Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CASTRORUM METATOR

CASTRORUM METATOR. Les tribuns ainsi que les centurions furent d'abord chargés de déterminer l'emplacement du camp et d'en faire le tracé 1 Ce soin fut confié plus tard à des hommes spéciaux appelés Castroruin metatores. Cicéron 2 est le premier écrivain latin qui mentionne ce titre il est vrai que Trontin emploie la même expression pour désigner ceux qui tracèrent le camp de Marius en présence des Cimbres et des Teutons, mais cet écrivain vécut longtemps après Cicéron, et il a pu employer, dans le récit d'un fait déjà ancien, une expression en usage à son époque ; ce qu'il dit ne peut donc servir à déterminer le moment où fut créé l'emploi dont nous parlons. Végèce établit une distinction entre les metatores et les mensores : selon lui et selon Hygin ", les metatores choisissaient l'emplacement du camp, et présidaient au tracé des lignes principales ainsi qu'à la répartition des troupes, tandis que les mensores n'avaient à s'occuper que des détails complémentaires du tracé; mais ailleurs au contraire on voit les metatores remplir le rôle d'auxiliaires et on trouve le nom de mensor ou même d'agrimensor donné aux ingénieurs militaires 6 [AduIMENSOR]. L'empereur Léon appelle N.tvaopcé opat les metatores, et p.(vaopat les mensores, puis il ajoute que les Romains appelaient les uns et les autres âsTtxfvaopat (antecessores) ; il a commis ainsi une confusion singulière : quand les metatores et les mensores marchaient en avant de l'armée pour choisir et tracer le camp 7, ils ne pouvaient certainement pas se risquer seuls en pays ennemi et étaient obligés de se joindre aux soldats de l'avantgarde [ANTECESSOR], ou à ceux qui faisaient les recon Lorsqu'un pays était conquis, on en établissait une sorte de cadastre il fallait déterminer les limites des terres confisquées et destinées à faire partie du domaine public, et de celles qu'on donnait aux vétérans et de celles qu'on laissait aux habitants. Ce soin était confié aux arpenteurs de l'armée qui, en raison de cette partie de leurs attributions, étaient quelquefois appelés fina'tores 5 ou AGBIh1ENSORES ls ; quelquefois aussi on les désignait par les mots decempedatores II à cause de la perche longue de dix pieds qui servait au toisé du terrain, et gromatici 12 à cause de l'instrument appelé eaon dont ils faisaient usage. Les metatores avaient d'abord à s'occuper de choisir l'emplacement du camp (castrorum locus) 13, et ils devaient prendre en considération, non seulement l'étendue du terrain, mais encore sa configuration et sa salubrité. Hygin 1" donne à ce sujet les prescriptions suivantes : a Quant au choix du terrain sur lequel on doit faire le tracé, nous dirons qu'on préfère avant tout le terrain qui. de la plaine, s'élève en pente douce vers une éminence. CAS 963 CAS Dans cette position, on place la porte décnmane dans la partie la plus élevée, afin que le camp domine le pays environnant ; la porte prétorienne doit toujours être placée du côté de l'ennemi. Le second rang appartient aux terrains horizontaux, le troisième aux collines, le quatrième aux montagnes et le cinquième aux emplacements obligatoires le camp est dit obligatoire (castra necessaria quand on n'a pas le choix du terrain)... Dans quelque position que ce soit, le camp devra être placé près d'une rivière on d'une source. Il faut éviter de toute manière les endroits dangereux que les anciens appelaient novercae : que le camp ne soit pas dominé par une hauteur d'où l'ennemi puisse le surprendre ou découvrir ce qui s'y passe ; qu'il n'y ait à. proximité aucune forêt où l'ennemi puisse se cacher, ni aucun ravin ou vallon par lesquels il puisse se glisser jusqu'au camp sans être vu ; enfin qu'on ne se place pas près d'une rivière torrentielle qui pourrait inonder le camp, si un orage venait à cela-ter . On sait avec quel soin les Romains choisissaient l'emplacement de leur camp. Hadrien 15, Vespasien " s et Agricola " faisaient ce choix eux-mêmes. L'emplacement indiqué par Hygin comme étant le meilleur entre tous fut souvent choisi par Jules César 18 mais il était dangereux lorsqu'on ne pouvait occuper le sommet de la hauteur 19, en y plaçant la porte décumane comme le prescrit Hygin et comme César dit l'avoir fait O le jour où il fut attaqué par les Nerviens. Fabius pla,ait habituellement son camp sur les hauteurs 21. Tacite parle d'un camp établi en partie dans la plaine et en partie sur la pente d'une colline César 2 4; parlant d'un retranchement qu'il avait été obligé d'établir dans des conditions désavantageuses, se sert d'expressions semblables à celles d'Hygin ; l'auteur du Commentaire sur la guerre civile" parle de même d'un camp établi par Afranius en Espagne. Voici maintenant les recommandations très judicieuses faites par Jules l'Africain" : a Les rnetatores doivent éviter les emplacements qui sont à proximité d'une montagne on d'une grande forêt percée de routes, parce que l'enne an pourrait en profiter pour s'approcher du camp et y jeter l'alarme ou le surprendre ; mais ils tireront parti des floues, de la mer, précipices et des montagnes escarpées pour y appui l'un de-s ..étés du camp, côté qui est alors inexp ;merle, Cependant, s'ils ne trouvent qu'un petit ruisseau g' ile sur tout son parcours, ils feront mieux de le faire passer par le milieu du camp que d'y appuyer l'un des côtés de celui-ci, car il deviendra alors très commode pour les troupes ; seulement il est, indispensable de conserver la pureté de l'eau qui doit servir de boisson aux soldats; pour cela, on ne permettra de faire boire les chevaux qu'en aval du camp. ,. Les indications données par âégèce sont analogues à telles d'Hegin : e Le camp, surtout dans le voisinage de_ l'ennemi, doit être placé dans un lieu sûr, où l'on puisse avoir abondamment du bois, des fourrages et de l'eau ; si on doit y rester longtemps, il faudra choisir un endroit salubre. On évitera de se placer près d'une élévation qui dominerait le camp et pourrait être nuisible si l'ennemi s'en emparait. On examinera aussi si le terrain n'est pas sujet à être inondé par les eaux d'un torrent, ce qui pourrait faire beaucoup de mal à l'armée... H ne suffit pas de choisir un emplacement convenable ; il f encore qu'il soit tel. qu'on ne puisse en trouver un r leur : car si on n'occupe pas ce dernier, il nous nuisible quand l'ennemi s'ÿ placera. En été, ii fa éviter de camper près d'une eau malsaine, ou trop loin d'une eau pure ; en hiver, il faudra avoir le fourrage et le bois nécessaires. Il faudra aussi éviter de s'établir sur un terrain susceptible d'être inondé si un orage venait .à éclater, ou tellement tourmenté qu'en cas d'investissement les sorties soient difficiles. Enfin il ne faut pas que le camp soit dominé par des hauteurs qui permettraient à l'ennemi de lancer des traits dans l'intérieur de l'enceinte. i' Les instructions données par l`empereur héon. à ses généraux renferment les passages suivants " « itez surtout de vous placer prés d'une hauteur donc "ennemi pourrait s'emparer et d'où il vous incommoderait beau-. coup par ses traits... Quand vous devrez séjourner quelque temps, vous choisirez un lieu commode qui ne soit ni humide, ni marécageux; ces sortes d'endroits étant malsains causent par les exhalaisons des maladies qui ruinent une armée. Vous ferez bien de ne pas rester longtemps dans le même endroit, à ,moins que ce ne soit pour hiverner, ou que de fortes raisons ne vous y obligent ; les immondices qui s'accumulent occasionnent, à la fin, des vapeurs infectes, qui corrompent la salubrité de l'air... Vous aurez aussi le soin de vous poster de manière a ne pas manquer d'eau... Quand vous le pourrez, vous vous placerez de manière qu'un ruisseau passe ^.u milieu. de votre camp ; mais il faudra qu'il ne soit pas assez large pour empêcher ((u'on le traverse aisément, Si vous vous trouvez à proximité d'une grainée rivière, en vous y appuyant, vous la ferez servir de retranchement pour un cédé ; si elle est d'une médiocre largeur, vous défendrez de mener boire les chevaux dans la partie supérieure, parce qu'ils rendraient l'eau bourbeuse : on les abreuvera dans la partie qui se trouve au-dessous du camp ; si même elle était fort petite, on n'y laisserait pas entrer les chevaux, niais on y' puiser ,,il dits l'eau pour les abreuver, Lorsque l'ennemi sera éloigné, on. 1 rier"a se dispenser de taire entrer la cavalerie dans le e ranche.x.en' avec l'infanterie ; la première, restant ' au largo et moins exposée à être compte ries ans ii suffira de lui marquer son emplacement, qu'elle occuper si l'ennemi arrive. t, L'emplacement du camp étant choisi,, les rue#acores procédaient au tracé, en suive, les règles t a Iitie 1.rieileS observées dans tous les pair' [° ax ('CB'raus, e,iueai.., rairrusrl : voici comment ils 1i, .,, 'utaien't air temps de Polybe 2S: «Ils déterminent d'abord, ditl'historien, le poins, où la tente du consul doit être dressée, puis le côté de l'enceinte ménagée autour de cette tente où devront camper les légions. Ce choix étant fait, ils mesurent l'enceinte de la tente (le prétoire), et après cela, la ligne droite sur laquelle seront placées les tentes des tribuns, puis encore une autre qui lui est parallèle et à partir de laquelle les légions commencent à établir leur camp. Ils mesurent ensuite, eny traçant des lignes, l'espace qui' se trouve rie l'autre côté du prétoire, suivant les dimensions que nous avons précédemment indiquées en détail. Tout cela ayant CAS --064 -CAS été rapidement exécuté, parce que le mesurage est facile et que toutes les dimensions sont invariables et connues de tous, ils plantent un premier drapeau à r endroit où doit être placée la tente du consul, un second sur le côté du prétoire qui a été choisi, un troisième au milieu de la ligne sur laquelle on doit élever les tentes des tribuns, et un quatrième sur la ligne à partir de laquelle les légions s'établissent : ces drapeaux sont de couleur pourpre, excepté celui du consul qui est blanc. Sur les autres points, ils plantent tantôt des hastes, tantôt des drapeaux de toutes couleurs ; cela fait, on trace les rues en plantant des hastes clans chacune d'eIles. ; par conséquent, dès que les légions arrivent à proximité, et que l'emplacement du camp devient visible, elles eu connaissent immédiatement tous les détails en regardant le drapeau du consul et en se guidant sur lui. » Hygin donne à propos du tracé du camp de très grands détails, que nous ne pouvons reproduire ici ; mais nous en citerons un passage -e: « A l'entrée du praetorium, dit-il, et au milieu de celui de ses côtés qui touche à la via principalis, se trouve un endroit appelé groma, parce que c'est là que se réunit la foule des soldats, ou bien parce que c'est là que, au moment où l'on fait le tracé du camp, on place la groma sur un pied de fer, afin que les lignes droites dirigées vers les portes forment une étoile régulière. » C'est là, en effet, que les soldats devaient se rendre pour entendre les allocutions, pour assister aux sacrifices, aux jugements ou à la réception solennelle des ambassadeurs, Et c'est sans doute ce qui a fait dire à Suidas 30 : a 11 y avait devant le praetorium un emplacement semblable à un forum et qu'on appelait yvmgz : c'est là qu'on recevait les députations et les messages. » Or, le mot grec yvôga signifie sentence ou décision, et ces deux significations se rapportent assez bien à tout ce qui se passait sur ce point important : c'est là que le juge prononçait la sentence ; c'est là aussi que la réception des ambassadeurs donnait lieu de prendre une décision, soit à propos de la conclusion de la paix ou des alliances, soit à propos de la manière de conduire les opérations militaires si les hostilités continuaient. Peut-être aussi Hygin a-t-il fait allusion à la circulation incessante qui devait avoir lieu sur ce point central, où aboutissaient les rues les plus importantes et les plus fréquentées u. On comprend l'importance qu'Hygin donne à la position des deux lignes dont il parle (la première tracée de la porte prétorienne à la porte décumane, et la seconde tracée d'une porte principale à l'autre) quand on remarque que l'exactitude de tout le tracé du camp en dépendait, puisque toutes les autres lignes à déterminer dans l'intérieur de ce dernier leur étaient parallèles. L'établissement permanent de l'instrument appelé GBOMA au point de rencontre (telrans) u, de l'axe de la via praetoria avec l'un des côtés de la via principalis, eût été non seulement inutile, mais encore nuisible, puisqu'il eût été un obstacle à la circulation : aussi Hygin dit-il qu'on ne l'y plaçait qu'au moment où l'on prescrivait les mesures qui variaient suivant l'effectif des supplementa, c'est-à-dire au moment où l'on traçait le camp. Voici comment nous comprenons l'emploi de ('et us t ru ni en t : le n:etaloi', après avoir déterminé l'emplacement du praetorium, marquait la via pr iacipa/is suivant l'orientation adoptée ; c'est alors que, pour être certain d'avoir la via praetoria rigoureusement perpendiculaire à la via prirmipalis, il plaçait la rp°orna sur le côté de cette dernière qui était le plus rapproché du praelorinoz, et au point correspondant au milieu de ce côté ; il devait alors veiller à ce que l'une des règles de la groma fût bien placée sur l'alignement de ce côté, c'est-à-dire dans le plan perpendiculaire au niveau du sol et passant par la ligne indicatrice du côté, ce qui pouvait être facilement constatéau moyen du fil à plomb. Cela fait, l'autre règle, qui formait un angle droit avec la première, servait d'alidade pour déterminer la direction de la via praetoria ; dès que cette dernière était tracée, on enlevait l'instrument devenu inutile et gênant. Jules l'Africain 3II donne, relativement au tracé, les renseignements suivants : « Lorsque les melatores ont trouvé un endroit convenable, ils déterminent l'étendue du camp. Ceux qui ont l'habitude de cette opération l'exécutent à première vue; quant à ceux qui sont moins expérimentés, ils mesurent l'espace nécessaire au moyen de la portée des flèches qu'ils font lancer successivement. Ils sont accompagnés des porte-enseignes qui, lorsque le camp est complètement tracé, se placent chacun sur le point qui doit être occupé par le corps de troupes dont ils font partie, de sorte que, au moment même où l'armée arrive au camp, les différents corps trouvent facilement l'emplacement qui leur est assigné et où ils doivent dresser leurs tentes. » 11 résulte de ce que disent Hygin 3'° et Végèce 33, que la porte prétorienne devait être placée du côté de l'ennemi quand il était proche, du côté où l'on devait se mettre en route quand il était éloigné, et enfin du côté de l'Orient dans les camps destinés à un long séjour (castra stativa) : cette dernière disposition est recommandée particulièrement, au point de vue de la ventilation, par Hygin' 6, qui se trouve ainsi d'accord avec Pline u et avec les agronomes latins. Les metatores se servaient, dans leur langage technique, de mots empruntés au langage ordinaire, mais auxquels ils donnaient une signification particulière ; en outre, ils avaient adopté des expressions toutes spéciales. D'autres fois encore, ils ont employé ces dernières dans un sens bien différent de celui qu'on leur attribuait habituellement : ainsi, les arpenteurs latins dont les écrits nous sont restes rapprochent toujours le mot striga du mot longitudo, et le mot scamnum du mot latitude '3t; cela nous autorise à conclure qu'un champ de forme rectangulaire était dit semnnatus quand sa plus grande dimension se trouvait dans la direction de l'Est à l'Ouest, et strigatus quand cette plus grande dimension se trouvait dans la direction du Nord au Sud; qu'en outre, on appelait longitudo la mesure prise du Nord au Sud, et altitudo ou latitude la mesure prise de l'Est à l'Ouest. Dans les CAS camps fixes, qui étaient le plus correctement dressés et servaient de type à tous les autres, la partie prétorienne étant placée du côté de l'Orient, le front était tracé dans la direction du Nord au Sud, et sa mesure s'appelait Iongitudo. Nous ferons remarquer que Polybe semble se conformer à cet usage en appelant ;i.mzo; (longitudo) le front d'un corps de troupes, et élOo; (altitudo) se profondeur. Mais, clans son traité sur la castramétation, Hygin ne se conforme pas toujours aux principes que nous venons d'exposer : ainsi, il emploie indifféremment le mot latitude pour désigner le front où la profondeur de l'emplacement attribué à un corps de troupes, et cela quelquefois dans le même chapitre '9; en outre, il appelle scamnum 40 l'emplacement attribué aux tribuns et aux legati, tandis que la plus grande dimension de cette partie du camp se trouvait dans la direction Nord-Sud, lorsque la porte prétorienne se trouvait placée à l'Orient, ainsi qu'elle devait l'être dans le camp-type; enfin, il désigne par le mot striga le camp de deux centuries adossées l'une à l'autre, mais en employant ce mot, il ne pouvait tenir compte de l'orientation, attendu que les cohortes étaient établies sur les quatre faces du camp, et que deux de ces faces avaient une direction contraire à celle des deux autres. Si l'on avait tenu à employer régulièrement le mot striga, on n'eût pu le faire que pour désigner le camp de deux centuries établies parallèlement aux faces où se trouvaient la porte prétorienne et la porte décumane ; en outre, il eût fallu appeler seamnum le camp de deux centuries placées parallèlement aux deux autres faces, Mais la meure division du camp aurait eu alors deux noms différents, et il en serait résulté des erreurs ou tout au moins des hésitations qui auraient provoqué du retard dans l'exécution des ordres ; il est probable que, pour éviter ce grave inconvénient, on s'est facilement résigné à commettre une légère irrégularité de langage. Du reste, il est possible qu'Hygin ait employé le mot striga dans le sens qu'on lui donnait quelquefois, la désignation d'ob jets placés sur plusieurs lignes rapprochées ", ce qui avait effectivement lieu pour les tentes : c'est ainsi que Columelle a8 a dit: « Foenum coartare in strzgam, amasser le foin sur des lignes contiguës. n Suivant Pline ts et Aggenus Lrbicus'", on appelait careues les sentiers ou limites du camp qui se trouvaient dans la direction du Sud au Nord, et deeumani ceux qui se trouvaient dans la direction de l'Ouest à l'Est. Cette dernière dénomination vient sans doute de ce que le front du camp étant placé à l'Orient, on marchait de l'Ouest à l'Est quand on se rendait, de la porte décumane au praetorium, en suivant la voie tracée entre ces deux On appelait /iodisme le mesurage par pieds; le résultat de cette opération était la pedatura: ce nom signifie donc sure donnée en pieds 45. Hygin emploie souvent les mots tabulinum et signa pour désigner le front et la profondeur du terrain assigné CAT à un corps de troupe dans le camp qu'il décrit. Le sens de ces deux mots est clairement déterminé par la phrase suivante où il parle de la cohors prima « Quonïam dupluln numerum habet, duplam pedaturam accipiot, ut pute, signis pedes CXX, tabulino pedes CCCLX, vel signis CLXXX, tabulino pedes CCXXXX. » La deuxième partie de cette phrase prouve que l'auteur désigne le front parle mot tabulinum: en effet, le camp d'une centurie aveut 120 pieds de front, le nombre de pieds qui sera un multiple de 120 se rapportera au front ; or, 180 n'est pas un multiple de 120, tandis que 240 en est un; donc l'expression tabulino pedes CCLXX veut dire 240 pieds de front. On trouvera ailleurs'"7 la justification de cette interprétation en employant les formules 600 =120 X 5, 150 = 30 X 5. Du reste, Hygin dit °8, à propos des troupes qui occupaient les strigile de la praetentura, et qui avaient par conséquen t leur front perpendiculaire à la via praetoria, que les enseignes (signa) de ces troupes devaient être placées le long de la via praetoria, c'est-à-dire sur le flanc des cohortes : comme aucune place n'était réservée au signant de la centurie sur le front de celle-ci, il fallait bien qu'on le plaçàt sur le flanc. Le même écrivain dit que les cohortes primait campaient per rigorem vicie sagularis : Frontin et Ulpius ont employé l'expression per rigorem dans le sens suivant, en droite ligne de... le long de... tout près de... ; le premier de ces écrivains 49 nous apprend en outre que la ligne droite tracée sur le sol s'appelait rigor, tandis que la ligne droite tracée sur un plan (in /Mima) s'appelait lioea, M_asourrpz.