Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CINCTUS

~u µa. Ces noms, dans leur acception la plus générale, s'appliquent au port d'un vêtement, quel qu'il fût, dont on se couvrait en se ceignant' [CINGULUM, tion plus restreinte , ils désignaient une légère draperie fixée autour des reins, large ceinture ou étroit jupon 2, vêtement élémentaire que l'on mettait le premier 3 et que l'on gardait lorsqu'on était forcé de se débarrasser des autres. C'était celui des paysans qui travaillaient dans la chaleur du jour' et des artisans qui s'exposaient à l'ardeur des fourneaux'. Les monuments, d'accord avec les textes, nous en offrent de nombreux exemples. Ainsi sont figurés dans un bas-relief 6 Dédale, représenté comme un charpentier qui fabrique une vache de bois, et près de lui un bouvier; dans une peinture citée dans ce volume (p. 362, fig. 453) un ouvrier travaillant à la construction d'un coffre'. Ailleurs, des paysans (fig. 1465), des sa CIN -1173 C1N tyresa ont pour seul vêtement un linge noué sur les hanches et couvrant le haut des jambes. Des athlètes en portent un sembl able dans un bas-relief en terre cuite du muséeBritannique 8. Dans une autre sculpt ure, au musée de Naples 10, on voit un héraut précédant un char, qui porte une sorte de tablier faisant le tour du corps. On peut voir aussi (p. 790, 791) des ouvriers travaillant ainsi vêtus dans l'atelier d'un fondeur. La figure 1466, tirée d'un vase peint f1, en montre un autre occupé à l'achèvement d'un casque ; son vêtement consiste en une pièce d'étoffe rayée, attachée à la taille, et descendant à la moitié des cuisses ; elle paraît ouverte sur le devant. Un vêtement semblable, entièrement fermé, est porté par des guerriers armés, dans d'autres peintures, soit sur le corps nu (fig. 1467)", soit par dessus la tunique n (fig. 4468) et rappelle le campestre des Romains. Nous savons qu'à Rome on donnait ce nom au jupon court que revêtaient les hommes quand ils s'exerçaient nus au Champ-de-Mars : son nom lui serait venu, d'après les commentateurs, de cette circonstance n ; mais on voit d'ailleurs par divers passages que le campestre ne différait pas du cinctus ou du aEpy.a, noms sous lesquels il est désigné tour à tour par les auteurs grecs et latins. En Italie aussi bien qu'en Grèce, il fut une partie essentielle du costume primitif1°. Les vieux Romains le portaient alors qu'ils n'avaient pas encore de tunique sous la toge; c'était leur vêtement quand ils se dépouillaient de celle-ci. Quand Cincinnatus reçut les délégués du sénat dans son champ, qu'il labourait, il n'était couvert que du cinctus, mot que l'historien grec traduit par 7cEpi tU(J.a 16 Polybe 17 nous apprend que pendant longtemps la cavalerie romaine n'eut pas de cuirasse et que les cavaliers combattaient couverts de ce seul vêtement. Des hommes qui avaient le culte des moeurs antiques affectèrent encore de le porter au lieu de la tunique, quand l'usage de celleci fut devenu général1s. Il faut voir aussi une marque de respect pour les coutumes des ancêtres dans le soin que montraient les candidats, quand ils briguaient les suffrages, de se présenter au forum sans tunique, par conséquent en remplaçant celle-ci par un simple cinctus19 Le ô,[J,a est mentionné aussi comme faisant partie du costume féminin : c'était un vêtement de dessus (EItt'n(îc;ov r'vauvat), ordinairement garni de franges, et particulièrement porté par les femmes âgées 20. E. SAGLIO.