Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CHOUS

CROUS (Xoûs). Ce nom désigne à la fois un vase et une mesure de capacité du système attique. 1. Le nom, qui vient de X€W, indique un vase à verser, se rapprochant par sa forme et par son usage d'autres vases ayant cette destination, tels que le PRocuous et l'oENOCHOÉ, Mais, s'il peut être pris dans cette acception générale, le même nom s'applique aussi à un type particulier de vase, plus petit que le cratère [CRATERA] où l'on puisait le vin mélangé d'eau, plus grand que l'oenochoé au moyen de laquelle on le faisait passer dans les coupes, et participant de l'un et de l'autre par l'usage que l'on en faisait. Nous savons, en effet, que ce vase, d'un emploi très CHH 1128 -CHR ordinaire', cruche ou broc d'argile commune et, à ce qu'il semble', muni d'une seule anse, était placé, dans les repas, devant les convives, rempli de vin mélangé d'eau comme dans les cratères 3; ou bien chacun l'apportait avec soi, en même temps que la corbeille de pain (xisrtç). C'étaient là des accessoires en quelque sorte indispensables à ceux qui se rendaient au souper qui terminait le second jour (dit des choés) de la fête des anthestéries [nloavsec]. Là "chacun avait son chotts, qu'il vidait en l'honneur de Bacchus; les buveurs se portaient des défis et les plus vaillants y emportaient le prix. On faisait remonter l'ordonnance de cette fête au roi Démophon, et l'on racontait, à ce sujet, qu'Oreste étant venu àAthènes après le meurtre de sa mère, le roi, qui célébrait alors la fête, ne voulut ni refuser l'accueil au fugitif, ni l'admettre, parce qu'il ne s'était pas encore purifié du sang versé, à faire les libations avec le vin puisé au cratère commun : il commanda que l'on servît un chotts à chacune des personnes présentes. Ce récit confirme ce que nous avons dit de l'emploi du chous et de sa capacité. « Les choés, dit Cratès 5, avaient d'abord le nom de pélilré; car par la forme ce vase ressemblait originairement à l'amphore panathénaïque, et c'est pourquoi on l'appelait péliké. Ensuite il prit le type del'oenochoé, et fut tel que ceux qu'on voit dans la fête à laquelle il a donné son nom, et qui servent à verser le vin. » Ce sont des brocs semblables que nous voyons aux mains de personnages revenant de la fête des Choés, dans une peinture qui décore un vase' précisément de même forme (fig. 1429, 1430). L'un des acteurs de cette scène est dési gné par le nom de Kd2MCI,le héros du banquet personnifié : c'est probablement le vainqueur dans les luttes bachiques dont ce banquet était l'occasion; un autre par celui de HAIAN: c'est le nom du chant en l'honneur des dieux qui le terminait. Au-dessus des autres personnages on lit les mots KKAAO1 (beau), et NEANIAE (jeune homme). Les vases sont enguirlandés de lierre comme le prescrivait encore l'usage réglé par Démophon. 1 II. Comme mesure de capacité, le chotts valait' douze cotyles attiques (ou six setiers romains), c'est-à-dire 3,283 litres; il était la douzième partie du ateT ns:TLS. E. SAGLio. CHRONOGRAPl1IA. Le terme de chronologie est formé des deux mots ;tpdvo; et )~dyoç, mais son équivalent dans la langue grecque est, plus ou moins, /povoypctyfa et le mot chronologia n'appartient pas à la latinité. Avant de présenter un exposé des ères (hco;tsi, aerae) en usage chez les anciens', il convient de faire connaître un procédé chronologique moderne qui trouvera son application dans cet exposé. Les chronologistes prennent pour base de leurs recherches et de leurs calculs ce qu'on appelle la période julienne, période fictive imaginée par Joseph-Juste Scaliger. Cette période, nommée julienne parce qu'elle se compose d'années conformes de tout point au calendrier julien, se divise en deux parties, l'une comprenant 4713 ans comptés avant l'ère chrétienne, l'autre commençant avec cette ère. Pour établir une période chronologique générale, Scaliger multiplia entre eux les nombres d'années qui composent le cycle solaire, le cycle lunaire et le cycle d'indiction, trois termes expliqués plus bas, c'est-à-dire 28, 19 et 15, ce qui lui donna une période de 7980 années juliennes. Il s'agissait ensuite de faire entrer l'ère chrétienne dans cette période. Comme l'année 532 après J.-C. (532 est le produit de 28 x 19) avait été choisie par Denys-le-Petit, moine chrétien et savant chronologiste, pour servir de point de départ à une série remontante des 3 cycles, et que, dans cette supputation rétrograde, l'an ter de l'ère chrétienne s'était trouvé le 10' d'un cycle solaire, le 2' d'un cycle lunaire et le 4' d'une indiction, il fallait trouver dans la période un nombre d'années tel qu'en le divisant par 28, par 19 et par 15 on eût respectivement pour reste 10, 2 et 4. L'année 4714 remplissait seule cette condition; il fut donc convenu que le degré 4714 de cette échelle générale de 7980 années correspondrait à l'an 1°r de Père chrétienne. En conséquence, pour convertir une date de la période julienne en date chronologique comptée avant J.-C., il faut comparer cette dernière date avec le nombre 4714, ou avec le nombre 4713. Si elle est inférieure à 4713, la différence marquera le nombre d'années avant J..-C. Si elle est supérieure à 4714, la différence marquera au contraire le nombre d'années après J.-C. Quant aux dates égales à 4713 et à 4714 et considérées respectivement dans l'un et l'autre cas, elles correspondent naturellement à l'an 1" soit avant, soit après J.-C. Donnons un exemple3. La Ire olympiade a été célébrée dans l'année 3938 de la période julienne. On soustrait ce nombre moins 1 de celui qui représente l'année de la période julienne correspondant à la date de la naissance de J.-C., soit 4713; reste 776. L'unité retranchée de 3938 représente l'année qui précède la naissance de J.-C. 4 La chronologie astronomique emploie aussi la période CHR 4129 CHR julienne, mais alors, l'année 1 avant J.-C. de la chronologie historique (4713 de cette période) devient l'année 0, l'année 2 historique devient l'année 1, etc. Les chronologistes ont de plus adépté le calendrier julien [CALENDARIUMJ, sans tenir compte de la réforme de Grégoire XIII. Du reste cette réforme n'aurait pu recevoir d'application qu'à partir d'octobre 1582 ; or nous n'avons pas à nous occuper de la chronologie usitée depuis cette époque. Le calendrier employé dans la chronologie julienne repose sur la division de l'année en 12 mois et en 365 jours et un quart. Pour les astronomes, la 4° année a, par suite, 366 jours, soit que l'on remonte ou que l'on descende le cours des ans à partir de l'ère chrétienne; tandis que pour les chronologistes l'année bissextile avant J.-C. est la 1°°, la 5°, la 9°, etc., c'est-àdire toujours la 4° année plus une. Cette différence entre les supputations astronomiques et chronologiques tient à ce que la 1re s'établit ainsi : tandis que l'autre procède de la manière suivante : on vpit que la chronologie astronomique, dans la période avant J.-C., compte une année de moins que la chronologie historique. Nous allons passer en revue les différentes ères considérées ou mises en usage par les historiens et les astronomes grecs et latins, en profitant des recherches de la science moderne. Quant aux notions générales concernant les tables chronologiques ou canons (xavdvss), elles ont été réunies dans le § XII de l'article ASTRONOMIA. Pour désigner ]es dates chez les Athéniens, c'était l'un des archontes, l'archonte éponyme («pyoly è7 dvugos), qui donnait son nom à l'année où il était en charges [AHcrleNTES]; de même à Delphes ; à Sparte, c'était le premier éphore; à Argos, la grande prêtresse de Junon', dont la charge était à vie. L'usage de compter par olympiades, dit M. Biot, ne comrnença qu'à la 130' ; on en attribue la première idée à 'rimée de Tauroménium (l'an 264 av. J.-C.). « Les olympiades 7 étaient intentionnellement composées de 4 années solaires vraies, commençant et finissant au solstice d'été, dont le retour dut être pendant bien longtemps estimé plutôt que fixé par des approximations très larges. Cette période, commune à toute la Grèce, a principalement été usitée pendant beaucoup de siècles pour enregistrer les dates historiques. » L'emploi des olympiades se rencontre dans les historiens Polybe, Diodore, Denys d'Halicarnasse et plus rarementchez Pausanias, Éli en, Diogène Laërce, Arrien, etc. La It° olympiade ou pentaétéride (7nv'0CcTn;p(s) commence le ter juillet 776 av. J.-C.'. Pour convertir la chronologie olympique en nombre d'années avant ou après J.-C., il faut multiplier le nombre d'olympiades donné moins 1 par 4. Si le produit est inférieur à 776, on le soustrait de ce dernier nombre et le reste, duquel on retranche les années Il. fractionnaires de la dernière olympiade, donne l'année avant notre ère. Si le produit est supérieur, on en retranche au contraire 776, et le reste, auquel on ajoute les années fractionnaires de la dernière olympiade, indique l'année de l'ère chrétienne. Prenons pour exemple l'olympiade 254, 2, date sur laquelle Censorin a écrit une véritable dissertation dans son livre de Die natali (chap. 16 et suiv). 253 X 4 = 1012; 1012 776 = 236. On ajoute les 2 années fractionnaires, ce qui donne 238 après J.-C.'. La supputation par olympiades se conserva jusqu'au règne de Théodose le Grand et jusqu'à la 294° (an 400), époque où l'on commence à compter par indiction 10. A côté de l'ère olympique, on distingue l'ère pythique qui était en usage à Delphes. Les pythiades étaient aussi des pentaétérides ou périodes de quatre ans. La première année de la tr° pythiade est rapportée tantôt à l'olympiade 39, 3, ou à l'an 582 avant notre ère 11 (commençant au 6 thargélion d'Athènes), tantôt à l'an 586. Le commencement de chaque pythiade coïncidait avec la troisième année de l'olympiade correspondante 12. On place sous la même date de 582 l'origine de l'ère isthmique pratiquée à Corinthe , mais les isthmiades étaient destrié térides (TpteTr,pG u)ou périodes de deux ans. Enfin les néméades, périodes de la même durée que les isthmiades, étaient employées en Argolide. On les considère comme ayant commencé le 12 panémus olympiade 53, 2 (567 avant J.-C.) 13. Le cycle d'indiction (indictio, èatvig-6ats), période purement conventionnelle de quinze années, a pour point d'origine julienne le 244 septembre, l'an 15 du règne d'Auguste. II fut employé à Rome et à Constantinople, en vue, suppose-t-on, de désigner des époques déterminées auxquelles s'accomplissaient certains actes administratifs, tels par exemple qu'une révision cadastrale servant de base à une nouvelle assiette de l'impôt. L'indiction chronologique dut être inventée sous Constantin ou au plus tard sous Constance. Au vine siècle, la cour de Rome commença à compter par indicDons en faisant partir la première du 1°i janvier 313, mais cette « daterie », comme on disait encore au dernier siècle, se rencontre aussi dans un grand nombre de couvents ecclésiastiques byzantins. L'ère de Nabonassar, roi de Babylone, employée par Ptolémée pour ramener les dates des observations astronomiques à une mesure vulgairement connue en Égypte, a pour point initial le 26 février 747 avant J.-C. à midi vrai (méridien de Paris, 10 h. 26 m.). De cette année date l'avènement de Nabonassar au trône de Babylone. L'ère olympique et celle de Nabonassar ont été instituées d'une façon rétrospective, mais, indépendamment de ces supputations arbitraires, les Grecs mesurèrent le temps en prenant pour base de leur chronologie les révolutions du monde sidéral, notamment les mouvements du soleil et de la lune. Quelques détails sur les cycles lunaires, solaires et lunisolaires trouvent ici leur place. On nomme cycle solaire, xés so; Ÿ,ataxds, une période de 28 années de 365 jours et un 142 1130 --CIIR Les jours de la semaine, considérés respectivement dans deux cycles solaires continus, se succèdent toujours dans le niêrno ordre. Le cycle lunaire se compose de 1,9 années juliennes moins une heure et demie. 11 comprend 23$ révolutions lunaires ou 6 939 jours 688 180, et les 19 années juliennes 6'439 jours 75, d'où résulte un écart de de jour en 4 cycles ou 76 sus. On a toujours attaché une grande importance au rang qu'une année occupait dans le cycle lunaire, rang indiquant si cette année-là devait être composée de 12 ou de 13 lunaisons et faisant voir comment les nouvelles et les pleines lunes moyennes s'y trouvaient distribuées''. On donna la dénomination de nombre d'op' au nombre qui exprime le rang de l'année dans le cycle lunaire, soit à cause de cette importance, soit parce que l'usage, au moyen âge, était %t'indiquer ce nombre en lettres d'or dans es calendriers des livres d'église. La combinaison des cycles lunaires et des cycles saaires (28X19=532) frappa Denys le Petit, « Si les deux ycles, dit M. Biot 1J, embrassaient en réalité des nombres ,omplets de révolutions moyennes des deux astres, après haque période pareille comprenant 532 années juliennes, as jours juliens d'égale dénomination reviendraient sucessivement en correspondance avec des phases pareilles e l'année solaire, comme aussi les phases lunaires se sauveraient revenir aux mêmes jours de la semaine et u même quantième du mois. Denys le Petit s'appuya sur es propriétés pour présenter les périodes de 3'i ans omme pouvant servir de grand cycle pascal". » Eudoxe de Cnide (109-356 av. J.-C.) avait écril un traité e l'tlctaetéride (ôx aer.z;pi ), cycle luni-solaire de 8 ans tabli à Athènes par Cléostrate de Ténédos et comrenant trois mois intercalaires de30 jouis chacun, placés des intervalles aussi égaux que possible. Dans le voyage u'E+udoxe fit en Égypte vers 362, il fut surpris d'y ren contrel° une période purement solaire de 4 ans composée de trois années vagues à 365 jours et d'une 4' à 366 98. Mais ce cycle ne fut pas introduit dans l'usage civil des Grecs auxquels il ne devait venir qu'après avoir été institué chez les Romains par suite de la réforme julienne. L'an 4281 de 'ta période julienne, 432 ans av. J.-C., sous l'archontat d'Apseudès, le 27 juin, à 6 heures du matin, Méton et Euctemon firent à Athènes l'observation d'un solstice d'été. Méton fit partir de ce jour son cycle solaire ou ennéadécaétéride (évvc tx«exn,p(g) comprenant 19 ans. Notons d'ailleurs, d'après M. Th.-11. Martin, que le solstice vrai n'arrive que 34 heures plus tard. La jonction vraie du soleil et de la lune eut lieu le 15 juillet suivant, le soir, premier coucher de soleil qui suivit la 1" néoménie [CALENnsnIuM] après le solstice d'été. Ce jour (1°l' hécatombéon, el. 87, 1) fut à son tour le point initial du cycle lunaire comprenant 235 lunaisons ou près de 6940 jours Y9. Malgré le perfectionnement apporta dans la chronologie par cette nouvelle période de 19 ans, l'on continua dans la pratique noua•-,i?e d'employer les octaétéritles, et Gélninus prétend qu'elles ne cessèrentpamais d'avoir cours, Méton, en égalant 235 lunaisons moyennes à près de 6 940 jours, attribuait implicitement à chacune d'elles 29 jours 531 915, tandis que la durée exacte de lalunaison moyenne est de 29 jours 530 5941 ; au bout de 5 cycles métoniens et 7 ans (soit 102 ans), c'est-à-dire en l'an 330 avant la lune se trouvait en avance sur la révolution solaire de 1 jour Callippe en cette année-là, qui est la 4384° de la période julienne, ouvrit, le 29 juin, une nouvelle ère qui a reçu son nom et qui comprend des périodes (ae.piolot) de 76 ans, ou de 4 cycles métoniens formant un total de 940 lunaisons et de 27 759 jours. L'époque du commencement de la ira période callippique est le coucher du soleil du 28 juin" de l'an 330, premier coucher du soleil après une néoménie coïncidant avec le solstice d'été. La durée moyenne de la lunaison, dans ce système, était de 29 jours 0,5308511, ce qui se rapproche sensiblement de la durée exacte énoncée plus haut. « Chaque cycle de Méton (19 ans) se divisait en 110 périodes de 63 jours plus 10 jours, A la suite de chaque période de 63 jours, on supposait qu'un 64° jour avait été retranché, et tout mois où ce 64° jour serait tombé était cave, xoPèoç, c'est-à-dire de 29 jours. Le jour retranché était dit a'p.Épx liatpâctu.oç. » Dans la période callippique de 76 ans, on observait le même principe pour la distribution des mois pleins, scar;pti, (de 30 jours), et caves, xoiaot, en continuant depuis le commencement jusqu'à la fin du cycle de 76 ans la série des périodes de 63 jours [au lieu d'avoir, comme Méton, 83 jours à la fin de la 49° année]. Dans les cycles de Méton et de Callippe l'intercalation du 130 mois était ordonnée de telle sorte que toutes les années commençaient avec la 1l'° lunaison postérieure en totalité au solstice d'été ou bien avec une lunaison postérieure en majeure partie à ce solstice. M. Biot a restitué les cycles métonien et callippique en donnant le tableau du calendrier complet pour chacune des années qui les composent l'un et l'autre. Hipparque, au -te siècle avant notre ère, observa que la période callippique se composait d'années encore trop longues d'un 300°, 11 imagina deretrencher un jour après la quatrième révolution de cette période, c'est-à-dire au bout de la trois cent quatrième année. C'est en conformité du même principe que dans les temps modernes l'usage s'est, établi de retrancher un jour à chaque première année d'une période séculaire, afin de compenser l'excès qui résulte de d'intercalation quadriennale d'un jour, le 29 février. Après la mort d'Alexandre le Grand (323 av. J.-C.)., ceux des princes ou des officiers qui furent appelés à se partager son empire, Philippe Arrhidée, son frère, Ptolémée Lagus etSéleucus Nicator., ses lieutenants, introduisirent le calendrier macédonien11 dans les provinces dont ils étaient devenus les souverains ou les conquérants ; mais le point initial de l'ère nouvelle ne fut pas partout le même. 31 -CIIR Le mahématicien Claude Ptolémée fait commencer l'ère attribuée à Philippe Arrhidée le 12 novembre 323 (an 4390 de la période julienne). C'est de ce moment que part la série d'années vagues que Ptolémée appelle années d'Alexandre (nsTRONoauc) s2. Les Arabes ajoutent à son nom la qualification de Macédonien pour distinguer cette ère de l'ère d'Alexandre ➢si-Ikarnaïn, prince qui n'est autre que Séleucus Rd surnommé Nicator. Ére syro-macédonienne ou des Séleucides. Séleucus, après avoir tour à tour conquis, perdu et recouvré définitivement l'empire de Babylone, fit dater de l'époque de sa réintégration une ère nouvelle dite syro-7nacédonienne, commençant en l'an 392 av. J.-C. au 1°r septembre suivant les uns, au 1°" octobre selon d'autres"a. Il y eut aussi une ère judéo-macédonienne partant du printemps de la même année 312. Ère chaldéo-macédonienne. Lorsque Séleucus Nicator après la bataille de Gaza (312) devint définitivement maître de la Babylonie, au calendrier solaire des Chaldéens fut substitué celui qui avait cours en Macédoine depuis la réforme de Méton. L'ère chaldéo-macédonienne, d'après les recherches de Th.-ll. Martin2", a pour point de départ le 25 septembre 311 au soir. L'année que remplaça ce nouveau calendrier commençait au printemps. L'auteur inconnu de cette ère établit en même temps un cycle lunisolaire de 76 ans, à l'imitation du cycle athénien de Caïlippe. Pour rendre cette imitation parfaite, dit M. Martin 2o, il fit remonter le commencement de ce cycle à un coucher du soleil immédiatement postérieur à. une néoménie et à un équinoxe d'automne, savoir au coucher du soleil du 28 septembre de l'an 311. Le calendrier chaldéo-macédonien fut entièrement semblable à celui de Callippc tant pour l'ordre des mois de 30 jours et de 29 jours que pour l'ordre des années de 12 mois et de 13 mois. M. Th.-H. Martin se a calculé pour tout le 9°° cycle callippique de 76 ans appliqué à ce calendrier, le nombre de jours compris dans chaque mois ainsi que la concordance entre le premier jour de chaque année chaldéo-macédonienne et celui de l'année julienne qui lui correspond. Les Romains, dès qu'ils eurent établi leur domination sur l'empire des Séleucides, introduisirent dans les calendriers de ces contrées l'usage des mois solaires du calendrier julien, qui remplaça celui des mois lunisolaires chaldéo-macédoniens, mais ils maintinrent l'ère ellemême, ou plus probablement l'ère syro-macédonienne. Ère égypto-macédonienne. M. A.-J.-H. Vincent a fait des recherches approfondies sur le calendrier institué en Égypte par les Lagides '27, mais il ne croyait pas possible encore de rétablir d'une manière complète ce calendrier. Toutefois il propose de fixer le commencement du gouvernement de Ptolémée Soter au 4 février 322, date qui deviendrait en même temps le 4°" jour c'est-à-dire le 1 °r du mois dius de l'an I°" de la nouvelle ère égyptienne. 11 ressort aussi des recherches et des supputations de M. Vincent " que « le mois lunaire pendant lequel avait lieu l'avènement du nouveau roi, en fixant son éponyme, prenait dès lors le nom de dans en même temps qu'il devenait la té9,e d'une nouvelle série de mois ainsi que l'origine d'une ère propre au nouveau souverain, quel que fût d'ailleurs le nom du mois précédent. Ère de Cillant. Dans la séance de lla Société asiatique tenue en avril 1880, M. CIermont-Ganneau a proposé de fixer l'ère locale de Citiiurn (lle de Chypre) à l'année 311, en lui donnant pour point de départ, non point celui de l'ère des Séleucides, mais le moment de la destruction même du royaume phénicien de Citium par Ptolémée Soter. Une arc macédonienne commença peu de temps après la réduction de la Macédoine en province romaine, au dius (octobre) de l'an 146 avant l'ère chrétienne. Une inscription de 50lignes découverte et publiée par M. l'abbé Duchesne" est datée du 20 panémus an 29 de cette ère. L'ère de Seleucie du Piérus, en Syrie, dut probablement son origine à l'inauguration du régime autonomique dans cette cité. Elle commença l'an 109 et dura jusqu'à l'établissement de l'ère actiaque. L'ère de Philadelphie, en Palestine, commença ol. 179, 2, l'an 63 av. J.-C. s , l'ère de Gaza, l'an 61. Ainsi qu'on l'a déjà observé'', l'institution d'une ère nouvelle dans ces deux villes (et nous ajouterons, celle des ères contemporaines que révéleraient des découvertes ultérieures d'inscriptions et de monnaies gréco-asiatiques) s'explique parles expéditions de Pompée, puis de J. César en Orient, 1.a réduction. en province romaine avait pour conséquence apparente le rétablissement ou le maintien de l'autonomie dans la cité subjuguée. Ces contrées auraient pris volontiers pour devise Romé SCecase la'bertas, li y eut trois ères dites ères d'Antioche. La plus usue]ie commença vers l'an 19-48 date de la proclamation de l'autonomie de cette ville par Pompée. Une autre partait de la mort de j, César, l'an 441x. La troisième se confond avec Père d'Actium ou d'Auguste. Un passage important de la Chronique d'Eusèbe, traduit par saint Jérôme n, nous fait connaître du même coup plusieurs ères usitées dans l'Orient grec, savoir I 1.;'ère d'Édesse commençant l'ar. 312-311 av. J.-C. Ère d'Acttum. -Année vague et année fixe en Égypte n partir d'Auguste. En l'an 719 de Nabonassar, année 4684 de la période julienne, l'an 35 av. J-C., le 31 août julien (1°r dius du calendrier macédonien), commença, en Egypte, l'emploi du calendrier institué par Auguste. Il suppose l'année vague, c'est-à-dire comprenant 360 jours répartis sur 12 mois de 30 jours et 5 jours complémentaires ou coo golnènes (èlca 4usvai, sous-entendu z~,ptypat). Pendant la 51 année de cette ère, an 724 de Nabonassar, le 24 août 4689 de la période julienne, 24 av. l'administration impériale établit, parallèlement à l'année vague égyptienne, l'année julienne de 365 jours et un CUR 1132 -.CHR quart [CALENDARIUM], rendue fixe par l'intercalation quadriennale d'un 366e jour à la suite des 5 épagomènes. Le 6e épagomène était ajouté à la 3° année de chaque tétraétéride. Le jour civil commence au lever du soleil, et le jour astronomique au midi vrai qui suit ce lever. L'ère d'Actium se distingue généralement de la précédente ère macédonienne, partant de l'an 146, parl'addii:ion du mot ve6xoTo17 à la suite du chiffre de l'année. En Cappadoce, il s'établit, l'an 2 av. J.-C. une ère propre à la ville d'Héracléopolis, en raison sans doute de ce que, à partir de cette mêmeannée, elle reçut d'Auguste le nom de Sébastopolis-Héracléopolis 36 Une ère provinciale africaine date de l'an 40 après J.-C.8°. L'ère de la Commagène et particulièrement de Samosate, capitale de cette province, a pour point de départ l'olympiade 212, 3, an 67 après J.-C. III L'ère de Pétra, alors capitale de la IH° Palestine, comme celle de Bostra, cité voisine, date de Pol. 221, 1, an 105 de notre ère 3°. Le principal monument chronologique que nous aient laissé les Grecs, est la magnifique collection des Annales qui couvrent les marbres découverts dans l'île de Paros, sous les auspices d'un érudit français, Peiresc, rapportés àLondres par l'ambassadeur anglais comte d'Arundel et publiés presque aussitôt par Selden (Londres, in-4°, 1629). Ils furent publiés de nouveau en 1763 par Chandler (Oxford, in-f°), dont l'édition n'a pas été surpassée. Cette précieuse chronique, qui a pour points extrêmes les années 1582 et 264 avant J.-C., est conservée depuis 1667 parmi les richesses de l'Université d'Oxford à laquelle le fils aîné d'Arundel en fit don. De là son nom de« Marbres d'Arundel o. ÈRES ROMAINES. Chez les Latins, le nombre des ères fut beaucoup moins considérable et nous n'en connaissons d'autres que celles des Romains. L'ère qui a pour point de départ la fondation de Rome commence 11 jours avant les calendes de mai, ou le 21 avril 753, 3° année de la 6° olympiade, suivant le témoignage de Varron cité par Plutarque S9. D'autres anciens 40 ont adopté l'année correspondant à 754. Les Romains célébraient, le jour précité, la fête des PALILIA, en l'honneur de la déesse PALès, On désignait l'ère par les mots ab orbe condita. Elle n'a été employée que par les historiens. L'an 753 de Rome correspond à l'an 1°r avant J.-C. et l'an 754 à l'an 1°' après J.-C. Une autre ère part de l'expulsion des rois, post exactes reges (an 509 av. J.-C.); mais comme la précédente elle n'a été employée que par les historiens. L'ère vraiment usuelle a pour premier degré le premier consulat (an 510), et la nomenclature qui constitue les fastes consulaires [FASTI] représente la seule ressource que possédât le peuple, à Rome, pour supputer et désigner les années révolues. Cette circonstance suffit pour faire voir quel intérêt s'attache à la découverte des monnaies et des inscriptions portant des effigies ou des noms de consuls. Cet intérêt n'est pas moindre dans le domaine de la numismatique et de l'épigraphie grecques. On peut affirmer que ces deux branches de l'archéologie, cultivées par nos érudits avec un soin et un goût critique dont leurs devanciers n'avaient pas même l'idée, ont renouvelé complètement les études historiques. Les prêtres, chargés de veiller au maintien d'une chronologie régulière, s'en acquittèrent parfois d'une manière qui laissait beaucoup à désirer [CALENDARIUM]. Néanmoins, ils avaient, sous la direction du grand pontife, la mission expresse d'écrire les Annales politiques du peuple [ANNALES MAxIMI]. De plus, on a longtemps prétendu que les Romains de la première époque étaient dans l'usage de faire ficher annuellement un clou dans le temple de Jupiter Capitolin, par Ies soins du grand pontife, afin d'assurer en quelque sorte l'enregistrement officiel de chaque année accomplie. Mais cette attribution a été contestée par des savants qui veillent ôter à la cérémonie du clou annal [GLATIS ANNALIS] toute signification chronologique. Ère julienne. C'est en vertu de ses fonctions de grand pontife que Jules César réforma le calendrier romain. De cette réforme résulta un nouveau régime de supputation, une nouvelle ère, à partir du 1.°' janvier de l'an 45 Ère d'Espagne. On appelait ainsi au moyen âge une ère partant de l'an 38 avant J.-C. Un historien de la bataille de Muret (12 septembre 1213), date cet événement de l'an 1252 de l'ère d'Espagne 61 Ére romaine d'Auguste ou des Augustes. Les années de cette ère commencent avec le 1°' janvier 4687, de la période julienne, la 27° avant J.-C. où le nom d'Auguste fut décerné à Octave. Mais l'usage de cette ère, dit M. Biot u5, est spécialement historique. Ère de Dioclétien.-L'an 309 de l'ère d'Auguste, 4997 de la période julienne, le 17 septembre 284 de J.-C. date à laquelle Dioclétien était devenu empereur, les Alexandrins firent partir, suivant l'usage, une nouvelle ère du 1°r jour de l'année où Dioclétien se fut emparé d'Alexandrie. Cette ère est encore en usage parmi les Coptes ou chrétiens d'Égypte. Elle porte aussi le nom d'ère des martyrs. L'ère chrétienne, qui a pour point initial la nativité de Jésus-Christ, fut établie sous Justinien, sur la proposition d'un savant religieux dont nous avons eu à parler plus haut, Denys le Petit, Dionysius Exiguus. Denys fixa l'origine de cette ère à l'an 754° de la fondation de Rome, L'ère chrétienne ne fut universellement adoptée que sous Charlemagne. Jusqu'au vIe siècle, les chrétiens avaient compté les années, comme les Romains, suivant le calendrier de Jules César, lequel avait pour ère historique la fondation de Rome, et pour ère usuelle tour à tour l'avènement d'Auguste à l'empire, l'an 27 avant J. -C , puis celui de Dioclétien dont l'ère commence l'an 284 après J.-C. Cette dernière ère fit place à l'ère chrétienne , en l'an 532. Justinien, neuf ans après, cessa de nommer des consuls. Jusque-là, malgré le caractère entièrement fictif de cette magistrature, les deux premiers consuls de chaque année avaient conservé le privilège de l'éponymie. Lustre. Siècle. A côté de l'ère, dont la durée peut varier à l'infini, prennent place des périodes limitées qui, chez les anciens, ont une signification en quelque sorte religieuse et rituelle. Le lustre, lustrum, était chez les Romains une période de 5 années à la suite de laquelle avait lieu, comme chez nous, le recensement de la population. CHB -11 33 CHR. Cette opération était terminée par un sacrifice purificatoire qui donne la raison du mot lustrum (luo, laver). Remarquons, avec Niebuhr 4°, qu'il ne s'en faut que d'un jour pour que 6 années romaines primitives de 304 jours [CALENDABAIM] équivalent à la durée du lustre ou 5 années vagues de 365 jours. La première célébration lustrale eut lieu sous Servius Tullius, l'an 566 avant J.-C., et la dernière sous Vespasien l'an 74 de notre ère. Mais le mot fut souvent employé avec le sens pur et simple de période quinquennale°'°. Le siècle, seculum ou saeculum, était originairement une période de 110 années lunaires. Lorsque le siècle était révolu, fait à la constatation duquel présidait le grand pontife et dont l'appréciation était fort arbitraire, on célébrait les luth saeculares [Luini. D'une manière générale saeculum a la signification que nous donnons à notre mot siècle et désigne un intervalle de