Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CATARACTA

CATARACTA, IlaTap~«xT ç. Les anciens avaient remarqué combien, en cas d'attaque inopinée, il est difficile de fermer à temps les portes d'une ville fortifiée : pour obvier à cet inconvénient, ils avaient imaginé de placer en avant de ces portes un assemblage de pièces de bois taillées en pointe et reliées entre elles par des traverses ; les extrémités de celles-ci étaient fixées sur deux montants qui, glissant dans des coulisses ménagées dans l'épaisseur des murailles, assuraient à tout l'appareil une position perpendiculaire au sol. Lorsqu'aucun danger n'était à redouter, on relevait la herse au moyen de leviers agissant sur les cordes ou les chaînes de fer passées dans les anneaux qu'elle portait à sa partie supérieure t ; si au contraire l'ennemi voulait entrer, on lâchait les cordes ou les chaînes, et alors la herse écrasant une partie des assaillants isolait ceux qui avaient déjà pénétré dans la ville et les mettait à la merci des assiégés. L'usage de cette machine s'est conservé jusqu'à notre époque et plusieurs de nos places de guerre en sont encore pourvues ; seulement, comme un objet placé dans les coulisses ou sous la machine arrêtait celle-ci et par conséquent laissait le passage libre, on imagina de rendre les différentes pièces de la herse indépendantes les unes des autres, en ménageant à chacune une coulisse particulière dans la voûte ; les chaînes ou cordes de soutien s'enroulaient alors sur un cylindre : la machine ainsi perfectionnée s'appelait « orgues » 2. MASQUELEZ. La disposition du cylindre et des chaînes est visible dans une peinture antique (fig. 1237) où est représenté un pont, dont l'entrée peut être à volonté fermée par une défense de ce genre 3 ; mais au lieu d'une herse, c'est une simple barre qui est ainsi suspendue ; peut-être l'abaissait-on afin d'exiger le péage des voyageurs ou des bestiaux. On peut encore observer la manière dont les herses proprement dites étaient établies, aux portes demeurées debout d'un assez grand nombre de villes. Dans le plan ici gravé (fig.123S) de la porte dite d'Herculanuin, à Pom péi de chaque côté de la voie qui traverse cette entrée fortifiée, on peut voir dans les murailles, aux points marqués 13B, les rainures dans lesquelles glissaient les montants de la herse; les vantaux de la porte véritable étaient aux points AA, qui marquent la place des gonds sur lesquels ifs pivotaient. Des villes de plusieurs parties de l'Italie, du Latium, de l'Étrurie , du pays des Marses et des Èques, eurent très-anciennement des portes défendues ainsi; les Romainsn'avaient doncpas besoin, comme on l'a remarqué «l'emprunter aux Grecs, le mot cataracte . ils avaient les noms de portapendula ou secidens; ou encore labilis ou levatura, qu'on trouve dans un ancien glossaire On conçoit que le même nom ait pu être donné à une écluse ou vanne destinée à modérer la rapidité d'une eau courante 8, ou à la retenir pour la conserver à une profondeur suffisante 9, ou à arrêter au passage des corps chassés par elles. Dans un basrelief qui décore l'arc de Septime Sévère, à Rome ", on voit (fig. 1239), des deux côtés d'une ouverture pratiquée dans le roc pour servir de passage aux eaux, les montants qui servaient à monter la vanne ou à l'abaisser. E. SAGLIO.