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CAPITIUM. Partie du costume des femmes romaines 1 qui appartenait au vêtement de dessous (indutus et couvrait la poitrine'. Était-ce une sorte de corsage, ou
ce qu'on appelait au moyen âge une pièce d'estomac , fermant ce que l'échancrure de la robe laissait ouvert'? Un ancien comique, cité par AuluGelle, semble comparer le capitium à un emplâtre appliqué sur la tunique. Ant. Rich 4 a cru le reconnaître dans une figure d'un tombeau antique, où l'on voit une femme vêtue
seulement d'une tunique avec une sorte de corset que l'auteur rapproche de celui que portent encore les paysannes en Italie. Nous reproduisons cette figure
CAPITOLINI LUDI [LUDI].
CAPITOLIUM (Capitole). -Nom donné à Rome et, plus tard, dans les villes qui se construisirent à l'image de home, à l'enceinte qui renfermait le temple de Jupiter Optimus Maximus, souverain des dieux et protecteur de la cité. A Jupiter étaient associés, au moins à Rome, Junon et Minerve. La religion des Étrusques enseignait qu'il n'y avait de. ville véritablement fondée que celle où des sanctuaires étaient consacrés à ces trois divinités ; ils devaient être en outre situés sur un point élevé, d'où le regard pût embrasser la ville entière Ces trois grands dieux étaient pareillement honorés chez les Sabins (et peut-être en était-il de même chez la généralité des peuples italiens) 2,
Avant qu'ils eussent un temple bâti sur le rocher qui a gardé le nom de Capitole, un autre plus humble (saeellurn) leur avait été élevé sur le Quirinal, où les Sabins avaient leur primitif établissement, et ce temple resta connu sous le nom d'ancien Capitole (Capitolium velus) s. Le nom luimême, malgré la légende qui en rapporte l'origine au prodige de la découverte, faite en creusant les fondations, d'une tête d'homme restée intacte dans les profondeurs du sol ce nom a une antiquité plus reculée et doit dériver de capte, en donnant à ce mot la signification que le mot chef a quelquefois dans notre langue, c'est-à-dire que la colline consacrée était comme la tête qui commandait la cité'.
Le mont Capitolin est divisé en trois parties par la nature. Ii a deux sommets, sur l'un desquels était la citadelle (arx), le temple était sur l'autre, et c'est à ce temple seul, avec son enceinte, que s'appliquait proprement le nom de Capitole. Le capitolïutn est souvent opposé à l'ara par les écrivains '. Une petite vallée séparait les deux éminences, elle est souvent désignée par ces mots : Inter duos lucos'. Là se trouvait l'asile ouvert, selon la tradition, par Romulus. Des murailles suivant l'irrégularité des crêtes défendaient toute la colline, qui n'avait d'accès à l'origine que par la pente naturelle située du côté du Forum. Mais sur lequel des deux sommets s'élevait le temple et sur lequel la citadelle? Cette question, controversée entre les savants de tous pays qui, dès la Renaissance, se sont occupés de la topographie de Rome, n'a été définitivement tranchée que depuis peu de temps En 1565, on découvrit les premières substructions du temple sur la colline méridionale ; depuis lors les fouilles nouvelles ont constamment confirmé les conjectures de ceux qui le plaçaient en cet endroit, tandis que du coté opposé, dans le jardin de l'ancien couvent des religieux de Saint-François, près de l'église de l'Ara coeli, on n'a pu retrouver aucun vestige de temple, mais seulement des restes de construction qui ne peuvent avoir appartenu qu'à la citadelle. C'est donc sur la cime du sud-ouest que nous devons reconstruire par la pensée, à l'aide des documents antiques, le temple qui a donné son nom définitif à la plus petite des sept collines de Rome, auparavant appelée mont Tarpéien ou mont Saturnien 9.
Le temple fut voué par Tarquin l'Ancien, dans une guerre contre les Sabins. Mais c'est surtout au règne de Tarquin le Superbe qu'en appartient la construction. Il ne fut achevé qu'après l'expulsion des rois et dédié dans la première, ou, selon d'autres, dans la troisième année de ta république, par Horatius Pulvillus, consul suffectus de
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l'an 245 (509 av. J.-C.) 10. Nous savons par les historiens qu'il s'élevait sur un haut soubassement (i~1 xpgaCéo; b raite) et qu'il formait un carré à peu près régulier, car sa longueur, qui était de 200 pieds romains, n'excédait sa largeur que de 15 pieds 1l; vers le sud, son pourtour était de 800 pieds (207 1t2 sur 192 1/3). En avant de sa façade tournée, étaient trois rangs de colonnes et une seule file de colonnes le long de ses deux côtés. I1 est probable qu'il avait six colonnes de face, comme le second temple que nous montrent les médailles, élevé sur le même emplacement après la destruction de celui-ci : d'où l'on peut déduire qu'il en avait sept de chaque côté. Il n'y en avait pas sur la face postérieure, formée par le mur nu de la cella. Ce premier temple était bas, avec des colonnes d'un fort diamètre et très-éloignées, ce qui devait lui donner l'air écrasé et trapu. Toutes ces indications sont conformes à ce que Vitruve nous apprend au sujet de l'architecture des temples étrusques'".
La cella était triple, c'est-à-dire qu'elle comprenait trois sanctuaires distincts. Celui du milieu était consacré à Jupiter.; on y voyait la statue du dieu assis, tenant la foudre, oeuvres de Turrianus de Fregellae, du pays des Volsques ; elle était en terre cuite peinte en vermillon et portait la topa palmata, la couronne, le sceptre, qui étaient les ornements dont se paraient les généraux vainqueurs dans la cérémonie du triomphe 13 [Tnmusr11cs]. Les deux autres sanctuaires consacrés à Junon et à Minerve étaient placés, le premier à gauche de celui de Jupiter, le second à droite. Cette distribution est aussi un point discuté, mais sur lequel on ne peut conserver aucun doute, nonseulement parce que le témoignage de Tite-Live est formel 0 mais encore parce que tous les monuments où ont été figurées les trois divinités du Capitole, bas-reliefs, monnaies, lampes de terre cuite,pierres gravées ",reproduisent la même disposition. C'est ainsi qu'on voit les statues des trois divinités placées par rapport l'une à l'autre sur les monnaies plus loin figurées ; elles n'offrent pas, il est vrai, l'image du premier temple, bâti par Tarquin; mais lors des reconstructions successives dont nous parlerons tout à l'heure, le modèle primitif fut fidèlement suivi. Les trois cellas étaient couvertes par un seul toit à double égout dent l'inclinaison correspondait exactement à celle des pentes da fronton. Le sommet de ce fronton était décoré d'un quadrige de terre cuite et dorée, qui fut remplacé plus tard par un autre de bronze ; le toit était revêtu de feuilles de cuivre doré; le seuil du temple était d'airain 16.
Après quatre siècles d'existence, le premier temple du Capitole fut h:ôlé, en l'an 83 av par une main restée inconnue, avec toutes les richesses qui y étaient areurnulées. Marius tira de ses ruines environ mille livres d'or t1. Sylla entreprit de le reconstruire et fit dans cette intention apporter d'Athènes quelques-unes des colonnes
du temple de Jupiter Olympien" ; mais il mourut bientôt, et ce fut le consul Lutatius Catulus qui fut dès lors chargé de la direction des travaux. Il la conserva même après avoir déposé les faisceaux, en vertu d'une loi spéciale qui lui conféra le titre de curator restituendi Capitoul ". Mais après vingt années l'édifice n'était pas encore terminé °0; ce fut César qui l'acheva. Il rie voulut pas, bien qu'on lui en eût accordé la faveur, substituer son nom à celui de Catulus, qui resta inscrit au fronton du temple°'. Nous possédons une image de ce deuxième temple par deux deniers du triumvir Petilins Capitolinus, de l'an 40 av. J.-C. environ, où l'on voit (fig. 1146 et 1147) ", un temple ayant six colonnes en façade. Dans
le tympan, Rome est représentée assise sur , des boucliers ; devant elle est la louve allaitant Romulus et Rémus ; sur le faîte est placé un quadrige ; aux extrémités,
des aigles en acrotères. Entre ces aigles Pig.1146. Dcuxieme et le quadrige, on aperçoit sur un des de'err ple an Capitole. niers les statues de Minerve et de Junon. Les disques sus
pendus à des chaînes, que l'on distingue entre les colonnes, rappellent l'offrande faite par Auguste, non pas au temple de Jupiter Capitolin, mais à celui de Jupiter Tonnant, à la suite d'un songe qui lui avait fait considérer celui-ci comme étant en quelque sorte le portier (janilor) du dieu du Capitole " : ces disques sont des sonnettes (tintinnabula) telles qu'on en plaçait à l'entrée des habitations.
Le temple fut encore une fois la proie d'un incendie
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allumé pendant la lutte engagée par Sabinus contre les partisans de Vitellius, en 70 ap. J.-C. 24. Vespasien, aussitôt après son avènement, en entreprit la reconstruction, et, pour exciter l'ardeur des travailleurs, donna l'exemple en mettan la main à l'ouvre, lorsque l'on commença à déblayer les ruines de l'ancien Capitole 25. Les aruspices consultés avaient prescrit d'enlever ces décombres et de les faire servir à combler les marais, puis de rebâtir le temple sur le même plan, car les dieux ne voulaient pas que la forme en fùt changée, il devait seulement être plus élevé 26. Les monnaies de Vespasien nous ont conservé une image assez nette de ce troisième temple : on y distingue très-bien (fig. 1148) les six colonnes corinthiennes de la façade et, dans les intervalles, les statues des trois divinités du Capitole R7; celle de Jupiter, au milieu, a une base plus haute que les deux autres; le dieu est assis tenant un sceptre ; Minerve à sa droite, Junon à sa gauche sont debout. Les trois figures se retrouvent au centre du tympan dans la même disposition; les angles
sont remplis, à droite, par les figures de deux hommes frappant sur une enclume; à gauche, par deux autres figures peu distinctes, qui font pendant aux premières par leur attitude. Au sommet du fronton on devine plutôt qu'on ne voit le quadrige qui occupait déjà cette place dans la décoration des deux édifices antérieurs, et sur les pentes du faîte, quelques vestiges des chevaux attelés à deux autres chars et le corps de leurs conducteurs ; des aigles sont placés aux deux extrémités.
Le troisième temple n'eut pas plus de neuf années d'existence; il périt dans l'incendie qui, pendant trois jours consécutifs, dévasta Rome en l'an 80 ap. J.-C., sous le règne de Titus 28. Ce prince ne fit que commencer l'édification d'un nouveau temple, qui fut achevé sous Domitien 29. C'est celui qui s'est conservé jusqu'à la fin des temps antiques et dont quelques restes ont été vus et décrits par les modernes '5; récemment on a retrouvé un fragment d'une de ses colonnes en marbre pentélique ". Ce fragment, à supposer que la mesure des cannelures fùt dans le même rapport avec la colonne qu'au temple de Vespasien, oeuvre du même temps et peut-être du même architecte, indiquerait que les colonnes avaient un diamètre de 2m,10 environ 32. Ces colonnes étaient d'ordre corinthien, comme le montrent tous les monuments où est représenté le quatrième temple, qui ne différait d'ailleurs du précédent que par une plus grande élévation et par l'emploi de matériaux plus magnifiques encore ; car on s'était conformé encore une fois aux recommanda
tions des aruspices, qui ne permettaient pas de changer le plan ni les dispositions générales de l'ancien temple Capitolin. Cependant une monnaie d'argent portant l'indication du huitième consulat de Domitien (82 ap. J.-C), et la légende CAPIT [ohm], RESTIT [utum], offre au revers (fig. 1149) une façade de temple tétrastyle 3". Le savant Eckhel a cherché à expliquer ce type qui est en contradiction avec tous les autres monuments, en y voyant une erreur commise dans un atelier monétaire de province, les monnaies d'argent ayant été souvent frappées hors de Rome sous le haut empire. Il resterait à expliquer comment dans un bas-relief, actuellement au musée du Capitole 34, le temple, devant
lequel Marc-Aurèle est représenté sacrifiant à Jupiter Capitolin, n'a aussi que quatre colonnes en façade. Le médaillon de Domitien se rapproche, du reste, de celui de Vespasien précédemment figuré par la position respective des trois statues de Jupiter, de Minerve et de Junon, et par la décoration du fronton, au sommet duquel est placé le quadrige ; mais aux extrémités, au lieu d'aigles, on voit deux biges ; la composition qui remplit le tympan est méconnaissable, mais nous pouvons nous en faire une idée assez complète d'après deux bas-reliefs : le premier est celui du musée du Capitole, dont il vient d'être parlé et dont une partie est ci-après reproduite (fig. 1150) 33; le second, qui paraît être aujourd'hui perdu, était autrefois conservé à la bibliothèque du Vatican. Piranesi en a donné un dessin36; un autre dessin, plus exact à ce qu'il semble, existe dans un recueil formé au milieu du xvie siècle, actuellement à Cobourg : c'est celui qui est gravé (fig. 1151) 3T. Les différences que l'on peut remarquer entre les deux bas-reliefs sont sensibles; on ne peut douter néanmoins, après un examen attentif, qu'ils ne représentent l'un et l'autre le fronton du temple achevé sous Domitien. On y reconnaît, comme sur le médaillon cité plus haut, le quadrige de Jupiter, au sommet, et, sur les pentes du faîte, des chars attelés de deux chevaux, qui ont remplacé les aigles qu'on voit encore sur les monnaies de Vespasien ; dans le tympan, au centre, la triade du Capitole, sur une base qui l'élève au-dessus du reste de la composition; à droite et à gauche, deux chars courant dans des directions opposées, conduits, comme ceux du faîte, par la Lune et par le Soleil, c'est l'interprétation unanimement adoptée ; plus loin, de chaque côté, trois hommes (Vulcain et les Cyclopes) forgeant. Entre les chars et le groupe centrai, le bas-relief du musée du Capitole présente des figures qui ne se retrouvent pas dans le dessin de Cobourg, ni dans la gravure de Piranesi : à gauche, auprès de l'aigle qui est aux pieds de Jupiter, un jeune homme (Ganymède ou Iulus) ; à côté de Minerve, Hercule ou plutôt Mercure 33 ;
et qui devait avoir à gauche son pendant; puis l'indication d'une partie des figures debout sur le faite, parmi lesquelles celles de
Mars, bien reconnaissable, et d'une femme tenant une lance, qui est peutêtre l'image de Minerve encore une fois i'épédcc. Ainsi, au sommet du fronton comme
tableau
du tympan, on voyait Jupiter
n'étaient pas seulement les citoyens romains, mais aussi les rois et les peuples étrangers qui adressaient le tribut de leurs présents à la trinité du Capitole. Les vases, Ies couronnes d'or et autres oeuvres d'orfévrerie, les objets votifs, symboles eu attributs de Jupiter, foudres, chars, etc., y étaient en telle profusion, qu'on en faisait fondre de
CAP -. 904 CAP
à droite, un homme et une femme, selon toute apparence, Esculape et Vesta.
Si le premier bas-relief est plus complet et plus riche en
détails caractéristiques, le deuxième y ajoute cependant quelque chose : d'abord, la figure du Tibre ou d'une autre 1 divinité fluviale couchée dans l'angle du fronton, à droite,
manière de faire participer à un sujet toute la création, se
retrouve à la fin des temps anciens et jusqu'au moyen àge, dans le symboIisme chrétien : c'est ainsi que dans des bas-reliefs, des ivoires sculptés, des imniatures, un art encore imbu de souvenirs antiques , a donné pour témoins à la scène du Calvaire, le Soleil et lit Lune, la Terre et l'Océan.
ï, assis sur son trône ou debout sur le char 1 L'intérieur du temple était rempli d'une quantité pro
accompagné des deux déesses dont les images digieuse de dons offerts parla piété publique et privée. Ce
.aires étaient tgaleme-t rapprochés à l'inté
1 et des autres protectrices de
. Le fli la Lune et tes ,ts, représentés par
dopes, le fleuve et la figure q ii lui faisait pendant Tel .ius, vraisemblablement) 3e, font entrer dans la composition ou lui donnent pour cadre tout l'univers. Cette
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temps en temps une partie ; le reste était déposé dans les vastes souterrains du temple [ryV1ssAE]. Un autre trésor était conservé sous le trône où Jupiter était assis ; i1 avait été formé, à l'origine, de l'or apporté des autres temples, au moment de l'invasion des Gaulois, et que Camille avait consacré à Jupiter; après leur retraite il s'accrut sans cesse jusqu'au premier incendie du temple, au temps de Marius. Ce que Sylla y remit fut de nouveau dissipé par Crassus et par César ; Auguste y versa en une seule fois 16,000 livres d'or et une valeur égale de perles et de pierres précieuses "°. Les victoires et les trophées, les boucliers votifs, les tableaux rappelant les faits d'armes, les monuments commémoratifs de tout genre étaient si multipliés dans le temple, qu'il fallut plusieurs fois en supprimer'?. Servius dit que les images de tous les dieux étaient honorées au Capitole'. Terminus et inventas (on nommait aussi Mars) 43 avaient, d'après la légende, refusé, lors de la fondation du temple de céder la place à Jupiter lui-même et l'on avait dû leur en faire une à côté de lui ; leurs images étaient voisines de la chapelle de Minerve. Au-dessus de Terminus une ouverture avait été pratiquée dans le toit, car son culte devait se célébrer en plein air". Tout alentour était plein des statues des dieux et de celles des grands hommes, les unes dédiées par les vainqueurs qui les avaient rapportées des pays conquis 43 d'autres destinées à rappeler les plus signalés services rendus à la patrie 66. Il n'y avait pas d'honneur plus éclatant, au temps de la république, que d'avoir sa statue dans le voisinage de Jupiter. Scipion, le premier Africain, qui, toute sa vie, fut son adorateur fervent et lui rendit un culte quotidien, eut la sienne dans le temple même ".
Ces dépouilles glorieuses, ces images vénérées, d'autres temples, des chapelles, des autels en grand nombre 49 se groupaient sur la colline du Capitole. Là était véritablement pour les Romains la demeure terrestre de Jupiter °9. La dévotion et les hommages du monde entier eu firent de plus en plus le centre de la religion "0 et de l'empire. Ainsi les images qu'on voyait au fronton du temple, les rattachant l'un à l'autre, la domination universelle à la souveraineté, du maître des dieux, et promettant à toutes deux une éternelle durée, exprimaient ce qui était alors dans la pensée de tons K1.
Nous avons dit que beaucoup de villes, à l'exemple de Rome, eurent leur capitole : c'est ce que nous attestent pour plus de vingt villes le témoignage des auteurs an
IL
tiens, celui des inscriptions, plus précis et plus formel encore, ou enfin celui des traditions, qui n'a quelquefois pas moins de force 32. Ainsi deux historiens nous apprennent que 'l'ibère dédiait, capitole de Capoue "3. L'un d'eux, Suétone, nomme encore celui de Bénéventti4; Vitruve, celui de Pompéi". Les inscriptions noirs font connaître, en Italie encore, les capitoles de Vérone", de Falerii", et des villes moins connues de Histoniunl " et de 3larruvium Marsorum59. Ravenne 60, Aquilée °1, Brescia 62 avaient certainement des capitoles, d'après les renseignements fournis par les légendes ries saints qui y subirent le martyre ; et peut-être aussi Milan °3 et Modène 64. A Florence, le souvenir d'un capitole s'est conservé dans le nom de la petite église de Sainte-Marie du Capitole, contiguë à la place du Vieux-Marché, qui passe pour l'ancien forum de la ville". Une église du même nom a transmis de la même manière jusqu'à nous celui du capitole de Cologne86. Dans la même région, Trèves avait-elle un capitole? Cela paraît vraisemblable ; mais, à vrai dire, les légendes où l'on en rencontre le souvenir ne remontent qu'au xI° siècle °'. Il est fait aussi mention dans les actes des saints du capitole d'Augsbourg 88 et de celui de Toulouse 69. Nous sommes mieux assurés encore par le témoignage d'écrivains romains de l'existence des capitoles d'Autun10 et de Narbonne"t, dont l'emplacement même ne paraît pas inconnu. A Nîmes, les anciennes chartes désignent « sous le nom de Sanctus Stephanus de Capitoles, devenu ensuite Saint-Étienne de Capdeuil, une petite église qui joignait la Maison-Carrée". » Dans sa belle étude sur le capitole de Besançon73, M. Castan a montré combien la tradition des noms peut guider utilement les recherches et il a déterminé avec certitude l'emplacement, le plan et en quelque mesure la physionomie du capitole de l'antique Vesontio. Nous négligerons les noms de quelques autres villes des Gaules pour lesquels Ies renseignements paraissent trop douteux74. En Espagne, l'existence d'un capitole à Séville est attesté par une inscription"; à Illiberis (Elvira), par un canon du concile tenu dans cette ville vers l'an 303 78. En Afrique, nous savons que le capitole de Carthage était au iv siècle l'AEltAnruM général de la province' ; des inscriptions retrouvées et expliquées par M. Léon Renier ont fait connaître ceux de Cirta (Constantine) et de Thamugas76. Antiochus Épiphane commença à Antioche, dit 'l'ite-Live79, mais sans pouvoir l'achever, un temple magnifique de Jupiter Capitolin. Corinthe, deve
jette autourdufût une large saillie à Sélinonte (fig. 1153),
CAP 906 CAP
nue romaine, eut aussi son temple de Jupiter Capitolin En reconstruisant Jérusalem, Hadrien ne crut pouvoir mieux remplacer que par un capitole le fameux temple des Juifs : de cette circonstance la ville tira son nouveau vocable Allia Capitolinab1; Byzance avait eu probablement un capitole avant que Constantin y transferàt le siége du gouvernement impérial : ce monument situé vers le centre de la ville et contigu au forum de Théodose, était encadré par des portiques, qui plus tard servirent d'atrium aux auditoires des cours publics 82. »
L'ancienne prescription qui voulait que le capitole fût placé dans un lieu éminent ne put être suivie toujours dans l'établissement des capitoles provinciaux, quand la nature des lieux ne s'y prêtait pas : ceux de Florence, d'Autun, de Besançon, par exemple, étaient bàtis sur un terrain plan. Ce n'est donc que par une confusion due au double aspect sous lequel on pouvait considérer le capitole, à Rome et dans d'autres villes où il était assis dans un endroit élevé. que des auteurs des bas temps ont quelquefois donné au mot capiloliurn le sens de citadelle 33.
Les écrivains chrétiens ont aussi donné à ce mot une extension trop grande, en en faisant le synonyme de temple des faux dieux S4. Dans les Actes des saints où il s'est conservé, ce nom appartient toujours au temple de Jupiter, où l'on mène les chrétiens pour sacrifier. Arnobe dit formellementE6 qu'on y voyait toujours aussi l'image de Minerve. Celle de Junon ne pouvait y manquer, et on y devait trouver souvent réunies celles d'autres divinités, comme à Ravenne, où, d'après la légende, il n'y avait pas moins de trois cents autels; mais chez les écrivains des bons siècles le nom de Capitole ne s'applique qu'au triple sanctuaire dédié aux trois divinités principales de la religion officielle.
Si maintenant on remarque que, parmi les villes actuellement connues pour avoir possédé un capitole, il n'en est guère pour lesquelles on ne soit assuré qu'elles étaient des colonies, on sera disposé à admettre que pour elles la construction d'un capitole ne fut pas seulement une imitation ambitieuse de Rome, mais la loi même de leur fondation, puisqu'elles avaient reçu avec Ieur institution et leur droit, les dieux et le culte de la métropole. u Les colonies, dit Aulu-Gelle étaient comme des images réduites de la cité romaine, et c'est pourquoi elles avalent le droit d'avoir comme Rome des théâtres, des thermes et aussi des capitoles 0c.. » E. SAeiio.
teau.Ces noms qui expriment l'idée de sommet, de tete,
de coiffure, ont été donnés à l'ensemble des membres supérieurs des colonnes et des piliers.
Les couronnements columnaires suffisent à caractériser les modes expressifs de l'architecture antique, que nous nommons les ordres. Par cela même, on ne pourrait étudier sans difficulté le couronnement de la colonne indépendamment de l'ordre qu'il détermine. Aussi nous bornerons-nous à envisager ici le chapiteau clans les applications secondaires qui en ont été faites, afin d'en réserver l'étude fondamentale pour l'article COLUMNA.
1. Chapiteaux des piliers employés concurremnient avec. une ordonnance de colonnes. La forme du chapiteau des piliers est essentiellement différente de celle du chapiteau des colonnes.
Aux époques très-anciennes, des proportions exagérées caractérisent le couronnement des piliers doriques. Il en est ainsi à la basilique de Poestum et au grand temple de Sélinonte (vie siècle av. J.-C.) '.
A. Pcestum (fig. 115) une gorge haute et profonde pro
sur une moulure non moins haute, mais plus aplatie, se détachent avec une certaine magnificence des enroulements symétriques d'un faible relief, sous lesquels se montre un astragale orné d'un rang de perles 6.
CAP 107 -CAP
Bientôt paraît et se développe une nouvelle disposition. Au temple de Neptune à Prnstum, élevé probable
ment vers la fin du sixième siècle 1 _ 11 ; av. J.-C.', le chapiteau {fig. 11541 se compose d'une face surmontée de moulures superposées et recouvertes d'un listel. Le tore placé sous ce listel offre une face horizontale, qu'entame et creuse le profil de la moulure inférieure B.
Dès cette époque, le chapiteau présente l'aspect ferme et d'une grande finesse de ligne, dont le caractère un peu grêle persistera jusqu'aux dernières époques de l'art.
Puis de nouvelles formes le complètent.
Un des temples de Sélinonte 9 et le Theseum d'Athènes, construit dans la première moitié du cinquième siècle av. J.-C., du temps de Cimon 1Q, donnent la mesure de ces perfectionnements Un petit talon s'ajoute à la face supérieure du chapiteau, la gorge des premiers temps se transforme et prend le profil accentué d'une doucine dont la partie supérieure se replie sur soi. Creusant de plus en plus profondément la moulure qui la recouvre, elle en rejoint le bord et accuse avec netteté le profil rostriforme, qui est un élément caractéristique de la modénature dorienne. Une face et une baguette, placées sous la doucine, complètent ces additions.
Le chapiteau de l'ante se montre ainsi dans la forme canonique, composé de deux éléments principaux : du mince ensemble de moulures accumulées au sommet, qu'une ligne ombrante divise ; de la grande face lisse située à la partie inférieure. C'est au moyen de cette face, qu'il prend une hauteur égale à celle du chapiteau de la colonne. Des fragments ainsi profilés et trouvés parmi les ruines du Panhellenium d'Égine, élevé après les guerres médiques ta, paraissent se rapporter au chapiteau des antes de cet édifice f0.
Plus tard, les moulures du chapiteau se multiplient et senrichissent d'oves et de perles, comme au Parthénon 1d et au temple de Némésis à Rhamnns (fig.. 1155) 1J; sur
quelques édifices du Péloponèse elles restent unies; on en voit un exemple à Bassa? 1B. Parfois, comme aux Propylées d'Athènes (fig. 115h), sous le bourrelet rostriforme, deux ou trois petites faces rappellent les annelets placés sous
l'échine du chapiteau de la colonne x'. La surface supérieure et la surface inférieure de ces listels présentent des inclinaisons variées. Il est
bon de remarquer qu'à une époque postérieure 10 les Propylées d'Éleusis reproduisent des formes semblables 1°.
Vers l'an 320 av. J.-C., dans l'Attique, le chapiteau est encore composé des mêmes éléments. Aucun
changement autre que la variété des proportions ne le modifie; nous le retrouvons ainsi au monument choragique de Thrasyllus .0.
Sur un certain nombre d'édifices élevés à diverses époques, mais particulièrement après le siècle de Périclès, un profil différent altère quelquefois le chapiteau. L'importance de la face, ou table inférieure, diminue; il en est complétement privé sur un tombeau de Nacoleïa, en Asie Mineure "t.
Sur d'autres chapiteaux que couronne un cavet, le profil à bec de corbin se transforme en talon, et la saillie est atténuée. Deux fleurons se montrent souvent sur la face inférieure. Les monuments du Péloponèse, tels que le temple de Jupiter à Olympie "" et un petit édifice de Messène 00, offrent des exemples de ces modifications. De semblables particularités se rencontrent aussi fréquemment en Asie Mineure, sur des édifices dont la date est indéterminée. En Grèce et en Italie, elles s'accusent encore au premier siècle de notre ère. Les moulures concaves et d'un profil continu qui composent les chapiteaux des antes du temple de Cori édifice de la décadence, sont la dernière expression des formes grecques.
Le chapiteau de l'ante dorienne est une des plus heureuses productions de l'art antique. En donnant aux couronnements des murs, et à ceux des colonnes, des formes dissemblables, l'architecte a mis en pratique le principe de l'architecture grecque, suivant lequel les éléments d'un édifice doivent recevoir des formes appropriées à la fonction qu'ils remplissent. Dans le cas présent, la faible projection du chapiteau hors de l'aplo;nb du mur, montre que l'emploi en a été motif é par de pures exigences artistiques. L'inégalité, la multiplicité, la richesse relative des membres, crée entre le couronnement de l'ante et celui de la colonne, une vive opposition, et donne un relief puissant à la simplicité des formes et des proportions de ce dernier "x. Que le chapiteau de l'ante se montre en pleine lumière. ou dans l'ombre transparente des portiques, les diverses combinaisons de l'élément rostriforme et les inclinaisons variées des listels, offrent des aspects d'une égale beauté. La fermeté des lignes, la délicatesse des formes et la savante recherche des effets de la lumière y sont portées à la perfection.
Les chapiteaux des piliers ioniques se rattachent à deux types principaux. Le premier se montre à Athènes, au temple de la Victoire Aptère, élevé dans la première moitié du cinquième siècle av. J.-C. i0. Le chapiteau des piliers
)
Fige II88, Chapiteau du temple de Minerve
à Priène.
CAP 908 CAP
angulaires de cet édifice se compose d'une succession de moulures convexes séparées par des baguettes ; les saillies
Fig. 1157. Chapiteau de 1'Erechtheum à Athènes.
égales du profil, qu'aucune ligne ombrante n'interrompt, en sont le caractère distinctif 2'. Plus tard, dans l'Érecbthenm (fig. 1157), terminé vers la fin de la guerre du Péloponèse n, des oves, des rais-de-coeur, s'étendent sur la surface des moulures, et un gorgerin, délicatement orné, séparé du fût par un rang de perles, répète l'â'AEUtov de la colonne 29. On doit remarquer que les 'e7ttxpavi-ctieç ou corniches du mur de la cella, continuent le chapiteau. Dans ces exemples, l'architecte n'a pas utilisé, pour obtenir un contraste entre les chapiteaux des antes et ceux des colonnes, les procédés employés à cet effet sur les monuments doriques; il s'est servi de moyens inverses. C'est en créant une complète monotonie d'effets dans le chapiteau de l'ante, qu'il est parvenu à faire admirablement valoir les rapports composés du couronnement de la colonne. Sur les édifices où le chapiteau est dépouvu d'ornements, les proportions de ses membres sont à peu près égales : quelquefois la face inférieure est subdivisée, Souvent les moulures reposent directement sur le fût. En Asie Mineure, à ''l'elmissus, le tombeau d'Amyntas le montre ainsi' 0. A Pompéi, une grande finesse de détail donne aux chapiteaux des antes ioniques, un caractère particulier qu'on peut apprécier aux propylées de l'Hécatonsty lon S1.
Le second type offre une composition d'une magnificence plutôt corinthienne qu'ionique. Le chapiteau de la colonne auquel il correspond, dépourvu de gorgerin, présente, au contraire, des formes simples Il en résulte un contraste analogue à celui qui distingue, dans les
édifices doriques, les chapiteaux des piliers de ceux des colonnes. C'est ce que l'on observe aux temples de Minerve, à Priène (fig. 1158) gz et d'Apollon Didyméen, à Milet (fig. 1159)'° Les moulures n'entrent dans la eor'1position du chapiteau des piliers
de ces édifices, que pour former l'astragale et le tailloir. Une sorte de cadre ornementé entoure la face principale,
pl. vui. 33 Fragments rapportés par M. Rayet, actuellement au Musée du Louvre,
et se replie sous l'abaque, en forme de volutes d'une faible dimension, et disposées dans tin sens vertical,
opposé à celui des volutes de la colonne. Comme celles-ci, elles se contournent sur les faces latérales en forme de pulviyaus, d'oreiller, Des enroulements et des palmettes d'un relief accusé animent la partie de la surface comprise entre le cadre et le tailloir.
Nous ferons remarquer que lorsque la colonne, dorique ou ionique, est adossée à l'ante, le couronnement de celleci n'est pas modifié à raison de celte circonstance; dans aucun cas il ne rappelle les formes du chapiteau de la colonne [coi,o;MNA]. C'est seulement sur les édifices élevés pendant la domination romaine qu'on peut étudier le chapiteau de l'ante corinthienne. L'aspect en est peu différent de celui des types ioniques de Priène et do Milet. Les propylées d'Appius, à Éleusis, élevés en l'an ILtvj av. J.-C. ", sont ornés d'antes dont les chapiteaux reproduisent les formes de t'onronnernents plus anciens, (in e découvert un fragment de ceux-ci, encastré dans les murs de l'église de la Panagia Gorgopiko, à Athènes. Il appartenait probablement à l'Eleusinium de cette ville 'ta Les chapiteaux des propylées d'Appius (fig. 1160) sont pourvus de t'astragale et du tail
loir. A la partie inférieure se développe une rangée de feuilles d'acanthe; des monstres ailés remplacent les volutes et forment la silhouette des laces angulaires, entre lesquelles s'enroulent de gracieux rinceaux de feuillage conventionnel". Les
antes auxquelles appartiennent ces chapiteaux accompagnent des colonnes surmontées de chapiteaux semblablement disposés, que des fouilles récentes ont mis au jour''. Le chapiteau des antes du Panhellénium d'Aizani, édifice dont la construction paraît remonter au deuxième siècle av. J.-C. 's, est d'une moindre hauteur que le chapiteau de la colonne. On y voit d'étroites volutes faiblement inclinées ; les touffes d'acanthe . dans lesquelles elles prennent naissance, en accompagnent le mouvement
La disposition des chapiteaux de la tour d'Andronicus Cyrrheste, édifice d'Athènes du premier siècle av. J.-C. L°, est conforme à celle du premier type ionique (fig. 1161);
I ;.
il est nécessaire de remarquer que les chapiteaux correspondants des colonnes, privés de volutes et d'hélices, n'ont de corinthien que le calathus et les feuilles d'acanthe qui l'entourent à la partie inférieure.
Ainsi, jusqu'au commencement de notre ère, le mode de l'opposition des formes du chapiteau de l'ante et de celui de
architectes grecs.
A cette époque, i1 cesse d'être appliqué en Italie et dans les provinces de l'empire romain. Les architectes donnent à ces éléments distincts des édifices, des formes identiques. Les propylées du portique d'Octavie 41 et le portique du Panthéon 49 offrent des exemples de ces répétitions. Il se pourrait toutefois que ce mode des formes similaires employées ainsi, remontât à une époque assez ancienne. D'après M. Léveil, les antes d'un temple d'Albano portent un chapiteau exactement profilé comme celui de la colonne Toscane, décrite par Vitruve
Cependant le principe de l'opposition des formes se perpétue dans les provinces où l'art grec jette ses dernières lueurs. En Galatie, à l'Augusteum d'Ancyre, le chapiteau d t antes (fig. 162, quoique la hauteur en soit
égale à celle du chapiteau de la colonne, reproduit encore des formes purement grecques 44. Sur la face, une victoire ailée et entourée de gracieux rinceaux effleure à peine les formes végétales desquelles elle semble sortir. Le magnifique couron
nement des antes du temple de Neptune, à Pompéi 45, montre (fig. 1163) des formes analogues , mais plus nourries, dans lesquelles l'influence étrusque est visible. Le rnonument d'une époque de décadence, auquel on a donné le nom de temple de Diane, à Nîmes, offre un des derniers exemples de cette tradition ; le chapiteau des piliers de cet édifice, par l'ornementation gracieuse, autant
que par les proportions, rappelle les riches chapiteaux de l'Asie Mineure M16. Mais, généralement, dès la fin du premier et pendant le second siècle de notre ère, c'est
le principe romain qui l'emporte. On peut le constater sur les chapiteaux du tombeau de Mylasa 47, et du petit temple de Patare, en Asie Mineure 48.
Les chapiteaux des piliers, destinés à recevoir la retombée d'une archivolte, présentent en général de notables différences avec ceux de l'ordre auquel on les a subordonnés. Entre Ies colonnes corinthiennes de l'arc d'Hadrien, à Athènes, des chapiteaux-impostes sont semblables au couronnement des antes d'Aizani 49
II. Chapiteaux des piliers disposés en ordonnance, ou employés isolément. A l'intérieur de l'Erechtheum, les chapiteaux d'une petite ordonnance de piliers engagés accusent un profil à peu près identique à celui du chapiteau qui couronne les antes de cet édifice 56. Des piliers joints au mur décorent extérieurement le postscenium d'un théâtre de Patare, élevé au milieu du deuxième siècle avant J.-C.; ils portent des chapiteaux composés de moulures 51. On rencontre encore un exemple de chapiteaux profilés dans la porte de Refke, à Nicée'.
L'architecte en formant une ordonnance entière au moyen de piliers engagés pouvait donner sans inconvénient à la tête de ces supports simulés, certaines dispositions des couronnements de colonne. Aussi, tout en affectant un caractère propre, tes chapiteaux des piliers adossés à un mur et disposés en ordonnance rappellentils parfois les configurations des chapiteaux columnaires, le dorique excepté 53. On trouve ainsi en Italie, sur une porte de la ville de Pérouse, la forme grecque de la volute 5". Elle appartient à des piliers formant une ordonnance minuscule. Une autre porte de la même ville comprend également un petit ordre de piliers; mais les chapiteaux qui les surmontent, sont composés d'un seul rang de feuillage et ne se rapportent à aucun type défini 54, Il en est de même des chapiteaux de l'Album 56 et de ceux de différents tombeaux de Pompéi 57.
Quant aux chapiteaux qui surmontent les piliers employés accessoirement, comme jambage de baie par exemple, ils sont composés le plus souvent de moulures lisses. Tels sont ceux du temple de Diane, à Céfalu 59, et d'une maison de la rue de l'Abondance, à Pompéi 59.
Sur les chapiteaux ps eudo• corinthiens de la maison de Salluste, des volutes d'une courbe particulière tendent à se rejoindre, et pénè
trent à travers l'acanthe
jusque sur l'astragale °0
Les chapiteaux placés
sous l'architrave d'une YI~,. ü4 porte ou d'une fenêtre,
ont été employés quel
quefois d'une manière , -,d~----.~-~• particulière. Ainsi à la
porte du petit temple de Pandrose fil, ils ne reposent pas sur un fût
et appartiennent en propre à la muraille (fig. 1164) ; l'en
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semble en est pris dans une assise saillante et profilée.
Les piliers non liés au mur et disposés en ordonnance, portent quelquefois un chapiteau orné de volutes. Dans aucun cas ils ne reçoivent le chapiteau de la colonne dorique. Celui-ci a toujours formé avec le fût qui le supporte un tout indivisible. Le profil puissant de l'échine assujetti au plan quadrangulaire aurait présenté une expression violente incompatible aux yeux exercés de 1architecte, avec les convenances monumentales. Aussi dans les tombeaux étrusques, le chapiteau des piliers-supports se rapproche de celui de l'ante dorique, mais non de celui de la colonne. La tomba di cardinale C2 et la sépulture de la famille Tarquinia u, à Corneto, confirment cet-1e remarque. Dans les nécropoles de la Cyrénaïque, les piliers présentent, au contraire, la forme du chapiteau de la colonne ionique, nettement accusée "4.
On voit au Musée des Antiques du Louvre, des chapiteaux de piliers rapportés de l'ancienne Caolgos, aujourd'hui Athiénau, dans l'île de Chypre, Les volutes placées sous un abaque d'un profil sans finesse, présentent des dispositions toutes phéniciennes. Les courbes s'entrecroisent avant de se replier; dans l'un, elles sont affrontées et se contournent comme les extrémités d'un croissant.
Les chapiteaux des piliers employés isolément, ne subsistent qu'en petit nombre, et offrent peu de particularités utiles à signaler. Sur les supports triangulaires destinés à recevoir des trépieds, le profil terminal se compose de quelques moulures surmontées d'une face et d'un listel. On en trouve des exemples au Hiéron de Cnide u et sur un bas-relief du Musée des Antiques 66.
La stèle n'entre que très-indirectement dans la catégorie des piliers, et n'a pas, à proprement parler, de chapiteau; les moulures qui en tiennent lieu sont profilées avec une extrême finesse.
Enfin, le chapiteau couronne la figure humaine, lorsqu'elle joue dans l'édifice le rôle réel ou apparent de soutien l'ornementation en est sobre et respecte toujours l'importance expressive de la stable
pose au Pandrosium d'Athènes d'une baguette ornée de perles et d'un rang d'oves que recouvre un aba
que quadrangulaire (fig. 1165). Le chapiteau que supportent les caryatides antiques de la villa Albani u, affecte la forme d'une corbeille. Il est orné de rosaces et de palmettes d'un
faible relief. Souvent, de simples moulures forment les chapiteaux des piliers auxquels des atlantes sont adossées 69 III. Chapiteaux employés dans les oeuvres d'art accessoires
pour lesquelles les formes monumentales ont été utilisées. Les types en sont variés et différent de ceux des chapiteaux des colonnes et des piliers, même lorsqu'ils en rappellent les configurations. Comme ils ne sont pas soumis au module monumental, des combinaisons arbitraires de grandeur avec le fût qui les supporte, en déterminent le plus souvent le caractère. Les meubles figurés sur les bas-reliefs antiques, reproduisent exactement les formes employées par les plasticiens et les ciseleurs. Sur le tombeau rapporté de Pydna, en Macédoine, par M. Heuzey", actuellement au Louvre, les montants d'un lit funèbre révèlent par la forme et par la proportion des couronne ments, un art élevé, qui ne s'inspire que très-indirectement des expressions lapidaires. On rencontre des formes semblables, sur le tombeau en terre cuite peinte, de style étrusque, trouvé à Cervetri 71 qui est au même musée. Sur les vases peints, le chapiteau de quelques stèles cylindriques présente des dispositions analogues.
Le fût des nombreux lampadaires de bronze [CANDELADaust que nous ont livrés les fouilles exécutées en Italie, est parfois quadrangulaire, le chapiteau qui le surmonte, se compose très-souvent de feuilles aiguës, qui se replient sous le tailloir et tiennent lieu de volutes ". Le scapas lisse ou cannelé des candélabres, malgré des proportions très-élancées, rappelle quel
quefois la forme de la colonne ionique. Mais la largeur insolite du chapiteau, montre que l'intention de l'artiste a été non d'établir les proportions d'après un type canonique, mais de les régler en vue de la destination de l'objet (fig. 1166). Le chapiteau corinthien d'un candélabre,
que possède le musée du Louvre (fig. 1167), laisse passer le jour à travers Ies évidements ménagés dans le calathus, et montre ainsi le parti qu'on savait tirer des ressources que présente l'emploi du métal. '[n grand nombre de lampadaires dont le Tilt ne rappelle pas la forme des piliers ou des colonnes, sont néanmoins couronnés par des chapiteaux, dans lesquels, malgré une originalité de forme quelquefois excessive , on reconnaît cependant l'inspiration raisonnée du génie grec, qui a su constamment approprier à un usage défini ces formes de fantaisie. Quelques-uns de ces chapiteaux offrent une ornementation vé
gétale. Un plus grand nombre sont composés (le moulures superposées dont l'ensemble affecte la forme d'une cassolette 73.
IV. R€eprésentatiorn conventionnelles des chapiteaux. En générai, les chapiteaux des monuments figurés se rapportent aux types canoniques. Les formes en sont hétérogènes dans les peintures seulement. On reconnaît aisément les dispositions doriques et les dispositions ioniques
Chapiteaux numismatiques.
CAP 911 -CAP
sur les chapiteaux des vases grecs. L'extension de la saillie de l'échine ou des volutes sur le maigre fût de la colonne, constitue le caractère dominant de ces représentations qui seront utilement étudiées à l'article coLU2INA.
Les chapiteaux des bas-reliefs lapidaires de la Grèce et de Rome sont souventl'imitationtrès-rapprochée de formes réelles n. Des terres cuites de la collection Campana montrent le type corinthien, composé de l'ébauche de deux feuilles d'acanthe comprises entre un astragale et un tailloir. L'architecture numismatique est essentiellement conventionnelle. Le chapiteau dorique se compose sur certains bronzes d'un anneau à profil prismatique. Sur une médaille de Claude, les volutes ioniques d'un temple de Diane, formées de deux disques troués et accolés au support, sont surmontées d'un abaque (fig. 1168) Une médaille de Vespasien offre le chapiteau corinthien d'un temple de Vesta (fig. 1169), composé d'un disque central
accompagné de volutes terminées par de petites sphères ; la partie inférieure est ornée d'un astragale composé de cinq perles aplaties dont les proportions à la fois inégales et symétriques produisent l'apparence d'un fuseau et simulent des lignes perspectives. Les chapiteaux d'un temple d'Emèse sont indiqués par une sphère placée sur un astragale (fig. 1170). Souvent le chapiteau corinthien est formé d'un rang de feuilles et d'un double astragale (fig. 1171) 76. Deux rangs de feuilles aiguës le composent dans la représentation d'un temple d'Antioche 77
Chapiteaux numismatiques.
(fig. 1172). Quelques médailles montrent les chapiteaux exprimés d'une manière moins rudimentaire; l'astragale, l'échine 78 et les enroulements ioniques (fig. 1173) 79 ou corinthiens m y sont figurés parfois avec une certaine précision. CHARLES CHIPIEZ.
CAPPADOCARC11A (Ka7umuèox«p7' ç). Ce terme n'a
pas encore, à notre connaissance, été rencontré dans les inscriptions; mais, outre l'analogie, ce qui suffit à indi
74 Au Louvre, Clarac, Catal. 1847, nr f55. 76 Pour ces exemples et les sui
Plin. flirt. nat. XV,17, 18 ; Hart. XI, 8; et les textes cités ci-après et au mot casseuses.
2 Hist. nul. XVI, 43, 84: = sectilibus laminis in tenui flexilis, capsisque ac serials sola utilis a n cf. Ovid. Trist. I, 1. Par là capsa se rapproche du grec aagissea, nd5aseov,
On emportait les livres en voyage dans des capsae, Catull. LXVIII, 33, 36; of. Hor.
quer l'existence de la Cappatloearchid, c'est qu'elle est mentionnée dans un texte du jurisconsulte Modestinus à côté de l'Asiarchie et de la Bithyniarchie Pour se faire quelque idée de ce que pouvaient être ces fonctions, on peut consulter les articles AstAR'HA, GALATARCIIA, etc.