Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CARDO

CABDO (2.tipoyeP;, espé ial , Qaipds), gond, pivot.---Les Grecs désignaient spécialement par les mots espoe2 L/C et a It s: i entre lesquels on ne saisit aucune nuance de sens appréciable, le pivot sur lequel tourne une porte, Dans les portes les plus anciennes ou les plus simples, les pivots étaient en bois et taillés directement dans le montant qui formait l'axe de la porte. C'est ainsi grail faut entendre le passage ail Théophraste rapporte que lori employait de préférence k bois d'orme, comme le moins sujet à fléchir, pour les pi ,;ts ,tés potes ((eepo,urï,). Le mot ettep ' parait avoir d i..q é 'e lia fois le montant avec le deux isr C5 qui en forment les deux extrémités, ce, que lei Le,:,,'es appe laient scepus eei'L,iolts 3, On trouve une disposition analogue dans un certain nombre de portes monolithes en pierre, où les deux pivots sont taillés dans la masse. On peut voir une de ces portes dans le musée judaïque du Louvre ; une autre est reproa duite dans la Mission de Phénicie de M. Renan ". Un tombeau étrusque de Chiusi. est fermé par une porte de pierre construite de la même manière'. M. de Vogüé a retrouvé dans les maisons romaines des anciennes villes du Hamman, en Syrie, un battant de fenêtre en 116 pierre du même système, tournant à sa place antique et servant encore aux Arabes qui habitent ces ruines a. A l'origine, les pivots étaient simplement engagés dans deux trous pratiqués dans le seuil et dans le linteau de la porte ; ils constituaient à eux seuls tout l'appareil des anciens gonds. Pour leur donner plus de solidité, on imagina de bonne heure de les garnir de métal et principalement de bronze, en enchâssant dans la même monture tout l'angle de la porte. Plusieurs exemples de cette sorte de monture, provenant des anciens temples de l'Égypte, se sont conservés jusqu'à nous et portent même parfois des inscriptions dédicatoires. L'exemple que donne la figure 1189 est tiré d'une porte romaine et se trouve au musée du Louvre. ll rend parfaitement compte de l'expression poétique yxAxos€.pt fgêo1ez , employée pour désigner cette sorte de gondset du vers, non moins expressif, Ce perfectionnement eut pour conséquence de faire employer également le métal pour la partie creuse qui recevait le pivot. Elle devint ainsi une pièce à part, ce que l'on appelle en français la crapaudine. Les Grecs nommaient proprement cette pièce creuse I? t taxoç, c'està-dire petit mortier, terme qui peint très-exactement la forme de l'objet 9. Quant à l'emploi technique du mot azpocatlç, opposé dans ce sens à errpototvl, c'est une erreur qui a pour point de départ l'interprétation trop étroite d'un vers d'Aristophane 10. Les Latins désignaient les deux pièces par le mot cardines; mais ils paraissent avoir distingué le cardo mesculus du carde femina, bien que l'exemple unique que donne Vitruve de cette curieuse distinction ne s'applique pas à une porte, mais à une machine tournante =. Du reste ils employaient carde même pour des tenons fixes, comme nos tenons en queue d'aronde, qu'ils appelaient sardines securicuiati 12, Le pivot de métal pouvait former aussi une pièce séparée, encastrée dans l'épaisseur de la porte. La figure 11941 donne un spécimen en bronze de cette sorte de gonds, découvert par nous dans les portes en marbre des tombeaux de la Macédoine. Nous demandons la permission d'en reproduire la description d'après notre habile colla borateur M. Daumet, parce que c'est l'exemple le plus complet que l'on ait encore du système d'évolution des portes antiques `3. « Le système se composait d'un pivot, tournant avec le vantail, et d'une pièce creuse ou crapaudine, scellée dans le seuil. Ces deux pièces de métal, terminées au tour avec une extrême précision, sont d'un ajustement si parfait que l'oxydation a suffi pour les souder intimement ensemble. Ce sont deux cylindres de même dimension, munis l'un et l'autre d'un rebord qui forme arête vive sur la ligne de séparation de leurs surfaces de frottement : aussi le joint est-il invisible; nous n'avons pu le reconnaître sans entamer légèrement le bronze avec un outil. Du côté où ces pièces adhéraient, l'une au seuil, l'autre au vantail, elles sont pourvues de trois ailettes en queue d'aronde, découpées dans le pourtour du cylindre et destinées à maintenir la monture dans l'entaille de scellement. L'une des ailettes qui était cassée se trouve encore fixée par un ciment très-dur dans la partie inférieure d'un vantail rapporté au Louvre. La pièce creuse ou crapaudine était renforcée de trois pointes, qui avaient pour objet de résister au mouvement de torsion produit par la rotation et par le poids de la porte de marbre, La partie supérieure de la porte offre au contraire les entailles nécessaires pour recevoir une longue platebande de bronze, qui dépasse le vantail, de manière à racheter l'effet de son inclinaison et à former un axe perpendiculaire avec le pivot inférieur. Cette bande devait être munie d'un tourillon qui pivotait dans une bourdonnière, espèce d'anneau saillant fixé à l'intérieur du linteau, En effet des traces de scellements pratiqués à la distance voulue dans les linteaux du tombeau de Palatitza, prouvent l'existence de ces sortes d'attaches. Nous avons ainsi une démonstration complète du système d'évolution employé par les Grecs pour leurs portes monumentales. n On remarquera surtout dans ces dernières lignes l'indication de la disposition très-particulière du gond supérieur dans les portes grecques à jambages inclinés, dites ordinairement portos doriques. L;oiv HEUZEY. Guano, ?l. Ligne de partage pour la prise des auspices et la limitation des terres, des camps, etc. [TEMPLUM, GReNA]. CttBINA [Navas],