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CEROMA (Ks(pi µa). Pommade dans la composition de laquelle la cire entrait pour une forte part, comme l'indique le nom (qui vient de x°Ipoatj. On s'en servait en médecine'. Mais elle est surtout connue comme ayant été é. l'usage des gymnastes et des athlètes, qui s'en oignaient avant la lutte2.
h paraît, d'après le témoignage d'auteurs appartenant tous àl'époque des empereurs, qu'il y eut dans les palestres et les gymnases un local spécialement affecté à cette opération, lequel s'appelait aussi eeroma 2. Il y en eut même quelquefois chez les particuliers, quand le goût pour les lattes athlétiques fut devenu à Rome une passion qui envahit jusqu'à des femmes 4.
x-r,pwµuldteroç, donné d'abord sans doute à celui qui frottait d'onguent les athlètes ° dans les gymnases, et ensuite au maitre de gymnastique, comme on le voit par la place où ce maître est mentionné dans l'Édit de Dioclétien sur le maximum a ; ses services sont tarifés à cinquante deniers par mois, comme ceux des maîtres élémentaires qui professaient dans les écoles publiques. E. SACLio.
CERTAMINA, 'Aytrveç. Luttes, concours, jeux publies, Le goût de la Iutte, l'émulation pour la victoire, quel qu'en fût le prix, était un des traits saillants du caractère de l'ancien Grec. On le retrouve dans les circonstances les plus diverses de sa vie. Tout devenait pour lui une occasion de mesurer ses forces et de disputer à un adVersaire le premier rang. Le nom grec etyiiv, comme le latin cerlulnen, s'applique à toute lutte 1, à tout combat, à tout engagement qui met en présence deux adversaires, aussi bien aux défis que se portent des compagnons de plaisir 2 qu'aux débats des assemblées publiques', aux procès portés devant la justice a eu aux rivalités sanglantes des champs de bataille 3, mais avant tout aux concours de toute nature qui étaient l'accompagnement des grandes fêtes nationales et religieuses Les jeux
qu'on y célébrait n'en faisaient pas seulement l'ornement et l'attrait le plus vif, ils en étaient une solennité essentielle, et même les exercices de force et d'adresse, qui, au point de vue des modernes, semblent le plus étrangers à la religion, étaient aux yeux des Grecs une des manières les plus dignes d'honorer les dieux Ils ne pensaient pas que la force et la beauté du corps dussent moins leur plaire que celles de l'esprit : eux-mêmes ils avaient de cette beauté un sentiment si vif et si passionné que tout ce qui servait à la développer et à la faire paraître dans sa perfection prenait pour eux un caractère divin.
On trouvera aux noms des différentes fêtes [oLYMPTA, PY'rrliA, NEMEA, 1sTIIMIA, PA _NATIIENAEA, etc.] l'indication des concours dont elles étaient l'occasion, et au nom de chaque sorte d'exercice [LUCIA, puGILATUS, riursoolA, Lite.] les explications nécessaires sur Ies conditions qui les réglaient et la manière dont on les pratiquait; on doit se borner ici à en énumérer les diverses espèces, en les groupant d'après les caractères qui les réunissent ou qui les distinguent, et montrer en même temps la grande place qu'ils tenaient dans la vie des Grecs, l'éclat dont ils étaient entourés, et les honneurs et les récompenses qui étaient décernés aux vainqueurs.
On peut classer les jeux d'abord d'après le caractère qu'ils tiraient de leur fondation. La plupart furent sans doute dans le principe des jeux funèbres (ciymveç É7f1T. ytot) institués pour honorer la mémoire des héros ou d'autres personnages. C'est ainsi que, dans l'Iliade, Achille, après les funérailles de Patrocle, convie les Achéens à lutter de force et d'adresse pour emporter les prix qu'il leur propose Certaines traditions attribuaient s une semblable origine même aux jeux Olympiques, Pythiques, Isthmiques et Néméens, c'est-à-dire à ceux qu'on appelait les grands jeux de la Grèce, «yô,veç l eya),aI. De pareilles fondations appartiennent aussi aux temps historiques, et on voit s'en perpétuer l'usage non seulement chez les Grecs
mais aussi chez les Romains, qui l'avaient reçu des Etrusquesl0, jusqu'à une époque très avancée de l'Empire"
Mais beaucoup de fêtes remontent à un passé si lointain qu'il est difficile d'y reconnaître le principe de leur fondation, et les concours n'y paraissent que comme une solennité de plus ajoutée aux cérémonies du culte des dieux polir en rehausser l'éclat. Il est inutile d'énumérer ici des exemples : dans la plupart des fêtes, les jeux sont ainsi liés 12 à la religion d'une divinité qui y préside, quelquefois de plusieurs, qui en partagent les honneurs. Nous renvoyons aux noms des fêtes.
D'autres furent célébrées en commémoration ou pour rendre grâces d'une victoire, d'un grand péril évité ou de tout autre événement dont on avait à remercier les
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dieuxF3, ou pour accomplir un voeu, pour obéir aux prescriptions d'un oracle, pour expier un crime et obtenir la cessation d'un fléau 1".
Les jeux pouvaient être célébrés une fois seulement, ou un nombre de fois limité d'avance, ou bien d'une manière permanente, et revenir à intervalles réguliers. La plupart des grandes fêtes de la Grèce eurent ainsi des jeux périodiques («yâlvEç nepmôtxol) 1S. Dans cette classe on peut encore distinguer ceux qui étaient annuels a, par exemple les Panathénées, et ceux pour lesquels on ne se réunissait qu'après plusieurs années révolues, Ainsi les jeux Olympiques et Pythiques étaient nEVTETrlptx«, les jeux Isthmiques et Néméens TptnTrjpixet, c'est-à-dire qu'on célébrait les premiers tous les cinq ans, après une période de quatre années accomplie ; les autres tous les trois ans.
On peut encore grouper les jeux d'après la nature des luttes auxquelles ils donnaient lieu. Les Grecs en distinguaient de trois sortes : les luttes gymniques (àywvoç
Les premières consistaient, comme le nom l'indique, en exercices pour lesquels les concurrents se dépouillaient de leurs vêtements, et comprenaient tous ceux où se déploient uniquement la force et l'adresse corporelles. Ceux-ci se divisaient à leur tour en exercices légers (&ywv(eµaTa xoupa) : telles étaient les différentes espèces de course
à savoir la lutte (nxàp) et le pugilat (nuy(a.vj), le pentathle (nvTa6).ov) et le pancrace (nayxp«Trou) 18. Les concours hip
piques étaient de deux sortes, des courses de chevaux (txicoépop.(a) montés par des cavaliers (in-rRaae(a) ou attelés à des chars (âpp.aT,,),ae(a). Il y avait des courses de chevaux d'âges différents, de chars attelés de deux, de quatre chevaux, ou de mules, etc. Les coureurs étaient quelquefois armés (lit i ,ç èpépoç), d'autres fois ils portaient des
n'avons pas à entrer ici dans les détails concernant les diverses variétés de ces exercices, qui seront donnés dans des articles spéciaux. On parlera aussi ailleurs des combats d'homme à homme (µovop.ay(aç «ymveç) qui précédèrent, en Grèce, les combats de gladiateurs, plus particuliers aux Romains. 19 Les concours musicaux (c.yitiveç 4ouctxoi ou «yôlveç iitoue1 e ç)' étaient des concours de chant ou de déclamation rhythmée avec accompagnement de la cithare ou de la flûte; ou des concours d'instruments
seulement qui n'accompagnaient aucun chant. Dès les temps héroïques, les aèdes et les rhapsodes se disputaient le prix en récitant dans les banquets, aux fêtes et aux funérailles, les aventures des dieux et des héros 31 La fête d'Apollon Pythien ne consista à l'origine qu'en des concours de chant et de cithare, et un peu plus tard de flûte [py'mtA] 22 ; les jeux Néméens et Isthmiques eurent aussi par la suite des concours de poésie et de musique. Il y eut des concours de musique dès la 26e olympiade (676 av. J.-C.) à la fête d'Apollon Carnéien à Lacédémone [KARNEIA]. A Athènes, les concours de rhapsodes, aux fêtes d'Athéné, datent très probablement de Pisistrate ; ceux de musique, de Périclès [PANATHENAEA]. Il y en eut de pareils dans beaucoup d'autres villes21. A cette classe de concours se rattachent ceux des choeurs de chant et de danse (exrvixo(, Ouµeaixo( eyôlv1ç2`) qui devaient figurer aux fêtes de Dionysos, d'Apollon, d'Athéné et d'autres dieux [cuoREGLA, CHORUS] 2a, Il y faut joindre ceux des hérauts
On vit aussi quelquefois les fêtes devenir l'occasion de concours pour des peintres ou d'autres artistes 28.
D'autres concours ne rentrent dans aucune des divisions précédentes : par exemple, la régate (vEwv, Tp3jprav 4.tn)ia) qui faisait partie des fêtes des Panathénées`; une lutte nautique et une autre, de natation, qui avaient lieu près du temple de Dionysos Melanœgis, en Argolide; les combats de coqs, introduits parmi les jeux publics à Athènes par Thémistocle [ALEKTRVONON AGONES], etc. Citons encore les concours de beauté masculine et fémi
droits au culte de plusieurs divinités, de Héra, de Déméter, d'Athéné, etc. 28. Enfin un concours, qui n'est pas le moins extraordinaire pour nous aujourd'hui. un concours do baisers, à la fête du héros Dioclès, à Mégare 27.
Les Grecs distinguaient encore les âyitiveç par des noms particuliers, d'après le caractère différent des prix qui y étaient proposés. En effet, ceux-ci étaient de deux sortes : les prix (itiOXx) qui avaient une valeur intrinsèque et ceux qui étaient purement honorifiques. On appelait les concours où l'on remportait les premiers3Ô àyitlvmç iOtAp
ou rpuï,a(vat, et aussi jeux sacrés (etywveç iepoO 1, ceux où
le prix consistait en une simple couronne de feuillage, signe de la victoire, qui fut de bonne heure et qui resta
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longtemps mille fois plus estimé qu'un gain matériel. L'énumération des prix des jeux distribués aux funérailles de Patrocle"montre ce que les prix furent primitivement : esclaves, boeufs, chevaux, mulets, trépieds, bassins, vases destinés aux festins et aux sacrifices, riches, vêtements armes et pièces d'armure, etc.; ou encore de l'or, de l'argent, du fer. On continua dans les temps historiques à donner en beaucoup d'endroits des récompenses analogues. Ainsi, aux HECATOMBAEA d'Argos 33, le prix consistait en un bouclier et une couronne de myrte, aux PYTHIA de Sicyone, en une couronne et une phiale d'argent n. Dans l'île de Céos, il y avait des jeux militaires pour les jeunes gens qui s'exerçaient au maniement du javelot, de la lance et de l'arc : les vainqueurs recevaient des armes et de l'argent, et les adolescents, qui concouraient aussi. une portion de viande" A Elis, les jeunes filles victorieuses à la course étaient couronnées d'olivier et avaient une part des victimes sacrifiées à Héra 38. La tribu à laquelle appartenait le vieillard ou le jeune homme choisi au concours de beauté (eûnSpis) pour figurer dans la procession des Panathénées recevait un boeuf31; et le choeur des danseurs ou pyrrichistes qui était jugé digne du prix recevait une génisse 38. Les prix pour le dithyrambe [nITnYRAaIBUS] étaient un taureau et un trépied 39; on les voit l'un et l'autre dans une peinture de vase (reproduite p. 625, fig. 705) où Dionysos est représenté présidant aux concours choragiques.
On sait assez que le trépied, attribut bien connu de Dionysos et d'Apollon, était à Athènes la récompense des choeurs cycliques qui remportaient la victoire aux Dionysies et aux Thargélies h0. A Delphes, le vainqueur aux jeux Pythiques recevait aussi, anciennement, un trépied 41 ; de même sur la côte de la Doride, aux fêtes d'Apollon Triopien 42 En dehors du culte de ces deux divinités, on pourrait encore citer d'autres jeux où le même prix était offert : ce fut celui que le poète Hésiode conquit aux jeux funèbres institués en l'honneur du roi Alcidamas, à Chalcis en
Eubée 4D. Des vases peints, des bas-reliefs nous montrent
des trépieds destinés aux vainqueurs de la course à pied et en armes 44 et de la course des chars 45; sur une amphore panathénaïque b6 est représenté (fig. 1330) un vainqueur à la course à cheval, conduit par un héraut qui proclame sa victoire et suivi d'un homme qui porte une couronne et un trépied. Sur d'autres monuments assez nombreux où la nature de la lutte reste indéterminée, des trépieds entre les mains de Victoires ailées, auprès desquels on voit ou ces Victoires debout" ou un personnage qui n'est autre que le vainqueur lui-même, symbolisent la victoire réellement remportée dans les jeux. Ainsi dans la peinture d'un vase athénien '3, reproduite fig. 1331, nous voyons les préparatifs du sacrifice qui doit accompagner la consécration du trépied; une Victoire va le poser sur sa base, un autel est dressé devant. En effet, à Athènes, le chorège qui avait obtenu ce prix aux fêtes d'Apollon ou de Dionysos était tenu d'en faire au Dieu la consécration [cnoREGIA]. Ces fêtes n'étaient pas les seules où le vainqueur eût une pareille obligation, comme on
le voit par ce qui se passa aux jeux Triopiens A9, quand un athlète d'Halicarnasse ayant gardé le trépied, au lieu de le consacrer à Apollon, fut cause que sa ville natale fut exclue de la ligue des villes doriennes qui avaient au promontoire triopien leur sanctuaire commun.
La récompense autrefois recherchée pour sa valeur réelle pouvait donc devenir pour le vainqueur purement honorifique ; car il ne s'agit pas ici d'une offrande volontaire faite par le vainqueur à un dieu protecteur, offrande dont on trouverait aussi des exemples dans les monuments 5°. Il arriva plus souvent qu'aux récompenses honorifiques s'ajoutèrent des prix de valeur réelle, et souvent payés en numéraire 51. Des pièces de monnaie paraissent même avoir été spécialement frappées pour être données en prix. Nous en avons un exemple dans un didrachme
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d'argent de Métaponte (fig. 1332), où la figure du dieu Achélods est accompagnée de la légende Axe),wou «haov 62. Des cités accordèrent quelquefois pour leur propre compte de pareilles récompenses à ceux de leurs enfants qui avaient vaincu dans des concours ouverts par d'autres villes. Dès le temps de Solon, il en est question à Athènes, et les auteurs donnent à entendre que le législateur introduisait des réformes dans une coutume
déjà ancienne, en fixant à 500 drachmes la somme que devaient recevoir les vainqueurs aux jeux Olympiques, à 100 drachmes celle qui revenait aux vainqueurs des jeux Isthmiques a. On ne célébrait pas encore à cette époque les jeux Pythiques et Néméens. L'épithète de Taaavriaiot et ietTaaav-ctaïot, ajoutée souvent, dans des inscriptions de l'époque de l'empire, au mot «'ywvaç aw, précisant la
somme d'un talent ou d'un demi-talent qui en constituait le prix, peut être sans doute rapportée aux usages d'un temps plus ancien. Ces inscriptions sont nombreuses, et on doit placer à côté d'elles des médailles" des villes de la Thrace ou de l'Asie Mineure où l'on voit (fig. t333) représentées, avec la table qui
servait à exposer les prix n, des bourses, symbole de la rérnunération en argent offerte pour certains jeux.
On peut remarquer que les bourses ont en général une place secondaire sur ces médailles et que les jeux auxquels elles font allusion ne sont indiqués par aucune mention dans la légende; tandis que les jeux sacrés sont expressément désignés et que les couronnes dans lesquelles est inscrit le nom, les palmes ou les rameaux placés dans des urnes, qui en étaient la récompense, y occupent une place d'honneur ; de même que dans les manu ments épigraphiques cités plus haut, les «yllivoç iopo( ou aTe?a8ITat sont toujours énumérés les premiers etsoigneusemen t détaillés, tandis que l'indication des «yôlveç Oeµattxoi ou cipyupiTat est rejetée à la fin et souvent sommaire.
La table des jeux où étaient déposés les prix et les couronnes, faite de riche matière et décorée avec art 57, est souvent représentée dans les monuments. Elle en est l'emblème sur les monnaies des villes frappées sous les empereurs à l'occasion des jeux 68; on la voit sur les monnaies
d'Athènes 59; on la trouve figurée aussi sur d'autres monuments, parmi lesquels
nous choisirons pour le reproduire ( fig. 1334 ) un des sièges de marbre retrouvés à Athènes, qui étaient destinés aux agonothètes Iorsqu'ils présidaient aux jeux des Panathénées 60. La table porte les couronnes, l'amphore contenant l'huile des oliviers sacrés (reooiat) distribuée aux vainqueurs,
à côté est un de ces arbres et au-dessous une palme.
Cette huile précieuse des oliviers d'Athènes, la plus estimée dans l'antiquité, ne peut être comptée parmi les récompenses purement honorifiques, puisqu'elle était donnée aux vainqueurs en quantité considérable (de six à cent quarante amphores) et qu'elle pouvait devenir pour eux un objet de commerce : ils avaient en effet le privilège exclusif de l'exporter librement 61. On pourrait même douter que les amphores panathénaïques, que l'on voit figurer sur la table des prix dans les monuments précédemment cités et qu'on retrouve constamment, avec la chouette d'Athéné, sur les tétradrachmes du nouveau Style [AUrnotA], eussent ce caractère6e ; mais il appartient incontestablement aux couronnes, qui étaient d'olivier à Athènes et à Olympie, de laurier à. Delphes, d'ache à Némée et dans l'Isthme, et ailleurs d'autres feuillages encore 63 ; aux palmes aussi, qui passaient pour avoir été données aux vainqueurs pour la première fois à Délos, aux jeux fondés en l'honneur de Thésée, et qui étaient devenues un signe de victoire universellement adopté"; enfin aux bandelettes (Ta(via, oT€µµa)65, symbole ordinaire de consécration [Ixrur.A, vtTTA] qui dans l'ordre des récompenses précédait peut-être la couronne elle-même. Tout ce qui tenait aux jeux avait un caractère sacré, et la victoire l'imprimait particulièrement aux vainqueurs.
Cette idée est clairement exprimée dans les peintures des vases, où l'on voit des Victoires ailées tenant dans leurs mains la bandelette, comme ailleurs elles portent la couronne, et s'approchant pour enceindre le front du vainqueur". Les statues, qu'il était permis de dresser aux athlètes après leur victoire, dans l'Apis, à Olympie, et qui leur furent de même élevées en beaucoup d'autres lieux 67, étaient sans doute parées de cet insigne, comme l' 2nadurnèlae de Phidias et comme le Dina'urnène de Polyclète 68, que cet artiste avait représenté ceignant lui
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même sa tête. Quelquefois, plusieurs bandelettes sont nouées, non seulement autour du front, mais aussi des bras et même des jambes des athlètes figurés dans les peintures de vases. On en voit ici un exemple : au revers
d'un vase" sur lequel est figuré une de ces Victoires dont nous venons de parler, volant vers l'athlète victorieux et lui apportant le bandeau, celui-ci est représenté (fig. 1335); deux larges bandes entourent déjà sa jambe et son bras gauche 70; une troisième estsuspendue à la pointe qui surmonte un bonnet de forme étrange, au sujet duquel on ne trouve dans les auteurs aucun
renseignement, mais qui devait être certainement dans certaines circonstances un des insignes du vainqueur. Cet exemple en effet n'est pas unique; déjà une autre peinture 71 avait offert (voy. p . 150, fig. 182) I'image d'un
athlète ainsi coiffé d'une sorte de casque avec un haut cimier terminé par une tête d'animal fantastique, et re
présenté, comme celui que l'on vient de voir, au moment qui suivait immédiatement la victoire et qui précédait le couronnement solennel : alors les spectateurs entraînés acclamaient le vainqueur en lui jetant des couronnes, des branchages, des fleurs, des bandelettes et finalement jusqu'à des parties de leur vêtement même, s'ils ne trouvaient autre chose à leur portée pour manifester leur enthousiasme: c'est ce qu'on appelait wuaao;;oaix T-.
Les peintures d'un vase", que nous reproduisons (fig. 1336), offrent d'un côté l'image d'un vainqueur emportant sur son épaule l'amphore panathénaïque, de l'autre le même athlète sans doute, le front ceint du bandeau et tenant dans ses mains un rameau de l'olivier sacré et une tablette peinte qui est vraisemblablement son portrait (itxovtrôç 7t(v«r1)7a : il va la dédier dans le temple du dieu qui l'a protégé ou de celui en l'honneur de qui ont été célébrés les jeux. C'est ainsi que Thémistocle75, ayant remporté le prix avec le choeur qu'il avait formé, fit exécuter un tableau avec une inscription commémorative. Les auteurs fournissent encore d'autres exemples de faits semblables, et ils sont confirmés par les monuments où l'on voit des tablettes votives suspendues dans des lieux consacrés et par tout ce que nous savons d'ailleurs des habitudes des anciens 76. Ils multipliaient devant les images et dans les enceintes sacrées ces témoignages de leur piété et de leur reconnaissance, et les tableaux votifs dont on vient de parler, aussi bien que les bas-reliefs, dont nous possédons encore quelques types, où des citharèdes ont rappelé leur propre victoire en représentant celle d'Apollon n, aussi bien que les trépieds déposés dans le temple de ce dieu ou dans celui de Dionysos, dont les bases sculptées présentaient des allusions semblables78, sont autant d'exemples de pareilles offrandes, qui étaient variées à l'infini 79 [DONARIA.] Des vainqueurs aux courses de chars et de cavaliers se firent aussi représenter avec le cocher et les coursiers qui leur avaient valu le prix "0.
Ceux qui avaient vaincu à Olympie (ôaouatov(xcet) avaient le privilège de voir leurs statues élevées dans l'enceinte sacrée de l'Altis81. C'est surtout à ceux-ci, comme on le verra ailleurs, que la Grèce prodigua les honneurs et les privilèges [oLVaPLA] ; mais ceux qui étaient couronnés dans les autres grands jeux n'étaient guère traités avec moins de faveur. Rappelons seulement ici la proclamation, devant l'élite des Grecs assemblés, de leur nom, de celui de leur famille et de leur patrie, la pompe triomphale qui suivait leur couronnement, les sacrifices et les banquets en leur honneur, les hymnes composés par les Simonide et les Pindare, où retentissait leur gloire, portée ensuite dans toute l'Hellade et jusque chez les Barbares 82 ; et quand ils revenaient dans leur ville natale, associée à leur gloire par la voix du héraut et que toute la Grèce accla
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mait8" , les nouveaux triomphes et les nouveaux honneurs qui les y attendaient [voy. ATHLETA, p. 515]. On a déjà dit dans l'article auquel nous renvoyons comment l'excès même des honneurs, et l'appât des récompenses dont les vainqueurs étaient comblés, corrompirent le caractère des luttes, sacré àl'origine, et firent dégénérer en métier lucratif la pratique de ces exercices, regardés autrefois comme le plus noble développement des forces humaines et le plus digne spectacle qu'on pût offrir aux dieux. On a vu aussi (p. 519) combien les jugements portés par les anciens eux-mêmes sur les luttes agonistiques ont différé suivant les temps et les points de vue auxquels on se plaçait.
Il importe en effet de se rendre compte surtout de l'époque à laquelle on se place pour les considérer. M. Krause distingue quatre périodes dans l'histoire des concours en Grèce 84 : la première comprend les temps héroïques, la seconde va jusqu'à Alexandre le Grand; la troisième jusqu'à la fondation de l'empire romain et la quatrième jusqu'à la suppression des jeux publics par Théodose. Dans la première période, la gymnastique n'était pas encore un art [GVMNASTICA] : elle ne le devint que dans la seconde, où les jeux publics brillèrent du plus grand éclat; dans la troisième, par suite des conquêtes d'Alexandre, l'institution des jeux publics et des concours se répandit avec beaucoup d'autres éléments de la civilisation grecque dans une grande partie de l'Asie. Aussi, en parcourant les listes des vainqueurs olympiques de cette période, on rencontre assez souvent des athlètes regardés autrefois comme Barbares. On y voit aussi apparaître pour la première fois des corporations d'athlètes, de musiciens , d'artistes dramatiques, ces derniers désignés ordinaire
T•ECHNITAI], corporations qui cependant devinrent encore beaucoup plus nombreuses dans la période suivante. Quatre particularités caractérisent la quatrième période : 1° Il y est souvent question de fêtes célébrées non pas au nom d'une seule ville, mais de toute une contrée, ou de tout un peuple [KOtNON]. On connaît des xotvlx
tants des villes qui donnent la fête portent souvent le titre honorifique de neocori, quelquefois avec l'addition du nom d'un des empereurs romains [NEOCORAE CIVITATES]. 3° L'adjonction d'une série d'adjectifs ou d'épithètes au nom des fêtes, épithètes qui peuvent se ranger sous deux chefs; ou bien ce sont des adjectifs dérivés du nom d'un empereur romain, ou de quelque personnage qui le touchait de très près : ainsi nous rencontrons des fêtes appelées : Augustea, Caesarea, Hadrianea, Antinoea (d'Antinoüs le favori d'Adrien), Antouinea, Germanicea, Severea, Philacelphea (en l'honneur des deux fils de Sévère), Eusebeia, Sebasteia; ou bien pour donner plus d'éclat à la fête on lui donnait le nom d'une des quatre grandes fêtes de la Grèce, les Olympia et les Pythia sont plus fréquentes que les Nemea et les Isthmia. 4° Les combats de gladiateurs [GLADIATORES] et de bêtes féroces [VENATIO] devinrent un
élément de plusieurs fêtes même en dehors de l'Italie.
Au ne siècle seulement avant notre ère (508 de Rome, 186 av. J. C.), les luttes athlétiques des Grecs furent introduites chez les Romains 85 et avec elles bientôt aussi les concours musicaux 86; mais pendant longtemps les uns et les autres furent peu goûtés. Les efforts de quelques personnages qui inclinaient vers les moeurs de la Grèce 87 ne purent vaincre la répugnance des vieux Romains pour la nudité des athlètes et leur indifférence pour des luttes qui leur semblaient frivoles auprès des combats de gladiateurs 88, Le sentiment esthétique n'était pas chez eux assez éveillé pour s'enthousiasmer comme faisaient les Grecs à la seule vue des beaux corps en mouvement. Le pugilat seul, qui était de tous les exercices athlétiques le moins goûté en Grèce, fut au contraire de tout temps en faveur en Italie [PUGILATUS]. Il faut arriver jusqu'au temps des empereurs pour voir se développer à Rome le goût des luttes agonistiques. Auguste donna après la bataille d'Actium un éclat tout nouveau à des jeux déjà anciens en l'honneur d'Apollon, qui désormais vinrent en cinquième après les quatre grands jeux de la Grèce [ACTIA]. A Rome même, le Sénat ordonna que ces jeux seraient célébrés tous les quatre ans â°, pro salute Caesaris : ils le furent pour la première fois en 7'26 de Rome (28 av. J. C.) dans un stade construit au Champ de Mars; on y vit des luttes gymniques et hippiques à la manière des Grecs. Des jeux semblables devinrentplus fréquents sous les successeurs d'Auguste et il commença àles demander 90. Mais c'est sous Néron surtout, que ce genre de spectacle devint véritablement populaire. Cet empereur, dont on connaît la passion pour ces concours, où il se piquait d'exceller, fonda, en 60 ap. J.-C., des jeux sacrés entièrement imités de ceux des Grecs, où se succédaient les concours hippiques et gymniques et ceux de musique, de poésie et d'éloquence °i. Une monnaie frappée l'année de leur fondation, et à la face de
laquelle on voit l'effigie de Néron, porte au revers la table des prix avec la légende CERTA (men) QUINQ (uennale) ROM (ae) con (suturrc) s (enatus) c (ensuite) (fig. 1337) 92.
L'agon Capitolinus, fondé en 86 par Domitien, effaça par son éclat et fit oublier lagon Neroneus 93. Célébré comme celui-ci tous les quatre ans, il réunissait les mêmes genres de concours et l'on y vit ceux de musique et de poésie atteindre une perfection que l'on n'avait jamais connue à Rome. Des poètes vinrent des provinces les plus éloignées disputer la couronne que l'empereur y donnait de sa propre main °A. C'est pour ces concours musicaux que Domitien fit élever au champ de Mars parle célèbre architecte Apollodore un Odéon qui pouvait renfermer 10,600 (ou 11,600) auditeurs. Un stade destiné aux luttes gymniques, et qui en contenait de 30 à
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33,000, fut construit dans le voisinage, àl'endroit qui s'appela longtemps campus agonis, et qui est devenu la place Navone. Tous les exercices habituels dans les jeux de la Grèce eurent aussi place dans ceux-ci, jusqu'à des courses de jeunes filles imitées de celle des Spartiates, au moins à l'époque de la fondation, car elles ne furent pas continuées. Tout l'appareil dont s'entourait l'empereur pour présider à ces jeux rappelait celui des jeux olympiques, dont on se plaisait à les rapprocher [Lune CAPITOLINE]. Ils se conservèrent jusqu'aux dernières années du paganisme.
D'autres agones furent fondés encore par les empereurs, ainsi par Caracalla en mémoire d'Alexandre le Grands'; par Aurélien en l'honneur du Soleil90; d'autres encore sont mentionnés par les auteurs ou indiqués par des inscriptions 97, sans que l'on sache d'ailleurs rien de précis à leur égard. On voit à quel point l'ancienne aversion des Romains pour les luttes athlétiques et musicales avait changé. Toutes les résistances avaient paru vaincues sous Néron, quand on vit des personnages appartenant à la noblesse, un fils de consulaire même, comme Palfurins Sura, descendre nu dans la lice". Quoique les écrivains du premier siècle protestent encore en maint endroit contre l'envahissement des habitudes grecques, considérées comme funestes aux moeurs, la mode de ces exercices devint un entraînement général. Il y eut alors des associations d'athlètes régulièrement organisées qui se transportaient de ville en ville, de concours en concours 99. C'étaient des hommes libres, car les agones fondés par les empereurs, comme les jeux sacrés de la Grèce, n'admettaient pas les esclaves 100, et l'exercice de leur profession n'entraînait pour les athlètes aucune déconsidération. Une de ces corporations, les Herculani, avait à Rome, au ne siècle, son gymnase, sa curie, son temple même, et son chef ou Xystarque, qui paraît avoir été chargé, avec le titre d'âpytspeûç, de la surveillance des bains de l'empereur101 Dans tout le monde romain ces athlètes trouvaient des théàtres pour leurs exploits. Néanmoins l'occident ne paraît pas avoir été jamais pour le développement de l'athlétique une terre aussi favorable que la Grèce et l'Orient, comme le prouve l'abondance des inscriptions relatives aux jeux fondés dans toutes les villes dans cette partie du monde romain et le grand nombre des noms des vainqueurs qui leur appartiennent, si on les compare avec la rareté de témoignages pareils dans le reste de l'empire'''. E. SAGeto.
GERTI INCERTI ACTIO. En droit romain, on appelait, en général, actio serti une action dont l'objet était certain. Sous l'empire du système des procédures des actions de la loi (legis actiones), une loi Silia, rendue vers 501 de Rome, en 507 de Rome (244 av. J.-C.), suivant Rudorfl'', àl'époque de l'établissement du préteur pérégrin [Peaevon], créa une action de la loi, nommée condictio certae pecuniae,
pour réclamer une somme d'argent déterminée. Une loi Calpurnia, que l'on place habituellement en l'an 520 de Rome, 234 av. J.-C., permit (l'agir par condictio, à raison d'une obligation ayant tout autre objet certain (de omni certa re)2. Gaius ignore lui-même le motif de l'invention de cette action, alors qu'on pouvait employer en matière personnelle la legis actio per sacramentum ou
ment que la question était fort controversée du temps des Antonins.
Sous le régime de la procédure formulaire, déjà en vigueur au temps de Cicéron, on appelait actio incert, celle dont l'intentio de la formule était certa [ACTIO]; c'est ce qui arrivait lorsque les conclusions du demandeur indiquaient nettement la nature, la quantité et la qualité de l'objet réclamé, quid, quale, quantum sit. Dans le cas contraire, l'actio était dite incerta 6. Ainsi une stipulation certaine engendrait une actio certa, et la stipulation était certaine quand elle avait pour objet une chose corporelle déterminée, soit dans son individualité, soit au moins dans sa quantité et sa qualité'. Toutes les fois que l'objet était incorporel, comme un usufruit, ou qu'il s'agissait d'une chose de genre indéterminée dans sa qualité, ou d'un fait ou d'une abstention, la stipulation et l'action étaient au contraire incertae7. Les actions réelles ayant pour objet un corps corporel certain et les actiones famosae étaient aussi certae. Cette distinction offrait un grave intérêt au point de vue du danger de la plus petitio; celui qui réclamait plus qu'il ne lui était dû perdait son procès par l'effet nécessaire de la corrélation entre l'intentio certa de la formule et de la condemnatio, qui ne permettait au juge de condamner le défendeur, que si 1'intentio était vérifiée e. Ce danger n'existait pas pour les actions incertae; mais il y en avait un autre : quand on agissait, il fallait éviter parfois de déduire en justice la totalité de son droit, pour prévenir la consumptia actionis; par exemple, en réclamant les arrérages échus d'une rente, il fallait restreindre, par une praescriptio placée en tête de la form le,da portée d'une intentio conçue en termes trop généraux pour permettre de demander plus tard les arrérages à échoir.
Parmi les actiones certae, l'on distinguait spécialement les actions ayant pour objet une somme d'argent liquide.
L'action slappelait alors condictio certae pecuniae 10, et différait des autres condictiones certae par une procédure plus rapide et une sanction plus énergique. Si le litige n'était pas tranché in jure devant le préteur par l'aveu 11 ou par la prestation du serment déféré, conformément à l'usage admis par la loi Silia 12, ce magistrat renvoyait les parties devant le juge qui n'avait pas ici la Titis aestiniatto à faire, et ne devait que prononcer sur l'existence
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de la dette. Les parties se livraient une gageure réciproque (sponsio etrestipulatio) qui obligeait le succombant àpayer le tiers de la somme d'argent, ou même la moitié, en cas de perte de constitut(pactum eonstitulaepecuniae) 1°. Au temps des jurisconsultes, on admit une action appelée condictio triticaria, qui ne s'appliquait pas seulement aux res certae, mais qui pouvait être donnée aussi de re incerta, notamment en matière de denrées i'°. Il n'est donc pas sûr que cette action soit l'analogue de l'ancienne condictio de ornai certa re, créée par la loi Calpurnia 13. Rudorff admet cependant l'affirmative u, mais il croit que dans cette condictio triticaria, il n'y avait plus lieu à la sponsio pénale de la leyztima pars, et qu'on pouvait y éviter la plus pétition loce, au moyen d'un arbitrium liti aestimandae 17. I1 est probable que la condictio triticaria comprenait 1° le cas de condictio de alia certa re, pour les choses certaines autres que l'argent, et 2°, la condictio inverti, qu'on appelle souvent aetio ex stipulatu ou ex testamento 18, savoir quand la stipulation ou le legs a un objet incertain. Ces deux espèces n'admettaient pas la sponsia tertiae partis, mais la première diffère de la seconde et se rapprochait au contraire de la condictio certae pecuniae, en ce que la condictio certae rei comportait aussi la possibilité d'une plus pétition. Remarquons d'ailleurs que dans toutes les deux est la condittio triticaria, la condemnatio de la formule est incerta: car elle oblige le juge à une estimation pour prononcer la sentence qui, sous le régime formulaire, doit être tou
jours pécuniaire 19. G. HUMBERT.