où cet empereur est représenté présidant aux jeux, on peut 1 observer (fig. 1069, voy. aussi p. 19, fig. 36), de semblables cancelli, d'aspect varié, soutenus par des montants verticaux en forme d'hermès (./iermuli) 7. On voit une balustrade semblable (fig. 1070 ), dans un des bas-reliefs, détachés d'un arc élevé sous Trajan, qui décorent depuis lors l'arc de Constantin; l'empereur est représenté, à ce que l'on croit, haranguant àl'entrée des eauqui s'étendaient devant les rostres, dans le forum8. Dans les lieux d'assemblée, à Athènes 9 aussi bien qu'à Rome 1°, l'endroit où se tenaient les orateurs, les magistrats, les juges était protégé par une barrière dont nous retrouvons le souvenir et le nom dans le dance/ des basi liques chrétiennes u et dans la barre de nos tribunaux. Le nom de barreau, a aussi fini par s'appliquer aux avocats qui déjà, dans l'antiquité, plaidaient près de cette barre 19. On appelait cancellarii les huissiers qui veillaient au dehors afin que les délibérations ne fussent troublées par aucun désordre ni aucun bruit du dehorsi3 ; des cancellarii étaient placés de même à l'entrée du conseil du prince 1h La charge de ces officiers, longtemps subalternes f6, mais que leurs fonctions initiaient aux secrets, devint un poste de confiance. Introducteurs obligés et souvent conseillers de ceux qui venaient solliciter les juges, les gouverneurs C_A\ -869 --C_AN des provinces, l'empereur lui-même, après avoir transmis les requêtes, ils transmirent aussi les réponses ; souvent ils firent office de greffiers et de secrétaires, en rédigeant dés dépêches et en expédiant des jugements. Ils prirent ainsi un pouvoir dont il fut nécessaire de réprimer l'abus 76. Les emplois, distincts jusque-là, des secrétaires [NCTASI1] et des huissiers (cancellarii) arrivèrent à se confondre, et le nom des derniers, qui avaient été d'abord dans une situation tout à fait inférieure, finit par être, au bas-empire, le titre de deux hauts fonctionnaires qui avaient sous leur autorité le secrétariat (le l'administration de la justice Ainsi s'est introduite la double acception qu'ont retenue les mots chancelier et chancellerie dans les temps modernes. E. SoeLlo. CANDELA. Chandelle, cierge, bougie, tout flambeau fait d'une mèche trempée dans une substance combustible, telle que de la cire, du suif, de la poix; la mèche pouvait être d'étoupe, de moelle de jonc, de papyrus ou d'autres fibres végétales, quelquefois simplement tordues et enduites de la matière grasse ou résineuse 1. A ces différences de fabrication répondaient les noms spéciaux de CEREUS, FUNALE, SEBACEIJS, auxquels nous renvoyons [voy. Pris seul, le mot candela signifie plus particulièrement la chandelle de suif', par opposition à la bougie de cire [Cl-;mus] dont se servaient les personnes aisées Longtemps ce genre de luminaire fut le seul que l'on connût`' avec les torches faites de bois résineux encore plus primitives, et que les Grecs paraissent avoir gardées jusqu'à l'invention des lampes [FAx, TAEDA, LUCERNA]. 11s n'ont eu pour désigner ces flambeaux qui ne leur étaient pas familiers 6 d'autres mots que xavcilàa, zzipiov, pures transcriptions du latin, que l'on ne rencontre même que fort tard, ou des termes généraux comme 3âµ «ÿ. Au contraire, il semble que la chandelle ou la bougie ait été un mode d'éclairage communément usité dès un temps fort ancien chez les Romains et probablement avant eux chez les Étrusques. Voici ( fig. 1071) , d'après une peinture d'un tombeau étrusque d'Orvieto, la curieuse représentation de bougies (dont la couleur blanche est à noter), fixées aux branches d'un candélabre terminées en bec d'oiseau [CANDELABRaM] et éclairant un repas de nuit 6. A la fin des temps anciens nous retrouvons (fig. 1072) les chandelles et les cierges dans les pein tores chrétiennes des catacombes, placés près des images des saints, à côté (les autels ou des tombeaux des mai tyrs, comme ils l'étaient précédemment auprès des idoles et des sanrLuaires des divinités du paganisme'. La coutume ne s'en était jamais interrompue'. Il n'y avait guère de cérémonie religieuse qui s'accomplit sans flambeaux allumés. Ces flambeaux étaient le plus souvent de cire chez les Romains et chez les Grecs de bois' ; dans les passages des auteurs où il en est parlé, on ne distingue pas toujours quelle en est la nature ; mais on peut les comprendre tous sous le nom général de can ?«v6';.-Chandelier, candélabre et, en général, tout objet qui sert de support à une lumière et l'élève pour qu'elle répande ses rayons. Les ustensiles de ce genre furent chez les anciens de formes très-variées; certaines différences qui tiennent à leur emploi même peuvent servir à les classer. Les uns, en effet, étaient destinés à porter des flambeaux, torches, cierges, chandelles que l'on implantait en les fixant sur une pointe ou en les enfonçant dans un tube creux ; les autres, des pots à feu ou des lampions, où brûlait une mèche imprégnée (le résine ou de graisse; d'autres encore se terminaient à leur sommet par des plateaux sur lesquels des lampes pouvaient être posées ou se divisaient en plusieurs branches auxquelles elles étaient suspendues. Ceux-ci sans doute furent les derniers inventés. Les anciens pensaient que les chandeliers à pointe avaient été les premiers en usage, et en voyaient la preuve dans l'origine du mot candelabl'unt, venu de CANDELA, nom du luminaire le plus communément et, selon eux, le plus anciennement employé 'toutefois, l'usage de torches faites de bois résineux (FAN, TAEDA], ou des fibres de différents végétaux, tordues et enduites d'une substance inflammable [rux.LE], devait avoir précédé' celui des chandelles de cire ou de suif régulièrement façonnées. Pour les unes et les autres ii fut nécessaire d'avoir des porte-flambeaux que l'on pût tenir commodément et sans crainte de se brûler, ou poser sur un meuble en le préservant du feu, des cendres et des matières qui en. découlaient'. Ceux qu'on voit figurés sur les monnaies de plusieurs villes grecques, par exemple sur celles --d'Aptara de Crète (fig. 1013) ', d'Amphi polis 6, d Ilepha st a de Lemnos etc., et dans les peintures des vases ', où ils sont y 11 portés par des coureurs à la course auxsLtm r l.1 manière la plus simple à la première 4 'Aptara de croc condition : c'est un manche, quelquefois une simple Fig. lots. cyi s fois C. N 870 CAN poignée, iel' surmonte une large bobèche ntvcixtov, yévg, j et dans laquelle la tige ou le faisceau de tiges (771 007, t goy. ~~Â~ or„ Opua))dçu, rAx rUNArls] servant de lumi naire est enfoncé ou piqué (fig. 1074). Ce détail, qu'il n'est pas aisé de distinguer sur les monnaies et les vases dont nous venons de parler, est bien visible sur d'autres monuments où le flambeau est figuré dans des dimensions moins réduites et surtout dans les objets mêmes qui nous ont été conservés. Nous réunissons ici d'abord deux exemples de chandeliers des plus simples, tels qu'on dut en faire en tout temps et en tout pays, en métal, en bois, en argile. De cette dernière matière sont ceux qu'on soit ici, trouvés, avec beaucoup d'autres objets romains clans les fouilles du Châtelet en Champagne, au siècle dernierd. L'rrn (fig. 1075) consiste eu un petit plateau muni d'une anse, au centre duquel est une pointe sur laquelle on fixait la chandelle ; l'autre (fig. 41)70), une tasse ou patère creuse, dont l'ombilic relevé a la forme d'un cylindre, fendu en trois endroits, de manière à faciliter l'extraction de la cire ou du suif qui n'avait pas été consumé ; on peut observer la même particularité dans quelques autres objets semblables trouvés ailleurs. ou la pointe n'est pas adapté au fond d'un plateau, mais placé à l'extrémité d'une haute tige et l'objet tout entier, au lieu de rappeler nos bougeoirs, comme les précédents, ressemble à nos chandeliers communs et à nos porte-cierges" ; quelquesuns en diffèrent à peine ; il faut surtout se garder de classer exclusivement parmi les ustensiles du moyen âge tous ceux que cette apparence y fait ranger habituellement, puisqu'on en a rencontré de semblables avec d'autres objets qui sont incontestablement romains. Le porteflambeau que l'on voit (fig. 1077) provient des fouilles de la ville romaine du Vieil-Évreux "r. Le récipient placé au sommet est traversé de part en part à sa base par une ouverture carrée, qui rend plus facile le nettoyage, comme les fentes que nous signalions tout à l'heure. A côté de ces exemples communs et de basse époque, nous en placerons d'autres où l'on reconnaît l'élégance des beaux temps de l'art. Le premier (fig. 1078), trouvé à Pompéi 1k, ne s'éloigne du type précédent que par ses proportions plus justes et par le bon goût de ses ornements, d'ailleurs très-simples. Les artistes anciens n'ont pas mis moins de variété dans le dessin et la composition des chandeliers que dans celle des lampadaires dont nous nous occuperons tout à l'heure. Celui-ci, destiné à recevoir un grand cierge et à être placé à demeure dans un sanctuaire, n'a pas de large plateau servant de bobèche, la tige creuse, assez courte par rapport à son épaisseur, s'ouvre en haut en forme de corbeille [cALArnus] ; sa large base s'appuie fortement sur trois griffes de lion. A ce modèle sobrement dessiné on pourrait en opposer un grand nombre d'autres de même provenance, qu'une ingénieuse fantaisie a compliqués comme à plaisir ; nous n'en citerons qu'un" : c'est un petit flambeau qui. représente un polype dévoré par un dauphin portant un amour sur son dos; le polype est collé sur une coquille qui forme base ; la queue relevée du dauphin se termine par une pointe; un godet y a été adapté, il n'y était probablement pas fixé primitivement, mais il doit avoir été ajouté alors que l'usage des lampes se substitua presque partout fi celui des chandelles, sans cependant jamais l'abolir entièrement. Les exemples de chandeliers munis d'une pointe appar meuble de même espèce, autre CAN 871 CAN tiennent, on peut le dire, à tous les temps. Cet appendice, quelquefois très-développé, est bien visible clans quelques peintures de vases grecs où on l'a figuré dégarni de tout luminaire. Ainsi sur un vase 16 où est représentée l'apothéose d'Hercule , le char du héros divinisé est précédé d'une Victoire , qui tient à la main un candélabre (fig. 1079) ainsi terminé à son sommet. Une poignée adaptée à la tige tordue en spirale indique que ce meuble est portatif , mais il a une base en trépied, et on voit qu'il est fait pour rester ha bituellement immobile ; il ressemble aux porte cierges encore en usage dans les églises, c'est l'emblème du culte qui doit être rendu au nouveau dieu. Voici un trouvé en Italie 17 (fig. 1080), mais qui n'est pas reproduit dans tout son développement. Le dessin en coupe montre une pointe en lame de couteau engagée dans une bobèche profonde en forme de corbeille, à l'extrémité d'une tige qui se hausse ou s'abaisse en rentrant à volonté dans la colonne creuse, comme dans une gaine. Jusqu'à la fin des temps antiques on rencontre encore ia des flambeaux offrant l'une ou l'autre disposition, les uns munis d'une pointe, les autres d'un cylindre creux, et, au-dessous d'une plus large bobèche, souvent creuse, qui pouvait être au besoin remplie d'eau u, de manière non-seulement à recueillir la cire ou la graisse qui découlait, mais aussi à éteindre les flammèches qui auraient pu mettre le feu à l'intérieur d'un sanctuaire ou d'une habitation 20. On en voit de semblables dans les peintures des catacombes, auprès des images des martyrs ou des saints 21(fig. 1081). On peut faire les mêmes remarques au sujet des porteflambeaux sans base destinés à être tenus à la main ou plantés, quand on cessait de s'en servir, dans la douille d'une torchère : deux bras en argent qui faisaient partie du trésor trouvé à Rome sur l'Esquilin, en 1794, avaient cette destination; ils étaient faits pour être appliqués à un mur; la main tient un d'argent. cylindre creux (fig. 1082) $2. La tige du flambeau qu'on voit (fig. 1083), trouvé à Pompéi, se termine à son extrémité inférieure par un bouton ; à son sommet s'épanouit une fleur de lotus 2", au centre de laquelle est un tube fendu latéralement où s'implantait le luminaire. Un pareil exemple répond bien par son élégance à l'idée que l'on peut se faire des ustensiles de cette espèce qui éclairaient la nuit des personnages d'importance", précédaient un cortège nuptial ou accompagnaient de riches fu Nus]. Parmi les figures qui décorent un coffret d'argent, actuellement au Musée britannique, qui était la pièce principale du trésor de l'Esquilin, on remarque E6 deux femmes qui assistent à la toilette d'une nouvelle mariée en tenant des torches plantées dans une sorte de cornet allongé (fig. 1084). Ces torches devaient être maintenues par des viroles à peu près semblables au tube qu'on distingue nettement dans la figure précédente 27. Enfin on rencontre, dans un grand nombre de monuments grecs, étrusques et romains 24, la représentation (fig. 1085) de flambeaux à l'extrémité desquels on ne remarque aucun de ces moyens de fixer une torche ou un cierge; la flamme jaillit d'une bobèche renversée ou évasée comme le pavil CAN C AIN 872 r( ope lie : on peut se. demander si le bidon isre or( de bois résineux était introduit tout tube, ou si le flambeau n'était pas terminé l; une de lampion comme certains candélabres dont 1 .pion tout à l'heure n, rc une autre manière de fixer à son sup in; elle ou un cierge . c'était d'en piquer le bâton. de côté, sur une pointe placée horizontale 141 ment Une peinture " représentant un ban quoi, découverte dans un tombeau étrusque d'où est tirée la figure 1.086, rt démontré (lue telle était en effet la destination de ces feuilles aiguës, de ces têtes de serpents armées d'un dard, ou d'oiseaux au bec acéré, qui terminent les branches supérieures d è 1n grand nombre de candélabres. tus: spligrzaitmaljusqu'alorscomment ils pot:,.. ainsi ~instruits, être commodes pour hé . entre les trois branches se palus souvent ti e figurine ou un. groupe qui n'eût lis d'en faire la base d'un plateau pour y poser une lampe de la manière. qu'on verra plus loin; et si elles eussent db servir , comme à d'autres candélabres; pour suspendre des lampes, des vases ou d'autres objets " , ces branches auraient une courbe différente, de manière à ne pas laisser glisser ni heurter ces objets 1 contre la tige du candélabre, Nous timprunterons an musée étrusque du Vatican, si riche en objets de ce genre" un exemple où l'on peut observer, avec un par couronnement, l'heureux arrangement de toutes les parues qui 1 mrtituent ordinairement l; i ceïabce étrusque. r Étrurie qu'il i l fanai ' modèle purs art is ustensile genre : i a Grime n'en a fourni presque aucun jusqu'à e jour ". On sait du reste quelles commente des objets :i ..:trze en général établit de borine heure entre les deux pays et quelle estime ceux j que fabriquaient b's F trusr_lues furent ,r .Athènes, au temps même où ses arts étaient cr plu grand éclat'''. On peut rapporter à ce temps roc ?ra 'e' 'otrur ,fig. 108;, La nette rsun guerrier o d'' suai cheval quri ,e, que _'on soit au les trois point(-, seule dans son style quelques traces d'archaïsme. Un petit balustre lui sert de hase; au-dessous, à la hauteur où la main se porte naturellement, un plateau la met à l'abri de la (:ire ou de la poix brûlante. Un fût cannelé d'une excessive légèreté, trois pattes de lion posées en trépied et séparées par de larges palmettes forment le support; c'est le type qu'on rencontre le plus fréquemment; on peut comparer cabri-ci avec d'autres candélabres étrusques plus anciens reproduits (fig. 1088, 1098). Les modèles sont très-variés. Les motifs en sont empruntés par une imitafion plus ou moins fidèle ou conventionnelle aux règnes végétal et animal : quelquefois le Iong d'un tronc d'arbre ou d'une tige de roseau un serpent s'enroule ; un chat, un renard grimpe poursuivant un oiseau; la forme humaine se mêle souvent aux lignes architecturales. Les. Étrusques avaient une prédilection marquée pour ces combinaisons d'élément chsparates, qu'ils ont su. au,o1°der en en usant avec la plus grande liberté : ces figures d'hommes et de femmes droites et, debout, sont elles-mêmes comme un membre de la colonne et font office de cariatide ; d'autres fois, elles rompent capricieusement la ligne par un brusque mouvement et séparent le pied de la partie supérieure, en la soutenant de leurs bras (f g. 1088) ; les premiè res font penser aux esclaves qui, dans un temps fort ancien, montés sur des piédestaux et tout, semblables à des statues, étaient en réalité de vivants porte-flambeaux ; les secondes, aux danseurs et aux faiseurs de tours dont les Grecs, ''t encore plus peutêtreles .Etrusques, avaient goût et qu'ils iuboduisaient dams loirs banquets. Dans le dernier exempte figuré le candélabre porte une coupe, au lieu de se diviser en branehes, au sommet: on errrencontre beaucoup de semblables : ces coupes (dont nous avons déjà reproduit nn exemple analogue fig. 10 79) sont le plus souvent des bobèches, traverses à. leur centre par l'aiguille sur laquelle on plantait le flambeau; celles qui n'en laissent voir aucune trace, devaient servir de lampion. Les candélabres que nous possédons encore sont légers et la plupart de petites dimen sions; mais il dut y en avoir de borine heure de fort grands. Dans les habitations primitives, alors que l'on ne connaissait d'autre mode d'éclairage que la flamme des torches ou dii bois qui brûlait dans l'âtre ", on ne put manquer de sentir la nécessité de substituer à un foyer _tta 1--~ ~-rl tl-t (lAN 873 -es CAN trop bas et qui répandait imita la clarté une chai ur souvent incommode, un support spécial faisant (ta r '~rla lumière d'un point clivé. Placé. au centre 'e hm( commune, de manière e 1 ec.lalrer tout entière nous pont ms nt rs le liai -er comme, un grand pot à feu ; des peintures et des bas-reliefs étrus ques, nous en présentent de sem blables, dressés sur l'autel, à l'in térieur de la maison 3° (fig. 1089). On voit aussi, peint sur un vase grec d'ancien style d0, une sorte de canthare ou bassin profond, porté par une tige à double volute (fig. 1090) : il est placé sur un autel précédé de degrés et ~ probablement en dehors d'un telimple, et il contenait sans doute du feu, comme les pots pet s,,, itom. à feu allumés sur les autels do mestiques. Homère nous dépeint, da:, la maison d'Ulysse, les servantes renouvelant le bois dans trois brasiers qui doivent répandre la lumière dans la salle du festin', Il leur donne le nova de axuITtir'lp, qui leur fut conservé par la suite, on trouve aussi ceux de nive: 4' : tous indiquent bien que la destination de ces brasiers était d'é clairer; ils sont assimilés par les scholiastes et l 1 lexicographes u avec ceux qui servaient à chauffer (écfârx, irvo, torpsnouç), parce qu'ils en Imitaient la foule. Les explications qui précèdent feront comprendre ces rapproci', i mnts. Le dernier terme en particulier s'applique i: t bien à ces sortes de chaudrons posés sur un ied, qu'on vient de ;voir dressés sur des autels, et à (. n lu ri, -me nom ou l' n faisait cuire des aliments et chauffer de l'eau CIUM111011USI, Les car, :lin dont nous venons de parler peuvent aisément se c o r rd e, et ont été souvent confondus 54, avec les ustensiles qui consistent, eornme eux, en un long support soutenant un vase plus ou moins profond, et qui sort. placés aussi sur l'autel cru à côté de l'autel: ce sont ceux où l'on hrîllait de l'encens ou d'autres parfums dans les cérémonies du culte. Le vase est quelquefois fermé par un couvercle percé de trous; quand cette circonstance ne le fait pas reconnaître, il est difficile de distilla guei' l'encensoir du candélabre, à moins que quelques autres délails du sujet n'en fassent comprendre l'usage, (vol. la lias 1099, p. 877, et l'article TUIUEULUM), On s'est demandé si les beaux candélabres de marbre qui sont l'ornement de nos musées, si semblables à ces autels à parfums (aride /w rer'eniae), n'avaient pas la même destination. On n'en peut douter pour ceux de même apparence qu'on voit 45 dans des peintures et des has-reliefs, à côté desquels se tiennent des Victoires, des génies ailés ou des personnages sacrifiant et dans le moment même où ils 37 font tomber l'encens ; mais ceux-là sont bas, les plus élevés ne dépassent pas la hauteur d'un homme; au contraire, (eux dont nous parlons ont deux et trois métres de haut, quelquefois davantage". Il est vraisemblable que des candélabres de pareilles dimensions étaient placés soit à l'intérieur d'un sanctuaire, près de la statue de la divinité qu'on ), adorait ", soit aux abords du temple, à la fois pour l'éclairer et pour contribuer â l'ornement de son architecture bB. lies plateaux ou Jes coupes placés au sommet devaient supporter de grandes lampes à plusieurs bées ou des pots à feu remplis d'huile, de résines ou de bois odorants. Les plus magnifiques exemples de monuments de ce genre existent dans le musée du Louvre et dans celui du Vatican (fig. 1091, 1092), Les ornements employés dans leur composition indiquent leur premlèIe destination religieuse : leur hase est un autel, ordinairement de forme triangulaire 49, auquel sont suspendus selon l'usage des bucranes ou des têtes d'animaux sacrifiés , et dont les faces sont décorées de bas reliefs représentant des divinités ou des attributs du cuite, comme les candélabres célèbres CAN connus sous le nom de candélabres Barberini J0, et comme ceux qui sont ici figurés °t. Le fût a tantôt la forme de balustre, dérivée comme on sait de celle de la fleur du grenadier sauvage (?,a),aéo-nov), consacrée au dieu de la lumière; tantôt des feuilles d'acanthe semblent envelopper des corbeilles superposées, dans lesquelles une interprétation ingénieuse g2 a reconnu les corbeilles remplies des prémices des champs, dont la piété des cultivateurs comblait les autels des dieux et qui étaient brûlées devant leurs images. « Le fût de quelques autres candélabres semble réunir dans sa composition les deux allusions qu'on vient d'indiquer : il est formé de plusieurs paniers ou vases ainsi enveloppés de feuilles d'acanthe, mais ces vases ont la forme d'un balustre et celui qui soutient les autres est renversé : cette disposition semble avoir fourni aux architectes la forme du double balustre n. » On peut citer comme exemples les candélabres qui étaient jadis dans la basilique de Sainte-Agnès in via Nomentana, et ceux qui furent trouvés au baptistère ou mausolée de Sainte-Constanceo°, les uns et les autres sont aujourd'hui au musée du Vatican. Ces candélabres supportent des coupes, au centre desquelles on remarque des pointes pareilles à celles de nos porte-cierges; mais il est possible que cet appendice ait été ajouté à l'époque où les candélabres furent appropriés aux besoins du culte nouveau ; tous les autres se terminent, à leur partie supérieure", par un vase ou une coupe profonde où brûlaient les matières combustibles, ou par un plateau sur lequel des lampes étaient posées. L'usage des porte-flambeaux sur lesquels le cierge était fixé au moyen d'une pointe (noces), ne fut, comme on l'a vu plus haut ", jamais abandonné; il semble toutefois qu'il devint plus rare à mesure que celui des lampes présalut, et l'on a remarqué que si les candélabres d'ancien style, tels qu'on les trouve en Étrurie, sont pour la plupart de la première espèce; ceux d'un temps plus récent, que l'on voit quelquefois figurés sur les vases peints, mais dont les découvertes de Pompéi et d'Herculanum ont surtout fourni tant d'élégants modèles, appartiennent presque sans exception à la seconde °7 : c'est-à-dire, qu'étant destinés à porter des lampes, la coupe ou le vase qui surmonte le fût (seapus) est fermé par un plateau (superficies)" sur lequel la lampe était posée, comme on le voit dans la figure 1093 ou plantée dans un trou au moyen d'une tige (fig. 1091) adaptée à sa hase 60. On peut observer que les candélabres de même date et de même provenance ne diffèrent pas sensiblement de ceux de l'âge précédent par leur forme et leur composition, mais seulement par les proportions et le style. Le besoin d'élever à une hauteur suffisante la lumière, quand ces candélabres étaient posés sur le sol, à côté d'une table ou d'un lit, fut cause que l'on allongea le support, qui devint de plus en plus grêle "t ; on imagina aussi de faire glisser une lampe le long de la colonne au moyen d'une virole qui s'y adaptait exactement (fig. 1095) n , ou encore de faire rentrer la tige portant le plateau supérieur dans un tube creux comme dans un fourreau ; une cheville la maintenait à la hauteur voulue (fig. 1096) ". On a déjà vu précédemment (fig. 1080) un candélabre se haussant de la même manièI'e. D'autres candélabres du même temps, moins élevés et faits pour être posés sur une table, sont de véritables -875 CSN meubles d ornement et de fantaisie; ils n'ont plus d'arehitecture; ils ne sont phis régulièrement composés d'une base, d'un Ilit et d'un chapiteau portant une bobèche ou un disque : l'imi tation d'une plante, d'une ramure au mouvement capricieux, d'une branche de corail remplace la colonne; si une figure fait; partie du support, ee n'est plus comme un membre nécessaire à sa construction; elle est traitée pour elle-même, comme l'est souvent le sujet de nos bronzes d'ameublement. Dans l'exemple qu'on voit ' (fig. 1097) le lampadaire consiste en une double ramification, qui sort bizarrement du dos d'un Silène dansant U: dans l'autre exemple (fig. 1098), ii est placéderrière un Silène assis sur un rocher 0a, et le groupe en est complètement indépendant. Les bronzes de Pompéi et d.'Herculanum offrent une grande variété de modèles dans lesquels l'accord est souvent mieux gardé entre le motif choisi par l'artiste et r emploi qui en est le prétexte e0. Malgré quelques écarts de goût, ces objets ne sont point des oeuvres de décadence; par la finesse de leur exécution , ils méritent d'être rangés après ce que la sculpture antique nous a laissé de meilleur. Au lieu de plateaux, beaucoup de lampadaires portent des lampes suspendues par des avaient déjà eu l'idée d'utiliser de cette manière les branches de leurs candélabres. Un très-beau bronze, qui faisait partie de la collection Fould 07, fournit un exemple ancien de ce=tte transformation (fig. 1090). On citait dans l'antiquité 59 un lampadaire de ce genre qui avait l'apparence d'un arbre chargé de fruits. Alexandre le prit à Thèbes et le dédia à Apollon; plus tard il fut placé à Home, dans le temple d'.1 pollon au Palatin. On comprend que les modèles de ce genre devinrent de, plus en plus nombreux à mesure que l'usage des lampes fut plus ordinaire et qu'on éprouva le besoin de les multiplier dans le même endroit. La plupart de ceux que l'on connaît viennent des villes du Vésusre Leur forme ordinaire est celle d'un arbre ou d'un pilier planté à l'extrémité d'une base en plateau. Celui qu'on voit (fig. 1100)", d'un travail très-soigné, était consacré à Bacchus, à en juger par la petite image de ce dieu chevauchant une panthère, par le petit autel qui lui fait pendant, et par la guirlande de vigne en argent incrustée tout autour de la base ; à moins que, destiné à paraître dans les banquets, les emblèmes qui le décorent ne fussent qu'une invitation à honorer ce dieu par les libations du repas. Les candélabres que l'on possède sont à peu près tous de bronze, et fondus en plusieurs pièces; on sait que ces pièces étaient souvent, fabriquées en des endroits et même en des pays différents : Tarente était renommée pour ses fûts, Égine pour ses bobèches ". 11 y en avait de métal plus précieux" : Antiochus en consacra un à Jupiter Capitolin , qui était enrichi de pierres précieuses, Verrès osa s'en emparer 73. Nous avons vu qu'on en faisait de magnifiques en marbre. Les plus communs étaient en bois i0, ou, comme on en a vu plus haut (fig. 1073, 107G), en argile. L. S_seLio.