Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CASTRA

CASTRA. Camp.Castrurn, de même origine que casa, signifie proprement un abri. Le camp est la réunion des abris destinés à l'armée en campagne. Ainsi appliqué, le mot est employé au pluriel. Xenophon et Polybe sont les seuls écrivains qui nous aient laissé quelques renseignements sur le mode de campement des Grecs. Le premier expose ainsi 1 les prescriptions faites à ce sujet par Lycurgue: « Comme les angles d'un quadrilatère résistent mal à l'ennemi, il faisait camper son armée en cercle, à moins qu'elle ne pût prendre position sur une hauteur ou qu'elle n'appuyât ses derrières à une place fortifiée ou à un fleuve, Pendant le jour, on place des sentinelles près des armes et faisant face au camp, car elles ne sont pas destinées à agir contre l'ennemi, mais bien à veiller sur l'armée. On place sur la hauteur la plus convenable à cet effet des cavaliers chargés d'observer l'ennemi. Lycurgue avait ordonné que les Scirites garderaient le camp pendant la nuit, afin qu'aucun soldat ne s'éloignât de la phalange, mais les Lacédémoniens font maintenant eux-mêmes ce service, concurremment avec les mercenaires. Il est bon de savoir que si les Spartiates portent la pique en tout temps, c'est par le même motif qui leur fait éloigner les esclaves du lieu où sont déposées les armes Ils changent souvent de camp, autant pour nuire à l'ennemi que pour venir en aide à leurs alliés. La loi prescrit les exercices gymniques à tout Lacédémonien qui se trouve à l'armée; c'est ce qui entretient leur ardeur et leur donne un air de liberté que CAS -941 --CAS n'ont pas les autres Grecs. Dans leurs promenades et leurs courses, ils ne doivent pas dépasser le front du corps de troupes auquel ils appartiennent, afin que personne ne soit éloigné de ses armes. Après les exercices du matin, le premier polémarque fait donner à tous, par un héraut, l'ordre de s'asseoir ; il y a alors une sorte de revue. On commande après cela de dîner, et ensuite de relever les sentinelles; puis le soldat joue et se repose jusqu'aux exercices du soir. Ceux-ci étant terminés, le héraut donne le signal du souper, et après avoir chanté des hymnes en l'honneur des dieux de qui l'on a obtenu dans les sacrifices des signes favorables, chacun repose sur les armes. Dans la Cyropédie le même auteur parle encore des camps, mais il est possible que ce qu'il dit rie s'applique qu'à ceux des Perses. Il est vrai qu'on peut croire que Cyrus, accordant aux Grecs une très-grande confiance, avait suivi leurs inspirations sur ce point de même que sur beaucoup d'autres ; en outre Xénophon a décrit ces dispositions avec complaisance, comme s'il en était l'auteur, et on remarquera l'analogie qu'elles présentent avec celles qui étaient prescrites par Lycurgue; mais enfin, comme nous ne pouvons avoir aucune certitude sur ce sujet, nous nous bornerons à cette indication. Polybe donne plus de détails ; après avoir exposé les règles de la castramétation des Romains, il ajoute 3: « Les Grecs, à propos des camps, considèrent comme trèsimportant d'en établir l'assiette en raison de la force des positions; ils évitent ainsi la peine de creuser des fossés. Ils adoptent aussi en principe que les fortifications artificielles ne valent pas celles qui proviennent de la configuration du sol. Par suite, quand il s'agit de procéder à leur installation, ils sont obligés de changer complétement la forme de celle-ci en se guidant sur la configuration du sol, et en faisant varier chaque fois les dimensions suivant les différents terrains. II arrive alors que chacun est incertain relativement à l'emplacement que doivent occuper soit lui-même, soit le corps dont il fait partie, d'après les dispositions adoptées. Les Romains préfèrent prendre la peine de creuser des fossés et d'exécuter les travaux qui en sont la suite, pour conserver leur liberté d'action ainsi que l'avantage d'avoir une installation unique, connue de tous et d'une forme invariable. » Ailleurs, Polybe' cite bien des occasions où les Grecs eurent à déplorer la négligence qu'ils montraient à ce sujet. Le même auteur dit encore, plus loin s : « Titus, qui ignorait sur quel point se trouvait l'ennemi ordonna que tous ses soldats couperaient des pieux et les transporteraient avec eux pour s'en servir s'il en était besoin. Cela eût été incompatible avec les habitudes d'une armée grecque, mais n'avait rien de pénible pour les Romains. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que, pendant la marche, les Grecs portent leurs armes, et ils se plaignent constamment d'avoir à en supporter le poids; mais les Romains, qui ont le bouclier suspendu aux épaules au moyen d'une courroie, portent leurs traits à la main et n'hésitent pas à se charger de pieux. La différence entre les pieux employés par les deux nations est aussi trèsgrande : les Grecs trouvent que les meilleurs sont ceux dont le tronc est garni de nombreuses et fortes branches; les pieux employés par les Romains n'ont que deux ou trois branches, tout au plus quatre, et ils prennent de pré férence ceux qui sont garnis de rameaux d'un seul côté; leur travail devient dès lors plus facile (chaque soldat en porte trois ou quatre liés ensemble), et il est commode, tout en constituant une garantie de sécurité. Les pieux employés par les Grecs pour fortifier leurs camps, peuvent être facilement arrachés : en effet, la partie qui est enfoncée dans la terre est peu considérable, en comparaison des longues et nombreuses branches qui y tiennent; si donc il se présente deux ou trois hommes qui tirent sur le pieu en saisissant les branches, ils l'arrachent sans peine; il y a dès lors, à l'endroit où cela s'est fait, une large ouverture, et comme ces pieux sont habituellement mal entrelacés et mal reliés entre eux, dès que l'un d'eux est enlevé, les pieux voisins sont désunis. Le contraire arrive chez les Romains ; ils enfoncent leurs pieux en entrelaçant si bien les branches, qu'il est impossible de voir à quels pieux appartiennent celles-ci, et, quand on considère un pieu, de reconnaître quelles sont les branches qui en dépendent: dès lors, il n'y a pas moyen d'introduire la main et de saisir un pieu; on en est empêché par l'entrelacement et la multiplicité des rameaux soigneusement taillés en pointe. Si même on le saisit, il est difficile de l'arracher; d'abord, quel que soit celui que l'on tient, on le trouve solide parce qu'il est enfoncé en terre : ensuite, si l'on ne saisit qu'un rameau, il faut, après cela, en détacher plusieurs à cause de la solidarité que leur donne leur entrelacement. Enfin, ce n'est qu'avec beaucoup de peine que deux ou trois hommes parviendraient à saisir le même pieu, et si cela arrive et qu'ils en arrachent un ou deux après avoir fait de violents efforts, l'ouverture ainsi pratiquée est insignifiante. Ainsi donc le pieu des Romains est le meilleur, parce qu'on se le procure facilement, parce que le transport en est commode, et enfin parce qu'il est d'un emploi sûr et durable » De ce que disent Xénophon, Polybe et Quinte-Curce il résulte que les Grecs ne se donnaient généralement pas la peine de creuser un fossé autour de leur camp ; mais leurs ancêtres ne faisaient pas de même, s'il faut en croire Homère, qui parle ' d'un retranchement très-complet, composé d'un fossé erclcppoç), d'un rempart (rrizo;) et d'une palissade (rsxatolnu). Les écrivains moins anciens (Polybe, Josèphe, etc.) désignent cette dernière partie du retranchement par le mot x,apaxa, pluriel de xâpn. Polybe lui-même a parlé d'un camp grec muni d'une palissade et d'un fossé 8; mais nous devons faire remarquer qu'il s'agissait d'un camp auquel sa position donnait une grande importance et destiné à une occupation prolongée. CAMPS DES ROMAINS. Polybe, qui avait une connaissance complète de l'organisation militaire des Romains, nous a laissé une description détaillée de leur camp, en déclarant que rien n'est aussi bien conçu, aussi digne d'admiration ; il ajoute que les règles adoptées à ce sujet étaient invariables En effet, Tite-Live et Denys d'Halicarnasse assurent que, déjà sous les rois, les Romains avaient des camps réguliers et entourés de retranchements. On doit donc s'étonner de voir Frontin 10 prétendre qu'anciennement leurs tentes étaient dressées sans ordre, comme des cabanes, que Pyrrhus, roi d'Epire, fut le premier qui tint une armée réunie dans l'enceinte d'un même retranchement, et que les Romains s'étant emparés de son camp, en admirèrent les dispositions et CAS te-942CAS les imitèrent. S'il était vrai que les Romains eussent emprunté aux Grecs un perfectionnement militaire aussi important, ne devrait-on pas s'étonner que Polybe, qui met si soigneusement en relief tout ce qui fait honneur à ses compatriotes, eût négligé de mentionner un fait si glorieux pour eux? ear ils auraient ainsi fourni à ceux qui furent les maîtres du monde, l'une des bases principales de leur organisation militaire, l'une des causes les plus importantes de leur puissance, et enfin une institution que lui-même déclare être admirable entre toutes. En outre, comment pourrait-on concilier ce que dit Frontin avec ce qu'écrit Plutarque " quand il raconte que Pyrrhus resta stupéfait en contemplant un camp romain, et avec l'admiration qui, selon Tite Live, fut éprouvée en pareille circonstance par Philippe de Macédoine "? Certes, ce dernier vivait trop peu de temps après Pyrrhus pour qu'on eût oublié complétement l'organisation des armées épirotes. La vérité est que pour le tracé des camps, comme pour celui des villes, pour la fondation des colonies ou le partage des terres assignées, on suivait les règles fixées par la science augurale de temps immémorial et qui demeu rèrent immuables. Nous renvoyons pour leur explication Les camps établis dans le champ de Mars à l'approche de l'ennemi étaient, malgré le voisinage de la ville, aussi réguliers, aussi dépourvus de tumulte que ceux qui se trouvaient au loin ; devant l'ennemi, ils étaient tous dressés suivant les règles prescrites, et on n'entreprenait rien avant leur entier achèvement. Citons un exemple de cette sagesse, de ce prudent esprit de méthode. Paul Émile, l'un des plus grands généraux des Romains et des plus attachés à la conservation de l'antique discipline, renonca, pendant la guerre de Macédoine, à une occasion qui semblait se présenter de battre Persée, parce que son camp n'était pas terminé. Aux reproches qu'on lui en faisait, il répondit : « Nos ancêtres ne s'exposaient jamais aux chances d'un combat sans avoir d'abord établi leur camp, l'avoir soigneusement fortifié, et avoir pris toutes les précautions nécessaires à sa sûreté ; ils voulaient ainsi mettre leurs munitions ainsi que leurs blessés à l'abri de toute surprise et se donner un point d'appui. Les camps sont utiles au vainqueur pour se reposer et se réorganiser ; ils sont un refuge pour le vaincu. Combien de fois n'est-il pas arrivé que des armées retirées dans leurs camps après un revers ont pu attendre une occasion favorable, puis, exécutant une sortie inopinée, ont battu leurs ennemis? Pour le soldat, le camp représente la patrie absente. le retranchement et la tente sont sa maison et ses pénates n. » Ainsi, les Romains ne voulaient pas que, dans quelque lieu ou quelque circonstance que ce fût, les camps fissent défaut. En temps de paix, ces derniers étaient le foyer de la discipline et l'école de la guerre ; en temps de guerre, ils étaient la meilleure ressource et le plus puissant moyen de salut. Aussi, tout ce qui les concernait était l'objet d'une étude à laquelle on attachait une grande importance, et constituait une véritable science comprenant leur tracé, leur défense, le choix des emplacements suivant les circonstances, l'installation des troupes, la répartition des travailleurs pour les retranchements, la disposition de ceux-ci ainsi que leur confection dans le moins de temps et dans les meilleures conditions possibles. Lorsque dans le courant d'une campagne il devenait nécessaire de changer le plan des opérations, on pouvait séjourner sans inconvénient dans ces camps si bien retranchés, et là, méprisant les insultes de l'ennemi, chercher en toute sécurité les nouvelles combinaisons à adopter. Celui qui sut tirer de cet avantage le meilleur parti, fut bien certainement cet illustre général qui, en gagnant du temps, sauva la république fort compromise par la témérité de ceux qui commandèrent avant lui. Dédaignant le moyen habituellement employé pour vaincre un ennemi, c'est-à-dire marcher à lui et risquer une bataille dont le succès est toujours douteux, il préféra en employer un autre, temporiser, et apprit aux Romains à triompher sans rien risquer ni rien compromettre. Les Romains ne négligeaient pas les positions naturellement favorables, mais ils tenaient avant tout à une installation régulière : donc, si cette régularité ne pouvait être obtenue sur les éminences placées à leur portée, ils n'hésitaient pas à camper en plaine, certains qu'ils étaient de se mettre, par leurs travaux, à l'abri de toute insulte de l'ennemi. Ils prouvèrent souvent qu'ils avaient bien raison d'agir ainsi : en effet, délivrés de toute préoccupation sur le choix des positions à occuper, ils pouvaient poursuivre leur ennemi sans relâche, et en même temps apprenaient à leurs soldats à compter plus sur leurs propres forces et leur industrie que sur les avantages qu'on peut tirer de la configuration du sol; en un mot, au lieu de se subordonner à la nature du terrain, ils appropriaient celui-ci à leurs besoins, Cette méthode uniforme présentait beaucoup d'autres avantages : il n'y avait ni fatigue supplémentaire, ni temps perdu à chercher un emplacement convenable ; dès que le chef de l'armée avait trouvé ce qu'il faut dans tous les cas, c'est-à-dire l'eau et le bois, il pouvait faire élever les retranchements, mettre ainsi à couvert ses approvisionnements et ses malades, hâter le moment du repos pour ses troupes et par suite les rendre plus tôt disponibles en cas de besoin, occuper le point le plus important au point de vue stratégique, s'assurer des fourrages, ne pas s'exposer à manquer d'eau, ce qui peut arriver quand on occupe une éminence, ne pas craindre d'avoir à décamper d'urgence et peut-être dans un moment inopportun, avoir ainsi la faculté d'attendre l'occasion et le moment favorable, etc. En outre, le soldat avait dans le camp un souvenir de la patrie : il en connaissait d'avance toutes les dispositions, toutes les rues, comme celles de sa ville natale; il savait dans quelle voie, dans quelle tente il pourrait se reposer, sur quel point il devait se rendre en cas d'attaque, par quelle porte i1 marcherait à l'ennemi : aucune erreur, aucun désordre n'était possible, même pendant une attaque nocturne, et c'est un avantage considérable, qui manque nécessairement dans un camp irrégulier ; tous les mouvements s'exécutaient donc sans hésitation, rapidement et régulièrement. Ces dispositions furent conservées religieusement et rigoureusement exécutées pendant bien des siècles; et pourtant l'expérience d'hommes éclairés faisait réaliser successivement des changements notables dans les autres CAS -943 -CAS parties de l'art militaire. On donnait toujours le même emplacement au praetorium, au quaestorium, aux tentes des tribuns et des autres chefs; on exécutait les mêmes retranchements, on conservait les mêmes dénominations, quoique la raison d'être de celles-ci n'existât plus. Ce mode de campement présentait quelques inconvénients, niais ceux-ci étaient grandement atténués par la manière admirable dont se gardaient les Romains : ils consacraient à cette partie du service au moins un cinquième de leur effectif, et avaient établi un très-bon système de postes et de sentinelles ; ce qui les y amena fut non-seulement leur expérience de la guerre, mais encore et surtout leur prudence excessive qui les engageait à prendre les précautions les plus minutieuses. Ils avaient adopté la forme rectangulaire, parce que les portions de retranchement en Iigne droite sont plus solides, plus faciles à exécuter et par conséquent plus rapidement établies. En outre, parmi tous les rectangles, ils avaient choisi le carré qui offre un avantage tout particulier : en effet, on peut prouver mathématiquement que la somme des côtés d'un rectangle étant donnée, la plus grande surface embrassée par ces côtés sera obtenue, si l'on donne au rectangle la forme d'un carré; donc, en adoptant cette forme, les Romains n'avaient à exécuter lue le minimum de longueur de retranchement pour ohenir la protection du terrain qui leur était nécessaire, et ar conséquent diminuaient le travail. Les portes, ainsi que les angles saillants, étaient munies e défenses accessoires et on y élevait souvent des tours, même que sur le parapet qui était, en outre, presque ,ajours palissadé. Le fossé était assez large pour qu'on pût le franchir. Sur chaque côté du rectangle se trou- .it une porte : il y en avait donc quatre, nombre suffisant ■ur permettre facilement les sorties ; une plus grande iantité d'issues eût nui à la solidité du rempart et auge enté les difficultés de la défense ; deux larges voies, se upant à angle droit, aboutissaient à ces portes et facili ent la circulation individuelle ainsi que les mouvements troupes. Près du point d'intersection de ces voies était ssée la tente du chef de l'armée qui se trouvait ainsi à t.bp. de toutes les parties du camp, voyait tout, et oc 'r conséquent l'emplacement le plus convenable de vue de sa sûreté et de la facilité du commandement. Autour de lui étaient placés les autels, les images des dieux et les instruments des sacrifices ; tout cet appareil religieux l'enfermait dans une sorte de sanctuaire, augmentait ainsi le respect déjà dû au grade dont il était revêtu, et par suite son pouvoir et sa force : eu même temps qu'ils le protégeaient, les dieux lui rappelaient à chaque instant qu'il devait les craindre et se dévouer entièrement à la mission qui lui était confiée. Près de lui encore se trouvaient le tribunal militaire, l'endroit où l'on faisait les allocutions, où l'on communiquait les ordres généraux, et celui où l'on commandait le service de chaque jour. Tout ce qu'il y avait de plus solennel et de plus important se passait donc ainsi sous les yeux des dieux et du chef de l'armée. Venaient ensuite les officiers les plus importants, les légats, le questeur, les tribuns et les premiers centurions, tous respectueux conseillers de leur chef, et en même temps dévoués au maintien de son autorité : ils devaient du reste se trouver près de lui, car ils étaient les premiers intermédiaires entre lui et les troupes. On plaçait aussi à, proximité les troupes d'élite, les premiers manipules des légions et des alliés, ainsi que les premières turmes de cavalerie : plus tard, ce furent les cohortes prétoriennes et, en outre, les amis particuliers de l'empereur, les primipiles des vétérans, cette troupe choisie et composée d'hommes expérimentés qui se tenaient toujours à la portée du chef de l'armée et constituaient la meilleure réserve. La cavalerie se tenait au milieu du camp sous la protection de l'infanterie : du reste, elle ne pouvait être employée ni à l'édification des retranchements, ni à leur garde, ni à leur défense ; elle se bornait à exécuter des sorties quand les circonstances le permettaient. Ainsi organisé, le camp devenait une véritable ville où toutes les ressources étaient réunies, mais bien ordonnées et commodément placées, où tout avait le caractère de grandeur, de sagesse et de prudence du peuple romain : mais, ce qui était plus admirable encore, c'était la discipline et l'ordre qui y régnaient et les institutions si judicieuses qui déterminaient le travail de chaque jour et de chacun. Ce sont toutes ces dispositions si sagement établies qui ont fait la grandeur des Romains, tant qu'elles ont été rigoureusement conservées : il serait difficile, même à notre époque, d'en indiquer les côtés faibles et de dire quelles sont les améliorations dont elles auraient été susceptibles. On peut, du reste, donner une preuve irréfutable de l'excellence de ces dispositions, en faisant remarquer qu'aucun camp des Romains n'a jamais ou presque jamais été pris, quoique, pendant bien des siècles, ils aient fait la guerre avec toutes les nations, et cela, malgré le courage et le génie particulier de chacune d'elles, et malgré la variété de leurs armes ainsi que de leur genre d'attaque. Après un revers comme après une victoire, ces camps étaient si bien gardés et défendus, que toutes les ruses, tous les efforts les plus violents venaient se briser contre leur infranchissable enceinte : il y a eu même de magnifiques exemples de défense opérée par des troupes désorganisées et privées d'approvisionnements, par des blessés et des malades. Ce travail de chaque jour que s'imposaient les Romains, tout en leur donnant la sécurité, les endurcissait à la fatigue : aussi, ces hommes vigoureux accomplissaient la tâche qui leur était imposée avec une facilité et une rapidité vraiment étonnantes. L'éducation physique qu'ils recevaient dès l'enfance les préparait à de tels efforts, et l'état de nos moeurs ne permettrait pas d'en demander autant à nos soldats : bien plus, quelles qu'aient été l'énergie et la force physique de certains peuples combattus par les Romains, aucun d'eux n'a jamais exécuté des travaux semblables à ceux de ces derniers ; quelquesuns l'essayèrent, mais durent y renoncer et attribuèrent dès lors à leurs adversaires une force surhumaine : c'est ce qui arriva aux Gaulois, d'après ce que nous dit César. Mais ces travaux devinrent moins parfaits et leur importance diminua à mesure que les Romains se laissèrent entraîner par l'appât du vice et l'amour de l'oisiveté; ils finirent même par cesser tout à fait quand les chefs s'amollirent, quand l'armée ne fut plus composée que d'étrangers enrôlés à prix d'argent et séduits par les promesses de pillage. Déjà, sous le règne de Néron, Corbulon eut beaucoup de peine à ramener aux anciens usages militaires des troupes dont les plus exercées n'avaient jamais creusé un fossé ou élevé un retranchement, et ne savaient plus ce que c'était qu'occuper un poste ou être n' d six 1-1 f °~1 tm.1 Fi i CAS 84, CAS placé en sentinelle ; malheureusement cet houuue énergique trouva peu ou point d'imitateurs et, après lui, la décadence marcha avec une rapidité effrayante. On ne doit pas hésiter à prendre pour guide Polybe dans l'étude des anciens camps romains. Ce grand observateur était plus capable que personne d'établir, entre les institutions militaires des Grecs et celles des Romains, des rapprochements utiles et des comparaisons qui avaient pour base une égale et profonde connaissance des unes et des autres, Mais la plupart de ses commentateurs ont commis une grande erreur en confondant les dimensions et les dispositions du camp de deux légions avec celles du camp de quatre légions , plaçant, par exemple, lepraetortum et le quaestoraem du second aux endroits où ils devaient être dans le premier : quelques autres, interprétant le texte inexactement, les ont placés au milieu des légions, ou bien encore contre les retranchements. Rendons-leur pourtant cette justice que ces erreurs ne les ont pas empêchés d'éclairer la question sur d'autres points; on doit donc ne pas négliger leurs travaux, tout en se livrant à une étude consciencieuse du texte des historiens. Polybe a consacré quinze chapitres de son sixième livre à la description du camp des Romains tel qu'il était à l'époque la plus brillante de leur histoire militaire et même dans les siècles précédents, puisque les institutions et les usages n'avaient pas varié depuis bien longtemps. Nous allons les examiner successivement, mais nous nous bornerons à en extraire ce qui est relatif au tracé de ce camp et à l'installation des troupes, attendu que les autres questions, telles que le service des sentinelles, la confection des retranchements, etc., seront traitées dans des articles séparés. Ch. 27. « Voici leur manière de camper. Dès que l'emplacement d'un camp est déterminé, ils font oc„uper par la tente du chef de l'armée l'endroit le plus convenable pour la surveillance et le commandement. Plantant alors un drapeau à l'endroit où elle doit être dressée, on mesure tout autour un espace quadrangulaire, de telle sorte que les côtés soient chacun à cent pieds du drapeau : la superficie de ce terrain est alors de quatre plèthres (3481m'n°) C'est toujours du côté de la face ou flanc de cette figure qui paraît le plus commode pour aller à l'eau ou aux fourrages que l'on place le camp des troupes romaines de la manière suivante. Comme il y a six tribuns dans chaque légion, ainsi que je viens de le dire, et comme il y a toujours deux légions avec chaque consul, il est évident que douze tribuns accompagnent chaque consul en temps de guerre. On plante toutes leurs tentes sur une ligne droite qui est parallèle au côté du carré que l'on a choisi, et qui en est distante de cinquante pieds afin qu'il y ait l'espace nécessaire pour les chevaux, les bêtes de somme et le reste des bagages des tribuns.Deplus, les tentes sont tournées du côté opposé au carré dont nous avons parlé et ouvertes vers l'extérieur : qu'on se mette une fois pour toutes dans l'esprit qu'il faut que ceci soit appelé le front du camp. Les tentes des tribuns sont toutes séparées les unes des autres, mais de telle sorte qu'elles soient réparties sur toute la largeur du terrain occupé par les troupes romaines, » Le choix de la position donnée au praetorium était fort judicieux. Ainsi placé, le consul pouvait surveiller facilement tout ce qui se passait dans le camp , et en cas d'attaque de l'ennemi , voir immédiate ment sur quelle face elle avait lieu; il pouvait encore, dans les circonstances graves, donner rapidement des ordres au moyen de signaux aperçus par toute l'armée et, ce qui est plus important, par les postes extérieurs ou les détachements qui pouvaient alors se replier à temps. Enfin, la dignité du commandement gagnait aussi à cette position sur un point élevé. Le terrain attribué au consul était considérable, mais on s'en étonne moins quand on pense à la quantité de personnes et de choses qui devaient y être placées, le consul, ses amis et sa suite, ses licteurs, ses serviteurs, ses chevaux, ses bêtes de somme, les autels, le tribunal, l'augural, etc. Juste Lipse place les tribuns près du praetorium, mais dans le forum, uniquement parce qu'il a remarqué qu'il s'y trouve un espace suffisant : on ne comprend pas qu'il refuse de les placer entre le praetorium et les légions. En effet, le flanc d'une légion occupe quatre cents pieds le long de la voie principale, entre la voie décumane et celle qui sépare les Romains des alliés ; c'est un espace bien suffisant pour loger les six tribuns. Du reste, on a tou Il. 119 CAS -9i3C1S jours admis en principe, dans les armées bien organisées, que les chefs immédiats d'une troupe doivent être placés aussi près d'elle que le permet la nécessité de sauvegarder la dignité du commandement. Les tentes des tribuns, dit Polybe, étaient tournées du côté opposé au praetorium, c'est-à-dire du côté de la troupe, ce qui était indispensable au point de vue de la surveillance du camp. Deux combinaisons satisfont également à l'obligation d'attribuer à chacun des tribuns une même étendue de terrain. Il est probable que la profondeur du terrain qui leur était accordé étant de cinquante pieds, on lui donnait aussi, pour chacun, une largeur de cinquante pieds : or, comme il y avait six tribuns, la somme des largeurs de leurs campements était de trois cents pieds ; si l'on déduit ces trois cents pieds des quatre cents pieds occupés par la légion le long de la voie principale, il restait cent pieds à répartir dans les intervalles ; enfin, ces derniers étant au nombre de cinq, chacun d'eux était de s tupi pieds. Ces inters ailes étaient évidemment nécessaires pour permettre aux légionnaires de se rendre dans le forum et le quaeslorium qui, comme nous le verrons plus loin, étaient placés derrière les tentes des tribuns. Voilà la première combinaison, indiquée sur notre plan en lignes ponctuées. On remarquera qu'une tente de tribun se trouve placée au débouché de la rue qui sépare les triaires des princes 'Voici maintenant l'autre combinaison, indiquée sur le plan en lignes pleines. On peut placer différemment les tentes des tribuns, tout en assignant à chacun d'eux la même étendue de terrain et en réalisant des améliorations notables. If y avait certainement grande utilité à dégager complétement la partie correspondante à la rue qui sépare les triaires et les princes, d'autant mieux qu'une largeur de cinquante pieds était indispensable pour les mouvements de troupe qui devaient avoir lieu fréquemment, dans la direction de la porte prétorienne. Cette condition remplie, on pouvait placer chaque tribun en face de la troupe qu'il commandait, tout en lui attribuant un terrain de cinquante pieds de largeur sur cinquante pieds de profondeur. En effet, les hastats et les es occupant une largeur de deux cents pieds le long de la -oie principale, il y avait place pour quatre tribuns dans ta pa ri.u' du terrain correspondante de l'autre côté de cette voie ; les tri aires occupant cinquante pieds le long do cette même ro e, on avait l'emplacement nécessaire pour ;in tribun et à plus forte raison il en était de même pour le sixième tribun, puisque la cavalerie occupait un terrain large de cent pieds, Cette disposition était à la fois plus commode pour les mouvements de troupe, plus régulière, puisque chaque tribun avait sous les yeux les troupes qu'il commandait, et enfin plus conforme à la dignité du commandement, d'abord parce qu'on évitait la circulation incessante qui, si l'on avait adopté la première combinaison, aurait eu lieu autour du campement de chaque tribun, et ensuite parce que, d'après la deuxième combinaison, les tribuns placés devant la cavalerie étant plus éloignés à droite et à gauche, tout en restant devant la troupe qu'ils commandaient, laissaient libre devant le praetoaaû,n un espace plus considérable. C'est cet espace que nous attribuons à cette partie du camp appelée principia, qui a fait faire tant de recherches aux commentateurs et qu'en désespoir de cause ils ont confondue avec le praetorium. Ce n'est pourtant pas dans cette dernière enceinte, si respectée, qu'on eût exposé les criminels qui, dans l'emplacement que j'indique, se trouvaient à la fois hors du praetorium et en vue de toute l'armée. On pouvait aussi, sur ce point central, réunir les hommes de garde en avant des légions, comme nous le faisons sur le front de bandière de nos camps, c'est-à-dire en avant de nos troupes; il y avait pour cela l'espace nécessaire, c'est-à-dire un terrain de cent cinquante pieds de profondeur. Ainsi s'expliquerait ce passage si discuté de Frontin'w mentionnant une punition infligée à C. Titius par L. Piso : « nudis pedibus in prirrcipiis slave, dun, rir'`r eS venirent, jussit; » en employant les expressions modernes, on peut traduire ce passage de la manière suivante : « il ordonna, qu'il se tiendrait, les pieds nus, sur le front de bandière, à la garde montante, Nous avons dans notre armée un usage tout à fait analogue e eeluici : c'est généralement devant la garde montante qu'on amène les condamnés militaires et qu'on les dégrade. L'opinion que nous émettons est corroborée par un passage de Tacite : il appelle priuc pia l'endroit où le consul harangue les soldats : or, on sait que les allocutions étaient prononcées du haut du tribunal placé à la partie antérieure du praetorium'°. Juste Lipse et d'autres commentateurs ont cru que l'endroit appelé ptirincipia, n'était autrm que la via pra'ncïpal s. Nous ne pouvons partager cette opinion, parce que nous ne comprendrions pas que les Itomains, contrairement à leur habitude de préciser tout ce qui concernait l'art militaire, eussent employé deux dénominations différentes poux désigner le même emplacement ; ensuite, parce qu'ils n'auraient pas donné un caractère presque sacré à une voie où circulaient à tout instant les soldats, les chevaux ainsi que les bêtes de somme, et enfin parce que cette circulation même eût été gênante au moment où avaient lieu la réunion des gardes ou l'accomplissement d'un acte judiciaire. Le nom donné à cet emplacement ainsi que celui de la via l et :palis, avaient peut-être été adoptés à cause de 'a cor, guïté du campement des chefs supérieurs de l',,,,.' principes castrorunt ou principes (caricatura , cette dernier expression est employée par Ammien Marcellin ' dans l'acception que nous venons d'lad'ou.er : il ne peut y asoi'aucune confusion à cet égard, puisque cet auteur parle d'une commission militaire dans laquelle on ne pouvait faire entrer que quelques personnes et non toute une catégorie de soldats. Quelques auteurs ont aussi appelé principaa les premiers rangs d'une armée placée en bataille. De longues dissertations ont été écrites successivement par plusieurs commentateurs à propos de la partie du camp que Polybe appelle le front, c'est-à-dire la partie antérieure. Il nous semble que, de mégie que le consul était considéré comme la tête de son armée, son quartier général devait être regardé comme la partie prinçipale, la tête du camp ; c'est du reste le point sur lequel se portent le plus habituellement les regards : le front doit donc être placé dans la région où se trouve le quartier général., Ajoutons que Polybe semble dire: «Avant d'aller plus loin, je dois prévenir le lecteur que la portion du camp quo je viens de décrire doit être considérée comme la CAS 946 CAS partie antérieure. » Cette observation, comprise ainsi, se trouve placée où elle doit l'être ; si au contraire le front du camp eût été vers la porte décumane, on ne comprendrait pas que Polybe, cet écrivain si réfléchi et si méthodique, interrompît tout à coup sa description pour faire cette observation, et cela bien avant d'avoir à s'occuper de ce qui avoisine cette porte. Dans son 29e chapitre, il revient sur le même sujet et ce qu'il y dit doit enlever toute hésitation. Du reste, le camp est comme l'armée : or, dans tous les temps n comme à présent, on a appelé front d'une armée la partie de celle-ci qui est la plus rapprochée de l'ennemi, à qui elle doit toujours faire face. De même le front du camp doit se trouver dans la partie la plus rapprochée de l'ennemi 20, et l'on sait que c'est ainsi qu'était placée la porte prétorienne. En effet, on trouve ces mots dans le traité de Végèce : « La porte prétorienne doit regarder l'orient ou le côté où se trouve l'ennemi» ; dès Lors, la porte décurnane, étant placée en face de la porte prétorienne, était la plus éloignée de l'ennemi. Ceci ressort encore d'un passage des commentaires sur la guerre civile'-, et de ce que disent Tacite n et Tite Live ; ce dernier est même très-explicite : « ab tergo castrorem, decumana porta ; » le mot tergum, partie postérieure, est celui qui fait le mieux opposition au mot fiions employé pour désigner la partie antérieure. Juste Lipse croit qu'on doit appeler front du camp la face dans laquelle se trouve placée la porte décumane et que cette porte était la plus rapprochée de l'ennemi, parce que, dit-il, les tentes des tribuns étaient ouvertes de ce côté. Nous sommes obligés de n'accorder aucune va leur à cet argument. En effet, il est évident que les tentes des tribuns étaient ouvertes du côté de la porte décumane, parce que Ies troupes sous leurs ordres étaient placées entre eux et cette porte, et que, par mesure d'ordre ainsi que de surveillance, un chef doit toujours avoir sa tente ouverte du côté de la troupe qu'il commande. Quant à son assertion relative au placement de la porte décumane par rapport à l'ennemi, nous avons prouvé qu'elle était erronée. Ajoutons qu'un peuple guerrier n'aurait pas assigné à la porte ouverte du côté de l'ennemi, c'est-à-dire à la place d'honneur, un rôle quelquefois ignominieux : on sait que c'est par la porte décumane qu'on faisait sortir les condamnés 25. Dans son traité sur la milice des Romains, Savile, savant anglais du xvre siècle, partage l'avis de Juste Lipse, parce que, dit-il, Polybe commence la description du camp à partir du praetorium et dit ensuite ce qui se trouvait entre ce dernier et la porte décumane. Nous ne pouvons nous rendre à cette raison, attendu que Polybe procède de la même manière pour décrire la partie du camp qui se trouvait entre le praetorium et la porte prétorienne. Du reste, Polybe lui-même nous éclaire sur cette question : en effet, il dit que les troupes étaient placées du côté le plus commode pour aller chercher l'eau ainsi que le fourrage, et il est évident qu'ils sortaient pour cela par les portes principales et surtout par la porte décumane, la plus voisine de la majorité des troupes. Or, en considérant combien les camps étaient presque toujours placés près de l'ennemi, on s'étonnerait de voir sortir les corvées dans la direction de celui-ci. Les Romains désignaient aussi par le mot frocs chacune des quatre lignes de retranchement formant la limite extérieure du camp 26, et ce mot a été conservé avec la même signification dans le langage de nos ingénieurs militaires, qui appellent ainsi un côté de l'enceinte d'un ouvrage fortifié ; mais les Romains avaient soin d'indiquer par l'expression prima frons la partie du retranchement qui regardait l'ennemi 2'. Ch. 28. « Puis on mesure encore cent pieds en avant de toutes les tentes des tribuns : à. partir de la ligne qui sert de limite à cet espace sur toute la largeur et se trouve parallèle à ces tentes, à partir de cette ligne, dis-je, on commence à placer les légions. Or, voici comment on s'y prend. La ligne dont nous venons de parler étant partagée en deux parties égales, on place des deux côtés de la perpendiculaire élevée au milieu de cette ligne les cavaliers des deux légions, les uns en face des autres et séparés par un intervalle de cinquante pieds, la perpendiculaire passant au milieu de cet intervalle. Les tentes sont de même grandeur et de même forme pour la cavalerie et pour l'infanterie. L'espace occupé par un manipule ou une turme est toujours quadrangulaire. Les tentes de l'un et de l'autre sont ouvertes du côté des rues qui les séparent, et la longueur de l'emplacement qui leur est attribué le long de celles-ci est de cent pieds. Généralement, on s'efforce de faire la profondeur égale à cette longueur, excepté pour les alliés ; mais si l'effectif des légions devient plus considérable, on augmente autant qu'il est nécessaire les dimensions indiquées. » Ch. 29. « La cavalerie étant ainsi placée devant le milieu des tentes des tribuns, de manière qu'il y ait une rue aboutissant perpendiculairement à cette ligne dont nous venons de parler et à l'espace qui s'étend devant les tentes des tribuns (car tous ces passages qui se croisent 1 F1 tri H VIA ressemblent à des rues le long desquelles les manipules et les turmes sont établis à droite et à gauche), on place les triaires de chaque légion derrière ces cavaliers. Chaque manipule correspond à une turme et les deux emplace CAS e--9i.7CAS monts sont de même forme et se touchent de telle façon que les triaires regardent le côté opposé aux cavaliers. On assigne au manipule de triaires une profondeur de terrain égale à la moitié de sa longueur, parce que généralement son effectif n'est que la moitié de celui des autres. Ainsi. quoique les effectifs soient différents, on assigne toujours aux manipules la même longueur de terrain en faisant seulement varier la profondeur. Après avoir encore mesuré un intervalle de cinquante pieds à partir des triaires, on place devant eux les princes. Ces derniers regardant cet intervalle dont nous venons de parler, il y a donc encore des rues ayant la même direction et la même issue que celle des cavaliers, à partir de l'espace de deux cents pieds qui se trouve devant l'emplacement des tribuns, mais ne se prolongeant pas au delà de ce côté du camp qui est devant les tribuns et que, dès le début, nous avons dit être le front de toute la figure. Les hastats sont placés après les princes et leur sont adossés face en dehors, les deux campements se touchant. Comme chaque partie de la légion, suivant l'explication que nous avons donnée, se compose de dix manipules, toutes les rues ont la même, longueur et aboutissent également à la ligne qui est le front et à celle où sont campés les derniers manipules tournés vers le retranchement. » Il nous parait évident que Polybe ne veut pas parler ici, comme il l'a fait dans le chapitre précédent, des variations d'effectif qui peuvent affecter en même temps tous les manipules, mais bien seulement des inégalités qui existent d'une façon permanents dans l'effectif normal des différentes armes. Il tient seulement à faire remarquer que la longueur du terrain assigné à un manipule était toujours la même et qu'on ne faisait varier que la profondeur il en devait être ainsi pour que les cinq rues qui traversaient le camp des troupes fussent d'égale longueur. L'auteur signale aussi, dans sa dernière phrase, une disposition fort judicieuse qui s'obtenait sans doute en modifiant légèrement la manière de dresser, dans les dixièmes manipules, les tentes placées sur le bord du chemin de ronde, parallèlement à la face où se trouvait et VIA -- la porte décumane ; ces tentes avaient leur ouverture tournée vers cette face, afin que les soldats pussent s'y porter plus rapidement en cas d'attaque. Ch. 30. « On laisse, à partir des hastats, un nouvel intervalle de cinquante pieds, et on place devant eux les cavaliers alliés dont la gauche et la droite se trouve agir les mêmes lignes que celles des légions romaines. Le nombre des fantassins alliés, comme je l'ai dit plus liant, est égal à celui des fantassins romains ; mais il faut r déduire les extraordinaires. Le nombre de leurs c rv .lieus est encore double, même après qu'on en a pris un tiers pour former les extraordinaires : aussi, dans le tracé du camp, la profondeur du terrain qui leur est assigne est augmentée en raison de leur effectif, ce terrain devant conserver la même longueur que celui des légions romaines. A partir de la ligne où aboutissent les cinq rues, on place les fantassins alliés, adossés â leurs cavaliers et tournés en sens contraire, en donnant aleur emplacement la profondeur nécessaire; leurs manipules regardent le retranchement et forment les deux flancs du camp Dans chaque manipule, quel que soit l'ordre auqu ' i appaire tient, les centurions recoivent les premilmet ,,. _ En traçant le camp comme je 1'ai indiqué, on a de laisser, entre la cinquième et la sixième t,trme, un ~,uter:rcllr= de cinquante pieds, et on en fait tant pour les manipules. On obtient ainsi au milieu du camp un passage qui coupe transversalement les rues et qui est parallèle à ia ligne des tentes des tribuns ; on appelle ce passage 2~ia quintana, parce qu'il est établi le long des cinquièmes pelotons.» Il n'y avait aucune rue dans le camp des alliés, puisque Polybe ne parle que de cinq rues perpendiculaires à la via p inripalas, Du reste, les manipules des allies ~, même effectif que les manipules e nrespo ..a_n: mains, si ces manipules n'avaient pas été pdacé's ; l;ns contre les autres et sans intervalle, Polybe n'aurait pas jugé nécessaire de dire qu'on devait donner à l'infanterie alliée an terrain d'une profondeur suffisantes Ch. 31. « Le terrain qui se trouve del u sue le tentes des tribuns et touche le pr°aetorr i,ur e di' ire et à gauche est consacré d'in côté au forum et de l'antre au quo r „storiunz avec tous les approvisionnements. Les cavaliers d'élite des extraordinaires et les quelques volontaires c6ui. font la guerre pat afffection p= ~rr' le ronsi i. Cain Lient des deux côtés dn camp et à cils, émit" !e: r t n qui s,' trouve en arrière des lm tribue f, -agie droit avec ^es tenr i et ri, iut pro'asionnecnent du questearr, et lè plié és l'autre côté, le / Mann. (;eue dont nue e bornent pas à camper près du ^tonsui : le plut -',rient 1 rat .O upagnent dans toutes les marches et toutes fre fois que c'est nécessaire, veillant à la fois sur le rluestenr et le consul auxquels ils se vouent corn Ïdétement. Derrière eux et regardant le retranchement, sont plie s les fantassins qui remplissent. les rnènre : fonctions que les cavaliers dont nous venons de parler. .Après eux, on laisse un p _.rgc large de cent pieds, parallèle rue tentes de., tribuns, passant le long du fin-mu, du praetoi aune ainsi que du oiruess torture, et enfin traversant toute la partie du ca.nip dent nous venons de parler. Sur le côté supérieur de cette voie, campent les cavaliers extraordinaires regardant 16 forum, le praetortom et le quaestorium. Au milieu d;: campement de ces cavaliers et du côté opposé à 1"empla.coment du pr'aetoriuin, on laisse un passage de cinquante pieds prolongé jusqu'à l'extrémité du camp et tracé de manière à couper à angle droit cette large voie dont nous avons parlé. Derrière ces cavaliers se placent les fantassins extraordinaires avant vue sur leretranchement et CAS 948 CAS aussi sur la partie postérieure du camp. L'espace inoccupé de chaque côté et près des flancs du camp est attribué aux étrangers et aux auxiliaires qui surviennent parfois. Tout cela étant réglé, le camp a la forme d'un quadrangle équilatéral, et tout d'abord il a l'apparence d'une ville, à cause de sa distribution et des rues qui le partagent en plusieurs parties. Sur toutes les faces, le retranchement est séparé des tentes par un espace de deux cents pieds : cet espace leur est utile pour de nombreux et importants usages, car il est commode pour l'entrée et la sortie des troupes, puisque tous les soldats, ayant au moyen de leurs différentes rues une issue sur cet espace libre, évitent de se renverser en se rencontrant dans un même chemin, et ne se foulent pas aux pieds les uns les autres ; la nuit, ils y font entrer et y gardent en sûreté les bestiaux ainsi que le butin enlevé à l'ennemi. Mais ce qui est plus important, c'est que, dans les attaques de nuit, ni le feu ni les traits ne peuvent les atteindre, si ce n'est bien peu, et ils ne font alors presque aucun mal à cause de la grande distance et de ce qui entoure les tentes. La turme des cavaliers extraordinaires comprenait soixante hommes, et les six cents 28 cavaliers extraordinaires attachés à une armée consulaire de deux légions, devaient former dix turmes. Deux de ces turmes, ayant un effectif total de cent vingt chevaux, devaient être suffisantes pour l'escorte du consul et du questeur, ainsi que pour les autres services qu'on exigeait des delecti equites. Nous placerons donc une turme de chaque côté du camp, et il restera alors huit turmes de cavaliers extraordinaires nous pouvons, du reste, justifier cette répartition en faisant remarquer que Tite-Live29, donnant le détail des dispositions prises par L. Aemilius Paullus pour la défense de son camp et mentionnant l'emplacement donné dans ce but à toutes les troupes, parle des huit turmes des extraordinaires. On peut voir sur la figure 1217 l'emplacement destiné aux volontaires, qui a cent pieds de longueur sur deux cents pieds de profondeur. Cet emplacement devait être bien suffisant pour eux qui étaient peu nombreux, puisque Polybe, lorsqu'il en parle, emploie l'expression -ravi; (quelques) ; nous les plaçons au-dessous des delecti equites, parce qu'ils se trouvaient ainsi près des praefecti qu'ils pouvaient surveiller et même saisir en cas de sédition des alliés. Nous croyons que les volontaires dont parle Polybe ne sont pas les evocati, mais bien les clients du consul qui le suivaient à l'armée pour lui donner une preuve d'affection et acquérir ainsi de nouveaux titres à sa protection. Les expressions de Polybe confirment cette opinion : il aurait désigné tout autrement les uvocATI, ces vieux soldats qui constituaient une troupe d'élite par excellence, et qui pouvaient rentrer dans l'armée pour un tout autre motif que l'affection inspirée par le consul. L'infanterie extraordinaire attachée à une légion cornprenait dix manipules de triaires, et nous pensons que, pour former les delecti pedites, on suivait la proportion adoptée pour le choix des extraordinaires 30; par conséquent, il devait s'y trouver deux manipules, et cela est d'autant plus probable que l'espace qui leur é tait consacré avait précisément la longueur réglementaire pour une troupe de cet effectif, c'est-à-dire deux cents pieds. Ces deux manipules étaient évidemment placés le long du chemin de ronde pour surveiller et défendre la partie du retranchement qui leur faisait face, quand le consul ne les employait pas à un autre service. On a supposé jusqu'à présent que l'infanterie extraordinaire était massée derrière la cavalerie extraordinaire, mais nous n'adoptons pas cette opinion, parce qu'une telle disposition est contraire aux habitudes de prudence des Romains. En effet, il est impossible de croire qu'ils laissaient ainsi sans défense, et cela précisément sur la face la plus rapprochée de l'ennemi, une longueur de retranchement égale à deux mille deux cents pieds (450 pieds depuis les delecti pedites jusqu'à la face où se trouvait la porte prétorienne et 650 pieds depuis le sommet de l'angle jusqu'à la hauteur de l'endroit où se trouvait la cavalerie extraordinaire, soit en tout 1,100 pieds sans défense pour la moitié du camp, c'est-à-dire 2,200 pieds pour le tout). Peut-être dira-t-on que les vélites placés dans le chemin de ronde étaient chargés de cette défense, mais nous ferons remarquer qu'il y avait aussi des vélites le long de la face où se trouvait la porte décumane, et que, malgré cela, on avait la précaution de placer les tentes des dixièmes manipules, de manière que ces troupes pussent se porter rapidement à la défense des retranchements 31. Nous croyons donc que les huit manipules de triaires des extraordinaires étaient placés le long du chemin de ronde, de manière à pouvoir se porter rapidement sur tous les points de la face qui se trouvait devant eux; mais ils avaient encore une autre mission à remplir, la surveillance des auxiliaires qu'on faisait camper entre eux et le forum et le quaestorium: aussi Polybe nous ditil qu'ils étaient tournés vers le retranchement et vers la porte décumane. Cette disposition était facilement obtenue en leur faisant dresser leurs tentes sur deux rangs et adossées ; de cette manière, le premier rang se tenait prêt à défendre le retranchement, tandis que le second surveillait les auxiliaires. Nous ferons remarquer que, dans la répartition que nous avons indiquée, tant pour les delecti que pour les extraordinaires, l'infanterie et la cavalerie se trouvent dans la même proportion que les triaires et les cavaliers dans les légions romaines, c'est-àdire soixante hommes à pied pour trente hommes à cheval. On peut s'étonner de voir que, à part quelques volontaires, le consul et le questeur n'avaient autour d'eux que des étrangers, mais cette disposition peut s'expliquer par différentes raisons. Les extraordinaires destinés à éclairer la marche, à faire le service de troupes légères, d'escorte, de patrouille, de reconnaissance, de conduite de convois, etc., devaient se trouver tout à fait sous la main du consul et du questeur; ils devaient aussi être près de la porte prétorienne par laquelle on marchait à l'ennemi, parce que, formant l'avant-garde de l'armée, ils quittaient le camp avant tous les autres corps. De plus, le consul, ayant ces troupes sous les yeux, pouvait saisir le moindre indice de mauvais vouloir dès qu'il se produisait chez elles. II donnait aussi aux alliés une marque de confiance sans beaucoup compromettre sa sûreté, car il savait qu'en cas de sédition il pouvait être facilement défendu par ses licteurs, ses contubernales, ses hommes de garde, ses serviteurs, les volontaires, etc., jusqu'à l'arrivée des légionnaires qui se trouvaient seulement à cent cinquante pieds de lui; du reste, cette sédition était peu probable, CAS attendu que les familles et les biens des alliés étaient à la merci du peuple romain. On peut enfin ajouter qu'on ne pouvait placer les extraordinaires mieux que dans cet endroit pour utiliser un grand espace disponible et pourvoir à la sûreté du camp de ce côté. Nous croyons pourtant qu'une considération a dominé toutes celles que nous venons d'énumérer. Les Romains, ayant une grande expérience de la guerre, avaient compris qu'il était bon de confier les parties les moins importantes du service à des troupes spéciales, pour laisser intacts les manipules et les turmes des légionnaires qui constituaient la véritable force de l'armée, et les conserver, autant que possible, alertes et dispos en leur évitant les fatigues que causent toujours les petites opérations de la guerre. On sait qu'avant Marius on vit peu d'auxiliaires dans les armées romaines et que, dans tous les cas, on avait la prudence de ne laisser entrer dans les camps qu'une trèspetite quantité de ces troupes qui, du reste, étaient presque toujours composées de cavaliers; or, on avait pour les placer, de chaque côté du camp, entre la cavalerie extraordinaire, l'infanterie extraordinaire, le chemin de ronde et la voie tracée derrière le prétoire, deux rectangles ayant chacun quatre cent cinquante pieds de longueur sur deux cents pieds de profondeur, c'est-à-dire l'espace nécessaire pour recevoir, tant à gauche qu'à droite, cinq cent quarante cavaliers et probablement davantage, car il est probable qu'on ne leur donnait pas la même quantité de terrain qu'aux cavaliers romains. En outre, lorsqu'on le jugeait nécessaire, on faisait camper des troupes dans une partie du forum et du quaestorium u. On a prétendu qu'avant la guerre des Gaules, les Romains avaient déjà cessé de donner à leurs camps la forme d'un parallélogramme, on en a pourtant trouvé en France plusieurs qui remplissaient cette condition, et nous pouvons citer particulièrement celui de Bous, près de Moulins-Engilbert S3, celui du Vieux-Catel près de Roye 3`, ceux de Benouville et de Jublains 36 (fig. 1217), ceux de Fains, Milliance, Etrun sur l'Escaut, Orchamps et Bernières 56, ceux de Sandouville et de Limes u, celui de Saint-Leu d'Esteran 39, celui de Montargis 35, celui de Saint-Romain, celui de Mauchamps, etc. Le comte de Guibert assure que, de son: temps, il y en avait un très-bien conservé près de Saint-Quentin en Picardie; voici ce qu'il en dit : a C'est un carré flanqué de quatre tours; chaque face est à peu près de mille pas de long; les murailles sont terrassées et hautes ; le fossé est large et profond. » Dans le camp d'Etrun que nous avons cité, le comte de Caylus a trouvé une élévation de terrain à l'endroit même où, suivant les règles, le praetorium devait être placé : quant à celui de Limes, on peut constater que c'est par l'adjonction visible d'un camp annexe qu'on a changé la forme quadrangulaire primitive des retranchements, et donné à leur ensemble l'aspect d'un triangle. En outre, nous ferons remarquer que le deuxième consulat du second Africain ayant eu lieu en l'an 620 de Rome et le premier consulat de César en l'an 695, il s'est écoulé àpeine soixante-quinze années entre les campagnes de Scipion et celles de Jules César, et c'était une période CAS trop courte pour qu'on vît disparaître complétement les institutions militaires d'un peuple qui tenait tant à leur conservation. Hyginus nous apprend que, sous le règne de Trajan, le type de la forme des camps était encore le rectangle ; la guerre des Gaules ayant eu lieu entre cette époque et celle des guerres puniques, il n'a dû y avoir de changements que dans quelques parties de la disposition intérieure des camps, changements provoqués par la transformation de l'unité tactique. Cependant il faut reconnaître que Jules César, manoeuvrant avec une très-petite armée au milieu d'ennemis nombreux, dans un pays couvert en grande partie de forêts ainsi que de marais, et très-montagneux dans certaines régions, a dû parfois infléchir les lignes de ses retranchements, soit pour tirer le meilleur parti d'un espace trop restreint, soit pour occuper la crête d'un escarpement. De plus, rien ne prouve qu'il ait occupé tous les camps qui portent son nom, et il est probable que plusieurs d'entre eux ont été établis par les empereurs à qui l'on donnait le titre de césars, et qui vécurent à l'époque où l'art militaire tombait en décadence. Enfin Jules César s'est trouvé dans des circonstances tellement critiques qu'il devait, avant tout, hâter son installation, et il était naturel qu'il profitât alors d'une disposition particulière du terrain et qu'il ne fortifiât que les points accessibles à l'ennemi ; il a pu ainsi, plusieurs fois, n'avoir à se retrancher que sur une seule face de son camp, ce qui abrégeait beaucoup le travail. Ce sont ces camps installés précipitamment qu'on appelait castra tumultuaria . tel est celui de Tirancourt, placé sur une éminence; tel serait encore celui qu'on établirait pour profiter d'une courbe très-prononcée d'un fleuve ou d'une rivière (castra semirotunda G0), comme on ferait par exemple, si l'on élevait un retranchement en ligne droite du Pecq à Chatou ; le même retranchement suffisait pour CAS C A S coupe: un isthme, cousine fit neipion en Afrique ainsi qu' ge de Carthagène'', et comme nous avons fait, "'l; t 1 ' nos S I. rocllr .0' la tranquille possession d.e iilipoli. C'est de la même manière que nous es r!ains camps triangulaires : une armée arrivée t. de deux rivières qui formaient entre elles, ulou°s, un angle plus ou moins ouvert, pv= vao, .cher au moyen d'une seule ligne allant €1 l'uni; Enfin, lorsque le chef d'une armée ne pouvait uv piétement une ville, parce que ses es étaie ,1t Iii entes, ou ne le voulait pas, pour être eux en ti. résister à une armée de secours, il se i ratait s'installer d manière à en entourer une partie. Iu in, ce (sils, et sortent si la ville était de forme arrondie, comme c e se. voyait fréquemment ' dans l'antiquité, le front d, regardait la place, olé saut à la double se .'ol ; er hors de l' . `, G traits et aussi I,lppj, ,:.sible,pre,aitnéc_ sais une forme tourben d'bie du camp ressemblait à. un crois sant: e fusait appeler castra luaaia (fig. 1218)''". don les e:Imps ro. mains avaient une forme irré,guloisque l'armée faisait un iége, lorsqu'elle était oblictr:trncher rapidement, lorsqu'il lai était iiidisil occupa. certaines positions 01, la configuration a :A et la _sature du terrain ei i pliaient ou rendaient, fol"5 ) h.bituelles'i5, t enfin lorsqu'elle 11 , 'ait pin; iii de Remplacement dans ce dernier cas, xes ,-aient appelés cas H' ou neces sF r ih ast ". =.firme quadran relai: tentes les t pot,auquel on se (minium t 1.,1 dont iiI s,_ rapp-i fe plus possible; cela nous est prouvé par ce que disent, outre Polybe, Josèphe °, Hygin. Julius Africanus 17, Mégèce us et I"crnpe reur Léon °6. Malgré ce qu'ont écrit Stewech a0 et l'abbé de Fontenu 51 à propos d'une enceinte circulaire trouvée en Suisse et qu'ils attribuent à Galba, lieutenant de César, nous ne croyons pas que les Romains aient jamais donné cette forme à leurs camps avant l'époque de la décadence; mais ceci s'applique seulement aux camps retranchés, car nous savons que, conformément aux principes préconisés par les Grecs ", lorsque l'armée ne creusait pas de fossé, soit parce qu'elle n'en avait pas le temps soit pour toute autre raison, elle se formait en cercle pour passer la. nuit (in orb'culataaa faqura)n rnetatis castrés 'a). C'est que cette disposition des troupes constituait la formation de résistance, la manoeuvre instinctive et suprême employée dans les cas désespérés ". Le camp dont nous avons donné le tracé (fig. 1214) est rigoureusement carré, comme le dit Polybe : il a 2150 pieds romains de côté, c'est-à-dire 340 toises 4 pieds 10 pouces et 3 lignes, ou 6541°,25. Le tracé donné par F. Maria, due d'Urbin, est an carré ayant 2036 pieds romains de côté celui de Fr. R.obertellus, de Patrizzi et de l'Encyclopédie de 1751, est un carré ayant 2016 pieds 2/3 de côté ; celui de Juste Lipse, de Scinde, de Lemaire et de d'Allonville est un rectangle ayant 2050 pieds romains sur 2017 ; celui de Liskenne et Sauvan est un rectangle ayant 2122 pieds sui' 1750 ; celui de laizeroy est un carré ayant, 336 toises de côté ; celui de Gibbon est un carré ayant 2100 pieds anglais de côte`, c'est-à-dire 640",059 ; celui du général It.ogniat est un carré ayant environ 330 toises de côté; celui de Vaudoncourt est un carré ayant 698°,47 de côté celui de Montholon est un carré ayant 450 toises de côté celui de 1tacquancourt est un carré ayant de 1300 à. 1,1,00 toises de pourtour ; enfin, Napoléon I' a adopté la forme d'un carré ayant 330 toises de côté. Dans les cités antiques, comme dans les camps et comme dans nos villes de guerre, on défendait de cultiver ce que nous appelons la zone de défense ou de servitude, e'est ;à-dire une bande de terrain d'une largeur déterminée., contiguë et extérieure l'enceinte, et on en excluait aussi, comme à présent, les constructions '1(11 muraient facilité l'approche de l'ennemi : en outre, on ménageait, au 0pied du rempart es à ï'int'rieur de la ville, une voie assez large pour permettre les mouvements des troupes et du matériel nécessaires à la défense ; enfin, pour empêcher l'envahissement de ces terrains, on leur attribuait un caractère sacré". Cette voie, dont Polybe démontre l'utilité dans le chapitre qui nous occupe et à laquelle_ nous donnons, dans nos places fortes, le nom de rue du rempart, rue militaire ou chemin de ronde, est appelée iiitervaliuin pal' Hygin "0. .culeraient, ce dernier auteur lui attribue la même largeur qu'aux deux principales rues du camp, c'est-à-dire 60 pieds, largeur bien inférieure à celle qui est indiquée par Polybe, et surtout à celle que mentionnent Julius Africanus 67 et l'empereur Léon 5e (3 ou 400 pieds) : il est vrai que ces deux derniers auteurs disent qu'on faisait camper l'infanterie légère sur cet emplacement, et nous croyons qu'il devait en être CAS 951 CAS de même sous la république, quoiqu'on n'en trouve pas la mention formelle dans ce qui nous reste des écrits de Polybe ; nous le croyons d'autant mieux, que l'emploi de tout le terrain intérieur ayant été minutieusement indiqué par l'historien, il n'y a plus, pour placer les vélites, que l'intervallum lui-même. Le peu de largeur attribué à celuici par Hyginus prouve que, sous l'empire, on s'appliquait à diminuer, autant que possible, la surface occupée par le camp : on obtenait ainsi un double résultat, puisque les retranchements étaient moins considérables et qu'il fallait moins de monde pour les garder et les défendre. On peut s'assurer que ce désir de diminuer l'étendue du terrain occupé se manifestait encore à propos de l'emplacement accordé aux troupes : dans le camp de Polybe, il est presque deux fois plus considérable que dans celui d'Hyginus. En effet, dans le premier, on attribuait à 480 fantassins, c'est-à-dire à quatre manipules, une surface de 40,000 pieds carrést9, tandis que dans le second on n'attribuait au même nombre de soldats, c'est-à-dire à une cohorte, que 21,600 pieds carrés 80. Pour les cavaliers, la différence est encore plus considérable : Hyginus assigne 21,600 pieds carrés à 240 cavaliers n, tandis que Polybe leur en donne 80,000 n. Cette réduction du terrain accordé aux soldats, devenue réglementaire sous l'empire, avait été quelquefois adoptée sous la république pour tromper l'ennemi sur l'effectif des troupes. Le camp ainsi resserré s'appelait castra angustiora 63. L'emploi de la même ruse est recommandé par l'empereur Léon ". Ce fut pour avoir négligé de réserver un intervallum dans leurs camps, que les Carthaginois perdirent deux armées en une seule nuit S". Ch. 32. « Maintenant que nous avons indiqué l'emplacement particulier des fantassins et des cavaliers dans le cas où ils sont au nombre de quatre à cinq mille par légion, ainsi que la profondeur et la longueur du terrain attribué à chaque turme ou manipule, et en outre les passages et les grandes rues de même que tous les autres détails, il est évident que tout le monde sera d'accord sur l'étendue du terrain et tout le périmètre du camp. Mais dans le cas où le nombre des alliés est plus considérable, soit au début de l'expédition, soit parce qu'il en survient d'autres (des auxiliaires), on donne à ceux-ci, outre le terrain dont nous avons parlé 88, l'espace libre qui se trouve près du praetorium, en ne laissant au forum et au quaestorium que l'étendue rigoureusement nécessaire. Quant à ceux qui servent depuis le début de la campagne, si leur nombre est assez considérable pour cela, ils sont placés à droite et à gauche des troupes romaines et le long de celles-ci, en suivant les règles prescrites. Si quatre légions avec deux consuls se réunissent dans l'intérieur d'un même retranchement, il n'est pas nécessaire de se figurer autre chose, si ce n'est que les deux armées, disposées chacune comme nous l'avons dit, sont réunies tout en étant tournées en sens contraire, et soudées par le campement des extraordinaires de chaque armée, qui ont derrière eux, comme nous l'avons dit, l'étendue de tout le camp. Alors la forme du camp devient réellement oblongue, et son périmètre est augmenté de moitié. Ainsi donc, lorsqu'il arrive que les deux consuls campent en même temps, ils disposent toujours leurs camps de cette manière. Mais lorsqu'ils dressent leurs camps séparément, le reste étant établi de la façon habituelle, ils placent le forum, le quaestorium et le praetorium entre les deux armées. » On pourrait s'étonner de voir conserver, dans le camp des deux armées consulaires et pour chacune de celles-ci, la portion de l'intervallum qui se trouve devant l'infanterie extraordinaire ; il semble tout d'abord qu'on pouvait diminuer l'étendue des retranchements en évitant d'y enfermer ce terrain qui était assez considérable, puisqu'il avait 2130 pieds de largeur sur 400 pieds de profondeur. Mais il faut remarquer que l'intervallum, tout en étant surtout utile pour établir une grande séparation entre les retranchements et les tentes, servait aussi au campement des vélites, au logement du bétail et du butin, aux mouvements des troupes, etc. Il est curieux de voir combien le passage où Polybe parle des camps doubles a embarrassé les commentateurs. Presque tous, après s'être donné une peine infinie pour trouver une solution plus ou moins vraisemblable, discutent avec passion les opinions émises par leurs adversaires, et se laissent aller à dire qu'ils sont fous et absurdes. La plus singulière de ces solutions est celle de Patrizzi qui nous a laissé le tracé d'un camp double, formé de deux camps consulaires placés l'un près de l'autre, mais ayant chacun une enceinte complète ; entre ces deux camps, on voit en rase campagne, c'est-à-dire sans la moindre protection, le praetorium, le quaestorium et le forum des deux armées, tandis que leur emplacement habituel a été laissé libre dans chacun des camps : cette solution étant inadmissible, il nous a fallu en chercher une autre. Nous avons eu encore à déplorer, dans celte circonstance, la répugnance qu'inspirait aux auteurs grecs l'emploi des termes spéciaux étrangers, attendu qu'ils ne conservaient la pureté du langage qu'aux dépens de la clarté de leurs récits. Polybe s'était pourtant décidé" à écrire, par exemple, le mot errpaop3tv«pious, dont l'origine est tout à fait latine, mais il désigne toujours la légion par le mot sprpar.ô7atov qui signifie un camp ou une armée campée. C'est ce qui fait que plusieurs commentateurs ont cru que, dans le passage qui nous occupe, Polybe a voulu dire que si les deux armées consulaires campent séparément, on place dans chacune d'elles le praetorium, le quaestorium et Le forum entre les deux légions romaines. Nous ne pouvons accepter cette interprétation, car il nous semble impossible que Polybe, après avoir consacré six chapitres à la description minutieuse du camp consulaire, dans lequel il place le praetorium, le quaestoriurn et le forum en dehors de l'emplacement attribué aux légions, termine cette description par une contradiction aussi complète. Nous admettons pourtant que le praetorium, le quaestorium et le forum ont été placés entre les légions au temps des empereurs, mais nous croyons que, sous la république, cela ne se faisait que dans les camps où se trouvaient deux légions romaines sans alliés ; cette disposition semble alors indispensable pour éviter les inconvénients de la forme allongée ; de plus, l'absence des extraordinaires empêchait de mettre le praetorium à sa place habituelle, où il eût été trop isolé et par conséquent trop exposé.La figure 1218 montre comment nous comprenons le tracé de ce camp ; les tribuns sont placés dans la ria [ -1 CAS --952 CAS qui ltene. parme qu'ils ne pouvaient être près des retranchenu-mis , ce qui eùt été nuisible à la fois à leur sûreté r IL' ! I I u1 et à la défense du camp ; deux manipules de vélites se trouvent près de chaque porte qu'ils protégent, tout en couvrant les espaces dégarnis de troupes qui se trouvent derrière eux. Nous croyons que l'examen attentif du texte de Polybe nous a donné l'explication du passage tant controversé qui nous occupe. Notre auteur vient de parler de deux armées consulaires qui se renferment dans un même retranchement (Cil Au yépexa) : il est naturel qu'il examine ensuite les deux cas de réunion d'armées qui peuvent se présenter dans le courant d'une campagne. Dans le premier cas les deux armées, agissant ensemble, arrivaient en roe,ne temps (le mot 6g.oo ne signifie pas seulement ensemble) sur le terrain où elles devaient camper; alors on ne traçait qu'un seul camp, et le travail commençait simultanément sur toutes les faces. Dans le second cas, les deux armées, agissant séparément, s'étaient donné rendezvous sur un point du pays où elles opéraient; l'une d'elles, arrivée la première au point indiqué, et devant tout d'abord penser à sa sûreté, d'autant mieux que les circonstances de la guerre pouvaient empêcher ou retarder la jonction projetée, établissait son camp dans la forme ordinaire, c'est-à-dire avec quatre faces ayant chacune un développement de 2150 pieds. Si la jonction des deux armées était possible, la deuxième arrivait sur le point occupé par la première, et alors elle établissait son camp de tep"' mon que, comme le dit Polybe, « le praetorium, lt et le forum fussent entre les deux armées, le reste, du camp étant disposé comme si a été dit, "I c'està-dire 'ire les deux camps se soudaient par le côté où se trouvait habituellement la porte prétorienne : la deuxième armée n'avait donc à construire que trois faces de re franchement ayant chacune 2130 pieds de longueur. Cette disposition avait évidemment pour but de rapprocher autant que possible les deux consuls qui avaient à se voir fréquemment, afin de se concerter sur la direction à donner aux différentes opérations de la guerre : la réunion des deux camps par la face indiquée avait en outre l'avantage de présenter, sur toutes les faces, une masse de troupes plus considérable que si elle avait lieu par la face où se trouvait la porte décumane ; enfin, si cette réunion s'était opérée le long d'une des faces latérales, la distance entre les deux quartiers généraux eût été presque doublée. C'est par la réunion de deux camps qu'on peut expliquer la présence du rempart que l'on trouve dans l'intérieur de quelques-uns de ceux dont les traces nous ont été conservées : il semble que cette réunion rendait inutile la face construite devant les extraordinaires par la première armée ; néanmoins on pouvait tirer parti de ce retranchement, soit en le laissant tel qu'il était, soit en faisant mieux encore, c'est-à-dire en creusant un fessé du côté du premier des deux camps ; chacun de ceux-ci devenait alors un réduit dans le cas où l'autre était forcé par l'ennemi. Si la nature du terrain empêchait une jonction complète des deux camps, il est probable qu'on traçait le deuxième, de telle façon que, tout en étant séparée du premier, la face où se trouvait la porte prétorienne fût tournée vers la face correspondante du premier camp. En résumé, nous croyons notre solution exacte, puisque, conformément au texte de Polybe, dans le premier cas que nous avons examiné, les deux armées établissent leurs camps en mëane temps (ovov), tandis que, dans le second cas, elles les établissent séparément (yeopiç), c'est-àdire l'une après l'autre, Cr, ce que nous venons de supposer s'est fait plusieurs fois. Dans le Commentaire sur la guerre d'Afrique e8, on trouve le passage suivant : « Cependant Scipion campa d'abord a Adrumetuai avec ses troupes ; puis, après y être resté quelques jours, il fait, par une marche de nuit, sa jonction avec l'armée de Petreius et de Labienus ; ils foraient alors un seul camp et prennent position. » Tite-Live parle aussi d'une armée qui est venue joindre son camp (castra àungere) ee à celui d'une autre armée. Mais il arrivait souvent que les chefs des deux armées, tout en opérant sur le même point, s'établissaient dans des camps séparés, eostris éifariam fadas °, soit parce que la configuration du sol ne permettait pas leur réunion, soit parce qu'ils vivaient en mésintelligence soit encore parce qu'ils voulaient occuper deux positions importantes 12, soit enfin dans un but stratégique'~. Si les deux camps étaient inégaux, le plus grand s'appelait castra majora et le plus petit castra minora i° ; mais cette séparation des troupes eut souvent de graves inconvénients parce que les communications pouvaient être coupées par l'ennemi; pour éviter ce malheur les généraux prévoyants réunissaient les deux camps par des retranchements '3. Ch. 33. « Les tribuns commandent dans chaque légion deux manipules, l'un de princes, l'autre de hastats, pour prendre soin de l'espace qui se trouve devant les tentes des tribuns : presque tous les Romains circulant pendant toute la journée sur cette large voie, on a toujours la précaution de l'arroser et de la balayer soi CAS 953 ---CS gneusement. Chaque tribun tire au sort trois manipules sur les dix-huit qui restent chacun de ces trois manipules fait à son tour, et de la manière suivante, le service auprès du tribun. Ce sont ces soldats qui, lorsqu'on établit le camp, dressent sa tente et aplanissent le terrain qui entoure celle-ci; si, pour plus de sùrcté, une partie des bagages a besoin d'être entourée d'une clôture, ce sont eux qui y pourvoient Les manipules de triaires sont exempts du service des tribuns, mais chacun d'eux fournit tous les jours une garde pour la turme de cavalerie qui se trouve derrière lui; ils veillent sur tout, mais principalement sur les chevaux, de crainte qu'en s'embarrassant dans leurs liens, ils ne se rendent impropres au service et de crainte qu'en se détachant et se jetant les uns sur les autres, ils ne soient une cause de désordre ou de bruit dans le camp » Un passage de Tacite prouve firme le service partic:.lier confié aux triaires n'était pas inutile : il raconte T' qu'un cheval échappé causa un tel émoi dans un camp romain, que les soldats prirent la fuite en se croyant surpris par les Germains et que l'or dre ne fut rétabli qu'avec beaucoup de peine. Ch 35. « Les vélites, qui veillent pendant le jour sur les retranchements, garnissent au dehors les faces (du camp), car leurs fonctions les y obligent Dans ce passage, quelques commentateurs ont cru devoir substituer le mot vr,poï",st à celui de xr) apoûat, et cette version semble tout d'abord fort judicieuse, puisque le premier de ces deux mots signifie gardent.' cette substitution donne même plus de clarté à la phrase ; cependant l'autre expression est admissible, puisque avec elle la phrase reste intelligible. Nous croyons d'autant mieux devoir la conserver que nous avons trouvé l'expression latine correspondante et employée avec le rhème sens, dans un passage des Commentaires sur la guerre civile ": en outre, nous ne pouvons admettre que les 4,800 vélites fussent établis pendant toute la nuit en dehors des retranchements, car avec un nombre d'hommes beaucoup moindre, on pouvait fournir une quantité suffisante de postes extérieurs et exercer la surveillance la plus rigoureuse. Une grande partie d'entre eux devait, donc rester dans le camp ; mais, quoique Polybe ait dit" qu'ils étaient répartis entre tous les manipules de hastats, de princes et de triaires, nous ne croyons pas qu'ils aient campé avec ces manipules s'il y av ait eu des -élites arec les triaires, il leu été plus convenable qu'on leur confiât, plutôt qu'à ces derniers, la garde des chevaux. Or, comme Polybe a indiqué minutieusement 1 emploi de tout le terrain intérieur du camp, il ne reste plus pour les recevoir que l'intervallum lui-même, et il était bien naturel qu'ils y fussent placés, puisqu'ils étaient chargés de la garde des retranchements ; en outre, ils devaient être campes près des portes, parce qu'ils étaient spécialement chargés de les garder, parce qu'ils devaient quitter le camp avant l'armée dont ils éclairaient la marche, et enfin parce que, remplissant le rôle attribué à I'infanterie légère, ils étaient employés dans toutes les petites opérations de la guerre. ainsi qu'aux patrouilles, aux reconnaissances, au service des petits postes extérieurs, etc., ce qui les appelait souvent à sortir du camp. Nous avons adopté l'opinion que nous venons d'émettre avec d'autant plus de confiance, que 3ulius Afrir,anus B° l'empereur Maurice Bt et Il. l'empereur Léon e7 qui voulaient remettre en vigueur les anciennes institutions des Romains, placent l'infanterie légère près du retranchement. Nous ferons aussi romanquel «lue Polybe, qui semble réserver toujours le mot a,pce oarlm(% (camp) pour désigner l'espace occupé par les troupes, emploie le mot tùrtt?tfvsta (surface) quand il parle de i'intervallum. 83, et qu'enfin, dans la phrase qui nous occupe, il désigne par le intime mot l'emplacement assigné aux vélites, dès lors, nous pouvons croire que Polybe, en employant l'expression surface extérieure, a voulu désigner l'intervallum qui était extérieur au camp proprement dit. Il est probable que, dans les camps où l'armée ne faisait pas un séjour prolongé, les vélites bivouaquaient, ce qui semble rationnel quand on songe au rôle qui leur était confié; nous avons été confirmé dans cette opinion en remarquant que Polybe dit qu'un trait lancé par l'ennemi au delà des retranchements ne pouvait atteindre une tente qu'à deux cents pieds de ces derniers, c'est-à-dire au delà de l'intervallum. Les vélites n'ayant pas de tentes et peu ou point de bagages, n'avaient pas besoin de bêtes de somme; de plus, ils fournissaient de nombreux détachements pour la garde des portes, pour les postes extérieurs, les reconnaissances, les patrouilles, etc. ; dès lors, ils devaient occuper un espace beaucoup plus restreint que celui qu'on accordait aux troupes de ligne, et leur présence dans l'iutervallum devait peu entraver la circulation et n'empêchait pas d'y placer le butin ainsi que le troupeau. Ch. 41. « Lorsqu'on approche de l'endroit où l'on doit camper, le tribun et les centurions, qu'on désigne chaque fois pour faire le tracé, partent en avant. Après avoir examiné avec soin fout le terrain sur lequel on doit camper, ils déterminent d'abord, comme noue l'avons dit précédemment, le point où la tente du consul devra être dressée, puis le côté de l'enceinte ménagée autour de cette tente où devront camper les légions, Ce choix étant fait, ils mesurent l'enceinte de latente (le prétoire), et après cela, la ligne droite sur laquelle sont placées les tentes des tribuns, puis encore une autre qui lui est parallèle, et à partir de laquelle les légions commencent à établir leur camp. Ils mesurent ensuite en v traçant des lignes. l'espace qui se trouve de l'autre côté du prétoire, salivant es dimensions que nous avons précédemment indiquées en détail, Tout cela ayant été rapidement exécuté, parce que le mesurage est facile à. comprendre et que toutes les dimensions sont invariables et connues de tous, ils plantent un premier drapeau à l'endroit où doit être placée la tente du consul, un second sur le côté du prétoire qui a été choisi, un troisième au milieu de la ligne sur laquelle on doit élever les tentes des tribuns, et un quatrième sur la ligne à partir de laquelle les légions sétablissent: ces drapeaux sont de couleur pourpre, excepté celui du consul qui est blanc. Sur les autres points, ils plantent tantôt des hastes, tantôt des drapeaux de toutes couleurs ; cela fait, on trace les rues en plantant des hastes dans chacune d'elles ; par conséquent, dès que les légions arrivent à proximité, et que l'emplacement du camp devient visible, elles en connaissent immédiatement tous les détails en regardant le drapeau du consul et en se guidant sur lui, Du reste, chacun sachant exactement 120 CAS 954 •-CAS dans quelle rue et dans quelle partie de cette rue il dresse sa tente, puisqu'il occupe toujours le même emplacement dans le camp, c'est comme si l'armée entrait dans sa ville natale ; car, dans ce dernier cas, se dispersant dès qu'ils ont franchi les portes, tous s'avancent immédiatement et se rendent dans leurs maisons sans se tromper, parce qu'ils savent dans quel endroit de la ville se trouve leur gîte : la même chose arrive dans les camps romains. a Nous ne croyons pas qu'on doive conclure de la comparaison faite par Polybe et de la dernière phrase de ce chapitre, que les soldats se dispersaient dans le camp dès qu'ils y arrivaient : il est probable que leurs chefs, si méthodiques, exigeaient qu'ils se rendissent en ordre sur l'emplacement qui leur était assigné et qu'ils leur faisaient ensuite déposer leur bagage ainsi que leurs armes, à l'exception de l'épée, pour travailler immédiatement à la fortification du camp. Ce n'est qu'après l'accomplissement de ce travail si important, qu'on permettait aux troupes de dresser leurs tentes et de s'occuper de leur installation. L'entrée du camp pouvait se faire avec promptitude et régularité, à cause de l'ordre adopté dans la marche. Les extraordinaires arrivant les premiers, traversaient le camp dans toute sa longueur et allaient se placer derrière le prétoire ; puis, si l'on avait marché la droite en tête, les alliés de l'aile droite s'établissaient le Iong du côté droit du camp, et la première légion, la deuxième légion, et enfin l'aile gauche des alliés, se plaçaient successivement à leur gauche. Le mouvement s'opérait en sens inverse quand on avait marché la gauche en tête. Pour qu'on puisse mieux apprécier les progrès de la décadence militaire des Romains, il nous semble utile de suivre l'ordre chronologique dans la citation des auteurs qui nous ont laissé des renseignements sur la castramétation ; nous nous bornerons à extraire de leurs écrits ce qui diffère de ce que Polybe a dit à ce sujet, ou complète les détails qu'il a donnés. Flavius Josèphe naquit sous le règne de Caligula et mourut sous celui de Domitien, après avoir longtemps habité Rome. Les renseignements qu'il donne sur les institutions militaires des Romains nous inspirent toute confiance, non-seulement parce qu'il combattit leurs armées et par conséquent fut en position de connaître leur organisation, mais encore parce que, admirant beaucoup cette organisation, il s'efforça de la faire adopter' par ses compatriotes ; or, ce n'est qu'après l'avoir étudiée avec soin qu'il pouvait faire un tel essai. a Dès que les Romains, dit-il, sont entrés en pays ennemi, ils n'engagent aucun combat avant d'avoir fortifié leur camp. Ils établissent celui-ci avec beaucoup de soin sur un terrain uni, puis ils s'y placent avec ordre : si le terrain est inégal, ils l'aplanissent, donnent à leur camp la forme quadrangulaire, et se font toujours suivre par un grand nombre d'ouvriers qui entretiennent les outils nécessaires à ces travaux. ils dressent leurs tentes dans l'intérieur de l'enceinte qui ressemble alors à celle d'une ville, d'autant mieux qu'on y élève des tours séparées par des intervalles égaux; dans ces intervalles, on place des scorpions, des catapultes, des balistes, et en général toutes les machines de jet. On fait quatre portes, une sur chaque côté de l'enceinte, tant pour faciliter l'introduction des équipages que pour permettre I'exécution des sorties quand elles sont nécessaires. A l'intérieur, le camp est commodément divisé par des rues, et les tentes des chefs sont placées au milieu. Le praetorium, semblable à un temple, se trouve au centre ; on y voit aussi, comme dans une ville, un forum, des ateliers et des tribunaux oit les centurions et les tribuns jugent les différends lorsqu'il en survient. L'enceinte et les travaux intérieurs sont rapidement exécutés, grâce au nombre et à l'habileté des travailleurs. Si les circonstances l'exigent, on creuse un fossé de quatre coudées (environ dix pieds romains) de profondeur et de même largeur. Étant ainsi retranchés, ils s'établissent dans le camp avec ordre et sans bruit ; ils accomplissent alors tous leurs autres travaux dans l'ordre le plus parfait et avec sécurité 8'`. » Hyginus Gromaticus vivait au temps de Trajan ; c'est du moins l'opinion du savant Schmll a' et on ne peut que la partager quand on voit, dans le traité De limitihus constituendis attribué à ce même écrivain romain, qu'il fut attaché à l'armée et chargé de répartir entre les vétérans les terres que Trajan leur avait attribuées en Pannonie. On confiait cette opération auxgromatici,, ou arpenteurs militaires, chargés habituellement du tracé des camps : Hyginus portait ce titre, et, par conséquent, c'est l'homme le plus compétent relativement à la castramétation pour l'époque qui suivit la transformation de l'unité tactique, comme l'est Polybe avant cette époque. Lorsque Marius changea complétement l'organisation de l'armée romaine, on dut faire de nombreuses modifications aux dispositions intérieures du camp, tout en conservant, de l'ancien tracé, tout ce qui n'était pas incompatible avec la constitution nouvelle des différents corps de troupes. Or, ces modifications ayant été indispensables dès le début de la réorganisation, nous nous croyons autorisé à dire que, dans les derniers temps de la République, les troupes romaines étaient déjà campées dans l'ordre indiqué par Hygin. Nous le croyons d'autant mieux, que Marius, qui jouissait d'une grande réputation d'habileté pour tout ce qui concernait la castramétation 98, avait dû s'occuper des nouvelles dispositions à adopter à ce sujet. L'écrit d'Hyginus peut donc être consulté avec fruit par les savants qui se livrent à l'étude si intéressante des campagnes de Jules César ; ils y trouveront, outre les renseignements relatifs à la castramétation, l'indication des troupes employées sous le règne des empereurs, des détails sur l'organisation des cohortes, des turmes, des alae miliariae et quingenariae, peditatae et equitatae, des vexilt'arai, des nombreux auxiliaires qui formaient alors une très-notable partie des armées romaines, et enfin, l'explication des termes spéciaux qu'on rencontre fréquemment dans les récits d'événements militaires. Malheureusement son traité de rraunitionibus eastrorunt est incomplet, comme on le voit dans les chapitres 1 et 45 de ce qui nous en reste. Voici le plan (fig. 1220) que nous avons dressé d'après fa description d'Hygin : l'espace nous manque pour rapporter ici les raisons que nous avons invoquées pour justifier notre interprétation et que nous avons publiées ailleurs ; nous nous bornerons donc à signaler les différences qui existaient entre ce camp et celui qui a été décrit par Polybe. CAS 955 --~ CAS Les di fo tiens iondamentaies nit les mêmes, n dans le camp impérial, les troupes nationales placées t e r a 1 I Y' ' C .YI -bey ïZL I Coda., VFIP Ley+. ~Il___ VT ~r i s q L o z F __J_.. C fi Le`p. Ly .. . (,oh . IL 1 J Ra sreimali . Fgcet~s }ictrerr 1- At a cita zzr..u n 6`rtl. no,rwrrz_. c,6cccnzrzzzrrz tr 6crrroruaæ ~ V eDct,Z,2csi/td ad-(rr-etm t ;. l èrrer.. ° ne:rt Gtryéagr°ure ~ e Échelle -xs â (t `1ee lo Pieds romains) Fig. 1230. Camp romain; d'après contre les rote 'chellen~+ es troupes étranI gères afin de comprimer les séditions et d'empêcher les CAS -956 ---CAS désertions ainsi que les trahisons; en outre, le praetorium, placé à peu près au centre du camp, était entouré par les troupes les plus dévouées; il avait une surface trois fois plus considérable que celui du camp consulaire décrit par Polybe. Hygin attribue un emplacement particulier aux legati, à l'atelier des armes, à l'ambulance, à l'infirmerie des chevaux, aux autels, à l'auguratorium et au tribunal, dont il n'est rien dit dans la partie des écrits de Polybe que nous possédons ; il donne le nombre des tentes attribuées à chaque centurie, appelle semistrigium le camp d'une centurie, striga celui de deux centuries adossées l'une à l'autre, et donne les indications nécessaires pour le placement des renforts, supplemetata, quand on en recevait. L'effectif de ces renforts étant variable, il fallait changer fréquemment la disposition des troupes : c'est pourquoi Hygin indique différentes manières de placer la cohorte : on attribuait habituellement à celle-ci un terrain de 120 pieds sur 180 (fig. 1221), rnais q_uelque t 1 trrv lZii.m 7 1 i ~_J ~l 7~ --I_._l -. -1 r n â L_~Î ]L iLei~ 1 Lei f 7-; Î fois ces dimensions étaient de 240 pieds sur 90, de 360 pieds sur GO ou enfin de 720 pieds sur 30. Il y avait encore une autre combinaison qui consistait à assigner à la cohorte un carré de 150 pieds de côté, mais, ajoute l'auteur, il faut autant que possible éviter cela, car alors les centuries ne peuvent être placées dans leur ordre habituel, et une partie de l'espace compris dans le carré se trouve dégarni (fig. 1222) ; la coltors prima, qui avait un effectif double de celui de, autres, avait droit à un espace de 120 pieds sur 360, ou de 240 pieds sur 180 ; les cohortes prétoriennes avaient un emplacement double de celui qui était attribué aux cohortes légionnaires et campaient près du praetorium; chaque turme, comprenant 40 cavaliers, recevait un terrain de 120 pieds sur 30. Ainsi Hygin attribue à chaque fantassin un terrain égal à 45 pieds carrés et à chaque cavalier un espace double, c'est--à-dire 90 pieds carrés, tandis que, dans le camp décrit par Polybe, le fantassin recevait 83 pieds carrés et le cavalier 333 pieds carrés, c'est-à-dire un espace quadruple de celui qui était accordé au fantassin : remarquons encore hztervccllr~tn. a 11-1 li ^'i J J Î 1 -1 V-1 FI' li qu'au temps des Scipion, un fantassin avait environ deux fois plus de terrain et le cavalier environ quatre fois plus de terrain que sous l'empire. Le camp avait conservé la forme rectangulaire, mais il n'était plus carré : Hygin dit qu'il devra être, autant que possible, tertiatum, c'est-à-dire tel que sa largeur soit égale aux deux tiers de sa longueur ; on y remarquait trois grandes divisions, la praetentura qui s'étendait depuis la porte prétorienne jusqu'au prutorium et recevait habituellement les troupes régulières, puis les côtés du praetorium (latera praetorii), et enfin la retentura destinée au campement des auxiliaires : c'est précisément à cause des variations de l'effectif de ces dernières troupes qu'il était impossible de donner toujours au camp les mêmes dimensions ; les changements avaient donc lieu à la partie inférieure du camp, dans la retentura. Hygin termine son traité en donnant des détails sur la fortification du camp : nous en parlerons dans l'article spécial consacré au retranchement (i6IrnITIO), Comme nous le ferons pour tous les auteurs que nous citons. Julius Africanus, qui vivait sous le règne d'Alexandre Sévère, a donné sur la castramétation des détails dont nous extrayons ce qui suit u : Il est nuisible de donner au camp la forme circulaire qui donne à l'ennemi une grande facilité pour l'entourer, tandis que s'il a la forme rectangulaire, l'ennemi est obligé de s'étendre davantage et de diviser ses troupes, tout en portant la plus grande partie de ses forces vers la face qu'il croit devoir attaquer de préférence. Cette forme est encore avantageuse, lorsqu'on a pu rendre un côté inexpugnable en adossant le camp à une rivière ou à tout autre obstacle. Dans cette circonstance, il est préférable de donner au camp la forme d'un rectangle allongé, afin d'appuyer à l'obstacle une plus grande partie de l'enceinte, c'est-à-dire un des plus grands côtés Les troupes légères campent le long du rempart ; on CAS -957 --. CAS laisse, à partir dé ce dernier et jusqu'aux tentes de l'infanterie de ligne, un espace vide de trois ou quatre cents pieds de largeur, non-seulement pour que l'ennemi, s'il compte dans ses rangs un grand nombre de gens de trait, ne puisse pas lancer ses flèches jusqu'à l'emplacement occupé par l'armée, ruais encore pour que les troupes puissent se former avant de sortir du camp. A cette distance du rempart, on place successivement et sur des lignes parallèles aux côtés du: camp, les différents corps de troupes auxquels on assigne des emplacements proportionnés à leur effectif; seulement on a soin de placer près des portes les troupes qui inspirent le plus de confiance. Cette réunion de tentes partagées par plusieurs rues est coupée par une voie principale de trente à quarante pieds de largeur qui traverse tout le camp, et le long de laquelle se trouvent, à droite et à gauche, les tentes de la cavalerie. Cette grande voie ne doit être embarrassée par aucun obstacle, et le général lui-même en est un peu éloigné pour que rien ne gêne la circula Un bon général doit veiller à cc que les bagages et le nombre des non-combattants n'augmentent pas de manière à encombrer le camp. » Végèce, qui vivait vers la fin du Ive siècle après J.-C., a écrit un traité qui n'est, dans presque toutes ses parties, qu'une compilation mal faite, pleine de redites et de contradictions. Pour porter un tel jugement sur cet écrivain, nous nous appuyons non-seulement sur nos propres observations, mais encore sur l'autorité d'hommes éminents, Schell 88, Guischardt 39, Lebeau 90, et Maizeroy 91. Néanmoins, comme il peut nous apprendre les usages militaires de son époque, nous allons extraire de ses écrits ce qui est relatif au sujet qui nous occupe. « On doit faire les camps tantôt carrés, tantôt triangulaires ou demi-circulaires, selon la nature du terrain et les obligations imposées par les circonstances 9;. » « Une tente abrite dix soldats u. « On donnera au camp, suivant la configuration du sol, la forme carrée, ronde, triangulaire ou oblongue : la forme n'a aucune influence fâcheuse sur l'utilité d'un camp ; néanmoins, celui dont la longueur est d'un tiers plus considérable que la largeur est considéré comme le plus beau Dans le camp, on place d'abord les enseignes aux endroits qui leur sont assignés, car rien n'est plus respecté et honoré par les soldats : ensuite on prépare le praetorium du général et l'installation des coraites, puis on place les tentes des tribuns qui sont obligatoirement fournis de bois, d'eau et de fourrage par des hommes de corvée tirés des contubernia; cela fait, on mesure, pour les légions et les auxiliaires, pour les cavaliers et les fantassins, l'emplacement sur lequel ils dressent leurs tentes 9'.» L'empereur Léon le Philosophe a emprunté une grande partie de ses Institutions militaires aux écrits de l'empereur Maurice, mais il a donné, sur plusieurs questions importantes, des détails qu'on ne trouve pas ailleurs. Voici ce qu'il dit à propos de l'installation des troupes dans les camps « Les tentes des gens de trait seront placées en dedans des chariots, près du retranchement; entre celles-là et les autres, il y aura une distance de trois à quatre cents pieds, afin que les flèches de l'ennemi ne puissent y porter. Deux grandes rues, larges de quarante à cinquante pieds, se couperont à angle droit au milieu du camp ; de côté et d'autre, on alignera les tentes, qui seront placées suivant l'ordre des décuries avec un petit intervalle de l'une à l'autre ; chaque turmarque campera au centre de sa troupe. Le logement du général ne sera pas au milieu du camp, mais dans un endroit oû il ne gênera pas le passage et n'en sera pas incommodé. La cavalerie sera mieux placée au milieu qu'aux extrémités On trouve, chez les anciens, la description de diverses sortes de camps, pour la situation et la forme : le rectangle oblong est celui que je préfère comme le plus propre pour y camper régulièrement Si vous vous trouvez à proximité d'une rivière importante, vous y appuierez votre camp, de manière qu'elle serve de retranchement pour un côté Lorsque l'ennemi sera éloigné, on pourra se dispenser de faire entrer la cavalerie dans le retranchement avec l'infanterie. La première, restant dehors, sera plus au large et moins exposée à. être comptée par les espions ; il suffira de lui marquer, dans le camp, son emplacement qu'elle viendra occuper si l'ennemi arrive 9g. „ e Comme vous devez vous appliquer à connaître les camps des ennemis, leur situation et le nombre des troupes qu'ils contiennent, vous devez aussi empêcher, autant que vous pourrez, de reconnaître les vôtres. Dans le cas où l'on voudrait faire paraître l'armée moindre qu'elle n'est, on réunira deux contubernia sous chaque tente ; si l'on veut le contraire, on divisera un contubernium sous deux ou trois tentes. Par ce dernier stratagème, vous empêcherez l'ennemi de vous mépriser ; mais comme il pourrait ne pas rester longtemps dans l'erreur, vous lèverez votre camp pour aller vous poster dans un lieu sûr, jusqu'à ce que vous ayez reçu des renforts 98 » Terminons en indiquant les différentes dénominations que recevaient les camps, suivant les circonstances et les conditions dans lesquelles ils étaient établis. On appelait castra aestiva n, ou simplement aestiva 98, ceux qu'on établissait chaque jour dans le courant d'une campagne, c'est-à-dire pendant la belle saison, seule époque de l'année pendant laquelle on faisait habituellement la guerre : on peut donc les appeler camps de marche ou de passage. Ils étaient plus ou moins bien fortifiés, suivant les circonstances et les conditions dans lesquelles se trouvait l'armée. Ainsi, quand on croyait n'avoir à craindre aucun danger imminent, ou lorsqu'on ne pouvait consacrer à ce travail qu'un temps restreint, on se contentait de faire un retranchement de peu d'importance (castris levi munnnento positis n, castra temere munita t0°). Les camps dans lesquels les troupes passaient l'hiver étaient appelés castra hiberna 101 ou simplement hiberna 103 ou hiemalia'03 ; comme ils n'avaient pas le caractère provisoire des camps de marche, leurs retranchements étaient plus considérables et exécutés avec plus de soin ; en outre, les troupes s'abritaient dans des constructions (hibernacula 1Q'' ou hibernorum aedi factà103) qui, mieux que les tentes, les ga CAS 95S CAS rantissaient de la pluie et du froid. A plus forte raison, il devait en être de même pour les camps de position, appelés castra stativa 1pe on simplement stativa 107 et même stativae 1" : on les établissait sur les frontières, sur les points stratégiques les plus importants et sur les lignes de communication : dans ce dernier cas, ils devenaient des gîtes d'étape (mansio nes 199). Comme ils étaient tous occupés d'une fçonpermanente, ou tout au moins pendant loin temps, un certain nombre 'habitants de régions environnantes venaient établir leurs demeures autour d'eux, soit dans un but commercial , soit pour jouir de leur protection : c'est ainsi que phisieurs de ces camps ont e l'origine de villes plus ou moins importantecomme l'attestent encore les noms d'un grand nombre d'entre elles (18g. 1223) : tels sont en France beaucoup de ceo-: dans la formationdesquels entrent les mots, château ou Gateau, castel, cbatre, etc., et dans la Grande-Bretagne ceux qui terminent par les mots cestes ou chester. Pour éviter u. désastre semblable à celui que Jules César eut à subir eu Grande Breta gne 110, les Romains, après un débarquement, avaient coutume de haler à terre tous leurs vaisseaux et de les enfermer dans le camp qu'on appelait alors castra na.valia S1t c'est par extension que Cornelius Nepos appelle une flotte castra nautica 1f"'-. L'habitude qu'avaient les Hm-nains de se retrancher chaque jour, leur avait fait adopter une locution caractéristique : ils comptaient les journées de marche par le nombre de camps établis MASO' FLFZ. II. Le même nom castra, fut appliqué aux instructions élevées dans les villes pour servir e logement aux troupes qui y tenaient garnison. Les plus considérables, destinées à renfermer un grand nombre d'hommes , devaient reproduire, en effet, dans ce qu'elles avaient d'essentiel, les disposiLic,ls ordinaires des camps , le tracé, les en 'es, les voies de communication, l'enceinte fortifiée; toutefois elles ne présentaient pas nécl' sairement le même aspect que les camps exposés aux attaques del'ennemi en pleine campagne : pas de venin, de palissades ni de défenses multipliées, mais de hautes murailles, des tours, des portes fortifiées avec les précautions nécessaires pour les mettre à l'abri de toute surprise : c'est aussi l's spect que présentaient quelques unes des citadelles élevées pour tenir en respect les populations récemment soumises et pour protéger les colonies 11b A Rome, les prétoriens eurent pour caserne, depuis CAS 9b9 --CAS le règne de Tibère, qui y réunit les cohortes jusque-là dispersées dans la ville 113 une véritable forteresse située sur le mont Viminal ; les ruines de son enceinte carrée, postérieurement reliée à la muraille d'Aurélien, sont encore debout et on peut suivre le chemin qui en faisait intérieurement le tour ; quelques chambres de soldats ysont encore aujourdhui visibles. Les EQU'ITES SINGULARES, qui formaient une autre partie de la garde impériale, avaient aussi à Borne deux casernes, qu'on trouve distinguées sous les noms de castra priera et castra nova Severiana 7tI; le corps spécial des PEREURINI avait une caserne (castra peregrina ou peregrinorum) sur le mont Caelius 1t7; les milices urbaines [uRBANAE COHORTES] en avaient une non loin du camp des prétoriens, au forum Suarium 118, et les VIGILES, qui formaient sept cohortes, avaient autant de casernes, vraisemblablement appelées aussi castra 119. Les casernes des soldats détachés des flottes de Misène et de Ravenne [cLAssls] sont mentionnés sous le même nom dans les anciennes descriptions de Rome 120 Enfin c'est encore sous ce nom que sont désignées 121 des stations d'écrivains publics (castra tabellarlôrum), de porteurs de litière (lecttcariorum), de victimaires (victimariorum), do cantonniers employés à l'entretien des routes (silicartorum). E. SAGLIO.