Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CERES

CERES, ®r ss rr p, Malgré la rubrique sous laquelle se présente cet article, ici, comme dans presque tous ceux qui touchent à la mythologie, nous devrons d'abord et principalement nous occuper de la divinité hellénique, à laquelle la divinité italique a été assimilée lors de l'adoption du système de la religion grecque et de ses mythes poétiques par les Romains. En effet, Cérès, dans la littérature latine, dans le culte et dans l'art de la fin de la République et de l'Empire, n'est autre que Déméter sous un autre nom. Il ne reste plus en elle, rien de ce qui pouvait faire primitivement l'originalité propre de Ceres comme déesse italiote, et il est même extrêmement difficilé de remonter pour cette divinité jusqu'à une époque antérieure à la pénétration d'éléments grecs qui forme sa physionomie classique. 1. Déméter, comme le dit formellement Hérodote 1, est une des plus antiques divinités de la race pélasgique à son état primitif. Aussi l'adorait-on à Argos sous le surnom de Pelasgis, dans un temple que l'on prétendait avoir été fondé par Pélasgos, fils de Triopas C'est à titre de Pélasges, dit-on, que les Arcadiens avaient toujours conservé son culte et le temple de cette déesse aux Thermopyles passait pour avoir une origine pélasgique; on en faisait remonter la fondation à Acrisios De même, l'adoration de Déméter sous le nom de Chthonia, à Herrnioné, est dite devoir son origine aux Dryopes 6, rameau de la race des Pélasges. Le culte de Déméter ne paraît pas avoir eu moins d'importance chez la race Achéenne, pour les descendants de qui cette divinité devint plus tard la déesse nationale par excellence, sous les surnoms d'Achaia 8 et de Panachais '. En revanche, il n'était pas connu primitivement des Doriens, et nous savons même, par des témoignages positifs, que ceux-ci, dans les premiers temps de leur invasion dans le Péloponnèse, s'y montrèrent tout à fait hostiles, allant jusqu'à tenter de le proscrire 6. Mais malgré cette hostilité, même dans le territoire occupé par les Doriens, la religion de Déméter se maintint sur un grand nombre de points, comme un legs de l'époque antérieure, et reparut graduellement au jour à mesure que l'on s'éloignait des violences de l'invasion. Surtout elle se si iscte dl celle de -eux dirinites, ré' e bien euh.rii CER 01'2 .-_i maintint avec toute son importance et t ut son ^',la chez les autres populations de la Grèee,.et lion voit de siècle en siècle grandir son développement -t son rôle.. Dans les poésies homériques, c'est-à-dire durs l'épopée achéo-éolienne, Déméter est déjà l'une des grandes divinités, mais son culte est encore représenté comme principalement concentré en Crète et en TThessalie'. Pour Homère", comme pour Hésiode", Déméter est mie conjugalement à Zeus, dont on la fait la soeur, fille comme lui du Titan Cronos "n. Hésiode pariait du culte de Déméter à Eleusi Î u, lequel était déjà. constitué et florissant avant le passage de l'émigration ionienne d'Attique en Asie mineure" [EL:EeslNLa, sect. 1 ]. Fleusis, on le sait, fut le point où la religion de. Déméter subit la dernière et plus décisive transformation. Elle doit y ,soir été établie d'abord par les anciens h.,b_tz que la tradition représentait comme des aide mais les aèdes thraces, dont l'action se perso-.:. le nom d'Eummlpe, lui donnèrent. une or et une forme nouvelle [Et,Eusuutea, ss ; Sfiss'E 'est '.à que cette religion se constitua définitivement t l't st de mystères réguliers, dont elle contenait par son c même les premiers germes. La forme la plus aie c de ces mystères nous est révélée par l'hymne à Déméter de la collection homérique ", hymne manifestement composé en vue des cérémonies éleusiniennes, entre l'époque d'liésiode, et celle d'Archiloque, lequel .écrivit aussi un hymne célèbre en l'honneur des Grandes Déesses Ult peu plus tard, l'influence de l'école orphique [' m:a=Gfj parvint ày pénétrer et y amena des modifications considérables, qui devinrent le point de ;épart d'un nouveau développement du mysticisme [ EUt ; sia.:_, sect. n Du reste, jusqu'aux Guerres Médiques. les 'rny„tères életis nieras furent assez peu connus des Grecs autres que les 4théniens'a, Mais dans la période historique qui suïvit immédiatement", ces mystères, rit l'orphisme avait introduit dès lors un élément dionysi a€l.ie, étranger à. leurs; origines, se propagèrent. rapidement sur toutes les parties du monde hellénique, nifine dans les pays dorions IErL;uS'ia1a, sect. L:ij, et l'on vit s'ouvrir ainsi crue nouvelle ère de diffusion de la religion de Déméter. Pour le nom de ez5 .yi'rr;p, à côté drir ul ` r ois aussi les formes puis rares l'étymologie la phis généralement da. lu:liez les an ciens 21 et aussi la plus u-si"e.ublable, quoiqu'elle .;oit sujette à quelques objections philologiques 22, est celle qui l'interprète comme, ,-gisip pour i -t+.nr-r,p, « la Terre mère 23. e Ajoutons que la forcie Si pour -n a fort bien pu être celle de l'ancien pela ugae, car dans l'albanais, çui emis,e avoir conservé t, 'uto,sri tde n,'un d eettla le terme pour dire « terre s est bey `;. En taus cap, il semble assez d,fl,"ife de ne pas assilnlnr la. prend pa e S lit,)s t e +7'u5,r5C ,vt c° une alitee appellation de déesse, àtaf( laquelle se présenta cm ,`se ert éleusr u,'nn.e et 't-' diffère ci,v.e par i' .sit de 1'f uthète ajoutée de «ruse.. : 11 est vrai que I` .,,lieue ordinairement t ià comme se a'attach let "• verbe n'etr et désignant a déesse « en recherche » de sa fine enlevée a Mais :c'est là, plutôt qu'une étymologie réelle, n ne de ces paronomases symbeliques auxquelles se complaisaient les anciens, aussi bien que celle qui trouc'ai€:. l'origine de Allié et dl; Ar,-ta.rers dans le terme de èl,m: par lequel ir " Créas . désignaient t`orge 'd, r! en est le ;même d'un certain nombre d` i'~ capricieuses données quelquefois dr, nore, de s, de celle par no ple ,.ri en faisait urine Cont ÿ étant entend' avec le sens tt « sol », qu'il a at qt elquefais 2r et avec lequel lG est peut-être fo,', , _e du nom. de la. Damia d'r: ine et n ,pidaui e cie"enseni identique à Déméter, lie nom de sucé: était. reste, donné à celle-ci dans certaines poésies orphiques et quelques-uns prenaient, An,i'.1 connus en étant une aineration z. Pour Platon. a3 A,11ea;"er(s est une .'orrtractiroi de. eieSo.+aa lag3;gi, ,t celle gali donne, (la nourriture) comme une mère"» Enfin d'autrt prenant en an,id.liaticulerôle ,le lideséfe' comme déesse des morts et s'attachant à la forme 3r,v u l'interprétaient par tt,,-i ,I,., .: celle sui dompte, qui abat Ce .lui rend étymo crg,c de t°. gftpr»p pour t, r r 2cnue-'1 _ tobat'e, c'est (pie Demé er est ers tf .. .t une des personnifications de la visagée, e .;rame divine Ti. Elle compte au premier i les formes dérivées de l'antique conception pela: ne envisageant lie terre comme la diviniie primordiale 4 principe félt -?nia, r,ornnse in oit' selle e3. A ce _.., nt de vue, ode est intimement fippa les; à la .Rues r. f Lise a la LE de l'Asie mineure, a : ac.u de-' s,es .lies' de l'Han , itl e, telles art: la BoNrii unit, mi; ou la composition e h au. _ eus' "pu. a tee Viii ple,rSuonaii e t. t;,, ou „ itie ,file do',eren ultarit de leurs attributions siée par livide' , sous des n Officia ;trie 1-am peael-et r",i ,'m CER --1023 --CER En effet, Gê est la terre prise dans la réalité matérielle )a plus absolue [TULLUS] ou envisagée, comme chez Hésiode, en tant que puissance cosmogonique primitive; Déméter, au contraire, est la terre envisagée spécialement comme productrice de la végétation et des fruits nécessaires à la nourriture de l'homme, d'où, par un enchaînement d'idées que nous étudierons plus loin, découle son triple caractère de déesse de l'agriculture, de celle qui préside à la constitution des sociétés humaines et en particulier à l'établissement des saintes lois du mariage, enfin de divinité infernale qui préside au sort des défunts descendus dans les régions souterraines. Le célèbre chant des Péliades de Dodone disait : « La terre produit les fruits, aussi honorez-la du nom de mère Terre ". » Ici Déméter n'est pas encore distinguée de Gê, mais nous avons le premier germe de sa conception spéciale et aussi de sa dénomination propre. A Athènes, Gê Kourotrophos était adorée dans un même temple avec Déméter Chloé, présentée comme sa fille "'. A Patres d'Achaïe, Pausanias O observa l'association de Gê, Déméter et Coré dans un culte commun. La distinction de ces personnalités divines était désormais assez complète pour permettre des faits de ce genre. Déméter se présente généralement , dans le culte comme dans la légende mythologique, non point seule, mais associé à sa fille Perséphoné, ou comme on l'appelle aussi, surtout en Attique et là où s'est étendue l'influence éleusinienne, Coré, c'est-à-dire « la fille » par excellence ". « La mère et la fille, » Méynw x«i fi-oéps 13, ou « la plus agée et la plus jeune, » irpo»GUTEp« tilt vetertEpoç for ment ainsi un couple réellement indissoluble 47, que l'on appelle Tw Ooù, « les deux déesses par excellence 39, «t et Ozu(' "9, ou bien « les augustes, les vénérables », enfin et plus souvent encore « les Grandes Déesses, «'t MEy«a«c OE«f " [plus loin, sect. vin]. Nous devons réserver pour un article suivant tous les détails qui touchent spécialement à Perséphoné-Coré, en particulier les mythes où elle joue le premier rôle. Pourtant l'union entre la mère et la fille est si étroite, dans la religion et dans la fable, qu'il est impossible de ne pas indiquerau moins dans le présent article une portion des sujets et des mythes dont il sera traité plus à tond sous la rubrique P1l0SEBPINA. Surtout en traçant le tableau de la distribution géographique du culte de Déméter, nous allons faire en même temps, et d'une manière qui nous dispensera d'y revenir, le même travail pour ce qui regarde Perséphoné-Coré ; car s'il est extrêmement rare de rencontrer l'adoration de la mère isolée de celle de la fille, nulle part pour ainsi dire la fille ne se montre sur les autels sans être associée à sa mère. H. Nous commencerons par le nord, par les contrées qui apparaissent historiquement comme le berceau, ou du moins comme le plus ancien séjour connu_ des populations pélasgiques et helléniques, notre revue des lieux où Déméter était spécialement adorée. Gerhard a3 a justement relevé des traces de relations entre le culte de cette déesse en Béotie " et en Attique " et le sanctuaire de Dodone et, près de cette dernière cité, dans la Thesprotie, un groupe de légendes met en rapport avec la religion des Grandes Déesses 36 l'antique oracle des morts à Ephyra ". Cependant rien n'indique que Déméter alleu jamais formellement une place dans le culte de Dodone, s'y soit montrée avec une physionomie nettement distinguée de Gê ou de DIGNE sa conception y existait seulement en germe, comme nous venons de la voir dans la formule d'invocation des Péliades. En revanche, la Thessalie se montre à nous comme un des plus antiques foyers où la religion de Déméter se soit définitivement constituée, un de ceux d'où elle a rayonné sur le reste du monde hellénique. Là se trouve, non loin de Phères "a, au milieu d'une plaine fertile et de très bonne heure cultivée, Dôtion 59, qui tire son nom de Ils;, « le don, » terme que, dans l'hymne homérique, la déesse emploie pour se nommer elle-même pendant son séjour à Ummsis e0. Dôtion est le siège d'un culte de Déméter, qui remonte à la plus haute antiquité; c'est le théàtre de la fable de Triopas et d'Erysichton, sur laquelle nous reviendrons plus loin [sect. nl] et le point de départ d'une forme spéciale de la religion de la déesse , de celle que l'on doit appeler trlôpienne 61 [sect. ix et xn.] Un peu plus au sud, sur le golfe Pagasique, nous rencontrons Pyrasos, la ville du froment, qui déjà dans les poésies homériques est représentée comme possédant un téméuos de Déméter "', devenu plus tard le centre d'une localité du nom de Démétrion 63, et tout auprès Antrôn ", mentionné pour son culte dans l'hymne de la collection homérique "". Enfin tout à côté des Thermopyles, la ville d'Anthéla " possède le temple de Déméter Araphietyonis 87 ou I'ylaia 63, protectrice et patronne de l'Amphictionie du Nord de la Grèce [AliPnICT1oNES]. A cette Déméter amphictionique est étroitement apparentée celle que l'on honorait à Thèbes, concurremment avec Zeus, dans la fête des uonioLolx 69. Dans la citadelle de la Cadmée était un temple de Déméter Thesr,ophoros, que l'on disait avoir été originairement la maison de Cadmos T°; Coré s'y trouvait associée dans le culte à sa mère", et la fable locale racontait que la citadelle de Thèbes avait été donnée en dot par Zeus à la jeune déesse 72, prototype des récits analogues qui se faisaient à Cyzique et à Agrigente T3. On disait apparentés aux Cadméens, les Géphyréons, qui, venus d'abord d'Éeétrie en Eubée, s'établirent aux environs de Tanagra, puis enfin émigrèrent en Attique", où ils apportèrent le culte de la Démêler Acheta ou Achea 73, en l'honneur de laquelle les femmes de la Béotie célébraient aussi une fête de CER --1024 .®. CER deuil". LaDéméterapportée par les Géphyréens en Attique portait aussi, en vertu de cette origine, le surnom de Geph graina" . Signalons encore le culte de Déméter Cabiria, en compagnie de Coré, tout à côté de Thèbes '8, et dans les mêmes environs celui de Potniae, ois l'on adorait Déméter, Coré, Zeus Dodonéen et Dionysos Aigobolos, racontant que les porcs que l'on y précipitait en l'honneur de Déméter dans des cavités souterraines, p.1ycfpa, reparaissaient au jour à Dodone 79. A Mycalessos, en face de la côte de Béotie, Pausanias 80 signale le temple de Déméter Mycalessia, fondé par le Dactyle idéen Héraclès, temple où l'on faisait à l'automne, aux pieds de la déesse, une cffrande de fruits, qui restaient ensuite là toute l'année. Déméter, sous le surnom d'Eurôpé Bt était une des divinités principales associées à Trophônios dans le culte mystérieux de Lébadée 81; on disait qu'elle avait été sa nourrice. Et dans les légendes héroïques de cette localité, Hercyna, la Nymphe de la fontaine, compagne des jeux de Coré 83, n'était elle-même autre chose qu'une forme juvénile de Déméter, à laquelle nous connaissons le surnom d'Hercyna 8''. Près de là la Nysa de l'Hélicon est donnée dans les documents d'une haute date comme l'Hymne homérique, pour le théâtre de l'enlèvement de Perséphoné 85. A Scolos on adore Déméter Megalartos et Megalomazos 88 ; enfin Xiphëphoros est cité comme une épithète béotienne de la déesse 91. En Phocide, nous avons la Déméter flermuchos de Delphes 88 et la Stiritis de Stiris 89, dont le temple renfermait une statue de marbre, de la bonne époque de l'art, tenant les flambeaux, et un vieux xoanon enveloppé de bandelettes. Drymsea adorait aussi Déméter Thesmophoros 80, de même que la petite ville d'Algonos 81. Chez les Locriens, les monnaies d'Oponte offrent la tête de cette déesse 92, et à Scarpheia l'on signale une Déméter Euryodeia 9s A propos de l'émigration des Géphyréer_s et de la transplantation de leur culte, nous avons déjà parlé de l'Attique. Ce pays est le siège de la plus importante et de la plus glorieuse institution de la religion des Grandes Déesses ; l'éclat et l'importance morale d'Éleusis éclipse tous les autres sanctuaires de Déméter et de sa fille. Nous n'avons pas à nous appesantir ici sur les mystères éleusiniens et leur propagation, cette partie capitale de notre sujet fournira la matière d'un article spécial [ELEUSINIA]. Nous renverrons également à l'article THESMOPxoP1A pour tout ce qui touche à cette autre fête de Déméter et de Coré, expression d'une forme différente de leur religion, Nous reviendrons du reste [sect. v], sur le culte de Déméter Thesmophoros, sur son introduction à Athènes et sur la part que cette cité a eue dans sa propagation vers les autres contrées helléniques. lei nous nous bornerons à signaler le très ancien culte attique de Déméter Chloé N4 ou Euchloos ",associée comme fille à Gê Kourotrophos et honorée au printemps dans le sacrifice des CILOEIA 9a; puis celui de la Déméter .Proérosia97, à qui la fête des PIIOEHOSIA était consacrée, en même temps qu'a Zeus Ombrios et à Poseidon Phytalmios u. Mégare porte un nom tout particulièrement significatif par rapport à la religion de DéméterS9, car z/yxpx était le terme consacré pour désigner les sanctuaires souterrains des divinités chthoniennes [MEGAHON]. On ne doit donc pas être surpris de voir que les habitants de cette ville prétendaient posséder le plus antique temple ou megaron consacré à la déesse; ils en attribuaient la construction à leur premier roi, Car, fils de Phoronée fl0°, ce qui implique la tradition d'une origine carienne. Tandis que ce sanctuaire primitif s'élevait sur l'acropole de la Caria, îi y avait dans la ville basse un temple plus récent de Déméter Thesmophoros' 0i, et à Nisa=a, le port de Mégare, la même déesse était adorée sous le vocable de Malophonos YO'. C'est de Mégare que le culte de Déméter fut porté à Byzance V63, colonie de cette ville, qui eut aussi une part considérable à sa diffusion en Sicile f0'. Cette influence fut à la fois médiate et immédiate, car on attribuait à la Déméter de Syracuse une origine corinthienne 908 ; or c'est do Mégare, suivant toutes les probabilités, que le culte de la déesse avait passé à Corinthe, où il se présente à nous avec un certain développementf06, comme un reste subsistant de l'antique religion locale des temps antérieurs à l'invasion dorienne, alors que la ville portait encore son nom primitif d'Ephyra, lequel est de nature à faire penser à une parenté avec la religion chthonïenne de la localité de même nom dans la Thesprotie 907. L'association de Déméter aux Nymphes Lernniennes, soeurs des Cabires, dans les traditions de Corinthe 408, montre aussi l'existence d'une part d'élément cabirique. Sicyone avait une légende qui rappelait étroitement celle de Démophon à EIeusis [sect. x de cet article ; BALLETYS; ELEUSINIA, sect. l]. Le roi Plemnaios perdait tous ses enfants, qui mouraient en jetant leur premier cri ; mais Déméter •eut pitié de lui, et prenant la figure d'une vieille femme elle se fit. la nourrice d'un nouveau fils de Plemnaios, nommé Orthopolis, qu'elle conduisit à bien jusqu'à l'âge d'homme I09. On disait aussi que Sicyone s'était appelée primitivement Mécôné, comme le lieu où Déméter avait produit pour la première fois le pavot f10 une de ses plantes sacrées [sect. In et xui]. Or, chez, Ovide.' elle emploie le pavot pour guérir Triptolème, qui comme son nourrisson, prend la place de Démophon dans les versions les plus récentes de la légende éleusinienne, [THIPTOLEOLUS]. Il semble donc qu'elle devait en faire le Lerne prétendait montrer, sur les bords du torrent Chee_, marrhos, le champ où Pluton avait levé. Perséphoné 136 et c'est tout auprès, dans le bois sacré rit-tendant du mont Pontinüs à la mer, bois où étaient h: deux temples de Déméter Pl'osymna et Dionysos Dionysos Saod's et Aphrodite7S, que l'on célébrai célèbres mystères de Lerne. Ces mystères, consol' simultanément à Déméter et à Dionyso,'U6 étaient au nombre de ceux qui étaient issus des mystères leusiviens [BACCHUS, sect. 1 et xv; ELEUSfNlA, sect. Ix', 'lesquels y fournirent même à diverses époques une partie du personnel sacré 237, Mais la part Cie Déméter y étai., primée par le coté dionysiaque, auquel seul se 1 ts et ., les plus anciennes traditions du lieu [Baecl. sans doute son culte origi suite greffés les mystères, ql lui-même, portaient le ca.. C'est là, du reste, „e que P: la forme relativement m:,. et re, sur lequel s .nt enausanias1 t d'une InsL .ut,„.n a,àpelte très ja, , ne de la religion de Dé. de même usage en faveur d'Osthupolis dans le mythe local de Sicyone, et que cette plante y était le succédané de l'herbe bains de la Iégende de Tplus, le Triptolème de la Lydie, et peut-être aussi de quelques versions de celle de Démophon [iAi.LETYS]. A Pyraea, entre Sicyone et Phiionte, on voyait un temple de Déméter Ptosiasia et de Coré, avec deux édifices où les hommes et les femmes en célébraient séparément la fête; dans celui des femmes, appelé Nuàtpsiiiv, Dionysos était associé aux deux Grandes Déesses 13, A Phlionte même, le culte principal de l'acropole était celui de Bébé ou Ganym.éda3 ,[HEBE] qui s'y présentait comme une variante de la Coré mystique 1'1~ [BACCHUS, sect. xv] ; et en même temps, tout à coté, on voyait un temple de Déméter et de sa fille dans l'acropole "5, comme un autre dans la basse ville "s, Toutes les traditions de Phiion.te ont trait à un très antique développement agricole, son nom primitif d'Aroithyrea "' celui ri ; la colline voisine, 'ApidrHtvo; ï,las; 1'8 et celui du vieux héros local Aras 11s, fils de Prométhée, antérieur de trois générations e Arcas et aux premiers autochthones d'Athènes'"0, héros dont le fils est appelé Aoris, « l'homme à la faucille 122. t On montrait le tombeau d'Aras dans la localité voisine de Célées"", siège d'une institution de mystères issue de celle d'Lleusis 1" [ELEUSINIA, sect. IX]. C'était, nous dit Pausanias, celle qui copiait le plus exactement les rites éleusiniens, et on en attribuait l'établissement à Dysanlès, frère de Céléos, chassé d'Éleusis par Ion 13». Des chants en l'honneur d'Aras étaient exécutés en commençant la cérémonie des mystères de Célées "3. Argos est, dans le Péloponnèse, un des plus anciens centres de la religion de Déméter ; elle y remontait aux âges primitifs de la période pélasgique et y avait survécu à l'invasion des Doriens et à leur hostilité. L'institution des TIIES LOpuomA passait pour y avoir été implantée par les filles de Danaos '3'; et comme on faisait venir celles-ci, avec leur père, d'Égypte ou de Libye, il y avait tout près d'Argos un temple de Déméter Libyssa'3', dans un lieu que Festins'"' appelle Libycus campus. La ville même renfermait un temple de Déméter Pelasgis, fondé, disait-on, par Pélasges, fils de Triopas; dans son enceinte étaient le tombeau de Pélasgos et l'édifice de bronze, yxaaeeiov, qui passait pour renfermer les cendres de Tantale, avec les trois statues de Zeus Mêchaneus , d'Artélnis et, d' 4théné "9. Dans un gouffre voisin, on jetait à certaines époques des flambeaux allumés en l'honneur de Coré On racontait même que Déméter avait honoré Argos de sa visite, et qu'elle y avait reçu l'hospitalité de Mysios et d'Athéras, tandis que Coloutas refusait de l'accueillir et le souvenir de ce passage de la déesse était consacré par le temple sans toit de Déméter 1liysia 133 près de Mycènes, auquel atterrait un autre sanctuaire de briques, contenant les images deDéméter, de Coré et de Pluton in H, er en Argolide, par opposition à sa forme vraiment antique. le culte de Déméter Pelasyzs. Celle-ci remonte a,, anté,doriens, tandis que le culte mystique de Lern s'est sûrement établi qu'après les Guerres Médiques, La religion d'l ernlioné. l'antiem cité des !Myopes 1to telle qu'elle nous est décrite par Pausanias "1., présentait une physionomie assez originale et assez intéressante pour que nous en parlions avec quelque Il. Sur le mont Prôn, -voisin de la ville, s'élevait 1 1 X1,1 te d Déniéter Chuhoora'°", que la tradition prétendait avoir été fondé par Clyménos fils de Phoronée, et Chthonia, soeur de Clyménos suivant les (lermioniens, fille de Colontas d'après les Algiens. Dans le culte de ce lieu, la Déméter Chthonienne était associée a Clyménos, celuiqu'on entend et qu'on ne voit pas, personnage divin dans lequel orl reconnaissait Hadès, souverain des régions infernales. La grande fête du sanctuaire était appelée Chio aaa et avait lieu en été. Elle consistait en mite procession tics hommes, des femmes et des enfants, tous vêtus de blanc et couronnés des fleurs d'une espèce d'hyaeinthe qu'on appelait edsrrmosa:,adalen. Cette procession amenai s_.' temple des vaches, qu'on ✓ faisait entrer successivement et dont chacune, les portes fermées derrière; elle, ét:. tuée dans l'intérieur à coups de faucille. par les femmes investies de la prêtrise. Celles-ci avaient à l'honneur de statues iconiques érigées en avant ..au temple, et seules étaient admises à contempler le symbole mystérieux de Déméter Chthonïa, tenu soigneusement caché aux yeux du vulgaire, probablement, un emblème phallique. Car en pénétrant dans le temple on n'y voyait que deux statues peu anciennes de Déméter et d'Athéité, placées à l'endroit même où avait lieu l'iniInolalion des vaches, !:n face de. temple de Déméter il y en avait un de Clyménos, dans lequel on sacrifiait à CER 1026 -n. CER ce dieu, et à côté un sanctuaire d'Arès. A droite du temple de Deméter, le portique d'Echo. Enfin, en arrière de ce même temple, trois endroits distincts étaient qualifiés comme le champ de Clyménos, le champ de, Pluton et le lac Achérusien. Dans le champ de Pluton, un gouffre entouré d'une clôture de pierre passait pour avoir été l'ouverture par où Héraclès était remonté des enfers en ramenant Cerbère, ce qui fait que les Hermioniens prétendaient être dispensés de payer tribut à Charon en descendant chez les morts 149. Dans les notions ainsi fournies par Pausanias, Coré ou Perséphoné n'a point de place; elle n'est rappelée que par le personnage héroïque de la jeune Chthonia, soeur d'un Clyménos que la légende populaire distinguait du dieu homonyme. Mais d'autres sources, littéraires et épigraphiques 144, représentent le culte d'Heemioné comme associant à Déméter-Cl-Mania sa fille Cora, en tant qu'épouse de l'infernal Glyménos; c'est la donnée que, dès la XLe Olympiade, avait admise le poète Lasos d'Ilermioné Philiscos, un des poètes de la Pléiade, fournissait même la série suivante de divinités, Gê Chthonia, Déméter, Coré et Clyménos 1". A. Trézène, Déméter 2'hesmophoros avait un temple, dont on attribuait la fondation à Althépos; il était situé au-dessus de celui de Poseidon 147. Dans cette ville, la déesse recevait aussi l'appellation d'Amaia 1'8, que nous trouvons accouplée à celle d'Asésia 149, d'une manière qui semble indiquer un groupe de deux déesses correspondant à celui de Déméter et de sa fille 150. Entre Trézène et Hermioné on rencontrait, un sanctuaire de Déméter i hermésia 1J9 et un autre de Déméter et Coré au lieu nommé Eileoi 152. Une forme particulière du culte des Grandes Déesses, désignées, non plus par les noms de Déméter et Coré, mais par ceux de Damia et Auxésia, avait eu sa source à Trézène iaa et de là était passée à Epidaure, puis à Égine 754. Quand l'adoration de ces déesses s'établit à Épidaure, la Pythie ordonna de faire leurs statues en bois d'olivier, et les Épidauriens, considérant les oliviers de l'Attique comme les plus sacrés de tous, demandèrent aux Athéniens d'aller en couper chez eux, ce qui leur fut accordé à condition de faire des présents annuels à Athéné Polias 155. Aussi les images de Damia et d'Auxésia surmontaient-elles le fronton du temple d'Athéné dans File d'Égine 150. Dans les fêtes de ces déesses à Trézène avait lieu une LITHOBoLIA ou combat à coups de pierres 107, analogue à la BALLrTvS d'Éleusis [voy. EiJ2usirua, sect. ix] dans celles d'Égine, elle était remplacée par un échange d'apostrophes injurieuses et plaisantes 159, pareilles aux crr'iyarssn du retour des Éleusinies [ELEusixrA, sect. vi] et aux Stenia 139 des Tuesmomifia attiques. Cette dernière circonstance est de nature à faire soupçonner que les Thesinuphories que l'on signale à Trézène 199 et à Égine '61 n'étaient peut-être pas autre chose que les fêtes de Damia et d'Auxésia. En tous cas, comme l'a très bien vu Preller 192, elles avaient dû suivre la même voie et passer par Épidaure dans leur transmission d'Athènes à Égine. Ajoutons qu'une des journées des Grandes Éleusinies portait le nom d'lspidauriaet était marquée par un sacrifice à Asclépios, le grand dieu d'Épidaure [ELeusivla, sect. vi], fait qui se rattache à l'alliance que nous venons d'indiquer entre les religions d'Athènes et d'Épidaure. En Laconie, dans la contrée où l'esprit dorien s'était le mieux conservé avec sa rudesse et son caractère primitif, nous ne voyons le culte de Déméter que dans un très petit nombre d'endroits, où il ne s'était établi que tout à fait tardivement, par suite d'une importation étrangère. A Sparte même il y avait un temple de Déméter Chthonia, que ses desservants prétendaient faire remonter à Orphée 169 ; mais Pausanias lui-même signale la vanité de cette prétention et reconnaît que c'est d'Hermioné que le culte de la déesse avait été apporté bien plus tard à Sparte. Les autres foyers de la même religion dans la Laconie procèdent du sanctuaire d'Eleusis. Tel est certainement le cas de la Déméter E'leusinia, dont le temple, situé sur le Taygète, renfermait une image antique d'Orphée, regardée comme ]'oeuvre des Pélasges, et passait pour bâti sur l'endroit où Asclépios avait caché Héraclès, tandis qu'il le guérissait de ses blessures 16". A Gythion, Déméter avait un sanctuaire auquel s'attachait une vénération mystique, et à côté une statue de Poseidon Gaiaochos 165, Enfin, la ville de Cainépolis sur le promontoire du Ténare, dont le nom même indique la fondation récente, possédait un méparon de Déméter 166 a l'imitation de celui d'Éleusis. Les l'esséniens rapportaient l'origine de leur nation aux deux frères, fils de Lelex, Mylès et Polycaon, et à la femme de ce dernier, venue d'Olympie, Messène, fille de Triopas 167, origine qui la met en rapport avec la plus antique forme de la religion de Déméter chez les Pélasges [sect. rx et Et en effet les légendes du pays liaient cette Messène avec le souvenir de l'établissement dans la ville d'Andania, capitale de la Messénie, d'un culte issu de celui d'Eleusis [ELEUSINIA, sect. ix]. L'instituteur en avait été, disait-on, Caucon, fils de Celainos, fils de l'antochthone Phlyos, venu directement d'Éleusis avec le secret des rites orgiastiques des Grandes Déesses 166 Cette généalogie rattache, du reste, en réalité, les mystères d'Andania à ceux de Célées près de Phiionte (source des deux noms de Célainos et Phlyos) et impose d'admettre qu'ils ne procédaient des Éleusinies que par l'intermédiaire de ceux-ci. Leur plus grand éclat, suivant les récits traditionnels, eut lieu quand vint d'Attique Lycos, fils de Pandion, longtemps après Caucon 169 A la suite des désastres de la première guerre de Messénie, la famille qui desservait ces mystères, et qui semble avoir prétendu tirer son origine de Lycos, l'initiateur, émigra en Attique 170, et de grandes probabilités indiquent qu'elle y fut la souche des Lycomides 171, qui «yvçay.«gw@I3««QQ2iEw:b » « wT:: m a %0F'L pça»:m Iodle, la nor CEP lW7 Ctb CER -1028-CER fermait la double image de Déméter comme Erinnys et comme Lusïa 801, ainsi qu'auprès de Phénée, dans la légende du bain de Déméter irritée dans le Styx, dont sa colère avait troublé les eaux 2°2. D'après ce récit, Déméter aurait subi la violence de Poseidon, et serait ainsi devenue mère d'une fille que les Arcadiens nommaient Despoina 2°3. C'était une forme particulière de Perséphoné, qui se rapprochait par certains côtés d'Artémis, 204, avec laquelle elle avait en commun la biche comme animal sacré los [ProsERPINA]. Il y avait à Lycosura un temple de Déméter et de Despoina 206. Le plus fameux sanctuaire de Despoina était à Acacésion et Pausanias 207 le décrit longuement. En avant de l'entrée du péribole sacré se trouvait un petit temple d'A.rtemis Hégémoné, comme à Eleusis celui d'Artémis Propylaia 208 [,E eusi iA, sect. v 1. Les propylées du péribole étaient décorés de bas-reliefs représentant les Parques sous la conduite de Zeus Moiragétès et la lutte d'Héraclès et d'Apollon pour la possession du trépied ; on y voyait aussi suspendu un tableau qui contenait le règlement des cérémonies mystérieuses à accomplir dans le temple, En avant de celui ci, trois autels étaient consacrés à Déméter, à Despoina et à la Grande Mère des dieux. Le groupe colossal et monolithe, placé dans le sanctuaire, était l'ceuvre du sculpteur Damophon. Ii représentait Déméter et Despoina assises sur un même trône : la mère tenant un flambeau de la main droite et appuyant la gauche sur l'épaule de sa fille; celle-ci avec un long sceptre à la main et la ciste mystique sur ses genoux. Deux figures de plus petite dimension, debout, étaient placées des deux côtés du trône : auprès de Déméter, Artémis en costume de chasseresse, le carquois aux épaules, son chien auprès d'elle, tenant d'une main un flambeau et de l'autre deux serpents; auprès de Despoina, représenté comme un homme armé, le Titan Anytos, que la légende locale disait l'avoir élevée. Au pied de ce groupe, les habitants apportaient des offrandes de tous les fruits, excepté des grenades, A la paroi gauche de l'intérieur de la cella était suspendu un miroir doué de propriétés merveilleuses. Ce temple, constamment ouvert aux adorations publiques, était distinct du nzégaron où se célébraient des initiations où tous les Arcadiens étaient admis et où les sacrifices, à cette occasion, avaient lieu avec des rites particuliers. Au-dessus du niégaron s'étendait le bois sacré de Despoina, entouré d'une enceinte, avec des autels à Poseidon Hippios, père de la déesse, et à d'autres dieux. De là on montait par un escalier à un ternple de Pan, dieu qui joue un rôle important dans la légende de Déméter tlfelaina à Phigalie 209. La réunion de divinités de cet ensemble de sanctuaires offrait une très étroite analogie avec celle qui, dans la ville voisine de Mégalopolis, marquait le péribole des Grandes Déesses 21° A l'entrée, deux bas-reliefs représentaient l'un Artémis, l'autre Asclépios et Hygie. Dans l'enceinte se dressaient les deux statues de Déméter et de Coré Soteira, hautes de quinze pieds. En avant, de plus petites statues représentaient des jeunes filles en tuniques talaires, portant sur la tête des corbeilles de fleurs ; les uns disaient que c'étaient les deux filles de Démophon, les autres Artémis etAthéné avec les fleurs qu'elles cueillaient en compagnie de Perséphoné quand elle fut enlevée, deux interprétations dont l'une plus relevée et plus mystique que l'autre, mais qui toutes deux reportaient à la source des traditions d'Eleusis. A côté de l'image de Déméter, une statue d'une coudée de haut représentait le Dactyle idéen Héraclès, qui tenait ici la place du Titan Anytos à Acacésion et que nous avons déjà vu mentionné comme le fondateur du temple de la déesse à Mycalessos de Béotie. D'autres petites figures retraçaient deux Heures, Pan jouant de la syrinx et Apollon lyricine. En outre, devant les simulacres des Grandes Déesses était une table des sacrifices ornée de bas-reliefs, où l'on voyait Zeus enfant porté dans Ies bras de Naïs, au milieu des Nymphes de l'Arcadie, Anthracia armée d'un flambeau, Hagno 211 avec une hydrie et une phialé, Archiroé et Myrtoessa avec des vases d'où l'eau s'échappait. Dans le même péribole était le temple de Zeus Philios, forme particulière du dieu des enfers, que sa statue par Polyclète représentait sous les traits et avec les attributs ordinaires de Dionysos [sucrais, sect. xv] ; ce temple était précédé de deux statues de Déméter et de Coré. Les deux cultes d'Acacésion et de Mégalopolis ne nous présentent plus dans sa pureté la vieille religion pélasgique arcadienne de Déméter. Ils en conservent seulement quelques vestiges, combinés avec des éléments éleusiniens devenus prédominants, surtout à Mégalopolis. En effet, dans toute l'Arcadie, nous observons par dessus ce fond primitif une nouvelle couche, bien distincte, de diffusion de la religion des Grandes Déesses, qui procède directement du sanctuaire mystique d'Eleusis et qui semble avoir été apportée par de véritables missionnaires répandus dans tout le pays vers l'époque d'Epaminondas 212 [ELEusIxIA, sect. Ix]. A Thelpusa ce nouveau culte se superpose à l'ancien, et tous deux restent intacts, côte à côte, en bonne intelligence. En même temps que le vieux sanctuaire de Déméter Erinnys et Lusia, on y voit un temple de Déméter Eleusinaa, où elle est honorée conjointement avec Coré et Dionysos 213. A Phénée, il ne reste plus de l'ancienne religion que la légende du bain de Déméter dans le Styx, mais le temple de la ville, au temps de Pausanias, était consacré à Déméter Eleu.sinia et on y célébrait des initiations conformément au rituel d'Eleusis 714. Tout près du temple était ce qu'on appelait le petroma, deux grandes pierres debout, exactement appliquées l'une contre l'autre. Tous les ans, lors du retour des mystères, qui avaient lieu à la même date qu'à Eleusis, on faisait pivoter les deux pierres, mettant en évidence une inscription gravée à l'intérieur, qui comprenait le rituel de la cérémonie. On en donnait lecture aux candidats à l'initiation, et la nuit suivante on refermait le petroma. Sur les deux pierres, pour les retenir unies, était placé une sorte de couvercle rond, contenant un masque de Déméter Cidaria. A la fête des mystères, le prêtre en couvrait son visage, et dans cet accoutrement frappait de verges les gens de la contrée qui se présentaient devant lui 211 A quinze stades de Phénée était en-• core un temple de Déméter Thesmia, sur l'emplacement CER --1020 ® CER où, disait-on, les Phénéates Trisaulès et Damithalès avaient autrefois reçu la déesse dans ses courses errantes sur la terre 815. En récompense de leur hospitalité, Déméter leur avait donné toutes les plantes alimentaires des jardins, à l'exception de la fève. Cette dernière partie de la légende avait évidemment pour origine la défense de manger des fèves, faite aux initiés de Phénée comme à ceux d'Eleusis [rABA]. Trisaulès et Damithalès étaient représentés par la fable locale comme les instituteurs des mystères, qui, disait-on, s'étaient d'abord célébrés dans le temple de Déméter Thesmia. A Mégalopolis, quatre individus, probablement de la famille des Lycomides, Callignotos, Mentas, Sosigénès et Polos, avaient introduit les initiations d'Eleusis vers l'époque de la fondation de la ville par Epaminondas 217 Citons encore, à cinq stades de Mégalopolis, le temple de Déméter au Marais, iv D,et, où les femmes avaient seules le droit d'entrer 278, ce qui indique un culte de la nature des TuE511IOpnonIA. Auprès de Tégée, sur la route d'Argos, étaient, au milieu d'un bois de chênes, les deux sanctuaires contigus de Déméter iv Kopttsüat et de Dionysos Mystès 919. A Tégée même, il y avait un temple de Déméter Carpophores et de Coré 220; l'emplacement en a été retrouvé sur la colline d'Haglicos Sostis, et on y.a découvert, en 1861, un dépôt très considérable de terres cuites votives 291 ; la plupart reproduisaient les xoana archaïques des deux déesses, d'autres un type plus avancé de représentation de Déméter (plus loin, fig. 1294); quelques-unes enfin, d'une grossièreté affectant l'archaïsme, Apollon lyricine 222, circonstance digne de remarque, car tout auprès du temple de Déméter Carpophoros, à Tégée, on voyait un autel de Coré entre deux temples de Dionysos et d'Apollon, ce dernier avec un xoanon doré, attribué au Crétois Cheirisophos 298. De même, nous venons de voir à Mégalopolis la statue d'Apollon lyricine auprès de celles des Grandes Déesses, et à Thelpusa le lieu où s'élevait le temple de Déméter Erinnys et Lusia, et où s'en était localisée la légende, était appelé Onceion, d'après Oncos, fils d'Apollon 224. Enfin Pallantion possédait aussi un temple de Déméter et de Coré 225, Dans la mer Egée, la Crête nous apparaît comme un des plus anciens foyers de la religion de Déméter 226 C'est dans cette île qu'Hésiode 227 place les amours de la déesse avec Jasion, déjà chantés dans l'Odyssée 229. L'hymne homérique à Déméter la représente, à son arrivée à Eleusis, comme se donnant pour venue de Crête 2"9. Bacchylide Sao plaçait dans cette île l'enlèvement de Perséphoné. Hiérapytna rendait un culte public aux Grandes Déesses 231 La numismatique de Præsos, de Cnosse et de la Communauté des Crétois sous l'empire romain, nous offre des symboles de Déméter 232. Là, du reste, nous constatons, comme en Arcadie, par dessus l'ancien fond national, une nouvelle couche de ce culte, venue de l'Attique. C'est sûrement d'Athènes qu'on y avait importé les Eleusinies et les Thesmophories, dont l'adoption est attestée par les noms des mois Eleusinios 233 et Thesmophorios 234. L'introduction des Thesmophories en Crète devait, du reste, être assez ancienne, car tout semble indiquer 235 que c'est de Crète que fut porté à Paros le culte de Déméter Thesmophoros, qui y prit un développement considérable 236. Et il était déjà établi dans cette dernière île avant la colonisation de Thasos par les Pariens. Ces colons portèrent, en effet, à Thasos leur Déméter Thesmophoros 237 Polygnote, Thasien de naissance, avait représenté, dans sa peinture des enfers à la Lesché de Delphes, Tellis et Cleohoia, les deux personnages qui avaient transmis de Paros à Thasos les orgies mystérieuses de Déméter 235; et Tellis était bisaïeul du poète Archiloque, qui consacra un hymne célèbre aux Grandes Déesses 239. Les prêtres de ces déesses à Paros portaient le nom de Cabarni 24° et se disaient descendants d'un certain Cabarnos, qui aurait informé Déméter de l'enlèvement de sa fille 241. Ce nom semble étroitement apparenté à celui des CABIAI 242, et l'on pourrait en conclure qu'à Paros l'institution des Thesmophories s'était greffée sur un ancien culte cabirique. L'île entière était quelquefois appelée Dérnétrias ou Cabarnz's 243. Source probable des Thesmophories de Paros, la Crête l'était sûrement du culte de Damia et Auxêsia à Trézène 244 Les Pariens adoraient encore une Déméter Carpophoros 24J. A Syros les inscriptions mentionnent le culte de Déméter et Coré comme « déesses célestes », nêpsvi«c Esaf 216; les monnaies attestent celui d'une Déméter Cabirique, accompagnée' de deux Dioscures-Cabires, @sol Kédetpot Iûptoc 247 [CABIAI, sect. IX]. A Délos, il est question de la célébration de Thesmophories 248; aussi à Érétrie d'Eubée 71e, où certains détails prouvent que cette fête avait été apportée d'Athènes 250. Les inscriptions parlent aussi de l'adoration des Grandes Déesses à Mitylène, dans l'île de Lesbos 951. A Samos on rendait an culte à Déméter comme Kourotrophos 252 et comme U' nelysels 253. On signale à Rhodes une fête de la déesse, les Episcaphia 254, dont le nom semblé indiquer qu'elle était en rapport avec le hersage des champs, et nous parlerons un peu plus loin de la part que les cités rhodiennes prenaient au culte Triopien de Cnide. Une inscription de Palsepaphos mentionne la grande prêtresse de tous les temples de Déméter dans l'île de Cypre 255, et nous savons qu'on y célébrait des Thesmophories de neuf jours de durée 258, qui jouent même un rôle dans les fables de az\. lan r wrr iantr y . 1. m1r se pi d'Ida „ Mais em le Jonr a tr m j' Wq CEP -1031 CER Nous trouvons aussi le culte de Déméter à Ancyre 297, à Cibyra, à Laodicée "8, et à Iconium un grand prêtre de Déméter Ac/taire ou Iac/taia (il y a doute sur la lecture exacte du nom), laquelle reçoit en même temps les épithètes singulières de ôixaqax,oç et TETrct éorl °°°, qui font évidemment allusion à des légendes toutes locales. Des inscriptions parlent encore du culte de Déméter à Tralles en Lydie "0. Y eut-il également en Carie assimilation d'anciennes divinités nationales à Déméter et à sa fille? On l'ignore. Mais en tous cas, Nysa de Carie, fondée sous les Séleucides, prétendit être la Nysa où l'hymne homérique à Déméter plaçait l'enlèvement de Perséphoné 301. Aussi, vers la fin de la république romaine, adoptat-elle la représentation de cet enlèvement pour type de ses monnaies. L'exemple de Nysa fut presque immédiatement suivi par Orthosia de Carie et Hiérapolis de Phrygie, puis, à l'époque impériale, par un grand nombre de villes de Carie, d'Ionie, de Lydie, d'Eolide, de Mysie, de Bithynie, de Pamphylie et de Pisidie [PnosEaPINA]. Sons les empereurs, Nysa admit aussi parmi les types monétaires l'image de Déméter à la recherche de sa fille, et un certain nombre d'autres cités de l'AsieMineure firent de même 603 La religion de Déméter, sous une forme purement hellénique, s'était, du reste, implantée sur la côte de Carie dès l'époque de la fondation des établissements doriens de cette région; et l'on prétendait même qu'il y existait bien antérieurement. C'était Triopas en personne, disaiton, qui, fuyant la Thessalie, avait été le prentier fondateur de Cnide°0° et du célèbre sanctuaire du promontoire Triopion, centre religieux et politique des cités grecques de la Doride asiatique, de Rhodes et des îles voisines3o3 Le dieu principal du Triopion de Cnide était Apollon 306, le dieu dorien par excellence ; mais on y voyait aussi un temple des Grandes Déesses307, dont M. Newton a découvert les ruines308. Il y a de fortes raisons pour croire, surtout avec la façon dont Triopas en était représenté comme le fondateur, que cest à ces déesses que le Triopion de Cnide avait été d'abord consacré et que le dieu national des Doriens ne s'y était introduit que plus tard"' [voy. suit, rit] ; mais en tous cas, le culte de ce lieu saint et fameux 310 avait fini par réunir Apollon, Déméter et Coré 31 association que nous avons déjà vue à Andania et (lue nous retrouvons dans le temple situé au milieu du défilé du mont Corydallos, à moitié chemin entre Athènes et Éleusis 3t2. En avant du promontoire de Cnide est située File de Télos, d'où était originaire la famille des pontifes des Grandes Déesses à Géia'T3, ce qui rattache à cette source l'introduction. du culte de Déméter dans une partie de la Sicile. Une inscription de Sidé de Pamphylie a trait à la religion des Grandes Déesses'. En Cilicie, Tarse", Syedra318 et Coracésion mettent l'image de Déméter sur quelques-unes de leurs monnaies impériales 317, et Syedra y place aussi l'enlèvement de Perséphoné°98, Rappelons aussi la légende forgée à l'époque des Séleucides et qui faisait venir Triptolème, le favori de Déméter, d'Argos, en Cilicie, puis de là en Syrie, à Antioche, et dans le pays de Byblos en Phénicie, et qui envoyait même son fils Gordys, portant avec lui le culte de la déesse, jusque dans le pays de Gordyée, sur le Tigre'1° [TRIPTOLEMJS]. Ici il doit y avoir eu, comme pour le TYLOS de la Lydie, assimilation d'un personnage des légendes indigènes avec le héros grec. Du reste, l'adoration de Déméter, dans les temps grecs et romains, ne parait, guère s'être naturalisée parmi les pays Syropalestïniens, où aucune divinité nationale n'a été identifiée avec elle d'une manièr1 formelle. Dans cette région, il n'y a que la ville de Sébaste de Samarie qui ait adopté ie type de l'enlèvement de Proserpine sur une partie de ses espèces monétaires, au temps des empereurs32o Au contraire, l'image de Déméter, ses emblêmes, l'enlèvement de sa fille, ou bien la représentation de Triptolème tiennent une large place entre les types de la numismatique impériale d'Alexandrie321 C'est que, dès le premier moment où les Grecs entrèrent en contact avec l'Égypte, ouverte à leur commerce par Psammétique I"r, ils rapprochèrent de leur Déméter l'ists des bords du Nil'. L'école des égyptologues se hàta de conclure de ce rapprochement que Déméter et ses mystères avaient été importés d'Égypte en Grèce. Hérodotesa3 n'a pas un doute à ce sujet"' et croit trouver aux rives du Nü la source des TnESnoPHOaiA328, tandis qu'Archemachos°i6 voulait reconnaître Perséphoné dans Isis, évidemment sous la préoccupation du mythe orphique de zAGREus, tandis qu'Eudoxe3'7, mieux au courant des choses de l'Égypte, relevait de nombreuses différences entre les déesses ainsi rapprochées. Mais matgré ses objections, l'assimilation devint si absolue et si géné'ralement admise que Terrtullien323 put en venir à écrire C'eres Maria pour Isis Pharia. En même temps, les Égyptiens hellénisés et les Grecs égyptologues revendiquèrent une origine égyptienne au personnage de Revenons maintenant dans les pays purement helléniques en nous tournant vers l'Occident. A l'entrée de la nier Adriatique, Corcyre nous présente une légende particulière, qui remonte peut-être à une époque antérieure à l'établissement des colons corinthiens dans cette île. Les habitants y montraient que c'était là que Déméter avait enseigné aux Titans à moissonner; la déesse, ajoutaient-ils, avait; obtenu de Poseidon, à force de prières, e nom de Dr4 gent l'ubiet des entre si Cie. De rat. deur. CER = 102.E . CER qu'il it de bouleverser l'île par ses flots, rafï'ere aga sol qui y avait valu le nom antique de 'assurer l'inviolabilité de ses rivages, elle propre faucille d'air l'appellation de iOrétnë33G. On r niait une légende analogue à propos du cap A', épaneln e, dont le non; était aussi rapporté 1. ia di:Mie d t➢ on 831, igue des villes de, 1a. Grande Grèce atteste ambien le c : :; de Déméter et de sa fille avait d'importance dans pré pie toutes33'-. Les témoignages littéraires ne sont pas moins formels à cet égard, A Tarente on adorait une Déméter Epily ani,en.é 3II3, c'est-à-dire présidant ,ouchement des femmes. A Métaponte et à Crotone, égende fabuleuses de la vie de Pythagore', s'accordent avec les médailles pour donner une place de premier rang aux Grandes Déesses dans la religion locale. A. â P e :, c'était, Perséphoné qui était la protectrice spéciale de la aille dont le principal temple lui était dédié335 A llipponïum, S,t,:°abon' nous parle aussi de l'adoration des Grandes Déesses. A Posidonia-Pastum, en 1820, on dée_o'uvrit nn dépôt de plusieurs milliers de statuettes votives en terre-cuite de Déméter Jortrot^'ophes33Tentre le Temple dit de Neptune et la prétendue Basilique, ce qui prouve qu'un de ces deux sanctuaires, les principaux de la. ville, était consacré à Déméter, La numismatique de Pastnm_ montre d'ailleurs que dans le culte de cette bille elle tenait le premier rang après Poseidon. Les écrivains nous parlent encore du développement de la religion de Déméter à Eléa-Vé1ia et à Néapolls de Campanie'. Dans cette dernière ville on l'honorait comme Tl . si,xeplul os es, et la prêtresse chi c: + forme de la déesse, dont on. a trouvé une inscriptii : iecque à Pompéi 3'° devait exercer son sacerdoce, non dans la ville devenue romaine après avoir été osque, mais dans la cité voisine de Rrapolis. C'est de Cumes, sa métropole, où le sacerdoce ta, Déméter Trcesmopho.'°os était le plus hart honneur auquel les matrones pussent p retendre31, que ce culte y agit passé. Sur le lac .A erre, les colons grecs avaient établi. 1 adora.ir_n de Pertepboné comme déesse infer„alr; et ils prétendaient ✓ r, trouver le bois de la déesse, par o Ulysse, dans lin Al' chant de 1.'(.?dyssée, pénètre dans Berne 11es des `zlort' Ils racontaient aussi, et, I' Sicile comme eux, que leSirènes, dont mn tombeaux a Néapoli et au. promontoire P des coule gnes de E r ,;?.lacé, associées à . sur les bords de l'Aerié't' quand elle fut l'avaient cherchée inutilement et vivaient fini par moi douleur dans ces différents endroits, en s chants mélodieux "" isnsmani. C'est enfin Cumes et de N iap"ilis qu'il faut attribuer la fable de la dispute de Déméter et de fi roua" la possession de 1a _+anipa.nie Maie ici. , u'é t' ra a e laquelle Cronos avait rima. `e liber 1,5e"] .', tai el., t. r, p. ,155. 557 Publiées ce culte, d'ai tes hemmee étaient exclu ta 'e appui es 1 i 1 .tien x9a8, nous touchons au domaine de la Caver italique, dont nous devons réserver l'étude pour la dernière section de ce chapitre. Remarquons seulement que, dans la religion des Hellènes de l'Italie méridionale, Déméter occupe généralement une position plutôt subordonnée à celle de sa fille, qu'elle y prend place surtout comme mère de Dionysos'f's et de Perséphoné, de Corps et de Cora, traduits en latin Liber et Libera. C'est qu'en effet, dans toute cette contrée, le culte des divinités chthoniennes s'établit surtout avec la forme mystique et se constitua en mystères où l'élément dionysiaque prédominait, issus des mystères bachiques du Péloponnèse bien plus que le des Éleusinics attiques [snccrrus, sect. xvrj. Mais c'est surtout la Sicile qui devint, dans la partie occidentale du monde hellénique, la terre classique par excellence de la religion de Déméter et de Perséphoné. Les Grecs de ce pays prétendaient que leur Île avait été dès l'origine consacrée aux deux 'Grandes Déesses 3"7. Cri réalité le culte en avait été introduit par les colons helgènes, et ce n'est même qu'assez tard que les légendes et les prétentions siciliennes à ce sujet, cessant d'avoir un caractnl°e exclusivement local, se firent adopter hors de Ille Sua Différents courants y avaient concurremment apporté les principales formes que cette religion des Grandes Déesses avait prises en Grèce. Nous les y retrouvons toutes, tendant à se confondre et à s'amalgamer, Le culte Triopien des cités de la Doride, ainsi que nous l'axons dit tout à l'heure, avait été introduit à Géla par 1 cette famille sacerdotale originaire de Télos dont la descendance produisit Gélon et Hiéron 1", les plus glorieux tyran coi des cités siciliennes. Agrigente était une colonie de Géla, et parmi les grandes familles établies dans cette Ille dès sa fondation, les Emr?énldes se ...:.aient d'une origine thébaine S0 Aussi ne devonsnous pas être surpris de voir Agrigente se vanter, exactement comme The. lies, d'avoir été le présent de noces fait par Zeus à Perséphoné lors de son hymen avec Pluton "0. A l'imitation des usages des noces humaines, cette constitution de dot était commémorée dans la cérémonie des .1Ni KSCYPTE' Aura" laquelle faisait partie des lues ara celées '1sr.oc,Ahlr.s e1.: destinées à, célébrer l'union de la, jeune déesse et de son époux infernal "D Il e a in' i. aussi ides .'. iiiltt atypte ,_a, gant le même caractère ,.s le in,ê.. e objet. 3 Thèbes ans t Cyzique "' c'est-à-dire d: ns les deux cités qui prétendaient également avoir été la dot de, Proserpine. On cticbrait, du reste, également des Thcegoaotc; dans le culte de Déméter en Carie a°I et par conséquent cette fête avait dû vend d Ami: if. te 'Se deux sources différentes. C'est de M te et de Corinthe. nous l'avons indiqué déjà, plias haut, que l'adoration de Déméter Thesn cphores passa en Sicile par Syracuse 45e. On célébrait les Trissera t'nc,,aoL dans -toute l'iie, mais entre ces fêtes, celle de Syra 342 Dic-d Sie. 7 24, Tit. L.v, XXIV, 12. -_ 715 7h ab, 'l'I, p 2i4, Dio Cass. x1,4;tl, 50 , voy. Beloeh, Campanien, p. 469, 3r+ 4potlo,,. MA. IV, 8G7 , Cpol'odor,1, 3, 4 Liban, Pregymn. 6, a. 553 ad_ ?ciske; S t,ei, Pian b 394; pv'd. Met. V, . 51e Teps +cig. "_'97.30 ilioi Sie. i. , .Plut, Tiinoi Cie. Ix 1'r'. 1V, 48. }h Prelter, D. u, P p. 178, s3..0 Sur la. part que cette fan, ,te a dû avoir dans 1a fondaton du culte 45a'igents, vo', Gerhatd, Gr, dlyth. 5 444, 2. --339 Cie. II, da tiers_ 1V, 48 ; vos. O. Mailer, Dorien, t. 1, p, 404. Pindare (Nena.. 1, 13) éieud ceci .te la Sicile. 3s Ebert. X ,d •,,. p. 5 et s. ; Pr tiller, D. ai P r. 123, 03 Poli, Die], Sic. V, ', ro y. a3'GeF i,e, Sioole, p. 104; K. F. Hermann, Gotlesd s38,3„_35 Fophur, Frapm. 48; voy. Feeder, D. te. P. p, 5712i00Mar CECI 1033 -EER était la plus célèbre et la plus brillante 3". Dans cette grande cité, Déméter avait un temple magnifique an quartier de Néapolis 358; elle y était en outre adorée, non seulement comme Thesmotehoros, mais aussi comme Hermione 3'3, ce qui capelle le culte dryopique d'Hermioné, et comme Silo 360 et Hanaizs 361, en mémoire de l'invention du pain. Les Syracusains célébraient en l'honneur de la déesse et de sa fille deux fêtes annuelles, dont l'époque était la même que celle des Petits et des Grands Mystères du cuite éleusinien [Ezausiala, sect. netix]. L'une de ces fêtes avait lieu au printemps ; c'était celle de Déméter, les JM,ned ia, ', correspondant par leurs rites aux Thesmophories, qui duraient dix jours, et où l'on offrait à la déesse les gâteaux appelés my'loi "h La fête d'été, coïncidant avec la maturité des grains et, par suite, à peu de chose près avec les Grandes Éleusinies, était consacrée à Perséphoné-Coré, dont elle commémorait l'hymen avec Hadès-Pluton ; elle portai t le nom de "tonna "1 ou KotTuTory:; R6p71ç 365, et elle correspondait aux Theogarnv'a d'Agrigente. Un des actes principaux y consistait en cérémonies nec turnes et mystérieuses à la fontaine Cyané, où les Syracusains prétendaient montrer la place à laquelle Pluton s'était englouti dans les entrailles de la terre en emportant Perséphoné366. Des sarcasmes et des bouffonneries analogues à ceux des Éleusinies [GEPPYRISen] et des Tesmophories [TnnsMoPBosIA], d'un grand nombre de localités et des fêtes de Damia et d'Auxésia à Egine, marquaient aussi ces solennités de Syracuse en l'honneur de Proserpine 367. Dans tout ceci apparaît une part bien sensible d'influence attique et éleusinienne, ce qui s'accorde avec le fait de l'adoration d'une Artémis Eleusie a en Sicile 368 [D'ANA]. Preller d66 cherche pourtant à nier cette influence, en s'appuyant sur le fait que, dans cette portion du monde hellénique, les Léontins et les Rhégiens étaient seuls en alliance ancienne et étroite avec Athènes 3 i0. Mais nous croyons, avec Gerhard 371, que cette influence, peut-être réelle et considérable, Ma pas eu besoin de s'exercer directement; son action par le canal de .Mégare, de Corinthe et de Syracuse est naturelle et vraisemblable. Ainsi sexplique l'étroite conformité des traditions propres d'Éleusis et, de celles qui, en Sicile, finirent par se' fixer dans la localité d'Enna, colonie de Syracuse e" eu centre d'une plaine d'une merveilleuse fertilité, toute entière consacrée à la culture des céréales 3'3 C'est là que pour les Siciliens se localisa définitivement le mythe de l'enlèvement de Perséphoné, auquel ils prétendirent, comme beaucoup d'autres, donner leur propre pays pour théâtre 3f. Les Romains acceptèrent cette prétention, en l'an 621 de leur ère, et reconnurent solennellement la Cérès d'Enna pour la plus antique et la plus vénérable de toutes'. Aussi leurs poètes et leurs mytliographes suivirent-ils la narration sicilienne37, dont la valeur de vint comme un dogme au temps de l'empire, et ils allèrent jusqu'à admettre que c'était d'Enna que Triptolème avait porté le blé à Éleusis, avant d'en répandre ensuite la connaissance dans les îles et en Asie 377. Enna, du temps de la domination romaine, prit parmi les Grecs de Sicile le même rôle et la même situation que Delphes dans la Grèce propre; ce fut aussi le véritable centre religieux du pays 318. Malgré la façon dont les légendes d'Enna procédaient de celles d'Éleusis, dont elles n'étaient qu'une nouvelle localisation, aucune cérémonie secrète ne s'accomplissait dans le culte de cette ville 379. Des mystères sur le type des Éleusinies ne paraissent s'êtreimplantésnulIe part en Sicile. C'est à la religion de la Déméter Tâesmophoros, et non de l'Eieusinia, qu'il faut rattacher ce qu'on dit du caractère mystérieux qu'avait à Catane un antique simulacre de la déesse, placé au fond du sanctuaire et dont la vue était interdite aux hommes ; les femmes pouvaient seules s'en approcher pour lui rendre un culte. Et Verrès fut le premier qui osa porter sur ce simulacre révéré des yeux et des mains profanes 38e Le culte des Grandes Déesses se montre encore à nous établi à Sélinonte, où Perséphoné recevait l'appellation de Pasi(-rateïa 381, Notons aussi les légendes qui racontaient une dispute de Déméter et d'Héphaistos pour la possession. de la Sicile 383, symbole de la lutte qui se renouvelle constamment entre la fécondité naturelle du sol et des effets dévastateurs de la lave dans la région de t'Etna, où Déméter passait pour avoir allume ses flambeaux quand elle cherchait sa fille" et où l'enlèvement de Perséphoné était quelquefois localisé 384. Enfin l'on racontait que Perséphoné, avec ses deux compagnes Athéné et Artémis, s'étaient partagé la souveraineté de l'île, Athéné prenant le pays d'13iméra, Artémis tirtygie et Perséphoné la région d'Enna, et qu'ensemble elles n aient brode un magnifique péplos peur Zens leur pète 330 Suivant le récit de Plutarque 386, lorsque Timoléon était prêt à faire voile de Corinthe pour arracher la Sicile au joug des tyrans, les prêtresses de Perséphoné virent en songe les deux Grandes Déesses qui se disposaient à accompagner le libérateur et à passe-avec lui dans leur He-. Informés de ce pl'odige, les Corinthiens armèrent une h;rème sacr-ee, qu'ils joignirent à la flottille de Timoléon et à laquelle ils donnèrent le nom des déesses. Le souvenir de l'origine corinthienne de la religion de Déméter et de sa fille en Sicile, se réveillait ainsi dans cette circonstance solennelle. Mais le développement universel du culte des deux déesses dans l'île avait été dans une forte mesure un résultat de l'influence personnelle des premiers princes syracusains, Gélon et Hiéron I", qui étaient, en même temps que souverains de la plus grande partie de la Sicile, pontifes de Déméter Phoinicopeza et de Perséphoné Leucopolos 387, par héritage du sacerdoce que leur 130 CER I034 .CER ancêtre 'Félines avait établi à Géla. Ce fut Gélon qui construisit ies temples d'Enna avec le butin fait sur les Carthaginois à la bataille d'Hinléra °'°. On doit remarquer, du reste, que nulle part la religion de Déméter et, de Coré ne se montre, en Sicile, associée à des éléments dionysiaques. C'est qu'elle garda toujours dans ce pays le caractère avec lequel elle y avait été portée, au vin" et au am' siècle avant l'ère chrétienne, antérieurement a l'époque 6w. s'opéra la fusion entre les mystères de Déméter et ceux de Dionysos [s cocues, sect. xv; EpEusrylA, sect. a]. Nous reviendrons [sect. ut] sur les différents cultes de Déméter que nous venons de passer en revue dans leur distribution géographique, afin de les classer par familles et par systèmes. Mais auparavant il nous faut étudier la nature intime de la déesse, ses attributions et les dif_férl-ntes faces de sa physionomie, ainsi que les mythes principaux qui se rapportent à chacune d'entre elles. HL Déméter, nous l'avons dit [sect. r], est avant tout et originairement la terre productrice et nourricière, Are'r'cAp lat., i' ''iev(v 359, Comme telle elle est Melaiaaa 390 ou Eurdpé 391 épithètes qui expriment la couleur noire de l'humus le plus fertile 392. Mais ce qui constitue son individualité et la distingue de Gê [TELLUS] '", c'est qu'elle est spécialement la terre envisagée, non à un point de vue cosmique ou cosmogonique, mais en tant que donnant naissance à la végétation et aux fruits nécessaires à la nourriture de l'homme. Tel est son caractère primitif et fondamental, d'où a découlé, tout naturellement, dès 1 Origin!,, ,,a conception comme déesse oreu-. da:n.t aux travaux qui amènent la production de ces fruits utiles, c'est-à-dire à l'agriculture. Envisagée sous ce point de vue essentiel, sa physionomie change avec les saisons de l'année agraire, avec les phases de la végétation, avec les travaux du laboureur qui l'invoque dans les différents mois. Et en étudiant ses attributions, ses épithètes et ses fêtes, il importe de tenir toujours soigneusement compte de cette succession des sel.-ors, telle qu'elle se présentait sous le climat de la Gièce "o4. A. +Athènes; avant les labours, acpli vo êpd oe 393 on célèbre en son honneur le sacrifice des raoExoilA 396 et I' :arque 69' à cette occasion, o'orzlme une Déméter PYon1'nui'a n compagnie de Zeus•-Ombrius et de oseidon i ilytaln icis. Lies hommes ne sèment pas leurs champs s ns invoquer Déméter 390. A Rhodes le moment du hersage est marqué par une fête de la déesse, les F ;ni_. s' whig 399, Au printemps, le 6 du mois de thargélion, Athènes offre le sacrifice des cmr,mer k0° à Déméter Céder'', Etlchloos 90' ou C;llov»horos b61, celle qui fait pousser vigoureusement la végétation verdoyante des plantes de toute nature, qui doivent donner ensuite leurs fruits pour l'alimentation. A Cyzique, à Cibla et dans un certain nombre de villes ioniques, la même fête s'appelle Kolamain et donne son nom au mois Kalainaïéîn h04. Avant la récolte des céréales et des fruits, Sparte consacre à Déméter le sacrifice des Prologia 4". La fête des vendanges, Synleonlistêria 4oa Eurythinia 4°7, dédiée à cette déesse 408, était une des plus célébrées dans la Grèce primitive. L'Iliade 4" représente Oimeus y offrant des hécatombes aux différents dieux, dans la saison où Déméter sépare le grain et la paille au moyen du souffle du vent 4". C'est la fête que l'on appelait TPIALxsmA dans un grand nombre de parties de la Grèce °i1 et qui donnait son nom au mois béotien Theafouthios 413. Théocrite, dans sa vu' Idylle, la durit telle qu'on la célébrait encore de son temps dans file de Cos. La fête attique correspondant aux Tbalysia était celle des HALO r 1 " reportée, comme les Petites Dionysies, au mois hivernal de Poseidéon, et dans laquelle Déméter et sa fille avaient fini par être associées à Dionysos414comme dans le sacrifice des Protrygea 411, précédant les vendanges. Même les fêtes de Déméter qui n'ont plus un caractère spécialement agraire, où la déesse et sa ;fille sont honorées avec une physionomie plus haute et plus compréhensive, comme les ELEUSiSIA et les TnEsseoPHOHIA, continuent à se régler sur les saisons de l'année agricole, C'est en qualité de terre productrice et nourricière que Déméter est surnommée flnc'sirleu'a c'est-à-dire ê91ESex tiôlpz 407, « celle qui fait pousser ses dons, » de même que Gê est surnommée Pandora d1S, Déméter est encore Anaxidora " , Doris "a, expression qu'il n'est pas possible d'entendre dans un sens ethnique, °a)t).adôorpoc "1, et, quand elle veut prendre un nom humain, en revêtant une figure terrestre, elle s'intitule Ms 4"""2, c'est-à-dire a le don » en personne 4@3. Comme Gê elle-même 424, elle est et la mère 'Etpa 40, de même que Gê ll).ouvoedp; l"o Déméter est encore la déesse qui, par ses dons et par sa puissance productrice propre, donne la vie e tous ies êtres et à celle qui nourrit les hommes et toutes les créatures vi .,tdpgtl ", iiliusia 42e. Une de ses épithètes essentielles et les plus significatives à ce point de vue est celle d"Oh.av(a b3', qui réunit les notions de « nourricière » et de déesse de l'abondance ,I au sers le plus général On golem. aa. }, then. w, _.a pS ..l,, c él I t ccc eer ,:I exe d-. a la fi. tatoue des "pis : grain, (. L a a t A -ho, FTer_Lbvn lB e, . ccc 7, 46), `' ' os (Qepit. R ~._. 551telIer l.. hi o'c,] F 442). t?all-aStcr était ' t l y t i i . t . 1 , p. ,00. t g,nic r,im. Sud p 240, 75; diaprés qua a e co ,é I'n' M, p. 716, 31, fo -rat cala M. n. il, '• F, 254. Ile est donc dit. ;t LT:1, 3), iriot,tIrss. szus rc ttd■d hez %.o a_' Islccs 4t ..'C OC, d'où recevait e SC)ir accuse Faut cultivait, c Satinent néteg la culture» Ces t'a mas qui viennent di sa bon qu comme terre, elle fait sortir de son s Déni g 'sia„ au. veloppei-cent 5' et c'est ans., CE retro r°E dCISS e tao 'r'r diras que dans le no,r d'uns, italiques mss Déméter mit, t dont nous avons eîl!.. i l'an tl CAccnus I faut fl eti~.+ en apport ".~ cm ...aciérées de PIlionte dans le il l.`se p'.,iya dans l'Attique, ainsi glue 1 tien du L-CL 11 autocirthone Phlyos, aii'1tre ,',e l'inti iuuc-i,crs. rnyti lr u' .i'.. ,ifte .de la 13:,es=e tan. 1:tessénie °` C'est sp'e.alenc 16 let production des fruits de la terre, au seras le plus £ten ahi et le plus générique de cette e-_t're n, qua est 1 euvre et I o.tic=., de Déméter, appelée le"la Plias particulièrement, et c'est ainsi ,se a,ei'i+e 4itrire, elle préside tan_ puise sa nourriture malin. fart ret_SS Cn.tra (cotlte calo rudesse natal-., augmente la mille et dont cde-pi Ci. marque lr premier pas enlisée, Fa de l'état sau vage, C'est que 1 secs appelaient . aï , os 'fat t, s. 4a, par opposition aux fruits sauvaggag lies f u_ts obtenus par, la culture sont p que les Grecs mima-laient Sr,ivr ptal sa ceci, S. „xxC il-r,mgrpttxdt, les feu tas ne ella.,ter''t comme, les La.t.uis â leur imitation L'erra a "4' et plus e_ inplatcrrrent. ce°ca(ia rima y étend eie pste z ti ichi e'e le noCci de , d'où 1.. ' e de "lames ...v employée en Pamir s fruits prrod:canent le fond de Palis cirunsé, (1 { :.'IX Lie notes F ar le nom d., ce sort qui étaient . Déméter, 4. uxpil r.,ipa .e nt, pis, l` •.6us sa signal. Cation " , les plantes herbacées et annuelle a ?.i i éespo„ l'alimentation dans les jardins et dans.l=.. icsa ?.axavz eu plantes potagères et les ùeacox ou ,einie.S SOUS le 'lOln CaOri:ni tn de -ieioa OU l a. ~ois,es eu -atll,.vecla .nain" "let sous celui de tagrlia,tq't6t'Z ._dà,a'i e J1,..L...~C parce qu'on disait que celici f' di.T• celle qui les donnait aux hommes e l ; ~.. é.'ous avons déjà dit (mm1-rient i,le Déméter, erg échange de i) reçue d_ eurs ancétres, avait Ci de toutes les légumineuses, excepté dis ta fera dite puer des raisons mystiques crase], Un autre dont la production et la révélation agir'_-il _r_E.rit atf t tuées à n 5rflétek: t„s dent on ses c nll 't: s et que les Grecs culti' aient sui une e,. gallec tait le pavot, u.:l;xnr. ires L n t[1_1iLe at. r;n einpl. r les graines eo c lïn i ' e1it, e "6'; et sa -vertu nar cotic1ee 1-.i -er t u e n.~nica.t , dont on pré. il: e e . annal le premier exempt Sicyone, do-uf li ville avait canent te none de M°,xigrvr 4e°, et ceuu se disputaient la gloire d'a-voir appris de i itre ie pu ci et d'en ce oc, inauguré les hommes et écon,,, c'est r Gég_éta ,l et Di e miro rsonnia,. -t,e.ax do. . Déméter ,a;arup/ïos 4", C'est le., pour assistant et nrc. d: la croissance Elle veille ensuite i tan qualité de a a rouille, chaleur du. de Ks.c .icç c,'oment de l celii, t triomphant de s _gais ,n„s forment t elle font ries la décorent, I -?n_ 15 ~:1 ü5 'ici s' Lt l ed.r i i=igu ltre F';î.tit a la déesse l'épithète de ûtiotvtxùtc 677. Elle est en ce temps la reine des gerbes, Auaaao?ôpoç'an, Avaaao'c'xoç "79, 'Iouacé 480 'Eluios),os68t, celle qui achève de faire sécher au soleil, après qu'ils ont été moissonnés, les grains qu'elle a amenés à maturité 482, Ais afx 483. L'aire à dépiquer le grain est le lieu où elle réside dans sa majesté féconde, l'amas du blé prêt à être engrangé, anpô„ son trône, d'où elle est appelée Aaglâç 484, Elsuaawaéa 48" Swp0Ttç 486 et lloaéac4poç 687 ; de là aussi son rôle dans la fête des HALOA. La suite logique de ce développement de la physionomie et des attributions de Déméter amène à voir en elle la déesse 'flptWpoç-488, c'est-à-dire celle qui, dans le ciel aussi bien que sur la terre, ramène les saisons et leurs vicissitudes, d'où dépendent la production des richesses végétales et les phases de l'agriculture. Voilà pourquoi la grue, dont le passage annonce les pluies de l'extrême automne et appelle le laboureur à la charrue, est un des animaux sacrés de la déesse, celui qu'on appelle son messager 489 Déméter cesse ainsi d'être exclusivement une déesse chthonienne , XAovi% 490, pour devenir aussi céleste, Oipavia 491 Oûpavtoivr, 492. De même que la plupart des autres dieux, après avoir été originairement la personnification d'une partie localisée de l'univers ou d'un phénomène déterminé de la nature, elle tend à représenter plutôt une force d'un caractère général, conçue d'une manière plus abstraite, qui peut se localiser indifféremment, et à tour de rôle, dans des phénomènes et dans des corps tout à fait différents , où se manifeste et par où s'exerce son action. Déméter est ainsi, sous son aspect le plus étendu, le principe féminin de la fertilité universelle, de l'expansion végétative de la vie à la surface terrestre, et englobe en elle tous les facteurs de cette production. C'est de cette façon, encore plus que proprement comme terre, qu'elle est Btoùopoç, decisttoç (1)EFl on, Zwoè rEtpa, et surtout Ornpn ia, expression déjà étudiée par nous tout à l'heure. A ce titre elle a pour compagne et pour assistante EîEr plu 493, correspondant à l'Abundantia des Romains. L'observation naïve du paysan et la croyance populaire ont toujours attribué à la lune une influence de premier ordre sur les phénomènes atmosphériques qui intéressent le plus directement la végétation et l'agriculture, en particulier sur les pluies. De là l'idée, enseignée dès la plus haute antiquité dans les sanctuaires de l'Orient, et d'après laquelle la lune serait le dépôt de tous les germes 496, la mère de l'univers 49". Sans être formulée chez eux d'une manière aussi nette, ni surtout dogmatique, cette idée existait aussi chez les Grecs. Et une déesse de le fécondité, de la production végétative, de l'abondance, ne pouvait manquer de devenir par certains côtés lunaire, en même temps que chthonienne. C'est ce qui arrive à Déméter "96. 08Nann. Dionys. XVII, 153; XXXI, 38; XLV, 101 ; XLVIII, 678; Hesych. et Phavor, s. v.; Et;m. M. p. 76, 7. 673 Nonn. Dion. VII, 84. 480 Sem. ap. Athen. XIV, p. 618; Didyr.. ap. Sehol. Apoll. Bhod. I, 972. Aussi tOnSOsaSo; Athen. XIV, p. 649. 461 Surnom usité à 'Linos, où il donnait naissance à l'appellation du mois ils,sooa4, : Ahrens, BheinMus. t. XVII, p, 353. 482 C'est ce qu'ezprime le proverbe ;i 'A0ato. sb,v 'Asetue µssr'48s : Soph. ap, Bekker, Anecd. p. 348 Zenob. IV, 20. 483 Outre les passages cités dans la note précédente, voy. Hesych, s. v. 484 Nono. Dion. XXX, 68. `Aaoaie Orph. Ifyinn. XL. -. 485 Hesaeh. 8. v. 480 Orph. 1, 1. 487 Preller, Gr. Myth. t. I, p. 801. 488 Borner. H. lut Cm.. 54. -489 Hesiod. Op. et d. 448 ; Aristoph, Av. 710; Theoer. X, 30; Porphyr. De abst. carin, III, 5. 490 A Hermione : Paus. Il, 35, 3-7; Eurip. Here. fur. 615; C. inscr. gr. n°r 1193-1195 et 1198. A Sparte : Paus. III, 14, 5. 49t C. inscr. gr. 2347 1, 492 Ib. ne 6280 B. C'est ainsi qu'elle devient la Vierge du zodiaque : Eratosth. Catast. 9 ; Hygin. Poet. asti. H, 25. Elle est représentée dans ce rôle sur une base de candélabre du Louvre : Bouillon, Musée des antiq. t. III, Autels, pl. If; Clavac, Mus. de la sculpt. pl. 202, no 39 ; Il suffit, pour s'en convaincre, de lire sa légende sous sa forme la plus universellement répandue [sect. x]. La Terre courant neuf jours à sa propre surface est une image que le bon sens ne saurait admettre un seul instant. Au contraire, les courses vagabondes de Déméter à la recherche de sa fille, qui durent juste le même temps qu'une des phases de l'astre nocturne 497, les flambeaux qu'elle allume à la source du feu intérieur, son occultation momentanée, tous ces traits caractérisent de la manière la plus positive une personnification de la lune 498, La Déméter Eurôpé de Lébadée 499, dont le nom avait probablement à l'origine une autre signification, a été certainement rapprochée d'EUxoPA, héroïne lunaire, qui n'est autre qu'une divinité empruntée aux religions de l'Orient. Nous en avons la preuve quand nous voyons dans une autre localité de la Béotie, à Copae, une Artémis Z'auroprelos "00 comme Europe , c'est-à-dire représentée d'une façon symbolique et tout à fait significative qui n'appartient qu'aux déesses lunaires, comme Artémis [DI_ANA], ou GENLIS, et quand nous observons le rôle que la génisse de Déméter 501 joue dans le mythe de CADMUS "02 frère d'Europe et fondateur du culte de la déesse à Thèbes. Perséphoné revêt encore plus souvent que sa mère cette physionomie de divinité lunaire 503 [PROSEIPINA], et nous la verrons, dans la sect. xrr de cet article, se manifester surtout chez les Grandes Déesses dans le culte mystique d'Éleusis ; car il n'y a rien qui soit plus propre que la lune à exprimer la nature d'une divinité qui, tour à tour, meurt et renaît, se dissout et se recompose 601, telles que sont essentiellement celles des mystères. Qui dit déesse lunaire dit en même temps divinité en relation avec le principe humide, auquel les conceptions de théologie naturaliste des anciens ont toujours lié la lune. L'humidité est le grand agent de la production végétale ; elle est absolument nécessaire à la fertilité du sol. Nous avons montré dans l'article BACCHUS [section Ix] comment la double notion d'abondance et de flux humide se réunit dans les dérivés du verbe tpa€w, tpaôw, à la famille desquels appartient le surnom de Déméter Phloia, comparable à la I+luonia des Latins a°", Déméter est associée fréquemment aux Nymphes qui personnifient les sources fécondantes "06 et on leur dédie en commun des fontaines 507 Elle devient ainsi elle-même dans certains cas une divinité des eaux et des sources 108. C'est sous ces traits particuliers qu'elle apparaît quand elle est adorée comme Potêt'iophores à Antheia, près de Patrae 609 ou quand on célèbre en son honneur, dans la Laconie, la fête des Epilcréeia "10, Le seul oracle connu de Déméter, auprès de Patræ, est attaché à une fontaine 515 Les plantes alimentaires dont la déesse a gratifié les Froehner, Notice de la sculpt. art. p. 24, n° 5 ; Overbeck, Atl. z. gr. Iiunstm, pI. XIV, n' 25. 693 Dans un temple sur l'isthme de Corinthe: C. vise. gr. no 1104. Elle-même est, riment : Spanheim, Ad Canin, p. 723. 491.1. Lyd. De mens. 11, 6; III, 4; IV, 53; De ostent. 16. 495 Pseudo-Plut. De ls. et Os. p. 453 ed. Iielske. 490 Gerhard, Gr. M_eth, § 416, 1. 497' En les comptant à trois, comme faisaient les Grecs. 498 Ch. Lenormant et De Witte, Élite des mon. ceramog, t. III, p. 101 et s.; Fr. Lenormant, 'l'oie Sacrée p. 507. 499 Pans. IX, 39, 3 et 4. 500 Keil, N. Tahrb. Suppl. IV, p. 584. 501 Preller, D, u. P. p. 360. .r 101 Paus. IX. 19, 4; Etyln. M. v. Bmusia, Boulin, Bou.éea;. 503 Gerhard, Gr, SIyth. § 429, 3. 504 Ch. Lenormant, Noue, ann. de l'hist. arch. t. I, p. 271; Fr. Lenormant, Voie Sacrée, p. 555. -505 Fest. s. v. Fluonia; Tertull. Ad rat, II, 11; Arnob. Adv. gent. III, 30; S. Augustin. De ria. Dei, VII, 2, 3; Marnait. Cap. 149, p. 199; voy. Ambroseh, Die Beligionsbücher der Borner, p. 12 et s. ; Corssen, De Votscorueu lingua, p. 4. 505 Schol. ad. Pind. Pyth. IV, 104. -507 Zocga, dans Welcker, Zeitschr. cf. ait. Kunst, t. I, p. 96. 508 Preller, D. u. P. p. 321; Gerhard, Gr.Myth. § 416, 2. 509 Athen. XI, p. 460 ; voy. E. Cornus, Pelop. t. I, p. 452. 515 Hesych. s. v. 511 Paus. VIT, 21, 5. CER --'1037 CER mortels, et qu'elle reproduit chaque année dans son inépuisable et généreuse fécondité, c'est elle qui a enseigné aux hommes la manière de les cultiver Jt2, elle qui préside à tous les travaux du laboureur et du paysan. Elle a inventé le labourage 513 et la manière d'atteler les boeufs à. la charrue 514; elle est armée de la faucille dont elle a enseigné l'usage, Apelvavoi époç, Z«çr,'.époç 517, Xpucâopog sls; elle est la moissonneuse, Ap.nia514, l'institutrice des Titans dans cet art à Corcyre 518, de même qu'elle est la déesse des gerbes 519 et celle de l'aire à dépiquer le grain. C'est encore elle qui a enseigné à conserver ces grains en monceaux 52° et à les enfermer sous clef dans les greniers, d'où l'une de ses tètes porte le nom d'Epikleidia 521. Casaubon et Meineke proposent, avec une grande vraisemblance, de corriger en 17Epyoiyog, a la gardienne des grains « le nom fort peu explicable de `Ep(zovyoç, donné comme une qualification de Déméter à Delphes "2. Broyer le grain entre deux meules pour en faire de la farine, natprrov, avec cette farine pétrir la pâte, !lez, et en confectionner le pain, ce sont encore là autant d'inventions de Déméter 533 que la déesse a apprises aux hommes. Ainsi les esclaves employées aux travaux de la meule l'invoquent comme leur protectrice, sous le nom d"AAt^r,piz 534. A Scolos de Béotie, elle est adorée en qualité de MEyaaGgal:o; et ME•tcaapvsç 115. Dans les Thesmophories de Délos, on portait en procession des pains nouvellement cuits, et l'on appelait ce rite Megalarlia 525. Nous trouvons également citée une cérémonie d'Artophoa'ia 527, qui devait être de même nature. Déméter est une déesse qui s'est plu à visiter les hommes, à s'asseoir à leur foyer, le plus souvent en cachant sa majesté sous un déguisement, et qui a récompensé l'hospitalité ainsi reçue par le don du grain, par la révélation faite à ses hôtes du secret de l'agriculture. Beaucoup de localités de la Grèce se vantent d'avoir ainsi reçu de ces visites de la déesse, que rappellent ses surnoms d"I:n(aaaa 533, la même chose qu"E7ctot z 529, 'Eatadaz 53o et 1 aotxtltz 531 Les constructions systématiques des mythographes postérieurs ont rattaché toutes ces histoires d'hospitalité donnée par des mortels à Déméter à ses courses errantes pour chercher sa fille enlevée [SECT. X], et ils en ont fait autant d'épisodes. Mais à l'origine la plupart d'entre elles semblent en avoir été complètement indépendantes, comme l'est restée celle de la visite que la déesse est censée avoir faite à l'Attique, en compagnie de Dionysos, sous le règne de Pandion 532. Les hôtes de Déméter sont Céléos à Éleusis 583, Phytalos sur les bords du Céphise athénien 534, Prométhée et Aitnaios en Béotie 535, Pélasgos à Argos 530, Athéras et Mysios auprès de Mycènes 537, Trisaulès et Damithalès à Phénée d'Arcadie 558. La plupart de ces noms ont une signification agraire manifeste, qui en fait des personnifications transparentes des principales opérations de la culture, et qui se retrouve chez ceux d'autres héros que Ies légendes mythologiques mettent aussi en rapport avec Déméter 539. Tpta-auar,ç est un synonyme exact de Tpt-acdatlgoç 540 le nom du favori de la déesse, du héros qui remplit spécialement le rôle de son missionnaire [TRIPTOLEMUS] ; l'un et l'autre ont trait au triple labour, la teeliatio de Varron et de Columelle, qu'Hésiodea41 recommande déjà de donner àla terre. Auaaukpç, dont la forme primitive et seule étymologiquement exacte était Ata-avarç, et dont nous avons la variante A(-au)mç 542, exprime la notion d'un double labourage; les Orphiques donnaient ce nom à un des autochthones d'Éleusis qui accueillirent Déméter543 au père d'Eubuleus et de Triptolème 544; les gens de Phlionte disaient que c'était lui qui avait apporté dans leur pays les orgies des Grandes Déesses 545. Axp.t-OeBe g est celui qui fait pousser du sol la végétation 546. Tous ces noms qualifient celui qui porte l'un ou l'autre d'entre eux comme le type héroique du laboureur. C'est encore la signification de l'antique héros de Phlionte, Apmg 567, associé à Dysaulès, dont le fils est appelé °Aope;, « la faucille518 », et dont le nom rappelle celui d'Apxvria, donné d'abord à la ville de Phlionte, celui de la localité voisine d'Apxat-Oup(a 549, et aussi les appellations d'autres endroits qui sont le siège d'anciens cultes de Déméter, Érétrie, primitivement 'Apdtipta 5J0, et Apol, plus tard Pattu 551 Muatoç est dérivé de p.uatzv, « nourrir », et A04pz; de «Oip, « la balle » qui enveloppe le grain 552; Koaévrceç, nom d'un troisième autochthone de l'Argolide qui, lui, ne veut pas recevoir Déméter dans sa demeure 553, de xdB.ov, une espèce de bouillie de grains 554. MB 5ç, « l'homme de la meule, » est un des introducteurs mythiques du culte de Déméter en Messénie 555. Le nom do l'autre, Hoauxzt»v, se rattache à une autre famille d'appellations de héros mis en rapport avec la déesse, celles qui désignent des personnifications du feu du sacrifice, tel qu'est encore Kaûxo.v 556, qui figure aussi dans les traditions légendaires de la. Messénie. Weleker' et Gerhard', attribuent un sens analogue au nom de K.à.Edg ; mais leur explication ne se justifierait que par une forme KgAEéç. Certains grammairiens anciens tirent KEasl de xeàrénrv519; niais il est plus simple et plus naturel de le comparer au PICUS latin et d'y voir le nom du pic-vert, xtàEÔç, oiseau à qui les anciens attribuaient un caractère prophétique, spécialement pour les agriculteurs 580. En tous cas il faut en rapprocherKEaExi, nom de la localité voisine de Phlionte où l'on célébrait des mystères de Déméter. Tout un riche cycle de mythes a trait au rôle agraire de Déméter. Le plus fameux et le plus universellement répandu est celui de Triptolème [TIUPTOLEMUS]. La fable, 534 Paus. I, 37, 2. 555 Ib. IX, 25, 6. -. 535 Ib. 1, 14, 2. 537 Ib. II, 35, 3. 544 Paus. 1, 14, 2. 545 lb. VIII, 15, 1. 546 Schwenck, Etym. Forsch. D. u. P. p. 284. 553 Paus. VIII, 35, 3. 554 Eust. Ad Odyss. p. 1230 et du reste, semble '.:mir été , et pendant as longtemps encore, exclusivement elt clsii,i.,=:nnee, elle e dfi foi nue et sa diffusion générale e ia façon dont les mystères d 'Éleusis deviennent uuie institution MM itse panhellénique [ 3 ,teiara, sect. H, Dans _tapoésie in: glue, cher Homère' et cher le siode' c'est un autrui; nt flue nous 'trouvons, celui de Dunois ou la ro in, cumul"e v de qui f,f.,ei C "Déméter i5 qui elle accord ses faveurs « dans le sillon trois fois labouré, :, devenant par cette union mère de Plu utos, L ,ti gorir de ce a_ 4-lb,.t, gdll.tsi cale localise en Cade, est on ne peut , p l u s .s transiparente e «;st, traduite ers action, I épithète de Déméter HftkouroiliiEnpa "; sous l'action du. laboureur, qui ouvre son scie et y répand le grain, le terre féconde enfante la richesse'''. Aussi, tandis que la renommée de cir s'oblitère rapidement, tandis que mies de. perd son aspect originaire e pers (pion du lli pour se transformer en un héros 10, ,' ii . E une sosie d'hiérookrante ambulant'le na tPi-0 cite ,Bote_"t, , est mère de Plantas se maintient chu-_ les ,lottes et chez lest artistes°° fiusius . Déméter eii Nous reproduisons ici (rl ehnbrassee-atent', de Célé. pour avoir pa 1, des ; üns de sa fille '3 rare bien elle a pour amant e ~eurle Méo-,a i 41 eS ensuite changé en pavot'»„ Dans e dernier récit, 1.,, amours de la issue funeste pour le ru 1r-tel appelle a dis de m. Uan la fable de E Pur sous e, roue que nous latrouvons dans I'(idÿt_■ et, . Zeus châtie l,e'.trucs dut héros citess .mortelle en le frappant de sa foudre, Est-ce, dans a pensé fondamentale du mythe, simplement l'effet d'une t't, du maître de l'Oly._,pe, qua est, lui' aussi, épris de entrevoit i un=e idée ririSS profonde_ le sens e terreur ,',-Lac a l'admiration qu'inspira l'audace d ; premier agriculteurs. 1, osaient lai' inter-venir I'a.e" t.},te de l'industrie ltunl-tir dans l.a sucee".ficalh, jusque la fatale et idcpea,i'u tedel'homme ''.:S' E d`'sdes iroCaietrun-de la irai, "r. PC' nits se ;bla tiffe orne rt de la puissance, c,-,; biribi, et ;-CLte 01: i e1'. :mm" elle de irouiéthgeesielle ,,,PdiIteu:llea e -der. }roi n€'s d rait attirer 1 etr:i jalousie i vn are appelle IL skd:-u r_dieux 01vshipiens.'Pour 'c,rcer le, terre è, se i iii de que cite Athénée '. moissons, avant de répandre la semence ..imans soue sein, H var bar, re ief de, la fallait l'ouvrir violemmerq avec soc, de la charrue. De i., lia conception que, si le prr 11,1 C' lailoiit t 1: i -a. Pte 1 mante de la terre féconde, ii i. l'a possédée que par for qu'il lui a imposé les embrassements _ d'où est né. Ploutos e que ,ours ont été une entreprise violent et par certains saeritège, qui devait excitela ., , ou de la i i ,, 0U etmtre5 d,cti7., mitrailler rr , , ibie, Ail ,;pl _fue -tirer- deiilégende, Meir. .' _e ou-ététes Orphie, :anse un violateur: laie. qui a. in ii "-e lt e'i ,O; [s.. ct. xi quel es, eux-mêmes ni peu-verni si. -, le let,' de Dé oc cri ai labos lt violenee, les rat ._":. 3 ertts'I erses de :eus ou de Fos idun sur sa chasteté sent toujours suivies d'une période où la déesse s'absorbe dans la fureur et aras te deuil, emblème trac-3laa ,t rte t , isor( de siée... lité apparente qui s'écoule entre le temps I c _:.i Lit u5ineneo, â l'automne, celui oie .,turc( ,. i_ in 'sl à i nitre a`.'' pr être Carie contraction .de devoir son origine au fac:on or à une histoire .em plusieurs -variantes. Cm silos cit. ris ques connue le, fils d., Déméter .. Dvsdoil.''`':tans d'autres rdcit adopte pur le t ~ry1, XL..\JX, 4" '.c. ,n. 4).. du culte portion et le sens iMymologi que ii ineo zt sta6.ie°' ect. col. enpersr;anili 1,,. dans a 1entreprise v10 leil a entreprise devait être i l 'o .reine rria,ta.. e iFiïe ..elle de, Iasion, , ±pis plie, tai cBe dans ri, ,t_,il tell L . lla.. aï,.:,l. 3.crivit l,; premier , tel rue nous fe bisons chez des plu. D-'ttenne, bi. ur -: 1V comme la e on noua l'indique d'un qui fend ïa: .;tare, Uïiré i r 71r,e , Ï'Au aiiè ,tif 5 . fi est cruelle '.Bisa e Déméter, Cette CER é:LE Ga'ler'ie de Florence'', qui représenta, sûrement Déméter avec l'enfant 'loures. Une pierre ,gravée dei menue musée %;1 it ;soi cet enfant divin Dieseiitu,n, . :,altérer assise la e,orti,'iile pleine d'épis qu'Hesycihius appelle des céréales. ii Sur un célèbre capée`,1 Ploutos, 'toujours sous caractérisé par la cerne d'onuan , placé , -tîa ,1C le Déméter d' Éleusis, iserlrard" M. t M. Overbeck' ont établi tes caractères auxquels on peut reconr.aîlre avec certitude sic ii udc etcdis de sert% ables associations. Le surnom de la ïré té. ; :xd1 i it ur opi sera t xr 5(511 d le tir elcius,nicn la .fées.,,, se litre aux va osais, F, t3S "t' '68171 i _e ti -5t u don, t' par 1C roi. acte d ! rpt des .a ues , _eus, bien eu t ' i t. 11, 3411. l' Luetat. z.W-. ete, fa Caea . aussi appelée au,w , (0ra,, 165 Heeuk, ?"etc, u, i, p. 33et s ; Lmodo, . D. s, t, p. 757 Aerian, op Ers:.. ,.r., Go.. c 734 a Iodate eo 61!s d L'i,.;-,; (Pans. 1, 5, , 11, 1, ou de Lao; (G_(Pau,•1\, ZC, w.) _ 755 X6, 5o, 5 Lest-un-h. 1871, p G, O-arti,, 4,0,, e eu. docile *n., plut-, no 2.-i:" Go ri . relu G( ii t. n Y ti ?Y, as 7, laie .u cabinet de E , ,_. a,-ad, me a,. li;:W ~. pl. .-t, ai 4.. Fi, p1, e,, ,Cite, ''Si',-' et C. re,d, au .x r 1 xF.a lF :i, t. ope 15; i., 10. 776 C.. rendu de CER 1039 -CER Callimaque 586 et chez Ovide 568. elle devient un acte ordinaire d'impiété. Érysichthon, fils de Triopas, y est un prince thessalien, qui, pour bâtir une salle de son palais, entreprend de faire couper un bois sacré de Déméter, et y persiste malgré l'apparition de la déesse, qui lui interdit de poursuivre son oeuvre. Alors Déméter le châtie en le frappant d'une faim féroce et inassouvissable, o ùoav, ;foutpoicztç, ou7rervx687, à laquelle la faculté de métamorphose indéfinie de sa fille Mestrae88 ne parvient pas à porter remède, et dans les tortures de laquelle il finit parse dévorer lui-même. C'est la forme de vengeance qui appartient naturellement à la déesse dont la nourriture est le bienfait et la fonction. Elle châtie Érysichthon par la faim, comme elle donne à Pandarée de pouvoir manger indéfiniment sans être incommodé 889. En Sicile, on honorait `ASri:payis, la fringale personnifiée, comme ministre des colères de Déméter `90. D'autres versions substituent Triopas à Érysichthon, dans son crime et dans sa punition G91 ou bieci disent que l'Ophiuchos sidéral est Triopas, que Déméter a fait mourir de la piqûre d'un serpent, à cause de son impiété Mais, en même temps, il est toute une famille de récits où Triopas apparaît, au contraire, comme un missionnaire du culte de Déméter dans les temps héroïques. C'est lui qui fonde la ville de Cnide 593 et sa religion Triopienne des Grandes Déesses [sect. ix] o9`, de même qu'on attribue à Pélasgos, fils de Triopas, l'établissement du temple deDéméter Pelasgis à Argos 59'. Il est vrai que les traditions de l'Argolide attribuaient, un autre père qu'Érysichthon à leur Triopas. Mais il ne faut pas, comme l'ont très bien vu Ottfried Millier °96 et Preller 597, attacher plus d'importance qu'elles n'en méritent à ces variations de généalogies. Ainsi, quand il s'agit de Triopas comme fondateur de Cnide et de son culte, on le fait tantôt venir du pays de Dôtion, tantôt on le rattache en tant que fils au roi d'Athènes Érysichthon, donné pour né de Pau tochthone Cécrops'. Dans les traditions de l'Attique, Érysichthon n'est plus représenté comme l'ennemi qui s'attaque à Déméter; on ne raconte, du reste, que peu de choses de lui, si ce n'est qu'il est mort en ramenant la Théorie de Délos à Athènes et qu'il a été enterré à Prasire, dans le temple d'Apollon 599, ce qui rappelle l'association d'Apollon aux Grandes Déesses dans la religion Triopienne de Cnide, et aussi dans un temple de l'Attique, sur la Voie Sacrée d'Éleusis 609. Et ce qui relie étroitement l'Érysich-thon athénien à son homonyme thessalien, ce qui empêche d'en faire deux personnages absolument distincts, c'est qu'on donne pour compagnon au premier un héros Pyrrhacos eu', dont le nom est certainement en rapport avec celui de la colline t'yrrhaia E0'dans la plaine de Dû-fion. Il est remarquable de voir les deux personnages d'Érysichthon et de lasion se transformer de la même manière en revêtant Fun et l'autre une variété d'aspects qui semblent au premier abord absolument contradictoires entre eux. C'est une forte présomption pour penser que leurs deux légendes étaient originairement la même, sauf qu'en Crète le héros était appelé 'laxtndv, le semeur, et en Thessalie 'Gpvc(s'wv, le laboureur, IV. Les Grecs distinguaient deux formes de la nourriture végétale, les céréales et légumes et les fruits des arbres, lg'x'4aptot xxo°Iol. et t'iéXtvot xeyaol, constituant ce qu'ils appelaient ir,pà vpo'p'r, et iiypà Tpuax 803, les premiers étaient attribués à Déméter, les seconds constituaient par excellence le domaine de Dionysos eo4 [Bss.ecnus, sect. xl. Mais il finit par s'établir une certaine confusion, un empiètement réciproque entre les attributions de ces deux divinités, associées de bonne heure, et sans aucune intention mystique, dans certaines fêtes purement agrairesï comme les nxnoa 803 et les 1aALVsrx 808. De même que Dionysos est devenu le dieu de toute agriculture et même l'inventeur de la charrue, Déméter est quelquefois représentée comme la productrice des fruit, des araires, aussi bien crue des céréales, Sur la Voie Sacrée d'Éleusis, au lieu dit le Figuier Sacré 8D7, on prétendait que la déesse avait été reçue par Phptalos, le planteur, et avait payé son hospitalité en lui donnant le plant du premier figuier qui eût été cultivé par les hommes 605; et la même légende paraît avoir existé à Byzance 609 où elle avait été portée par les coloris tdégariens. Pourtant, le figuier est d'ordinaire, par excellence, un arbre de Dionysos [uxccnue. sent_ x,'1 Et ce n'est pas l'unique cas un les épithètes de f hi e ter à ce genre de production, Dans la procession du calathos, décrite par Callimaque, on lui adresse l'invocation tçéreis Même quelquefois les raisins sont comptés parmi les attributs de Déméter Oit, empiètement sur le domaine le plus propre de Dionysos, avec lequel elle est honorée dans la fête attique des llporeth x81 préliminaire it la vendange. La Déméter l[aatopior's de Mégare ^13 et de ses colonies, Sélinonte 614 et Byzance, était originairement la déesse productrice des Colonies , tes ;xxàa de l'invocation que nous venons de citer. On n'en saurait douter quand on voit qu'a Byzance le rois Jfalolllisrics, nommé d'après sa. fête, correspondait à septembre 618 c'est--àdire était le mois de la maturité des fruits. Mais ensuite les Mégariens, profitant du double sens qui s'attachait CES? 9040 CEF! au mot Î.Ci,)rz, gê:7,x, entendirent leur DTalophoros comme une protectrice des troupeaux de moutons, et c'est cette explication que recueillit chez eux et enregistra Pausanias 617. Un passage de Lucien 616 semble attribuer à Déméter, et non plus à Dionysos, le don de la première vigne à lcarios. De même, Pline 619 représente Eumolpe, l'hiérophante de Déméter, l'instituteur des mystères d'Eleusis [ELEusrri, sect. 1], comme ayant été aussi le créateur de la viticulture et de l'élève des arbres fruitiers en Attique. Cette donnée doit être empruntée aux lïâzpta iugoaRsi v d'Eleusis 620, qui constituaient comme un très antique code agraire, extrêmement vénéré des Athéniens. Ce livre, auquel se réfèrent Cicéron et Varron, contenait aussi des préceptes pour l'élève des bestiaux 627. En effet, la protection de Déméter était aussi censée s'étendre à cette branche de l'agriculture. rl;éee;t [4aaç, lui dit l'invocation rapportée par Callimaque, et le boeuf est, en effet, un animal particulièrement cher à la déesse "3, « car c'est par son moyen, par son travail, qu'elle assure la production des dons qu'elle fait aux hommes 623 „ Ici l'on peut rappeler encore la Déméter Tauropolo.s de Copac en Béotie 624, et surtout celle que représente une pierre gravée de la collection de Stosch 623, assise sur une tête de taureau, tenant d'une main des épis et de l'autre une tête de bélier. C'est là le seul moment qui nous offre la déesse Malophoros entendue au sens de protectrice du petit bétail ; car les monnaies de Pagæ de Mégaride, où Eckbelti26 avait cru reconnaître cette forme de Déméter, avec un mouton près d'elle, offrent en réalité l'image d'Artémis Soteira, la déesse spéciale de la ville 627, accompagnée d'une biche 628. Au contraire, la représentation de la Déméter Malophoros portant des pommes comme attribut caractéristique, est bien connue dans les monuments 622. Une pierre gravée du Cabinet de Berlin 63° montre une Déméter assise entre un cheval, qui vient manger les épis du Calathos déposé aux pieds de, la déesse, et un mulet derrière elle. Elle apparaît ainsi comme une divinité qui préside aux bêtes de trait et de somme. Il est bon de ne pas oublier ici que, dans certains mythes, Déméter revêt la forme d'une cavale et est mère du cheval Arion 621 [sect. x] ; ceci devait conduire nécessairement à lui attribuer un intérêt tutélaire pour la race chevaline 6320 A Phigalie, le sacrifice a Déméter était non sanglant et consistait à déposer devant sa statue des épis, des fruits, des raisins, des rayons de miel et de la laine fraîchement tondue, en arrosant le tout d'huile 633 Nous avons, dans cette offrande rituelle, la réunion des prémices de toutes les productions agricoles, du règne animal et du règne végétal, qui étaient spécialement regardées comme dues aux bienfaits de la déesse. Libanius, dans ses discours adressés à l'empereur "°, raconte que, lorsqu'a la suite des édits de Théodose, des troupes de moines se répandirent dans les campagnes de la Syrie hellénisée, transportées d'ardeur religieuse et abattant partout les temples, les paysans tombèrent dans un accès de sombre désespoir et dans beaucoup d'endroits refusèrent de cultiver davantage leurs champs, se mirent même à les dévaster dans leur fureur. La destruction des temples, disaient-ils, enlevait toute espérance pour la prospérité des hommes, de leurs femmes et de leurs enfants, de leurs troupeaux, de leurs semailles et de leurs plantations ; ce n'était plus la peine de s'épuiser de fatigue dans les travaux de l'agriculture, puisqu'on leur enlevait les dieux qui bénissaient ces travaux et les faisaient réussir. On sent dans ce tableau le pinceau d'un vieux païen, que rien n'ébranle dans sa fidélité aux anciennes croyances, mais on doit y reconnaître aussi un écho exact de l'attachement passionné des populations rurales à leurs divinités agraires, et spécialement à Déméter, dont les attributions embrassaient précisément tout ce qu'énumère Libanius , Déjà les habitants d'Enna accusaient Verres d'avoir détruit la fertilité de leurs campagnes en enlevant la statue de Déméter 633° Et des vestiges de ces idées ont persisté jusqu'à nos jours chez les populations de la Grèce 636 V. Libanius range les enfants des hommes au nombre des créatures que la destruction des temples des divinités agraires vient destituer de toute protection céleste. En effet, cette protection des enfants est un des rôles essentiels de Déméter. Elle est une déesse vr'erèot,iCér,ç 337 et xovpo'rpé oç 338 par excellence. C'est un résultat de sa conception originaire comme déesse-Terre, qui en fait, comme nous l'avons déjà vu [sect. nr], la mère universelle, v s,sg3vvEtpa bas et la nourrice de tous les êtres. « La ferre est mère et nourrice, » c'est elle qui nourrit les hommes dans leur enfance, quand ils rampent encore sur son sein 640. Mère universelle, 770169 tX'{ITgp 060 7tiagpr;TEtpa "2, 7iti.tg'r 4,va43 elle a produit les premiers hommes ""'°, xµai.'fr67 0i«Opo9XO1 61'6 Elle a enfante à la fois les mortels et leur nourriture"6; » «féconde, elle nourrit les oiseaux, Ies animaux et les enfants des boulines e' » Gê est donc adorée à Athènes sous le nom de Kourotrophos "48, an triple titre de sa maternité par rapport à la jeune Déméter Chloé qu'on lui associe, de sa qualité de mère ou de nourrice d'ERICUrHONr06, l'autochthone attique, qui, dit déguisement humain, la nourrice des fils de rois pieux et justes, qu'elle élève pour devenir les restaurateurs de leurs cités 6'7. C'est ainsi qu'à Éleusis elle élève Démophon 6"9 le fils de Céléos, auquel les versions postérieures substituent Triptolème 6'6, et qu'à Sicyone elle est la nourrice d'Orthopolis, le fils de Plemnaios 660 Par suite, Déméter appelle à elle les petits enfants; ils sont reçus comme les hommes faits à ses initiations d'Éleusis 651 [ELEusirtnA, sect. rv], où un rôle capital était attribué rituellement dans les cérémonies mystérieuses à un ou deux enfants 663, les'pavi;OEv'rsc «:p'cehc. Toute la conception de cette déesse respire un caractère essentiel de maternité, que son nom même exprime, et qui est le trait par excellence qui la distingue d Hestia [VESTA], avec laquelle elle prend autrement plus d'un rapport, comme protectrice du foyer domestique 663 Dans l'éducation de Démophon [sect. x], telle qu'elle est déjà racontée par l'hymne homérique, Déméter place chaque nuit son nourrisson au milieu des flammes pour anéantir toutes les parties périssables de sa nature et le CER -I O'ii, I 8;E R Lucien m, « poussa de terre comme un légume, u enfin de l'attrihntion plus générale qu'exprime un des hymnes de la collection homérique en disant à cette déesse : tv «A ehthonios seul que la légende mythologique présente comme un nourrisson de Gê ; d'antres héros sont aussi dans le même cas s"I par exemple Pélasgos 6' Pour Déméter aussi, la qualification de Kourgl oplios a un double sens : une signification mythologique spéciale en rapport avec la maternité divine que l'on prèle à cette immortelle et dont nous parlerons bientôt sect. viii et x'", spécialememt avec sa maternité mystique d'Iacchus 6'3; une signification plus générale de nourrice universelle et de protectrice des petits enfants 6''. Des figurines da terre cuite que l'on a trouvées par grands dépôts en certains endroits, par exemple à Pa'stum `J5, représentent la déesse (fig. 12971) portant '--[[) dans les plis de son manteau son nourrisson divin, mais elles ont le caractère certain d'ex-motos offerts par les mères en reconnaissance d'avoir obtenu des enfants par la Il grâce de la déesse ou pour attirer I sur eux sa protection 6'6. Aussi la légende mythologique montre-tpl ; ~, elle Déméter, dans ses voyages sur la terre, se faisant, sous un II. faire parvenir au privilège de l'immortalité 601et e e:,,t l'aveuglement de la. mère qui empêche 11 déesse de terminer ici son sr'usre. A Sicyone, l'enfant qu'elle élime semble voué, comme ses aînés, à une mort certain: faut la puissance bienfaisante de Déméter pour un jeune homme fort et vigoureux, malgré te .'; les augures. En effet, Déméter n'est pas seulement ln qui accueille favorablementles prières, AVTCiii tectrice, Ilpoccacta te elle est aussi une déesse Y1-tapa 567 une des divinités guérisseuses e médicales de même que Gê, qui manifeste ce pouvoir dans ia production des herbes nié s[1 l iules '0. Gè et péméte sont associées dans fa pess sti,:'n de la source fatidique de Patrie, qui annonce 1 t des malades 670, o gramme d'Antipater' "1 mentionne une gnéristtn lièvre par Déméter ; un bas-relief de t' Bill Thrace se rapporte à un voeu qui lui a été recouvrer la vue 6 1. Plusieur's inscriptions unis le même hm-nt-nage Déméter Chiha.ua et A même association existait dans les cultes di de Clitor S7' et de Mégalopolis 116, ainsi que dans i ries premières journées des Grandes lileusinies ['l lSis, sect. vil Dans le Taygète, en Laconie, un temple de Dé Inéter s'élève sur l'endroit où l'on dit qu'Aecl pios r miché et guéri Iléraclès 6 . (Test la déesse elr mi m ai révélé les vertus curatives du pavot, l'une de ses plat ;ras sacrées et elle a été lit première à is faire u ag6`., pour guérir Triptolème r-8. L'apparition de cette plate pour la première fois, à Sicyone, est sûrement en rap port avec l'éducation et la guérison du jeune Orthopolis'L'oracle de la fontaine de Patrie est le seul crue nous voyons attaché à un lieu de culte de Démneter, Eues s', .fans cet endroit, avec l'association de divinités qu'on , il est probable que c'est à Gê ou Gaea qu'appas cialement la puissance fatidique, car les orantes dernière déesse sont fréquents en Grèce 660 [TELLES]. .N'Ous ne saurions donc, avec Gerhard691, ranger Déméter paria les divinités proprement mantiques, bien qu'on lui attribue l'invention de la divination populaire des éuolta s,G;66o7,0 IDLVINATio]• consistant à donner un sens augural s, tontes les paroles que l'on entend par hasard, à tontes les rencontres fortuites que l'on fait en chemin. On dit, t r Put; qu'elle a eu la première recours à ce moyen prise savoir quelque chose du sort de sa fille enlevée 682 VI. Nous venons de voir Déméter nourricière et proiec trice des jeunes enfants. Envisageons-la maintenant sous son aspect d'institutrice du mariage. C'est une des efrit' butions les plus importantes de la déesse, celle lui est essentiellement exprimée par son surnom de 1'hPse„ap11o CER 1042 CER nos, traduit en latin Legifera 683 et dont les épithètes de variantes. C'est Déméter qui a établi le mariage 687 en l'élevant à la hauteur d'une loi sacrée et en faisant passer la femme, de sa position primitive de simple concubine sans honneurs et sans droits, au rang d'épouse légitime 685. Tel est le sens sous lequel est envisagé le lien conjugal", lorsque, dès les époques les plus anciennes, on lui applique spécialement le terme de toagbç 690, qui désigne au propre un droit et un précepte sacré, jus sacrum 691 ; il est le 7tâtptoç 8ealoèç qu'à Athènes la prêtresse de Déméter donnait aux nouveaux mariés enfermés dans la chambre nuptiale 693. Car, dans cette cité, elle demeure toujours la déesse des mariages et n'est jamais supplantée par Héra, divinité d'introduction plus récente, dans ce rôle 696, qui en beaucoup d'autres endroits appartient à l'épouse de Zeus [.loxo]. C'est conformément à la tradition des poètes attiques que Virgile 695 fait offrir par Didon le sacrifice nuptial à Ceres legafera, Les jeunes tilles athéniennes priaient Déméter pour obtenir un époux 696; les femmes juraient par les déesses d'Éleusis qu'elles étaient restées fidèles à la foi conjugale697. C'esttout spécialementle tsagèç nuptial qui est attribué à la Déméter osagotpdpoç et dont l'institution est commémorée dans ïa fête des Thesmophories, célébrée dans tant de parties de la Grèce, et à Athènes en particulier, avec une solennité qui dépasse celle de la même cérémonie dans les autres contrées 698. Nous n'entrerons pas ici dans le détail des cérémonies de cette fête dans les différents lieux où on la faisait [THESï drornorus].Notons seulement que son caractère essentiel était l'exclusion absolue des hommes 899, comme dans les fêtes de la COMA DEA de Rome. Les hommes faisaient tous les frais des Thesmophories 700, mais ils en étaient écartés de la façon la plus sévère. C'était la fête exclusive des femmes, qui venaient appeler la bénédiction de la déesse sur leur union, et l'honorer spécialement pour leur avoir donné leur rang légitime dans l'association conjugale. Aussi les matrones y étaient-elles seules admises, et non les courtisanes 701, Les principaux rites des Thesmophories, les invocations liturgiques qu'on y prononçait et qui s'adressaient en partie aux Dol yaiv.r,aaot70`, étaient en rapport avec l'institution du mariage. De là la légende qui représentait les matrones athéniennes sauvées des embûches des pirates par Hyménée, leur protecteur naturel, un jour qu'elles allaient faire une partie des cérémunies de la fête à Halimonte et au cap Colias 7°6 Des raisons de deux ordres différents, l'un moral et l'autre physique, avaient conduit à faire ainsi de Déméter, de la déesse de l'agriculture, la divinité institutrice du mariage, une divinité à laquelle la tourterelle était consacrée comme l'oiseau qui s'associe en couples indissolubles 704. En enseignant aux hommes la culture de la terre, Déméter avait fait cesser la promiscuité sauvage; elle avait fixé les humains errants et sans lois comme des bêtes fauves 705; elle les avait amenés à prendre des demeures fixes et à se créer des familles régulières, première base de toute société. Fondant ainsi la famille, à laquelle elle fournissait ses moyens de subsistance, elle était devenue la protectrice du foyer domestique, celle qui y réside, `En'rtovioç 700, la gardienne du lien conjugal, veillant sur les rapports de l'époux et de l'épouse, sur la naissance et la croissance de leurs enfants. Voilà pour le côté moral, Pour ce qui est du côté physique, une métaphore toute naturelle, et qui s'est partout présentée de même à l'esprit des peuples primitifs, est celle qui consiste à assimiler le rôle du mari dans l'acte qui perpétue la famille à celui du laboureur et du semeur, le rôle de la femme à celui de la terre qui reçoit la semence. De là le fameux oracle donné à Laios . IvL~ tuelle des mariages athéniens, €-o'âpé'rts 7caiSwv yvénimv 708, et tant d'autres expressions des écrivains grecs, basées sur la même figure X09 « Ce n'est pas la terre, dit de son côté Platon 710, qui imite la femme dans sa grossesse et dans son enfantement; c'est la femme qui se modèle sur l'exemple de la terre 711. » Déméter, comme la terre envisagée sous le point de vue de la production agraire, est donc devenue la déesse du mariage, en tant qu'institution ayant pour objet la procréation d'enfants légitimes712 ; sa maternité universelle est le type de la maternité de l'épouse. C'est à elle que le mariage doit sa fécondité, et elle arrive même à être considérée comme une déesse obstétrice, en tant qu' Eotavaag€vq 715. Le mariage br'ixpDrf aailwv yoT,afmv est celui qu'ont en vue les Thesmophories. Plus d'un symbole y fait allusion, avec une singulière crudité, à la fécondité de l'union conjugale 717. En même temps que Déméter et sa fille, qui sont toujours associées dans cette fête comme « les deux Thesmophores, m OsogoT.mpoa 715, on y invoque à Athènes des divinités dont le none est bien significatif, Gê Kourotrophos et Calligeneia 716, « celle qui donne de beaux enfants ». Cette ('e11igeitoa tient aussi sa place dans les Thesmophories d'Érétrie d'Eubée7l", et une inscription d'Acrae, en Sicile, lui est dédiée 718. Alciphron appelle même le Thesmophorion, temple de Calligeneia71°, et une des journées de la fête attique recevait le nom de Kaaatyâveta [TlESntornolIA]. C'est CER 043 --: R là d'abord un surnom de Déméter 7'6, synonyme de celui d'$yyxotta:, qui lui est donné comme mère de Perséphoné, a la belle enfant » par excellence, xa)3,1si t5 6sâ ''. On fait ensuite de Calligeneia un génie femelle distinct, ôxtl3wv, un ministre, rrpdneaoç, de Déméter 423 que Nonnos représente comme la nourrice de Perséphoné 7=°. D'autres enfin voient dans Cailigeneia la fille même de Déméter, une forme de Perséphoné 7". Quoi qu'il en soit, l'idée que ce nom exprime est la même qui a fait introduire des concours de Beauté féminine en rapport avec les Thes-mophories, à. Basilis en Arcadie 726, et d'autres dans le culte de Déméter Pylaia, aux Thermopyles r", comme il y en avait de consacrés à Héra7u, autre déesse des mariages. Il importe encore de considérer l'époque constante où ont lieu les Thesmophories, en quelque endroit que nous les trouvions établies ; cette fête de l'union conjugale et de sa fécondité se célèbre au moment des semailles 7', et certainement une pareille coïncidence a été hautement significative dans la pensée de ses instituteurs 736. Rappelons que les divinités auxquelles on offrait le sacrifice des PIIOTELEIA dans les noces grecques, Héra, Artémis et les Moirai "11, étaient à cette occasion nommées 0E01 rporpdstot 73', de même que celles à qui l'on offrait le sacrifice des PF.OEROSIA avant les labours. Mais si le lien conjugal était par excellence le Oseg.sç établi par Déméter Thestnophoros, celui qui tenait la première place dans les rites des Thesmophoria, il ne fautpourtant pas exclure, comme Pont fait trop facilement Preller et à`Telcker, un point de vue plus large, et dans l'institution de la fête et dans la qualification de la déesse. Sans doute il y a une distinction à faire entre tscgèç et vd;zoç, et le premier de ces deux mots n'est en aucune façon le terme propre pour désigner les lois écrites d'un caractère politique et civil i3S. Mais Oto stg n'est pas, pour cela, restreint à la loi du mariage ; c'est proprement le précepte, la règle, et en particulier ce terme s'applique à tout ce qui constitue le jus sacrum 73.. Les prescriptions légales revêtues d'un caractère sacré recevaient donc le nom de 8e.sirol en même temps que celui de vdp,ot ; on appliquait, par exemple, cette expression aux lois de Dracon et Solon s'en scsI en parlant des siennes propres "". C'est dans ce sens q' Héraclide d Syracuse avait écrit .p sol BESpiii 7,37. On devait donc considérer comme de véritables CIEsp.o ^yri.er,-pog les préceptes fondamentaux de la constitution de la. famille et de la vie civilisée, née immédiatement de l'établissement de l'agriculture suivant le système de philosophie de l'histoire universellement admis des Grecs 774. L'homme, disait-on 73s est un tIPiov z,p.Epov, à.. cause de son f u:po; apo.ss . En donnant ses fruits aux hommes, Déméter a fait qu'ils n'ont plus vécu comme des bêtes t"; ces fruits sont la cause qui fait vivre sous des lois régulières (vo(rti,swg ti"v) 'i»I. Aussi les Athéniens se vantaient-ils de ce que le froment et les lois avaient été in ventés en même temps dans leur pays, supn,c +s.: rsps ; irai vo;aou, ris. Ces préceptes fondamentaux de £ t vie agricole et civilisée constituaient ce que l'on app stf a .:i hunes. « les lois de Triptolème n, (oust; à Éleus's', daias le temple du héros. Porphyre, qui pr' Xénocrete des vôwo: IFAT0a ou, en cite tr , « Honorer ses parents ; offrir aux dieux les pas maltraiter les animaux doute iql. cotte nous a été conservé comme e' ue par Déméter elle-même et semble .eé par Sophocle dans sa tragédie de T1 tTito o c+,t esspinr£ exactement au biblique : « 'u mangeius ton gain la sueur de ton front 3. n els sont les vôpot, véritables t.t qui faisaient compter Triptolème les A'i'» .eus comme leur s plus ancien legtslateu, ° e tl sont te tris que, chez les écrivains latins, i 111 av" tituées 747 en même temps qu'elle et il ne faut, pas voir ira, avec .Preile. ', un fort acceptable une expression grecque, Dopai n(A Il My a donc pas de raison crieuse de rejeter, o i Sr ie l'a fait Pr iller 7", et comme on l'a admis trop facii e nt d'après lui 76I le témoignage qui ait foriiseilnnae (titi l'on portait dans les ï'hesrnophori"_ te liure tDéméter, venu d'Éleusis "2. Ce taaeiimage est a;1 a plus croyable que le t; ousteen d_ _s "_ eut, (LE.monuments de Part, l'attribut canin. 'risti l c, t' Déte Thesrnophoros'13, Broensted °t a proposé de r. la déesse munie rie cet attribut dans une des du 6_3arthénon, e', cette con.lec'..ule. est] '';Ire ment certaine, offre une grande vralsemblance7". Nous reproduisons ici (fig. tdùt; , une peinture de vase oie _à figure de Dé:Bétel.' tenant le rouleau des lois vert t in contestable Elle y est asso ciée à Diolivsus, perce grue --'irn in] de x_. e o ssa«iso' est. t aussi attribué à ce dieu '' , non paso comme protecteur du mari... pas dans ses attributions), suais ._nn.ne a0.0 hommes les règles des sociétés et de. 720 il e s . v . ; , , , , Pr D u. P 3 . 5,0,, .r 1. , ii, p. 554. 3.31 M1 nn. Liunsls 5nl, 1 8 3 . 32 3i p. Oust. t 063. -'i 1lesyeh. et ..hot. s. S'h I A ,pl' 77resnis 299; tirs. 5V, la . O { ,,, i,i p. I s. ta .rit sot I ,u ut e personi I 3 A 3 1 0 i I u . 3 3 e Aie. 1 cool. p A ben. i i i , i x t iir 13, 151 t Sir Ami. ; 1. a 1, 3 ,. p. 009 ; f luis. t i t i , ' 9 , !i. Hess i . t . ,em.E d 72811 a 1 , 125 t'''' . . lat. O l t , 57 7, 6fae ..b. t . 11E , 1 2. Do H . i , j c •ends 737 gchol vie h. h 729 Curnut. Nat. dei,. 730 Preller, D. u. F. p. 337 et 35 des tables Se Ironie, où e lois é .:e. grasses hacrvi,. ~'..,. Welcsei l,r. Goett. t. n, p. 498. -Bt Poil., HI, 33. Pitt. Ails. Colot. 20. i, c. 749 D, ,c. F. p. 35L. 700 il, p iii. 31 M. .1u5e 33 _ 753 i i i iller, D. s . P. p. 350 et 352. 3, narpot, ües:ch. et Thorn. ]lao..c p '99} aeeepfc cependant 1 ' e ' t l,, ,s cette t 0355. 73i lier, D e. P. p. 335. 736 l'i'at/rd. SOI. 737 Ail, 034, [ h`. ' s t e h d, l' i le . H, i 399 note 173. 25. te 738 !triste. Polit. II 5 ; Dicaearch. ap. Sure De ire oust. r, 2 , u, 1 ; oo-. t _ . suer,, t. ii, p. 240 e t . ; . 3 'p radant it ela; , s , tc. 134 Prelier D. u_Y. p. 350 et 355. 73 Plat Sopir.. p, 222. --. 0 isocr. Pat,ep. yi 7 e rischtt i t i4 pl os , , ÉH. de tc i n e rI, L e s , , , , , ' es de 25. rirphyr. De aSst. I[ e2, p. tri. 12 ACis:ot. api D.og. Laërt. V, t, Ede, des ',,.osai.. ,.i.,« , ,. Ut, ri« 1 Oipta /-frai. /,I, CER 1044 CER réciproques [axccnuS, sect. x]. Un célèbre camée du Cabinet de France 768 montre Déméter portant le volumen, montée à côté de Triptolème 789 dans le char que traînent les serpents [TRIPTOLEMUS] ; c'est la réunion de Déméter OEap,oÿépoç et de Triptolème No5.oOÉiv1ç. Gerhard a très heureusement expliqué par ce que l'on dit de la procession des livres des lois de Déméter aux Thesmophories certaines figurines de terre cuite trouvées dans des dépôts d'ex-votos, tous relatifs au culte de la déesse, et qui représentent une femme portant un rouleau et un diptyque780. C'est donc à bon droit que Virgile 701 a traduit en Ceres Legifera la Déméter Thesmophoros des Grecs. Le titre de OEa;v.oydpoç exprime la notion de la déesse qui a apporté aux hommes les lois essentielles de la vie civilisée, qui veille sur leur maintien et en qui même, comme le rend plus spécialement l'épithète de Ozsµ(a, ces lois se personnifient. Ici il importe de bien fixer le berceau de cette forme de Déméter et de la fête des TIESMOPUORIA. Tout le monde, et avec raison, rejette ce que dit Hérodote 762 de leur prétendue origine égyptienne et de leur importation dans le Péloponnèse par les filles de Danaos. Sans doute même Welckeri63 a eu raison de ne pas regarder les Thesmophories comme une institution primitive et exclusivement pélasgique, et de contester ce qu'ajoute Hérodote que c'est en Arcadie que cette fête s'était perpétuée avec les autres usages religieux des Pélasges, après l'invasion dorienne. L'Arcadie, on a pu -le voir plus haut, est, au contraire, peut-être la partie de la Grèce où les Thesmophories à proprement parler se sont le moins naturalisées. Le peu de vestiges qu'on en rencontre dans cette contrée appartiennent certainement à la seconde couche du culte de Déméter, à celle qui n'y est pas originairement indigène. Les Thesmophories n'ont été introduites en Arcadie que tardivement, avec les Éleusinies, et elles y ont beaucoup moins réussi. Y avait-il dans le Péloponnèse avant l'invasion dorienne, ce qui justifierait dans une certaine mesure le dire d'Hérodote, des fêtes des femmes en l'honneur de Déméter institutrice du mariage? La chose n'est pas impossible; mais en tous cas ce n'étaient pas de vraies Thesmophories, en tant que celles-ci impliquent essentiellement la conception de la déesse comme législatrice de la famille et de la société, au sens à la fois le plus large et le plus précis de cette expression. Welcker paraît disposé à croire que c'est à Athènes qu'a pris naissance la conception de Déméter Thesmophoros et l'institution de sa fête. Il est vrai que c'est d'Athènes que cette institution a rayonné sur tous les pays ioniens ; c'est là que le rituel de la fête a revêtu sa forme définitive, à la suite d'une association intime avec les Éleusinies, dont l'esprit particulier les a désormais pénétrées et y a fait introduire des cérémonies directement empruntées aux traditions spéciales d'Éleusis. Il suffira de rappeler l'usage de précipiter dans des trous en terre de petits cochons vivants, en mémoire des porcs d'Eubuleus engloutis quand Pluton entraîna Perséphoné dans le sein de la terre 7d", rite auquel on pourrait cependant aussi attribuer une origine béotienne76S. Mais, à l'origine, la fête des Thesmophories, qui semble s'être d'abord établie seulement à Halimonte avant d'être admise à Athènes même 766 a été en Attique une importation étrangère. Les Athéniens eux-mêmes le reconnaissaient. Xénophon76" et Plutarque 7'8 attribuent l'origine des Thesmophories aux Cadméens de Thèbes et aux Géphyréens, qui leur sont intimement associés, qui vinrent, dit-on, s'établir de Béotie en Attique et auxquels Hérodote 709 rapporte l'introduction du culte de Déméter Achaia 770. Et cette dernière forrne de la déesse n'est pas sans rapport avec les Thesmophories, puisque la sorte de pain spécial qu'on y employait portait le nom d'xya vt1 771. Ainsi par la recherche du berceau où le culte Thesmophorien des Grandes Déesses a pris naissance, d'où il s'est propagé dans l'Attique et dans le reste de la Grèce, nous sommes conduits à Thèbes de Béotie, dont les traditions locales prétendaient montrer le plus antique temple de Déméter Thesmophoros, établi par le héros Cadmos dans sa propre maison "72. Comme l'a justement remarqué Preller 11a, il y a une signification profonde dans cette attribution de l'établissement du culte de la déesse Oeajv,opépoç ou législatrice à un héros dont le nom, Kââµoç, signifie « l'ordonnateur » [caRiRI, sect. 1v] et dont l'épouse est Ilarrnonia. Nous avons déjà [CABIAI, sect. vf] étudié, à la suite d'Ottfried Müller 7"4, le système de groupement et de hiérarchie des divinités poliades de Thèbes. Nous avons vu qu'il était entièrement cabirique et étroitement apparenté à celui de Samothrace, d'où la légende fait venir Cadmos en Béotie, puisque ce héros y figurait en qualité de ministre à demi divin, de 7tipdnoaoç des Grandes Déesses, tenant exactement la place du Cadmilos de Samothrace. Mais le Cadmilos ou Cadmos cabirique, nous l'avons aussi montré, est presque constamment assimilé à Hermès "'. Quand donc l'invocation solennelle des Thesmophories athéniennes 778, et aussi le sacrifice des 1HEHOPOEI à Éleusis dans un des jours des mystères"' [ELEUSINIA, sect. vi], sacrifice où le groupement des divinités honorées est manifestement emprunté au culte Thesmophorien 178, quand ces deux cérémonies plaçaient Hermès et les trois Charites en qualité de divinités ministres aux côtés des « deux Thesmophores, » les Thesmophories attiques conservaient fidèlement la construction cabirique de la religion de Thèbes, Hermès correspondant régulièrement à Cadmos "79 et les Charites à Harmonie 780. Maintenant, rien de plus complexe que le personnage de Cadmos, surtout à Thèbes; sa nature et sa physionomie se sont formées de traits fournis par deux personnages homony CER 1045 CER. mes, l'un purement pélasgique, l'autre incontestablement phénicien "81 [caumcs] ; et le lieu où s'est opérée cette fusion a été Thèbes, où l'influence cabirique de Samothrace est évidente 783 [cABIM, sect. vi] et où il est également impossible de révoquer en doute l'existence historique d'une colonie phénicienne, exerçant une action profonde sur la religion locale 788. Une des particularités les plusformellement phéniciennes de la légende de Cadmos est son hymen avec Harmonie. Ce nom appartient essentiellement au cycle mythologique de la Phénicie dans la traduction grecque de ses appellations indigènes 784. C'est une conception propre de la religion des Chananéens que celle d'une déesse Harmonie, Hhouscharth, qui préside à la loi constitutive de l'ordre de l'univers et des sociétés, en qui cette loi se personnifie même à tel point qu'on arrive à l'appeler Thot'ah, « la Loi, » ©ouptài) grTovoyaaOeiaa Xotlazeetç 7". Mais cette notion, introduite en Grèce par les Cadméens ou « Orientaux n établis à Thèbes, ne se reflète pas seulement dans le personnage héroïque d'Harmonie. Elle présente une singulière analogie avec celle de la Déméter Thesmophoros ou Thesmia, dont l'origine est précisément rapportée à Cadmos et à Harmonie. On serait donc en droit de supposer que cette forme spéciale de la Déméter pélasgique a pris naissance à Thèbes, par suite d'une influence de l'idée sémitico-chananéenne de la Thorah sacrée, éternelle et divine, que le terme de Oeap.îç traduirait mieux que tout autre en grec. Nous ne pouvons ici qu'indiquer ce point de vue. En dehors même de l'enchaînement d'idées qui avait développé la conception spéciale de la déesse Thesirmpltoros, un trait particulier des usages les plus antiques des populations de la Grèce avait conduit naturellement de très bonne heure à faire de Déméter la protectrice des plus grands actes de la vie civile, la déesse qui présidait aux assemblées populaires. « C'était, dit Aristote 786, l'habitude des anciens de tenir les assemblées fédérales et de célébrer les grands sacrifices nationaux au sortir de la moisson; car c'était le moment où les populations agricoles avaient leur temps libre. » Les assemblées tenues à ce moment s'ouvraient naturellement par un sacrifice d'actions de grâces à Déméter, dont on venait d'éprouver les bienfaits, et se mettaient ainsi sous son patronnage 757. C'est de cette façon que la réunion d'automne de l'Amphictyonie du Nord de la Grèce se tenait aux Thermopyles, à côté du temple et sous l'invocation de Déméter Pylaia ou Amphictyonis 786 [AblPHICTIONES]. A la même saison, les diètes fédérales des Achéens 789 avaient lieu à Aegion sous les auspices de Déméter Panachaaù 790 et de Zeus Homagyrios, et la même déesse présidait aussi, avec Zeus Homoloios, aux HOMOLOIA de la Béotie 791. A Athènes, avant l'ouverture de l'assemblée populaire, les PERISTLXBCHOI702 en purifiaient le local", arrosant les bancs en l'honneur de Déméter 784, du sang d'un porc immolé, victime habituelle des sacrifices en l'honneur de la déesse. Les IELIASTAE athéniens, en entrant en charge, prêtaient serment par Zeus, Athéné et Déméter 795, réunion de divinités où Zeus est le dieu Bouaaioç, Athéné la Poliade et Déméter la patronne de l'assemblée du peuple 796. Cet usage avait été établi par les lois de Dracon 797 Dans la grande solennité panthellénique des oLYMPIA, la prêtresse de Déméter Chamyné avait une place d'honneur pour assister aux jeux 798; et les statues des Grandes Déesses étaient érigées dans le gymnase d'Élis 799. Déméter et sa fille n'étaient pas absolument étrangères à la célébration des PANATHENAEA 800 ; le rhéteur Aristide Bat dit qu'elles y conduisent les chœurs en l'honneur d'Athéné, et ainsi se justifie leur présence dans le groupe central de divinités vers lequel se dirige la procession panathénaïque dans la frise du Parthénon Bos Institutrice de la civilisation en même temps que de l'agriculture , législatrice, présidant à l'assemblée (lu peuple et par suite au lien national, Déméter est une des déesses garantes des serments solennels 893. Elle n'apparaît pas seulement comme telle dans la prise de possession de la charge des héliastes, mais aussi dans l'usage syracusain de jurer, dans les grandes circonstances, par Déméter et Coré 80'` C'est elle qui a appris aux hommes à construire des villes (magnas condidit urées 805) ; aussi se montre-t-elle comme divinité poliade, présidant à la fondation même de la cité, dans un certain nombre de lieux, comme à Thèbes, à Phlionte, à Corinthe et à Mégare 896. De là sans doute l'épithète de 7upyo,pdpoç qui lui est quelquefois donnée 407, mais qui peut tenir aussi à l'assimilation qui se prononça de bonne heure entre Déméter et RHEA, et qui avait, d'ailleurs, sa racine dans le point de départ originaire commun de la conception de ces deux déesses. Cette assimilation est déjà en voie de se former dans l'hymne homérique à Déméter 808 et elle devient tout à fait formelle et complète chez les Orphiques 509. Elle fut un des échelons qui conduisirent à l'identification de Déméter avec CYBÈLE, la Mère des dieux phrygienne, identification dont nous avons déjà parlé plus haut [sect. u] et à laquelle se rapporte l'épithète de XaaxdxpoTO; attribuée par Pindare810 à la déesse dans le rôle de parèdre de Dionysos. Cette qualification, qui l'associe au fracas bruyant dont le dieu du vin aime à être toujours entouré [BACCHUS, sect. V], convient bien mieux à la nature orgiastique du culte de la Cybèle phrygienne qu'à celle de la Déméter hellénique. Et Por ? i ,-1046 ..,,_ CER ph reg' avait ben .,ii-,i .'1 différente fondamentale des dot c: und, s'appuyant sue la distinction de leur l'étendre ia..leur caractère moral, il dit t la terre montagneuse et sauvage, lie des plaines mises en culture, '-us '.ri revue les alti i3t_`;-ons de Déméter, veuf r 'ale e te astre, On a dia voir -r leu cea''~ alti milieu. des au per iona', cFui 3e L'ellénique, par sa pureté par caractère chaste et grave, .e bien tt s épithètes qui expriment une sem tiou et qui lui sont propres, cille du moins sa est seule à partager avec elle, rifla, tsrTxTryai ahcitr81, 1; ""' cette dernière qualification, qu'on trouve déjà cite Hésiode et chez Archiloque81`', étant spéciarztent?ni.e en apport; __tec le culte mystique de Dénat;r"'-6 Elle est aussi s ,:.r, comme sa file, et toutes le_deux réunies sont par excellence et absolument ai rcvxé`, Ge terme d., (t-g-:; a une haute ii,-pvr t,nce dans langage de la ï ,'' attique, où il est appliqué d'une manière spéciale .:.',tante tir tout ce ;tri appartient à la ligion (1'l'.louais, à, ses rites et à ses sanctuaires comme r ses divinit ' ", Il exprime la notion de quelque € t c t3 den particulièrement auguste et de saint, qui inspire un sentiment d vénération mêlé (le terreur, La même qualification est donnée à titre euphémique aux Erinj,,.s, qui même à l'Aréopage d' .thènes sont appelées ab sot_uruent al il semble dune que l'épithète de s ., eu .,E rio aT; f-" soit spécialement donnée à Déméter 1, rappel-1, aree son. caractère funèbre .'t inf"ernalf-' f2'ei1 i: 'Ste non occuper. expressions qui, en grec-, servent à d.ési.de xO iv s ti' tnl _aletnen : du s01 :clans ia conception première, de 1a terre divinisée, Déméter ut-t e devait par excellence appartenir ':r, que nous rai, lui voyons pas seulement ale ,ir'toni 8 nitii 0111 devient son appel., s culte d'Ilc t 'né". Elle s'iden i« et à ce point ol unaus où germe. par un( naturels des €? ,ri qui est tau-dessous de ce dent, les ombres des morts intiée à la terre. Elle personnifie, t''"re aussi bien que le :sol cultivable rue, et courue telle "etidentique à la,OGiv Elle l'-t ,ion_ ,'x "7 iIé i; en même t cette dernière quali_, nylon même plus en plus te sens (l'infernale Comme telle, Déméter est rangée dans la danse des dieux que l'on appelle aussi bien Di 'itô"nat °fque oi si), vto, 83`1 oi L'rl c lot 83'1. la_ ldermioné, Chthonia est associée à Cly'ménos, le même qu'4iadès, le roi des régions infernales et de l'empire des morts, couple correspondant exactement à celui que nous offre Hésiode ea6 de Déméter et de Zeus Chthonios, le même que le Zeus isanaeivtos des poésies homériques 8". Chez Euripide 838 l'expression de 70ôvtoç est employée pour désigner un mort. Le plus ancien mode de sépulture chez les Grecs fut l'inhumation, et non la crémation [ri'rtuua, SEPULTIitAj c'était celui de l'âge pélasgique. Les Athéniens en attribuaient, l'établissement à Cécrops 835; et même après que les lois de Solon eurent admis l'usage de brûler les corps 850, le rite plus ancien de les inhumer se maintint parallèlement, Les Athéniens avaient l'habitude de choisir suivant leurs idées ou leurs convenances personnelles la manière dont ils seraient enterrés Bai, et les fouilles de leurs tombeaux montrent que le plus souvent ce n était pas la crémation qu'ils préféraient, En cas d'inhumation, le corps était déposé en terre 8° 2, la tête tournée vers l'Occident, tandis que les Mégariens ne se préoccupaient pas de l'orientation du. cadavre dans la sépulture 843. Ainsi la terre engloutissait les hommes dans son sein après la mort, après leur avoir donné l'existence et les avoir nourris pendant leur vie 844; elle devient encore plus sainte quand elle leur donne la sainteté du sépulcre", qu'exprime l'épithète t'â'tvoç ` , laquelle appartient nu tombeau comme à la déesse chthonienne, Par rapport à l'homme, comme par rapport aux autres créatures, la tel-Te était celle qui produit tout et ensuite absorbe tout ce qu'elle a fait naître 2'. Lie là naquit ?'idée d'assigner aux mol°is pour demeure les entrailles du sol. Grê, par suite; est une déesse funèbre" iTmLÎL'S1, et certains des sacrifices qu'on lui offre ont le caractère d'une eum,rlémi'ation des morts8''9. Telle est, clans le culte attique, la fête des HORAIA, dont on attribue l'établissement à Er chthoei"s, et qui consiste en même temps dans des. vex•éa(a et dans une offrande des prémices des principaux fruits die sol". Du moment que se fut établie la distinction de Clé et de Déméter comme deux personnalités dire rentes, c'est Déméter qui, comme représentant plus spécialement le sol, far terme pour la dresse t. qui l'on confiait la dépouille des morts, pont celle qui gardait leurs ombres dans son sein, Pour exprimer ce rôle, on lui mettait, quelquefois dans la main, coma, à Gê "', la clef qui ferrite les demeures infernales ", la clef de l'coxoç eh sont parqués les morts, identiques à 1'o4C_s latin, auquel préside la Déméter IIeiicyn'x de Lébadée8'e, divinité e4 CEE 1047 CER sentiellement funèbre, dont Welcker 854 a justement assimilé le nom à celui d'Orcina 855. A Athènes, les morts inhumés dans la terre étaient qualifiés de A)iftiprlol, ceux qui appartiennent à Déméter 856. A Sparte, le douzième jour après le décès, les rites de deuil se terminaient par un sacrifice à cette déesse 8". Cicéron 856 nous apprend qu'un des plus anciens usages religieux de l'Attique faisait semer des grains sur la fosse funèbre. II faut rapprocher ici l'usage, introduit do la Grèce à Rome, du sacrifice de la porta praec(danea 859 ou praesentanea 8"°, immolée à Cérès en l'honneur des morts au moment de la moisson, et avec le sang de laquelle on purifiait la maison. Dans ces derniers rites, comme dans ceux des motu d'Athènes, en l'honneur de Gê, nous voyons apparaître l'idée de l'enchaînement du vaste ensemble de phénomènes qui font continuellement succéder la mort à la vie, puis la vie à la mort dans 1_e sein de la natureB81, phénomènes au milieu desquels l'homme se sentait lui-même emporté, et spécialement l'assimilation qui s'imposa de bonne heure à l'esprit, car nous la retrouvons chez des peuples très divers, en Égypte aussi bien qu'en Grèce 869, de la destinée humaine après la tombe avec celle du grain qui, déposé en terre, renaît en produisant une plante nouvelle. Cette notion était en germe dans la conception primitive, naturaliste et agraire, de la religion des Grandes Déesses. Entendue d'abord, suivant toutes les vraisemblances, au sens grossier d'une palingénésie purement terrestre, d'un retour à l'existence de ce monde, elle alla en se spiritualisant chaque jour davantage avec le progrès do la pensée religieuse, jusqu'à atteindre à la conception d'une véritable immortalité, d'une vie par delà la tombe. Ce fut le point de départ, la source de toute la mystique du culte de Déméter et de sa fille; ce fut l'essence même de leurs mystères, en particulier de ceux d'Éleusis, car c'est précisément l'application à la vie future des mérites des purifications et des sacrifices accomplis dans ces cérémonies, ainsi que de la science qu'on y acquérait, qui fut le véritable objet de leur instipalingénésie et d'immortalité est déjà empreinte partout dans l'hymne homérique à Déméter, et avec elle l'autre dogme, connexe et exprimé en termes formels "", de lr3 double destinée des âmes, du bonheur de celles des initiés et du malheur de celles des non-initiés. tt Voss et d'autres ont remarqué avec raison, dit Guigniaut 86', que, bien que Triptolème soit nommé deux fois dans l'hymne à Déméter parmi les princes d'Éleusis,il n'y est pas question de lui comme ayant le premier reçu de la déesse, puis communiqué aux hommes, de concert avec elle, le présent du blé. Tout au contraire, le blé est supposé préexistant en Attique, et le grand bienfait de Cérès, c'est l'institution de ses mystères par elle-même, avec le sens profond que révélaient leurs cérémonies et leurs mythes, en retour de l'hospitalité qu'elle avait trouvée dans la famille de Céléos Cette tradition implique, ainsi que les rites significatifs qui s'y liaient, tout au moins une vie nouvelle, sinon l'immortalité absolue de l'àme humaine. » Aussi est-ce dans les Éleusinies que le dogme de la vie divine après le trépas, de l'immortalité de Filme avec des récompenses et des peines, se développa principalement, avant que la philosophie ne s'en emparât indépendamment de la religion [ELEUsmNt', sect. vum]. De simple déesse funèbre, investie de ce rôle parce qu'elle était la terre qui reçoit dans son sein la dépouille des morts, Déméter devint ainsi, avec sa fille, la déesse des belles espérances 868 après le trépas 867, Mais ce rôle de divinité des morts, qui préside à leur nouvelle vie audelà du sépulcre, la typifie et en assure la béatitude, appartient en propre à la fille plutôt qu'à la mère, du moment qu'on eut admis leur dualité. Déméter n'est que rarement la déesse infernale, et cela dans quelques circonstances particulières qui persistent comme des vestiges d'un état de choses tout à fait primitif, antérieur à son dédoublement en un couple de mère et de fille, Dès que ce couple est formé, c'est Perséphoné-Coré qui est la reine des enfers, la déesse de l'autre vie. VIII. Avec la doctrine de panthéisme qui fait le fond de toutes les religions antiques, l'ensemble révolutoire de mort et de vie, dans lequel l'homme est entraîné par les lois fatales de la nature, n'est point distinct à ses yeux de la divinité elle-même Puisque la divinité est tout et que tout est divinité, celle-ci est la mort et la vie, la destruction et la reproduction , elle veut la dissolution et le renouvellement des êtres; elle-même, elle vit et elle meurt tour à tour. De là, pour les religions panthéistiques, une conséquence frappante; ce grand Tout qu'on adore, c'est la vie et la mort réunies; c'est à la fois l'être actif et la matière passive. Aussi clans le détail des mythes et des cérémonies de l'antiquité, la divinité occupe-t-elle tour à tour toutes les places, tantôt demandant des victimes, tantôt représentée comme une victime elle-même 888. Cette complication et cette variété d'aspects, au premier abord contradictoires, existent plus que partout ailleurs dans la conception d'une déesse l'erre, en qui se personnifie la nature féconde et productrice, embrassant, dans son essence et dans sa vie divine, tout le cycle des phénomènes de la vie universelle des êtres, avec ses vicissitudes périodiques et ses alternances. et La terre, sous beaucoup de noms et beaucoup de faces, est une seule forme, » dit Eschyle 868. On a pu voir combien la variété, et même dans une certaine mesure la contradiction des aspects et des attributions existe chez Déméter. Comme toutes les déesses de même nature, qui plongent également leurs racines dans les vieilles conceptions religieu CEE C0R , elle est e entieliement une déesse anis et à de as i. ni lestions "1, car suivant lt où on Fens, ante pesonnifi3 toujours à 11 °.ais la vie et la mort, la production et la destruction, ors la maternité primordiale et le renouvellement perpétuel des êtres qu'elle enfante. De là, comme pour toutes lies léesn e analogues et étroitement apparentées à elle dans 1 eigine, une tendante à décomposer son unité pris tin une dualité extérieure, où se marque la distille ses deux aspects fondamentaux, de ses deux Cette. décomposition d'une seule déesse en deux déesses s'opère (l diverses manières. Le premier procédé, celui qui dû se, présenter tout d'abord à l'esprit, est celui 'doublement pur et simple, qui place côte à. côte d,r..sses homonymes et pareilles, ou qui présente lient aux adoration:, deux images de la même di• P', représentant deux de ses aspects divers. C'est ainsi e, ire, nous avons une double ithéne ', une double Aphrodite °'3, une double Artémis 67w. De la même façon, dans h culte de Déméter, nous avons l'adoration paral li,., a itd et de i'JIi,,a!is à Syracuse B75, de la de la tlegalomazos en Béotie 8'6, de l' Andria e` de 1' sin à Trézène 87. Une variante du même proe,édé est celte qui amène à présenter, au lieu de Déméter, un sinople de deux déesses absolument pareilles entre ns désignées par des noms différents, entre 1c ;u elles on n'établit aucun lien de filiation et qui ont plu_;t l'apparence de soeurs que de mère et de fille, comme _Damna et H u.mësia en Crète, à Trézène, à Épidaure et à. Égine "'', Mais un procédé de dédoublement beaucoup plus fréquent est celui qui décompose la déesse, conçue d'abord comme unique et variable, en une dualité de mère et de fille g`9, exprimant par cette dernière forme la ni `:on du renouvellement perpétuel de la nature, que Vise, chez la déesse restée unique, le bain où minée Héra va reprendre sa virginité"' [Km)]. 151, avons déjà observé ce fait dans la conception et le développement de la déesse mère de la religion cabirique de Samothrace [caalnl, sect. TV~; nous le constaterons de'non mati dans les variations des légendes de l-a (venus .'tire "[vol aussi SAHfrzlus]. Il devient londamen . d:ms la religion de Déméter. Dès une extrême ltt, _ 981 bien antérieure à la composition des poésies P né iques U8' et telle que certains érudits, nomme Preller, ne semblent pas admettre la possibili e d t,ne, e -n:°;eptioir plus primitive de Déméter seule, cette déesse, presque partout où elle est honorée, se montre à. nous inséparable de l'adoration rendue en Inème temps è. une déesse qui est sa fille, Comme nous voirs dit iris haut [sect. 1], la seconde déesse de ce groupe indissoluble est appelée Kdpn, « la fille » par excellence, dénomination d'origine spécialement attique et éleusinieune, ou 1lEpaeaovrl, nome dont l'étymologie implique une signification fiinèbreRR' et dont la variante en Thessalie, IIEpco âeaa ou lltpoéqus5a, se montre à nous chez les ,Enianes, comme l'appellation d'une déesse encore toute indépendante "1, déesse fimèbre qui est, donnée comme une l'orme d'Aphrodite 88'. Au point, de vue purement physique et agraire, qui a été l'origine de la conception première de cette dualité féminine, Déméter est la terre féconde et mère, Perséphoné-Coré la végétation qui se développe de son sein, la graine confiée au sol et qui y germe en reparaissant à la lumière sous la forme d'une plante nouvelle, et aussi la puissance mystérieuse qui anime cette segétafionReh.Leur couple correspond ainsi exactement à celui de (lé'Kouros trophos et Déméter Chloé à Athènes bs7, dans lequel Déméter remplit par -rapport à Gê le rôle qui, dans la donnée plus habituelle, appartient à Perséphoné par rapport à Déméter; c'est aussi la même notion qu'impliquent les deux noms de Damia et Ac.'césia, la déesse du sol et celle de la croissance végétative. Puis, par le développement naturel du sens de son mythe et de la conception de la divinité chthonienne, ;Perséphoné devient bientôt spécialement l'épouse d'Hadès, la reine des demeures infernales et des morts qui les habitent, ce qu'elle est déjà dans les poésies homériques R 8 enfin le type mystique de la destinée de l'homme après le trépas, de sa palingénésie et de sa vie éternelle [anus PrvA]. Déméter et Perséphoné-Coré forment, ainsi que nous l'avons déjà remarqué [sect. t], le couple des « Deux Déesses s par excellence, Tia OEir, ou Mstâaat esal689 appelées aussi 't diàvuu.oc Oaiut °'S0 ait igudolu oc 851et quand il s'agit spécialement de leur présence dans les Thesmophories, Tés OECUoLdpol. Cet accouplement ainsi exprimé implique, comme l'a très bien vu y\'elclcer 89', une parité absolue entre les deux déesses et la notion de l'unité primordiale à laquelle peut toujours se ramener leur dualité si l'on pénètre au fond des choses, surtout dans la religion mystique. Ceci entraîne une homonymie parfaite dans leurs surnoms. Ainsi à7vzl est une des plus antiques épithètes de Déméter et nagea une appellation spéciale de Coré en Messénie 893; toutes deux rétnnes sont en Sicile ai 'Ara( a9'°. Dans l'hymne homérique , Déméter est appelée o-sp,tc;i 8Ho et avec sa fille coµval 896 ; une inscription de Posidonia qualifie Coré de T,ti si.vor89'. Déméter est encore dans l'hymne 7cdxvca et 1toau%-ô'rvca 98, et nous avons pour les deux déesses iré-'nui chez Sophocle 898 et chez Aristophane 0, et chez ce dernier encore OECµo®éEco rroauaroTvia 901. La localité de Potniae près de Thèbes devait bien évidemment son nom au culte qu'elle leur rendait P0'' et était à son tour le point de départ d'une nouvelle forme 1349, E. de Chaeot, Gs0. archénl. 1877, p. $0 et s. toi e, xp. Athen, X, p. 06. -KY o han, tll, p. 109. 877 Soph, necd. o 348 9.,:.-.a, q {.ai. d'abord et n'es, e pour Sophocle, un ours_,, de 055-et'-, est ensuite expliquée comme (Zenoh. IV, 20 ; Sund. s. e , ,a dualité de formes de la dcess e re, a être entendue comme un couple de Oernéter e' rare; eox. Welcker. Gr. Co Merl . ii. p 582. ' 878 Herodot. I, 82; s 475. 3 . -984 Peus. 38, 2. 891 Ger bard, Alcnd. Abà. 11, p, 310 et 336, ro:_ t3. 584 I1?ad ,., 32e; Odlsu. r., 1 A. 217. 888 Prellee' D. u. P. 354, note 712, -895Gerhard, byperb. rami. Stud.t. II. p. 170; Gr. hlyth. y 361, 5. 986 (l'est pour cela que les Latins ont altéré son nom en Ih'oserpiae, pour lui donner un sens dans leur langue. I,Iustm. De civ. Dei, Iv, 8 : «Pr oseepinam praetecerunt f,umentis germinantilms, dictai a proserpendo ; Arnold Ide. gent, 411I, 33: , Quod sala in lucem prose, pant cognnn mata ni cssc Pros_rpirmm.3 -_ 997 Pans. I, 22, 3 ; Suid. 888 Pretler, D. u. P. p. 11. 989 Id. p. 184; Gr. Myth. t. 1, p. 148, Gerhard, Gr. Myth, ,F 418, 4; Welcker, st_ Cr. Goetterl. t. II, p. 532. 996 r m i ,. Ph ben. 684. 891 Hesyeh. s. 8, -soi Aga. de l'hist. c et, t. SYSn, p. 456. Gr. Goetterl. t. 11, p. 532 et s. 993 Palis. IF, 33, 5. -894 Torr, ,,,, ., Sied z iae,'. I, n' 2; C. duccr. gr. no 5431 et 5643. O epoaoeo.,ç igp,dt : anthol. Palet. Appeiad, n ï. 9os Hom. H. in Ger. 1. 055 Ib. 486. 997 Weleker, Marne. Sckr t. HI, p. 237 et s.; C. roser. gr. ne 5778. 898 Hom, H. èn Cor. 211. On jurait aussi ,a ..~, 17 o' n, : Theocr. XY, 14, -999 Oed. Col. 1045. 900 Dieem. 1 i 49. 90, lb. 1135. Soi pans. IX, s, 1. C FlR --1049 -CER de leur qualification, ai Ilotivnâèaç ©eai 9f3. Nous avons comme désignation commune ai 0€aaotvat 90'; en même temps l'épithète de 8éaacotva appartient à Déméter"' et à Perséphoné"", et Despot'na devient en Arcadie le nom même de la déesse qui correspond à cette dernière 904. 1d itpa est une des qualifications les plus habituelles de Perséphoné 903 en rapport avec son caractère infernal ; mais nous avons vu plus haut que Déméter recevait aussi quelquefois le même surnom 909. A cette identité de qualifications, à cette homonymie correspond la communauté de leurs principaux attributs et symboles ; celle de l'attribut des flambeaux donne même lieu à un nouveau surnom commun, ai 7cuptpôpot Orsi 91t La même notion s'exprime dans le langage plastique de l'art par une singulière analogie du type idéal des deux déesses, entre lesquelles on est loin de marquer toujours une différence entre la matrone et la jeune fille "à tel point que l'attribution exacte des noms de Déméter et de Coré est quelquefois extrêmement difficile en présence des monuments qui les représentent toutes les deux ensemble 913, et encore plus quand il s'agit de déterminer les têtes de l'une ou de l'autre des déesses qui figurent isolément au droit des monnaies, quand ces têtes ne sont pas accompagnées d'une inscription explicative n' [sect. xxv]. Gerhard 91'' a insisté avec raison sur la parité absolue avec laquelle Déméter et Perséphoné-Coré se montrent dans un certain nombre de monuments figurés. Ceux ci traduisent exactement l'idée dont les Pythagoriciens se sont inspirés quand ils ont appelé la nia 916, C'est comme deux déesses exactement égales et pareilles, aussi bien que la Damia et l'Auxesia qui couronnaient le fronton du temple d :Égine 9A . que nous voyons Déméter et Perséphoné dans les bas-reliefs du fameux tombeau des Harpyes à Xanthos en Lycie Ste Le même caractère est marqué de la façon la plus nette dans la terre cuite de Préneste 919 que nous reproduisons (fig. 1297), où les deux déesses, siégeant sur le même trône, sont accompagnées du petit lacchos, assis à terre entre elles deux. Il n'y a ici aucune trace d'une distinction extérieure de mère et de fille, u.'r',vîlp xal xoûpr 920, ou de trpaaêurilpa soi vroot pa "1, pas plus que dans un bas-relief votif de Pantïcapée 923. M. Stephani 923 reconnaît encore Déméter et Coré avec cette similitude parfaite de représentation dans des terres cuites du Bosphore Cimmérien 92'', et Gerhard 925 dans les deux déesses de plus petite dimension que la figure principale, que certaines terres cuites d'Athènes 928 placent aux côtés d'Athéné Potins assise 997, Ces dernières images représenteraient donc le groupement de divinités indiqué dans le serment val sedv Qeaiv tai 14 Iloatu8oç 928; cependant les deux plus petites figures pourraient y être expliquées aussi bien par les deux fleures attiques primitives, Thallo et Carpo 929 [nonAa], accompagnant Athéné comme déesse agraire [atNERVA]. Il est vrai que ces deux Heures exprimant les phases de la végétation ont la plus grande ressemblance avec les deux Grandes Déesses quand elles sont absolument égales, et aussi, comme l'a remarqué Welcker 910 avec Damia et Auxesia. Quoi qu'il en soit, on observe une égalité parfaite de position entre Déméter et Perséphoné dans un certain nombre de monuments, où la distinction de la mère et de la fille se marque cependant par quelques traits qui donnent à la dernière un caractère plus juvénil. Tel est un marbre de Préneste où les deux déesses sont placées côte à côte sur un lectisterne 932; telle est aussi une série de groupes votifs de terre cuite trouvés dans la même ville 932, dont il faut en rapprocher d'autres, de l'Italie méridionale 933. C'est ainsi qu'à Acacésion d'Arcadie le sculpteur Damophon avait figuré Déméter et Despoina assises côte à côte sur le même trône 939 Il est vrai que, si nous avons ainsi toute une suite de représentations qui font de cette parité lune donnée hiératique et consacrée, d'autres expriment une supériorité de la mère sur la fille. La manière la plus antique de la peindre consiste à représenter Déméter assise en reine sur un trône, tandis que Perséphoné-Coré se tient debout. C'est la différence que l'on observe déjà dans les deux statuettes de terre cuite d'ancien style, trouvées ensemble dans un même tombeau à Égine 935 La même distinction d'attitude est ce qui permet de distinguer la mère et la fille =fans les idoles votives de terre cuite, d'un travail si étrangement grossier, qui ont été découvertes en grande quantité à Tégée 936. Nous la trouvons conservée à l'époque de l'art le plus perfectionné clans la composition des deux statues de marbre de Déméter et de Perséphoné exhumées à Cnide du milieu des ruines du temple des Grandes Déesses auprès du promontoire Triopien 937. Coré, debout, tandis que Déméter est assise, I.1. 132 "1 ML_. ç _bse:ve, erenre sur le célèbre sarcophage de \\ ikor hou divers monuments représe,ntant une scène de l époptie et Flet si., °° et ,sir le grand vase à. reliefs de (-umes,'"° (plus loin, fig. 1323).La même notion d'une supériorité de la mère far L. l::` e est exprimée encore d'une autre malolel c par 's , l ,ris 9tt et le sceptre ryal. donnés à Déméter, tandis (lue a une coiffure beaucoup plus simple et tient le flambeau, dans la peinture de vase c e ntrc (fige 1d98) représentant la mission de Triptes. lésine ', La nature riss attributs des deux déesses ne permet pas, ers effet, de douter ' que nous ayons ici. un des exemples oà, conter a.reme._t e la donnée ia plus générale o .asti s',, les rôles habituels de mère et de la fille s'échangent '"1 aü c'est Coré qui erse à Triptolème la libation du départ. Notes mettons en parallèle (fiel. ï.lit?) urne :,xtre:. peinture /.tu rtienie suret ', où les deux éess s, assistées de Hadès-Pluton, qu'accompagne un chien ou tua loup, sont, au contraire, sur un pied d'égalité parfaite, tontes deux munies du seeptre de reine, lequel. convient également à rune et à l'autre, à Déméter comme xvxcnt 9", à Coré comme [leinZig "" ou xu.dxaiitelx lia mère ne se distingue de sa tl.lle que par le voile qui couvre sa tête et qui rappelle la période de deuil qu'elle traverse après l'en !éventent de Perséphoné 9'`' [sect. x], ainsi que par la grue placée à côté d'elle. Ce couple des deux déesses conçu dans un. esprit de semblable parité est celui dont le scoliaste d'Euripide Sa° exprime la nature en disant : « Toutes les deux s'apellent Déméter, la plus jeune aussi bien que rainée » Les Orphiques le ramènent à. son unité primordiale, quand ils qualifient "'' Déméter de xoupOTe6ye xoép'q et quand ils lui disent, réunissant en elle ses attributions et celles de Coré, ai, yOaeirl, aie âl (pxtsouévr,. Pour Hésychius °a3 .'est Déméter qui est « la vierge sacrée », désignation que l'on s'attendrait à voir appliquer à sa fille. L'unité fondamentale des deux Grandes Déesses se rétablit aussi dans le culte extérieur et public de quelques cités, en petit nombre, par l'adoration de la seule Perséphoné-Coré, qui absorbe en elle les attributs et le rôle de la mère'. Tel est le cas à Locres, à Catane et à Cyzique; et W'elclcer a ingénieusement remarqués" que c'est spécialement dans ce cas que la couronne d'épis, qui appartient d'ordinaire à Déméter, vient ceindre le front de sa fille y'6. Mais à son tour Perséphoné, envisagée au point de vue mystique, est -une déesse à double sens et à. double nature°'7, susceptible, elle aussi, de se résoudra en une dualité. Car nous trouvons quelquefois deux Perséphonés anises en contraste 9a8 [PRUSEFiPINA]. 1;. Dans la donnée mythologique ordinaire exprimée daja par les poèmes homériques °59, Perséphoné-Coré est. fille de Zeus, En effet, c'est le plus souvent Zeus, dont les généalogies divines la font la soeur aillée, '60 qui est représenté comme l'époux ou l'amant de Déméter. C'est une tradition persistante de l'antique couple du Ciel et de la 'l'erre, dont l'adoration comme divinités primordiales constituait le fondement de la religion des Pélasges °G1 comardeton iespeup ryensprimitifs9 ,coupledans lequel le ciel mâle est toujours appelé Zeus et la terre femelle en épouse recuit suivant les localités les noms de Caerx[Tv1LUS]°C3 de nu-nus °G'° ou de Déméter, D'ailleurs, au point de vite purement agraire qui a présidé au premier développement des mythes de la déesse dont nous nous occupons, Déméter étant le sol fécond et Perséphoné la ntr de Dôtion sur l'attentat d'Euv .chtlion ou t{e, d i,:p,as; que l'introduction du personnage ié-Cnti ,,tai4, le résultat d'une modification a d'une in .,:terne Osa c ,,.',.m .t c.)rTli le dans le culte (Titi Dans 1e élit` ' ,: fonignne, comme gins e Thèbes di Isvec tant 3,ris Dé . telle qu'on la conne Mer e nl".r'e et fille, est appelé i;, %,u moins à Pv rios ta Iiôti, ie 'li sr", r le de' plus vieilles divinités des PC, ast,'s, d oeil, t ' "rire antique. n'était plus qu'un souvenir ému' 's aux temps florissants de la Grèce, ci dont la plupart d. ny'tholo''tes modernes tantreo'iud'3, dans le ber, yl, .,u v'i'i pas "0, mie forine ramenée aux or ,an, r ; de Ihumanité '"i. t:e Zeus Trinpas, identique in,le Zeus de Corinthe _ e' Zeus de la citadelle d 'Argos va, est le. dieu. su sous sa forme la plus hante et mioné s,". La transformation que la nature de Dionysos subît à partir d'une certaine époque dan; la religion mystique et qui l'identifia 1 dieu des enfers esrcuu'e, secs, av], fit donner t_ mC si„ ni'ication à l association qui 'étai' opérée dans e_ endi'iits de Dionysos à Déméter, comme parèdre ' ,T?G Pie ta n aine amant in" époux'' a sociation qui n'avait, eu d'abord ra`un caractère purement agraire, celui de la. réunion des cieux divinités rte Ia. _ .. ; , ,. végétative 1 x nous avons dé nà dit [section précédentes cris présente très rarement. elle inmCie ennuies des enfers et aies missi-. 1 'poissé du die i infernal; e, rôle appartient es, pi ' C e„ e,st c I_ i l:' le , icacte.'iae. Ceci, du urées., os pour la helléniaple telle qu'elle nous a , r, tt dans i'h s csc t a histoire. Ca, 'I .. d. assez portes i..,ec.,_, d que or'iinee d ii é ode ,a."' 1C "o' e {t t, ' c de Zeus .'fui oi_i,, tionseriie la trace a',,ne arc 1.lu',f', antiques s' culte pélasgique , quit existait dans la portion rie IaThe. qui f,11, lui; berceau de la forme spéciale de e e culte que l'oie doit qualifier dia nous ide bit, ose. ' illarri ®'e a démontré, en chef., qu'à l'origine s cr rivait figurer iule, comme oI, la trou, matins tiens le _ulve, amphietioiùr1ue rl, Déméter l ;!^; ,_, s les t-ad'tic'rS 'le JSrT:^,os végétation qui_ i } germe, il était tout naturel "fuie la fécondation du stil., doit naissait cette égétation, sot attribuée t' Zeus, comme dieu des pluies douces et fertilisantes L110 ii'i1.i. En Arcadie, 'Luis une, intime particulière de. a } tire dont nn IS .illl. .stol° a la section sure s cal Poseidon, u personnification, du prie humide, mais d'un cuir „t(o c' plus violent qui 1Déméter mère de Despoina' '. L'association de Poseiro:1 à Déméter se rencontre aussi à Éleusis"", ois elle ;tarait avoir eu primitivement une grande importance 'v, , la :sect.. sui vante, et ,!_°air, sect. !], dans les su' r°c .seule:/,lia des Dephyréens sur veto e Sacrée d'Éleusis, où l'on adorait ensemble Déméter, Coré, Poseidon et Athéné 954, enfin dans les environs de Trézène, nia sont honorés côte à côte Poseidon Phytalrrios et Déméter Thesinophofos 9e0. Dans e mythe orphique de la naissance de Perséphoné "0, venu E un des pivots du s;r tonie particulier die la ' ,te Tri joe.eaici, sAsiaarios, IAGRLcs , qui parvint à le faire épieprit trer jusque dans les représentations mimiques del ripéla plus ,"rnprelseu'ini, â la toron du Zeus tt qui était, ptie d'Éleusis "ci' cari. s, sect. v?:t], le dit père prend est et soi a d , embrassant également 11505 tous les caractères d'un Zeus Clar'.honios, tel que celui son empire la=s tri ii niées divisions de l'univers. aux auquel Déméter est associée dans l'invocation du tabouqueli_e pi Ede, da,es la donnée mythologique habituelle, relie béotien d'Hésiode "' c'est-à-dire d'une forme . la tria, ;rius, Poseidon et Pluton, adorée avec toua d Hadès-l-'l:ton, eonlme l'est, aussi le C.,yménos cFHi". le es d'un bille Zeus a 'Fr tata d'Achaïe "' n t'coi?!,,. Il est donné chthonien en même temps que célesteEt maintenant, si noms tenons compte de la remarque ,judicieuse de, Preller u , que partout où il est question chias les traditions I. _tu. héros t'riopas, oit ttnove ries vestiges d, l'établissement du peuple des Or,;opes et Tite ,iel,oiric appelait en héros Apso i tu lied ®St. su noirs tenons ans .:,nsp te du fait t qui en résulte TIC' 11ssairernent, que la" noin du Zeus :'r c,!",as était roi 5l susceptible lune interprétation ethnique, d'où i'S a!r.art s,.,s identité avec te dieu. dr r? mis .f'A.ine 9', en ni ttne Ter_v., qgz e 1 TOtei°nrei,Oir' s-!;mbolique oui en fais.,it un dieu trige htrois fa -,s ou. à t ois yeux , si 14011S u' n'bi.LCil. toute i.• al_r!v on, d ' conclusion que est ia al,, de ce, dieu. qu'ex primait le r,lvnien{,.. , originaire ment epoc_x ale , nous arri vons à assimile. le '81a. Débuter de Dôt ,c, a Déméter uftue nous culte simula Tsonl.re établi tsiaaire Ou "frit er t ms ,ke:,r; nt' Iiérnéter, Per thus '° 4;e sont lia les, vieilles ü .rots seo s -„-: a s i . s pèse qu Fi ils s son ' s ssor, fion, 00, unr,uoaeo,, au I,. envie lu6on,:,a., e,n,me auteur de iaterat..t 0,,.e' n -., :., a e d.: ai: a, ovnis;.. e... dosa, , . _ out ''r' o' sur ln. coi., -rue toujours rm s.tante ois nui t,eite lie ., , ,r d , 146 id. at 1, , .,.eno4 de ee l...a~ po.rs vesse ce Fouie eh, origine ±lurdzmen n, ee ui ie des cultes v,T+ riq, es. P.i S. t'urdus (Die _v 32 , k'. 3 sot`, aussi 4a,16 le lieus A'rtoios usa die„ ,none r9 ,mot un, rie ries ,rpuldtiona de haïe li .,:.._ .tao t.., .at apy.._ s .,u P..orges et cas 1:en6s. Yods a i1, ,, "aP i',presor E,:. ,s uz_ wsr. pe n dans rue cg.,a' parfaite, avec les meures irr1:, et l, ?,9u-es ,»,,T,, as: 4r d. :tort. t. pL Ta,.t. a , Nanoikn, an,eh Cnn,a te. PcruTarrt ni. ur, ne 1,i d. r,, ;?,. II, 11 î , ni v. kaeiaf.a c.. Lc n a t et L-tte, L7 ronors . E. I, p, 4 3, et s.i F I t , r. saut, CER 1052 CEE divinités du lieu, celles qu'y a établies la colonie thessalienne de Triopas ; Apollon s'y est superposé ensuite comme dieu national des nouveaux colons doriens, et son association a pris en cet endroit une importance politique capitale °92. Mais, malgré cette importance, elle n'a jamais été considérée comme appartenant à l'essence du culte triopien, qui, ainsi que l'a défini Hérodote 993, était un culte des dieux chthoniens. C'est tel, et sans qu'il y fût question d'Apollon, que Télinès le transporta à Géla de Sicile et que, sous l'empire romain, Hérode Atticus le renouvela dans son Triopium de la voie Appienne, dont les célèbres inscriptions métriques sont conservées à Paris"' et les bornes, décorées d'une légende en caractères pseudo-archaïques, au musée de Naples'. L'association du dieu infernal aux Grandes Déesses dans les honneurs du culte extérieur, absolument contraire à l'esprit propre de la religion éleusinienne [voy. sect. xu], était donc une donnée fondamentale de la religion triopienne 986 Mais il est infiniment probable qu'à Pylos et à Cnide, Zeus Chthonios ou Hadès était d'abord apparié à Déméter seule et que là, comme à Hermioné, ce ne fut que postérieurement qu'on joignit à ce couple une déesse fille, dont le dieu chthonien devint l'époux. Ce qui le confirme, c'est que, pas très loin de Pylos, à Aréné, nous trouvons encore le culte de Déméter et d'Hadès 897, sans qu'il y soit question de Perséphoné-Coré. De même dans son temple d'Argos, que l'on dit fondé par Pélasgos, fils de Triopas, Déméter Pélasgis a près d'elle Zeus Mêchaneus 698, un Zeus chthonien, tandis que sa fille n'a ni autel ni statue dans le sanctuaire ou dans l'enceinte sacrée. Quant au rite que Pausanias décrit comme y étant, de son temps, célébré à certains jours en l'honneur de cette dernière, rien n'y porte la marque d'une attribution qui n'ait pu être qu'exclusivement propre à Perséphoné; au contraire, il a pu tout aussi bien, à l'origine, avoir lieu en l'honneur de Déméter elle-même, quand on la reconnaissait comme la déesse catachthonienne. Nous venons de constater que l'association d'Apollon à Déméter et à sa fille ne tenait à aucun lien établi doctrinalement entre ces divinités, mais seulement à une alliance établie entre les cultes nationaux de deux races. Il en était de même au Delphinion de la voie Sacrée d'Éleusis; ce temple était originairement consacré à Apollon seul999 et les Grandes Déesses n'y furent introduites que lorsqu'on affilia tous les sanctuaires situés sur la route d'Athènes à Éleusis à la religion de la cité des mystères 1000 [ELEUSINIA, sect. vl. Nous n'hésitons pas à expliquer de même l'adoration d'Apollon Carneios avec les deux déesses à Andania de Messénie '°°' et les traces d'une association pareille que nous avons déjà relevées à Tégée, à Mégalo polis et à Thelpusa d'Arcadie. Remarquons de plus que, dans ces trois dernières localités et surtout à Mégalopolis 10°2 Apollon apparaît avec un rôle tout à fait subordonné, comme un véritable 77pd7ro)so4 ou ministre divin de Déméter 1003. Asclépios prend un rôle analogue dans les Grandes Éleusinies [ELEUSI IA, sect. vi] à la suite de l'alliance qui s'établit, dans une circonstance historique racontée par Hérodote 100'`, entre les religions d'Athènes et d'Épidaure ; et ce rôle s'exprime dans la légende mythologique par le récit qui représentait Asclépios venant recevoir l'initiation d'Éleusis 1000 Les Dioscures, disait-on, reçurent la même initiation par l'office de Triptolème loo'et les femmes d'Éleusis avaient l'habitude d'en faire intervenir les noms dans leurs serments 1007. Ceci indique clairement qu'au sanctuaire d'Éleusis, comme au foyer le plus fameux et le plus auguste de la religion de Déméter, étaient venus se rattacher par une véritable agrégation quelques-uns des cultes qui, dans des parties fort diverses du monde hellénique loua avaient traduit par l'association des deux Dioscures, en tant que apdao),ot, à Déméter Cabiria un groupement de divinités cabiriques issu de celui de Samothrace [CABIRI, sect. VI]. C'est une autre traduction du même groupement que nous reconnaissons encore dans la façon dont Déméter, au gymnase d'Élis, était flanquée d'Éros et d'Antéros'0'9 Éros a, en effet, sa place dans beaucoup des assimilations, tentées par les anciens, des dieux de Samothrace à des personnages de l'Olympe grec [CABIRI, sect. tv]. Nous avons aussi montré [sect. rv] que c'est à une influence de la religion cabirique, provenant également de Samothrace, qu'il faut rattacher le rôle qu'Hermès tient comme ministre divin auprès des Grandes Déesses dans quelques-unes des formes du culte des Thesmophories. Mais on ne doit pas, avec Gerhard 10'0 chercher l'indication d'un autre exemple de cette association, tout exceptionnelle, dans le nom, sûrement altéré, de la prétendue Déméter Ilermuchos de Delphes lotte Une peinture de Pompéi toit fait voir Hermès debout auprès de Déméter assise, à laquelle il tend une bourse que la déesse se prépare à recevoir dans un pli de son vêtement. Hermès figure ici certainement1013 comme 'ptoûvtos et yîvdvtos 1014 ou tpt'0dvtoç'-0to, c'est-à-dire comme producteur des richesses, 7caourGSdTalç, Sâ1Tmp lcéwv, dont la bourse pleine est le symbole naturel, et spécialement des productions du sol [7IERcunius]. Il tient donc, aux côtés de la déesse de la éliagraire, fécond à peuprès la même place que Ploutos. X. C'est à l'article PROSERPINA que doit être remise une étude développée du mythe de l'enlèvement dePerséphoné-Coré, ainsi que des nombreuses compositions que l'art y a empruntées sur des monuments 1016 de toute na CER 1053 CER ture. Cependant il est nécessaire d'en dire quelques mots, principalement au point de vue du rôle qu'y tient Déméter, et aussi au point de vue de ses origines. Quelques expressions de l'Iliade"o17 semblent faire allusion à l'enlèvement de Perséphoné par Hadès et à la célébrité dont il jouissait dès lors. Chez Hésiode 1of8 le mythe est formellement indiqué, résumé en quelques vers et paraît complètement constitué. Pamphos l'avait chanté dans un de ses hymnes composés pour Éleusis 1619 et Archiloque dans celui avec lequel il remporta le prix d'un concours de poésie à Paros 102°. Ces deux hymnes sont perdus, mais en revanche nous possédons celui qui est compris dans la collection homérique et qui, composé suivant toutes les probabilités entre Hésiode et Archiloque, raconte tout le mythe avec un magnifique développement, en le mettant constamment en rapport avec les différents actes des Éleusinies, telles qu'on les célébrait au temps de l'auteur'021 [ELEUSINIA, sect. r], Il fournit la plus antique forme sous laquelle on puisse saisir directement et avec certitude les traditions d'Éleusis. Une seconde époque historique, marquée par l'introduction d'éléments nouveaux, d'origine orphique, dans l'ancienne légende, est représentée pour nous par la narration que contient une des tragédies d'Euripide 1622 où Rhéa est complètement identifiée avec Déméter, et surtout par les fragments d'un des poèmes mis sous le nom d'Orphée, lequel était spécialement consacré à l'enlèvement de Coré et est souvent cité par les écrivains postérieurs, en particulier par les Pères de l'Église 1°23 On sait quelle était la prédilection de l'orphisme pour tout ce qui touchait au personnage de Perséphoné [miner]. Des récits encore plus récents, et toujours surchargés de nouveaux traits, nous sont fournis par Apollodore7024, Ovide 1025 Claudien, dans son poème spécial DeraptuProserpinae, enfin Nonnos de Panopolis 1026 Perséphoné cueillait paisiblement des fleurs avec les filles de l'Océan dans le champ de Nysa. Tout à coup, pour la décevoir, la terre produit devant elle une fleur merveilleuse, le narcisse, qui dépasse en beauté et en éclat toutes les autres fleurs. La fille de Déméter s'empresse de le cueillir, mais aussitôt le sol s'entr'ouvre. Pluton sort de son ténébreux séjour, traîné par ses coursiers immortels; il saisit la jeune vierge malgré ses gémissements, et la place de force sur son char étincelant d'or. C'est en vain que Perséphoné se raidit contre son ravisseur, qu'elle invoque Zeus, son père, le premier et le plus puissant des dieux ; aucun des immortels, aucun des hommes n'entend sa voix. Hécate seule et Hélios sont témoins de ce rapt, qu'autorisait le souverain de l'Olympe. Pluton fuit à toutes brides ; la fille de Déméter voit successivement passer sur sa tête ou devant elle la terre, le ciel étoilé, la vaste mer, la course embrasée du Soleil ; le sommet des montagnes et les profondeurs de l'Océan retentissent inutilement des accents de sa voix divine. Tel est le premier acte du drame mythique, divisé en deux scènes, que les anciens ont appelées a la Cueillette des fleurs » et « l'Enlèvement » , olv0o).oylu et âpxsy«j. Les sculptures des sarcophages réunissent assez généralement aux deux scènes constituant le premier acte du drame de l'enlèvement de Perséphoné-Coré, le début du second acte, des courses errantes de Déméter à la recher che de sa fille, ~riaa:ç xai acA«271 6l' µvzpos. Nous en plaçons ici un exemple (fig. 1300), emprunté à un sarcophage de Mazzara en 'P0~7 Sicile. La scène de l'«v8o),oyla y occupe le centre de la composition ; sur la droite, Pluton entraîne Perséphoné dans son char, dont les chevaux foulent aux pieds la figure couchée du dieu du lac Pergus d'Enna 1618; sur la gauche, Déméter, montant dans un char que traînent des serpents, s'élance à la poursuite du ravisseur de sa fille. Nous parlerons un peu plus loin du symbolisme des figures du laboureur et du semeur, qui terminent la composition sur la gauche. Dans le récit de l'hymne homérique, les cris de Perséphoné sont parvenus jusqu'à sa mère, et Déméter a reconnu la plainte de sa fille. En proie à un violent désespoir, elle arrache les bandelettes qui ceignent sa belle chevelure; elle jette sur ses épaules un manteau d'un lirétcnti ' bile dans CHI blet: sombra, c met en route à la r ehel, lie seur. Mais aucun des dieux ni des hommes ne. -.:?u l,8 mère éplorée où Pluton passé; le vol r. ïsea ne peut lui donner un augure certain . Pendant rouf jours le déesse parcourt le terre .er p01 ' i des torches allumées non. 'foi.lts livrée à sir. douleur, lie ne Gohte pendant ce temps ni l'ambroisie, ni le r c.. fila plonge point son eorps dans .e bain. Emin, lr' jour, Hécate lui apprend qu'elle e aperçu is sans pouvoir discerner le ravisseur, Le.' rendent auprès d'Hélios ; e'est irai (lia péter le nom de Pluton, dont Zeus a agit . La déesse irritée quitte l'assemblée de:, dieux sur l'Olympe, prenant les vêtements et les traits fane vieille -femme, elle parcourt les villes et les champs de la terre, ''t s'arrête enfin à Éleusis. Les courlis errantes et désespérées te; Déméter jusqu'aux extrémités de la terre'', à. la recherche de sa fille, sont fameuses. Ce sont elles qui ont valu à a déesse les surnoms P 'Evi,roli -tce9J35 et hvP'p(qrit' aa, qui ont inspiré l'étymologie factice de :hal) par le verbe Sz.is. Ise sujet se présente assez souvent comme type monétaire'''. l'ot3s iris année des flambeaux dort la 3 sicilienne faisait de na pins alliimes au cratère de tEtna' '° là déesse poursuit ses courses dis: le char attelé de serpents '0,3 «fig. donnée a.dop tée tu.. ies sculpteurs des sana .r' à pied' (lip. IS ÿi, toue montrent aussi quelques peintures oie ,s v 16;3. (i' bien enfin rn ntée _,.:o n n qua, (aire iiEti.rgen.-t frappée à Enna dans J, y' siècle av.. J.-C. ' (fig. 130 montre d'un côté ce type, de: 'titre Déméter debout auprès du n ts d 'Éleusis dont il sera b 1.e;lion, Il-? e là une intention dei concilier les ruelles de l'Attique et celles de la Sicile. Et le type '10 a. monnaie P 'l l ra nous conduit 7 naître encore Déméter ter les flambeaux debout e eu dl: puits d Éleusis , dans un oaa bas cw rë.q :latte' athénien 1i r..-tt ia. se, h :c,i-,nt sa au brunit 1099 (Pest peur y , cr inventa ,_.. vi ia ci ,,ar les i,dare c ,t?tl.a . aoy. 11cr, p. : ' Lin r..st e -+.,.. r ,_r_argue, quille prend le pl '.lent l'aspect d'une ri,, imtc iunal*e ~n r s t. ,s.;. comme symbole auprès de Pémé:ec. . 1031 Le consentement de Zeus, donné à l'insu ale Déméter, est essentiel dans toutes lés anciennes versIen5 du na;film Hesrod. Taeoq. 106. Claudiea finit par eu développent 'idée outre iac_ure er de la manière la plus plate : Rapt. Pros Ill. 1865 (bide ;y sur .i_,, des fadeurs Weld.er, Gr. Goetter1. t. II, p. 481 . ions }a. ti„erste_', Cap. C. p. nni et s.; Sic, V. ',. 6r Ge r. 1 , 48, Ovid, Mer. V, 484_ -_ ana C.'est i rerreseulatioa la plus fr_quenie. Notas la dont, or d'après tin denier lépublicaid du monétaire M. Vu Lb-nus : Cohen, M'ed. consul, pi. n' , 1ol.o n, nt 3; Overbeck, G'. Is co,trrr. a. 11, .,.eu rt..l. 1d:, n' 18. Su. une pièce de :bronze ,eeaié, Mûr,,. des ,.\'n5o'olels et du tympanon, mon le dtlrr'r un chai que traînent des C'est dans ces t°cherches qu'elle laissa tomber sa faite file star se cap de la Sicile oui en reçut lei 4ro010'.7. Un certain iaorn le, ales s'écartaient des données e i'hyrnane homérique au sujet Jr" la façon dont. Déméter reçut 1 premières nouvelles précises du sort de sa fille. Elles la représeta ° gent, en effet, avertie par les Pher ea.tes par les lier :nicrneens 110 par i--élieé en Arcadie'011 par Chrysanthis â Argos f0at, par ,abarrlos à Paros par Eubl lus e.t I': iplônle à Éleusis lune,, par Àréthnse en Sicile Qui bien découvrant la ceinture de Coré sur les bords de la fontaine fi ', aéC'est égale,rcent, nous _'avons dit, [sect. 11E, pendant les courses errantes de Déméter et les recherches -e son anxiété maternelle, glue l'on place 1a plupart ,CS ;ales que les légendes 1o_-.les lui renia faire niiez différents humains, mi; elle pale l'hospitalité par des bienfaits, et, leur donnant les graines alimentaires et en ii ir révélant ses mtystc.es. Phytelos, en attique, sur les bords du Céphisels'u, Pélasgos à. nrg;sS', Athéras et Mysios auprès de Mycè-.nes f016, '1 iul„s et Damithales i`i Ph -,née 10Jy I urypy lo et Clytia à Cos ie60 sont alors ses hôtes, (b'r que l'on rapporte à leur sujet n'est, d'ailleurs, ta ion ramentale, celle du séjour fie la déesse à Éleusis, dont nous culons reprendre le ré. it, et: suivant toujours l'h raine homérique. Sous les apparences d'aine vieille ferai parvenue e Éleusis, s'assied au .;lord de la route, à Puna-. bre d'un olivier, à côté du puits Pirtbénion Ce mail, employé par l'auteur de l'hyrune, est inconnu à la tupogl .chie postérieure de la cité larm,t tère.s« es gens eAthédes, h, 461 ; Ove.br.6, 1, 70diaat. VII1 o' 391, on sort Déméter dans son char attela, e serpents, entre Curé et Hécate, toutes deux debout, tenant des flambeaux. 10'.0 Nous arr,,,anions notre ece.pie à Lute rncnuzic de bronze de C. ique : Overbeck, Gr. Iï ,,ratai., .. 1P, '4 m et. IV, r 23. Sur les deniers rue,n'as de "tibias Parsa. Cérès cherchant sa fille à pied est accompagnée d'un porc a pl° anal, ,rSi,, no 7 et 8. lot L+'l. cers sana eéram. t. Ill, pi, narra et xc.vrr; alla type, qui est le plus rare, sc trouve, en dehors de la numis i'3 clan n. c, . 7tas.Bi*. pioc nt 5, \ crl'r 49 scier, R, d. da. Audit., pl. ix, ,4, C.. ,. of gr. ccu,s in the Prit. tfuz., E ,r :: p..;8 Overbeck, Op, 1, t. II: v l t i szé. IV', '" u..7048 fie Bas, Voyage, M.,c., dg. pl. nt .s 1 , rl:ydemann, An'. 51ccrmorbiidv. ïr. AIS,r., e' 16, Overbeck, Ar . 7. gn k ,nain. pi. xtv, n' 6. lots "Men. 1301 et s. 1056 Or. Schola P"nd. 1,188,. "1, 3. --toc; sers, Ad IV, 580, test Pans. 1, 11, 2. 1013 Steple. Bas. v, drop r. 1661 l'ans. 1, 14. 3. r0,or,,,d, Mn. 't', 494, tardant. o`, 8. rosa Ovid. 1. c, 1o5c Palis. 1, rotor. VU, 3. 1931 il ter, I]n Ce,'. 39. t 1 055 CER d'Éleusis désignaient comme celui qui avait été honoré de la station de Déméter le puits Callichoron 9000, ainsi nommé d'après les choeurs de danse qu'on y exécutait en l'honneur de la déesse 10"; c'était un des lieux saints les plus vénérés d'Éleusis 1081Tout auprès était la roche même, âyéÀaaroç asétipa, sur laquelle on disait que la mère affligée s'était assise 1°85 Mais Pamphos plaçait la scène auprès d'un autre puits, l'Anthion, que l'on trouvait, au sortir de la ville en allant vers Mégare et qui était aussi un lieu sacré 1066 [ELEUSINIA, sect. v). La légende mythologique de la station de Déméter à la fontaine s'était encore localisée dans quelques autres villes, Salamine montrait aussi une â.yélnau'nç taéTea, à laquelle s'attachait un récit tout pareil "067, et Mégare une avax"«Opa ou tzvaxA,lOplç réipa, d'où Déméter avait appelé sa fille à grands cris -088. La fête lacanienne des 'E7ttxp7jvvaue 9086, consacrée à Démé ter, avait peut-être pour fondement une variante locale de la même narration ir70 Tandis que Déméter est assise auprès du puits, les filles de Céléos, le roi d'Éleusis, viennent 5 puiser de l'eau. L'hymne homérique les appelle Callidicé, Cleisidicé, Démo et Callithoé 1°"1; c'est du moins ce que porte le texte parvenu jusqu'à nous, car celui que Pausanias}Qi2 a eu sous les yeux n'en comptait que trois, et les appelait, d'accord avec Pamphos, Diugeneia, Pamméropé et Saisara 1076 Et cette donnée du nombre de trois est bien velte qui était anciennement consacrée 10'0, car les filles de Céléos étaient les types héroïques des trois grands sacerdoces confiés aux femmes dans le culte mystique d'Éleusis 1075 [ELEUSIDIA, sect. lui. Les jeunes filles abordent l'étrangère, en lui demandant son nom et son pays. Elle répond s'appeler Dés et avoir été enlevée en Crète par des pirates, des mains desquels elle a fini par s'enfuir " et elle sollicite une hospitalité généreuse. Les filles de Céléos lui montrent alors les demeures des principaux princes d'Éleusis et celle de leur père, où elles vont aller parler à leur mère Métanire 7077, qui recueillera l'étrangère et la prendra pour nourrice de son jeune fils Dérnophon. La reine consent, et ses filles lui amènent la divine voyageuse toujours inconnue. Mais Déméter reste en proie à son violent chagrin. Son visage, en signe de deuil est couvert d'un voile, et ce n'est qu'en franchissant le seuil hospitalier de Céléos 'u qu'elle le découvre. Alors, malgré son déguisement, l'éclat de son origine céleste rayonne aux regards de Métanire, saisie d'une crainte respectueuse. La reine cède son propre siège à Déméter, mais celle-ci refuse de s'y asseoir. La déesse reste silencieuse, les yeux baissés, et ne consent à se reposer que lorsque lambé lui a, présenté un siège couvert d'une peau de brebis. Là, le vïsage caché dans ses mains, muette, immobile, absorbée dans sa douleur, elle refuse tout breuvage et toute nourriture„ Chacun s"ef orce de la distraire, et tombé seule y parvient par ses propos joyeux 5009 En voyant un sourire involontaire se dessiner sur les lèvres de la déesse déguisée, Métanire lui offre une coupe de vin, qu'elle refuse encore; mais elle consent à accepter un breuvage singulier, dont elle donne la formule et qui devient le type du evcEGN des mystères. Gerhard a pensé reconnaître cette scène dans la peinture d'un vase à figures noires 108° Iambe, dont on fait une fille de Pan et d'Écho 105, ou bien unie esclave thrace 1082, est mise par son nom même en rapport avec le vers iambique et personnifie l'élément comique qui intervenait sous la forme des cErnriusx u dans les Grandes Éleusiuies et sous celle des .Stenia dans les ruasxopuearA 16°f, Dans un article spécial, il a été déjà montré comment, sous l'influence des Orphiques, elle se transforma dans l'obscène a' u 1o 1276 Nicandre 106' raconte qu'un enfant de Métanire, Abas, s'étant moqué de l'avidité avec laquelle la flemme reçue chez sa mère buvait le breuvage d'eau mêlée de farine, Déméter le changea en gecko, âaoéÀOEGos, espèce de lézard que l'on croyait venimeux et qui, comme tel, était un objet d'horreur pour les agriculteurs f°8B. Dans les récits d'Antouinus Liberalis t°07, Déméter est accueillie par une femme nommée Misnlé, dont l'enfant, Ascalabcs, attire sui• lui cette métamorphose comme chàtiment de ses grossières moqueries. 11 faut rapprocher de ceci l'histoire d'Ascalaphos, fils d'Achéron et de Gorgyra 10SB ou d'Grphné 1009 ou de Styx 1697 qui est changé en hibou, àose).a:fioç, pour avoir trahi un acte secret de Perséphoné dans 1.es enfers i°B1 d'autant plus que, d'après un ieu de plats entre .Baotbo et le latin bubo, quelques ecrivains de basse époque parlent d'une métamorphose de Dauho en hibou 1092. Les développements donnés dans l'article BAUBO, et où nous avons montré comment elle finit par devenir D%L6r eppoév°O R090, suffiront à nous justifier de grouper encore ici, comm. de unième famille, l'histoire des paysar'!s..de la Lycie, que Déméter transforme en grenouilles, parce qu'ils ont troublé l'eau de la source ou elle boulait boire, au milieu de ses courses à la recherche, de sa fille 1091 Dans les poèmes Orphiques, ce n'était plus chez Céléos et Métanire que Déméter était. reçue, à. Éleusis, niais cher 1taobo, femme de Dysaulès, dont les ,deux fils, Triptolème, bouvier, et Eubuleus, porcher, lui révélaient le sort de sa fille'. Pour Nicandre" l'hôte de la déesse estliippothoon. Reprenons le récit du séjour de Déméter chez Méta., CES. 1056 -CER Hire. La déesse s'est chargée de l'éducation du petit Démophon. Elle le nourrit sans lui donner le sein 7097, en l'oignant d'ambroisie comme les fils des immortels, et en le plaçant chaque nuit au milieu des flammes, pour détruire en lui tout élément périssable et le faire ainsi parvenir à l'immortalité 1998. Étonnée des progrès rapides de force et de beauté de l'enfant 1099, Métanire épie la nourrice et, une nuit, la voit le mettre dans le feu. Épouvantée, elle pousse un cri perçant. Déméter retire l'enfant des flammes et, se révélant dans toute sa puissance divine, elle reproche dans les termes les plus durs à la mère l'irrespectueuse et imprudente curiosité qui condamne désormais son fils à rester mortel, au lieu de lui laisser gagner le privilège d'immortalité dont la déesse voulait le douer. Dans la narration postérieure, telle que l'a recueillie Apollodore 1100, l'imprudence de Métanire fait que son fils Démophon est dévoré par les flammes ; mais Déméter adopte le frère aîné, Triptolème, à qui elle donne le char attelé de serpents ailés, avec lequel il parcourra la terre pour y répandre les semences des céréales [TRIPTOLEMUS]. Chez Hygin 1101, c'est le héros Éleusis 1102 et sa femme Cothonea 1'03, qui reçoivent Déméter et lui confient leur fils Triptolème. Éleusis épie la déesse et la voit mettant l'enfant dans le feu ; Déméter châtie sa curiosité en le frappant de mort et continue l'éducation de Triptolème, dont elle fait son favori. La déesse, aprés s'être fait connaître, suivant le récit de l'hymne, ordonne qu'on lui construise un temple au sommet de la colline, au-dessus du Callichoron, et les habitants d'Éleusis, convoqués par Céléos, se hâtent d'accomplir son ordre 1101 Elle s'enferme dans le nouveau temple et reprend l'attitude de sa douleur inflexible. La terre ne reçoit plus ses bénédictions, la stérilité se répand au loin ; aucune semence ne germe. Le genre humain est menacé de périr de faim. Zeus prend pitié de son sort. Il députe Iris vers Déméter, qui refuse de rien entendre. Tous les dieux viennent successivement la prier de faire fléchir sa colère, mais elle n'en écoute aucun. Déméter déclare qu'elle ne rendra pas ses fruits à la terre tant qu'elle n'aura pas revu sa fille. La déesse se présente ainsi comme « mère de douleurs, » comme 'Axée i10B car c'est ainsi qu'on écrivait d'abord ce surnom, dérivé de «xoe 1108 et altéré ensuite en 'Axaia 1104 contrairement à l'étymologie ft5A 'AyOE(a 11" et 'Axepté 1110 en sont des variantes, et les Romains l'ont traduit en Ce'es deserta 1111 Déméter Achea ou Achaia était l'objet d'un grand culte en Béotie, oit lui était consacrée la fête de deuil appelée 'E7rayOtjc 1112. Elle avait eu pour les Géphyréens 111` le caractère d'une divinité nationale "il, et c'est ce peuple qui en avait transporté le culte en Attique 11"l. Nous le trouvons aussi à lconium 1116 Les termes dont l'auteur de I'hymne se sert pour dépeindre la déesse dans cette attitude de deuil semblent directement inspirés par la vue d'une image plastique, d'un antique xoanon qui aurait tenu la place d'honneur dans le plus vieux temple d'Éleusis, dans celui qui existait de son temps. Déméter y était figurée assise et le trait caractéristique qui expriprimait son deuil était le long voile qui, couvrant sa tête et descendant sur les épaules, l'enveloppait tout entière, xa'c«xplgOEV xexaauu.~€vrl 1114. Ce type particulier de repré sentation de la déesse affligée, développé par l'art à l'époque de sa perfection et de sa plus grande liberté, s'offre à nous sous une forme extrêmement remarquable dans la belle statue découverte par M. Newton à Cnide et conservée au Musée Britannique 118 (fig. 1305). Les traits de la tête de cette statue sont empreints d'une tristesse marquée 1119 mais d'une tristesse divine et majestueuse, qui n'en altère pas l'idéale beauté ; l'artiste en a comme adouci et atténué l'expression, sans chercher à y introduire l'angoisse d'une douleur humaine. Dans la tête analogue découverte à Apollonie d'Épire, et actuellement conservée au Louvre 11'0 l'accent de chagrin est plus vif et plus profond. On a cher ché 1'21 à appliquer la même interprétation à une assez nombreuse série de figurines de terre cuite de Tanagra '122, dont la plupart semblent en réalité retracer plutôt des sujets familiers. On sait que Clément d'Alexandrie 11x3 dit que dans les oeuvres de l'art on reconnaissait Déméter « à son malheur, » âaô Tic auutpopxc, comme Dionysos à sa stola et Héphaistos à son costume d'ouvrier. Ceci peut avec assez de vraisemblance être rapporté à des images de Déméter Achea, du même type que la statue de Cnide ; mais on l'entendrait aussi bien des représentations de la déesse dans ses courses désespérées à la recherche de sa fille. On parle d'une Déméter Fpaia 1124 ou « vieille femme»; ce surnom fait allusion à la forme que la déesse avait prise en arrivant à Éleusis et pendant son séjour dans la maison de Céléos. Il semblerait en résulter que l'on a quelquefois adoré, et par suite représenté, Déméter sous ce déguisement emprunté. M. Newton 11'5 M. R. Foerster 1'26 et M. Heuzey 1127 ont même cru reconnaître la Déméter Graia dans une statue de vieille femme en pied, d'un travail fort remarquable et d'un accent très élevé, qui provient des ruines du sanctuaire des Grandes Déesses à Cnide 3128. M. Overbeck 129 y voit simplement une statue iconique de prêtresse. Pour la dernière partie du mythe, tous les récits postérieurs s'accordent avec celui de l'hymne homérique. Zens, voyant que rien ne peut fléchir la douleur et la colère de Déméter, et voulant rendre à la terre sa fertilité trop longtemps suspendue, se décide à envoyer Hermès chercher Perséphoné dans les enfers et la ramener des bras de son époux Pluton auprès de sa mère. Quand Déméter revoit sa fille, sa première parole est pour lui demander si elle a goûté quelque nourriture dans les sombres demeures ; car si elle ne l'a pas fait, rien ne les séparera plus désormais. Mais Perséphoné, au moment de quitter Pluton, a mangé le pépin de grenade que celui-ci lui a donné 1130, et, dès lors, les destins la condamnent à passer le tiers de l'année sous la terre, auprès de son époux, revenant ensuite périodiquement passer les deux autres tiers dans le ciel avec sa mère et les Olympiens 11s' Déméter se soumet à cet arrêt immuable et consent à remonter au ciel 1435 avec sa fille, conduite par Rhéa, que Zeus députe à sa rencontre. Aussitôt la terre refleurit ; le champ Rharien '133 se couvre de nouvelles moissons. Avant de quitter Eleusis, la déesse institue ses mystères II, et charge du soin des rites sacrés, qui ne devront jamais être révélés aux profanes, les chefs du peuple éleusinien, Dolichos 1138 Céléos et les filles de ce dernier 1139. Avec une préoccupation moins mystique et plus sociale que celle de l'hymne de l'homéride [voy, sect. vin; et p'Lr.u slxrx, sect. 1], les autres récits placent ici l'institution de l'agriculture, que l'hymne suppose au contraire préexistante, et la mission civilisatrice donnée à Triptolème ['TrutTOLEMUs]. La prétention des Athéniens, liée aux légendes éleusiniennes de Déméter, était, en effet, que leur territoire le premier avait vu la culture des céréales 1140 et que les autres Grecs, aussi bien que les barbares, l'avaient apprise d'eux 1141. Aussi juraient-ils, par allusion aux dons d'Athéné et de Déméter, que toute terre qui portait l'olivier etles céréales devait être à eux nk5 Aristote'Sas reconnaissait qu'ils avaient en les premiers le riment et les lois, et on disait que tous les peuples de la terre avaient élevé des autels à Triptolème l'Athénien, comme ayant appris de lui la nourriture civilisée 11`4. De là le nom de [ra}Tpoxxo'),tç Rwv xapaeînïv dont se parait Athènes, et qui lui avait été donné dans un oracle dont l'cris"e est douteuse 1145. C'est cet oracle qui, à la suite d'une famine générale chez les Grecs, ordonna l'établissement de la fête athénienne des pnoraosix11a6, fête d'un caractère panhellénique, à laquelle beaucoup de cités étrangères envoyaient les prémices de leurs moissons. tts effet, presque tous les autres Grecs, même les Spartiates"'' et les Arcadiens 19`8 acceptaient cette prétention des Athéniens, Les seuls qui lei contestèrent furent les Argiens 1145, les Crétois use et les Siciliens nsf. L'école des égyptologues admit aussi que l'agriculture était d'invention égyptienne 1105, de même que Déméter était Isis, •;t que T rlpto.. lèrne était parti des bords du Nil. Le mythe de l'enlèvement de Perséphoné est d'un symbolisme transparent et essentiellement agraire dans sa conception fondamentale. « Les semences de la terre, a très bien dit M. Maury 1152, demeurent cachées sous le sol durant l'une des trois saisons entre lesquelles se par :3d CER 1058 CER tageait l'année primitive des Grecs il" c'est-à-dire durant l'hiver. Les deux autres saisons, la semence germe et s'épanouit au grand jour. Tant que Perséphoné est absente, qu'elle habite dans les enfers, Déméter est désolée, c'est-à-dire que la terre est sans culture, mais sitôt que le printemps renaît, la fille de la terre, Perséphoné, c'està-dire la graine, lève et se dresse comme une plante vers les cieux. Tout ce mythe appartient au naturalisme des premiers âges ; c'est un fait physique dont la poésie s'est emparée et qu'elle a embelli des couleurs de l'anthropomorphisme le plus brillant. En prenant cet aspect, le phénomène a revêtu du même coup un caractère moral, qui devient dans les mystères la source de l'enseignement le plus élevé. Déméter est pour l'Hellène l'image visible de la divinité se révélant aux hommes par les bienfaits de la nature et leur donnant les premières leçons des connaissances qui doivent assurer leur bonheur et leur opulence. Dans le récit de la tentative de la déesse pour doter Démophon de l'immortalité, on retrouve un reflet de la tradition consignée dans la Genèse, une théorie du péché originel et de la chute de l'homme analogue à celle qui ressort de l'Ancien Testament. n Le symbolisme que ce mythe empruntait à la nature a été d'ailleurs très vite appliqué à l'existence de l'homme après la mort, dont on voyait un type dans la destinée du grain confié à SERPINA] ; l'enlèvement de Perséphoné a été pris comme l'image de la mort 1l" et, dans l'histoire de la déesse, on a trouvé une promesse de vie nouvelle et d'immortalité au-delà du tombeau, idée qui s'est développée de très bonne heure dans les mystères, et qui y a toujours été fondamentale "65. Le symbolisme, d'origine agraire, de ce mythe est précisé d'une façon remarquable sur le sarcophage de Mazzara, reproduit plus haut (fig. 1300), par les figures du laboureur et du semeur qui accompagnent la représentation de l'enlèvement de Perséphoné. Comme l'a bien vu Gerhard 1", ce mythe n'appartient pas au premier fond de la religion de Déméter. Quelque antique qu'il soit, il est permis d'entrevoir comment il s'est formé et développé sur ce premier fond, qui ne le contenait pas nécessairement. La poésie a fini par lui donner une popularité universelle; mais dans la religion il a été d'abord propre à une branche spéciale du culte des Grandes Déesses. C'est le mythe éleusinien par, excellence, celui qui sert de base aux mystères d'Eleusis [ELEUSINIA, sect. I. et vII] ; c'est dans ce sanctuaire fameux qu'il a pris naissance, et c'est de là qu'il a rayonné dans tout le monde grec. Je ne saurais même admettre, avec Welcker 1", que ce mythe ait été le fondement commun des Éleusinies et des Thesmophories. Il faut, au contraire, à mon avis, distinguer ici deux données mythiques inspirées par les mêmes phénomènes de la nature, données que l'hymne homérique et toute la légende éleusinienne concilient, mais qui y restent cependant séparées, et qui certainement, à l'origine, ont été parallèles et indépendantes l'une de l'autre. C'est d'une part l'enlèvement violent de Coré, que l'on représente comme une aventure qui s'est produite une fois dans l'histoire des dieux ; c'est de l'autre l'alternative pério dique de la Montée et de la Descente ("Avooç et K(IcOoSoç) de la jeune déesse, partageant son temps suivant les saisons entre son époux infernal et sa mère céleste [PROSERPINA]. La première de ces données est la seule qui ait pris une forme mystique et qui se soit liée intimement aux croyances sur l'autre vie. Sans doute l'Orphisme a énergiquement tendu à amener une fusion entre le culte éleusinien et le culte thesmophorien 1J8, et il a réussi à introduire dans les Thesmophoria d'Athènes certains rites qui rappelaient directement l'enlèvement de Proserpine i59 ; de même, les Demetria de Syracuse se rattachaient aux Éleusinies par leur durée 160 empruntée à celle des recherches de Déméter après la disparition de sa fille, tandis que leurs rites principaux étaient empruntés aux Thesmophories 16'. Mais ces faits de pénétration réciproque sont peu importants et assez tardifs. Les deux cultes restent toujours absolument distincts, et les deux courants de propagation des Éleusinies et des Thesmophories ne se confondent jamais, de même que leurs points de départ ont été différents. A Athènes même, dans le mois d'anthestérion, époque où Perséphoné remonte à la surface de la terre avec les fleurs 1", son "Avoaoç est célébrée par deux fêtes différentes, qui se succèdent presque immédiatement et ne se sont jamais fondues l'une dans l'autre ; les Anthesteria, qui se rattachent à la fois au cycle thesmophorien et au cycle dionysiaque [DIONYSIA], et les Petits Mystères d'Agrae, qui appartiennent au cycle éleusinien [ELEUSINIA, sect. II]. La séparation des deux branches du culte de Déméter y reste donc aussi formelle pour la fête de printemps que pour la fête d'automne, celle de la KOoSoç de la déesse, où son enlèvement est commémoré à Éleusis 163 Nous trouvons étroitement liées au culte thesmophorien, et faisant réellement partie de son cycle, comme l'ont reconnu Preller et Gerhard des fêtes d'un caractère particulier, les TREOGAMIA et les Anakalypteria, originaires de Thèbes 165 et célébrées en Sicile avec une dévotion toute particulière 168, fêtes au groupe desquelles il faut rattacher 167 les Pherephattia de Cyzique 168 et les Koreia de l'Arcadie 189. Le nom même de ces fêtes, reproduitesdans les Orci nuptlhe de Rome 10i0 [CEREALIA], et aussi les légendes que nous y trouvons liées, à Thèbes, à. Cyzique et à Agrigente, sur les villes données par Zeus en dot à Coré, impliquent, comme l'a très bien vu Preller 1171, non plus l'idée d'un rapt violent, mais de noces régu CER 1059 CER fières et solennelles, succédant à une Ka=ytoy7)) Kdm 1173, dans laquelle Déméter conduit elle-même sa fille, xopxys. 117a aux bras de son époux'''. Et c'est ainsi que la scène est retracée dans un certain nombre de peintures de vases 1175 où elle apparaît absolument différente de celle de l'enlèvement 117°. La donnée essentielle de la descente de Perséphoné auprès de son époux infernal, envisagée comme une théogamie, comporte nécessairement une place d'honneur donnée à Hadès-Pluton auprès de son épouse, comme dans le culte triopien 1177. Le couple des deux divinités associées conjugalement dans la royauté des enfers ne s'y sépare pas, non plus que dans les Anthesteria athéniennes, où Dionysos remplace seulement Pluton d'une manière définitive [DIONYSIA], et ce couple y prime la déesse mère, qui n'a plus qu'un rôle effacé. Bien que reposant sur un même symbolisme fondamental, la conception et l'esprit de la fête théogamique est donc absolument opposé à celui du culte éleusinien, qui procède de la donnée mythique de l'enlèvement violent 1173. A. Éleusis, en effet, le trait essentiel de la religion des Grandes Déesses, celui qui fait 1°originalité de la forme de cette religion spéciale au sanctuaire mystique, c'est l'exclusion absolue de Pluton de tous les honneurs du culte; Déméter et Coré s'y présentent seules aux adorations, n'admettant comme troisième personne auprès d'elles que l'enfant mystique de Coré [IAcceus] ; dans le culte extérieur et même dans les représentations des nuits mystiques [ELEUSINIA , sect. vll] , Pluton est un ennemi, un ravisseur, qui ne possède Coré que par la violence, qui ne la garde que par la ruse, et à qui Déméter dispute toujours sa fille avec une ardente jalousie. Il est vrai que la plupart des érudits ont assimilé le jeûne, vvete[a, qui marquait une des journées des Thesmophories 1179, au jeûne de neuf jours 1130 des mystes d'Eleusis [ELEUSINIA, sect. vi] et supposé qu'il avait lieu de même en imitation du jeûne gardé par la déesse pendant la recherche de sa fille enlevée 1131. Mais rien ne justifie cette liaison établie entre un des rites essentiels des Thesmophories et le mythe de l'enlèvement de Perséphoné. Au contraire, des témoignages antiques formels 1183 disent que le jeûne des Thesmophories était destiné à rappeler l'état misérable de l'humanité avant les dons de Déméter, et ces témoignages ne sauraient être écartés, en présence d'autres rites qui avaient certainement la même signification dans les fêtes thesmophoriennes d'Érétrie 1183 et de Syracuse 1184. Pourtant Plutarque 11v met ce jeûne en relation avec la douleur de la déesse. Mais la douleur de la mère qui se sépare de sa fille n'est pas nécessairement et exclusivement attachée à la forme du mythe qui suppose un rapt violent ; conformément aux sentiments de la nature, elle existe même dans la donnée d'une Théogamie où Déméter remet elle-même, mais le coeur plein de tristesse, la fiancée à son époux. Les artistes ont très nettement exprimé cette nuance dans les compositions où ils ont représenté la Ka'cayolytli KdprIs sous l'aspect théogamique u36 Enfin, si nous avons vu plus haut que la conception de la Déméter Achea ou désolée n'était pas étrangère au culte thesmophorien, puisqu'on attribue son introduction à Athènes et celle des Thesmophories aux mêmes auteurs, aux Géphyréens, et que le pain usité dans la fête portait le nom d'7aivr, "", cette conception, fournie par le spectacle du deuil et de la stérilité de la nature, a primitivement existé par elle-même, indépendamment de l'hymen ou de l'enlèvement de Perséphoné. C'est de cette façon que nous la trouvons originairement en Béotie, au berceau même du culte thesmophorien, liée à un très vieux mythe pélasgique où Déméter seule est en scène, et d'où est sorti, par un développement postérieur, la légende éleusinienne de l'enlèvement de Perséphoné. Pour avoir ce mythe complet, il faut le demander aux traditions de l'Arcadie, les seules où il se fût conservé intact. Au dire des Phigaliens 1168, Déméter avait subi la violence de Poseidon, union forcée d'où naquit Despoina. Irritée de cet attentat, la déesse prit les vêtements de deuil qui lui valurent le surnom de Melaina, et se retira dans l'antre voisin de Phigalie, qui lui fut depuis consacré. Cependant, continuait la légende, toutes les productions de la terre périssaient et la famine enlevait la plus grande partie du genre humain, sans qu'aucun immortel pût parvenir à savoir où s'était cachée Déméter. Pan, qui parcourait l'Arcadie, reconnut enfin la déesse dans l'antre de l'Étalon, et Zeus, averti par lui, envoya vers Déméter les Moirai, qui réussirent à fléchir sa colère et à calmer sa douleur. A Thelpusa, le fond du récit était le même, et la légende locale ne différait que par quelques détails 1139. On y disait que, pour échapper aux poursuites de Poseidon, Déméter avait pris la forme d'une cavale et s'était mêlée aux troupeaux d'Oncos, fils d'Apollon. Mais le dieu, se métamorphosant à son tour en cheval, était parvenu à s'unir à elle et l'avait rendue mère d'une fille dont le nom ne devait être prononcé que par les initiés, mais qui était en réalité Despoina 1100, et du cheval Arion, si fameux dans la mythologie 1191. Alors Déméter était entrée dans un état de fureur qu'exprimait son surmon d'Erinny.•; mais, au bout de quelque temps (évidemment après son accouchement), elle avait apaisé sa fureur en prenant un bain dans les eaux du fleuve CER ®• 1060 CER Ladon, d'où l'épithète de Lusia donnée à cette forme de la déesse. Une monnaie de bronze de Thelpusa (fig. 4306) offre d'un côté la tête de Déméter, caractérisée comme Erinnys par ses cheveux en façon de serpents, et de l'autre l'image du cheval Arion, désignée par l'inscription EtilaN 1192. Une tête de Déméter exactement semblable se voit sur des monnaies de Tégée 1193. Il est encore question de la Déméter Erinnys dans la narration qui faisait naître Oreste le jour de sa fête 1194, narration apparentée à celle où le même héros était pris de fureur à l'endroit où s'éleva depuis le temple des Euménides, auprès de Mégalopolis 1195 Une tradition exactement pareille à celle de Thelpusa existait primitivement à Phénée, antérieurement à l'introduction du culte éleusinien dans cette ville; nous en avons un vestige certain dans l'histoire du bain de Déméter dans le Styx, dont sa fureur troubla les eaux 1198. Et ceci nous laisse entrevoir l'origine de la généalogie particulière qui donnait Styx pour mère à Perséphoné 1197. Pausanias 1198 dit formellement que les Arcadiens envisageaient toujours Poseidon comme époux de Déméter quand ils le qualifiaient d'Hippios; ceci nous induit à constater l'existence de la tradition qui nous occupe à Mantinée, où le dieu avait un temple sous ce nom, tout auprès d'un bois sacré de Déméter 1195 Ce mythe arcadien est d'un symbolisme aussi simple et aussi transparent que celui de l'enlèvement de Perséphoné, et a trait aux mêmes phénomènes de la production végétale, envisagés d'un point de vue un peu différent. Le dieu du principe humide de la nature, Poseidon, qui, commePhytalmios, est tenu pour auteur de la végétation 1200 et même de toute génération 1201, féconde violemment la terre par ses eaux abondantes de l'arrièreautomne. A cette fécondation succède un état de gestation de la terre pendant la saison d'hiver, où la nature est en deuil, hostile, et refuse toute production. Mais, au printemps, la terre redevient joyeuse et bienfaisante, cesse d'être Erinnys, et fait sortir à la fois de son sein la plante, sa fille divine, et les sources jaillissantes, jusquelà retenues par les gelées hivernales, que symbolise le cheval Arion 1202. Quant au bain de la déesse dans le Ladon ou dans le Styx, c'est, nous l'avons déjà dit, un parallèle du bain annuel de Héra à la fontaine Canathos lets ; la déesse s'y plonge de même après son enfantement pour reprendre son éternelle virginité 1x04 Mais ce mythe n'a pas toujours été spécial à l'Arcadie. C'est la plus ancienne forme de celui du deuil et de la colère de Déméter dans la religion des Pélasges. II serait facile d'en relever plus d'un vestige incontestable dans les parties les plus différentes de la Grèce. Bornons-nous à remarquer, comme l'a déjà fait Welcker 1205, mais en tirant d'autres conséquences que lui, que dans les traditions de Thelpusa tous les noms rappellent des localités de la Béotie. La ville et la source arcadiennes de Thelpusa ont pour pendants la ville et la source béotiennes de Tilphossa; l'Oncéion, où Déméter se cache parmi les cavales, la ville d'Onchestos en Béotie, célèbre par son culte de Poseidon 1298 La tradition béotienne disait aussi que le cheval Arion était né de Poseidon et d'une des Erinnyes 1907, de l'Erinnye Tilphossienne qui réside dans la source de Tilphossa 1208 et dont les amours avec Arès ont produit le dragon vaincu par cADmus 1'09, Et elle représentait ce cheval merveilleux comme donné par Poseidon à Copreus, roi d'Haliartos 1210, de même que dans la légende arcadienne il était donné par ce dieu au roi Oncos. L'antique Déméter Erinnys est devenue dans ces récits une vulgaire Erinnye Y01f. C'est le vieux mythe pélasgique de Thelpusa d'Arcadie localisé également à Tilphossa et à Onchestos de Béotie. La Déméter Erinnys de ce mythe, la Melal'na de Phigalie, est absolument identique à l'Achea des environs de Thèbes et des Géphyréens, La cause du deuil de cette dernière devait être originairement la même, avant d'être rapportée à l'enlèvement ou au mariage de sa fille. Ottfried Müller, qui a bien discerné ici le fond primitif, a été plus loin, et a reconnu qu'à l'origine le mythe d'Eleusis avait dû être le même que celui de l'Arcadie; que c'était aussi d'abord Déméter elle-même, et non pas sa fille qui y subissait la violence, et cela de la part de Poseidon [ELEUSINIA, sect. 1]. Cette parenté primitive, et remontant au temps des Pélasges, entre la religion d'Eleusis et celle de l'Arcadie, n'est pas seulement attestée par une ressemblance de légendes qui a frappé tous les mythologues modernes. Elle ressort aussi des traditions relatives à Cercyon, l'un des ancêtres de Musée et l'un des héros autochthones d'Éleusis 1212. De Poseidon et d'Alopé, fille d'Hippothoos, fils de Cercyon, naissait Hippothoon 1215 l'éponyme de la tribu dont dépendait la cité des mystères. Ceci ramène à la donnée de Poseidon Hippios, l'époux de Déméter en Arcadie, qui était aussi adoré sous ce nom dans l'Attique 1214. Et quand nous voyons qu'au temps de Pausanias 1215 il y avait encore un temple de Poseidon Pater à Éleusis, il n'est guère possible de douter que ce caractère de paternité lui avait appartenu par rapport à Coré ou à Daeira comme elle paraît s'être appelée le plus anciennement dans ce lieu i216 Le temple dont parle le périégète subsistait comme le dernier vestige d'un temps primitif, où le dieu des eaux avait dans les légendes éleusiniennes le même rôle que dans les mythes arcadiens. C'était là sans aucun doute la donnée de la religion des Pélasges autochthones d'Eleusis, sur laquelle les aèdes d'origine thrace, à qui l'antiquité est unanime à attribuer l'institution historique des mystères d'Éleusis1217 [ELEUSI CER -1061 -CER. NIA, sect. I], greffèrent de nouveaux mythes et de nouveaux développements. Ces aèdes furent probablement ceux qui, antérieurement à l'âge des poésies homériques, en combinant avec l'ancien mythe pélasgique de l'attentat subi par Déméter elle-même, la donnée plus nouvelle du dédoublement des attributions entre la mère et la fille [sect. vin] et celle de l'hymen de Coré avec le dieu des enfers, en firent sortir le mythe de l'enlèvement de la jeune déesse. Ce mythe avait ses plus anciens récits dans les vieux hymnes du culte athénien, auxquels on attachait les noms vénérés de Musée et de Pamphos, représentants mythiques de l'école des aèdes thraces. Nous n'avons pas à développer ici le mythe étrange, monstrueux, dans lequel le syncrétisme orphique [voy. zAGREUS] prétendit combiner les deux données de la violence subie par Déméter elle-même et par sa fille, en les combinant avec des éléments étrangers, empruntés aux mythes de la Crète et de la Phrygie [SABAZIUS]. Ils supposèrent un premier attentat incestueux commis par Zeus sur Déo, envisagée par eux comme sa mère 1"8, puis un second du même dieu, prenant la forme d'un serpent, sur Coré, la fille née de cette première union 1219. C'est du second inceste que naissait, suivant eux, Zagreus. Ailleurs [ELEUSINIA, sect. val] on montrera comment l'influence de l'orphisme parvint, à partir d'une certaine époque, à introduire ce double mythe jusque dans les spectacles de l'époptie d'Eleusis. Les Orphiques racontaient aussi que Déméter était descendue elle-même aux enfers pour y chercher sa fille Perséphoné''". Elle y pénétrait par le gouffre que lui montrait Eubuleus, et où les porcs de ce dernier avaient été engloutis, en même temps que Pluton entraînait la jeune déesse sous terre1t2t. Ceci était emprunté à une des formes du plus vieux récit pélasgique, dans laquelle c'était Déméter qui était entraînée dans les enfers par le dieu chthonien, ou bien se retirait dans sa fureur au sein de la terre, dont l'antre de Phigalie était une image. A Thelpusa, il y avait un gouffre, '0yx2ios 3.Apoct2a2 où l'on précipitait des porcs vivants en l'honneur de Déméter Erinnys '223 de même qu'à Halimonte, dans les TUESMOPHORIA de l'Attique on pratiquait le même rite en mémoire de l'engloutissement des porcs d'Eubuieus 1124 A Olympie on montrait l'endroit où, disait-on du temps de Pausanias22', la terre s'était ouverte pour donner passage à Pluton enlevant Proserpine. Mais ce dernier récit était évidemment une altération de l'ancien mythe local, car le temple qui s'élevait à cet endroit avait été jusque fort tard consacré à Déméter seule 1210, et à Déméter Xag.évr, surnom significatif dérivé d'une contraction de -kirq.aitti'n 12n et impliquant la notion d'une union amoureuse de la déesse. Remarquons encore que, tout à côté, Pausanias 4E8 signale des vestiges du culte de Poseidon Hippies, ce qui nous ramène complètement à la donnée de la religion de l'Arcadie. XI. Dans la mythologie poétique, Perséphoné est la fille unique de Déméter1229. Dans la donnée mystique, elle est seulement sa première née, 7tpadioy5o;, titre sous lequel les Lycomides lui rendaient un culte spécial à Phlya en Attique fl299, et à Andania en Messénie '-231 et auquel les Orphiques donnèrent une importance cosmogonique de premier ordre [oRPRICI, PROSERPINA]. En effet, nous avons déjà vu [sect. au] qu'un mythe agraire très ancien, que l'on trouve déjà chez Homère 123' et chez Hésiode1233 faisait naître un fils, Ploutos, des amours de Déméter et du laboureur Iasion [PLUTUS]. Ce Ploutos figure à côté des deux Déesses Thesmophores dans l'invocation des Thesmophories athéniennes 1234, où il tient exactement la place d'IACCHUS dans la donnée fondamentale du culte d'Eleusis ELEUSINIA, sect. 1]. A quelle époque remonte dans les mystères le personnage d'Iacchos ? L'hymne homérique n'en parle pas ; mais faut-il conclure de là, comme l'ont fait nombre d'érudits, qu'il n'a été introduit que plus tard dans les Eleusinies, sous l'influence de l'orphisme? C'est l'opinion de Welcker, de Gerhard et de Preller dans ses derniers travaux. Mais n'est-ce pas par une réticence volontaire que l'auteur de l'hymne a laissé dans l'ombre le plus mystérieux des personnages adorés dans le culte d'Eleusis? Ottfried Müller 1236, qui a très bien vu dans le Démophon de l'hymne un pendant imparfait d'Iaccbos, fait remarquer que le nourrisson humain de Déméter n'a pu être imaginé qu'en contraste avec lacchos, son nourrisson divin. Il faut donc, avec M. Kock 1230 faire remonter aux aèdes thraces, et par conséquent à l'origine même des mystères, la conception de ce démon mystique 1237, associé aux Grandes Déesses et complétant leur groupe par la donnée essentiellement pélasgique et primitive du aneIu,wv médiateur et sauveur, issu de la Déesse-mère 1138. Sans doute, le nom d°1nic os n'est pas primitif; il a un caractère dionysiaque manifeste1239 [BoecnuS, sect. v], il a été tiré des cris joyeux dont on accompagnait la procession du jeune dieu 12'0, et a désigné d'abord la procession même1241 ou le cantique qu'on y chantait 149, avant d'être appliqué au dieu, probablement désigné à l'origine par le nom de Ploutos, rappelé plus tard par l'épithète d'Iacchos 7coutiolô'rrls 12x3. Ce nom de Ploutos appartenait au fond premier de la religion de l'Attique '246, comme celui d'un fils mystérieux de Déméter fE45, et nous venons de voir que le nom d'Iacchos ne l'avait jamais supplanté dans l'invocation des Thesmophories. Welckerâ866, Gerhard12' et M. Stephani'24s ont admirablement reconstitué la physionomie originaire et la conception fondamentale d'Iacchos Ploutos, en CER 1062 --CER montrant son originalité mystique, laquelle diffère profondément de la physionomie dionysiaque revêtue par le même dieu à une époque quelque peu postérieure. La version qui faisait Iacchos fils de Déméter 1250 a été certainement la plus ancienne. C'est seulement ensuite qu'on a conçu Iacchos comme le fruit de l'union de Perséphoné avec son époux souterrain 1251, ce qui finit, du reste, par être la donnée admise dans la représentation mystique d'Eleusis [ELEUSINIA, sect. val; IACCUUSj. Et dans ce cas même, comme vestige de la notion première, Déméter reste sa nourrice 1252, si elle n'est plus sa mère. Un beau camée du Cabinet de France1253 représente Ilithyie qui remet à Déméter, assise sur le même trône que sa fille Coré, le petit Iacchos, pour qu'elle le nourrisse. Nous disons ailleurs [BACCHUS, sect. xv, IAccaus] comment d'une part l'Iacchos d'Eleusis devint un Dionysos enfant °" et de l'autre Dionysos, assimilé à HadèsPluton, fut transformé en roi des enfers, époux de Perséphoné-Coré. De là naquit l'idée de faire de Dionysos le frère de Coré, en même temps que son époux. C'est le couple mystique de Coros et Cora, le fils et la fille, nés tous deux de Déméter, couple si bien mis en lumière par Creuser1255, que Cicéron 1356 appelle Liber et Libera, mais en les distinguant soigneusement des divinités italiques de ce nom. La terre-cuite ci-contre (fig. 1307), trouvée à Préneste, représente Déméter portant ses deux enfants, de sexe différent 1257 La donnée de PerséphonéCoré et de Hadès-Pluton, frères en même temps qu'époux, et issus tous les deux de Déméter, devient le fondement de tous les mystères dionysiaques du Péloponnèse [BACCHUS, sect. xv], dont ceux de Lerne 1253 peuvent être pris pour type. Elle a probablement été influencée dans une certaine mesure par la religion cabirique de Samothrace, qui nous offre, au-dessous de la déesse mère. Axiéros, le couple conjugal et fraternel à la fois d'Axiokersos et Axiokersa, ce que Mnaséas et Dionysodore'269 traduisaient par Déméter, Hadès et Perséphoné '280 [CÂBIRI, sect. iv]. La constitution du couple de Dionysos-Hadès et Perséphoné comme Coros et Cora est, du reste, notablement plus ancienne, dans la religion du Péloponnèse, qu'on n'eut été d'abord disposé à le croire. Elle a précédé d'une manière sensible l'introduction du mythe crétois de zAGBEUS sur le continent grec. Nous en avons la preuve par les bas-reliefs de Sparte, de si ancien style, qu'ont publiés MM. H. Dressel et A. Milchhosfert98/, et dont une partie au moins remontent au vue siècle av. J. C. Les deux savants éditeurs ont vu dans le couple infernal qui y est représenté celui de Zeus Chthonies et de Déméter. Mais ils ne semblent pas s'être préoccupés de rechercher comment il se fait que le roi des enfers, sauf dans un exemple, y est représenté imberbe, et presque à l'âge éphéhique, exception aux habitudes de l'art grec primitif qui ne peut avoir eu lieu qu'en vertu d'une intention de symbolisme formelle. C'est la marque certaine de ce que le monarque chthonien y est envisagé comme un dieu fils et juvénile, xdpoç, et cette dernière expression avait un sens spécialement précis à Sparte, où les inscriptions nous montrent que la désignation officielle des éphèbes était ot xdpot. Les noms à appliquer aux deux divinités infernales des bas-reliefs archaïques de Sparte me paraissent donc être ceux de Coros et de Cora, d'autant plus que l'attribut dionysiaque du canthare y est presque constamment mis àla main du dieu chthonien, représenté sous les traits d'un éphèbe la". Ce couple de Coros et Cora, ou Dionysos etPerséphoné, associé à Déméter, fut donc tout naturellement porté en Italie par les colons grecs de cette contrée, qui, pour la majeure partie, sortaient du Péloponnèse. On sait [BACCaus, sect. xvI, CERES, sect. u] quelle fut dans cette contrée la brillante fortune de la triade de mère, fils et fille, formée par Déméter, Dionysos et Coré, ce qu'on traduit en latin par Ceres, Liber et Libera, et à quel vaste développement de mysticisme elle y donna lieu. On peut suivre, sous des noms divers, la propagation de cette triade introduite par les Grecs, dans un certain nombre de cultes proprement italiques qui remontent à une date antérieure au développement de la puissance de Rome Sa°3. A Capoue, par exemple, du temps de l'indépendance osque, nous voyons adorer la déesse mère Jovia Damusa avec ses deux enfants Vesolia et Jupiter Flagius, triade qui est traduite à l'époque romaine en Ceres, Venus Jovia et Jupiter Compages ou Juno Lucina, Venus Genetrix et Jupiter Compages"". Dans le Latium, le fameux culte de Préneste, sur lequel l'influence des Thesmophories helléniques est manifeste 1265, offre à nos regards la Fortuna Primigenia, mère de Juno et de Jupiter puer '266, et ici la déesse fille devient quelquefois dans les inscriptions Ops 1467 ou Feronia 1266, cette dernière formant à Tarracina un couple fraternel et conjugal avec le Jupiter Anxur 1269, juvénile comme celui de Préneste, tandis qu'au mont Soracte elle est associée au dieu à la fois chthonien et juvénile 1470 Soranus1P71. D'un autre côté, à Antium, la Fortune de Préneste et sa fille deviennent les célèbres Fortunae Antiates187a [FORTUNA], Fortuna '323 et Sors l474 ou Fortuna fortis 1275 et Fortuna felix 1478, que traduisent ailleurs Fortuna respiciens et Proserpina propitia 1477 et encore mieux Minerve et Venus avec Amor ma CER -1063CER xsumus 1248. Nous comparons encore, avec Gerhard, à ces groupements de divinités celui de Fortuna et Mater Matuta lm ou Juno Matuta "9, au Forum Boarium de Rome, et la série des Pénates célestes des Étrusques, composée de Fortuna, Ceres, Pales et Genius Jovialis 1231 Tous les rapprochements que nous venons de faire deviendront plus clairs en les résumant dans le tableau suivant. Ces groupements de divinités procèdent si clairement et si directement d'une forme déterminée du culte hellénique, qu'il n'y a pas moyen de ne pas en reconnaître l'emprunt et d'y voir seulement le résultat d'une parenté originaire entre les religions italiques et grecques, remontant à la source des Pélasges. Quant aux variations des noms divins dans l'expression de la même donnée religieuse, il n'y a pas lieu d'en être surpris ; c'est, comme on le voit aussi quand on suit la filiation des cultes cabiriques [CABIAI, sect. vI], le résultat de la superposition de cette donnée importée de l'extérieur, sur le substratum des anciens cultes locaux. XII. Nous pouvons maintenant dresser, pour ainsi dire, le tableau généalogique des principales formes, des principaux systèmes de la religion de Déméter128S, systèmes qui se sontdéveloppés d'une façon divergente d'un même fonds premier et qui s'offrent à nous, à la suite du long travail des âges, dans les cultes helléniques tels que nous pouvons les saisir sur le fait, tantôt nettement distincts et conservant leur originalité propre, tantôt par une pénétration réciproque produisant des combinaisons nouvelles nos Dans la donnée pélasgique primitive, Déméter, personnification de la terre féconde, est solitaire, réunissant au moins en germe dans sa personne toutes les attributions qui se partagent ensuite entre elle et Perséphoné. L'époux divin qui la féconde est le Zeus Triopas, aux trois faces, aux trois aspects, qui peut donc être alternativement envisagé, dans son union avec elle, comme le Zeus céIeste, comme Poseidon, roi des eaux, ou bien comme Zeus Chthonios ou Hadès. Le spectacle des vicissitudes des saisons et de la production végétative donne, dans cet état de choses, naissance à un premier mythe, celui que nous avons vu se conserver en Arcadie et dont nous avons constaté des vestiges en Béotie et à Éleusis, la violence faite par Poseidon à la déesse chthonienne en automne, la fureur et le deuil de celle-ci pendant l'hiver et l'enfan tement au printemps d'une fille issue du viol, en qui se personnifie la végétation sortant du sol, Despoina en Arcadie, Daeira à Éleusis. Ainsi se forme la conception de la Déméter affligée, Melaina, Erinnys ou Achea. L'attribution d'une fille à Déméter devient bientôt la source d'un riche développement mythique et religieux. Presque partout on n'admet plus la mère indépendamment de cette fille, K6pa. Celle-ci est la graine que l'on enfouit en terre, qui y germe et qui en sort sous la forme d'une plante nouvelle au moment du réveil annuel de la nature. Son séjour temporaire et hivernal dans le sein de la terre, au point de vue agraire, amène à voir spécialement en elle la reine des demeures souterraines, l'épouse du dieu infernal. La fille absorbe en elle tout ce côté des attributions primitives de la déesse mère, et c'est ainsi que Coré s'identifie avec l'infernale et funèbre Perséphoné [sect. viii]. La triade chthonienne de Déméter, Perséphoné-Coré et Hadès-Pluton devient dès lors le fondement religieux du culte 7'riopien [sect. lx] Une modification postérieure, en assimilant Hadès et Dionysos et en donnant un caractère fraternel au couple des deux époux infernaux, transforme cette triade en celle de Déméter, Dionysos et Perséphoné ou Déméter, Coros et Cora; ce sont les dieux des mystères dionysiaques du Péloponnèse et de la Grande-Grèce [sect. xi de cet article; BACCnus, sect. xv et xvI]. D'un autre côté, et bien antérieurement à la formation de ce culte mystique, à Thèbes, chez les Cadméens et les Géphyréerls, la donnée de la triade de Déméter, Perséphoné et Hadès, se développant sous le point de vue qui faisait des deux déesses agraires les institutrices du mariage et de la société régulière et se combinant avec l'idée sémitico-chananéenne de la loi divine, de la Thor'ah, traduite en grec par Beax);, produit le culte Thesmophorien [sect. vi], qui de Thèbes rayonne d'une part sur Athènes CEll -1064 CER et de ia sur tout le monde ionien, de l'autre sur Mégare et Corinthe, et de là sur le Péloponnèse et la Sicile. Ce culte comporte deux ordres de fêtes, les THESNSOPHOBIA, célébrées par les femmes seules et consacrées exclusivement aux deux Grandes Déesses comme protectrices du mariage légitime, et les TH.OGAMIA, qui commémorent l'hymen de Perséphoné-Coré avec le roi des enfers, C'est sur le fonds de l'ancien culte des Cadméens en Béotie, déjà lié dans ses origines à la religion cabirique de Samothrace, que, vers le temps d'Épaminondas, de nouvelles influences sorties de cette île sacrée, et dont le principal agent fut le Ly comide Méthapos, greffent le culte de Déméter Cabiria, assistée de deux Cabires [CABIRI, sect. v1]. En même temps que la religion Thesniophorienne prenait naissance à Thèbes, les aèdes d'origine thrace créaient en ,àttique la religion Eleusioîenne [ELEUSINIA, sect, Remaniant l'antique mythe pélasgique de la violence subie par Déméter et de la colère de cette déesse, conformément aux données, désormais généralement admises, du partage des rôles entre la mère et la fille et de l'union de cette dernière avec le dieu chthonien, ils créent le mythe, appelé à une si grande et si universelle popularité, de l'enlèvement de Coré par Hadès, des recherches désespérées de Déméter, et de l'arrêt de Zeus partageant l'existence de Coré entre le lit de son époux sous la terre et la compagnie de sa mère au milieu des dieux Olympiens. Ce mythe, auquel s'attache, à côté de sa signification physique, un sens moral de palingénésie et d'immortalité dans la mort, devient le fondement des mystères d'Eleusis, qui à leur tour, après être devenus une institution panhellénique 1"9C, rayonnent sur tout le monde grec et y propagent des affiliations [ELEUSINIA, sect. rit. 11 s'y combinait avec la donnée du ôalgaiiv sauveur et médiateur né de la déesse mère, lacchos, pxi?€T71c v sv µdaeaipfsnel'91, dont on fit ensuite, d'abord dans les réformes religieuses d'Epiménide et de Solon, puis plus complètement sons l'action de l'Orphisme, un Dionysos enfant, et qui, de fils de :Déméter, devint l'enfant mystérieux né dans les enfers de Coré et de Hadès [IACCHUS]. Mais dans le culte éleusinien, tel qu'il nous apparaît constitué aux plus beaux temps de la Grèce, après que les '.nfil_ences de la théologie orphique y ont pris définitivement une large place, il est encore une notion qui acquiert une importance considérable et qui se traduit en particulier dans les groupements de divinités. C'est celle de la triplicité divin.e1292, de la triade, qui constitue le monde" de ce nombre ternaire qui se manifeste dans tant de choses de la nature ; les trois éléments, feu, terre et eau, constituant, l'univers par leur réunion et leur action mutuelle, les trois saisons de l'année; le passé, le présent et l'avenir, dont la réunion forme le temps; les trois divisions cosmiques du ciel, de la terre et des enfers, auxquelles correspondent les trois classes d'êtres divins, cieux ir; mortels, héros et démons infernaux 195 ; les trois phases visibles de la luneS2B6. Nous avons déjà remarqué namenus, sect. xv] avec quelle facilité particulière les dieux des mystères de simples deviennent doubles, et de doubles triples 1'229. Dans tout ce qui touche à la religion mystique d'El_eusis en tant que sa manifestation extérieure, vocables des différents sanctuaires de la ville, légende mythique et poétique, sacrifice solennel offert au nom du peuple athénien lors de la célébration des Grandes Eleusinjes, à côté de la dualité suprême etfondamentale des Grandes Déesses, mère et fille, nous observons une recherche de groupes ternaires de divinités féminines, qui a depuis longtemps frappé les éruditsi°', Cette triplicité féminine y est particulièrement en rapport avec les trois saisons, d'après lesquelles se règle la destinée de Coré; au point de vue agraire avec la tertiatio ou le triple labour, qui donne leur nom à Triptolème et à Trisaulès, et qui jolie un rôle capital dans le mythe de la naissance de Ploutos ie ; enfin au point de vue cosmique avec la nature lunaire129`, qui se développe tout spécialement dans la religion éleusinienne et chez Déméter et surtout chez Coré 190e [PROSEaPiNA], À la fin du spectacle de la première des nuits des initiations [ELEUSINIA, sect, vil], au moment où l'on voyait Triptolème partir pour sa mission civilisatrice et Derséphoné s'élever à la lumière, apportant dans ses bras le petit lacchos, le colosse de la triple Hécate se dressait dans le fond de la scène, comme offrant à l'initié un résumé de tous les symboles qu'il avait contemplés, La Déméter des mystères de Pilénée, issus directement de ceux d'Eleusis, est triple, comme Eleusinia, Cidart'a et Thesniia tS°1. Les groupes ternaires de déesses qui expriment la même idée se forment par différents procédés .en ajoutant à la dualité des Grandes Déesses une troisième divinité, qui leur est subordonnée, ou bien, au contraire, en plaçant au-dessus de cette dualité, et avant elle, une déesse mère, qui tient le rôle et a le caractère d'un principe primordial de maternité universelle; le nom en varie, du reste, suivant les localités si la conception en reste la même, et cette mère primitive est ici Gê, ailleurs la Mère des dieux, ailleurs encore (surtout à Athènes) Athéné, ailleurs enfin Ilithyie. Dans d'autres cas, le groupe des trois déesses est distinct de Déméter et de Coré, adjoint et subordonné à la mère et à la fille, ou bien encore nous rencontrons simultanément deux triades féminines, s'étageant hiérarchiquement à deux degrés d'importance. Ce sont là autant de variations d'un thème commun, constituant l'économie du groupement particulier de divinités qui doit être qualifié d'éleusînien, Ce groupement se complète le plus souvent par l'addition aux grandes divinités d'un ou plusieurs personnages d'ordre inférieur (quoique bien des fois pris parmi les dieux olympiens), qui tiennent l'office de dieux ou héros ministres, 7cpôtrc),ot, des deux déesses, Nous réunissons les principaux exemples du groupement de divinités du système éleusinien, dans un tableau qui se divise naturellement en trois parties seignement éleusinien, au triple point de vue agraire, cosmique et palingénésiaque ou en rapport avec l'autre vie. La peinture d'un vase apulien à sujets mystiques 7342 nous offre cette scène de l'adoration des épis placés sous un riche naos (fig. 1308). Le pavot est encore un des attributs les plus habituels de Déméter 1'43. Nous en avons parlé dans la sect. III, en indiquant les mythes dans lesquels il figure. Les monuments de l'art ne présentent guère le pavot qu'associé aux épis 7344, soit dans une des mains de la déesse134s soit à l'état de symboles isolés. Le pavot est un des symboles communs aux deux déesses, à la mère et à la fille L'attribution des plantes potagères, a«;[mvm, et des graines légumineuses, ôn rptm, à Déméter [sect. ut] ne se traduit plastiquement sur aucun monument jusqu'à présent connu. Parmi les fruits qui lui sont consacrés, la CER 1066 CER Les faits relevés à Eleusis même ; les cultes attiques originairement indépendants et affiliés ensuite plus ou moins artificiellement à la religion éleusinienne; enfin les cultes qui, dans le reste de la Grèce, sont issus directement de celui d'Eleusis ou ont été remaniés sous l'action de la propagande des Eleusinies. La plupart des cultes énumérés dans la troisième section de notre tableau sont de cette dernière espèce; on y retrouve, comme dans une couche inférieure, les vestiges de l'ancienne religion locale, qui permettent d'en discerner encore l'économie sous la systématisation éleusinienne. Dans la plupart aussi, par un effet de l'esprit propre au mysticisme péloponnésien, le dieu mâle associé aux deux Grandes Déesses, au lieu d'être l'enfant de Coré, est son époux infernal, contrairement à la conception spéciale du culte d'Eleusis. XIII. Déméter emprunte une grande partie de ses principaux symboles, dans le culte et dans les ouvres de l'art, au règne végétal, dont la production lui est rapportée avant toute autre chose. Nous avons montré plus haut [sect. ut] comment toutes les céréales sont à elle, le froment comme l'orge et l'épeautre, passent pour le don qu'elle a fait aux hommes et lui doivent la désignation générique que nous leur appliquons encore aujourd'hui. Une mesure d'orge 1332, récoltée de l'année 1333 dans le champ sacré de Rharos, formait le prix dans les jeux E'leusinia133` ou Demetria'335 qui accompagnaient les mystères d'Eleusis 1336 [ELEUSINIA, sect. vl]. Les épis, que Déméter nourrit (2:myuoTp4o; 1337), multiplie (Ho)Oéa'emàu; 1338), apporte dans le mondeta3s sont son symbole et son attribut le plus habituel, le premier de tous et le plus caractéristique. Ils forment sa couronne dans une infinité de représentations, ou bien elle les porte à la main (PTmzvopdpo;, Spieif'era1340), ou bien encore ils apparaissent comme emblèmes isolés. Ce symbole est si connu qu'il n'est pas besoin d'y insister. Remarquons seulement que les épis sont presque aussi souvent donnés comme attribut à Coré qu'à sa mère [PROSERPINA] et que les spectacles de la pannychis suprême des initiations d'Eleusis se terminaient par l'apparition d'épis moissonnés, TEAeptagévo; nTâ(u;, présentés aux yeux des initiés comme c le plus grand, le plus merveilleux et le plus parfait mystère de l'époptie 13''1 » [ELEUSINIA, sect. vu]. C'était, en effet, le symbole dans lequel se résumait, pour qui savait le comprendre, tout l'esprit et tout l'en pomme, qui lui vaut le surnom de Malophoros [sect. Iv], apparaît à sa main dans une corbeille ou dans une scaphé, dans quelques figurines de terre-cuite 1748. Certaines des images votives de terre-cuite, trouvées à Tégée, montrent un cep de vigne montant au côté du trône de la déesse", d'autres un pavot poussant devant ses pieds et venant épanouir son fruit sur ses genoux 1348 En opposition aux plantes qu'elle a données aux hommes, et qui lui sont consacrées, il y a des plantes que Déméter repousse: parmi les légumineuses, la fève 1341 [FABA] ; parmi les fruits la grenade, le seul fruit que l'on n'offrît pas à la Déméter d'Acacésion 1U10, celui qu'il était défendu aux femmes athéniennes de manger pendant les THESMOPIIORIA 9311, parce que, dans l'ancienne donnée symbolique, c'était celui qu'Hadès avait fait goûter à Coré pour assurer son retour dans les enfers 1362 et que, d'après la théologie orphique, le grenadier était né du sang de CER 1067 CER ZAGREUS, mis à mort par les Titans 1333. Au contraire, tous les autres fruits étaient déposés comme offrande sur les autels de Déméter, où on les laissait quelquefois l'année entière, jusqu'à une nouvelle récolte, comme à Mycalessos de Béotie u", ou bien où on les arrosait d'huile pour les brûler, comme à Phigalie 1355 Le narcisse est, comme le pavot, une plante à laquelle on attribuait des vertus stupéfiantes et narcotiques, d'où son nom de vxpxtaaos, tiré de vapx«v. C'est une fleur des morts 1356 et à ce titre, déjà dans l'hymne attribué à Pamphos 1367 et dans celui de la collection homérique 1358, c'était celle qui décevait Perséphoné, celle que la terre faisait pousser devant elle pour la livrer à Pluton. Sophocle 1359 fait du narcisse « la couronne antique des Grandes Déesses », à titre de personnifications chthoniennes, et deux peintures murales, découvertes dans des tombeaux du Bosphore Cimmérien 1360 montrent en effet cette fleur ceignant les têtes de Déméter et de Coré 1361. En Crète le narcisse était appelé Saµâ-pwv1363 ; la fleur appelée xoaoavSa),ov et analogue à l'hyacinthe, dont on se couronnait dans les fêtes de Déméter Chthonia à Hermioné 1363 en était un succédané. Dans les TIESMOPHORIA, les femmes mangeaient de l'ail, ar.4DS9v, aussi bien que dans les sPIROP11oRIA, cette plante passant pour faciliter la pratique de la chaste té 136', imposée pendant la durée de ces fêtes. Aux Thesmophories, dans la journée du jeûne, vrIaTEta, où les femmes restaient de longues heures assises par terre, on leur recommandait à Athènes de se placer sur des branches de l'espèce de daphné appelée xvéwpov, d'agnus castus, txyvoç, ou d'année xovûÿa, plantes auxquelles on attribuait la même vertu 1365 A Milet, dans la même occasion, elles devaient s'asseoir sur des branches de pin 1366 arbre que d'autres témoignages disent avoir été consacré à Déméter, avec l'olivier et l'orme 1367 Dans beaucoup d'endroits des bois étaient dédiés à la déesse 1366 et même l'on a reconnu 1369, d'après un passage formel d'Ovide 1376, qu'elle était au nombre des divinités que l'on adorait dans un arbre sacré [ARBORES 5ACRAE]. On ne précise généralement pas la nature des arbres dont ces bois étaient formés, excepté celui de Phigalie 1371 et celui de la route de Tégée à Argos 1373, qui l'un et l'autre se composaient de chênes, indice de la confusion établie entre Déméter et Rhéa 1373, car c'est principalement à cette dernière déesse que le chêne était consacré 1377 La protection de Déméter s'étendait sur les animaux agricoles et en particulier sur l'espèce bovine [sect. rv]. Le boeuf appartient à la déesse par bien des raisons, mais en particulier comme l'animal qui traîne la charrue pourle labourage et qui trace le sillon sacré par lequel on détermine l'enceinte des villes au moment de leur fondation 1315. Il est la monture de la Déméter Tauropolos de Copra 1376 de la Déméter Europa de Lébadée 13i', de celle que représente une pierre gravée de la collection de Lippert1355. Une peinture de Pompéi'379 groupant quelques symboles du culte de la déesse, montre un boeuf auprès d'un piédestal portant une corbeille d'épis, sur laquelle est appuyé un flambeau. Dans Ies ruines de l'hiéron des divinités Triopiennes, à Cnide, M. Newton a découvert des figurines votives de boeufs et de veaux/380, aussi bien que de porc, en terre-cuite. Le boeuf ou la vache était une des victimes favorites pour être offertes à Déméter en sacrifice 138' Dans les grandes Eleusinies 0382 [IsLEUSINIA, sect. vi], dans les PROEROSIA'383, dans les fêtes que les émigrés d'origine athénienne avaient instituées à Éphèse 138b et dans le culte de Déméter Chthonia, à Hermioné 138:, le rituel voulait que cette victime fût amenée libre et sans entraves jusqu'au lieu où on l'immolait. Il est bon de rapprocher ici le sacrifice romain de la vache pleine, immolée en l'honneur de TELLUS au mois d'avril, dans la cérémonie des. Fordicidia 1386, et celui de la vache noire dans les Pherephattia de Cyzique 1387 Déméter est susceptible d'être elle-même symbolisée sous les traits d'une vache. Le célèbre symbole d'origine orientale exprimant la maternité divine, la vache allaitant et léchant son veau, figuré comme un type divin de premier ordre sur tant de monuments des arts asiatiques 1388,passe dans l'art grec et y est entendu comme la vache allaitant sa génisse ; il y devient une expression emblématique de Déméter et de Coré'. Claudien139o emploie cette image plastique comme comparaison pour dépeindre l'affection passionnée de la mère pour la fille. Au tombeau dit des Harpyies, à Xanthos de Lycie 1391, la vache allaitant sa génisse est sculptée en bas-relief au-dessus de la porte, entre les images des deux Grandes Déesses assises 1392, Nous avons vu [sect. II] quelle importance a le culte de Deméter dans les traditions primitives de Corcyre, qui adopte ce type sur ses monnaies d'argent 1393 (fig. 1309), copiées ensuite à Dyrrhachium 138' et à Apollonia d'Illyrie1395 Ceci nous fait comprendre le symbolisme d'une statuette de bronze 139fi, où l'on voit Déméter assise, tenant d'une main une patère sur laquelle reposent deux épis, de l'autre un petit vase à miel, et ayant un veau ou une génisse de petite dimension couché sur ses genoux. C'est la traduction hellénisée et l'application à Déméter et Coré ou à [THESMOPnoliuA], les porcs de ce sacrifice étaient précipités vivants dans deux trous qui s'ouvraient dans le pavé du temple et que l'on appelait zain. p ccc Ar (.r poç xal'I ~c Kopale. Ils tombaient par là dans des souterrains consacrés, µrycepce, t 3D.x, habités par des serpents qui les dévoraient. Des femmes cIppoitiapépot, préparées par une purification de trois jours, descendaient alors dans les souterrains, éloignaient les serpents à grands cris et rapportaient les débris des victimes, que l'on déposait sur les autels avec les âppgcn, images de serpents et de phallus faites en pâte crue. En même temps que les porcs, on jetait dans les trous du pavé des branches de pin chargées de leurs cônes On voulait, disait-on, rappeler les cochons d'Eubuleus engloutis dans le sol en même temps que Perséphoné. C'est ce que l'on appelait en Attique peycepi,eev 1453 et je crois qu'il faut entendre dans le même sens l'expresssion lL€y«px xtveiv quand on parle des fêtes de la Déméter Achéa en Béotie 1454. En effet, Pausanias 495 signale dans cette contrée, à l'otniæ, le rite des petits cochons précipités dans les trous 1451, et il se sert, en en parlant, des mots i ç gâ Idyxpx xxâoé covx w'tâxe'. Auprès de Syracuse, à la fontaine Cyané, on précipitait un taureau vivant en l'honneur de Coré, là où l'on disait qu'elle avait disparu sous terre ; et cet usage religieux passait pour avoir été institué par Héraclès", Dans le péribole du temple de Déméter Pélasgis, à Argos, ce sont des flambeaux allumés que l'on jetait dans un trou en l'honneur de Perséphoné 1410 CER ---'J 068 -CER Déméter et lacchos-Zagreus 1397 d'un type d'origine asiaDans la partie des Thesmophories attiques qui se célé tique ; car dans plus d'un exemple, parmi les représentabrait avec un caractère mystérieux au dème d'Halimonte tions de l'antiquité orientale , tandis que la déesse mère a la forme humaine, son nourrisson divin est figuré par un Une statuette de marbre trouvée à Rome 1399 représente Déméter assise, ayant auprès d'elle un boeuf et un porc. Dans la version orphique du mythe éleusinien, Triptolème et Eubuleus étaient l'un bouvier et l'autre porcher". Le porc est par excellence l'animal que l'on sacrifie à Déméter 1401, encore plus que le boeuf. On raconte que lorsque Triptolème fit les premières semailles, le porcvint bouleverser son travail, qu'alors il le prit, plaça des fruits sur sa tête et l'immola à la déesse 9S0'1. Dans ce récit, l'animal est celui qui dévaste le champ cultivé ivuxvani 403 e mais il n'est pas seulement la victime habituelle de Déméter, il est son animal sacré n04, II l'est comme emblème de fécondité 1i0' et aussi en vertu d'un jeu de mots obscène flü06 que nous avons déjà indiqué dans l'article BAI:BO 1607. Enfin le porc est l'animal par excellence que l'on emploie dans tous Ies rites purificatoires; on attribue à son sang une vertu sans rivale en pareil cas 9408. Aussi Gerhard If" a-t-il remarqué que toutes les fois que, dans les idoles de terre-cuite, Déméter ellemême tient le porc, elle a en même temps le flambeauY410, attribut auquel s'attache aussi une idée de purification (voy. plus loin la fig. 1321). Dans une peinture murale d'un tombeau de Panticapée f"" et sur le denier romain de C. Vibius 1412, Déméter armée des flambeaux,à la recherche de sa fille, est accompagnée d'un cochon qui marche à côté d'elle, rappelant ceux que certaines versions de la fable poétique disaient avoir bouleversé les traces du passage de Perséphoné enlevée 1403 Nous plaçons ici (fig. 1310) le dessin d'un bas-relief votif du Louvre 1414 provenant d'Éleusis, qui représente une famille sacrifiant un porc aux deux Grandes Déesses. L'immolation du porc mystique, yol'poç lJss' ,x~ç }414 était un des rites importants de la partie préparatoire et publique des mystères d'Éleusis [ELEUSINIA, sect. val. Chacun des mystes y était tenu , et de nombreuses statuettes de terre-cuite représentent des initiés 14" ou des initiées 1619 portant dans leurs bras l'animal de ce sacrifice, appelé Gvix 141e La scène même de l'immolation, faite par le myrte en présence d'un prêtre qui tient des tètes de pavot dans un plat, est retracée sur plusieurs basreliefs 1411. Tous les particuliers d'Athènes offraient également un porc comme sacrifice domestique 1450 le jour que les candidats à l'initiation pratiquaient ce rite'. CER -. 1069 CER Dans un bas-relief athénien du Louvre '"R9, la victime immolée à Déméter est une chèvre. M. Stephani 1430 a rassemblé un petit groupe de monuments qui mettent d'une manière formelle cet animal en rapport avec la déesse. En revanche, sauf une pierre gravée du Cabinet de Berlin'-maucun monument ne vient jusqu'ici apporter d'illustration à ce que dit Pausanias de la Déméter Maloplaoros envisagée comme déesse des brebis 1430 La trittye que l'on sacrifiait à Éleusis en l'honneur des Grandes Déesses et d'Iacchos1433 comprenait un bélier avec un taureau et un porc ; dans les mystères d'Andania, on immolait un mouton à Coré Ragna, en même temps qu'une truie ayant mis bas à Déméteri434 Ce sont les deux seuls exemples connus de sacrifices d'animaux de cette espèce aux Grandes Déesses. Nous avons reproduit plus haut (fig. 1298) l'unique représentation qui se soit jusqu'ici rencontrée, où Déméter apparaisse accompagnée de la grue, qu'un bon nombre de témoignages antiques disent lui avoir été consacrée 1435 [sect. m]. Quant au coq, que Porphyre 1436 attribue à la mère et à la fille, on ne l'a encore observé que sur les bas-reliefs archaïques en terre-cuite de Locres, où Perséphoné tient cet oiseau dans ses bras, soit au moment où elle est enlevée 1437, soit quand elle trône en reine des enfers, aux côtés de son époux 3438 Tout ce qui touche à la signification complexe et infiniment variée du serpent dans la symbolique religieuse de l'antiquité a été traité de main de maître par Gerhard 1439. Le serpent est fils de la terre 1440, il s'en nourrit4441 ; c'est avant tout un animal essentiellement chtho_ nier' et à ce titre on en fait l'emblème le plus expressif de l'autochthonisme ". . Il préside à la fondation de certaines villes '44' et c'est sous sa forme que se manifeste aux regards l'AGATHODAEMox et le Génie local [GENIUS]. En même temps la façon dont il se renouvelle en changeant de peau périodiquement a fait de lui un symbole de rénovationY4{G, spécialement de résurrection'447 ou de palingénésie dans la mort : d'où sa représentation sur les monuments funéraires 1448. C'est par là, et aussi par suite du caractère magique que tous les peuples anciens lui ont attribué, en Orient comme dans le monde classique, que le serpent devient l'animal spécialement consacré aux divinités médicales" [AESCULAPIUS, IYGIA], l'emblème de leur action salutaire et curativel'`S0. A tous ces titres, le serpent devait naturellement appartenir à Déméter, dont il est, en effet, un des symboles les plus habituels et les mieux connus. Le char sur lequel la déesse s'élance à la poursuite du ravisseur de sa fille et parcourt la terre en la cherchant'451(plus haut,fig.1300,1301et 1303), qu'elle donne ensuite à son favori Triptolème 'i" [TRIPTOLESI0S], est attelé de deux serpents, souvent ailés 1433, Très fréquemment un serpent s'enroule autour du sceptre de Déméter", ou du flambeau qu'elle tient à la main1465; la même particularité s'observe quand un ou deux flambeaux sont figurés en symboles isolés, comme au revers de certaines monnaies impériales de Cyzique. Quelquefois des serpents enveloppent le corps 1456 ou les bras de la déesse 9457., Sur le denier romain de C. Memmius Quirinus 14x6 et sur une pierre gravée du Cabinet de Berlin1f50, Déméter assise et tenant les épis a près d'elle un serpent1460 Dans le bas-relief de Déméter et Ploutos, dont nous avons donné le dessin (fig. 1294), deux grands serpents sortent du temple figuré derrière la déesse. Ce sont peut-être ceux des souterrains du temple d'Ralimonte 146' En effet, Déméter est au nombre des divinités qui, pour garder leurs temples14t1, ont des serpents1463, de ces gros serpents inoffensifs auxquels on appliquait spécialement le nom de Spixov-ceç'464. On en nourrissait un dans le grand temple d'Eleusis'4B', qui était le serviteur familier, «µ?d7ro1,oç, de Déméter. C'était, disait-on, le serpent qui ravageait autrefois Salamine et qu'en chassa le héros Cychrée 1466 héros qui est lui-même appelé àva dîtç1467 et qui se manifeste sous la forme de cet animal sur les vaisseaux des Grecs, au moment où va s'engager la bataille contre la flotte de Xerxès 1568. Ces derniers traits rappellent singulièrement la légende de CADMUS, vainqueur du serpent et lui-même transformé en serpent. Or, Cadmos, nous l'avons vu, est essentiellement un héros du cycle de Déméter ; en même temps, le dragon dont il triomphe, issu de l'Erinnye Tilphosienne1469, était sùrement à Pori CER 9 070 CER gine 110, né de Déméter Erinnys ma; il est une des puissances chthoniennes, le ea(µwv local de la population des autochthones vaincue par les colons Cadméens7T, aussi lui offre-t-on des sacrifices 1i73 et est-ce lui qu'il faut reconnaître dans l'Agathodaimôn ophiomorphe qu'on signale dans le voisinage de Thèbes 174. Une coupe peinte 1475 montre, dans l'intérieur de l'anactoron ou onegaron d'Eleusis, les filles de Céléos effrayées par l'apparition du serpent1a76. Dans la scène des initiations d'Eleusis reproduite sur un assez grand nombre de monuments1577 (fig. 7341), et dont la signification n'a pu être comprise que par l'enchaînement des bas-reliefs du vase de marbre récemment publié par madame la comtesse Lovatelli14le, l'épopte, admis en présence des Grandes Déesses, caresse le serpent familier. l'olxoupè; ôtptç, qui s'enroule autour du siège de Déméter. Une des choses qui frappent dans cette scène d'époptie, c'est l'absence d'Iacchos, indispensable pourtant pour compléter le groupe des divinités mystérieuses qui se révèlent à l'initié. II semble donc qu'ici le serpent tienne sa place et le représente. Ceci n'a rien d'inconciliable avec les légendes que nous venons de rappeler sur l'origine du serpent sacré d'Eleusis, et s'accorde d'une façon remarquable avec le caractère de 3aiptwv qu'avait d'abord IACCOUS [sect. xi]. Gerhard 1479 a montré que le génie sauveur et médiateur des religions pélasgiques et mïstiques est conçu comme un enfant qui se manifeste sous la forme d'un serpent, qui a pour symboles essentiels cet animal et le phallus, deux emblèmes qui s'échangent et ont dans ce cas une signification adéquate 1480 Dans le mythe orphique, qui finit par s'introduire à Eleusis [ELEUSIr11A, sect. viii], c'est la forme d'un serpent que revêt le Zeus, fils de Déméter14S1 fable qui se reproduit dans celle de FAUNUS et de la BONA DEA 148', dans les amours de Dionysos et de Nicaeat483, et aussi dans les légendes répandues sur la naissance de certains mortels auxquels on se plaisait à attribuer une origine divine, comme Aristomène 1480, Alexandre le Grand18a [sABAZIUS] et Scipion'686 On offrait quelquefois à Déméter des rayons de miel1687 ou des libations d'hydromel'''. Les Nymphes Briséennes, les Nymphes du miel, sont mises dans son cortège". Comme ouvrière des champs, l'abeille était devenue naturellement un des animaux sacrés de Déméter1690. Les prêtresses et les initiés de la déesse étaient, dans certains lieux, appelées Mdataaat 1481, c'est-à-dire a abeilles » 149'. Mélissa, racontait la légende corinthienne, était une femme à qui Déméter elle-même avait enseigné son culte mystérieux, en lui recommandant de ne le divulguer à personne; elle se laissa tuer par les autres femmes de Corinthe, plutôt que de révéler le secret de la déesse Déméter vengea sa mort en envoyant une peste ravager le pays, et tira les abeilles de son cadavre1495. Une pierre gravée du Cabinet de Berlin'494 place la fourmi auprès de Déméter. C'est, en effet, encore une travailleuse agraire, et de plus, dans la fable de l'origine des Myrmidons1L64, cet insecte est un emblème d'autochthonie. Divers attributs deDéméter sont pris parmi les oeuvres de l'industrie de l'homme. Dans l'hymne homérique, la faucille est déjà donnée pour attribut à la déesse des moissons14"6; plusieurs de ses épithètes y ont trait, et cet ustensile agricole, aux mains de Déméter, joue un rôle important dans les traditions antiques de Corcyre et du cap Drépanon en Sicile [sect. Ii et nt]. Pourtant, jusqu'à ce jour, aucun monument authentique ne montre la déesse munie de cet attribut. Le flambeau, simple ou double, est au contraire, très fréquemment porté par Démétecf497, à laquelle il vaut les surnoms de Ilup?dpo;, vent décoré d'une manière somptueuse, de feuillages étagés'' enveloppé de guirlandes de myrte", une fois garni de bandelettes''°', est souvent associé, entre les mains de la déesse, aux attributs du porc 1508 ou des CER 1071 CER épis 1J04. 11 est donné à Coré aussi souvent qu'à sa mère [PROSCRPINA], d'où toutes les deux réunies sont mi .::upyipot usai'"0'. Le flambeau ou les flambeaux ne figurent pas moins souvent, à titre d'attributs isolés, sur les monuments de toute nature relatifs à la religion des Grandes Déesses, ou bien entre les mains des personnages secondaires qui les accompagnent dans les peintures de vases de la mission de Triptolême. Dans le culte mystique d'Éleusis, les flambeaux sont les insignes caractéristiques de deux des plus hautes fonctions sacerdotales, celles du daduque et de la prêtresse tédifère [DADUCnasj. A la grande procession d'Iacchos [ELEUSINIA, sect. v1], l'image du jeune dieu portait un flambeau allumé1J06, et tous les mystes, à son exemple, en tenaient égalementf507. Devant le temple de Triptolême, dans la cité des mystères, se dressaient deux torchères colossales de marbre, hautes de cinq mètres, qui subsistent encore aujourd'hui1508 et qui devaient à certains jours être couronnées de flammes. La légende mythologique ne parle du flambeau que pour le mettre aux mains de Déméter quand elle cherche sa fille [sect. x], circonstance où, non plus, les monuments de l'art ne l'omettent pas. Mais les exemples qui viennent d'être passés en revue montrent que cet attribut a une signification bien plus générale. L'idée qu'il faut y rattacher est éminemment mystique : c'est celle de la purification par le feu 1505 à laquelle l'histoire de l'éducation de Démophon donne une place si importante dans le cycle des mythes de Déméter. Le sceptre de reine est fréquemment placé à la main de la déesse. Sa présence exclut celle du flambeau'''x mais il s'associe fréquemment avec la patère des sacrifices ou les épis, tenus par Déméter dans l'autre main, dans les peintures de vases 151', les bas-reliefs 1512 et les types monétaires 1513 Le calathos rempli de fleurs est un symbole du printemps de Perséphoné; rempli d'épis, un symbole de l'été et de la moisson, un attribut de Déméterl5'''. Les exemples de la première donnée sont fournis par les scènes de l'âvloaoyim sur les sarcophages qui retracent l'enlèvement de Proserpine, et le calathos rempli de fleurs était aussi porté par les deux statues énigmatiques de jeunes filles on de déesses juvéniles, placées devant les images des Grandes Déesses à Mégalopolis7ot5. Quant au calathos rempli des produits de la moisson et emblême d'abondance 7516 son attribution habituelle à Déméter a été déjà signalée plus haut , dans l'article CALATnus. L'enfant Ploutos le présente à la déesse 1517 Dans une belle peinture de Pompéi 1518 (plus loin fig. 1319) et sur une pierre gravée 1'19, il est placé auprès des pieds de la déesse assise. Dans une autre peinture pompéienne 1'10 c'est une corbeille plate, xmvo6v [CANIsTIU3I], au lieu du calathos profond, que tient la Déméter Chloé, à l'aspect juvénile, et qui est remplie de feuillages verts en même temps que d'épis. Ptolémée Philadelphe avait institué à Alexandrie la procession solennelle du calathos de Déméter "=", porté sur un char traîné par quatre chevaux blancs. C'est pour cette cérémonie que Callimaque composa son hymne à la déesse. Un grand bronze d'Alexandrie à la tête de Trajan 1522 en retrace (fig. 1312) la partie principale et essentielle, le char du calathos d'Athènes. C'est aux Thesmophories que Ptolémée Philadelphe l'avait empruntée'''s. Elle était étrangère aux Éleusinies. Pourtant le calathos n'en était pas absent 1531 ; avec la ciste il y servait à contenir les objets sacrés, tepol, dont la collation constituait un des actes essentiels des mystères [ELEUSINIA, corbeilles qui renfermaient ces iepâ de dimensions restreintes étaient portées dans les processions sur la tête des vierges calathéphores ou canéphores. La corne d'abondance [coRNucorIAI:], attribut constant et caractéristique de Tyché [FORTUNE] et, parmi les personnifications adorées à l'époque romaine, celui d'Abundantia et d'ANNONA, appartient-il à Déméter sur les monuments de l'art ? On l'a longtemps admis, et Gerhard 1517 partage encore cet avis; mais M. 0verbeck 1548 a élévé ici des doutes que les monuments justifient pleinement. Dans les statues jusqu'à présent connues, la corne d'abondance mise aux mains de Déméter est toujours une addition due à la fantaisie des restaurateurs modernes 1529. Dans la numismatique, le seul exemple incontestable d'une Dérnéter ayant une corne d'abondance est celui que fournissent les tétradrachmes athéniens signés des monétaires Eumaridès et Alcidamas "1, et Cléomène t531 où 1 déesse est assise sur son char attelé de serpents. Tous les autres que l'on a cru pouvoir citer s'expliquent aussi bien ou beaucoup mieux, comme l'a montré M. Overbeck, par Tyché ou Abundantia, cette dernière appelée en grec EU.,rtu ou Eûarrplm. L'attribut même des épis, tenus en même temps que la corne d'abondance, comme celui du nnodius rempli d'épis, n'est pas étranger aux représentations certaines de la Fortune 1532, Sur le revers d'un grand bronze de € ER -1072 m--. CER Néron nu (fig. 1313) qui réunit les images de Cet es et d'Annona Augusti, la corne d'abondance et le boisseau de blé sont les insignes de la seconde, tandis que la première porte le flambeau et les épis. Pourtant les intailles gravées à l'époque romaine mettent quelquefois la corne d'abondance sur le bras gauche de Déméter, que caractérisent positivement le flambeau tenu dans sa main droite 1534, ou la charrue placée auprès d'elle 1565 Mais la grande majorité des monuments de la même classe où d'on a vu Cérès dans une déesse assise ou debout, tenant les épis ou la corne d'abondance, ne peuvent pas être acceptés comme offrant des types certains de la déesse d'Éleusis 1536. Il faut y reconnaître bien plutôt Abundantia ou Annona, et, quand la déesse est voilée et trône en reine matronale, la nom. maintenant que la représentation typique en est déterminée d'une façon définitive par la statuette de marbre que vient de publier M. O. Marucchi 1J27. Déméter, en tant que divinité des mystères, est une de celles à qui appartient la ciste mystique '5se [CISTAj OUIployée dans son culte secret', Mais elle ne lui est donnée que très rarement comme attribut par les artistes. Ainsi la ciste ne figure jamais dans les peintures de vases dont les sujets appartiennent au cycle des Grandes Déesses". Dans le bas-relief d'un puteal conservé à Rome, au Palais Colonna 'e', et dont le style archaïque semble d'imitation, la ciste est placée ouverte aux pieds de Déméter assise et un serpent s'en échappe, se dirigeant vers la déesse. La statue de Déméter Erinnys à Thelpusa portait la ciste et le flambeau 1542. En revanche, dans le groupe des déesses d'Acacésion, la ciste était l'attribut de Despoina, et non de sa mère 1543. Quelques espèces particulières de vases, le isesos et la parimocnoE, sont encore au nombre des symboles de Déméter ou plutôt du culte mystique éleusinien. On les voit figurer dans les frises du grand autel monumental d'Éleusis 1511 (Goy. p. 350 fig. 419), de celui de l'Uleusinion d'Athènes 1515 (fig, 4510) et des Propylées d'Appius à Eleusis 15"6 Le van [Xdx.vo9, vAnnus] avait aussi son emploi dans quelques-uns des rites purificatoires des Eleusinies et dans la grande procession qui conduisait les mystes d'Athènes à Eleusis [ELr usinlA, sect. vI]. Mais il appartenait à 'menus et non à Déméter 1517 et c'est un attribut essentiellement dionysiaque [BACCxus, sect. xul. Dans la sect. x, à propos de la Déméter Aches, il a été parlé du rapport établi entre la cymbale ou échelon et Déméter, de l'emploi qu'on en faisait dans certaines cérémonies de son culte 1548. Pourtant aucun exemple plastique ne nous montre jusqu'ici cet instrument tenu par la déesse ou placé dans les groupes de ses symboles. Dans les bas-reliefs de l'autel trouvé à Chalandri en Attique 15'u9, Déméter porte le tympanon en même temps que le flambeau auquel s'enroule un serpent. C'est une traduction de l'épithète de yaàiGxpvrnç que Pindare 1550 donnait déjà à la déesse, accentuée dans le sens d'une confusion entre Déméter et Cybèle [voyez sect. II] d'autant plus naturelle ici que, d'après son inscription métrique 155' l'érection de l'autel de Chalandri se rattachait à un TAUBoBortuni. La même confusion apparaît chez Euripidei552 Claudien 165` met Cérès dans le char traîné par des lions qui est propre à CFBGLE, et, en revanche, certaines monnaies de l'Asie Mineure, à l'époque impériale, donnent à la déesse de Phrygie le pavot et les épis de Déméter'S55 Quelques figurines de terre-cuite de l'Italie méridionale 1556 semblent donner aussi le tympanon à Coré. XIV. Déméter a été d'abord adorée dans des arbres sacres 9557 ou sous la forme d'ARGOI LITHOI. Parmi les douze pierres brutes de l'agora de Pharae, représentant les grands dieux 5558, il y en avait une pour Déméter. Pausanias mentionne, comme subsistant encore de son temps, un certain nombre de xoana très antiques de la déesse 1559. Dans la plupart elle était assise. Les idoles de terre-cuite de Tégée156o peuvent donner une idée des xoana de cette classe. D'autres devaient ressembler au simulacre presque informe de la déesse de Lydie, munie des attributs des épis et du pavot, dont nous plaçons ici une image (fig. 1314), empruntée à un médaillon d'argent de la province d'Asie [elsToPHolu], qui porte au droit l'effigie d'Hadrien '561 Parmi les xoana mentionnés par Pausanias, le plus étrange était celui de la Déméter Melaina de Phigalie 1585, 11 était primitivement en bois, mais il fut détruit dans un incendie. Après un certain intervalle, il fut refait en marbre par Onatas d'Égine, mais d'une manière exactement conforme à l'ancien type, d'après l'ordre d'un oracle. La déesse y était assise, vêtue d'une tunique talaire. Elle avait sur ses épaules, au lieu d'une tête humaine, une tête de cheval avec sa crinière, autour de laquelle se dressaient des serpents; sur une main un dauphin, sur l'autre une colombe. Des doutes ont été élevés par divers érudits 1568 sur l'existence réelle de ce bizarre simulacre; ces doutes sont devenus une négation CER 1073 CER formelle sous la plume de M. Petersen 1° ° et de M. Overbeck7565, Pas plus que M. R. Foerster'S66 je n'y saurais souscrire. Pausanias, il est vrai, ne parle de la statue de Phigaiie que par ouï-dire; elle avait été détruite depuis trois générations par un éboulement de la voûte de la grotte sous laquelle elle était placée. Il y a aussi quelque chose d'étrange et d'inattendu à voir Onatas, même sur la prescription d'un oracle, consentir à reproduire un type aussi monstrueux, aussi en dehors des habitudes et de l'esprit de l'art de son temps. Mais il est incontestable aujourd'hui que l'art hellénique, lors de ses premiers balbutiements, a eu assez fréquemment recours à la combinaison de têtes d'animaux placées sur des corps humains dans la représentation des divinités, à l'imitation de ce qui se faisait en Égypte et en Asie'. On trouve des combinaisons de ce genre dans les grossières intailles, du travail le plus archaïque, qui se rencontrent dans les îles de l'Archipel n 8, L'auteur des Philosopltnmena''69, parlant d'après Plutarque des peintures très anciennes du pastas des Lycomides à Phlya en Attique 170, y signale une figure de femme à tête de chien "". Deux vases archaïques du Louvre 1i2 offrent des personnages, l'un à tête de lion, l'autre à tête de lièvre. A côté de ces exemples, la tête de cheval de la Déméter Melaina n'a rien d'invraisemblable; et en même temps, cette particularité du symbolisme des premiers temps grecs était trop oubliée à l'époque de Pausanias pour venir à l'esprit de ceux qui auraient cherché à inventer une image fabuleuse. II en est de même des autres attributs prêtés à la même statue. Une monnaie de Parium de Mysie 751' montre à nos regards une Déméter enveloppée de serpents et ayant près d'elle un dauphin. Quant à la colombe, des textes formels la donnent à la même déesse", Cicéron1Te parle d'une ancienne statue de bronze de Déméter tenant les flambeaux, qui existait à Enna et qui paraît avoir daté du temps de la fondation des temples de cette localité, sous Gélon. C'est d'une statue assise de cette période de l'art que le type est imité dans la terre cuite ci-jointe (fig. 1313), trouvée dans un tombeau d'Égine 1Te qui appartient au Musée Britannique et porte les traces d'une inscription dédicatoire peinte sur le dossier du trône de la déesse. Des terres cuites de l'Italie méridionale 177 offrent une image analogue, pour laquelle le nom le plus vraisemblable est celui de Déméter 118, Les deux Grandes Déesses étaient représentées dans les sculptures de la base de l'Apollon Amycléen179, et leur mode de figuration pendant la période de l'ancien style et de l'art hiératique a été copié dans un certain nombre de bas-reliefs d'un archaïsme d'imitation, comme l'Autel des douze dieux du musée du Louvre 9a6°, où i1 ne reste plus malheureusement d'antique de la figure de Déméter que la partie Inférieure, une base carrée de la Villa Albani" 1 et le puteal du Palais Colonna 1'"Les deux statues de Damia et d'Auxésia, qui couron naient en acrotères le fronton du temple d'Égine s'", peuvent être prises comme spécimens de la représentation des Grandes Déesses dans l'école éginétique 1584 Mais il est à remarquer que le type qui est donné également à toutes les deux se montre en général spécialement propre aux images de Coré [rxosEnplxAi, de même que c'est celui qui, toujours empreint dun accent d'archaïsme, est conservé pile les Romains pour la figure de srEs.A l'école des sculpteurs attiques qui précédèrent immédiatement Phi dias paraît dû le grand bas-relief d'Éleusis dont le sujet précis est encore douteux. mais qui contient certainement une représentation de Déméter et de Coré (fig. l3; 61. Phidias et ses élèves ont représenté les deux Grandes Déesses d'Éleusis, la mère et la fille, dans oui des deux groupes les plus admirables et les plus fameux du fronton oriental du Parthénon18fi. La figure de Déméter que la plupart des interprètes ont cru reconnaître dans l'assemblée des dieux qui occupe le centre de la frise, du côté de l'est108', est plus douteuse1fl8. M. Benndorfla86 a établi que le Praxitèle auteur de trois statues de Déméter, Coré et Iacchos, qui se trouvaient dans le temple de Déméter il Athènes190, n'était pas le grand sculpteur de ce nom, mais un contemporain et probablement un élève de Phidias. Vers la elle olympiade, vivait Damophun de Messène', à qui l'on dut les images de Déméter et de sa fille dans les temples de Mégalopoiis'S9' et d'Acacesion193 Mers le même temps, Euclide d'Athènes'S°'° exécuta les statues du temple de Bura en Achaïe, dont l'une représentait Déméter 1601 Mais le mainte qui établit définitivement le type plastique de Déméter fut le chef de la nou CER 1074 CER voile école attique, Praxilèle1596, qui, à notre connaissance, exécuta cinq statues différentes de la déesse, représentée isolément ou groupée avec d'autres personnages, dans des attitudes variées'. Un peu après lui, on nomme encore Sthennis d'Olynthe, qui avait fait trois figures de bronze de Déméter, Zeus et Athéné, transportées ensuite à Rome, dans le temple de la Concorde15°s. On ne cite aucun tableau célèbre de Déméter. Mais cette déesse tenait sa place dans les compositions des douze grands dieux de Zeuxis 1389, d'Euphranor160° et d'Asclépiodore1B01 Sc mettant dans son char attelé de serpents à la poursuite du ravisseur, elle figurait aussi certainement dans le tableau de l'enlèvement dePerséphoné parNicomaque 160' qui, transporté à Rome et conservé dans la cella de Minerve au grand temple du Capitole, a été le prototype imité dans tous les sarcophages de l'époque romaine qui offrent le même sujet7603 [PROSERPINA]. Malgré la grandeur des artistes qui se sont attachés à le créer, le type idéal de Déméter est peut-être, entre ceux des divinités féminines et matronales, le moins nettement déterminé et le moins fixe1604. On peut dire que, dans les oeuvres de l'art antique, la déesse d'Éleusis ne se reconnaît avec certitude qu'à ses attributs. S'il fallait pourtant donner une définition un peu précise de l'aspect qui lui a été le plus généralement donné, surtout sous l'influence de l'école de Praxitèle, et de ce qui distingue cet aspect de celui de Héra et de Hestia, le trait qui nous semblerait le plus frappant à relever, c'est que son type est toujours moins idéal, se rapproche davantage de l'humanité. Le caractère matronal, qui semblerait au premier abord une conséquence nécessaire de la nature et du rôle mythologique de Déméter'60s est loin de lui être donné d'une manière constante. Elle a quelquefois, au contraire, une apparence singulièrement juvénile, à tel point que, comme nous l'avons déjà dit [sect. vin], la distinction des traits de la mère et de la fille devient dans bien des cas presque impossible nus Rien de plus instructif à cet égard que la planche où M. Overbeck 1607 a réuni les principaux exemples des têtes des Grandes Déesses représentées sur les monnaies antiques. Un tiers au moins de ces effigies demeurent incertaines, sans qu'on puisse déterminer d'une manière positive s'il faut les attribuer à Déméter ou à Coré. De même, en présence des nombreux vases peints qui montrent Triptolème avec les deux déesses qui assistent à son départ [TRIPTOLEMUS], les érudits ont éprouvé souvent, pour dire quelle est la mère et quelle est la fille, des hésitations que les inscriptions, jointes aux figures sur un certain nombre de ces monuments, dissipent seules en quelques cas. Les statues authentiques de Déméter sont rares". La majorité de celles que l'on donne comme telles dans les musées 1609 doivent être impitoyablement écartées, car leur attribution, souvent d'une fausseté manifeste, ne repose que sur des attributs ajoutés par la fantaisie des restaurateurs modernes et qui n'ont riend'antique161U Une des plus belles et des plus certaines est la statue colossale du musée du Vatican '611 (fig. 1317), qui peut servir de type de tout un groupe de figures analogues 1612, parmi lesquelles le premier rang , au point de vue de l'art, appartient sans conteste à une statue du musée du Capitole, restaurée à tort enJunon1619. Ces statues ont une étroite parenté de type avec la Déméter du grand bas relief d'Éleusis ; l'aspectde ladéesse y est très matronal. Originairement, la main gauche élevée s'appuyait à un long sceptre. La numismatique nous offre de nombreux exemples d'images de Déméter conçues dans la même donnée1614. La statuette (haute de 1 m.) du palais Doria à Rome16L1 (fig. 1318) est le type le plus complet d'un autre groupe (l'images'6'6, où la déesse est voilée et tient le flambeau en même temps que les épis. On en voit de semblables sur quelques médailles161'. Un troisième groupe de représentations statuaires de Déméter debout" est constitué principalement par la prétendue Sapho de la villa Albani 1619 et par deux marbres du musée de Naplesj620. Ici la figure, par sa pose et son costume, rappelle la Coré du bas-relief d'Éleusis; la tête est sensiblement ,juvénile, mais les formes du corps conviennent mieux à la mère qu'à la fille. Les monnaies nous offrent de nombreuses figures de Déméter assise, qui doivent être copiées d'images des temples 1621. Jusqu'à présent on ne connaît qu'une seule statue du même genre, d'attribution certaine Elle appartient au musée de Naples1fi22 et cercle de métal, sans pointes monnaie d'Olbia 1805 , c'est une véritable couronne murale qui se combine avec les épis autour de la tète de Déméter: elle la caractérise comme divinité poliade 1633 comme la Hupyopépog dont parle Suidas 1631 Mais la vraie ni der dures. Sur une CER 1075 CER les attributs y ont été restitués d'après des indications sûres, site n'est que le restaurateur a refait trop court le flambeau que tient la déesse. La statue assise de Cnide, reproduite plus haut (fig. 1330), nous offre un type spécial, la Déméter Achea ou affligée. Les deux statuettes de Strawberry-Hill et de la collection Blundell, dont il a été question dans la section xul, représentent aussi la déesse assise, mais avec des attributs d'une nature exceptionnelle. La figure 1319 fournit un beau spécimen des représentations , assez rares jusqu'à présent1fi23 de Déméter dans les peintures murales des villes de la Campanie. L'artiste l'y a envisagée exclusivement comme déesse des moissons,commeâuceX bien que tenant le flambeau avec les épis 1624 Une autre peinture intéressante de Pompéi représente Déméter Chloé debout, nimbée, les cheveux ceints d'épis et de feuillages verts, tenant un flambeau richement orné, autour duquel s'enroule une bandelette, et une corbeille plate, remplie d'épis et de feuillages 162'. Albricus 1696 décrit en grand détail une peinture, évidemment des bas temps romains, où l'on voyait, entre deux arbres chargés de fruits, Cérès assise sur un boeuf. A son bras droit était suspéndu un calathos rempli de semences; sa main droite tenait une houe et la gauche une faucille. A droite de la déesse, étaient un laboureur et un semeur, à sa gauche, un moissonneur et un batteur. Dans le haut de la composition l'on voyait à. droite Junon versant la pluie, à gauche Apollon, comme soleil, répandant ses rayons. Les représentations de Déméter sont assez multipliées sur les vases peints1617, surtout dans les scènes de la mission de Triptolème et dans les sujets empruntés au mythe de Perséphoné. Deux des illustrations insérées plus haut dans cet article (fig. 1297 et 1298) en donnent de bons spécimens. Nous en ajoutons ici un troisième (fig. 1320) 1698 Cette figure de la déesse, tenant les épis et un court flambeau allumé, est remarquable par les riches broderies de son péplos et par la luxueuse couronne à pointes 1629 qui ceint son front. Quelques autres peintures de vases, en petit nombre, donnent le même ornement de tête à la déesse, avec de légères variantes 1636; il s'observe aussi sur une médaille d'Hermioné 1631, où il forme un simple couronne de Déméter, l'ornement qui charge le plus habituellement sa tête, quand elle en porte un, est le CALATHUS, trop souvent désigné des archéologues sous la dénomination impropre de modius. Dans certains cas 1636 comme sur le fameux vase à reliefs de Cumes (plus loin, fig. 1323), le calathos dont est coiffée Déméter se surcharge d'ornements somptueux, à la façon de celui de métal que l'on a découvert dans le tombeau d'une de ses prêtresses, au Bosphore Cimmérien1636 (plus haut, fig. 1064). Il tourne alors à la tiare droite ou clhABts, que nous voyons aussi à la déesse dans quelques peintures de vases'637 (plus haut, fig. 1298) et qui lui valait à Pbénée le surnom de Cidaria 1638. Le voile se combine avec le calathos, comme coiffure de Déméter, dans le bas-relief affectant l'archaïsme de la base de la villa Albani1B3fl et dans une belle statuette de terre cuite, trouvée à Éleusis même, que possède le Musée du Louvre 1646 (fig. 1321). Cette figurine est manifestement copiée d'une statue de la plus grande époque de l'art, empreinte d'un accent hiératique intentionnellement cherché par le sculpteur, peutêtre de celle qui se dressait à l'intérieur de l'anactoron d'Éleusis, et que certains indices, dans les témoignages littéraires, permettent de soupçonner avoir été chryséléphantinet60t. L'objet que la déesse y tient dans sa main droite, tandis que la gauche porte le porc, est très probablement le flambeau allumé; on a un certain nombre d'exemples d'une représentation aussi conventionnelle de sa flamme. Déméter est, du reste, très souvent voilée dans les monuments figurés de toute nature; le voile est un de ses attributs CER 1076 CER caractéristiques. Nous avons vu plus haut qu'il lui est constamment donné quand on la représente comme Achea ou désolée. Mais elle n'a pas besoin d'être envisagée sous cet aspect pour être voilée. Cet attribut appartient, aussi bien qu'à elle, à toutes les déesses matronales. Et il est à remarquer que, parmi les têtes de Déméter figurées sur les médailles, celles où elle est voilée 164' sont incontestablement celles où le caractère matronal est le plus accusé. On rencontre dans les collections d'antiquités des bustes estampés de terre cuite, qui n'ont jamais que la face antérieure, ayant été destinés à servir d'appliques, et où la figure est toujours coupée au-dessous de la poitrine 16''3 Ces bustes représentent ou bien Déméter voilée , comme dans le bel exemple que nous insérons ici 16''4 (fig. 1322), ou bien Coré [ met:nus , sect. xui] et même Aphrodite, en tant qu'Epitymbia16n ou Tymbôrychos 1646, se confondant avec Coré 16'7 [VENUS]. Ces bustes se déposaient dans les tombes grecques, appliqués contre une des parois et disposés de manière à ce que la divinité qu'ils représentent parût s élever de la terre, dans laquelle la partie inférieure de son corps serait encore engagée. C'est la un type de représentation propre aux divinités chthoniennes, qui résident sous la terre et opèrent à la surface du sol, au printemps, une montée périodique, type et gage de la palingénésie des morts''' Déméter, Coré et Dionysos étaient ainsi figurés dans les images de culte du Nymphên de Pyraia, près de Sicyone 1649. Un bas-relief provenant du tombeau des Haterii sur la voie Labicane, actuellement conservé au Musée du Latran '850, montre, sous une forme de buste, Déméter, Coré, Hadès-Pluton et Hermès Psychopompe, ou, pour employer les noms latins, Cérès, Proserpine, Pluton et Mercure. Des bustes isolés de Déméter, s'élevant du sol, s'observent aussi sur des plaques décoratives de terre cuite65, et clans les peintures murales de tombeaux helléniques1''2. Même notre déesse, comme Dionysos, pouvait être quelquefois représentée à titre de simulacre de culte par un simple masque. Telle était la Déméter Cidaria de Phénée 1B°3. 11 est bon d'y comparer les témoignages établissant que l'on représentait par une simple tête, dans une intention symbolique 1654, la Praxidikè de la Béotie, déesse chthonienne et infernale "", qui a par certains côtés une grande parenté avec Déméter1G5G On parle d'une X V «yopâ ?v'Eaavaivt 18,7, dont la mention devient proverbiale. Cette expression définit parfaitement les réunions de divinités que nous trouvons quelquefois suries monuments autour des Grandes Déesses d'Éleusis, celle, par exemple, qui assiste au départ de Triptolème sur la cylix peinte à figures rouges du potier Hiéron'6sd où tous les personnages sont désignés par leurs noms. Le plus important et le plus magnifique exemple de ces réunions de divinités à Éleusis, en rapport avec le culte mystique de la ville, est fourni par le célèbre vase à reliefs peints de Cumes, au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg 1655. Nous en reproduisons ici la composition (fig. 1323). Au centre, on voit Déméter assise sur le rocher de l'«yénaszoç 7cUpn, coiffée d'un riche calathos et tenant le sceptre, entre Coré et Dionysos, tous les deux debout : Coré étroitement enveloppée dans son himation et tenant un long flambeau allumé ; Dionysos, qui tient la place d'lacchos adolescent, couronné de lierre, portant le thyrse, vêtu de la stola théâtrale et ayant derrière lui le trépied des concours choragiques. Des deux côtés de ce groupe des trois divinités principales, sont Triptolème, assis sur son char attelé de serpents, et Eubuleus debout, tenant le BACCHOS des initiés et apportant le porc du sacrifice ; il remplit ici l'office de l'EPIBOanos dans les Éleusinies, et Triptolème celui de 1'xIEBOPIIANTES, comme dans les peintures de vases où il initie Héraclès et les Dioscures [TBIP'TOLEMUS]. L'extrémité gauche de la composition est occupée par les figures de Rhéa assise '66o coiffée d'un haut calathos richement orné, qui tient ici la même place que Gê Kourotrophos dans le. grand sacrifice des HIEROPOIOI à Éleusis [ELEUSINIA , sect. vi], et d'un héros juvénile, l'un des autochthones d'Éleusis, probablement Caucon 166', qui fait l'office de DADUCHUS. A l'extrémité de droite sont Athéné et Aphrodite assise , entre elles deux Artémis-Hécate debout, tenant les flambeaux : c'est le groupe des trois déesses compagnes de Coré au moment où elle fut enlevée. XV. Les anciennes religions italiques avaient un certain nombre de déesses chthoniennes, étroitement apparentées dans leurs origines et dans leur conception à Déméter, comme TELLUS 185`, oPS, la FORTUNA Primigenia de, Préneste et surtout la BONA OEA. Nous avons déjà montré [sect. lx] l'influence profonde que, dès le vil° ou le vue siècle av. J.-C., exerça sur les cultes de ces divinités la religion de Déméter, implantée par les colonies helléniques en Italie sous la double forme du culte Thesmophorien et des mystères dionysiaques de la Grande-Grèce. C'est alors que la Roua Dea reçut le nom grec de Damia'663 CER 1077 CER Damusa à Capoue 1664 péloponnésien d'origine et introduit, semble t-il, par Tarente 1665 que le sacrifice mystérieux qu'on lui offrait fut appelé damium, S4.:ov, et sa prêtresse damiatrix 1666 Mais ce fut en Campanie que le culte de la Déméter hellénique, exactement tel que les Grecs l'avaient apporté avec eux , se nationalisa définitivement chez les populations italiques et que la déesse reçut le nom dont la forme latine est Ceres 1667. Ce nom n'avait pas d'abord un caractère individuel, mais une signification générique. Dans les inscriptions osques Ifi6s le mot kerrés et kerré est un substantif indifféremment 1 masculin ou féminin, dont le sens correspond à celui du latin genius, et on en dérive un adjectif Kerriiids genialis. Dans l'ancien latin, kerus ou cerus a le même sens de « génie » 7689, pour lequel l'ombrien emploie ferfus d'où l'adjectif fer/ius 1876. Dans le chant des Saliens, on (lisait à Janus duonus cerus es 167L pour bonus pentus es, et une coupe à relief de la fabrique de Cales 1fi72 porte l'inscription ken' pocolom, qui dans le latin classique serait Genil poculurn. On rattache ces mots à la racine 1673 du verbe qui est en latin creare, contracté de cereare. Paul 1678 explique cerus manus par creator bonus, et Servius 1675 Ceres a creando. M. Bréal 1676 admet une forme primitive kersés en osque, çersus en ombrien 2877, en latin kersus ou versus, identique au second élément des noms du couple cabirique de Samothrace, Axio-kersos et Axio-kersa [cABrer, sect. or]. Les Campaniens avaient adopté avec empressement le culte de Déméter, qu'ils avaient connue par les Grecs de Cumes et de ses colonies. C'était une divinité qui convenait particulièrement à un pays comme le leur, éminemment propre à la production des céréales, qui s'y était développée sur la plus large échelle. Aussi s'y était-il rapidement formé une légende qui disait que Déméter et Dionysos étaient venus dans le pays et s'en étaient disputé la possession 1573. Déméter identifiée à la Damusa qu'on adorait à Capoue, devint pour les habitants de cette contrée la déesse par excellence, kerri. Et bientôt ce terme, originairement générique, prit le caractère d'une appellation spéciale appliquée comme nom propre à la déesse des récoltes ; il y avait même là une traduction naturelle de la façon dont les Grecs appelaient la mère et la fille Tl Oe1, « les deux Déesses », et même Déméter ' àoè;, « la Déesse par excellence ». Dans la célèbre inscription osque d'Agnone, kerri est employé simultanément avec le double sens d'un terme générique voulant dire « génie, dieu », et du nom d'une divinité déterminée, qui est mentionnée aux côtés d'En/cl74s = Dionysos. Keri arentika, c'est-à-dire Ceres ultrix, est la déesse des morts, la Déméter, Chthonia, dans l'inscription CE [l 1078 CER mprécatoire d'une lame de plomb trouvée à Capoue 1679 La Campanie fut le point où la triade hellénique de Déméter, Perséphoné et Dionysos, ou Déméter, Coros et Cora, fut traduite sous la forme italique de Kerri, Luv`rûs et Lilyfr•i 2686 en osque, ce qui est en latin Ceres, Liber et Libera. C'est donc manifestement à la Campanie, dont ils avaient occupé une partie au vie siècle avant l'ère chrétienne, et avec laquelle ils entretenaient des rapports étroits par terre et par mer, que les Étrusques empruntèrent le nom et le personnage de Kerri ou Ceres. Ils lui donnèrent place dans leur série de Pénates célestes 1661 [sect, xi de cet article ; PENATES]. Mais, en dehors de cette donnée spéciale, Cérès ne paraît pas avoir eu beaucoup d'importance dans leur mythologie, et nous ignorons la forme étrusque précise de son nom. C'est aussi de la Campanie, pays qui était avec la Sicile celui d'où Rome tirait le blé nécessaire à sa subsistance, que les Romains reçurent le culte de Cérès, qui s'y établit avec celui de Bacchus et vers le même temps que celui d'Apollon [APOLLO]. En 496 av. J.-C., le dictateur A. Postumius, le vainqueur du lac Régille, ayant consulté les Livres Sibyllins apportés de Cumes, pour y chercher les moyens de conjurer la stérilité et la disette, y trouva l'ordre d'élever un temple à Ceres, Liber et Libera, c'està-dire, comme devait porter la rédaction grecque de ces livres, à Déméter, Dionysos et Coré. L'édifice fut dédié trois ans après par le consul Sp. Cassius f6R3. Décoré par les sculpteurs et peintres Damophile 1681 et Gorgasos, ce fut le premier temple d'art purement grec que Rome posséda 1684. Bien que les divinités auxquelles il était consacré y reçussent des noms italiques et latins, le culte y demeura tout grec, et par ses rites et par la langue des formules qu'on y récitait et par les noms de toutes les choses qu'on y employait 1666 Ce fut à tel point que ce culte de Cérès demeura classé parmi les sacra peregrina 168s comme ceux d'Esculape [AESCULAPIUS] et de la Magna Mater [CYBELE]. Les prêtresses du temple étaient grecques et, jusqu'à l'époque de Cicéron, elles avaient été toujours prises dans l'une des deux villes de Néapolis et de Velia 1887, indice décisif de l'origine campanienne de cette religion. Toutes les fêtes romaines de Cérès, établies à diverses époques, l'avaient été sur le modèle des fêtes helléniques et placées aux mêmes époques de l'année [CEREALIA]. Le culte de Cérès à Rome n'a donc jamais rien eu d'original ni d'indigène. C'est celui de la Déméter hellénique transplanté sous un autre nom. De même, les artistes romains n'ont fait que copier et continuer les types grecs de la déesse, et ses mythes ont passé tout entiers sans modifications dans la poésie latine. C'est de la Campanie que Cérès est venue à Rome ; c'est de l'Italie méridionale et de la Sicile, et non directement de la Grèce, que les Romains ont reçu ses symboles, ses types et ses légendes. Au temps des troubles des Gracques, en 133 av. J.-C., un oracle tiré des livres sibyllins ordonna d'apaiser par des expiations la plus antique Cérès. Au lieu de s'adresser à Éleusis, c'est vers Enna que les Romains se tournèrent. Ils y envoyèrent une légation solennelle, en reconnaissant officiellement ce sanctuaire pour la métropole primitive et originaire de la religion de Déméter 16", Aussi la plus grande impiété que Cicéron reproche à Verrès, la plus inexpiable est d'avoir porté une main sacrilège sur les temples d'Enna. De cette façon, l'adoption de la version sicilienne du mythe des Grandes Déesses, de l'enlèvement de Perséphoné,devint chez les Romains un véritable dogme officiel [sect. x]. Et c'est ainsi que nous trouvons cette version invariablement suivie par tous les poètes de Rome, par Ovide 16'9, Stace 1680 Silius Italicus 1891 et Claudien. Le dernier et le plus lointain écho des récits siciliens se trouve dans la narration de Julius Firmicus Maternus1692 Les inscriptions, les monnaies et les monuments de toute nature attestent la popularité du culte de Cérès dans le monde romain jusqu'aux derniers soupirs du paganisme. F. LENORMANT.