Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CLASSICUS

CLASSICUS ou CLASSIARIUS CENTURIO. La situation du centurio classiartus n'est pas connue d'une façon précise. La plupart des inscriptions mentionnant des centurions de la flotte de Misène ont été trouvées à Rome', à Athènes 2, à Civita-Vecchia 3 et à Porto', c'est-à-dire en dehors de la station principale de cette flotte. D est probable que ces centurions commandaient des détachements. Dans tous les cas, il est bien certain que les soldats de marine étaient divisés en cohortes pour leur service à terre : de là le nombre relativement important de centurions de marine fourni par les inscriptions de Rome, où les soldats des flottes de Misène et de Ravenne avaient des quartiers permanents et un service à terre particulier. Tacite, en parlant des gens qui prirent part au meurtre d'Agrippine, cite le trierarc/aus Herculeius et le centurio classiarius Obaritus'; il fait également mention du navarchus Volusius Proculus G. Il existait donc une distinction, au premier siècle de notre ère, entre le trierarchuo, le centurio classaarius et le navarghus. Dans des inscriptions certainement postérieures au règne de Néron, la centurie paraît correspondre exactement à un navire 7. Il est cependant difficile d'admettre I'existence, sur le même bâtiment, de deux commandants, l'un avec le titre de triérarque, l'autre avec celui de centurion. Une inscription trouvée à Baies 8 a fourni une occasion de traiter cette question. Les uns pensent, avec M. Mommsen', que l'empereur Antonin avait élevé au rang de centurions les navarchi et les trierarchi de la flotte de :Misène auxquels on ajouta, sous Marc-Aurèle et Lucius Vérus, les principes classes. Il y aurait eu sur chaque navire trois centurions : le TRIERARCUUS, le NAVARCuUS et le PRINCEPS. D'autres croient avec M. Henzen t0 qu'Antonin accorda aux navarques et aux triérarques de la flotte, seulement les ornements du centurionat qui représentaientungrade supérieur àcelui dont ils étaient revêtus. CLASSICUS ou CLASSIARIUS CRNTURIO. 1 Kellermann, p. 30,110 14; CLA 1224 CLA. Il est certain que le commandant d'un navire, le navarchus par exemple, avait un rang inférieur à celui du centurion légionnaire, cela résulte de l'inscription de C. Sulgius Caecitianus". Il faut toutefois remarquer qu'un détachement de la flotte de Germanie employé dans les travaux des carrières, à Brohl, est placé pour son service à terre, sous les ordres d'un triérarque qui remplit tout à fait en cette circonstance, les fonctions du centurions". € CASSIS. Dans l'organisation du CENSUS par le roi nom de classis fut donné aux grandes divisions des citoyens romains 2, d'après leur fortune déclarée au cens. On doit expliquer particulièrement, dans cet article, combien il existait de classes et quel était le taux fixé pour chacune d'elles. Suivant les écrivains romains Servius ne, distingua que cinq classes; cependant un autre témoignage mentionne six classes parce qu'on range dans une sixième classe les individus dont la fortune était au-dessous du minimum du census; mais c'est là une manière inexacte' d'envisager l'organisation de Servius Tullius; car elle repose tout entière sur une certaine valeur exigée du patrimoine; la prétendue sixième classe est donc évidemment en dehors du cens. Chaque citoyen inscrit dans les listes des tribus [TRIBus] fut appelé, sous peine de mort pour les incensi6, à déclarer, sous la foi du serment, la valeur de ses biens, estimés en as, unité monétaire de cette époque [As]. Cependant d'après M. Mommsen, c'est seulement en 312 av. J.-C., que les propriétés non foncières furent admises au cens, et qu'on en exprima la valeur en asses de cuivre; il n'y alà qu'une conjecture'. C'est d'après cette base que les citoyens furent distribués en cinq classes ou catégories, d'après un taux déterminé pour chacune d'elles'. Ceux dont la fortune' atteignait 100,000 as et au-dessus formèrent la première classe, d'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse. La seconde classe renferma ceux qui avaient de 75,000 jusqu'à 100,000 as ; la troisième ceux qui en avaient au moins 50,000, la quatrième ceux qui en possédaient 25,000. Pour la cinquième classe, Denys donne le chiffre minimum de 1.2,500, et Tite-Live celui de 11,000 as. Certains critiques ont préféré le premier chiffre, parce qu'il est la moitié du chiffre précédent. Mais Bôckb dans son excellent ouvrage sur la métrologie des anciens" a proposé un système qui écarte cette antinomie. Suivant cet auteur, le chiffre réel aurait été de 10,000 as seulement. En effet, les historiens anciens auraient donné pour le cens de Servius, des chiffres qui sont l'évaluation en as" monnayés, d'après leur valeur au sixième siècle de Rome, des sommes en aes grave ou en livres de cuivre exigées par Servius. Or cette évaluation a consisté à quintupler les chiffres primitifs. Ceux-ci devaient être les suivants : 20,000, 15,000, 10,000, 5,000 et 2,000. Plus tard, le taux exigé pour la première classe fut élevé pendant la république à 110,000 as monnayés'", et celui de la cinquième à 11,00053; en outre, derechef le taux de la première classe fut porté à 125,000, chiffre donné par Aulu-Gelle 74 et par Festus'3. On appelait infra classem, les citoyens en dehors de la première classe, et classici,ou censi, proci, principes", ceux qui en faisaient au contraire partie. Le chiffre de la dernière classe fut également élevé de nouveau à '12,500; c'est ce dernier taux auquel s'est arrêté Denys. On appelait assidui17 ou locupletes, tous ceux qui, inscrits dans ces classes, étaient soumis à l'impôt direct proportionnel [TRIBUTUM EX cENSU], par opposition aux PROLETARU16. Cependant Walter" pense que le mot locupletes n'avait rien de technique et désignait simplement les riches, tandis que M. Mommsen" croit qu'il indiquait seulement les possesseurs de terre. Mais rien ne prouve que les seuls immeubles, ou même que les seules choses mancipi aient été estimés pour la formation du cens'. L'étymologie du mot locuples, et l'absence d'autres documents, ne suffit pas pour établir cette interprétation, qui ne repose sur aucun texte, et ne s'accorde pas avec les faits postérieurs22 sur la formation du cens [cENSUS] ; un changement à cet égard, s'il avait eu lieu, aurait été mentionné par les historiens. Les déclarations avaient lieu d'après une formule (formula census) tracée par le roi, et plus tard par les consuls ou par les censeurs [CENSOR] "3. Les fils de famille qui ne pouvaient alors avoir de patrimoine, étaient compris dans la classe de leur père, lorsqu'ils avaient atteint l'âge du service militaire''. Mais on ne comptait dans les classes ni les orphelins mineurs, ni les femmes viduae ou non mariées2', ni les artisans ou petits commerçants In, Ces personnes étaient portées sur les listes des tribus et im était de même d'abord des LIBERTI ou affranchis [AERARII]. La division des classes 27 (descriptio centuriarium Artssuint que) servait de base à l'impôt direct des citoyens romains ['rRIBUTUM EX CENSU], au service militaire [EXERCITUS, LEGIG] et enfin à l'organisation des comices.centuries. En effet, chaque classe se divisait en un certain nombre de centuries ; chacune d'elles avait son suffrage, et la majorité des centuries formait le vote, Nous renvoyons à l'article CObm1TIA cENTUBIATA. Mais on sait que, pour assurer la prépondérance à la fortune", CLA 1225 C1,A Servius avait multiplié le nombre des centuries des premières classes. Malheureusement, les témoignages des auteurs anciens diffèrent sur le détail, et nous renvoyons ce point controversé à l'article CENTURIA. G. HUMBERT.