Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CERNUUS

CERNUUS ou CERNUATOR. Kutin ri T%p. Bateleur, saltimbanque (littéralement, qui marche la tête en bas, ou qui fait des culbutes et des sauts périlleux 1). Dès les temps homériques, on voit' que l'on prenait plaisir à de semblables tours de force et d'adresse et qu'on introduisait ceux qui les exécutaient dans les repas pour le divertissement des convives. On rencontre quelquefois dans les auteurs des temps postérieurs la description de ces exercices ou au moins quelques traits qui s'y rapportent. II suffira de rappeler le banquet dont Xénophon a fait le récit', où paraît une danseuse qui jongle avec des cerceaux, fait la roue, entre dans un cercle d'épées en se renversant sur la tête et en sort de la même manière, lit et écrit tandis qu'elle est rapidement tournée sur une roue de potier. Le goût que l'on CER 1079 CER avait pour ce genre de spectacle est aussi attesté par des monuments assez nombreux. Ce sont le plus souvent des femmes qui font des tours de force, dans les pein tures des vases grecs. Tantôt, (fig. 1324), comme dans le banquet de Xénophon,elles se renversent sur elles mêmes pour passer par-dessus des épées plantées la pointe en l'air'': c'est ce lui de tous ces tours auquel les auteurs font le plus souvent allusion; une autre dans la même attitude tire de l'arc avec les pieds (fig. 1325)'; tantôt elles marchent ou dansent sur les mains, et on les voit entourées d'instruments ou d'ustensiles à l'aide desquels elles doivent déployer leur adresse Quelquefois, se mêlant aux jeux des convives, elles font l'office d'échanson: on en voit une 7 qui puise du vin dans un cratère (fig. 1326) ; une autre qui prépare le but pour les joueurs de cottabe a [COTTABUS]. A côté de ces peintures, il faut placer des bronzes, et l'on a remarqué que ceux qui représentent des sujets semblables appartiennent pour la plupart à l'art étrusque , comme celui qu'on voit (fig. 1327) : ce sont généralem entdes figuresd'hommes° ; mais la figure 1328, qui reproduit l'anse détachée du couvercle d'une ciste en bronze, prouve que l'on peut y rencontrer aussi des femmes. Un vase panathénaïque de style fort ancien 1o montre (fig. 1329) un danseur armé d'un casque et de jambières et tenant de chaque main un bouclier, qui exécute des tours de voltige; il est debout sur la croupe d'un cheval sur lequel il vient de sauter; une inscription, placée devant les spectateurs et qui est l'expression de leurs applaudissements, le désigne par le nom de kyhisteter (KAGOI TOI KYBIaTEITO!). Cette peinture offre uu intérêt particulier, parce qu'elle montre que ce genre d'exercice avait CER 1080 -CER aussi place dans les grandes fêtes religieuses de la Grèce. On peut tirer des monuments beaucoup d'autres exemples, qui témoignent à la fois de la variété des exercices exécutés dans les repas et les tètes par ces virtuoses, et du plaisir qu'on prit en tout temps à les voir ; c'est ce que prouve aussi la diversité des noms par lequels on distinguait, cb.ez les Romains, les t'ennui, des danseurs On des ranimes [LUDIO, MIDIUS, SALTATOP, c1NAEDUS], de ceux qui faisaient des tours de voltige [PETAUsisTA] on des funambules ,puNAMBUEUS, ScaoENODATA], etc. Nous renvoyons à ces différents noms. Toutefois, il n'est guère douteux que le nom latin cernuus, comme le nom grec xuêêisTë;T lp, ne s'applique à tous d'une manière générale. C. SAGLIO.