Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CELLA

CELLA. Partie d'un édifice où quelque chose est tenue en réserve ; par suite, petite chambre, cellule' Dans le temple, c'était l'endroit, chapelle, ou édicule, ordinairement séparé par une clôture, où était placée l'image de la divinité [TEMPLUM]. Dans la maison, ce nom s'appliquait à diverses pièces, particulièrement à celles (office, grenier, caveau, magasin) où l'on serrait et l'on conservait des denrées ou des objets quelconques, dont la qualification jointe au mot cella indique seule ordinairement la nature. Ainsi dans la cella penariaou penuaria étaient amassées des provisions de toute espèce, non seulement des provisions de bouche, mais aussi du bois, du charbon, de la cire, des parfums, des papiers, et en général tout ce que l'on conservait en quantité plus ou moins considérable pour la consommation de toute l'année, elle était située dans une partie retirée de la maison2; tandis que dans la cella proma ou promptuaria, chambre voisine de l'endroit où l'on se tenait habituellement, on gardait seulement ce qui était nécessaire à la consommation de chaque jour3. Le nom de cella olearia ou olearis désignait spécialement la cave ou le magasin dans lequel étaient déposés les vaisseaux qui contenaient l'huile; celui de cella vinaria le cellier dans lequel étaient rangés les tonneaux et les amphores [AMpnoRA, DOLluM, CUrA] destinés au vin, soit dans les maisons, soit chez les marchands, soit encore dans le voisinage des vignes ou des plantations d'oliviers. On préférait pour la conservation de l'huile un local exposé au midi, tandis que l'on planait plus volontiers au nord la cella vinarza°, caveau ou chambre placée au-dessus du sol, quelquefois à un étage supérieur (horreum 5, apotheca6), selon la sorte du vin et les soins qu'il exigeait [vlaus]. Ce n'est point dans cet article que nous devons entrer dans des explications détaillées sur la manière dont on le traitait; mais nous placerons ici les représentations de deux caves. La première (fig. 1281) d'après un bas-relief découvert à Augsbourg, en 160P ,montre une cave assez vaste pour renfermer un grand nombre de futailles et qui peut convenir à CE L 989 CEN un négociant en vins ou à un grand dépôt d'approvisionne ment; elle est divisée en arceaux dont les piliers supportent un magasin où des tonneaux sont déjà rangés. La seconde offre la coupe d'un cellier qui fut retrouvé en 1789, dans l'état où on le vit(f ~. 1282), sous les murs de Rome 8: situé au-rez de-chaussée, on y accédait par des degrés; après avoir traversé une pre mière pièce vide, ornée de peintures et ayant un pavé de mosaïque, on en rencontra une seconde de même grandeur, puis une longue galerie, l'une et l'autre dépourvues d'ornements et sans pavé ; des amphores y étaient alignées sur deux files le long de chaque muraille et profondément enfoncées dans le sable. Le même nom, cella, s'appliquait à des chambres séparées de l'appartement commun, notamment aux cellules destinées aux serviteurs de la maison (cellae familiares ou familiaricae, cellae servorums) quelquefois désignées d'après la fonction attribuée à celui qui l'habitait : ainsi la cella estiarii ou janitorzs 15 était la loge du portier ; l'esclave gardien de l'atrium, ou atriensis, avait la sienne", et ainsi de plusieurs autres [sEBVI, no3US]. Toute pièce de dimensions restreintes pouvait s'appeler cella. On trouve ce nom employé pour les chambres qu'occupaient les voyageurs dans les hôtelleries", pour les loges des gladiateurs", pour les voûtes (fornices) où les femmes de mauvaise vie exerçaient leur métierl4; dans les bains, les pièces affectées aux opérations successives par lesquelles passaient les baigneurs se distinguaient par les noms de cella caldaria, cella tepidarit, cella frigidaria, cella unctoria, etc. [BAENEAE]. On rencontre aussi ce nom dans les inscriptions appliqué à une chambre de tombeau 15 E. SAGLIO. CELLARIUSi.--Esclave de confiance, appelé aussi condus promus, ou procurator peniz, qui appartenait à la classe des ordinarü [SERVI], chargé de surveiller l'office (cella penaria)etle cellier (cella vïnaria,) [cELLA]; il faisait les achats nécessaires et mettait en réserve les provisions. Quelque fois il avait un second (suppromus6). II était aussi chargé souvent de distribuer aux esclaves leur nourriture journalière (demensum, cibum demensum) 4. Cie. MOREL