Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CESTROPHENDONE

CESTROPHENDONE, KECTpoapssl vA. Ce nom, formé de x€crpo7 et de ¢mtvlévr;, désigne une arme consistant en un trait lancé au moyen d'une fronde. Polybe' et Tite-Live' en ont donné la description. Tous deux s'accordent à dire que le trait se composait de deux parties : 1° le fer ayant deux palmes (0m, 15) de longueur, y compris la douille profonde d'une palme (0x,075); 2° la hampe en bois longue d'un empan (0x,225), grosse comme le doigt, et au milieu de laquelle on fixait trois ailettes également en bois. Ils disent aussi que ce trait était lancé à l'aide d'une fronde sur laquelle on le fixait au moyen d'un noeud peu serré, de manière qu'il ne pouvait se déplacer pendant le mouvement de rotation, mais se dégageait facilement au moment où le frondeur lâchait l'une des courroies : seulement Tite-Live est plus explicite que Polybe, quand il désigne ce qui servait à faire le noeud; il dit que la poche de la fronde (media fonda) était munie à cet effet de deux cordelettes (funalia), et cette disposition est judicieuse. On peut mettre Polybe d'accord avec lui en traduisant le mot bscpydvTS par « appendices », ce qui désignerait les cordelettes de Tite-Live. Mais, si l'on n'admet pas cette interprétation, c'est-à-dire si l'on croit que le mot 157Capxôv'a se rapporte aux deux courroies (xillaa) de la fronde, il faudra bien croire aussi que Polybe a voulu dire qu'on nouait ces 137 CES 1090 CHA dernières sur le trait; or, cela ne nous paraît pas probable, car si tant est que les deux courroies se séparassent complètement au moment où le frondeur en lâchait une, cela ne pouvait se faire assez promptement pour que le projectile fùt à l'abri d'un frottement prolongé, cause de déviation et de perte de vitesse. Quant à la longueur inégale qu'on donnait aux moyens d'attache du trait, détail qui est mentionné par les deux auteurs, nous croyons qu'on n'avait adopté cette disposition que pour éviter de placer le point d'attache sur le trait lui-même, ce qui eût pu nuire au glissement de celui-ci, et surtout pour ménager Ies ailettes par qui le noeud était ouvert, puisqu'en raison de la position du centre de gravité et des nécessités du tir elles étaient placées sur la fronde, du côté opposé à l'ennemi. M. Alexandre Bertrand a fait exécuter une arme (fig. 4341) d'après les données de Polybe, qui, expérimentée par lui, apénétré profondément en terre. I1 a reconnu, dans ces expériences, que les conditions concernant fa longueur du trait, la place des ailettes au milieu de l'arme, l'inégalité de longueur des courroies ou cordes de la fronde, sont très nécessaires : avec les ailettes à l'arrière, le trait ne saurait être placé convenablement sur la fronde; lancé par une fronde à soutiens égaux, le trait tournoie sur luimême au lieu de se diriger droit sur le but. L'inégalité de ces soutiens doit être telle que l'angle formé par le trait incliné et la ligne de terre soit de 39 degrés. M. Joseph Bertrand, confirmant par ses calculs les expériences de son frère, a reconnu que la direction rectiligne du trait, issue en apparence du mouvement giratoire de la fronde, provenait de l'action exerc ée par le soutien le pluscourt dans l'instant qui suit celui où la pointe de l'arme devient libre, et que cette action dépendait de l'inclinaison de la flèche. « L'exercice de cette arme, dit M. Alexandre Bertrand, était certainement un de ceux qui exigeaient le plus d'habileté; aussi est-ce un de ceux que paraissent avoir préférés les Athéniens aux époques voisines de notre ère : la mention, dans les inscriptions éphébiques, d'un magistrat gardien des de-ce« (xsevooxd)s ), ne laisse aucun doute à cet égard. » MASQUELEZ.