Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CLASSIS

CLASSIS. Ti vaoctxôv. La flotte. FLOTTES GRECQUES. -Disséminés de bonne heure sur les côtes et dans les îles de la partie occidentale de la Méditerranée, n'ayant entre eux de rapports faciles que par mer, initiés à l'art de la navigation par les Phéniciens qu'ils chassèrent peu à peu de leurs eaux, les Grecs nous sont de toute antiquité représentés comme un peuple de marins, Les légendes primitives attribuaient aux Minyens l'expédition des Argonautes, aux Achéens et aux Argiens celle de Troie. L'hymne Homérique à Apollon Délient nous montre les Ioniens faisant de Délos leur centre religieux et commercial et s'y rendant de toutes parts à jour fixe sur leurs navires rapides. A l'époque historique, les cités qui se disputèrent et conquirent tour à tour l'hégémonie eurent toutes une marine, complément nécessaire et souvent instrument principal de leur puissance. Thucydide 2 regarde Minos comme le plus ancien roi qui ait eu à sa disposition une escadre, soumis les Cyclades à une domination unique et combattu la piraterie. Il rappelle', après Homère', qu'Agamemnon a dû posséder une flotte et un empire insulaire. II est incontestable que, pendant toute la période qui précède les premiers faits datés de l'histoire, les Grecs s'éveillèrent à la vie maritime en'luttant contre les Cariens et les Phéniciens. Le navire de guerre était dès lors une barque mince et effilée (uarpèv 7aotov), munie à l'avant de poutres proéminentes formant éperon, et mue par deux rangées horizontales de rameurs disposées lelong de chaque bord du bâtiment. M. R. Graser° a reproduit d'après les monnaies un certain nombre de spécimens du type de vaisseau phénicien, duquel est dérivé le vaisseau grec; celui-ci prit le nom d'Eikosore, de Triakontore, de Pentékontore, selon qu'il comptait de chaque côté dix, quinze ou vingt-cinq rameurs. Il est même question d'flékatontores'. Dans ce système en effet, le seul moyen d'accroître la force de propulsion et la vitesse du navire, c'était d'ajouter des rameurs à chacune des files horizontales ; mais on ne pouvait en augmenter le nombre indéfiniment, sous peine de donner au bâtiment une longueur démesurée. On songea donc, nous ne savons pas exactement à quelle époque, à superposer de chaque côté de l'embarcation deux rangées horizontales de rameurs, et l'on eut la dière, inventée selon Pline par les Erythréens'. Un fragment de vase archaïque inédit, actuellement entre les mains deM.O. Rayet et qu'on peut faire remonter au vine siècle avant notre ère, c'est-à-dire au moment où les Cariens étaient puissants dans l'Archipel, présente précisément une dière ouverte sur les côtés ou aphracte, avec les deux files de rameurs visibles l'une au-dessus de l'autre. Thucydide' attribue aux Corinthiens, favorisés dans leurs goûts maritimes par leur position sur l'isthme, la construction des premières trières; ce fut là le développement naturel du H. système inauguré pour les dières. D'après cet auteur, le nouveau progrès de l'art naval fut porté aux Samiens par le constructeur corinthien Aminoclès en l'an 704 avant J.-C. La marine prit à Samos une extension rapide et nous avons conservé sur les monnaies le type de l'avant en forme de hure qui fut propre au pays 9. Polycrate possédait cent pentékontores 10, et, au moment de I'expédition de Cambyse contre l'Égypte, il mit à la disposition de ce prince 40 trières ". Les îles et les villes principales de la côte ionienne, Phocée, Chios, Milet, etc., avaient également de nombreux navires. La flotte combinée des Ioniens tenta de défendre contre Darius l'indépendance des Grecs asiatiques et comptait à la bataille de Ladé 350 trières 12. Après la chute de Milet et la soumission de i'Ionie, les villes maritimes durent fournir au roi de Perse des vaisseaux, qui figurèrent à côté des vaisseaux phéniciens dans l'expédition de Xercès contre la Grèce 13 La marine s'était également développée dans le reste du monde hellénique, avant même la naissance des flottes des colonies ioniennes. Le premier combat naval dont l'histoire fasse mention eut lieu entre les Corcyréens et les Corinthiens en 664 avant J. C.", Mais ce ne fut que tard, et à l'époque des guerres Médiques, que les bâtiments du nouveau type, les trières, parvinrent à se substituer définitivement à ceux de l'ancien, les pentékontores. La marine Éginétique n'avait pas grande importance, mais elle força Athènes à augmenter la sienne, pour sortir victorieuse de la lutte entre les deux villes. Ce fut sur les conseils de Thémistocle, que les Athéniens édifièrent les trières sur lesquelles ils combattirent les Perses u, Corcyre avait alors une flotte puissante, mais c'étaient surtout les Grecs de Sicile, en guerre contre les Carthaginois, qui avaient accru prodigieusement leur marine. Gélon, tyran de Syracuse, ne promettait pas moins de 200 trières, si on voulait lui confier le commandement des forces grecques réunies contre les barbares ". L'escadre hellénique qui combattit à Salamine sous le commandement des Lacédémoniens était une escadre confédérée.Elle comprenait, selon Hérodote ", 378 trières, sans compter les pentékontores ; sur ce nombre les Athéniens avaient fourni 180 trières 16. Après la victoire, les Lacédémoniens ne tardèrent pas à se lasser d'une guerre maritime longue et lointaine. Les Athéniens prirent leur place et surent transformer une confédération passagère en une ligue perpétuelle, la ligue Délo Athénienne, dont M.U. Kahler a raconté la fondation et l'histoire d'après les inscriptions ". Les États réunis s'engageaient à fournir, les plus puissants des vaisseaux, les plus faibles une contribution en argent (îopoç), tous des équipages, avec une caisse commune située à Délos et une magistrature spéciale, celle des Hellénotames. La politique d'Athènes consista à se rendre la maîtresse presque absolue de cette association primitivement libre et à transformer la flotte conféd©rée en une flotte athénienne alimentée par les tributs des alliés. C'est grâce à ces tributs que Périclès put avoir dans les arsenaux 300 trières toujours toutes 154 CLA -1'226 CLA prêtes, dont 60 étaient sans cesse à la mer et croisaient dans l'Archipel. Dans son expédition contre Epidaure, il mena avec lui 100 trières d'Athènes, 50 de Lesbos et de Chios, sans compter les autres alliés20. La bataille navale la plus importante livrée jusque-là entre Grecs fut celle de Sybota entre les Corcyréens et les Corinthiens 21 (432 av. J.-C.). Au début de la guerre du Péloponèse, les Athéniens possédaient environ 300 trières, qui tinrent tête à la flotte combinée des Péloponésiens, commandée par les Lacédémoniens et dont le point de ralliement était à Corinthe. Une division de 100 trières choisies parmi les meilleures, avec des triérarques désignés d'avance, était toujours prête pour le cas d'une attaque par mer de l'Attique 22. L'expédition maritime la plus considérable entreprise par les Athéniens pendant cette guerre fut celle de Sicile. Elle comprenait 100 trières athéniennes dont 60 rapides, 40 hoplitagoges, 34 trières de Chios et des autres peuples alliés, 2 pentékontores rhodiennes, 30 holcades pour le transport des vivres, 100 bâtiments réquisitionnés, et d'autres navires marchands qui suivaient volontairement la flotte 2'. A la fin de la guerre du Péloponèse (4074 av..1 -C.), Athènes dut livrer à Lysandre toutes ses trières ; elle n'en conservait que 12. Nous n'avons pas à nous étendre sur la reconstitution de la puissance navale d'Athènes et sur la formation d'une nouvelle confédération maritime pendant les premières années du 1v° siècle avant notre ère. Notons seulement qu'à l'époque de Philippe et de Démosthène la marine athénienne était, au point de vue matériel, plus florissante que jamais2°. Elle comptait en effet, même après Chéronée, plus de quatre cents bâtiments, et M. Kdhlern en établit ainsi d'après les inscriptions la progression croissante : Ces bâtiments étaient en majeure partie des trières, qui se partageaient en navires de combat et en transports écuries (ir. ' yoi, t1raaywYoi). Les Athéniens ont encore à cette époque des triakon tores et des pentékontores ; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'ils commencent à posséder en nombre assez considérable des navires plus grands que les trières. Ainsi nous trouvons mentionnées pour l'Olymp. 113,4 360 trières, 50 tétrères, 3 pentères 26. C'est vers l'Olymp. 95,2 que Denys l'ancien, tyran de Syracuse, avait donné l'exemple de construire des tétrères et des pentères sur le modèle des Carthaginois27. Denys le jeune avait déjà des héxères 23. Les Athéniens tinrent longtemps à leurs anciennes trières rapides et maniables. C'est seulement peu de temps avant l'Olymp. 112,3 qu'ils se mirent à édifier des tétrères. On trouve la mention des premières pentères dans un document de l'Olymp. 113,4. A partir de cette époque tétrères et peu tères prennent dans l'escadre athénienne une assez grande importance. La perte de l'indépendance d'Athènes amena la décadence de sa marine, désormais sans utilité et sans objet. La flotte Athénienne disparaît des eaux de l'Archipel et est remplacée par celles d'Alexandre, des Diadoques et des Épigones. Cette période est intéressante, parce qu'elle correspond à de grandes nouveautés dans l'histoire des constructions navales ; on pousse jusqu'aux dernières limites du possible le système de la superposition des rangs de rames, de façon à obtenir des bâtiments de dimensions considérables. Pline n fait remonter à Alexandre le Grand la construction des dékères ; Démétrios Poliorkètès fit édifier des 7CEVTExatÔExsjpEt; et des iexatUEx,pet;, qui étaient pour ses adversaires un objet d'étonnement et d'effroi30. Il faut considérer comme une simple curiosité, dans le genre du Great-Eastern de nos jours, la tessarakontère monumentale de Ptolémée Philopator, qui n'eut jamais d'utilité pratique3l La dernière marine qui domina dans l'Archipel, après l'abaissement d'Athènes et avant la conquête romaine, fut celle des Rhodiens, qui rendit aux Romains de si grands services dans leurs guerres orientales32. Les Rhodiens possédaient de vastes ports et des arsenaux spacieux33. Leur flotte de commerce était considérable et nous avons conservé dans le recueil de Leunclavius des fragments plus ou moins altérés de leur code maritime. Leur flotte de guerre était composée en majeure partie de tétrères et de pentères. On commençait à s'apercevoir que les vaisseaux gigantesques, lourds et peu maniables, n'étaient pas toujours victorieux des barques plus petites, mais plus agiles"Nous n'avons, sur l'organisation des diverses marines que nous venons d'énumérer, que des renseignements épars et incomplets 3i. Mais nous connaissons en détail l'organisation de la flotte athénienne, grâce aux inscriptions navales dont les premières furent trouvées en septembre 1834, dans les travaux entrepris au Pirée pour la construction de la douane. Ces inscriptions, publiées d'abord par A. Btickh36, l'ont été ensuite plus correctement dans 1"EFIgepl; âpyatoàoïtx-n; d'Athènes n et ont été complétées par divers fragments découverts depuis, en particulier par ceux qu'ont fait connaître tout récemment les Il'Iittheilungea des deutschen archæologischen Institutes in Athen 78. Ces inscriptions étendent considérablement ce que nous connaissions par les historiens, les orateurs et les lexicographes, de l'organisation de la marine athénienne; le commentaire dont A. Bdckh les a accompagnées dans son ouvrage est resté la base de nos renseignements à ce sujet. La péninsule du Pirée comprenait trois ports naturels 39, à. 1'0. le grand bassin du Pirée proprement dit, dont la baie S.-E. était réservée aux navires de guerre et appelée Kavt«pou atp.,v, puis, en contournant extérieurement la presqu'île dans la direction de l'E., Zéa et enfin Munychie 40. Ces trois ports, reliés entre eux par les remparts qui entouraient toute la péninsule du Pirée, CLA 1227 CLA l'étaient avec l'enceinte fortifiée d'Athènes par les longs murs (uaxpâ Te(-e). C'est au Pirée que se trouvaient les arsenaux (vnépta), et autour des trois ports étaient disposés les abris couverts (vsJi otxot), dans lesquels on remisait les bâtiments, lorsqu'ils ne tenaient pas la mer. Des abris semblables existaient dans toutes les villes possédant une marine de guerre, à Samos, à Corinthe, à Rhodes, à Cyzique, à Syracuse, etc. Les inventaires des arsenaux athéniens en comptent 196 à Zéa, 94 au Kantharos et 82 à Munychie41. On peut admettre qu'ils n'étaient pas tous terminés à l'époque de nos documents, pour arriver au chiffre rond de 400; en tous cas, un certain nombre de navires demeuraient en plein air. Les restes de ces vsw6otxor ont été signalés par llrichs 42 et mesurés par M. B. Grasera3, mais d'une façon tellement imparfaite et insuffisante, qu'il faut attendre le résultat des sondages et des mesures opérés par le lieutenant von Alten, pour la section du Pirée de l'atlas d'Athènes de E. Curtius et J. A. Kaupert. Certains agrès étaient conservés dans des magasins, que nos inscriptions désignent sous le nom de exsuod'ijxar uatvzr ; les magasins furent remplacés par la célèbre ExsuoOcxr de l'architecte Philon, qui, sans être complètement terminée, pouvait cependant être utilisée à partir de l'Olymp. 112, 3u. On a cru que cette Skeuothèque devait se trouver sur le quai E. du Kantharos, à l'endroit où s'élèvent maintenant les magasins publics et le bâtiment de la quarantaine, parce que c'est là qu'ont été découverts les inscriptions navales et quelques triglyphes; mais ces pierres encastrées dans un aqueduc romain n'occupaient plus leur place primitive, et il est possible que laSkeuothèque de Philon fût située à quelque distance, à côté du grand port de Zéa. La marine, comme tout le reste de l'administration athénienne, dépendait du conseil des Cinq-cents ( B6uà~ Tiiv 7CEVTax06(b4V) et du peuple assemblé ('Ezx),1c(a) 45. Le peuple, qui tenait tout particulièrement à la prospérité de sa marine, entrait parfois dans le détail et, comme nous le montrent nos inscriptions, réglait un certain nombre de points par des décrets. C'était 1''Exxarl(ce qui, en temps de guerre, donnait les permissions nécessaires pour faire la course et constituait, le cas échéant, un tribunal des prises La Bou),sj s'occupait des constructions navales, qui se poursuivaient même en temps de paix, de façon qu'il y eût toujours 300 ou 400 trières toutes prêtes u. Elle le faisait au moyen des Tptrpoaoto( et nous trouvons dans nos inscriptions un =vice; rii TprAponotxI,v. Si elle ne s'acquittait pas de ce soin d'une façon satisfaisante, on lui refusait la couronne à sa sortie de charge. Nos inscriptions énumèrent un certain nombre de cas spéciaux, dans lesquels la Bou).r intervient68. Ainsi nous voyons ''9 les prytanes invités par un décret du peuple à réunir la Bou)u( au Pirée sur la digue, jusqu'à ce que la flotte ait levé l'ancre ; on choisissait en outre 10 77o6To)nlç pour en activer le départ. Le peuple pouvait au besoin nommer des commissaires extraordinaires; c'est ainsi que Démosthène fut élu Olymp. 110, 1) éat6Téarc To5 vauTtxov50. Avant la loi d'Hégémon, portée entre la bataille de Chéronée et 1'01. 112, 3, les administrateurs du théorique, par suite de la confiance du peuple en Euboulos, eurent une influence prépondérante sur l'administration de la marine. Les fonctionnaires qui surveillent et gardent le matériel nautique contenu dans les arsenaux sont les Eatus»Tal Té,v vsalp(mv'e, Leur charge était une magistrature régulière (pz4). On choisissait un épimélète par tribu et ceux-ci formaient un collège de 10 membres. Ils restaient en fonctions pendant un an et leur année de charge correspondait à l'année civile de l'archontat. Les épimélètes veillent sur les arsenaux, sur les vstôeotxot, gardent les vaisseaux et les agrès dont ils font examiner la qualité par un homme du métier, le dokimaste°v. Ils dressent la liste des objets qui sont entre leurs mains et ils ont, d'après les résolutions du peuple, à remettre aux triérarques le navire et les agrès, quand l'escadre doit prendre la mer73 Ils tiennent registre des objets confiés aux triérarques devenus débiteurs de l'État '. Ils opèrent le recouvrement de ces dettes. Sur une décision de la Boa)ea , ils vendent de vieux agrès et en achètent de neufs. Ils ont des attributions juridiques spéciales dans les affaires qui concernent les arsenaux. Ils sont aidés pour la tenue des livres et des comptes par un secrétaire (ypav.uxTré ), responsable comme eux 5'. Ils disposent d'un serviteur public 56 (I E Igtirnoç b 1v Toiç' eiop(otç). Ils ont un maniement de fonds considérable, sans pourtant avoir de caisse spéciale. Ils versent l'argent qu'ils recouvrent entre les mains des Apodektes, qui centralisaient les revenus de l'État". Nous trouvons dans les inscriptions un Tau(aç TLIv xps,ü.ar Giv 58, et un Tau(aç siç Tâ veéiota vraisemblablement chargé de conserver en caisse l'argent dont les Epimélètes ont la disposition pour les besoins de la marine. Quand on voulait faire une expédition maritime, on avait recours à la triérarchie, qui était l'une des plus importantes liturgies incombant aux citoyens riches d'Athènes 60. On appelait triérarque même le iiturge d'une triakontore, d'une tétrère ou d'une pentère'1. On ne nommait généralement les triérarques qu'au moment même du départ de la flotte; pourtant nous voyons à diverses époques et pour parer aux lenteurs qui résultaient de là des triérarques désignés d'avance 67. Ils sont constitués par les stratèges 66, qui, comme autorité établie pour les choses de la guerre, portent devant les tribunaux les affaires hiérarchiques. Si l'on se trouvait chargé d'une façon disproportionnée, on pouvait recourir à l'âsT(Soatç 6i ; dans les cas extrêmes, on se présentait en suppliant devant le peuple, ou bien on se réfugiait à l'autel d'Artémis à Munychie 65. Les retardataires pouvaient être mis en prison par les 5ire06TOÂElç chargés du départ de la flotte 66. Les trois premiers qui avaient mis leur navire à la mer recevaient une couronne d'or, le premier de la valeur de 500 drachmes, le second de la valeur de 300, le troisième d'une valeur moindrefi7. Le triérarque était légalement exempt pendant sa triérarchie CLA. 1225 __ CLA de toutes les autres liturgies n. La triérarchie était annuelle et l'année triérarchique correspondait à l'année civile de l'archontat. Toutefois, quand un triérarque était entré en charge dans le courant de l'année, Bdckh croit avec raison qu'il devait le seryice jusqu'à la rnême époque de l'année suivante; si au contraire la triérarchie prenait fin avant l'année révolue, il n'était pas tenu à une nouvelle triérarchie pour le temps qui restait encore à courir. Le successeur (St«Soyo;), quand l'expédition se prolongeait plusieurs années. devait aller rejoindre le navire en mer, faute de quoi il s'exposait aux peines les plus sévères. La dépense occasionnée par la triérarchie s'appelait TptrlpâpX.rWga, et la dépense supplémentaire, quand le successeur n'arrivait pasàtemps, i r-polpxpcN.afi°; on pouvait naturellement la lui faire supporter. Légalement, au moins dans les derniers temps d'Isée, on n'était exposé à une nouvelle triérarchie qu'après deux ans écoulés 70, mais on ne profitait pas toujours de cette faveur. En vertu des anciennes lois encore en vigueur Olymp 106, 2, personne sauf les neuf archontes n'était dispensé de la triérarchie ". Échappaient à la triérarchie, outre les fortunes reconnues insuffisantes, les biens des filles héritières (éstxanipmv), tant qu'elles n'étaient pas en pouvoir de mari, ceux des orphelins, jusqu'à un an après leur majorité, ceux des cléruques, il va sans dire que, si les cléruques laissaient à Athènes une fortune suffisante, celle-ci était soumise à la triérarchie, -et les biens en communauté, c'est-à-dire ceux qui, possédés en communauté par plusieurs enfants, auraient par leur modicité été soustraits à la triérarchie, s'ils avaient été partagés. Le triérarque recevant de l'État un navire, des agrès, de l'argent dans certains cas et toujours les sommes nécessaires à la solde et à l'entretien de l'équipage devait rendre des comptes '9. C'est en effet par une reddition de comptes que se terminait à Athènes toute charge publique et tout maniement des fonds de l'État. La triérarchie était très ancienne à Athènes, puisqu'elle existait déjà à l'époque d'Hippias , Comme c'était une des plus lourdes charges qui pût incomber à un citoyen, et l'État étant particulièrement intéressé à être bien servi, la législation sur ce point varia en raison des circonstances et pour remédier aux inconvénients que révélait la pratique. Bdckh distingue quatre formes de triérarchie 74 : 1° La triérarchie remplie par une personne seule désignée selon les voies légales d'après sa fortune ; c'est la forme la plus ancienne. 2° La syntriérarchie, c'est-à-dire la triérarchie à deux, autorisée vraisemblablement après la défaite de Sicile, Olymp. 92, 1, pour alléger les frais. Chacun des dant une moitié de l'année, ou bien, par suite de conventions à l'amiable, l'un des deux associés s'en acquittait seul. L'allusion la plus ancienne que nous connaissions à la syntriérarchie se rapporte à l'Olymp. 92, 3". Ce n'était du reste qu'un moyen de suppléer à l'insuffisance des fortunes, et, même après cette époque, nous trouvons encore bien des exemples de triérarchies supportées isolément. 3° Syntélies et symmories, de l'Olymp. 105, 4 à l'Olymp. 110, 1. La troisième année de la cent cinquième Olymp., on ne trouva pas assez de triérarques pour les besoins de l'État et l'on dut recourir à la triérarchie volontaire. L'année suivante, on établit 1200 participants (cuvreàEUs) partagés en symmories, pour supporter les frais de la triérarchie. C'est incontestablement la loi de Périandre, portée cette année même, qui est la loi primitive sur le sujet et qui institua les symmories triérarchiques. Les 1200 auv-eào ç étaient évidemment les citoyens les plus opulents d'Athènes, et parmi eux on avait encore fait un choix des 300 personnes les plus riches de toutes. Les 1200 participants étaient répartis en 20 symmories de 60 têtes, subdivisées à leur tour en un certain nombre de syntélies chargées chacune d'équiper un vaisseau ; le nombre des membres des syntélies ne paraît pas avoir été fixe. La présidence des symmories appartenait aux citoyens les plus riches, qui devaient naturellement supporter la part la plus lourde de la triérarchie. La troisième année de la 106° Olymp., Démosthène proposa pour la réforme de l'institution tout un plan très rigoureux et très précis, qu'il développe dans son Discours sur les Symmories et qu'il serait trop long de reproduire ici. Ce projet était fort sage; nous ne savons pas jusqu'à quel point il fut mis en pratique, ni même s'il reçut un commencement d'exécution. Ce qui est certain, c'est que, dans le système des symmories, les citoyens les plus riches trouvaient le moyen de se décharger de la plus grosse part des frais sur les plus pauvres qui étaient ainsi écrasés. 4° La triérarchie d'après l'estimation des fortunes, à partir de l'Olymp. 110, 1. Frappé de ces inégalités et des inconvénients qui en résultaient pour les particuliers et pour l'État, Démosthène étant Éatarâc/ç Tot vaurtxoû fit passer une loi qui établissait la triérarchie sur des bases nouvelles". Les symmories et les syntélies étaient supprimées. Les citoyens soumis à la triérarchie le sont d'après l'évaluation de leur fortune. Une fortune imposable de dix talents entraîne l'obligation d équiper une trière; une fortune plus considérable une charge plus forte, qui peut aller jusqu'à l'équipement de trois trières et d'un triT.IpErrixv. Ceux qui possèdent moins de dix talents sont groupés en syntélies, de façon à former par la réunion de leurs fortunes une somme imposable de dix talents. Ainsi tous contribuaient proportionnellement à leurs moyens. Tel qui jadis ne fournissait que le seizième des frais d'une triérarchie, devait maintenant supporter à lui seul la triérarchie pour deux navires. Démosthène déclare que sa loi eut les conséquences les plus heureuses, tandis qu'Eschine prétend qu'elle a été funeste à l'État. Nous ne savons pas pendant combien de temps elle resta en vigueur ; il est probable qu'elle subit de bonne heure des modifications". Les dépenses occasionnées par la marine se partageaient comme on le voit entre l'État et les particuliers 78. L'État a toujours fourni la coque du navire; sans doute certains citoyens dans un élan de patriotisme donnaient parfois à l'État des trières, Tpripet; E7ctSEatgot 79; mais, soit qu'elles fussent construites avec les revenus publics, soit qu'elles provinssent de la générosité privée, une fois dans les arsenaux, elles étaient la propriété de l'État. L'État fournissait également l'équipage, qui était levé i=x xaTaÂ6 CLA 1229 C.LA ru, ainsi que l'argent nécessaire à son entretien et à la solde ; cet argent était versé au triérarque par le stratège. Quand le triérarque voulait avoir un équipage d'élite, soitpar patriotisme, soit par ambition politique, il recrutait des matelots à ses frais et donnait un supplément de solde. Ce qui a beaucoup varié selon les époques comme le constatent nos inscriptions, c'est la quantité des agrès fournis par l'État. Le triérarque avait à compléter le grément, en achetant tout ce qui manquait, à mettre le navire à la mer (xsOûxetv), à lui adapter les agrès, à les tenir en état et à les restituer complètement, enfin à réparer le navire pendant et après la traversée, à moins qu'une décision judiciaire n'établît qu'il n'était point responsable des avaries ou de la perte du bâtiment. On conçoit que les dépenses pouvaient être très différentes, selon qu'on recevait un vaisseau et des agrès neufs ou vieux. Bien que les lois contre les débiteurs de l'État fussent très sévères, on avait souvent beaucoup de peine à faire rentrer les agrès dans les arsenaux et il s'élevait des contestations juridiques importantes. Si certains citoyens refusaient de profiter des dispositions légales et se servaient, même à leur bord, d'agrès à eux appartenant, d'autres au contraire cherchaient à s'acquitter de leur triéarchie au plus bas prix possible. Ils traitaient alors à forfait avec un entrepreneur. Le plus ancien exemple que nous connaissions d'un arrangement de cette nature est celui de Thrasylochos (Olymp. 104, 1). II pouvait attirer des désagréments et en particulier un procès en asiitoT«'tov 8o au triérarque légal, qui demeurait toujours seul responsable envers l'État. Bien que les obligations du triérarque aient été tantôt plus légères, tantôt plus lourdes, tous nos renseignements s'accordent pour établir qu'une triérarchie ne coûtait guère moins de quarante mines, ni plus d'un talent, en moyenne cinquante mines; une syntriérarchie coûtait par conséquent moitié moins. Une fois l'escadre à la mer, elle est sous les ordres du stratège, qui prescrit les manoeuvres d'ensemble et indique aux triérarques les mouvements qu'ils ont à accomplir. Mais chaque triérarque est maître à son bord, et, quand le stratège veut y donner des ordres directs, il se produit entre les deux autorités des conflits, dans lesquels celle du stratège n'a pas toujours le dessus 81. Les fonctions du triérarque à bord sont complexes; il est à la fois commandant du navire et officier d'administration; voyons comment il est secondé dans les diverses parties de sa tâche n. Sans doute le triérarque était souvent un armateur d'Athènes très au courant des choses de la mer, et d'ailleurs la lriérarchie revenait assez souvent pour donner au besoin de l'expérience à 'ceux qui en manquaient; mais, comme le triérarque était surtout choisi pour sa situation de fortune, les connaissances techniques pouvaient lui manquer. 11 les trouvait chez le xu6spvi,rtiç, qui était un homme du métier, habitué depuis longtemps à la mer, ayant passé par tous les grades inférieurs, et qui était chargé de la direction du bâtiment et de l'exécution de toutes les manoeuvres. C'était sous l'autorité du triérarque le véritable capitaine du navire; il commandait directement aux matelots de l'arrière et par ses subordonnés au reste de l'équipage. Le grade immédiatement inférieur était celui du 7rpmpsI4 ou itpcopéTTIç. Le Tccmptéç ayant son poste à l'avant com mandait directement aux matelots de proue, observait l'état du ciel et de la mer, faisait au besoin opérer les sondages, signalait les écueils et transmettait au xuéeps~T•'ç par des gestes ou de vive voix tous les renseignements dont celui-ci avait besoin pour diriger le vaisseau en connaissance de cause. En outre, il veillait à ce que tous les agrès fussent toujours en place et en état, de manière qu'on pût s'en servir an besoin 83 D'après Bôckh 82, le nombre des rameurs de la trière s'élevait à 170. J'avais n, après Graser, adopté le chiffre de 174, en m'appuyant sur divers passages des inscriptions navales qui semblaient porter le nombre des rameurs zygites à 58; mais, d'une révision récente des documents lapidaires par M. Kbhler 88 il résulte que ces passages avaient été mal lus et que le chiffre 54 est le seul autorisé pour les rames zygites, comme pour les rames thalamites. Les thranites étant au nombre de 62, la trière était donc mise en mouvement par 170 rameurs ; ces rameurs étaient sous les ordres de deux To(a«paot, dont l'un commandait à tribord et l'autre à bâbord. Ceux-ci sont subordonnés au xsaeuo'ro qui dirige la vogue, la fait cesser ou reprendre. II est aidé par le joueur de flûte (Tpi pû),raç), qui, en exécutant un air appelé Tt) Tptr,ptxév, imprimait aux mouvements des hommes le rythme voulu et soutenait leur vigueur pour les efforts prolongés. Le grade du xsasuaTr,ç semble avoir été inférieur à celui du apmpaéç; j'estime cependant que pendant le combat le rsasuTTtjç recevait directement des ordres non du apoipséç, mais du ruteçvr,Trç. Indépendamment des rameurs, il y avait sur chaque bâtiment un certain nombre de matelots, destinés à la manoeuvre des cordages et des voiles. Bien qu'on ne puisse fixer ce nombre avec une précision absolue, on est conduit par des analogies à supposer qu'il n'y avait guère sur chaque trière plus d'une vingtaine de matelots. Ceux-ci obéissaient à leurs quartiers maîtres, dont nous ne connaissons pas le nom et qui étaient les subordon Nous avons dit que le triérarque était une sorte d'agent comptable recevant du stratège et transmettant à l'équipage la solde et les vivres. Ii est secondé par le Te.,TrixévTzpyoç, chargé de faire tous les achats et toutes les dépenses nécessaires 87. Le subordonné du pentékontarque pour toutes les questions administratives c'est le kéleuste; le kéleuste surveille les distributions, s'occupe du pain, de la viande, de l'huile, et fait en sorte que les hommes reçoivent leurs rations 88 Outre les rameurs et les matelots, on embarquait sur chaque trière un certain nombre de soldats (sat6riTat), destinés à défendre le bâtiment en cas d'abordage ou à s'emparer du navire ennemi, enfin à combattre comme sur la terre ferme, lorsque les bâtiments étaient immobilisés, ce qui arrivait quelquefois. Les Athéniens, qui comptaient surtout dans les batailles navales sur le choc de leurs éperons et sur l'agilité de leurs navires, n'avaient qu'un petit nombre d'épibates. A l'époque de la guerre du Péloponèse, le chiffre réglementaire des épibates était de dix99. Vraisemblablement les épibates obéissaient directement au triérarque. CLA 1230 -CLA Si l'on ajoute aux 170 rameurs, les 20 matelots et les 10 épibates, on arrive an chiffre de 200 hommes pour l'équipage de la trière ; ce chiffre est précisément celui que nous donnent les historiens90. Dans ce nombre n'était pas compris l'état-major. Après avoir examiné l'organisation de la marine à Athènes et la physionomie de chaque trière en particulier, il serait intéressant de voir comment se comportait l'escadre à la ruer. La question a été effleurée, mais d'une façon peu scientifique, par l'amiral Jurien de la Gravière"'. Une escadre athénienne remplissait des fonctions très diverses: croiser dans l'Archipel pour protéger le commerce et réprimer la piraterie, en temps de guerre livrer bataille à la flotte ennemie, dévaster les côtes et le pays de l'adversaire par des incursions rapides, faire la course, transporter au delà de la mer des corps d'armée souvent considérables. Elle était composée de bâtiments marchant à la fois à la voile et à la rame; en pleine mer on se servait de la voile; on y ajoutait la rame dans les cas où l'on avait besoin d'obtenir une vitesse exceptionnelle 92. On employait uniquement les avirons quand le vent était contraire, dans les passages difficiles et lorsqu'il fallait entrer dans un ports'. Lorsqu'on cherchait l'ennemi pour le combattre, on laissait à terre comme un poids encombrant et inutile les grandes voiles et on ne conservait que les voiles âxé srn'14. Une fois l'action engagée, on ne se servait que de l'aviron. Mais on hissait les voiles, quand on voulait se soustraire à l'ennemi après une défaite. La mise à la mer d'une flotte occasionnait toujours dans les arsenaux un grand déploiement d'activité 96. Le départ était accompagné de cérémonies religieuses 9'. Autant que possible, on évitait les longues traversées en pleine mer, les navires fatiguant beaucoup et courant de grands dangers parle gros temps. On longeait le plus ordinairement les côtes, et l'équipage, qui était fort à l'étroit et fort mal logé sur les trières, débarquait souvent deux fois par jour, au moment du déjeuner et du dîner. 11 en est résulté bien des exemples d'escadres surprises par l'ennemi et capturées, avant même que les rameurs et les matelots eussent pu regagner leur poste. On n'engageait pas le combat sans avoir accompli certaines opérations de mantique, et sans que les présages tirés des victimes fussent favorables 97. On faisait des libations et on entonnait le péan a. On ne marchait à l'ennemi qu'après que le commandant de l'escadre avait donné le signal de l'actionJ9. Chaque bataille navale avaitnaturellement sa physionomie propre suivant les circonstances. Au début de la guerre du Péloponèse, les combats livrés entre les Corinthiens et les Corcyréens ressemblaient beaucoup à des combats sur terre 100. Il en fut de même de ceux qui eurent lieu pendant l'expédition de Sicile dans le port de Syracuse. Mais en général Ies Athéniens, qui comptaient pour vaincre sur la précision de leurs mouvements et sur les qualités nautiques de leurs vaisseaux, aimaient à combattre dans un espace libre où ils pussent évoluer. L'une des manoeuvres qu'ils pratiquaient le plus habituellement était le ôrmnxraou; 101. Elle consistait à briser la ligne ennemie en enlevant ou en coulant un navire. La flotte assaillante s'avançait alors sur une seule file (_nl utz; ou xépmç) 10 On s'efforçait aussi de passer le plus près possible de l'adversaire en fracassant ses rames, ce qui l'immobilisait et en faisait une proie facile. Enfin chaque trière ayant un éperon, le but principal de la bataille était d'aborder vigoureusement l'ennemi (lo°vat €uto)ov) pour le couler, ou tout au moins pour lui occasionner de sérieuses avaries. Un des signes de la victoire, c'était de recueillir les épaves (rl vaux'rta), d'amarrer et d'emmener les navires capturés 10. On élevait un trophée et on consacrait dans les temples les acrostoles aux dieux. Les amiraux se servaient d'espions pour être renseignés sur les mouvements de l'ennemif0`' et faisaient des ruses de guerre un usage plus fréquent que de nos jours. A. CARTAULT. GUSTE. Tout ce qui se rapporte aux flottes romaines avant l'Empire est encore peu éclairci ; cependant quand on songe au développement que la marine avait pris chez tous les peuples de la Méditerranée, dans les temps les plus reculés, on ne peut hésiter à croire que les Romains aient possédé, dès l'époque la plus ancienne, des navires et même des navires de guerre. Ancus Marcius (113 à 138), qui étendit le territoire de Rome jusqu'à la mer, passe pour être le fondateur de la colonie maritime d'Ostie I. Tout le monde sait que la proue de navire représentée [As] sur le revers des pièces romaines du système de l'aes grave est pour ainsi dire l'emblème officiel de la monnaie de cuivre et peut fournir par conséquent une indication utile de l'activité maritime des anciens Romains a. En 360, c'est un navire de guerre, longe navis, qui porte à Delphes l'offrande promise par Camille après la prise de Veies3. En 406, Rome conclut avec Carthage un traité de navigation : on y distingue les navires romains et alliés auxquels il est défendu de franchir le Pulchrum Promontorium, au nord de Carthage, d'avec les navires de commerce qui peuvent, au contraire, mouiller dans les eaux carthaginoises°. Après la conquête définitive du Latium, en 416, les Romains se font livrer les navires longs, naves longae, appartenant aux gens d'Antium ; ils en conduisent une partie dans les arsenaux de Rome, in navalia Romaes, brûlent les autres et réservent les éperons, rosira, pour décorer la tribune aux harangues sur le forum'. En 443, sur la proposition du tribun du peuple M. Decius, un plébiscite ordonna l'élection des duumviri navales chargés de l'armement et de la réparation de la flotte'. En effet, sous la République, les flottes romaines étaient composées en partie de navires fournis par les alliés des villes maritimes de l'Italie inférieure et de la Sicile en partie de navires construits dans les arse naux [NAVALIA] qui existaient à Rome, à Ostie et peutêtre encore ailleurs. La construction de ces navires était exécutée avec une promptitude surprenante sous la haute direction d'un magistrat, consul ou préteur 10, ou sous la surveillance de fonctionnaires spéciaux comme les daumeiri navales. CLA -1231 -CLA On possède peu de renseignements sur ces officiers qui n'étaient probablement nominés que dans des cas extraordinaires et sur la proposition des consuls". P. Cornelius qui commandait en 444 une flotte romaine sur la côte de Campanie était sans doute un duumvir navalis". Les galères romaines qui furent prises ou coulées par les Tarentins en 472 étaient, d'après Tite-Live, sous les ordres d'un duumvir"; elles formaient une petite division navale ayant reçu mission de croiser dans le golfe de Tarente et d'y exercer une surveillance. Un siècle plus tard, en 571, il est fait mention des duumviri navales, C. Matienus et C. Lucretius, chargés de défendre les côtes contre les pirates; ils avaient chacun dix navires sous leurs ordres 14. Enfin, en 574, C. Furius et L. Cornelius Dolabella, revêtus de ce titre, sont envoyés, avec 20 navires pour protéger le littoral de l'Adriatique entre Aquilée et Tarente 1s. On ne trouve plus mention de ces officiers à la fin de la République. Après la soumission complète de l'Italie en 487, on avait créé quatre questeurs qui sous le nom de quaestores classici étaient spécialement chargés de la flotte et de son recrutement dans les villes alliées'". L'un d'eux résidait à Ostie, le second à Cales, en Campanie, le troisième sans doute à Ariminum (Rimini', le quatrième probablement à Lilybée; celui de Sicile disparut en 527, ceux d'Ostie et de Rimini n'existent plus depuis Claude 17; celui de Campanie fut supprimé au commencement de l'Empire78. Mais, avec Ieurs petits navires, les Romains ne pouvaient prendre part à une guerre maritime, surtout contre Carthage dont la principale force consistait dans sa puissante marine. Aussi, lorsque la première guerre punique éclata, ils comprirent qu'ils ne pouvaient continuer la lutte sans modifier complètement leur armement et augmenter leur force maritime. Avec une activité et une énergie peu communes ils improvisèrent une flotte de 120 navires, 100 quinquerèmes et 20 trirèmes, construits sur le modèle des vaisseaux ennemis"n Reconnaissant combien leurs marins étaient inférieurs à ceux de Carthage sous le rapport de l'expérience, au point de vue de la rapidité et de l'habileté des manoeuvres, ils modifièrent la tactique de la guerre maritime en plaçant sur leurs navires un nombre considérable de soldats de terre qui cherchèrent à vaincre l'équipage ennemi dans une lutte corps à corps. L'invention des mains de fer, ennui, qui en s'accrochant aux vaisseaux (les Carthaginois les rendaient immobiles, facilita l'abordage des bâtiments et permit d'expérimenter au profit des Romains les avantages de cette nouvelle tactique dont Duilius fit usage à la bataille de Miles, en 49420. Quatre ans plus tard, les Romains battaient encore les Carthaginois à Ecnomos, avec une grande flotte de 330 navires; l'équipage de chaque bâtiment de cette flotte se composait de 300 rameurs et de 120 soldats 91. Pendant cette longue guerre ils éprouvèrent néanmoins quelques désastres dont le plus important fut celui de Drépane, mais ils surent les réparer avec une promptitude admirable et la lutte se termina en 512 par la grande bataille navale des lies Égates22 rappelée par les deniers de la famille Lutatia, au type de la galère°6. Les fastes triomphaux nous ont conservé le souvenir d'un certain nombre de victoires navales des Romains entre les années 187 et 587, sur les Carthaginois, les Illyriens, les _Macédoniens'". Après la chute de Carthage, après la conquête de l'Espagne. de la Grèce, de l'Asie Mineure et l'affaiblissement de l'Égypte et de la Syrie, les Romains crurent inutile de continuer à entretenir une flotte. Aussi quand la guerre éclate avec .Jugurtha, en 643, et qu'il faut aller la soutenir en Numidie, on conduit d'abord les légions par terre jusqu'à Reghium, puis on les transporte en Sicile ; de là on les fait passer en Afrique sur des navires marchands du pays". En 665, au commencement de la guerre contre Mithridate, Rome avait, il est vrai, quelques navires à l'entrée du Pont-1' usin, mais l'escadre devait être bien faible, car elle n'osa même pas en venir aux mains avec l'ennemi et fut complètement dispersée=". Quand le roi du Pont eut envahi la Grèce, Sylla n'ayant pas de flotte à opposer à celle de Mithridate chargea son lieutenant Lucullus d'en lever une chez les peuples alliés de l'Orient". Malgré des difficultés nombreuses et des dangers de tout genre Lucullus parvint à obtenir un certain nombre de bâtiments en Cypre, en Phénicie, à Rhodes et en Pamphylie. A la fin de la guerre, parmi les conditions de paix imposées au vaincu, figure la livraison aux alliés des Romains de 70 navires, avec l'obligation de payer et de nourrir les équipages'". Au moment de la guerre contre les pirates, laloiGabinia, en 687, confère à Pompée le commandement sur mer, avec 1'iinperiusn infinituin, pendant trois ans. On met à sa disposition 500 navires et un nombre suffisant de soldats. Il partage la Méditerranée en plusieurs circonscriptions dont il distribue la surveillance à des chefs de petites escadres et il parvient très promptement à purger la mer des pirates qui la désolaient". Il était encore occupé de cette besogne quand la loi Ilanilia le chargea de la seconde guerre contre Mithridate au détriment de Lucullus". Pendant la guerre des Gaules, César fit plusieurs fois construire des navires qu'il pourvut de rameurs et de matelots ; ces flottes lui servirent pour combattre les l'enètes de l'Armorique et tenter ses deux expéditions en Bretagne. mais ce furent toujours des flottes équipées pour la circonstance, à la hâte, grossies par des bateaux de réquisition, et sans organisation connue ". Lors de la guerre civile entre César et Pompée le parti sénatorial avait à sa disposition, sous le commandement supérieur de M. CalpurniusBibulus, une flotte de plus de 500 navires, composée en grande partie de contingents grecs et asiatiques". Après la mort de ce personnage, l'unité de commandement fut détruite et chacun des chefs des différents contingents, agissant à sa guise, CLA 1 232 CLA continua la lutte contre César avec des alternatives de succès et de revers °. Il existe des monnaies frappées par les préfets de la flotte de Marc-Antoine 3'° Dans la guerre entre les triumvirs et les conjurés Sextus-Pompée reçut du Sénat le commandement en chef des flottes romaines 3J. Sentant qu'il était le maître de la mer il se tourna contre les triumvirs et se mit à la tête de tous les proscrits. On possède des monnaies qui rappellent sa victoire sur la flotte d'Octave : il y porte le litre de praefectus classis et orge maritimae 36. Comme les gens de mer manquaient parmi les Romains, Sextus Pompée éleva des Grecs et des Orientaux au rang d'officiers supérieurs et confia d'importants commandements à plusieurs de ses affranchis Ménas ou Ménodore, Menecratès, Démocharès, Apollofanas, Papias. Ménodore, après avoir trahi Pompée, reçut un important commandement dans la flotte d'Octave 37. Après ses premiers revers maritimes, Octave comprit que pour résister aux équipages expérimentés de Pompée il fallait des hommes aguerris et disciplinés. Grâce à la générosité de son parti, au concours des municipalités et à un impôt extraordinaire d'esclaves rameurs mis sur les sénateurs, les chevaliers et les plus riches citoyens, il parvint à organiser une nouvelle flotte avec laquelle fut gagnée la grande bataille navale de Nauloque qui anéantit complètement les espérances de Pompée". Cette même flotte admirablement disciplinée et commandée par Agrippa décida de l'empire du monde à Actium. La flotte d'Antoine était nombreuse, composée de bâtiments fournis, pour la plupart, par les provinces et les rois allies de l'Orient, mais c'était un ramassis de toutes les nations; elle formait un bizarre assemblage de navires qui ne pouvaient se prêter à des manoeuvres d'ensemble et dont les soldats ne résistèrent pas aux équipages exercés de la flotte d'Octave39. Comme on vient de le voir, après la fin des guerres Puniques, les Romains avaient renoncé à posséder une flotte propre et ce fut seulement dans les derniers temps de la République qu'ils furent encore une fois dans la nécessité d'équiper des navires romains. Avant la guerre des pirates, chaque fois qu'il fallait combattre sur mer, on était forcé de recourir aux villes alliées pour obtenir des secours. Les hommes étaient levés suivant les besoins du moment, les navires équipés à la hâte, les équipages n'étaient pas exercés, et si les soen NAVALES (voir ces mots) étaient recrutés parmi les gens de mer, il leur manquait néanmoins le sentiment de la discipline et l'habitude des grandes manoeuvres GO. Jusqu'à l'époque d'Auguste les flottes romaines ne reçurent donc aucune organisation fixe, ni durable. Sous l'empire, au contraire, elles deviennent permanentes, elles ont des stations déterminées, des commandants et des officiers qui leur sont propres. En outre, de nombreuses inscriptions ont jeté une certaine lumière sur leur organisation. de la fin de la République avaient démontré la nécessité des flottes permanentes. Aussi, après l'organisation do l'armée de terre, Octave songea à la marine. Reprenant une idée du grand Pompée4l, il établit, pour protéger l'Italie, deux flottes, l'une à Misène sur la Méditerranée, l'autre à Ravenne sur l'Adriatique' Celle de Misène occupait le premier rang. Il est difficile de dire si, dès le principe, les deux flottes de l'Italie eurent chacune un commandant particulier, plusieurs inscriptions des premiers temps de l'empire mentionnant simplement le praefectus classis, sans autre indication"' et il semble que ce n'est qu'à partir de Néron qu'elles furent distinguées l'une de l'autre par le nom de leur station". Exceptionnellement dans diverses circonstances elles furent réunies sous le commandement d'un seul officier. On peut affirmer qu'à leur origine elles étaient composées de matelots de rencontre et d'esclaves impériaux. Sous Auguste comme sous Tibère les capitaines et les hommes des équipages appartiennent tous à la familia imperatoris et le personnel n'est pas soumis à une organisation militaire'''. Cette situation se modifia notablement sous Claude et, à partir d'Hadrien, les flottes apparaissent sous la forme qu'elles ont conservée depuis. Ces flottes contribuèrent à protéger la navigation et rendirent surtout de grands services pour les transports des troupes au moment des expéditions lointaines, car, sous l'Empire, les guerres maritimes étaient terminées et une attaque sur les côtes de l'Italie n'était à craindre d'aucun côté; la Méditerranée était devenue un grand lac bordé par des provinces romaines46. Il fut nécessaire ensuite de faire stationner des navires de guerre dans toutes les parties de l'Empire, sur mer et sur les grands fleuves. Nous allons passer en revue ces différentes flottes, en les distinguant, en flottes maritimes et flottes fluviales. Misenensis. -Laflotte de Misènefut instituée par Auguste'. Elle fut d'abord désignée par ces mots : classis Misenensis ou classis quae est Miseni43. C'est dans un texte de l'année 129 qu'on trouve pour la première fois la mention classis PRAETORIA MisenensisLt. On ne sait pas exactement à partir de quelle année la flotte de Misène reçut la dénomination praetoria, mais ce fut sans doute à la fin du premier siècle ou au commencement du second. Sous le haut empire elle se trouvait donc, comme les cohortes prétoriennes, sous le commandement direct de l'empereur. Au v° siècle elle ne porte plus le titre praetoria30 ; elle le perdit lorsque le siège de l'Empire fut transporté à Constantinople. Dans les documents les plus anciens le nom de cette flotte apparaît sous la double forme Misenensis ou Misenas; les soldats sont simplement désignés parle mot illisenates. A partir de Caracalla elle reçut divers surnoms CLA * 1233 -CLA empruntés aux noms des empereurs régnants comme pia vindex Gordiana, pia vindex Pftilippiana°1. La station la plus importante de la flotte de Misène était dans le port du même nom, sur le golfe de Pouzzoles°'°-. C'est là que résidait le préfet; on y a trouvé un grand nombre d'inscriptions funéraires des soldats de la flotte ainsi que dans le voisinage, à Baïes, à Naples, à Sorrento, à Pouzzoles, à Capri et sur plusieurs points de la côte de Campanie°3. A Porto on a retrouvé des inscriptions qui ne laissent aucun doute sur le séjour à Ostie d'un détachement de la flotte de Misène°G ; de même à Civita-Vecchian et à Mariana dans File de Corse'. Des soldats de la flotte de Misène stationnaient à Rome d'une façon permanente. Ils avaient leur camp, castra iilisenatiam, dans la IIle région, près de l'amphithéâtre Flavien 57 ; ils paraissent avoir été spécialement chargés de la manoeuvre du velarium qui protégeait les spectateurs contre les rayons du soleil". On a découvert leur cimetière sur la voie Appienne entre le second et le troisième mille69. Deux inscriptions, l'une de l'année 212, l'autre un peu antérieure, rappellent des jeux qu'ils donnèrent à Rome, avec les vigiles, en l'honneur de la famille impériale60 On a établi la liste des préfets de la flotte de Misène connus par les auteurs et les inscriptions81; ils sont au nombre de dix-neuf : 1° Sex. Aulienus89; 2° Ti. Julius Optatus Pontianus, affranchi de Tibère63, le pisciculteur dont parle Pline, préfet en 526""; 3° l'affranchi Ti. Claudius? Anicetus, précepteur de Néron et meurtrier d'Agrippine 65 ; 4° l'affranchi Ti. Claudius ? Moschus, sous Othon" ; 5° Claudius Julianus, sous Vitellius87; 6° Sex. Lucilius Bassus, sous Vitellius et Vespasien"; 7° Claudius Apollinaris, successeur du précédent89; 8° C. Plinius Secundus, (Pline l'ancien), auteur de l'Histoire naturelle, préfet sous Titus, et victime de la grande éruption du Vésuve en 79"; 9° Julius Fronto, sous Hadrien" ;100 M. Calpurnius Seneca Fabius Turpio Sentinatianus, sous Hadrien 7t; 11° Valerius Paetus, sous Antonin73; 12° P. Cominius Clemens, à l'époque de Marc-Aurèle7'; 13° Cn. Martius Rustius Rufinus, sous Septime Sevère et Caracallai°; 14° Valerius Valens, sous Gordien III71; 15° Aelius Aemilianus, sous les Philippe77; 16° un personnage dont le nom manque, mais qui fut préfet en 302, sous Dioclétien78; 17° Flavius Marianus, au commencement du Ive siècle"; 18° Ratas, préfet probablement de la flotte de Misène, dont on ne connaît pas le nom de famille80; 19° Il faut ajouter Ti. Claudius Ilus, dont l'inscription a été sans doute interpolée 81. On possède 6 diplômes militaires se rapportant à la Il. flotte de Misène 8E. On a retrouvé un grand nombre d'inscriptions concernant les officiers, les sous-officiers, les soldats et les vétérans de cette flotte. Réunis d'abord par le P. Garrucci83 et par M. Mommsen 84, ces documents, qui s'élèvent aujourd'hui à environ 360 ont été récemment réédités par M. E. Ferrero". FLOTTE DE RAVENNE, classis praetoria Revennas. La flotte de Ravenne fut instituée par Auguste en même temps que celle de Misène". Elle fut appelée d'abord classis Jlevennas; c'est dans un document de l'année 127 qu'on rencontre pour la première fois le titre PRÀETORIA uni à son nom87. Comme la flotte de Misène. elle reçut au me siècle les surnoms de pia vindex; sous Caracalla et Elagabale elle fut appelée Antoniniana, et sous Trajan Dèce, DecianaS8. Au v° siècle elle perd, comme la flotte de Misène, le titre praetoria et figure dans la Notifia dignitat.um sous le nom de classis Ravennatium88. L'église de Saint-Apollinaire in classe, située aujourd'hui à 5 kilomètres au S.-E. de Ravenne, est le dernier reste de la ville Classis qui tirait son nom de la station de la flotte. Dans d'autres ports de l'Adriatique il dut y avoir des stations secondaires de cette flotte, mais elles n'ont pas encore été déterminées d'une façon certaine. Tout porte à croire cependant que le praefectus classis Venetum qui, d'après la Notitia dignitatum90 avait son quartier général à Aquilée, au v° siècle, commandait une escadre sortie de l'ancienne flotte prétorienne de Ravenne. A cette époque l'importance du port de Ravenne avait dû déjà diminuer par suite des alluvions et des ensablements. A Civita-Vecchia et à Porto, comme nous l'avons déjà constaté pour la flotte de Misène, stationnaient aussi des navires de Ravenne 91. De même que les soldats de la flotte de Misène, ceux de Ravenne étaient également détachés à Rome pour un service spécial qui paraît avoir été celui des naumachies; leur camp, castra Ravennatium, était situé dans le Transtévère (xiv° région) 98. On connaît quatorze préfets de la flotte de Ravenne 93 . 1° Palpellius Maecius Clodius Quirinalis 16, en l'année 57; 2° l'affranchi Ti. Claudius? Moschus, du temps d'Othon 95; 3° Sex. Lucilius Bassus, sous Vitellius et Vespasien" 4° Cornelius Fuscus, sous Vespasien 9" ; 5° P. Cornelius Cicatricula, au second siècle88; 6° Numerius Albanus, en 127, sous Hadrien°t; 7° M. Calpurnius Seneca Fabius Turpio Sentinatianus à l'époque d'Hadrien 100; 8° P. Cominius Clemens vers le temps de Marc-Aurèle 701; 9° Tullius Crispinus, sous Bide Julien 102; 10° Cn. Martius Rustius Rufinus, du temps de Septime Sévère 103; 11° M. AquiIius Felix 10'; 12° J...cianus dont le nom mutilé se lit dans un 155 CLA ---1234 CLA diplôme de Trajan Dèce, de l'année 249 10S ; 139 M. Aurelius Regulus 106, 14° L. Aeinilius Sullectinus 107; ces deux derniers sont d'une époque incertaine Li faut ajouter à cette liste un autre préfet, dont le nom manque malheureusement, mais dont l'existence est révélée par un fragment d'inscription récemment découvert à (Âhardimàou (Tunisie) 108 On possède quatre diplômes militaires relatifs à la flotte de Ravenne 109; les inscriptions concernant les officiers et les soldats ne sont pas aussi nombreuses que pour la flotte de Misène; on en a réuni environ 150'10 FLOTTE D'ÉGYPTE, classisituguste Alexandrina.-La flotte impériale d'Alexandrie est désignée dans les inscriptions par les mots classis Aleaandrina 111 ou classis Alexanolriae i12 classis Augusta Alexand,'mea 10o, ou simplement classis Augusta 114. Sa fondation remonte probablement à la conquete de l'Égypte; elle est la continuation de la Botte royale des Ptolémées. Le document le plus ancien que l'on possède sur cette flotte est une inscription funéraire récemment découverte à Cherchell par M. Schmitter, et fort intéressante à cause des différentes mentions qu'elle renferme : TI, CLAVDIO, d'Alexandrie portait officiellement le titre Augusta, dès le milieu du premier siècle, Un texte découvert à Rome, et qui est vraisemblablement de l'époque de Néron, se rapporte à un autre affranchi impérial, Ti. Julius Xanthus, commandant en second de la flotte d'Alexandrie (sub praefectus classis ALexandriae) 110, Un diplôme militaire du temps de Domitien, de l'année 86, acheté en 1735 à Thèbes, en Égypte, mentionne les « elessici qui militant ?n 4 egyptn t'aab C. Sept folio Vegeto et Caftrlio Clel1tente praefecto classis 116», Septimius Vegetus était préfet d'Égypte en 86 ; on peut donc en conclure qu'il avait une autorité supérieure sur cette flotte et que le praefectus classis Alexandrinae était placé sous sa dépendance. La station principale de la flotte d'Égypte était Alexandrie, mais il paraît certain qu'une division de cette flotte stationnait à Cherchell (Caesarea) dans la Maurétanie Césarienne °17. L'inscription citée plus haut et plusieurs mires textes l!' démontrent d'une manière (lv:dente, Deux inscriptions de Cherchell mentionnent, en e1fr f, l'une un praepusltus eless,bus 118 l'autre un eraepositus classes Syriacae et Auqustae'19; les fonctions de ces deux praepositi paraissent avoir été identiques. C'est à cette division des flottes d'Égypte et de Syrie qu'appartenaient sans doute les classsci milites employés, sous Antonin, au percement d'un aqueduc souterrain près de Saldae Bougie) et mentionnés dans une célèbre inscription de Lambèse Io Trois préfets de cette flotte sont connus: 1° Claudius Clemens, dont le nom figure dans le diplôme de Domitien cité plus haut; 2° Q. Marcius Hernsogenes, qui inscrivit son nom sur le pied droit du colosse de Memnon, le 7 mars 131121; L. Valerius Proculus, connu par une inscription de Malaga du second siècle de notre ère 122. Le préfet de la flotte d'Alexandrie paraît avoir joint à ce titre, au moins momentanément, celui de praefectus potamophulaciae112, c'est-à-dire commandant de la flottille chargée de la surveillance des douanes du Nr114w. Les navires 7coi12aovuàcexileq mentionnés sur des ostraca du Musée du Louvre remontant au second siècle de notre ère 120, faisaient partie de cette flottille. FLOTTE D'AFRIQUE, classis nova Libyca.---Cette flotte n'est connue que par une seule inscription découverte, en 1873, à Constantine. en démolissant la caserne des Janissaires. Cette inscription, de l'époque de Commode et antérieure à l'année 188, a été élevée, en l'honneur de C. Arrius Antoninus, par C. Julius Libo, trier(ar)chus classis novae Libyce 126, Les uns font remonter la fondation de cette flotte à l'époque de Marc-Aurèle 127, les autres pensent qu'elle n'est pas antérieure au règne de Commode 128 FLOTTE DE Svieue, classis Syriaca. Comme son nom l'indique elle stationnait sur la côte de Syrie, mais elle paraît avoir eu aussi une station secondaire à Cherchell, l'antique Caesarea, sur les côtes de la Maurétanie. Elle est connue par sept inscriptions dont la plus importante, découverte à Bougie, en Algérie, contient le cursus honorum de Sex. Cornelius Dexter, ancien préfet de la flotte de Syrie, probablement sous Hadrien 729, Un autre texte trouvé à Cherchell se rapporte à P. Aelius Marcianus, praepositus classis Syriacae et Augustae 730. Un triérarque de cette flotte, qui commandait la liburne Grypus, a été enterré à Ephèse 131. Trois inscriptions mentionnant des soldats de la flotte de Syrie ont été relevées à Cherchell 102 à Ténos dans l'archipel 1II3 et au Pirée 131Un fragment bilingue très mutilé, provenant de Téos, en Lydie, renferme aussi le nom de cette flotte'"° Une constitution de Valentinien et de Valens, en 369, parle de la d'Assis SELEUCENA qui était évidemment la flotte de Syrie transformée, et qui avait son mouillage à Séleucie, port d'Antioche sur l'Orante 1"6. La d'ASSIS cA_RiATaicA citée pour la première fois en l'année '1,09137 et qui stationnait à Carpathos, au sud-ouest de Rhodes, doit avoir aussi son origine dans une division ou une transformation de la flotte de Syrie. Fto_'TE Du Poxr-Eux1*i, classis Pontica, Déjà sous la B,épublique une flotte stationnée à Byzance était chargée de surveiller l'entrée du Pont-Euxin 136; on la retrouve dans les mômes eaux pendant l'empire. Sous Vespasien, en 69, la flotte du Pont était à Trébizonde, l'antique Trape.zus 159; d'après Josèphe, elle se composait de 40 navires de guerre et de 3.000 hommes d'équipage 140. Une inscription grecque, du temps de Domitien, copiée sur la côte de Thrace à Érégli, Perinthus, par le célèbre Cyriaque d'Ancône, la nomme flotte de Périnthe; cette inscription a été élevée par un triérarque, Ti. Claudius CLA 4 237 .tatar Zena "' qui était peut-étre le même personnage qu'un Ti, Claudius Zena, de Cherchell ". L'épitaphe grecque métrique d'un certain Crispinus, originaire de Basenne, qui porte le titre de stolarque, aro)sdpx-r,; Ilovtiîûly Çtc)viov, et était par conséquent préfet de la flotte, a été trouvée à Cyzique, en Mysie La flotte du Pont stationnait en effet dans ce port au commencement du me siècle 144. Sous Justinien on la retrouve à Périnthe FLOTTE DE BRETAGNE, classis Britannica. Elle était destinée à mettre en communication la Bretagne et le continent. Malgré le silence des historiens il est à peu près certain qu'elle fut établie par Claude, probablement en 43, au moment de l'expédition de Bretagne. Une inscription trouvée à Boulogne_sur-Mer, a été élevée par un triérarque contemporain de cet empereur16. Cette flotte est mentionnée en l'année 70,lors du soulèvement de Civilis; elle essuya un sérieux échec la plupart de ses navires ayant été pris et coulés par les Caninefates 17. En 83 elle contribua puissamment au succès de l'expédition d'Agricola en soutenant le long des côtes la marche de l'armée ; elle hâta ainsi la soumission des indigènes; par d'ordre d'Agricola elle fit le tour de la Bretagne143. On a découvert à Boulogne-sur-Mer, à l'est de la ville sur la route de Montreuil des briques romaines portant l'estampille cri. BR. classis Rritannicae; la station principale de la flotte britannique se trouvait en effet dans le port de Gesoriacum, qui devint plus tard Bononia. Les inscriptions latines découvertes à Boulogne mentionnent trois Hiérarques, deux soldats et un navire, la trière Radians, de la flotte Britannique 1G ; le plus ancien de ces textes est du règne de Claude. Une autre inscription, encore inédite, conservée au Musée d'Arles, permet de constater l'existence de la classis Britannica vers l'année 245, car elle est mentionnée avec le surnom Plu(lippiane]. Galien nous a conservé le nom d'un médecin oculiste de cette flotte nommé Axius'". Un archigubernus et un triérarque sont mentionnés par Javolenus'" Sous Dioclétien, Carausius chargé de défendre les côtes de la Belgique et de l'Armorique contre les descentes des Francs et des Saxons, avait son quartier général à Gesoriacum'". lI passa en Bretagne avec la flotte et se déclara indépendant' r'. Cet fut seulement dix ans plus tard, en 292, que Constance Chlore put reprendre Cesoria,cum et fit combler l'entrée du port pour y bloquer des pirates; l'année suivante Carausius fut tué, et, en l'année 296, la Bretagne reconquise retombait entre les mains des Romains après la mort d'Alettus161. Il y avait encore des navires de guerre dans le port de Boulogne, en 360 et en 368115. Un plan du port antique de Boulogne, où s'abritait la flotte Britannique, a été publié par M. Ern° Desjardins". De l'autre côté du détroit, vis-à-vis de Calais, à Douvre (Dubrae) et à Lymne (portes Lemanas) on atrouvt ;a.-. lement des briques portant. l'estampille de la Roue de Bretagne cm OR. classis) ,.'r(itannïeue)'57; ces découvertes indiquent l'emplacement de deux stations secondaires. Au nord du valluin fladriani, près de Bu'losv°ald ~4naboglanna), et à Netherby, on a relevé deux inscriptions mentionnant des terrains appartenant à. a flotte Britanniqueise Trois préfets de la flotte Britannique sont connus par des textes épigraphiques l" M. Ma , nits ;grippa 1rssidius Campestris, de l'époque d'Hadrien"6 2«l. Aa-l éius Pantera1o0; 3e un préfet dont le nom ne nous a pas été conservé". La classas Br'ïtanniea n'est pas citée dans la Piretitia dignitatunz, qui mentionne un j_lrae fectus CsASSis sxsni i?`e",.XIs in Mec Quarte.esi nive iornen.si, sous les ordres de üs,x Belgicae secundaei6'. On a. beaucoup disserté s;..r l ; point occupé par la station de la classis mbrica Les rai Font placé à Sambre, près y''i_sant, au nord de Boulogne, les autres sur la Sambre près de Bavay; d'autres dùn à l'embouchure de la Somme, Samara'. Cette dernière opinion paraît la plus probable 1". II est impossible que la classis Britannt. a ait été entièrement, supprimée tant (lue la Bretagne appartenait encore aux Romains. Elle peut avoir été déplacée et la base de ses opérations étant transportée aux bouches de la Somme elle aura reçu bene désignation nouvelle tirée du noir^_ même du fleurie a. l'embouchure duquel elle stationnait. Du reste, les monuments épigraphiques d'Ariens ont servi à dérnentreo l'importance stratégique de Samara.briva au point de vue des expéditions des Romains en Bretagnej65 j FLOTTE DE FRÉJUS.: Lasses F-I o "tut ensi . Auguste établit à Forum Juiii un arsenal 'vritime important qui 1 (,i.ut les vaisseaux conquis à la bataille d'Asti Iar_'°1. De' i, 1. surnom classica donné à la eoionàa Oetavanor'um ForumJuin 1". La flotte de Fréjus eut une très courte existence; elle fut supprimée dans les premiers temps de l'Empire, peut-être en l'an 22 av. J.-C, lorsque la Narbonnaise devint une province sénatoriale '6S. Les navires qui la composaient furent sans doute rattachés a la. flotte de Miseine. 'lin inscription trouvée z1 F e,jias non a conservé le nom d'un esclave impérial, Anthtis, qui cc rmnar navire avec le titre de triérarque 3". Les lluvi l'aires de 1'Argcnce ont isolai de l'a mer l'anr eut Forum Jute dont un plan a été publié ilo nira. La création de cette flotte remonte à l'époque d'Auguste, au temps des guerres de Drusus 1". Elle sersit particulièrement pendant les expéditions de Germanicus pour ïc transport des troupes .s Ln l'an 16 ce prince réunit mille vaisseaux poux transporter nuit légions jus qu'à l'embouchure de l'Ems ; assaillie au retour par une violente tempête cette flotte considérable fut presque entièrement détruite'''. Après l'affermissement de la domination romaine sur le Rhin la flotte de Germanie, commandée par un préfet, fut divisée en plusieurs stations espacées le long du fleuve. En 69, au début de la révolte de Civilis, une escadre de 24 navires tomba au pouvoir de l'ennemi 14 ; pendant toute la campagne suivante son action fut particulièrement nulle ou malheureuse 179 On connaît cinq préfets de cette flotte : 1° Julius Burdo, sous Vitellius 176; 2° C. Manlius Felix, sous Trajan "7; 3° P. Helvius Pertinax, le futur empereur, sous MarcAurèle 148 ; 4° M. Pomponius Vitellianus 178 ; 5° M. Aemilius Crescens f90 Les autres documents relatifs à cette flotte nous apprennent que des détachements de ses équipages furent, à diverses reprises, employés dans les carrières du Rhin 131 Trois inscriptions font connaître des triérarques 132, une autre est relative à un proreta183 (voir ce mot) ; une seule mentionne un soldat'''. Enfin deux textes découverts à Mayence se rapportent à des optiones navaliorum 185 (sic) ce qui fait croire à l'existence, dans cette ville, des arsenaux de la flotte. La classis germanica reçut les titres de pia fidelis qui accompagnent son nom dans plusieurs inscriptions'''. FLOTTE DU DANUBE, classis Pannonica ; classis Moesica. Les guerres qui eurent lieu sur le Danube, à la fin de la République et au commencement de l'Empire, rendirent nécessaire le stationnement de navires de guerre sur ce grand fleuve formant au nord de l'Europe la limite du monde romain. On créa deux escadres qui empruntèrent leur nom aux provinces de Pannonie et de Mésie, la classis Pannonica et la classis Moesica; chacune fut commandée par un préfet particulier. La classis in Danuvio mentionnée par Tacite 187 sous le règne de Claude désigne une de ces escadres. La classis Pannonica reçut le surnom Flavia 1F8. On connaît trois inscriptions relatives aux préfets qui l'ont commandée : 4° C. Manlius Felix, du temps de Trajan 166 ; 2° L. Cornelius Restitutus 190 ; 3° un préfet dont le nom manque malheureusement 191. D'autres textes mentionnent des triérarques 192. La classis Moesica reçut également le surnom Flavia. Trois diplômes militaires des années 92, 99 et 105 (sous Domitien et Trajan) se rapportent à des soldats de ses équipages 198 Quatre préfets de cette flotte sont connus par les inscriptions : 1° Sex. Octavius Fronto, sous Domitien 194 ; 2° P. Aelius Marcianus, sous Antonin 795 ; 3° Q. Atatinus Modestus196; 4° Un personnage dont le nom manque 197 Ces deux flottes stationnaient non seulement sur le Danube, mais encore sur ses affluents et formaient un grand nombre de petites divisions qu'on retrouve au ve siècle, à l'état de flottes principales. La Notitia dignitatum mentionne en effet le praefectus classis Lauriacensis 198 à Lauriacum, dans le Norique (Lorch, près de Leinz), le praefectus classis Arlapensis et Maginensis 199 à Arlapa, également dans le Norique (Gross-Pochlarn), le praefectus classis Histricae200, à Carnuntum, en Pannonie (Petronell) ; ces trois escadres étaient sur le Danube. Une autre mouillait sur la Drave, à Mursa 201, dans la Pannonie supérieure (Eszeg), localité située un peu au-dessus du confluent de la Drave et du Danube. Il y en avait une autre à Taurunum 202, en Pannonie (Semlin), au confluent de la Save et du Danube. Sur la Save étaient les trois stations de Siscia203 (Siszeck), de Servitium80`" (Gradiska) et de Sirmium 205 (Mitrovica), toutes trois en Pannonie. En Mésie, sur le Danube, nous retrouvons celles de Viminacium 206 (Kostolatz), de Aegeta (Brzu-Palanka), de Ratiaria 207 (Artscher), et enfin une dernière station qui est encore indéterminée 208 mais qui devait être près de l'embouchure du Danube los FLOTTE DE L'EUPHRATE. On ne la connaît que par un passage de Dion Cassius 210 relatif aux nombreux vaisseaux construits par Trajan pour naviguer sur le Tigre et le golfe Persique et par le récit que fait Ammien Marcellin 411 de l'expédition de Julien contre les Perses. Il faut encore mentionner un certain nombre de flottilles qui, au temps de la Notitia dignitatum, existaient sur les lacs et les fleuves de l'Italie et de la Gaule : 1° La flotte du lac de Côme, classis Comensis 212 dont le préfet résidait à Côme. 2° La flotte du Rhône, classis fluminis Rhodani 213 qui stationnait à Vienne et à Arles. 3° La classis Rarcariorum su, à Yverdun, sur le lac de Neufchàtel. 4° La flotte de la Saône, classis Aracicae 216, à Châlonsur-Saône. 5° La classis Anderetianorum 216, peut-être à Andrésy, près Paris, au confluent de l'Oise et de la Seine.