Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ADEIA

ADEIA (°ASEtx). I. Dispense ou exemption de la responsabilité que pouvait entraîner un certain acte; elle était accordée à Athènes par l'assemblée du peuple. Ainsi : 1° La loi défendait à toute personne, sous peine de confiscation et même dans certains cas d'atimie [ATIMIA] de demander la remise de l'amende ou de l'atimie qui avaient été prononcées contre un citoyen. Pour présenter impunément une requête à ce sujet, il fallait avoir obtenu préalablement l'autorisation du peuple, et six mille suffrages au moins étaient nécessaires pour la validité de la délibération prise par 'l'assemblée. 11 y avait alors èètts clide l'avait obtenue avant de faire la proposition reproduite dans Andocide 2, et il a soin de rappeler cette concession dans le texte de son projet 20 Lorsque le condamné à l'amende ou à l'atimie voulait lui-même prendre part aux affaires publiques, il devait d'abord obtenir l'adeia. Démade, qui n'avait pu payer la plus petite partie des amendes auxquelles il avait été condamné, se trouvait frappé d'atimie et privé du droit de parler en public. Mais il se fit accorder l'adeia («SEtxv Etipip.Evoç) et soumit à l'assemblée du peuple un projet de décret 3° Lorsqu'une personne, privée de la jouissance des droits attachés à la qualité d'Athénien, telle que l'étranger ou l'esclave, voulait intenter contre un citoyen une action ADJ 67 ADL publique dans l'intérêt de l'État, elle devait avant tout solliciter la permission d'agir. Les ennemis de Périclès, voulant avoir la mesure de son crédit sur le peuple, engagèrent un esclave de Phidias, nommé Ménon, à demander la permission de dénoncer et d'accuser son maître; qui était l'intime ami de Périclès. Ménon suivit leurs conseils, et le peuple lui accorda l'autorisation qu'il avait réclamée (alTOV1LEyoV èêncev) 6. On trouve encore dans Lysias e quelque chose d'analogue. 4° L'adeia apparaît encore dans certaines inscriptions relatives aux finances d'Athènes, notamment dans le compte rendu des dépenses de la caisse publique conservée à l'Acropole sous la surveillance de la déesse (q)TI?I xp.ivou Tou Sr~uou 'rllv «SEtav) Il est probable que, lorsque le besoin se faisait sentir de recourir à des procédés de payement ou à des affectations de sommes contraires aux règles de la comptabilité d'Athènes, une décision du peuple intervenait pour mettre à couvert la responsabilité des agents du trésor $. Il. Nous devons, en terminant, indiquer deux textes dans lesquels le mot esta a un sens moins déterminé. 1° Démosthène place les dispenses à côté des distinctions honorifiques que la République peut accorder à une personne : oîç dis rô).tç Ttv' diSEtav OTEtpuviltpoF(ay a "riva Ttit.i V i03. 2° L'adeia nous est présentée par Plutarque comme une sorte de sauf-conduit, de garantie contre les mauvais traitements que l'on a pu mériter par sa conduite envers un peuple. Alcibiade, avant de se rendre à Sparte, eut soin de réclamer cette faveur de l'adeia («lçtôly èSEtav aôriô yavé«Oia) et pour l'obtenir il promit à ses anciens ennemis de leur faire plus de bien à l'avenir qu'il ne leur avait fait de mal dans le passé 10. E. CAILLEMER.