Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ADYTUM

grec, ââuTOV (â, ôéO), dont adytum n'est que la transcription dans quelques écrivains latins, a la même signification que âSaTOV (â, (iciw, xfvo4) : un endroit où l'on ne peut entrer. Il s'appliquait particulièrement aux lieux consacrés par la religion dont l'accès était interdit, soit seulement à ceux qui n'avaient pas accompli les purifications d'usage (xéOapatç, LUSTRATIO), soit à tout le monde, à l'exception des prêtres qui le desservaient, soit à ceux-ci même dans quelques cas. 11, 9. BlnctoanerHC. Walter, Geschfchte des rom. Rechts, 3. éd. Bonn, 1861, 1851 ; Rudorff., R6nzisch. Deehtsgesch., Leipzig, 1859, Il, p.52 ; Mommsen, in Naove n Aesch. ln l'un. § 103, et les lexicogr. 7 Lysias, Pro invalido, 13. 8 Sohol. C'était ou un temple tout entier, ou, dans ce temple, une partie plus secrète et plus sainte, ou, en dehors du temple, un enclos, un bois, un antre, etc., tels que l'enceinte (Técnvos) de Zeus sur le mont Lycée, en Arcadie'; la grotte (0-7c,(aatov) de Rhea à Methydrion, dans la même contrée ' ; le bois fermé(x,aoç Optyxm 7cepteydµevov)des Grandes Déesses à Mégalopolis et celui (oG.aoç taepttJxolop.%IlnInov 'rci ct) d'Artémis Soteira à Pellène 4; le bois sacré des Euménides à Colone, près d'Athènes, était de même un adytum 5. Comme exemples d'édifices religieux qui restaient constamment fermés (lEpet peea(o ç x),Etar) 6, ou du moins ne s'ouvraient qu'à certains jours et pour quelques personnes, à l'exclusion de toute autre, on peut citer le temple de Poseidon, à Mantinée, dont l'entrée était absolument interdite7; celui des Cabires, à Thèbes : quiconque y pénétrait devait périr A Athènes, le temple de Dionysos (iv Al uvxtç) ne s'ouvrait qu'une fois par an 4. II en était de même du temple d'Eurynome, à Phigalie, où, un seul jour chaque année, tout le monde pouvait venir sacrifier "o. Pausanias, qui ne put le visiter par ce motif, en mentionne d'autres encore à Corinthe, à Élis, à Thèbes et ailleurs Il y avait des adyta qui n'étaient ouverts qu'aux hommes, d'autres qui ne l'étaient qu'aux femmes '2. Beaucoup de temples étaient fermés à tous les étrangers 1', parce qu'ils ne pouvaient participer .à un culte national ; ailleurs l'exclusion frappait, par des motifs qu'expliquaient les traditions locales, une classe particulière d'individus : à Chéronée, par exemple, où aucun esclave, aucun Étolien ou Étolienne ne pouvait entrer dans le temple de Leuco thée14 Mais le nom d'adytum se trouve plus habituellement appliqué à une partie seulement du temple dont l'entrée était interdite aux profanes 15 C'était quelquefois la cella, où habitait la divinité, comme dans le temple de Héra, à Aegium, ou dans celui d'Ilithyie, à Hermione : les prêtresses seules étaient admises à voir l'image de ces deux déesses16. La statue d'Aphrodite, dans son temple à Corinthe, était visible dès l'entrée, d'où l'on pouvait lui adresser des prières, mais il n'était permis d'en approcher qu'à une seule jeune fille, qui en avait le soin Souvent la cella même était ouverte à tous ceux qui s'étaient purifiés, et, s'il y avait dans le temple un adytum, c'était un lieu dérobé aux regards où étaient conservées certaines idoles (ordinairement les plus anciennes et les plus vénérées), des reliques, des sépultures, objets d'un culte particulier ; où l'on rendait des oracles, où l'on célébrait des mystères. Ces adyta étaient quelquefois des souterrains naturels, ou creusés et construits de main d'homme: tel était celui où se trouvait le tombeau de Palaemon, dans le péribole du temple de Poseidon, de l'isthme de Corinthe'6; à Pellène, un souterrain renfermait une très-antique idole d'Athènè; une copie de celle-ci était exposée aux regards dans le temple, et sur un piédestal placé préci Pelat, Leg. ait. vttl, 3, 6. Btnctooasente. Taylor, Ad Lysiam, t. V, p. 739, ed. Reiske ; BSckh, Staatshaushallmrg der Allumer, t. I, p. 342, 2• éd. 1851 ; SeS;;. i cee. IV, 45. IS Herod. V, 74. 14 Plut. Quaest. rom. 16. 15 Hesych. s. u. AEA 92 AED sément au-dessus 19. Le plus célèbre adytum de la Grèce était l'antre de Delphes 40, où l'on consultait la pythie A ces souterrains s'appliquait aussi le nom de pÉyaoov ; il était tiré, sans doute, du surnom de Grandes Déesses (al peysiXat Ossl) que recevaient Déméter et Perséphoné ; et en effet, il désigna d'abord de semblables sanctuaires qui leur étaient consacrés, puis par extension, et d'une manière générale, une partie réservée du temple 91. Un autre mot &vixtiopov, dérivé d'«va; (prince, seigneur), nom par lequel on invoquait les dieux anciennement, après avoir été un des noms donnés aux sanctuaires fermés au public, fut de même étendu souvent à un temple tout entier u. Au mot grec étsrrov, devenu en latin adytum, répondent chez les Romains ceux de PENDS et penetl'ale 23.