Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CIRCULATOR

CIRCULATOR, 'Oxààay1ays, eiyûpn;. Charlatan, jongleur, faiseur de tours, qui va de pays en pays et d'assemblée en assemblée, amassant la foule autour de lui CIRCULUS. Cercle. Par extension toutes sortes d'objets présentant cette figure, comme les cercles d'un tonneau' [cuit], la bande portant les signes du zodiaque', ou celle qui entoure une sphère [zoDCAcus], ou encore un plat, une lampe, un gàteau de forme circulaire', une rondelle de harnais', etc, Comme en français le mot cercle, circulais s'applique aussi à une réunion de personnes assemblées pour s'entretenir ou assister à un spectacle ou à une audition'. E. S. CIRCUMSCRIPTOR. 1. En droit romain, c'est celui qui, par des manœuvres frauduleuses, est parvenu à tromper autrui, en lui faisant accomplir un acte préjudiciable à ses intérêts [minus]'. Le mot circumscribere est employé par les lois romaines, comme synonyme de eireun-avenire, /allere ou decipere, notamment à l'occasion de la loi Plaetoria, qui permit de nommer un curateur spécial au mineur de vingt-cinq ans (MiNox, cURA•ron], et institua une action publique (judicium publicrm) contre celui qui avait abusé de l'inexpérience d'un adolescent, en traitant avec luit. Mais on ne considérait pas comme circuatoseriptus celui qui subissait les conséquences du droit commun II. Les mots circumscribere et circumscriptio (en grec xataaovtcµds) ont été aussi appliqués au fait d'une personne qui, en observant la lettre de la loi, agissait contrairement à son esprit III. Circaimscribere s'appliquait encore à l'abrogation totale ou partielle d'une loi à la radiation d'une opinion ou d'un jugement d'expression senaius circurnscribit s'entendait de l'intervention d'un sénatus consulte' qui limitait l'autorité des tribunaux ou d'un magistrat, ou CIR 1187 -CIR qui la lui enlevait (republica movere), en vertu du principe de salut public. Le sénat se permit même de faire emprisonner un tribun, mais à une époque de désordre général'. G. IIUSIBCxT. CIRCUS. Cirque. Lieu destiné chez les Romains aux jeux publics et particulièrement aux courses de chars. Une confusion s'établit fréquemment entre les dénominations des édifices antiques du même ordre, relatifs à des jeux et à des exercices auxquels une grande foule de peuple pouvait assister. Amphithéâtre, hippodrome, cirque, palestre, stade, ne sont pas synonymes. Ils indiquent des monuments analogues d'une destination particulière, que les récits des écrivains anciens, d'une part, et de l'autre, les nombreux restes antiques que nous possédons suffisent à déterminer très exactement, 1. L'ÉDIFICE. Les renseignements tirés directement des ruines sont pour les cirques peu abondants. Le livre de Vitruve ne contient rien sur ce sujet, soit que le chapitre où il en était question n'ait pas été conservé, soit que l'architecte écrivain n'ait pu, comme il l'a fait pour les théâtres, donner les règles de la superposition des étages, des portiques, des gradins, parce qu'avant son temps les Romains n'avaient fait qu'imiter les hippodromes des Grecs. Ceux-ci utilisaient un mouvement de terrain favorable, l'augmentaient de talus, ou même, comme il arriva plus tard pour le stade d'Hérode Atticus à Athènes, ils construisaient solidement et richement des massifs portant gradins, mais n'élevaient pas ces derniers sur des piles et des arcades, comme on fit en Italie. Il est donc possible qu'aucun cirque ne présentât avant Vitruve ces combinaisons hardies, et que, par suite, cet architecte n'ait pu établir des règles fixes, qui, pour les autres édifices dont ii traite, étaient autant le résultat de l'expérience de ses prédécesseurs que de son savoir. Le cirque, où l'on donna aussi, comme on l'expliquera plus loin, d'autres jeux, tels que des combats d'animaux et de gladiateurs, était, nous l'avons dit, destiné surtout aux courses de chars et de chevaux. Dans les temps les plus reculés, c'est sur les gazons du Champ de Mars que le peuple romain assistait à ces exercices. Qu'ils aient été empruntés aux Thuriens, ainsi que l'indique Tacite, ou que les restes de cirques qu'on trouve dans les villes latines existant au temps de la fondation de Rome, soient antérieurs ou postérieurs à la conquête romaine', il est dans tous les cas certain que ces jeux remontent à une haute antiquité, puisqu'ils avaient lieu aux EQn1RE x et aux CONSCALIA, fêtes dont l'institution est rapportée à Romulus. D'autre part, ils persistèrent dans les habitudes du peuple jusqu'à la chute même de l'empire d'Orient : lors de la prise de Constantinople par les croisés, on y donnait encore des courses de chars dans le grand hippodrome. La description et l'histoire du cirque le plus important de Rome, le cir'cus Maximus, donneront une idée exacte de ce que pouvait être un édifice de ce genre arrive à son plus grand développement et tel qu'il contenait à la capitale du monde antique. La vallée qui portait le nom de Lilur'cia °, située entre le mont Palatin et le mont Aventin, est remarquablement disposée pour un cirque. Maintenant que la destruction presque complète des édifices e en quelque sorte rendu aux lieux leur aspect primitif, on peut aisément, du sommet du Palatin, se figurer la foule groupée autour du vaste espace compris entre les collines, debout ' ou assise sur les gazons', jusqu'au jour où, par un premier progrès, on éleva des estrades en bois (foci) s ; puis Tarquin entreprit de construire le cirque en matériaux durables. On attendit encore jusqu'en 425 6 avant d'établir des remise pour les chars. Le premier édifice ainsi complété ayant éte incendié, fut reconstruit, puis agrandi par jules César. U put alors recevoir, d'après Denys d'1jalicaenasse', 150,000 spectateurs ; Pline dit qu'il en contenait 250,000, après les agrandissements de Néron'; Trajan y ajouta 5,000 places encore ", et enfin la Xotitia Ur'bis I?omae, donne, aa i ' siècle, le chiffre incroyable de 385,000 L0 La forme générale du Grand cirque avait, comme celle de l'hippodrome grec, ses deux côtés parallèles très étendus' ; elle se terminait à l'une do ses extrémités par un demi-cercle, à l'autre par une partie légèrement cintrée dont la corde ne formait pas un angle droit avec les côtés. Il est certain que des fouilles entreprises sur une grande échelle dans cet espace amèneraient la reconstitution complète du plan de ce vaste ensemble de constructions, du milieu duquel on a déjà sorti, sous boit mètres de remblai, deux obélisques dont nous parlerons plus loin. Dans l'état actuel, on ne connaît que des substructions existant, dans la Via de cep chi, sous les maisons modernes ; le guide le plus sûr, si 1'.719 veut essayer de reconstituer par la pensée le cirque antique, est encore la description de Denys d'Halicarnasse, qui s'éclaire d'ailleurs par la comparaison avec les ruines d'autres cirques de moindre dimension, et le rapprochement qu'on peut faire des fragments du plan antique de Rome, conservés au musée du Capitole, ainsi que de monnaies, de bas-reliefs et de mosaïques où sont représentés les jeux du cirque. Pour la partie extérieure, celle qui supportait les gradins et les sièges des spectateurs, on a, dans les restes des amphithéâtres [A3iPlsirnrAIIUrr] des dispositions architecturales constitutives très analogues, qui expliquent bien ce que dit Denys d'Halicarnasse de la superposition de trois portiques en arcades, régnant autour des deux côtés longs et de l'hémicycle et sur les voûtes desquels étaient portés les gradins construits eu bois (partecta ", subsellia, xntfèpst), avec les escaliers et vomitoires y conduisant. Dans les fragments antiques, conservés au Capitole S3, qui semblent offrir le plan d'une des extrémités du cirque à l'étage du rez-de-chaussée; CIR 1188 CIR (fig. 1515), on remarque trois lignes contournant l'arène et enfermant un espace divisé en deux parties presque d'égale largeur, destiné aux spectateurs, puis une quatrième ligne, qui circonscrit les premières et dessine un couloir (anlbulacrum ou praecinctio) ; au delà, tout autour de l'hémicycle, une série de logements ou de boutiques]° avec indication, de trois en trois, des escaliers conduisant à l'étage supérieur; enfin tout à fait en dehors une sorte de portique continu. Tout cela est conforme à la description de l'historien grec; et c'est par la multiplicité des issues ainsi offertes aux spectateurs, qu'il explique comment tant de milliers d'hommes pouvaient entrer et sortir sans accidents et sans désordre. Au-dessus du portique extérieur , un grand Fig. 1516. Le Grand cirque d'aptes bronze de Caracalla (fig. 1516), une médaille de Caracalla. montre un grand mur plein, sans aucune ouverture te La série des gradins se terminait tout autour de l'arène, à quatre mètres environ au-dessus du niveau de cette dernière 16, par une plate-forme, réservée probablement, comme dans les amphithéâtres, aux sièges mobiles des sénateurs et des personnages les plus importants 17, et devant laquelle était une balustrade ou un appui (podium) 1R. Comme dans les amphithéâtres, notamment dans l'amphithéâtre Flavien [A3IPUITI1EATacnl], l'ensemble des gradins était divisé dans le sens longitudinal en trois étages (maeniana) déterminés par des murs verticaux et parallèles (praecinctiones ). Les gradins inférieurs étaient en pierre et ceux des étages supérieurs en bois, abrités sans doute sous un portique qui couronnait toute la composition. De petits rebords appelés lineae marquaient la séparation des fori, compartiments où deux personnes au moins, sinon davantage, pouvaient prendre place 19. Les spectateurs devaient poser leurs pieds sur le gradin inférieur, inconvénient qui amena la construction de balustrades (cancelli20) à peu près au milieu du gradin. Pour s'asseoir, on faisait usage de coussins rembourrés de paille ou de feuilles de roseaux hachées (tomenta). Caligula permit aux sénateurs d'en avoir d'autre sorte2l Nous avons peu de renseignements sur la partie du cirque consacrée aux spectateurs et c'est d'après les dispositions analogues des amphithéâtres qu'on peut conjecturer avec quelque probabilité, soit l'existence des petits escaliers ou couloirs (viae), espacés de distance en distance, remontant à la partie supérieure de chaque maeniunum (toutefois on n'en trouve aucune trace sur le plan antique), soit des issues (vomitaria) débouchant sur les couloirs de chaque étage de portique. Il n'y avait pas, comme dans les autres spectacles, des places séparées pour les hommes et pour les femmes : aussi Ovide recommande-t-il le cirque comme le lieu le plus propice aux intrigues amoureuses ". 11 est possible que de tout temps les sénateurs aient eu des places séparées des autres spectateurs26; il en fut de même des chevaliers sous Auguste". Sous Claude, des places fixes furent officiellement assignées aux sénateurs, et sous Néron, aux chevaliers m. Les précinctions qui marquent la séparation des places en trois étages dans le plan du cirque de Maxence, dans ceux de Boville et d'Orange aussi bien que dans le plan du circus Maximus, paraissent bien correspondre à la division des places entre les ordres privilégiés et le reste des spectateurs qui occupaient, divisés par tribu, les gradins supérieurs 2s. C'est au-dessus du podium que se plaçaient les empereurs avec les sénateurs; c'est là aussi (in prima /iunte spectaculoruin), qu'ils eurent une loge réservée (cubicufum, suggestus, pulvinar) 97, qu'ils abandonnaient quand ils siégeaient comme présidents des jeux , une autre place particulière étant affectée aux personnages aux frais ou sous la présidence desquels les courses étaient données. Les ruines assez bien conservées du cirque de Maxence" sont d'un grand secours pour l'interprétation des textes qui se rapportent au cirrus Maximus. On y voit (fig. 1517) la longue ligne des gradins opposée à celle sur laquelle s'élève la saillie qu'on suppose être la loge impériale. Une autre construction semble être aussi une place de distinction : c'est peut-être là que siégeaient les juges chargés de décerner les prix (tribunal judicum) et qui pour cela devaient avoir leur place près de la ligne marquée de craie où s'arrêtaient les chars 2s. Quant à celle du magistrat qui présidait aux jeux ou de l'editor spectaculorum qui les avait ordonnés à ses frais, elle e CIR 1189 -CIR était située au-dessus de la porte principale, du côté où étaient les remises ou carceres 30. On la voit sur des monnaies, de Trajan et de Caracalla 31, dans la mosaï que d'Italica et dans celle de Lyon (plus loin fig. 1323)33 dans un bas-relief 33 trouvé à Foligno, dans un autre bas-relief ici reproduit (fig. 1518), où un magistrat avec d'autres assistants est salué par les conducteurs des chars34. Au cirque de Maxence, les deux côtés de l'arène ne sont pas parfaitement parallèles entre eux, non plus qu'à la ligne construite en épine (spina) qui divisait en deux dans la longueur le champ de courses. Cette disposition n'est sans doute qu'accidentelle, mais peut-être aussi devait-elle faciliter au départ le placement des chars d'une façon absolument équitable dans un espace un peu restreint. Vu l'énorme surface occupée par le cirrus Maximus une pareille irrégularité n'y était pas nécessaire", non plus qu'une autre destinée à obtenir le même résultat: nous voulons parler de l'inclinaison de la ligne courbe du petit côté du cirque opposé à l'hémicycle, sur lequel s'ouvraient les remises. On peut remarquer dans le plan du cirque de Maxence, dans le bas-relief de Foligno et dans la mosaïque d'ltalica, la courbe que forment celles-ci a6 Ces remises (carceres, iarzao€aetç tva)itwtat) étaient au nombre de douze37, six de chaque côté de la porte d'entrée principale du cirque; elles étaient flanquées de deux hautes tours crénelées. L'ensemble de cette disposition portait anciennement le nom d'oppidum ", sans doute à cause de l'analogie d'aspect avec les murailles d'une ville fortifiée. On s'en rend compte en observant les restes du cirque de Maxence, ou en examinant les médailles. Chaque remise voûtée était fermée à sa partie supérieure par un grillage orné, et plus bas par des portes en bois à claire-voie, que séparaient des hermès adossés aux piles n. C est du moins ce qu'on voit dans divers monuments n, et particulièrement dans ceux qui représentent les carceres du Grand cirque (fig. 1519 et 1534)i1. Ailleurs, comme le montrent notamment les ruines du cirque de Boville u, la face des carceres était décorée de colonnes. La tradition veut qu'un mécanisme ait permis d'ouvrir d'un seul coup les douze portes des remises du Grand cirque "3, sans doute en tirant au moyen de cordes les longs verroux que l'on peut remarquer dans le bas-relief ici reproduit (fig. 1519)". On y voit des hommes occupés à refermer les portes après le départ des chars. Les carceres du Grand cirque, qui n'existaient que depuis l'an 425 de Rome, furent bâtis en pierre en 578, sous le consulat de O. Fulvius et de Postumius Albinustt, Claude les fit revêtir de marbre 48 Outre la grande porte s'ouvrant entre les remises, que Néron trouva trop petite et qu'il fit démolir pour 1 C1R 1190-CIR le passage d'un cortège, il y avait une autre porte qui faisait face à la première, au centre de l'hémicycle, et (JO'on appelait porta friu,nphalis ou prineipalis; elle servait peut-être de sortie aux vainqueurs. Un passage t Ousont établit que cette circulation dans la longueur du Grand eirque était ouverte d'une façon permanente au puhiic. it'autres portes s'oncraient sur chacun des longs côtds du podzuni, tout près des tours de l'oppidum. C'est à peu près tout ce qui peut être dit, avec certitude dans l'état des connaissances archéologiques, sur les eonstructions élevées autour du champ de course. Jusqu'ici il n'a guère été fait de fouilles en cet endroit si ce n'est à l'époque de la renaissance et suivant les préoccupations de ce temps, bien moins dans le but de satisfaire à la passion archéologique et historique qui caractérise le nôtre, que de trouver des objets d'art ou simplement des matériaux rares ou précieux. Sixte-Quint a fait démolir une grande partie des murailles qui subsistaient de son temps pour en employer les pierres à la construction de Saint-Pierre. Ii nous reste à décrire l'arène même (arma), qui tirait son nom de la couche de sable dont elle était revêtue. Quelques empereurs poussèrent l'extravagance jusqu'à la recouvrir de poussières précieuses, de minium, de malachite (chrysocolla) ou de mica 47. Au milieu de l'arène, et la partageant en deux dans le sens longitudinal, s'étendait un long mur, dont nous avons parlé déjà, large soubassement (arien, axis, spina, 'mua)46, autour duquel les coureurs devaient tourner. En parlant du cirque de Maxence, nous avons signalé la disposition des careeres, qui forment le segment d'un cercle dont la corde ne se présente pas à angle droit sur les deux côtés de l'ensemble des gradins (caves); l'explication plausible qu'on en a donnée se complète par l'inclinaison de la spina par rapport à ces mêmes côtés48. Au moment où, les portes ouvertes, les chars se précipitaient dans l'arène, le plus éloigné avait à parcourir un espace plus grand, pour partir de front et bien en ligne avec ses concurrents. L'élargissement obtenu par l'inclinaison de la spina favorisait ce passage difficile, et la disposition de l'arc les mettait tous à une distance plus égale du point à atteindre pour commencer la course, en diminuant l'avantage qui pouvait résulter du départ de la remise la plus éloignée50. Par contre, au débouché, après le premier tour, le resserrement de la spina aurait pu être un inconvénient, si déjà un classement ne s'était fait entre les lutteurs et si l'ordre en file n'avait en partie succédé à l'ordre de face. Nous répétons d'ailleurs que rien n'établit qu'une disposition existât dans les cirques où, l'espace ne manquant pas, ces précautions étaient inutiles. Les vues de cirques ici reproduites (fig. 1520-1523) donneront une idée assez complète de la disposition et de l'orne ment de la spina; celle du cirrus Maximus fut certainement imitée dans beaucoup d'autres 51. Le soubassement, en maçonnerie revêtue de marbre, portait un grand nombre d'objet'' divers, colonnes, fontaines, statues, obélisques, autels, trophées, édicules, dont les uns n'étaient qu'une pure décoration, les autres avaient une destination spéciale, relative aux jeux, ou un caractère religieux. A chaque extrémité de l'épine et séparées d'elle s'élevaient, sur une haute base, de plan demi-circulaire, des éornes mieux), auteur desquelles tournaient les chars". C'étaient d'abord, à Rome, trois cônes en bois que Claude remplaça par d'autres en bronze doré 53. On appelait mela prima celle qui était la plus rapprochée de l'extrémité circulaire, parce que c'était celle autour de laquelle les chars devaient tourner en premier; la meta seconda se trouvait donc à l'autre extrémité, du côté des remises. ➢ans les représentations de la spina on remarquera particulièrement une travée de portique, composée de CI I1 1191 --C1R deux colonnes et d'une architrave chargée de sept oeufs (ava) mobiles, dont un était retiré après chaque tour couru, de manière à permettre aux spectateurs de les compter'. Symétriquement à ces oeufs, et placés de la même façon, sur l'architrave d'une autre édicule, étaient sept dauphins qui leur faisaient pendant. Dans les mosaïques de Lyon et de Barcelone, les dauphins sont représentés lançant de l'eau comme des fontaines. 3-tans le bas-relief du palais Barberini, la présence d'une échelle appliquée à une des colonnes de l'architrave qui porte les dauphins, comme elle l'est ailleurs aux édicules qui portent les oeufs (avaria), ferait croire que ceux-ci avaient la même destination pour les spectateurs placés à l'autre bout du cirque. Les oeufs et les dauphins peuvent être considérés d'ailleurs comme des symboles des Dioscures et de Neptune, divinités protectrices des chevaux. On voyait encore sur la spina du Grand cirque deux obélisques : l'un qu'Auguste avait fait rapporter d'Egypte, pour remplacer probablement un mat qui s'y trouvait précédemment', cet obélisque est élevé maintenant sur la place du Peuple, Constantin, lors de la restauration et de l'agrandissement du cirque, donna l'ordre d'en poser un second, ce qui ne fut réalisé que sous son successeur Constance : c'est celui qu'on voit maintenant sur la place Saint-Jean de Latran. Innocent X fit dresser sur la place Navone celui qui faisait l'ornement du cirque de Maxence o5. On appelait phalae ou flua''''', des tours en bois élevées aussi sur la seine, peut-être iorsgli on donnait des combats dans le cirque 57. On y voyait encore sti des autels, des chapelles dédiées aux grands dieux (niagnis), aux dieux puissants (pollentibus), aux dieux forts (eaientibus), des figures de la Victoire, de Pollentia, des déesses Seia ou Segesta, Messin, Tutulina, et Cybèle (tllater dcorltm) assise sur un lion, un sistre à la main. Sur un médaillon de l'empereur Philippe, (fig. 1522), la spina paraît transformée par une décora Con ouvelle, peut-être pour les jeux séculaires de l'an 1000 (243 ap. J.-C.), à l'occasion desquels ce médaillon fut frappé. L'obélisque a. pris l'apparence d'un palmier gigantesque ; les metae sont remplacées par des édifices élevés sur un haut soubassement, avec un toit à double rampant. Les careeres sont du côté droit du médaillon, l'oppidttm, à l'extrémité gauche on voit au fond les gradins qui s'appuyaient à la pente du mont Palatin ". A l'extrémité de la spiaa, dans la partie qui faisait face au socle des bornes, était une excavation demi-cireuiaire qui figure dans différentes sculptures et qui pouvait avoir une destination religieuse. C'est vers cette place, peutêtre en avant de la aneta voisine des carrares, que devait se trouver l'autel mystérieusement caché du. dieacoxsus, enclavé dés l'origine dans le premier cirque construit sous les rois. On le, déterrait régulièrement chaque fois qu'il y avait (les jeux 60. La chapelle consacrée à Murcia était placée, à ce qu'il semble, sur la pente de l'Aventin, parmi les sièges mêmes des spectateurs de la tneta .secundo. C'est là qu'on la voit placée sur les médailles déjà citées de Trajan et de Caracalla" (fig. 1516). Dans la mosaïque oie Lyon (fig. 1523) n, l'intervalle qui sépare les metae placées aux deux extrémités, est rempli, non par une construction s'élevant au-dessus de l'arène, mais par deux bassins bordés de murs, formant un carré long; au milieu se dresse un obélisque et dans chacun d'eux on retrouve les édicules qui portent les oeufs et les dauphins vomissant de l'eau. Une pareille disposition dut être adoptée dans un assez grand nombre CIR --1192 CIR de cirques : c'est celle que plusieurs écrivains désignent sous le nom d'eu;'ipus 63, A11.ome, ce même nom fut d'abord donné à un canal, large d'environ 3 mètres et profond d'autant, que César fit creuser dans le grand cirque, le long du podium, tout autour de l'arène, pour isoler les spectateurs, des éléphants, dans une représentation, ayant menacé d'atteindre le public". Cet espace fut, diton, repris plus tard par Néron, pour établir de nouvelles places réservées aux chevaliers 6s. Le fait cité comme une des prodigalités d'Héliogabale, qu'il fit couler du vin dans l'euripe, pourrait bien être rapporté à. des bassins figurés, dans certains monuments sur la spina même, au-dessous des dauphins (voy. la figure I430). Au cirque de Maxence, le soubassement qui constitue la spiral est creusé dans toute sa longueur. Il y avait à Rome, outre le circus Maximus et le cirque de Maxence, le circus Flaminius58, construit (en 220 av. J.-C.) par le consul Flaminius, celui qui périt à la bataille de Trasimène. Ce cirque, situé entre le théâtre de Pompée, le Capitole et le Tibre, avait encore des restes considérables au xVIe siècle; ils ont disparu dans la construction du palais Mattei et de l'église sauta Catarina de Funari. Le cirrus Agonalis ou d'Alexandre Sévère, espace occupé actuellement par la place Navone, qui en conserve encore la forme é7, Le circus Ilaticanus ou Veronianus68, commencé par Caligula, achevé par Néron ; il fut détruit par Constantin qui établit sur son emplacement la première basilique de Saint-Pierre. De ce cirque provient l'obélisque qui décore aujourd'hui ïa place de Saint-Pierre à Rome. Le circus Sallustianusfi9, dont on voit encore la base des gradins, situé vers la Porta-Sala ra, où sont aussi les restes des jardins de Salluste. On trouve encore la mention d'un cirrus Badrianus, qui aurait été commencé par Néron, sur l'emplacement des jardins de Domitia, sa tante, et terminé par Hadrien ; d'un circus Atlrelianus; d'un circus Domitianzts in praos, peut-être le même que le cirrus Vaticanus, et d'autres encore dont l'existence n'est pas sûrement établie 70. A l'exemple de Rome, non seulement la plupart des grandes villes, mais encore de fort petites eurent leur cirque ou leur amphithéâtre (un seul édifice suffisait souvent pour les jeux de toutes espèces) : nous nommerons, en Italie, Boville, cité très ancienne du Latium, dont le petit cirque encore assez bien conservé 71, vers le douzième mille de la voie Appienne, a été d'une grande utilité pour l'étude des autres; en Gaule, des restes importants de cirques ont été retrouvés à Orange 7., à Vienne 73, à Fréjus7`, etc. J.-L. PASCAL. II. LES JEux. Pompe du cirque. Les jeux du cirque, dont ii importe, pour l'explication de beaucoup de points, dene pas oublier l'origine religieuse [Lrjnl], commençaient par une procession solennelle (pompa) où était imitée la pompe du cortège des triomphateurs [TRIOMPHAIS]. L'usage en venait, en effet, des jeux qui, au mois de septembre de chaque année, accompagnaient la rentrée de l'armée à Rome [Lutin MAGNI, ROMANI]. Les généraux vainqueurs se rendaient processionnellement au Capitole 1 et de là au cirque, pour la célébration des jeux. Cette procession paraît avoir été dès lors une partie essentielle de toutes les fêtes publiques données dans le cirque Nous en connaissons les détails surtout par des descriptions et des monuments de l'époque impériale, mais la pompe ne paraît pas avoir été alors fort différente de ce qu'elle était sous la républiques. Elle était conduite par 450 CI Fi 1193 CIR le magistrat qui présidait aux jeux, portant le costume et les ornements triomphaux", la toge de pourpre, la tunique brodée de palmes (tttnica palmata) ; un esclave public tenait au-dessus de sa tête la couronne de feuilles de chêne en or, et dans sa main il avait le sceptre d'ivoire surmonté d'un aigle. Il était traîné dans un char à deux chevaux (biga), s'il était consul ou préteur' : Caligula, le premier, conduisit la procession, monté sur un char attelé de six chevaux', et son exemple fut sans doute imité par ses successeurs'. Avec lui, entourant son char, s'avançait la foule de ses clients, en toge blanche, et la jeunesse de Rome divisée par troupes, à pied ou à chevala. Ensuite venaient ceux qui devaient prendre part aux jeux, conducteurs de chars, cavaliers, lutteurs et danseurs, chaque groupe accompagné de sa musique ; puis les porteurs d'encensoirs et des autres objets sacrés, précédant Ies prêtres et les corporations religieuses, ou accompagnant les images des dieux' placées sur des civières (fencula) et leurs symboles et attributs ordinaires (ezuviae) sur des chars [TENSA] précieusement ornés (fig. 1524 à 1526)", conduits par de jeunes garçons de noble famille ayant encore vivants leur père et leur mère (pueri patrimi et ntatrimi)' L'honneur de voir ses propres images avec celles des dieux, portées dans la pompe du cirque (traductio in pompa) fut accordé à Jules César de son vivantla, et après lui il fut d'usage d'y faire figurer celles des empereurs défunts et celles des impératrices et d'autres personnes de la famille impériale. Le char qui portait celles des femmes était un CARPENTuM tel est celui d'Agrippine mère de Caligula, qu'on voit (fig. 1527) sur une monnaie, attelé de deux mules 13. Quelquefois, au lieu de chevaux ou de mulets, c'étaient des éléphants qui les traî naient16. Quant aux images des hommes, on peut conjecturer d'après les expressions dont se servent les historiens, qu'elles étaient portées à bras, comme celles des dieux". Une sculpture grossière d'un sarcophage (fig. 1528) représente quelques parties de la pompe, des personnages en toge, le bas d'un char à quatre roues tiré par quatre éléphants, chacun ayant sur son dos son conducteur; puis les images, sur des fércula, de Cybèle et de la Victoire; un buccinator est à côté, soufflant dans sa trompe". La procession partait du Capitole, traversait le Forum, le vicus Tuscus, le fortran Boariuna et le Velabrum. Elle entrait dans le cirque par la grande porte placée entre les remises, faisait le tour de l'arène, en tournant autour de la première borne 17, et s'arrêtait au pulrtnar 19, où l'on offrait probablement des sacrifices. A l'arrivée du cortège le public se levait en applaudissant et en poussant des acclamations ". Mais on se lassa de la monotonie de ce spectacle et il finit par exciter plus d'impatience encore que de curiosité'-'. Constantin le supprima comme une cérémonie où la religion païenne restait trop visiblement empreinte ='1. Les courses. Les jeux du cirque consistaient principalement en courses de chars. Les chars étaient attelés de quatre chevaux (quadrige, 15.ep(7t7tOV) 22, souvent aussi do deux chevaux (biça, auvirlptç), plus rarement, de trois ((riga, Tpi7CO]Xoa 'pua), ou de six, de sept, de huit et même de dix chevaux (sejuges, septemjuges, octojuges, decemjuges) '. Sur une pierre gravée", est figuré un cocher t;lH --11 94 tenant une palme derrière un attelage rie vingt ellevaux (fig. 1529). D'a m"estlls'', r.nf oteni, chaque année aux coxsuanx (probablement â celles qui. avaient lieu le 15 déccu,hre), une course avec des chars attelés de mus, parce que, d'après I Fpinion générale, le mu' t était le premier animal qu'on eùt attelé aux chars. Néron et Héliogabale firent courir des chars attelés de quatre chameaux; le dernier, il est vrai, dans des jeux particuliers", Héliogabale donna encore, mais non dans le cirque, des courses d:, chars attelés d'éléphants, de cerfs, de lions, de tigres, de chiens. Sous :;émir aussi, le préteur M. Prbrieius fit atteler des chiens dressés, eu jour que les chefs des partis demandaient un prix exorbitant pour lui louer leurs chevaux T. Dion Cassius mentionne encore des courses de petits chevaux traînant des chars à deux roues""; il s'agit probablement de courses dans quelque cirque prié. Dans un grand nombre de monuments on voit, à côté on en avant des chars, un homme à cheval, vêtu tantôt comme les cochers, tantôt autrement. Gruter et Visconti ont cru reconnaître dans ces figures les roc?(ttm'es lin!fi" , ment ,rut--dans certaines inscriptions. Peut-être n'a Mon pas assez remarqué que dans le bas-relief publié par i'anvinius 30 ces cavaliers, qui paraissent exciter par leurs (iris et leurs gestes l'ardeur des cochers, sont appelés /uJil"tor•trs. Une mosaïque appartenant à des thermes découverts récemment près de Rome, sur la voie Flaminia°i, offre l'in agio, (fig. 153+0 de l'un d'entre eux courant à la suite des chars; il tient d'une main une couronne, de l'autre une palme. L'inscription qu'on lit à côté, luira xlca, précise son action ; il acclame le vainqueur 3'. De même dans la mosaïque de Barcelone reproduite plus haut (fig. 1à22), deux hommes à pied précèdent les coureurs; au-dessus de l'un d'eux, qui agite des drapeau, on lit le nom neinsaPS, qui est celui du cheval de gauche (filnrzlis) du premier char, c'est-à-dire du cheval de qui dépendait surtout la victoire n f c'est ce nom sans doute qui est acclamé. La durée des jeux a varié. Elle fut longtemps très courte'', Au commencement de l'empire, le nombre des courses dans une journée ne dépassait pas encore dix ou douze. Caligula. en l'an 37 après J.-C., célébra pour la dédicace d'un temple d'Auguste des jeux dans lesquels, le premier jour, il fut couru vingt fois, et le second, vingt-quatre fois : ce fut bientôt le nombre habituel des courses 35; quelquefois même, dans des occasions exceptionnelles, il y en eut davantage "3e, Dès lors les jeux durent commencer au lever, pour finir au coucher du soleil, noir toutefois sans interruption. Ordinairement après la sixième course (après la cinquième quand le nombre total se divisait par dix et par vingt) ; vraisemblablement aussi au milieu du jour, après la douzième course (ou la dixième) il y avait une pause, pendant laquelle les spectateurs pouvaient retourner chez eux ", mais beaucoup n'en profitaient pas, retenus parla curiosité et la crainte de perdre des places qu'on se disputait. On a,Ipelaii ntissus (xatn),z, âTaov), la course fournie par les chars qui sortaient simultanément des carcer'es 38, et qua luttaient en faisant autour de l'arène le nombre de tours (rurr'teula, spetia) déterminé. Habituellement ils devaient faire sept tours '8. Ils prenaient la droite de la spina, doublaient les bornes dressées à son extrémité puis parcouraient la carrière en sens inverse, en suivant la gauche de la spina d0, La victoire était à celui qui, après avoir tourné sept fois, franchissait le premier la ligne marquée de craie sur le sol (creta, celx), auprès de laquelle se tenaient les juges ", Pour que les spectateurs pussent toujours se rendre compte du nombre de tours accomplis, à la fin de chaque curt'ictthm,, un homme enlevait un des sept oeufs et un des sept dauphins placés, comme on l'a ou dans la première partie de cet article °', sur deux architraves, chacune supportée par deux colonnes. Sur quelques monuments on voit une échelle appliquée à un de ces édicules. Dion Cassius `'' en parle comme d'un perfectionnement dut à Agrippa; mais d'après Tite-Live'''' les oeufs furent employés à marquer les tours, dès l'an 174 avant notre ère. Le plus souvent, chaque maissus se composait de quatre chars, durit chacun représentait l'un toujours à gauche, les cochers devaient attacher la plus ll Ili Ir îe l`)a grande ilnpurtas.r_e art choix ds' fautais placé de ce côté; c'était celui qui attirait aussi particulièrement l'anime CIF'i -1195 des quatre partis du cirque, dont il sera parlé plus loin, et en portait les couleurs. Domitien ayant ajouté deux nouvelles couleurs à celles qui existaient avant lui, il est probable que chaque »»tissus sous son règne compta six chars. La règle n'était pas sans exception sa. Les concurrents tiraient au sort les places qu'ils devaient occuper au départ. Cette opération se faisait en présence de fonctionnaires et des représentants des fac au moyen de boules que l'on faisait tomber en renversant une urne pivo tant sur un axe entre deux montants (fig. 1531) "°. Le si gnal du départ était donné par le magistrat qui prési dait aux jeux, placé dans] sa loge au-dessus des carceres il agitait un linge blanc (rocppa). L'usage s'en perpétua depuis le temps de la répu blique jusqu'à la fin de l'antiquité °7. On voit la »nappa, comme un insigne auquel on peut reconnaître ce magistrat, dans quelques-unes des représentations du cirque", aussi bien que sur les diptyques d'ivoire (fig. 1532) dont les sculptures étaient destinées à rappeler les jeux donnés par ce magistrat tandis qu'il était en fonction 53. D'après Sidoine Apollinaire '0, le signal était donné par le son de la trompette. Peut-être s'agit-il d'un second signai donné après que les chars s'étaient rangés à la linea alba, ligne tracée, dit Cassiodore 51, non loin des portes des remises, d'un côté du podium à l'autre. Mais cette coutume ne pourrait avoir été introduite que peu avant l'époque de Sidoine et de Cassiodore 52. Les chars employés pour la course étaient, comme en Grèce [turconxonl:sj, des voitures légères à deux roues, ouvertes par derrière, comme on peut le voir par un grand nombre de monuments bi, four atteler les chevaux on suivait encore la même méthode que chez les Grecs : s'il s'agissait de deux chevaux on les attelait au timon (juqunt); s'il y en avait quatre. on les pla''ait tous sur la même ligne, les doux chevaux du milieu étaient attelés au joug (eyai jit afes tin lrtir'cjup)) et les Lieux autres étaient attachés à droit' et à gauche avec une channe ou une corde (dépt; fraudes ou futzarii) Pour les chars attelés de trois chevaux, il n'y avait naturellement qu'un seul funalis, celui de gauche. Nous ne savons pas comment on s'y prenait pour atteler six, sept, huit ou dix chevaux à un seul char. Nous remarquerons seulement que dans l'inscription déjà citée de Dioclès 5', il est plus d'une fois question de trois ou même de cinq introjugi. La principale difficulté étant de faire tourner le char autour des bornes, qui se trouvaient a8 Becket «Du Minime ',Maris munis 'Cor partis, p. 84 et s.) a voulu éta blir une relation cotre le nombre des etmeeres et celui des chars de chaque tirer,,,: il suppose que les douze carceres du Grand cirque ne dataient que du temps de Domitien; qu'auparavant il n'y en avait que huit; que le nombre des captes« était toujours double de celui des chars de choque co=ssus, parce que les chars entraient dons raréfie par les carceres qui étaient à droite de la grande porte d'entrée, et qu'As en sortaient par ceux de gauche. ai. Fr'edlüuder lait remarquer (Baia. Staatsueme p. 492, nnte 1) que dans la mosaïque de Lyon et sur le bas-relief de Foligno (lequel représente certainement le Grand cirque), un voit huit chars. Il est certain que chaque parti pouvait faire courir plus d'un char: l'inscription de Diodes, lin. 7 et s. (Friedlander, Srtt^,eq p. 4951, nrentionuedes courses e,equlan ,r, !Marna te,°,ou ''u ( grtadrzgarm,) °(;h, Robert, p.t,, de sur tes nted. cmilomiiats, u o82,p lil;cf. Texier, Item Arc/Mol. 1845, pl. 28 r et Te,lult. Suect, 1; Sid. Ap Ca-aa, d°° Coast. Porph. 1. C', p. 4912. 67 Cie. 129.9 ; :ertell. 1_ l.; Han u,,1,t.a Titube. Ar.. p.36. Sous T,.tutc,,,(Noe 1 Cv. ilorcelliu Cimon in Ss rmond. Opi p. 378.) le mot n7 désignait la course he-même. franmterrti di '' M. szm, Flcr. °.817; Do,ati, De ditiiei Mead -55 Came: 'Sllf 317, 51l'a.'. on reconnaît cette ligne dans le mosaïque de Lyon (6g. t cf. Zaogemeister, 1. 1. p. 139. -85 Put-être (c'est l'opinion d, M. Friedlanse r. Sitter,a. p. .2 seulement apte' qu'use eut cessé de faire courir les char, dans toute la . _ sur diMaque. . notamment :a mosaïque de Barcelone 'f„. 1520), u1, ces chars -e présentent dans diverses positions.. 31 Argoti ad raccir'um, p.193 (07), 55 "ioy. note `?-. C1R 1196 CIR fion des spectateurs 66. Une inscription fort curieuse", contenant une longue liste de vainqueurs, et où chaque nom de cocher est suivi du nom d'un cheval, de l'indication de sa couleur et du nombre des prix remportés, nous a été conservée. Les chevaux nommés sont évidemment des fanales de gauche. Les chars en tournant autour des nlelae ou en les serrant de trop près pouvaient s'y briser ; ou bien un char en accrochait un autre en s'efforçant de le dépasser. Ces accidents (naufragia) ont dû être moins fréquents dans les cirques romains que dans les hippodromes de la Grèce, parce qu'on y admettait un moins grand nombre de chars; cependant on voit qu'ils étaient encore assez communs, et on n'a pas manqué de les retracer dans la plupart des monuments où les courses sont représentées. Les cochers devaient être très attentifs à éviter la roue de leurs adversaires, qui s'efforçaient quelquefois de leur faire faire naufrage 68 : aussi les voit-on fréquemment dans les monuments (fig. 1501) se retourner en arrière. C'est par allusion à ce mouvement, qui leur était habituel, que dans une pièce de Plaute" on dit à quelqu'un qui regarde à chaque instant derrière lui : « Vous feriez sans doute un bon cocher. » Pour se préserver du danger, les cochers avaient recours non seulement aux amulettes, comme tout le monde dans l'antiquité, mais souvent aussi à des sortilèges ou à des breuvages, réputés magiques 65 Les cochers (agi tatot'es, aurigae, vIé)cot) apprenaient leur métier pendant plusieurs années, avant d'oser paraître en public ; cette éducation commençait quelquefois de très bonne heure 61. Ils devaient savoir conduire des chars attelés de deux chevaux avant qu'on leur confiât des attelages plus nombreux. Comme ils avaient l'habitude d'attacher les rênes en les enroulant autour de leur corps, ils étaient exposés à être traînés à terre s'ils venaient à être renversés : c'est pourquoi ils portaient, passé dans les courroies entre lacées (fascine, (.CG-rbv) qui les cei gnaient étroitement jusqu'aux aiselles 63, un couteau destiné à couper les rênes aussitôt qu'ils se sentaient en danger (fig. 1533). Leur costume consistait en une tunique ou une casaque courte, de la couleur du parti auquel ils appartenaient; quelquefois des manches (7nanieae), de couleur différente 63, passaient par les ouvertures latérales de la casaque ; sur la tête ils avaient un chapeau ressemblant à un casque (xp«voc, r.acei tov) et ils tenaient un fouet à la main. On remarquera aussi dans la figure 1533 les cordons noués autour des jambes, qui enétaient quelquefois couvertes entièrement. Les cochers étaient pour la plupart des esclaves ou des hommes appartenant à la plus basse classe 66. Cependant, malgré le mépris dans lequel était tenue leur profession, eu droit ils n'étaient pas (ceux du moins qui paraissaient dans les jeux sacrés), rangés parmi les personnes in faines. Dans le code de Théodose", ils sont mis au nombre des inftonestae pes'sonae. Mais ils étaient soutenus par la faveur populaire et par l'engouement des plus grands personnages. Dès la fin de la république on avait vu des jeunes gens des plus nobles familles et plus tard on vit les empereurs eux-mêmes se mêler à eux, et partager leurs exercices. Caligula, Néron, Commode, Caracalla conduisirent des chars dans le cirque". On citait les cochers comme des types d'impudence et d'audace 87, à qui l'impunité, quoi qu'ils fissent, semblait être assurée. Les prix qu'ils recevaient étaient à l'origine des couronnes et aussi des palmes ; celles-ci furent adoptées à l'imitation de ce qui se pratiquait dans les jeux de la Grècefi8. Dans l'ancien temps, la couronne était jugée glorieuse pour le citoyen dontl'attelage avait été victorieux et on la déposait sur son cercueil 69. Mais plus tard on tint pour peu honorable de prendre part aux jeux en personne, et la récompense comme la lutte devintl'affaire de cochers qui n'avaient pas à craindre la déconsidération en conduisant les chars dans le cirque. Outre les palmes et les couronnes, et l'affranchissement, qui fut quelquefois la récompense des esclaves, les vainqueurs 70 recevaient des sommes d'argent souvent considérables, grossies par la libéralité de celui qui donnait les jeux71 et plus encore des partis, qui cherchaient à s'attacher les plus habiles 72, si bien que plus d'un cocher se-trouva en état d'avoir part à son tour à leur direction u. Martial 74 parle de l'un d'eux, Scorpus, fameux sous Domitien, qui en une seule heure emporta cinquante bourses d'or, et Juvénal7" compare la fortune acquise par un cocher à celle de cent avocats. Leurs gains furent par la suite souvent plus énormes encore. En 343, un consul fit célébrer des jeux magnifiques où les cochers reçurent, non plus de simples prix, mais des patrimoines entiers, des chevaux, des vêtements de soie, alors payés au poids de l'or71. Quelquesuns sous le bas-empire arrivèrent aux honneurs municipaux". Si l'on en juge d'après un bas-relief déjà cité du Vatican (fig.1518) 98, les prix étaient remis aux vainqueurs par l'editot° speetaeulorztm, au moment où ils se présentaient devant sa loge pour le saluer après la victoire et se CIR 1197 CIR recommander à sa bienveillance n, tandis que la foule des spectateurs agitant ses vêtements poussait des acclamations si bruyantes qu'elles s'entendaient dans toute la ville et arrivaient jusqu'aux oreilles de ceux qui s'en éloignaient, longtemps après qu'ils l'avaient quittée 80 L'enthousiasme pour ceux qui devenaient les favoris de la fortune ne se contentait pas de ces applaudissements" : on les voyait partout suivis d'une grande foule d'amis et de partisans 33 ; les poètes même les célébraient. Tous les arts travaillaient pour eux ou prenaient pour sujet leurs victoires a" ; de tous côtés on rencontrait leurs bustes et leurs statues 8' et l'on peut juger par la quantité de monuments de toute espèce qui subsistent encore, sculptures, mosaïques, lampes (fig. 1.534), monnaies, pierres gravées, ivoires, verres 8°, où ont été représentés les cochers et les courses, combien l'on était ingénieux à multiplier les moyens de rappeler leurs victoires, dont tout le monde était occupé. Elles avaient place parmi les faits mémorables rapportés dans les ACTA 86, et l'on possède encore des inscriptions gravées sur la pierre et le marbre où sont énumérées avec un soin minutieux toutes les circonstances dans lesquelles elles ont été remportées, le parti auquel appartenait le vainqueur, le nombre et les noms des chevaux avec les quels il avait mérité le prix, combien de fois il avait obtenu le premier, le second, le troisième ou le quatrième 87, et le montant des sommes qu'il avait ainsi gagnées. On voit par ces inscriptions 88 qu'il y avait comme une classe à part de cochers (7niliarü) qui avaient atteint le nombre de mille victoires ; plusieurs le dépassèrent de beaucoup. Scorpus en comptait 2048, Pompeius Musclosus 3559, Pompeius Epaphroditus 1467, lorsque tous trois furent vaincus par Dioclès : celui-ci d'après le monument élevé en son honneur (vers 150 après J.-C.), après qu'il se fut retiré de la carrière, à l'âge de quarante-deux ans, avait eu le prix 3000 fois en conduisant des chars à deux chevaux, 1462 fois avec des chars attelés de trois, de quatre ou d'un plus grand nombre de chevaux. On notait aussi les chevaux qui comptaient cent victoires (centenarii). Dioclès en possédait un qui avait gagné au moins deux cents fois le prix (ducenarius). Nous savons encore par les inscriptions, que les courses où chaque parti avait un seul char engagé étaient considérées comme les plus sérieuses : c'étaient celles où la victoire était le plus appréciée; mais celles où couraient deux et trois chars de chaque couleur sont marquées avec non moins de soin, aussi bien que toutes les choses notables (annsignia) dont le vainqueur pouvait tirer quelque gloire: par exemple s'il avait pris la tête dès le commencement de la course et l'avait gardée jusqu'à la fin (occupavit et vicit) 89, au besoin en leur donnant une avance à ses concurrents (praemisit et vicit); si du second rang il avait passé au premier (successit et vieil) 90 ; ou si ( ce qui était bien plus estimé), après être resté en arrière pendant une partie de la course, il avait tout à coup conquis la première place (eripuit et vicit)". On lui faisait honneur encore d'avoir conduit ses chevaux sans employer le fouet " ; ou d'avoir vaincu avec les chevaux d'un autre parti93; ou, comme Dioclès, d'avoir fait courir sept chevaux attelés de front sans jougs", etc. Les chevaux destinés au cirque étaient tirés principalement de l'Italie, de la Sicile, de la Grèce, de l'Afrique, de l'Espagne ; ceux qui venaient de cette dernière province passaient pour les plus rapides. Au troisième et au quatrième siècle, ceux de Cappadoce acquirent une réputation égale96 [EQuuS]. D'après Pline", les chevaux d'Italie ne le cédaient à ceux d'aucun autre pays pour les attelages à trois. Il semble ressortir d'un passage d'Hygin n que l'on préférait les juments pour les atteler au joug et les mâles pour servir de funales; mais les noms qui nous sont connus sont à très peu d'exceptions près ceux de chevaux mâles 98. La plupart étaient des chevaux entiers 99. On ne commençait guère à les dresser avant qu'ils eussent trois ans 70D et on ne les faisait pas courir dans le cirque avant cinq tOt Quelques-uns y fournirent une carrière qui paraît extraordinaire : ainsi Tuscus, qui flat le Amatis du cocher Fortiinatus'°', gagna 386 fois le prix; et. Victor, qui appartenait à. (lutta Calpurnianus 70' l'emporta 429 fois; ce qui suppose d'après le calcul de M. Friedlander 1", qu'ils avaient couru au moins quatre fois aussi souvent attelés à des quadriges, et qu'ils avaient parcouru 16600 ou 1700 fois dans le grand cirque un nombre égal de lieues. De pareils chevaux coûtaient plus cher que des esclaves 70a, et on taisait de grands frais pour leur éducation. Leurs noms étaient dans toutes les bouches 106 Les amateurs connaissaient leur tige, leur généalogie, leur lieu de naissance, leurs états de service 207. On connaît les folies que fit Caligula pour son cheval Iucitatus t0. elles paraissaient sans doute aux contemporains moins extravagantes qu'elles ne nous semblent aujourd'hui, D'autres empereurs, Néron "9, Commode', Vérus 151 et même Hadrien "' ne furent guère moins passionnés pour leurs chevaux favoris, et parmi les spectateurs du cirque, il en était peu qui ne les eussent imités"3. On a déjà vu que des noms de chevaux ont été conservés, aussi bien que ceux de leurs conducteurs, dans 1 les inscriptions 11'; on les trouve placés à côté d'eux sur les monuments de tout genre qui les représentent. Dans une mosaïque découverte, il y a peu d'années en Afrique, dans la province de Constantine, auprès de chevaux de course représentés dans leur écurie, on lit leurs noms avec des paroles d'éloge et d'affection (fig. 1535)115. A quel ques-uns on éleva des tombeaux avec des épitaphes 116 Les monuments' nous montrent les chevaux du cirque, souvent richement étplipés.lls portaient une plume, un palme. ou un rameau garni de feuillage sur la tête, un calier, des brides, un filet, qui devaient être o' la i.:.,lteur 0 3 parti pour laque]. ils luttaient, 'n remarque fréquemment suspendus à leur cou des clochettes, des bulles ou ;grelots, des phaères, des croissants, tous objets qui se rencontrent ordinairement dans le harnachement des chevaux et dont le choix était motivé plus particulièrement, quand il s'agissait de ceux du cirque, par l'idée de préservation que l'on attachait aux orne ments de cette sorte [,871u0 cr051 l'11ALERAH, rASCINCM], Aucun caparaçon ou harnais ne les chargeait, pour ne pas embarrasser leurs mouvements; dans la figure 1536, d'après un verre peint, une teinte particulière indique une sorte de chaussure à la jambe des deux introjugi la plus rapprochée du timon'". La queue était relevée, au moins celle des chevaux de côté (fana/es), et retenue par un noeud très serré, afin qu'elle ne se prît pas dans les roues d'un char ou dans les harnais d'un attelage voisin. Sur la croupe on voit très souvent, comme dans la mosaïque de Barcelone (fig. 1520) et sur la plaque d'ivoire reproduite plus haut (fig. 1532), une marque, ou même un nom entier (au génitif), probablement celui du propriétaire des chevaux 119 p'acti.ons. Les magistrats à qui incombait la charge de préparer les jeux t2° n'auraient pu, le plus souvent, avec leurs propres ressources, avoir des chevaux de course, des cochers exercés et le nombreux personnel accessoire, que les documents nous font connaître comme ayant appartenant à de grandes entreprises particulières, La nécessité de pourvoir à tous les détails d'une vaste organisation, autant que la passion violente des Romains pour les jeux du cirque, a contribué à constituer ce qu'on e appelé les partis ou factions (factiones, greges, populi, iePcas, tilal'Ptî 11 cn',, °. „ rpâ,a,, xipsc , cu-ra(ace:x), que l'on s'habitua à. désigner par les noms des couleurs adoptées pour reconnaître dans la course les voitures et les cochers. Ceux-ci dans les monuments figurés, comportant l'emploi des couleurs, qui nous sont parvenus de l'antiquité, tels que les peintures et les mosaïques, sont distingués avec soin 125 de cette manière. Il n'y eut d'abord, semble-t-il, que deux factions, celle des rouges (russata) et celle des blancs (atbata) 1". La faction bleue (ueneta0 existait peut-être au temps d'Auguste ; les bleus CIB •--1199 •--CIIi sont nommés dans une inscription qui paraît appartenir à cette époque 1~"; quant à celle des verts piusina). Jean le Lydien prétend 1'23 qu'elle fut antérieure, mais elle n'est pas mentionnée avant Caligula'"'. Domitien ajouta deux couleurs, la pourpre et la dorée (purpureusetaura/us pannes) 126, mais il n'en est plus question après son règne. A un moment, qui ne remonte pas au delà du 1W siècle de notre ère, les deux anciens partis s'unirent ou du moins se subordonnèrent aux deux nouveaux; les blancs aux verts et les rouges aux bleus. Dès lors il est bien plus souvent question des verts et des bleus que des blancs et des rouges; ces derniers sont pourtant mentionnés encore au xe siècle 1'. A Constantinople il s'établit une nouvelle division des partis : on distingua deux partis de la ville (uo).tttxoO, et deux partis des faubourgs (7rtGaTtxoO. Il paraît vraisemblable que les blancs et les rouges étaient les xeoatttxol et les bleus et les verts Ies ueosTtxo( ; en effet, Constantin Porphyrogénète128désigne le parti bleu comme ne faisant qu'un avec le blanc, le vert avec le rouge, et les chefs du parti blanc et du parti rouge comme chefs des partis de la ville. A peu près tout ce que nous savons au sujet de l'organisation des factions à Rome, est fondé sur des inscriptions, dont aucune ne remonte jusqu'au temps de IarépuMique. Il est probable que cette organisation ne fut complète que sous l'empire. Auparavant les chevaux et tout ce qui était nécessaire pour les courses était fourni par un entrepreneur(quadrigarum doaiiinus) u appartenant à l'ordre des chevaliers, entre les mains desquels se trouvaient toutes les grandes entreprises financières. La lai permettait aux sénateurs de prendre à forfait la fourniture des chevaux pour les luth manu Ii i,e'ani et les (urbi ,l pritLinares, Un décret d'Auguste étendit cette autorisation s la fête de Mars Ultorl'O..Il arriva naturellement que l'entreprise se partagea entre autant de sociétés qu'il y avait ordinairement de chars engagés de différentes couleurs. Elles avaient à leur tête des directeurs (dominï taetionum m), avec lesquels devaient s'entendre ceux qui donnaient les jeux'''. Ils commandaient à un très nombreux personnel composé en partie d'esclaves et en partie d'employés à gages. Nuis r-or..naissona par une inscriptionl's une /'spolia quadrigarin, qui comptait 24 ou 25 decuriones, et qui par conséquent se composait de 240 à dàO personnes. Il pouvait y en avoir encore davantage, si on en juge par la variété des emplois dont ontrouve la mention: d'abord les cochers (agitatores, auriges, aurigatores ou quadrigarii, ilv(o7ot ou âpp.s-r Àctrat), puis des eonditores et sueconditores ', probablement les garde-magasins et leurs subordonnés; des charrons (sellarii)1'k, des cordonniers (sutures) 136 des tailleurs (sarcirlatores) 137, des ouvriers en perles (margaritarii 1V8) : il s'agit probablement de perles destinées à l'équipement des chevaux; des médecins (lr,ede',)'" ; les vétérinaires sont peut-être compris sous cette dénomination générale. Sous celles de magister et de dormi, X40 il faut entendre sans doute les maîtres d'équitation et aussi ceux qui enseignaient l'art de conduire les attelages; des cultures", messagers, et des chiral ttx intendants qui géraient probablement les propriétés d'oie la société tirait ses fourrages et où elle faisait paître, ses chevaux; des tes toi-es, qui sont peut-être les hommes qui ouvraient les portes pour le passage des chars 1'6 ; des spi' r(ores ou spaesol est' . ce pouvaient être des gens chargés soit de rafraîchir les chevaux soit de verser de l'eau sur les roues des chars pour les empêcher de prendre feu .0n voit dans une peinture antique14'un homme qui s'approche du char d'un aurige vainqueur et pose une main sur lys naseaux: d'un cites ai, tandis que de l'autre il tient un vase. On remarque souvent dans les bas-reliefs 1tt des hommes qui se glissent le long des chars ou sous les pieds des chevaux, en tenant une amphore à la nain; quelquefois en n'aperçoit que les amphores gisant à terre, Vitellius avait, disait-on été blessé en remplissant un pareil office (ministï'ator) auprès de Caligula, lorsque celui-ci voulut conduirelui-même dans la carrière. On reste dans le dotale au sujetdes moratore.s ludi 1''", confondus à tort, croyons-nous, avec les jubilatores dont il a été parlé plus haut (p. 119h). On connaît mal les rapports qui rattachaient an fisc impérial cette organisation. On vois, cependant qu'une autorisation de l'empereur fut sollicitée par PotdienI lorsqu'il était encore simple particulier pour pouvoir donner des chevaux en présent aux quatre facluons I,es écuries des factions se trouvaient dans la di région, au pied du Capitole, dans le voisinage du digue Flaninienl'J0. Elles paraissent avoir été au moins en partie construites par les empereurs 157. C'est là sans doute que les empereurs et les autres puissants personnages qui firent quelquefois courir leurs propres chevaux, les faisaient conduire, canent le inonde prenait parti et engageait des paris (sponsio 1'» pour l'une ou l'autre faction. Home entière se partagea entre lesbiens et les verts depuis le prince jusqu'au dernier des esclaves. Le empereurs furent pas-ianné pouf Cette latte ardente, autant qu'aucun de leurs sujets, et quelques-uns ne craignirent pas de peser de toute leur puissance pour favoriser un des partis et écraser les autres. Caligula, qui passait des journées entières dans les écuries des verts et y prenait ses repas, fut accusé de s'être débarrassé par te poison des cochers les plus habiles de ses adversaires'''. 'Vitellius, qui étrillait lui-même les chevaux, mettait à mort des citoyens pour avoir calomnié les bleus 15". Caracalla faisait envahir le cirque par une troupe armée pour punir les sl cetatour: de CIR 1200 ce qu'ils se moquaient d'un cocher favori du même parti, et punissait de mort un cocher du parti opposé, trop souvent vainqueurOn peut à peine citer qelques princes qui soient demeurés maîtres d'eux-mêmes au milieu de ces fureurs, comme Marc-Aurèle, qui se félicitait''« d'être resté libre de cette attache à la fortune des partis, et Alexandre Sévère qui osa dire qu'un cocher du cirque ne méritait pas d'être mieux traité qu'un esclave'''. Ni l'avènement du christianisme, ni l'invasion des Barbares et la ruine des villes mises par eux à sac, ne purent faire cesser les luttes des partis. Partout où un cirque subsistait (et il n'y avait guère de ville qui n'en fût pourvue), elles recommençaient aussitôt que le danger semblait s'être éloigné 108 On ne s'étonnera pas que les jeux du cirque aient donné souvent lieu à de violentes émeutes à Rome, à Alexandrie, à Antioche et ailleurs 1". Mais c'est à Constantinople que la folie du cirque"' atteignit son dernier degré ; c'est de l'hippodrome, que partirent ces formidables séditions qui ensanglantèrent tout l'empire'«'. II suffit de rappeler celle de l'an 532, qui s'éleva à l'occasion des jeux par lesquels Justinien célébra le cinquième anniversaire de son avènement. Elle est connue sous le nom de Niés, mot qui servit de cri de ralliement; elle faillit coûter à l'empereur le trône et la vie. Bélisaire ne put la dompter qu'après avoir tué plus de 30,000 des rebelles 16' Autres jeux dans le cirque. D'autres courses encore avaient lieu dans les cirques, c'étaient celles des desultores, cavaliers qui conduisaient deux chevaux, en sautant de l'un sur l'autre'63, imitant ainsi une manière de combattre anciennement usitée dans l'armée romaine'«I Ils parcouraient la carrière dans l'intervalle des courses de chars, annonçant celles qui allaient commencer, et peut-être les accompagnaient-ils quelquefois"°. On les reconnait sur un assez grand nombre de monuments'««, sarcophages, lampes, monnaies, etc. Ils différaient des cochers par le costume, car ils ne portaient pas par dessus leur tunique les lanières entrelacées et , au lieu du chapeau à calotte bombée et muni d'oils étaient coiffés d'un bonnet pointu'«'. Sur une pierre gravée 188 on voit (fig. 1537) un de ces écuyers menant quatre chevaux de front, ce qui n'était pas ordinairej89. Les desltltores ne se contentaient pas, en effet, de la manoeuvre classique à laquelle ils devaient leur nom, on en vit qui y ajoutaient toutes sortes de tours10, dont les cirques de nos jours offrent encore le spectacle, comme d'exécuter leurs exercices en armes, de ramasser un objet à terre en pleine course, de se tenir debout, couché ou agenouillé sur le dos du cheval au galop, de franchir un char attelé de quatre chevaux, etc. (DESELTOI]. I1 y eut aussi dans le cirque des courses à pied Ill; celles-ci, sous l'empire, avaient plutôt lieu I`s' des luttes d'athlètes et de pugilistes 12. On voit sur une monnaie de Gordien (fig. 1538) ces derniers exercices réunis aux courses de Fig. 1338' Pompe et, jeux de chars et la pompe dans le fond du cirque 173. Souvent aussi les jeunes citoyens faisaient en armes dans le cirque des évolutions militaires (armatura) et des combats simulés. L'usage en datait de la république14, etil continua jusqu'aux derniers temps de l'empire d'occident et plus tard encore à Byzance'". On distinguait l'armature pedestris, exécutée par une troupe à pied, et l'arnlatura equestris, exécutée par des cavaliers; la première a été décrite par Ammien Marcellin l'«, et la seconde par Glaudien1". Lapyrrhica militaris, d'après Spartien1i8, semble avoir été une espèce d'armrztura. Il ne faut pas confondre avec l'arsnatura equestris les manoeuvres à cheval exécutées par des jeunes gens de la noblesse, qui constituaient le Lunus TROJAE. Les ludi sevirales ont avec ces manoeuvres beaucoup d'analogie et devaient avoir lieu dans le cirque. C'étaient aussi des manoeuvres exécutées par les chevaliers divisés en six détachements (turlutte), chacun ayant à sa tête un seoir et tous conduits par le princeps juventu.tis [EQUITES]. Auguste avait voulu que ces jeux fussent célébrés en l'honneur de Mars L7ltor On les trouve encore mentionnés Fig. 1539. Lndi sevirales. sous Marc-Aurèle 180. Ils sont rappe lés sur des monnaies 181 où l'on voit les cavaliers au galop avec la légende PRINC. IvvENT (fig. 1539). Les combats de gladiateurs183 [GLADIATORI, les chasses et les combats de bêtes [VENATIO], qui avaient ordinairement lieu dans les amphithéâtres, se donnèrent avant la construction de ces édifices, et aussi bien souvent après, dans les cirques 153. Enfin on y admit des bateleurs, des montreurs de bêtes, des funambules, des faiseurs de tours CIS -1201 CIS de force et d'adresse et toutes sortes de divertissement 1". Ceux qui donnaient des fêtes dans le cirque, aussi bien qu'au théâtre ou dans l'ami hithéàtre, y ajoutaient quelquefois des repas publics18' [Eau. v] ou des distributions de vivres, d'argent, de vêtements, etc., ou même de gibier vivant, comme aux saturnales de l'an 90, où on jeta au peuple des faisans et des poules de Numidie. Lorsque l'empereur Probus célèbra son triomphe sur les Germains et les Blemmyes, des arbres furent plantés dans le cirque et l'arène transformée en une forêt, où furent lâchés des milliers de cerfs, de sangliers, d'antilopes, de daims, d'autruches et de toutes sortes d'animaux sauvages ; puis il fut permis à la foule de s'y précipiter et d'emporter tout ce qu'elle y pourrait saisir'''. D'autres fois c'étaient des jetons ou des tablettes, donnant droit comme des billets de loterie à des présents de la nature la plus diverse, qui étaient jetés et répandus comme une pluie (spar La presse était si grande, dans ces occasions, et la mêlée qui s'en suivait si terrible, que les gens prudents avaient soin de s'éloigner avant qu'elle ne commençât'''. En tout temps du reste il y avait affluence de monde aux abords du cirque. Toutes sortes de spectacles et d'amusements y attiraient les oisifs : des marchands avaient leurs étalages sous les portiques extérieurs 189; on y faisait la cuisine en plein vent 190; des astrologues et des devins prédisaient l'avenir ou disaient la bonne aventure 19i; des bateleurs exécutaient des tours 199 ; des Syriennes ou des Gaditanes, par leurs danses et par leurs costumes, et des femmes de toutes sortes essayaient d'attirer et de retenir les passants 193. Les alentours du cirque étaient un des endroits les plus animés et aussi un des plus mal famés