CAUSIA, transcription, en français du mot grec xress u c'était le nom d'un large chapeau de feutre, ,tao.; aa«n;ç qui était fait pour garantir contre le soleil (de xa(co brùler, xu tç chaleur), et dont l'usage était particulier à la Macédoine et aux peuples de la région environnante
On ne peut en donner un exemple plus authentique que celui de la figure 1259, tirée d'un bas-relief funéraire de style grec , que nous avon s trouvé à Eané d'Elymiotide , dans l'intérieur de la Macédoine, et rapp orté au Louvre
La causia ressemble ici à une sorte de couvercle bombé, posé plutôt qu'enfoncé sur la tête, ce qui expliquerait l'emploi de deux attaches, dont l'une semble passer sous le menton, l'autre derrière la nuque ; le fond est pourvu d'un large ornement cir
culaire, dont il est difficile de déterminer la nature. Plaute compare très exactement cette coiffure à un champignon, en l'attribuant plus particulièrement aux Illyriens '.
Un chapeau de la même forme est donné à la Macédoine personnifiée. sur les monnaies au nom du proconsul C. A.ntonius et sur celles de l'empereur Adrien qui portent la légende Restitutori Macedoniae
La causia faisait si étroitement partie du costume na
tional des Macédoniens, que les
rois, la combinant avec le diadème ou bandeau royal, en faisaient l'insigne de leur pouvoir, comme on peut en juger par la figure 4260 qui représente une monnaie d'Alexandre ter
Il faut se représenter ainsi Alexandre le Grand dans sa tenue royale de chaque jour ; c'était seulement dans les réunions et dans les fêtes dont
le caractère n'était pas public, qu'il échangeait la coiffure macédonienne contre le pétase grecs. Après la mort du conquérant, la xuva(a 9''' gn oaépoç resta I'insigne de la royauté, dans les États qui se formèrent de l'empire macédonien, depuis l'Éygpte jusqu'à la Bactriane'. L'empereur Caracalla, que Dion Cassius surnomme iut?,ulin.0vSCdITatoç, traversant la Macédoine, portait encore ce costume, pour contrefaire son héros favori 8.
La causia royale était faite d'un feutre teint en pourpre (x«va(a â)noupygç). Le privilège du chapeau de pourpre paraît même avoir été étendu par les rois à certains princes et à certains officiers de haut rangs : il y a là un rapprochement curieux avec le chapeau de nos cardinaux. Ce qui distinguait particulièrement le chapeau des rois, c'était le diadème qui l'ornait, sorte de fine écharpe blan
che, parfois brochée d'or (Ster 'es ,e1,x(iv, plTpx àpuaô,t«mtoç),
pliée de manière à former un étroit bandeau, dont les bouts frangés tombaient dans le dos. Ainsi se coiffait Démétrius Poliorcètes, qui portait dans toute sa magnificence le costume royal macédonien 10.
On ne voit pas très bien, il est vrai, comment ce diadème pouvait serrer ou entourer (ccp(yyety, 7 eplesà6 vj, un chapeau bombé de la forme de celui que représente le bas-relief d'Eané. Les monuments figurent eux-mêmes l'association du diadème et de la causia. de deux manières différentes, qui semblent marquer une variation à cet égard dans l'usage antique.
Sur les monnaies des anciens rois de la Macédoine, le diadème est ceint directement autour des tempes, et, s'il servait à maintenir le chapeau, ce n'était que par un point d'attache, comme on
peut le supposer également à propos du second cordon figuré sur notre bas-relief. Une disposition semblable se rencontre sur les monnaies du roi indomacédoéden Antialkidès 11 et sur un beau camée du cabinet des médailles (fig. 1261) reconnu par Ch. Lenormant pour un portrait du roi Persée en Jupiter armé de l'égide.
II faut remarquer que, dans plusieurs de ces repré
sentations, la causia royale se rapproche de la forme plus évasée de la tholia grecque; mais peut-être n'est là qu'une interprétation des artistes. Le camée de Persée la montre en outre décorée de figures et terminée par un ompbalos d'où part une bandelette flottante 12.
Les monnaies romaines de la famille Marcia 13nous font voir au contraire Philippe, père de Persée, avec la causia entourée du diadème (fig. 1262), conformé
ment aux textes anciens cités plus haut. Seulement, pour
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recevoir cet ornement, elle a pris la forme d'un pétase à bords étroits; elle est de plus couverte de traits ondulés, destinés, je pense,-à figurer la nature velue du feutre, et elle se complique de pièces accessoires, qui lui donnent en partie l'aspect d'un casque, telles que jugulaires, gardenuque, cornes en spirale, qu'il faut comparer aux cornes de bouc (Tpuyix« sépara), qui décoraient le casque de Pyrrhus 14. Il est naturel, en effet, que, dans le costume militaire des rois, elle ait pu être garnie de plaques de métal, qui en faisaient une coiffure de guerre : ainsi s'explique un texte ancien qui dit que la causia remplissait en partie l'office d'un casque
Dans ces conditions il est difficile de distinguer la causia de certains casques bizarres, représentés sur les monnaies de plusieurs rois des dynas
ties macédoniennes, particulièrement sur les monnaies de Tryphon, roi de Syrie, et sur celles d'Eucratidès, roi de Bactrianei6 (fig. 1263 et 1264). Ces coiffures sont évidemment fabriquées à l'imitation du chapeau national et surchargées de tous les accessoires que nous avons mentionnés. Le casque même des
phalangistes macédoniens, qui était de cuir crû, est figuré sur les monnaies autonomes de la Macédoine avec un rebord circulaire, qui dérive probablement de l'usage de la causia 27. Laon HECZ, v.