Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CHELIDONISTAI

CHELIDONISTAI. I Juin, dans le calendrier rhodien [cacnnaenmm]. 2 VIII, Le trait commun de toutes les descriptions poétiques de la Chimère, c'est qu'elle vomit des flammes : flammis armata chimaera7. C'est là ce qui la rend redoutable, invincible aux hommes, qu'elle dévore dans ses irrésistibles ravages. Un second trait qu'on retrouve partout, c'est sa défaite et sa mort par la main de Bellérophon. Les récits postérieurs à Homère y ajoutent Pégase comme monture de Bellérophon, qui joue ici le rôle héroïque de destructeur de monstres, donné ailleurs à Hercule, à Thésée, à Jason, etc. Quant au lieu d'habitation de la Chimère, Homère, on l'a vu, le place en Carie. D'autres le mettent en Carie ou en Lycie, chez les Lélèges, ces frères errants des Pélasges'. En Lycie une montagne volcanique portait le nom de Chimaera, et des écrivains anciens la regardent comme ayant donné lieu à la fable de la Chimère°. Selon Servius, il s'agit d'une montagne de Cilicie (Lycie ?), dont le sommet vomissait encore des flammes de son temps. Des lions habitaient près de son sommet, tandis que des chèvres paissaient sur les flancs de la montagne, et que des serpents rampaient à ses pieds. Bellérophon en s'y établissant la rendit habitable10. On a fait venir le none de la Chimère du phénicien chanitrah qui signifie : bridé"; mais l'étymologie la plus accréditée la tire du grec yoq.aéiv, hiver, tempête. Xtua(pu était aussi le nom qu'on donnait à la jeune chèvre d'un an. Il y a là un rapprochement qui rappelle celui que l'étymologie établit entre un autre nom de la chèvre, un, et l'égide d'Athéné [AEGIS]. Cette égide est regardée par quelques-uns comme un symbole de la nuée orageuse ". La Chimère serait ainsi le symbole du nuage d'où jaillit l'éclair. Son mythe serait une autre forme de celui d'OEdipe et du Sphinx, selon l'interprétation qu'en a donnée M. Michel Bréal13. « Le Sphinx, dit M. Bréal, est de la même famille que la Chimère et la Gorgone; le combat où il succombe est une des formes qu'a revêtues la lutte de Zeus contre Typhon ou celle d'Apollon contre le serpent de Delphes14. » Rien, d'ailleurs, n'empêche de penser que le mythe de la Chimère est la forme lycienne de la lutte de Zeus contre Typhon représentée par les phénomènes perturbateurs de l'orage et des éruptions. La Chimère a été souvent représentée, soit seule, soit dans sa lutte contre le héros solaire BELLÉROPHON. On trouvera sous ce nom les indications qui se rapportent à ce mythe. On la voit aussi en rapport avec Hercule sur un vase du Musée Britannique". Un vase très ancien la réunit au Minotaure" Parmi ses représentations isolées, la plus célèbre est la Chimère de Florence (fig. 4364) trouvée en 1554 à Arezzo, et qui porte une inscription étrusque. Cette Chimère de bronze est un monstre dimorphe qui porte une tête de chèvre entée sur un corps de lion". La queue est brisée ; mais il ne semble pas qu'elle ait dû avoir la forme du serpent. La Chimère 31.-3 Hesiod. Loc. cit. -4 Prima leo, postrema draco, media ipsa Chimaera (De natis (Myth. zoolog. li, 166) la Chimère est une image du passage du soleil du soir dans l'obscurité de la nuit. 15 V. le catalogue, n° 575. 16 Bulletin areh. Bard. pl. ccv; Micali, Antich. monum. pl. xcu. 17 Micali, Ant. mon. iued. pl. xx; King, 1403 CI-II a d'ailleurs été fréquemment représentée dans les oeuvres de l'art étrusque. On la voit mêlée à des centaures et à d'autres figures de personnages et d'animaux sur une plaque de terre cuite, sur une remarquable bague, dans une coupe de terre en style très archaïque, oeuvre signée d'un nom grec qui avait paru rappeler le compagnon légendaire de Démarate, Euchir1°, On trouve la Chimère peinte (fig. 1365) sur un plat très ancien découvert à Camiros, dans l île de Rhodes, actuellement au Musée du Louvre ". On la voit encore sur des monnaies grecques, telles que celles deCorinthe, de Sicyone, etc. L. DE RONCHAUD. CIIIRAMAXIUM (Xetpâuxa, zetpxg.;tov). -Ce mot se trouve dans le Satyricon de Pétrone, qui désigne ainsi un petit chariot, sur lequel était traîné un enfant dont Trimalchion avait fait son favori'. Ce qu'il ajoute, que quatre coureurs harnachés de phalères [PHALERAE] comme des chevaux, marchaient devant, donne à supposer que ce chariot était tiré au moyen d'un timon. Les monuments en montrent de semblables servant aux jeux des enfants, et même il y en a dans lesquels des enfants sont assis et traînés '. Mais on ne peut faire que des conjectures quant à la forme tout véhicule mû à bras peut avoir reçu ce nom. [I est aussi possible qu'on l'ait appliqué à une chaise roulante, telle que l'on en voit aujourd'hui à l'usage des malades. Le Musée Britannique possède un fauteuil de marbre (fig. 1367) provenant des thermes d'Antonin, à Rome, sur les côtés duquel deux petites roues sont sculptées. Ce siège ouvert en son milieu (sella pertusa)° était évidemment une chaise à l'usage des baigneurs [BALNEA, p. 663, fig. 768] et l'ouverture facilitait l'écoulement de l'eau; mais il imite par sa configuration un fauteuil mobile et nous en offre peut-être le modèle' [SELLA]. E, SAGLIO.