Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CASIUS

CASIUS (K«atoç). Un des principaux dieux des populations de race araméenne était Qafioe 1, le dieu-aérolithe, comme l'indique le sens de son nom 2 [BAETYLIA], adoré en même temps dans plusieurs localités comme un dieu montagne, par un rapprochement d'idées dont il y a nombre d'exemples dans les religions sémitiques 3 [MONTES DIVINI]. Les Grecs l'hellénisèrent en Zotç Kcaetoç. A Séleucie de Syrie il était adoré sous la forme d'une pierre tombée du ciel, de figure conique (fig. 4206) 4, et il se confondait avec Zeûg KepaGvtog, le Jupiter-foudre. Le mont Casius, auprès d'Antioche 5, était un des siéges de Jupiter Casius et regardé par les habitants comme le dieu lui-même ; à son sommet on voyait une enceinte sacrée et un autel de Jupiter Casius en plein air, sans temple où sacrifia l'empereur Hadrien 7. Le culte du même dieu existait aussi à Péluse, sur la frontière d'Égypte et de Palestine, auprès d'un autre mont Casius 8. La statue du temple voisin de Péluse représentait Zeus Kasios sous les traits d'un jeune homme tenant une grenade à la quelle on attribuait une signification mystérieuse Cette grenade apparaît comme type sur les monnaies du nôme Pélusiaque 0; en Syrie, elle était le symbole du dieu Rimmôn 11, dont on rapprochait peut-être Qapiou ou Zeus Kasios, et sur lequel on racontait une fable pareille à celle d'ADoNIs f2. Le culte de ce dieu syrien fut porté, sans doute par suite de relations commerciales, dans les pays situés près de l'entrée de la mer Adriatique, à une époque qui n'est pas déterminée, mais qui ne doit pas être fort ancienne. Dans la ville maritime de Cassiopé en Épire, il y avait un temple célèbre de Jupiter Casius, où sacrifia Néron 13 ; c'est pour cela que certaines monnaies de cette ville portent d'un côté la tête de Zeus et de l'autre un aigle sur le foudre 1A. A Corcyre, la ville de Cassiopé possédait un autre temple du même dieu 16. Il est représenté sur des monnaies de cette île frappées au temps de la domination romaine 16, avec son nom ZEVC KACIOC, assis sur un trône à dossier et tenant le sceptre (fig. 1207). Sa figure est devenue alors complétement hellénique. Dans les fables helléniques qui se formèrent à Antioche, sous les Séleucides, pour revendiquer une origine grecque à une partie des habitants de cette ville, le dieu du mont Casius devint un héros venu de la Grèce. Bélus et Casus sont dans ces fables les deux fils d'Inachus S7, qui, en compagnie de Triptolème, amènent une colonie argienne sur les rives de l'Oronte et y fondent lopolis ou Ionopolis 18. Casus amène en outre des Crétois et des Cypriens, après avoir épousé Citia, fille de Salaminus, roi de Cypre 19. Toutes ces légendes misérables ont été inventées d'après les fêtes en l'honneur de Triptolème que les Grecs d'Antioche, à partir de l'époque macédonienne, célébraient sur le mont Casius 20 [TRIPTOLEMUS]. F. LENOIOIANT.