Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CASTRATIO

CASTRATIO.-Fait de celui qui, par une opération chirurgicale, enlevait à un homme sa virilité 1. L'expression spadones désignait en général tous les impuissants, et plus spécialement ceux qui étaient tels par suite d'une maladie ou d'un vice de leur organisation, à la différence des castrati qui pouvaient adopter , et des thlibiae ou thlasiae 2. Les castrati se vendaient très cher ° : on les employait à la garde ou au service des femmes, surtout pendant l'empire t"; les marchands d'esclaves (mangones) achetaient des jeunes garçons mutilés par leurs maîtres, ou même des enfants à leurs parents, pour leur faire subir la castration. Celui qui avait pratiqué la castration sur l'esclave d'autrui pouvait être poursuivi en vertu de la loi Aquilia, ou en vertu de l'édit des édiles, condamné au quadruple du dommage causé. Cependant on ne connaît pas de loi prohibitive en cette matière avant Domitien, qui défendit la castration et modéra le prix des spadones qui restaient chez les marchands d'esclaves 5 ; cette défense fut renouvelée par Nerva Enfin, Hadrien poursuivit ce fait en appliquant la loi Cornelia de. sicariis à l'auteur de la castration, au médecin et même à celui qui avait consenti à l'opération.: la peine est celle de la loi Cornelia avec confiscation, le dernier supplice pour les esclaves, la mort pour les humiliores, et la déportation pour les lzonestiores '. On punit celui qui livre son esclave ad castrandum de la confiscation de la moitié de son patrimoine : cette disposition résultait d'un sénatusconsulte rendu sous Hadrien. Hlodestin nous apprend, dans un fragment tiré du VI, livre de ses Règles 9, qu'un rescrit d'Antonin le Pieux, en permettant la circoncision à l'égard des enfants juifs, l'avait interdite à l'égard de tous autres. On voit dans les Sentences de Paul 10, que les Juifs qui circoncisaient des esclaves d'une autre nation étaient déportés ou punis de mort ; quant aux Romains qui avaient fait circoncire eux ou leurs esclaves, judaiéo situ, ils étaient relégués à perpétuité dans une île et le médecin frappé de peine capitale. Malgré toutes les prohibitions qui précèdent, l'usage de la castration ne put être détruit 11, Constantin prononça contre les auteurs de ce crime la peine capitale, la confiscation de l'esclave mutilé, et même de la maison où le crime avait été commis au su du propriétaire qui avait gardé le silence Léon interdit le commerce d'eunuques de nation romaine, sous les peines les plus sévères contre les marchands, tabellions, etc., mais il le permit pour les esclaves barbares déjà mutilés hors de l'empire 13, Justinien, dans la Novelle 242, punit de la peine du talion l'homme coupable d'avoir ordonné ou pratiqué la castration, et si la victime survivait, de la déportation ou de la confiscation. Ces dernières peines étaient prononcées contre les femmes. Tous les castrats devaient être mis en liberté dans l'empire. G. HUMBERT.