Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

CARRAGO

CARRAGO. -Retranchement formé de chariots. Quand les peuples du Nord émigraient, ils plaçaient leurs femmes, leurs enfants, ainsi que leurs provisions, sur des chariots qu'ils faisaient traîner par des boeufs et qu'ils rangeaient en cercle autour de leurs camps 1, formant ainsi une barricade derrière laquelle ils pouvaient faire une très-bonne défense 2: c'est généralement ce genre de retranchement qu'on appelait carrago; quelquefois on donnait le même nom au camp ainsi formé Ammien Marcellin 4 dit que cette dénomination était celle qu'employaient les barbares eux-mêmes. L'empereur Léon 6 recommande l'emploi de cette barricade, mais il prescrit d'y ajouter un fossé ; un peu plus loin, il semble dire que le chariot employé à cet usage avait une forme particulière ; il l'appelle xapag6v, tandis qu'il désigne par le mot 7o5ASov celui qui servait uniquement au transport des approvisionnements. En outre, il recommande à ses généraux de se servir de tous ces chariots pour couvrir les derrières de son armée rangée en bataille 6, procédé qui a été employé avec succès dans les temps modernes par Ziska, chef des Hussites 7. Enfin, ces voitures servaient encore à établir des traverses devant les portes des camps Le mot carrago est employé par plusieurs auteurs latins pour désigner, non pas le retranchement fait avec des chariots, mais bien l'ensemble de ces voitures, les équipages d'une armée barbare 9. L'usage des chariots employés probablement apporté en Italie par les Gaulois, qui en avaient toujours un grand nombre; les Romains ne tardèrent pas à remarquer l'utilité de ce moyen de transport, et au temps de leur guerre avec Persée, roi de Macédoine, on vit une de leurs armées employer au moins mille cha (fig. 1194) sur des médailles d'Agrippine avec les mots : MEMORIAE AGRIPPINAE ". D'autres médailles sur lesquelles sont figurés des chars plus ou moins semblables, avec les noms de Livie"; de Julie, fille de Titus13; des deux Domitilla, femme et fille de Vespasien "' ; de Sabine, femme d'Hadrien'; de Faustine la jeune', etc., et accompagnés des mots ME témoignent que les mêmes honneurs furent rendus à la mémoire de ces princesses. Au lue siècle l'usage des voitures dans Rome même n'était plus une exception [vEICULA], il devint un des attributs des grandes charges de l'empire, et le carpentum est nommé dès lors parmi les chars qui portaient les dignitaires tels que le préfet du prétoire, le vicarius urbis et l'empereur lui-même ". En dehors de la ville l'emploi des voitures fut libre en tout temps. Le carpentum paraît avoir été souvent une voiture de voyage"3, plus ou moins semblable à celle dans laquelle Tarquin et Tanaquil avaient émigré à Rome avec tout leur dans les armées fut sans doute, à celle qu'on avoir, à peu près semblable, voit dans un basrelief étrusco-romain où est représentée toute une famille en voyage (fig. 1195, voy. aussi p. 854, fig. 1044) : c'est un chariot à deux roues, couvert d'une capote formant le berceau, ouvert par devant et ne différant en somme des chars de cé rémonie dont nous venons de voir l'image sur les mévaient pas habituellement les troupes ; on se les procurait chariots ne sui CAR 927 CAR CAR dans le pays par voie do réquisdion et osï obligeait les habitants à les conduire eux-mêmes 1l,' C'est ce qu'on appelait exiger le transport (vecturas describere) 19 : ce service fut régularisé au moins sous le bas-empire, puisqu'on voit dans les Tâemata de Constantin Porphyrogénète 13 que, de son temps, des pourvoyeurs (buccellarü) attachés à l'armée, étaient chargés de voiturer les vivres, pour que les soldats n'eussent à porter que leurs armes. Suivant Suétoneu, chaque chariot devait transporter une charge d'un poids déterminé, qu'il était expressément interdit de dépasser. Les voitures employées dans les armées romaines étaient indistinctement désignées par le mot vehicu'a mais il y en avait de différentes espèces [PLAUST'RUM, CAm us]. Dans les bas-reliefs des colonnes de Trajan et de Marc-Aurèle (fig. 1296), on voit de ces voitures à deux et à quatre roues, traînées par des boeufs ou des chevaux, et chargées d'armes, de tonneaux et de sacs contenant du blé ou d'autres provisions. MASQUELEZ.