Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article COLUMNA

COLUMNA. Sorte de pilier dont la section horizontale est limitée par une circonférence. Le nom de colonne s'applique particulièrement aux piliers de ce genre que terminent des formes saillantes et épanouies. Dans Ies édifices antiques, les colonnes se montrent soit comme membres nécessaires de la construction, soit avec un caractère purement ornemental. La colonne couronnée d'un chapiteau forme un tout complet et achevé en soi. C'est ce qui explique comment, en dehors des édifices, une colonne isolée constitue souvent un monument votif, commémoratif, etc. Aux temps homériques on nommait la colonne xiwv2. Pendant cette période de l'histoire de l'art, les colonnes (le plus' souvent de bois) jouent un rôle considérable dans l'intérieur des édifices 3, où elles affectent la disposition hypostyle, c'est-à-dire qu'elles portent la couverture des salles. Plus tard, à une époque que l'on ne suppose pas antérieure au vile siècle, l'architecture grecque se développe suivant deux modes, le dorique et l'ionique; la colonne devient l'élément constitutif de ces modes. Ce n'est plus le support avec la disposition hypostyle des temps homériques, c'est la colonne de pierre élevée d'après un système de formes définies et de proportions déterminées ; c'est la colonne se montrant à l'extérieur et tout autour des temples suivant la disposition périptère. On la nomme encore xiwv, mais plus souvent, dans la langue spéciale d'où est dérivée la nomenclature technique des architectes, on emploie de préférence le terme aeûnoç''. Le système de formes et le système de proportion appliqués par les Grecs, dans le mode dorique et dans l'ionique, constituent ce que les modernes ont appelé un ordre d'architecture. II serait difficile de faire saisir les traits caractéristiques par Iesquels les colonnes desGrecs se distinguent de celles de tous les autres peuples, si au préalable on ne donnait pas une définition de l'ordre. Des colonnes plus ou moins espacées et portant des matériaux qui couvrent les vides compris entre ces supports constituent la structure de l'ordre. Si les formes et les proportions données à l'enveloppe de ce genre de structure présentent des caractères déterminés et constants, si elles sont soumises à des lois qui aient pour effet de les coordonner dans une mutuelle et invariable dépendance les unes des autres, il en résulte un ordre défini. On donne le nom d'entablement à la superposition des membres d'architecture placés horizontalement sur les colonnes. La colonne et la partie de l'entablement qu'elle supporte constituent l'ordre proprement dit. L'ordonnance est l'assemblage des parties de l'ordre dans un édifice. Ce mot caractérise d'une manière spéciale l'alternance de pleins et de vides que produit un alignement de colonnes. En Grèce, les ordres ont été établis d'après une sorte de code général, suivant un de ces ensembles de règles auxquels on donnait le nom de xuvoiv. En ce qui regarde chaque ordre proprement dit, les formes et les proportions sont constituées d'après des règles canoniques distinctes il y a le canon des formes et le canon des proportions. COL 1339 COL Le canon des formes. Ce canon se compose de plusieurs règles qui ont pour objet, les unes, de déterminer les formes particulières des membres de chaque ordre, les autres, de fixer dans les différents ordres la composition générale de ces membres d'une même manière. Voici ces dernières règles : 1° Toute colonne se compose de deux membres au moins : un fût (awµa t) orné de cannelures (MSwatç xiovoç 2° L'entablement se compose de trois membres : l'archi traves(i7R'TÛÀtov), la frise® (wopépoç, 10Uwvri) et la corniche 1l 3° Chaque ordre comprend des piliers quadrangulaires (trepaaT«ç) [ANTAE], qui accompagnent la colonne et même la remplacent dans certains cas. Le chapiteau de ces piliers diffère toujours de celui de la colonne. A partir du moment où les ordres apparaissent en Grèce jusqu'à l'époque où cette contrée fut réduite en province romaine, le canon des formes conserve un caractère immuable. Nous ferons connaître plus loin celles des particularités de ce canon qui sont relatives à chaque ordre. Le canon des proportions. Définition du module. L'unité de proportion qui sert à établir les rapports entre toutes les parties d'un ordre se nomme module (igPâTrç) 19. Pour tous les ordres le module est en général le diamètre inférieur de la colonne n, ou, pour l'ordre dorique, la largeur d'un triglyphe de la frise, soit un demi-diamètre de colonnef4. Le module détermine la proportion de tous les membres d'architecture qui entrent dans la composition de l'ordre15; la colonne doit avoir tant de modules et le chapiteau tant; il en est de même pour l'architrave, la frise et la corniche. De plus, chaque membre que nous venons de nommer est subdivisé en un certain nombre de parties dont on se sert pour établir la proportion des formes secondaires qui sont comprises dans ces membres". De la sorte, les proportions de toutes les formes de l'ordre sont absolument déterminées, soit en hauteur, soit en largeur, soit en profondeur Pour chaque ordre les proportions ont été fixées d'après un canon spécial17, et ce canon a varié de siècle en siècle, et parfois même plusieurs fois par siècle suivant ce que l'on peut appeler la loi de croissance des colonnes. En effet, àpartir de leur origine Ies ordres offrent ce caractère qu'ils tendent en général à développer leurs proportions dans le sens de la hauteur. Voilà pour ce qui regarde l'ordre tel que nous l'avons défini plus haut. Le canon des ordonnances. Un ordre ne se présente pas dans un édifice sous la simple forme d'une colonne surmontée d'un entablement: on réunit, on aligne les colonnes en nombre plus ou moins grand, et cette disposition donne des parties pleines et des parties vides; or, le canon des proportions ne concerne que les pleins de l'ordre. C'est cependant de l'alternance des colonnes avec les espaces qui les séparent qu'un édifice tire sa principale expression. Aussi, pour déterminer les proportions des vides par rapport aux pleins, les Grecs ont-ils constitué le canon des ordonnances, c'est-à-dire un ensemble de règles qui diffèrent de celles que nous avons considérées jusqu'ici en ce qu'elles sont d'une application générale". Ces règles régissent en effet les ordonnances ioniques et les doriques, comme celles de tout autre ordre. Le canon des ordonnances fixe au nombre de cing1° les proportions suivant lesquelles les colonnes peuvent être séparées par ce vide que l'on nomme d'ordinaire un entre-colonnement (µtao'-Gl.tov) 20 : la proportion pycnostyle, où le vide est d'un module et demi; la systyle : le vide est de deux modules; l'eustyle où le vide est de deux modules et quart; la diastyle avec un vide de trois modules ; et enfin l'aréostyle, qui comporte un vide de plus de trois modules (fig. 1749). /d 9/1 e Tel est le canon des proportions relatif aux assemblages de colonnes ; mais chez les Grecs les ordonnances s'appliquaient à deux genres d'édifices dont les configurations sont tout à fait distinctes : 1° ceux où les ordonnances peuvent s'étendre d'une manière indéfinie; il en est ainsi des portiques. On sait que ces sortes d'édifices jouent un rôle considérable dans l'architecture grecque, soit qu'ils se montrent autour du Tlw,cvoç ou cour de certains temples, ou qu'ils forment de ces promenoirs couverts sous lesquels les Grecs aimaient tant à converser. On comptait parmi ces monuments les poeciles d'Athènes", de Sparte24, d'Olympie 29 et peut-être même la leschè de DeIphes n; 2° les édifices, tels que le temple, où le nombre de colonnes entrant dans la composition des façades était limité d'une façon absolue. Les Grecs ont donné à ces sortes d'ordonnances un qualificatif en rapport avec le nombre de colonnes dont elles étaient formées. Il y avait l'ordonnance tétrastyle, de quatre colonnes ", l'hexastyle,de six colonnes2B,l'octostyle,de huit colonnes", la décastyle, de dix colonnes Y8, et la dodécastyle, de douze colonnes 29. Cette dernière ordonnance offre le nombre de colonnes le plus élevé que l'on observe dans les façades des temples. Il nous reste à montrer que la distinction établie entre les deux genres d'édifices dont nous parlons a donné lieu à deux applications différentes du canon des ordonnances. Détermination du module des ordonnances. Le module des ordonnances à nombre indéfini de colonnes s'obtenait en déterminant d'abord la hauteur de la colonne, puis on divisait cette hauteur en un nombre de parties qui était f COL 1340 fixé par le canon des proportions de l'ordre 35; deux de ces parties constituaient le module, égal au diamètre de la colonne. Avec un module ainsi obtenu on pouvait donner aux entre-colonnements toutes les proportions canoniques et augmenter à volonté la longueur ou la largeur de l'ordonnance ; mais la hauteur en restait invariable. Il n'en était pas de même des ordonnances à nombre limité de colonnes. Chaque édifice tétrastyle, hexastyle, octostyle, etc., pouvait être aussi constitué suivant l'une des ordonnances canoniques systyle, diastyle, etc., c'està-dire avec des entre-colonnements de deux ou de trois diamètres, etc. n. De là des combinaisons nombreuses. Pour chacune de ces combinaisons il existait un canon particulier qui modifiait légèrement parfois le canon des proportions de l'ordre n. Tous ces canons offrent ce caractère qu'ils obligent à prendre le module, non sur la hauteur, mais sur la largeur de l'édifice que l'on divisait à cet effet en un certain nombre de parties. Ce nombre varie suivant la combinaison adoptée n. Pour l'hexastylediastvle, par exemple, la largeur de la façade doit être divisée en vingt et une parties, dont une est le module; on donne un module à la colonne et trois à l'entre-colonnement u (fig. 1750). Il en est ainsi pour toutes les autres combinaisons, avec des divisions de largeur plus ou moins nombreuses" (fig. 1751). De cette façon d'obtenir le module, il résulte que les proportions de l'ordonnance sont déterminées en hauteur aussi bien qu'en largeur; si l'on augmente ou si l'on diminue celle-ci, la hauteur s'accroit ou s'abaisse en raison de la partie de largeur que l'on ajoute ou que l'on retranche. En un mot, l'ordonnance, quelles qu'en soient los dimensions, offre toujours des proportions identiques. C'est là le trait saillant et vraiment original du système de proportion inventé par les Grecs. gradins (xp litiéeçne) forment la partie inférieure de I'ordre, (xc-q~tioJ's 37). La colonne se compose d'un fût et d'un chapiteau. Sur le krepidma repose directement le fût; il est formé d'un tronc de cône ou, dans les exemples les plus anciens, d'un solide parabolique (fig. 1752) : le renflement qu'accuse ce solide se nomme ivTsct; u. Des cannelures, dont la section horizontale est elliptique, creusent la surface du fût et y produisent de vives arêtes. Le chapiteau qui surmonte la colonne comprend deux membres l'échine de forme circulaire (Eylvo0) u, et l'abaque (âûa;), de forme carrée [ARACUS]. A l'origine, le profil de l'abaque est une courbe convexe qui projette une saillie considé rable sur la partie supérieure du fût. Plus tard, ce profil perd une partie de son ampleur et se transforme en un tronc de cône renversé (fig. 1753). Sous l'échine, dont elles accompagnent la forme, se montrent en rangs superposés les ormilles, sortes de refouiltements, de petites cannelures horizontales, au moyen I desquelles s'opère la transition entre la forme du fût et celle du chapiteau. Dans certains exemples le fût s'évase légèrement sous les armilles de l'échine; la courbe résultant de cette disposition constitue l'apophyge de la colonne (â7o, uy') 4° Fort souvent encore un ou deux rangs d'armilles entourent la partie supérieure du fût, à une faible distance de l'échine, et forment sous le chapiteau une sorte de frise (iroTpccy),tov) u traversée par les cannelures. L'entablement dorique, comme celui des autres modes, comporte trois membres principaux : l'architrave, la frise et la corniche. L'architrave, que l'on peut consi dérer comme lisse, est séparée de la frise par une petite face ou listel; quant à la frise, elle est formée de trigly phes (tipiyautpot) 49 et de métopes" (ocmmrat). Les triglyphes sont de petits piliers également espacés dont la face offre deux cannelures, ordinairement triangulaires, et une demi-cannelure sur chaque arête de droite et de gauche ; ces cannelures sont séparées par des faces d'égale largeur (c pot) ". Tout triglyphe porte au sommet un chapiteau formé d'une simple face et, à la base, se termine sur l'architrave par une autre face sous laquelle sont disposées six petites gouttes cylindriques ou coniques. Chaque partie de la frise s'étendant entre deux triglyphes constitue une métope ; la surface en est toujours carrée. Dans les temples très anciens les espaces qui séparent les triglyphes étaient parfois laissés à jourL3; cette particularité s'explique aisément : les métopes ne jouent aucun rôle dans la construction de l'ordre; ce sont les triglyphes qui supportent la corniche.Mais d'ordinaire COL 9341 COL les métopes sont fermées au moyen d'une simple dalle souvent ornée de bas-reliefs, et toujours encastrée dans les triglyphes (fig. 1754). Deux membres entrent dans la composition de la corniche : le larmier (ystat7r ,étaya) et la cymaise termi Le premier de ces membres se projette sur la frise en forme d'assise continue et fort saillante, comme dans les autres ordres; la partie inférieure du larmier est disposée de façon à. ce que les eaux pluviales ne puissent se répandre le long de la frise; de plus, dans l'ordre dorique, le dessous du larmier est orné de tablettes inclinées en avant et séparées par de faibles intervalles. Ce sont les mutules, sous la face inférieure desquels se détachent dix-huit gouttes disposées sur trois rangs. Il y a toujours un mutule sur l'axe de chaque triglyphe. Dans certains cas le larmier termine l'entablement de l'ordre, quand par exemple l'entablement porte un fronton, ou qu'il est surmonté d'antéfixes [ANTEFIXA] B. la partie inférieure des rangs de tuiles placées en recouvrement sur le toit. Mais, dans d'autres exemples, une cymaise est substituée aux antéfixes et alors cette cymaise est le couronnement de la corniche ; elle porte, plus ou moins espacées, des têtes de lion par lesquelles s'échappent les eaux que reçoit la couverture de l'édifice. La cymaise accuse toujours une courbe ondulée dont le profil a varié suivant le goût des architectes. Plusieurs particularités caractérisent l'ordonnance dorique: 1° L'architrave est placée en surplomb sur la partie supérieure du fût des colonnes; elle s'avance jusqu'à moitié de la saillie formée par l'abaque du chapiteau sur le fût. 2° Dans tous les cas, un triglyphe termine la frise à ses extrémités ; il n'est jamais par conséquent sur l'axe des colonnes angulaires. 3° Dans les ordonnances limitées, le premier et le dernier entre-colonnement sont de moindre largeur que les autres; c'est par ce moyen que l'on obtient la forme carrée pour les métopes qui accompagnent les triglyphes placés aux extrémités de la frise. Dans les anciens édifices d'ordre dorique, le canon des proportions ne comporte qu'un petit nombre de modules pour la hauteur de la colonne : moins de quatre modules et demi aux temples de Syracuse et de Pcestum. Le canon du temps de Cimon donne cinq modules et trois quarts à la hauteur de la colonne et deux modules à celle de l'entablement 49. Sous Périclès, la hauteur des colonnes du Parthénon est de cinq modules et demi, et celle de l'entablement de deux modules. Plus tard, dans les portiques de Délos, la colonne comprend plus de six modules et demi de hauteur, et l'entablement moins de deux modules.Enfin, à Pompéi le portique dorique des écoles, de style grec, est composé de colonnes dont la hauteur atteint près de huit modules. L'ordre dorique a été fort employé non seulement dans les contrées de l'Ilellade proprement dite, mais encore sur le territoire des colonies grecques de Sicile et d'Italie. En Asie, c'est seulement dans la ville d'Assos qu'on l'a observé jusqu'ici. L'ordre ionique. Les différences qui distinguent l'ordre ionique de l'ordre dorique sont fort nombreuses. 1° La colonne repose sur une base circulaire (01ZE(pŒ50) les membres de cette base sont au nombre de trois : à la partie inférieure et à la supérieure deux grosses moulures convexes que l'on nomme tores51, et entre ces tores une moulure concave à laquelle on donne le nom de Des filets ou listels marquent la séparation des mernbres de la base (fig. 1755). 2° Le fût de la colonne se raccorde avec la base par une courbe légère ; il porte des cannelures non tangentes comme celles de la colonne dorique, mais séparées par des faces plates et étroites. Sur la colonne est disposé un chapiteau de forme rectangulaire qui accuse la forme caractéristique de l'ordre, la volute (a7totpoxérxaov) n (fig. 1756). A la partie inférieure, le chapiteau est réuni au fût au moyen d'un ensemble de moulures circulaires : un listel, une baguette et une petite échine ornée d'oves; c'est audessus de ces moulures que se dessine le plateau circulaire sur leque sont sculptées deux volutes, l'une à droite et l'autre gauche de la colonne. aér Faisons remarquer que parfois, comme dans les tombeaux de Telmissus 66, l'entablement ionique est architravé, c'est-à-dire privé de frise 67 (fig. 1762). COL 134.2 COL Toutes les volutes ioniques sont formées de courbes spirales, au centre desquelles se détache une sorte de petit disque que l'on nomme un oeil (oculus) 66. Une moitié de la volute se développe en dehors de la colonne, tandis que l'autre moitié entame et cache en partie les moulures inférieures qui supportent le plateau. Le chapiteau se termine par un abaque de faible hauteur et dont le plan offre la figure d'un rectangle. Il importe de remarquer que les volutes du chapiteau ionique se lient entre elles suivant des modes très différents; elles sont unies au moyen d'une face qui se termine à la partie inférieure par une courbe fléchissante 66 (fig. 1757) ; elles sont reliées par une face dont la partie supérieure se termine en courbe convexe u (fig. 1758) ; enfin la surface qui les raccorde est limitée en haut et en bas par des lignes horizontales S8 (fig. 1759). Le plus souvent les volutes ornent seulement la face principale du chapiteau et celle qui lui est opposée. Dans ce cas, des formes d'un caractère particulier constituent les côtés du chapiteau [BALTEUS]. Souvent aussi, le fût de la colonne ionique se termine par un gorgerin, ou sorte d'hypotrachelium orné de palmettes (àvO µton) 60. Un mince filet, ou bien une baguette, que l'on nomme astragale 60, sépare le fût du gorgerin. 3° Dans l'entablement ionique (fig. 1760) l'architrave se compose de trois faces superposées et qui forment une légère saillie les unes sur les autres; la face inférieure est en surplomb sur la colonne. La frise" est sans triglyphes; des représentations en bas-reliefs s'y développent souvent d'une manière continue. Quant à la corniche, où les mutules font défaut, elle se compose d'un larmier et de moulures ornées d'oves, de perles ou de rais-de-coeur. Parfois, des denticules sont disposés sous le larmier; on nommait le vide étroit qui les séparait, 12Etô7tgi "; souvent aussi des modil supporter la partie supér rieure de la corniche8t. Il y a peu de particularités à observer dans l'ordonnance ionique ; nous avons signalé le défaut de triglyphes dans la frise de l'ordre ; il n'y avait pas là de quoi provoquer nombre de dispositions ingénieuses qui caractérisent l'ordonnance dorique. Notons cependant la configuration originale du chapiteau ionique dans les colonnes angulaires de certaines ordonnances. Des volutes s'accusent sur les deux faces extérieures de ces sortes de chapiteaux, mais celles de ces volutes qui sont à l'extrémité de l'ordonnance se développent plus que les autres; elles se réunissent sous un angle de quarante-cinq degrés, et forment un mem bre saillant dont la section horizontale ressemble à celle de la proue d'un vaisseau 66 (fig. 1761). «t att«lflSU)1.• 1sui 11)181I»Jt, 1 COL 1343 COL Le canon de l'ordre donne à la colonne ionique une proportion élancée et qui est toujours supérieure à celle membres de l'ordre, nous l'avons dit déjà, elles sont les mêmes que pour l'ordre ionique; il en est ainsi de la base et des cannelures du fût de la colonne, de l'architrave, de la frise et de la corniche. Le plus ancien chapiteau corinthien que l'on connaisse a été découvert dans les ruines du temple d'Apollon Epikourios à Phigalie n (fig. 1763); il provient très pro 111:11~:::9111„11Î IMICI:;I:,~III.11:lllwlw191:111=111.1w1'.III:I Ï11,n If=V'„ de la colonne dorique, si l'on établit le parallèle des deux ordres pour une même époque. Au temps de Cimon, cette proportion est de plus de sept modules et demi 68 et de deux modules pour l'entablement. Un peu plus tard elle est de neuf modules et demi, et d'un peu plus de deux modules pour l'entablement69. Ces dernières proportions se sont maintenues jusqu'au déclin de l'art grec. On est fondé à croire que l'Asie est la contrée où l'ordre ionique s'est montré pour la première fois avec les formes et les proportions qui le caractérisent; tout au moins, après les guerres médiques, les temples de l'Ionie sontils généralement constitués avec des colonnes de cet ordre. Ce n'est pas à dire cependant que les seuls Grecs d'Asie l'aient employé: au siècle de Périclès, plusieurs édifices d'ordre ionique furent élevés dans l'Attique. Sur l'acropole même d'Athènes, deux de ces édifices sont encore debout : 1'Erechtheum et le temple de la Victoire Aptère. L'ordre corinthien. Cet ordre joue un rôle secondaire dans l'architecture grecque, Composé des principaux membres de l'ordre ionique, il est seulement caractérisé par un chapiteau dont les dispositions sont très différentes de celles des chapiteaux que nous avons considérés jusqu'ici. Le couronnement de la colonne corinthienne est constitué par un noyau central (x«aueoç) 7° semblable à une corbeille ou à une cloche renversée. Des feuilles d'acanthe, disposées sur deux rangs superposés et suivant des axes qui se contrarient, enveloppent ce noyau et le cachent en partie; elles n'en laissent voir que le sommet et encore contre ce sommet s'appuient quatre volutes, d'une forme particulière, qui se replient sous les angles de l'abaque (€alxot) 7t. Entre ces deux volutes s'en montrent presque toujours deux autres de moindres dimensions et affrontées. Au-dessus de ces petites volutes et dans l'axe des faces de l'abaque se détache un fleuron. Le chapiteau corinthien se termine au moyen d'un abaque d'une faible hauteur et dont les quatre faces accusent dans le sens vertical une concavité assez profonde; la rencontre de ces faces produit des angles très aigus. Mais dans la plupart des cas on substitue à ces angles quatre petites faces qui sont perpendiculaires aux diagonales de l'abaque. Quant aux formes des autres bablement d'un temple plus ancien que celui où on l'a obst rvé. Un autre exemple de colonne corinthienne existait dans le Didymaeum de Milet73 (fig. 1764). Le seul I I ...Il. 1 1 1_ LJ . édifice grec complètement élevé suivant le mode corinthien est le monument choragique de Lysicrates, à Athènes74 (fig. 176à); il ne remonte qu'à l'an 334 avant notre ère ; les colonnes s'y montrent engagées, c'est-à-dire qu'elles sont liées au mur du monument. L'horloge d'Andronikos, autre monument d'Athènes, élevé seulement à l'époque d'Auguste, comprend des colonnes corinthiennes d'un caractère particulier gis, les colonnes de ce petit édifice n'ont pas de bases et le chapiteau qui les couronne est composé de deux rangs de feuilles d'acanthe, qui se développent autour d'un kalathos privé d'hélices (fig. 1766). 'Fout le monde connaît la légende racontée par Vitruve au sujet de l'ordre dont nous analysons les formes : à la mort d'une jeune fille, les jouets qu'elle aimait sont réunis par sa nourrice et placés dans une corbeille que l'on porte sur la tombe de l'enfant; des feuilles d'acanthe enveloppent bientôt la corbeille, et ce motif inspire au sculpteur Callimaque la forme du chapiteau corinthien 76. COL 1344 -COL Nous avons dit autre part que les formes du chapiteau en effet le procédé par lequel on le traite, le métal porte partout avec soi un style propre et très facilement reconnaissable. Cela est si vrai, qu'à certains signes le sculpteur reconnaît sûrement dans une statue de marbre la copie d'un original de bronze. Dans le chapiteau corinthien, l'architecte, par des observations suivies, discerne sur la pierre, avec non moins de certitude, la reproduction d'un type d'airain. Ce sont, à n'en pas douter, des feuilles, des fleurs, des vrilles, des hélices formées à part, puis appliquées contre un noyau résistant, qui ont été finalement imitées sur le couronnement lapidaire de la colonne corinthienne. Comme pour attester cette origine, le chapiteau corinthien est parfois formé de bronze, ou d'or et d'ivoire : tels étaient les chapiteaux du musée d'Alexandrie78, et ceux du palais flottant de Ptolémée IV79. Le canon des proportions donne à la hauteur de l'ordre corinthien un nombre de modules plus grand que pour l'ordre ionique, et que, par conséquent, pour l'ordre dorique. Au monument choragique de Lysicrate, la hauteur de la colonne est de dix modules, et celle de l'entablement, de deux modules et demi. Rapports des ordres les uns avec les autres. Superposition des colonnes. Chez les Grecs, rien de fixe n'a marqué les rapports des ordres les uns avec les autres. Le temple d'Athéna Alea, à Tégée en Arcadie, était formé à l'extérieur de colonnes ioniques; à l'intérieur il comprenait deux ordres, le do-rique et le corinthien 80. Le ternple d'Athéna Alea avait été construit par Scopas vers l'an 395 avant notre ère 81. Dans l'intérieur du temple d'Apollon Didyméen, à Milet, des colonnes engagées, d'ordre corinthien, correspondaient à l'ordre ionique de l'extérieur de l'édifice. Des colonnes superposées forment deux étages de galeries dans la cella de certains temples périptères. La disposition donnée aux colonnes, dans ce cas, offre des particularités d'un haut intérêt : les colonnes superposées sont d'un même ordre, dorique sur dorique; ensuite une simple architrave sépare les deux ordonnances : enfin, le fût des colonnes supérieures est le prolongement exact du fût des colonnes inférieures. On a observé ces sortes d'ordonnances dans le grand temple de Pestum u, dans le temple d'Egine 83, et dans le temple de Zeus à Olympie 8'r Caractère général de l'emploi des ordres grecs. Nous ne pouvons omettre de remarquer qu'en Grèce l'ordre jolie un double rôle dans la composition de l'édifice: il constitue l'essence même de ce que l'on en nomme la structure, et chacun de ses membres y remplit une fonction ; il est de plus l'élément d'où l'édifice tire son caractère ornemental et expressif. Chaque partie de l'ordre est disposée de telle sorte qu'elle est, tout ensemble, un membre de construction et une forme plastique qui accuse dans une certaine mesure la fonction de ce membre. De là, par exemple, les heureuses oppositions d'effets qui existent entre les lignes verticales que créent les cannelures des colonnes, et les grandes lignes horizonn tales de l'entablement; ainsi se produit la transition si habilement ménagée, au moyen du chapiteau, entre la .............. colonne et l'architrave qu'elle supporte. De là encore la belle ligne ombrante produite par le larmier dans la corcorinthien dérivent de l'emploi du métal77; quel que soit niche de l'ordre. COL 1345 COL Particularités de l'emploi des ordres grecs. Il importe de le dire, les canons d'après lesquels les ordres ont été établis n'étaient pas absolus dans le sens étroit du mot; ils constituaient un corps de règles exemplaires, au delà et en deçà duquel l'action de l'architecte s'est toujours librement exercée. Ensuite, ces règles, par leur nombre même, conduisaient à des combinaisons de formes très diverses, pourvu que dans l'un des éléments de ces combinaisons on introduisîtquelques variantes. Cela est si vrai, que chaque édifice grec mis au jour dans les fouilles est pour nous le sujet d'un étonnement nouveau, tant sont nombreuses les particularités de forme et de proportion que l'on y découvre. Enfin et par dessus tout, ce qui préservait les ordonnances de la raideur monotone que présentent les formes établies d'après des chiffres, c'était la façon dont les Grecs concevaient la symétrie et savaient l'appliquer. Considérons le plan de l'ordonnance antérieure d'un temple dorique, en supposant que le milieu de ce plan soit traversé par une ligne idéale, que l'on nomme axe de symétrie88. Ce qui chez les modernes constitue une symétrie parfaite, c'est le report, tout mécaniquement exécuté, d'un certain nombre de divisions égales entre elles, à droite et à gauche de cet axe. Chez les Grecs, dans les façades des temples, les divisions s'effectuent également à droite et à gauche d'un axe de symétrie, mais ces divisions ne sont pas égales entre elles. Si nous prenons l'axe en profondeur, nous remarquons que les dimensions des entre colonnements sont dissemblables. Les entre-colonnements angulaires sont moins larges que l'entre-colonnement du milieu ; parfois même ceux qui sont intermédiaires présentent des différences qui constituent, de l'angle au centre de l'ordonnance, une gradation dans les largeurs. Les colonnes d'angles sont plus grosses que les autresR6; les colonnes du pronaos ne sont pas dans l'axe de celles du ptérôma (fig. 1767). A l'intérieur de l'édifice , les axes des caissons du 11, plafond ne correspondent pas aux axes des colonnes. En élévation, les particularités de l'ordonnance ne sont pas moins nombreuses; l'axe des colonnes est hors d'aplomb, surtout aux extrémités de l'ordonnance81, M. Beulé a voulu trouver une confirmation de ce fait dans un passage de Cicéron, qui doit avoir un autre sens que celui qu'on lui a prêté. « Dans un temple, traduit Beulé, il n'y a pas d'ordinaire une seule colonne qui ne soit inclinée 88. n Nous croyons, d'après l'ensemble dos passage, qu'il y a seulement une allusion à ce fait que, dans la pratique, la plupart des colonnes ne sont pas rigoureusement verticales, il ne faut pas oublier d'ailleurs qu'il s'agit là d'un temple construit à Home même. A l'extérieur, tout autour du temple, les lignes du krepidôma et celles de l'entablement, qui semblent toujours horizontales, sont en réalité des lignes courbes. Nous ne pouvons que signaler ici l'existence de ces particularités, on les trouvera décrites en partie dans Vitruve89, ainsi que dans un certain nombre d'ouvrages récents 90. Au point de vue de l'ornementation des formes de l'ordre il y aurait de nombreuses singularités à noter: par exemple, l'architrave du temple dorique d'Assos, en Mysie, porte, comme les frises doriques, une zone de bas-reliefs où figurent des personnages 91, Il en serait de même pour les proportions; celles qu'accusent les ordres dans les tombeaux de la Cyrénaïque sont tout à fait extraordinaires 98. Certaines colonnes doriques offrent un fût polygonal, comme celles du temple d'Apollon à 'Fiézènet3. Le musée du Louvre possède des fûts de colonnes qui affectent la forme de troncs d'arbre (fig. 1766), Dies !r liU, n!Iil tablettes portant des inscriptions ornent le fût des colonnes du temple de Vénus Aphrodisias (fig. {769)90, Au 169 i -C JJ t;h_;till1L,1iii CUL 346 -COL temple d'Apollon à Cyzique, le GR des colonnes aussi orné de tablettes (aru),o in'ut ae' 1 elles étaient couvertes de bas-reliefs, probablement. peint Sur une colonne ionique du dernier temple d Epbcse, e la partie inférieure du fût, -e développent des bas-reliefs (fig. 1770) -représentant des scènes mythologiques". On sait qu'une des colonnes de ce temple avait été sculptée par Scop Enfin des essais ont été tentés parfois pour combiner entre eux les membres de deux ordres. C'est ainsi qu'au tombeau do Thénar, à Aori en.s (fig 4771), d's colonnes I ioniques supportent un entablement dorique". I Outre les colonnes des ordres proprement dits, Iii_, Grecs ont employé les xtovia•xot9', les c-cuàiawct'o", qui sont comme des diminutifs de colonne. Ces légers supports paraissent avoir formé parfois de petites ordonnances, par exemple au trône de Zeus dans le temple d'Olympie "1; mais souvent ils accompagnent des statues telle est la colonnette sur laquelle l Athéna découverte en 1881, à Athènes, appuie celle de ses mains qui porte une Victoire 1" L'ordre toscan. Cet ordre appartient en propre aux Etrusques; il n'en existe aucun, exemple complet dans les ruines des édifices antiques de l'lhalie. Les Romains l'employèrent constamment; à une certaine époque. tout à Rome était toscan, suivant l'expression de Varron. Du temps même de Vitruve des temples étaient encore élevés au moyen de l'ordonnance toscane. Cet auteur fait connaître ainsi les canons de l'ordre 103 : La colonne repose sur une base dont la plinthe est arrondie ; le chapiteau se compose d'un gorgerin, d'une échine et d'un abaque. L'architrase est formée de deux pièces de bois placées l'une derrière l'autre sur la colonne et séparées par un vide. Au-dessus de l'architrave s'élève un mur qui supporte des mutules extrêmement saillants, sur lesquels est clouée une corniche de bois. La hauteur des colonnes est de sept modules. Les architraves de bois indiquent que les entre-eolonnements étaient aréostyles. De tous les fragments qui paraissent avoir appartenu à des colonnes toscanes, celui qui se rapporte le mieux à la description de Vitruve a été trouvé à Aiba Fucensis, ville latine, dans le pays des :Èques, ou s'était établie une colonie romaine 302 ans avant notre ère. Ce fragment se compose d'une base dont la plinthe est arrondie, et d'une partie de fût entièrement lisse (fig. 4772). La moulure 1111 ,1111 I l' disposée au-dessus de la plinthe offre le profil d'un talon renversé; la saillie en est considérable'o9 Un chapiteau trouvé à Vulci (fig. 4773) répond aussi en osortie a la description die Vitruve: il se compose d'un astragale, d'un cavet, d'une échine et d'un abaque; le morceau m~miünrlumi11i0iilipN2tin M3T COL -, 9 347 - de fût qui le supporte est orné de seize cannelures 105. Certains tombeaux étrusques offrent, en bas-relief, l'image d'édifices dans lesquels il est aisé de reconnaître les principales dispositigns de l'ordre toscan. En effet, dans ces représentations, les entre-colonnements sont aréostyles, et la corniche de l'ordre se projette fort en avant sur les colonnes ; mais celles-ci sont cannelées et, dans la plupart des cas, l'entablement qu'elles supportent comprend des trïglyphes 1°5 Tout ce que l'on connaît de l'ordre toscan porte à le faire considérer comme une sorte d'ordre dorique qui n'a pas atteint un développement complet. Parmi les édifices toscans de Rome était le temple de Jupiter Capitolin; il a été sommairement décrit par Denys d'Halicarnasse f07. LES 0RDRNSR0MAINS. -Quoique les ordres romains offrent des combinaisons de formes souvent semblables à celles qui caractérisent les ordres grecs, ces formes ne laissent pas d'être empreintes d'un style très particulier. Sous ce rapport, on peut classer les ordres romains en deux divisions : dans les uns, le style grec s'accuse par le profil et par les ornements qui entrent dans la composition des membres de l'ordre; mais les proportions des formes sont fixées par un canon spécial qui les alourdit parfois et plus souvent Ies rend minces et comme effilées à l'excès. Le temple corinthien de Vesta, à Tivoli"' (fig. 1774) et le temple dorique d'Hercule, à Cora 1°B, offrent, chacun dans son genre, un exemple de cette classe d'ordres. Dans d'autres édifices, au contraire, les profils et l'ornementation des membres de l'ordre, bien que conçus d'après les modes de l'architecture grecque, sont d'un caractère tout spécial et vraiment romain. Il en est ainsi des ordonnances, de presque tous les grands temples de Rome, tels que celui de Mars Vengeur 110, de Jupiter Stator119, etc., etc. L'ordre dorique. Fort souvent, le fût (scapus 1fl2) de la colonne dorique se montre lisse 91m; dans certains exemples il repose sur une base (spira) 214. Le chapiteau qui couronne le fût est presque toujours composé d'un astragale (astragales) 100 d'un gorgerin (hypotraeheliurn) k°6 de trois annelets (annuli) 117 ou listels circulaires, d'une échine (echiness), et d'un abaque carré recouvert d'un listel (abacus) 118 Le profil de l'échine romaine n'a rien de l'ampleur et de la puissance de l'échine grecque, aussi le sommet de l'abaque ne forme-t-il qu'une médiocre saillie sur la colonne (fig. 1775). Dans l'entablement l'architrave est souvent divisée en deux ou trois faces (t'ascite) 110. Il n'y a plus, comme en Grèce, égalité de hauteur entre la frise (sophoras) et l'architrave; la première est toujours plus élevée que la seconde 120. Parfois les mutules manquent à la corniche 9E1, ou bien ils sont comme encaissée dans le larmier et ils ne forment de saillie que dans la partie inférieure de cette moulure 1A9. Des denticules (deniiculi)12. ornent souvent le bas de la corniche 122 Si l'on considère l'ordonnance de ces sortes de colonnes, on remarque que l'architrave n'est plus en surplomb sur la colonne, et qu'au triglyphe angulaire des ordon COL --1348 --COL nances grecques se substitue une partie de métope, qui se trouve ainsi placée aux extrémités de la frise''-y. L'ordre dorique romain est plus élancé que le dorique grec; au théàtre de Marcellus, la hauteur de la colonne est de huit modules et celle de l'entablement atteint un peu moins de deux modules. L'ordre ionique. Il y a peu de particularités à signaler dans l'ordre ionique : la hase des colonnes de cet ordre est formée de deux tores séparés par une scotie; mais, contrairement au mode grec, le tore inférieur repose sur une plinthe carrée (plint/tus)12s; les volutes du chapiteau sont reliées entre elles par une face que terminent des arêtes horizontales, et la corniche de l'entablement comporte presque toujours des denticules 1"7. Dans le temple de la Fortune Virile à Rome, les chapiteaux des colonnes placées aux extrémités de la façade portent des volutes angulaires disposées suivant le canon grec 1"3. Un des plus beaux exemples de cet ordre, celui du théâtre de Marcellus (fig. 1776), présente les propor L'ordre corinthien. Sous l'empire, les Romains ont employé d'une manière constante l'ordre corinthien ; non contents d'en rendre les membres plus amples et plus riches qu'ils ne l'étaient en Grèce et de donner ainsi à l'ensemble de ces membres une magnificence sans égale, leurs architectes ont varié à l'infini les formes de l'ordre, tout en leur imprimant un caractère en quelque sorte national. Parfois la base de la colonne est semblable (fig. 1777) 1 'U u _Jf m ~t~nimiültlhilll(nl lf;é1111~1èi itiI III i~ J.V EI j~Eiiii (Ihl `w na w.iulmlrunuiuilllllllllllüfüüllflfliVlllllllllllrij,)I)))1)g)llll~l~~~1~Jll~~ ~~~1I L Lions suivantes : neuf modules pour la hauteur de la colonne, et environ deux modules et demi pour la hauteur de l'entablementtOI à la base ionique avec plinthe130, mais le plus souvent elle accuse une composition différente : entre les deux tores sont placées deux scolies d'égale hauteur, que sépare une double baguette13' (fig. 1778). Les moulures inférieures du chapiteau corinthien sont un listel et un astragale situés sur l'apophyge par laquelle se termine la colonne; au-dessus de l'astragale se dressent deux rangs de feuilles d'acanthe disposées comme dans le chapiteau grec; entre les feuilles d'acanthe du rang supérieur se montrent, sur chaque face du chapiteau, deux sortes de gaines, les caulicoles cauliculi 13") où les volutes prennent naissance 733; des feuilles d'acanthe se recourbent sous les hélices dont j elles accompagnent le mouvement (fig. 1779). Au chapi teau du temple de Jupiter Stator, les petites hélices (heliees minores 134) s'entre-croisent Say et des feuillages couvrent la face inférieure de l'abaque, lequel est composé COL 9 COL de quatre grandes parties concaves et de quatre petites faces angulaires. Dans plusieurs édifices de Rome, les colonnes corinthiennes étaient couronnées de chapiteaux d'airain; il en existait au portique de Cneius Octavius, élevé en l'an 17 avant notre ère 138. Avant la restauration du Panthéon sous Septime-Sévère, l'ordre intérieur de ce monument était formé de colonnes corinthiennes que surmontaient des chapiteaux de bronze. Cette ordonnance avait été élevée par M. Agrippa137. Mais c'est surtout dans l'entablement que se déploie la magnificence de l'ornementation; les faces de l'architrave sont séparées par des perles, des oves ou des raisde-coeur et parfois, comme au temple de Jupiter Stator 'e (fig. 1780), la seconde de ces faces est couverte de feuilles et de palmettes738. Sur la frise se développent des scènes figurées139, ou de puissants enroulem ents de feuillages, des rinceaux140, entre lesquels apparaissent souvent la figure humaine ou des monstres, tels que des griffonslk1. Toutes les moulures de la corniche offrent, dans la plupart des cas, une ornementation extrêmement riche, on y observe les rais-de-coeur, les denticules; des canaux occupent la face verticale du larmier ; sous cette dernière moulure sont placés, de distance en distance, des modillons, ou sortes de consoles qui semblent la por'terl''2. Dans certains exemples, comme au frontispice de Néron, les modillons sont de forme rectangulaire'6'. Enfin, la cymaise qui termine l'entablement porte des palmettes saillantes, dont le caractère n'a rien de grec iu, Les ordres composites. Dans d'autres exemples le chapiteau corinthien est remplacé par un chapiteau également composé de deux rangs de feuilles d'acanthe, mais où les hélices font défaut ; à ces dernières formes on e substitué des volutes dont les dispositions se rapprochent de celles de la s ointe ionique; on dit dans ce cas que l'ordre est composite (fig. 1781). Il existe des chapiteaux de ce genre aux arcs de Titus de Septime Sévère 148 et dans la grande salle des thermes de Dioclétien 147 D'autres chapiteaux portent des figures de Vic toires, des trophées ou bien des chevaux. l'iranesi a re I cueilli un grand nombre de chapiteaux ainsi composés. Les modes d'emploi des ordres romains. Les ordres ont été employés à Reine de trois manières différentes Suivant le mode grec, c'est-à dire avec I' entre-colonnement 1''B (intercelsmnium) rectangulaire et tout à fait vide 1A9. Dans ce cas, les ordonnances présentent les proportions canoniques que nous avons fait connaître. 2° Avec l'entre-colonnement cintré, en forme d'arcatore 130. Un arc placé sur deux pieds-droits occupe l'entrecolonnement et supporte l'architrave. Cette disposition à laquelle les Romains ont été conduits, quand ils ont élevé des édifices tels que les théâtres et les arnphitheâtres, où la voûte est le principe même de la construction. cette disposition, disons-nous, a eu pour effet de rendre purement décorative la fonction de l'ordre. Il ne joue aucun rôle dans la structure des amphithéâtres, c'est une sorte de bas-relief qui orne simplement la surface des murs et que l'on peut supprimer sans que la solidité de l'édifice soit en aucune façon compromise. On nomme colonnes engagées les colonnes des ordres ainsi employées (voy. plus haut les figures 1773 et 1776). 3° Avec l'arcature reposant sur l'ordre, comme dans les thermes de Caracalla 151. Dans ce triode d'emploi, la colonne remplit une fonction réelle, mais il n'en est pas de môme de l'entablement: ce couronnement de l'ordre ne subsiste qu'au droit de la colonne et il est sans utilité sous le rapport de la construction (fig. 1782). Les colonnes portant; des arcatures se montrent dans certains édifices construits en petits matériaux_ agglomérés, ce qui explique pourquoi elles ne se lient pas entièrement au mur, et comment elles en sont au contraire placées à une faible distance et pour ainsi dire détachées Il n'est pas inutile de faire remarquer que pour ces ordres comprenant des arcatures les entrecolonnements des ordonnances sont en général aréostyles, dans la propore tion la plus large que comporte ce terme. Supeuposition des ordonnances. Les Romains ont superposé les ordonnances suivant un mode fort différent de celui qu'employaient les Grecs. Ce ne sont plus, comme continu (stéréobate) 157. Il existe des colonnes corinthiennes dont le fût est entouré de feuilles d'acanthe à sa partie inférieure. On trouve un exemple de ce genre de colonnes dans l'édifice auquel on a donné le nom de Baptistère de GonstantintSB. A1'époque de, la décadence de l'art les cannelures des colonnes affectent souvent des dispositions particulières. Parfois des baguettes, des racdentures, les remplissent jusqu'au tiers de la hauteur du fût', ou bien elles se développent sur le fût suivant une courbe hélicoïdale (vo/utiles collons ride) Ifi° (fig, 178 :).. Parmi les fragments de colonnes antiques qui ont été publiés par Piranesi, on dan les templ ; de cette contrée, des colonnes d'un GDri on UQL COL 1350 -COL même ordre placées les unes sur Ies autres, et le fût des colonnes supérieures n'est pas le simple prolongement du fût des colonnes inférieures. A Rome, quand elles sont superposées, les ordonnances sont constituées au moyen d'un ordre complet; de plus, les divers rangs d'ordonnance sont d'ordres différents. A la partie inférieure de l'édifice, c'est l'ordre dorique; l'ordre ionique le surmonte 1ufl, puis, sur ce dernier ordre repose l'ordre corinthien, lequel supporte parfois, comme au Colisée, une ordonnance de pilastres dont les chapiteaux sont ornés de feuilles d'acanthe 903 Quoique les ordonnances romaines, ainsi superposées, produisent un très grand effet, on est obligé de reconnaître que le mode suivant lequel elles sont réunies est en opposition avec le principe même des ordres. Chez les Grecs, l'entablement de l'ordre est un membre de construction, c'est le couronnement de l'édifice ; comme, dans les ordonnances que les Romains superposent, chaque ordre a son entablement entier, il en résulte que les ordonnances offrent l'image d'autant d'édifices complets et achevés que l'on place les uns sur les autres. De cette manière, les colonnes ne peuvent plus être considérées que comme des divisions rhytbmiques qui entrent dans la composition des lignes du monument. Particularités de l'emploi des ordres romains. Dans certaines ordonnances, où les colonnes sont adossées à un mur, comme dans la plupart des arcs de triomphe15°,l'entablment forme ce que l'on nomme un ressaut sur ces colonnes, c'est-à-dire qu'il se détache du mur pour constituer une saillie au droit des colonnes (fig. 1783). On observe môme cette disposition dans des édifices où les colonnes sont seulement engagées, comme à l'amphithéâtre de fîmes. En général les ordonnances comportent, même quand elles sont superposées, soit 'in piédestal ou stylobate X55, sous chaque colonne Ise, soit un soubassement voit des fûts couverts de branchages et quelquefois complètement revêtus de feuilles imbriquées S61. Les ordres romains offrent encore cette particularité que, lorsque des piliers quadrangulaires remplissent la fonction de colonne, le chapiteau qui couronne ces piliers, loin d'être constitué, comme celui des ordres grecs, au moyen de formes spéciales, reproduit au contraire des dispositions semblables à celles du chapiteau des colonnes i83, litait-ce à ce genre de piliers que l'on donnait le nom d'attique? Rien ne le fait supposer ; Pline dit seul lement que l'on nommait ainsi certains supports dont les faces étaient égales 163 Si l'on considère les ordres romains sous le rapport des matériaux dont ils sont formés, on constate que ces matériaux sont fort divers; les fûts des colonnes sont souvent composés de marbres précieux 164; parfois même COL -1331 -COL la surface de ces fûts est revêtue de mosaïques (fig.178à)1C5 Bans des édifices entièrement construits en briques, les ordonnances accusent néanmoins les formes prescrites par les canons, ainsi qu'on le voit au monument vulgairement appelé temple du dieu Rediculus à Rome 116; quelquefois aussi les colonnes sont faites en maçonnerie de blocage; alors un enduit de stuc en compose la surface i67; il en est de même pour certaines colonnes de briques, comme il y en a un si grand nombre d'exemples à Pompéi, où il existe aussi des colonnes façonnées en partie au moyen de coquil lages 166 Colonnes honorifiques, triomphales, etc. On connaît plusieurs exemples de colonnes honorifiques édifiées par les Romains. Suivant Pline une colonne de ce genre fut élevée en l'honneur de C. Maenius, « vainqueur des anciens Latins 16'.» Une autre colonne (fig. 1786) fut également élevée à P. h1inucius, préfet de l'annone, hors de la porte 'Prigénline. à l'aide d'une cotisation d'un douzième 17Ô. Api'ès la mort de Jules César une colonne fut élevée en son honneur au forons : elle était d'un seul morceau de marbre de Numidie "1, une autre colonne que l'on dressa pour conserver la mémoire de la bataille navale remportée par C. Duilius sur les Carthaginois en l'an de Rome 493 "1, existe encore au Capitole; elle est ornée d'éperons de vaisseaux 173 et appartient par conséquent à la catégorie des colonnes rostrales (fig. 4787). A. en juge. par la cotonne menas honorifiques dont parle Pline étaient loin de présenter° le caractère grandiose des colonnes triomphales qui furent, élevées sous les empereurs. La colonne destinée à. perpétuer le souvenir des -victoires remportées par'f'rajan sur les barbares fut élevée pal. ('architecte Apollodore; il la termina vers l'an 104 de notre ère. Ce monument, encore debout, est entièrement construit en marbre blanc, il se compose d'un piédestal quadrangulaire, d'une colonne avec base et chapiteau, et d'un amortissement ou acrotère, sur lequel fa statue du triomphateur était placée. La hauteur totale du monument est d'environ 39 mètres; le diamètre de la colonne de près de 4 mètres IÏ'', Par ses formes e 5nérales, la colonne ei`rajane (fig. 1788 et 1789) se rapporte d l 'ordre toscan Mus qu'à l'ordre doris que. Elle repose sur un piédestal dont la base et la corniche sont ornées avec une extrême richesse; des feuilla,ges fine ` d'"cou p~ pés, des t,i . des, des nattes, des perles, des oves et des rais-de-coeur en couvrent ia surface. Dans ce soubasse ment est percée une porte surmontée dune tablette dé COL --1352 COL di°aloire qu'accompagnent des 'Victoires ailées. Deux zones de bas-reliefs forment le dé, ou partie moyenne du sta1 ; on y voit représentées les dépouilles des vaincus; lances, haches, flèches, arcs, carquois, casques et boucliers y sont enchevêtrés avec art et comme disposés en trophées. La corniche du piédestal est surmontée d'un cavet renversé sur lequel se détache une guirlande de feuilles de chêne, La base de la colonne se compose d'une plinthe carrée dont les angles sont cantonnés par des aigles qui semblent tenir dans leurs serres les extrémités de la guirlande de chêne du cavet. Au-dessus de cette plinthe est un tore orné de feuillages imbriqués. Sur le fût de la colonne, et de bas en haut, se développent en bas-reliefs, disposés en zone spirale, les principaux épisodes des expéditions de Trajan. Près de 2500 figures entrent dans cette représentation sculpturale. Au-dessus de la base et sous le chapiteau, le fût porte l'amorce de vingt-quatre cannelures. Un rang de perles, une échine formée d'oves et un abaque quadrangulaire constituent le chapiteau de la colonne. Au-dessus de l'abaque une balustrade de bronze entoure l'acrotère qui servait de support à la statue de Trajan. Cette sorte de piédestal qui affecte une forme cir ..,llaire est d'un moindre diamètre (lue le fût de la co lonne, il se termine par une surface hémisphérique que recouvrent des ornements en forme d'écailles. A l'intérieur la colonne Trait no est creuse; la porte ouverte dans le piédestal donne accès à un escalier à vis circulaire sur noyau plein (coetzlea) . d'où le nom de colutnna cocftlis sous lequel on la trouve designée I qui conduit à la plate-forme par laquelle se termine l'abaque du chapiteau. Cet escalier comprend cent quatrevingt-deux marches; les assises de marbre qui entrent dans la composition du monument sont au nombre de vingt-cinq. Les cendres de Trajan furent placées dans une chambre sépulcrale sous le piédestal de la colonne. La colonne Antonine, sur laquelle sont représentées les victoires que Marc-Aurèle remporta sur les Marcornans, est de tous points fort inférieure à la colonne Trajane dont au reste elle rappelle les principales dispositions 1'fi Celle de Théodose, dont la base existe encore à Constantinople, en était une imitation encore plus éloignée77'. La colonne triomphale connue sous le nom de colonne de Pompée fut élevée à Alexandrie en l'honneur de Dioclétien ; elle est d'ordre corinthien, le fût est lisse et composé de granit poli. La hauteur totale du monument atteint 30 mètres 1'8. 'D'autres colonnes, telles que celles de Cussy (Côte-d'Or), de Merten (Moselle), ornées de figures à leur base et portant un groupe sur leur chapiteau, paraissent avoir été des monuments commémoratifs de victoires 17e I:n dehors de l'emploi dont nous parlons, les Romains ont donné aux colonnes isolées les destinations et les formes les plus diverses. Nous ne pouvons songer à énumérer toutes les sortes de colonnes isolées qui étaient affectées à des usages spéciaux; il nous suffira d'appeler l'attention sur les colonnes sépulcrales [svror.CRUM], que l'on classe d'ordinaire dans la catégorie des cippes; sur les colonnes qui portaient un cadran solaire 190 normé muai] ; sur les colonnes milliaires, élevées de distance en distance sur les grands chemins [MILLIABIUM]. Auguste avait fait élever une colonne de ce genre au milieu du forum ; on la voit encore aujourd'hui au Capitole tai Représentations conventionnelles des colonnes. Les édifices qui sont parfois indiqués d'une manière sommaire sur les vases grecs ne représentent pas, d'ordinaire, tel ou tel édifice connu par les débris qui nous en restent ou par ce que nous en ont dit les anciens; ce qu'ils figurent, ce sont certains types, ce sont des genres, tels que le temple (osé;), le portique (szcà), le tombeau, (r«fo;), mais ces monuments accusent seulement les formes élémentaires qui permettent de les distinguer les uns des autres. Les deux ordres les plus anciens, le dorique et l'ionique, s'y montrent très simplifiés; la colonne est considérablement amincie, tandis que l'entablement perd la majeure partie de son élévation, tout en conservant les formes rudimentaires qui le caractérisaient. Les colonnes doriques sont surmontées de chapiteaux dont la grande saillie est souvent hors de proportion avec le fût (fig. 1790 et 1791) 882 Deux dispositions principales sont affectées aux chapiteaux ioniques; dans les uns, les volutes se relient par des courbes fléchissantes; dans les autres, elles sont adossées (fig. 1792)183; on n'observe pas cette dernière disposition sur les colonnes grecques qui existent encore, mais l'emploi en est fréquent dans l'ornementation de menus objets provenant de l'Assyrie ou d'e la Phénicie15A. Des triglyphes divisent la frise do COL 1353 COL nique, et dans la corniche ionique se dessinent presque toujours des modillons 185. Quant aux ordonnances, elles sont indiquées le plus souvent par les deux colonnes qui en forment les extrémités; dans ce cas, ces deux colonnes avec l'entablement qu'elles supportent servent de cadre à des représentations figurées. Parmi les colonnes isolées qui sont peintes sur les vases grecs, nous remarquerons la colonne statuaire que surmontent fréquemment186 des représentations de divinités (fig. 1793); la colonne zoophore, couronnée par une figure d'animal1S7; les colonnes portant 188 un trépied (fig. 1794)189; ces dernières affectent en général le caractère soit de monuments sacrés, soit de monuments choragiques. D'autres colonnes, dont la destination est le plus souvent funéraire, se terminent, à la façon des stèles, par une ou plusieurs palmettes qui forment un couronnement du plus heureux effet190 Au fût des colonnes consacrées sont généralement nouées des bandelettes (satv(at, ),rigv(crxot, xpo éeuva). II. Dans les vases grecs, les formes architectoniques ont été plutôt simplifiées que dénaturées; on peut donc obtenir en étudiant ces formes plus d'une indication utile, malgré le caractère de généralité qu'elles présentent. Par exemple, sur certains vases, des colonnes ioniques sont ornées, à la partie inférieure du fût, d'une zone de palmettes; c'est une particularité que l'on n'a pas encore rencontrée sur les colonnes des édifices existants, et qui, si elle n'était pas révélée par les peintures de ces vases, serait restée peut-être à jamais inconnue. Sur le vase célèbre d'Altamura19P, où sont représentées des scènes des Enfers (fig. 1795), on voit le palais de Pluton dont le toit est soutenu en arrière par des colonnes ioniques, en avant par des figures humaines aux formes juvéniles, debout sur de légers piliers, qu'enveloppent des feuilles d'acanthe. II en est de même des miroirs étrusques : sur un grand nombre de ces objets sont représentés des temples dont les formes varient fort peu ; quelque sommaires que soient ces représentations, il est facile cependant d'y discerner nombre de traits caractéristiques qui ne laissent pas de jeter un certain jour sur le caractère des temples de l'Étrurie fez. Contrairement à ce que l'on remarque dans les vases grecs, les médailles montrent des édifices déterminés; les temples, les arcs de triomphe, les constructions diverses qu'elles représentent sont des monuments qui ont existé et dont on connaît la destination particulière. L'édifice a nécessairement conservé quelque chose de la physionomie qu'il avait dans la réalité et, bien que les formes qui entrent dans sa composition soient fort simplifiées, les rapports qui existent entre elles paraissent établis avec des proportions d'une justesse relative. Comme dans les peintures des vases, les ordonnances sont loin de comprendre toutes les colonnes dont elles sont réellement formées; clans les temples par exemple, la partie centrale du péristyle est quelquefois privée de colonnes, afin que par l'ouverture qui est ainsi ménagée on puisse voir la statue du dieu 193. Mais, à part cette suppression, les ordonnances ne sont pas autrement altérées, et les dispositions exceptionnelles qu'elles offrent parfois sont fidèlement reproduites. C'est même avec une certaine précision que s'accusent maintes formes secondaires des membres de l'ordre : ainsi sur une médaille qui représente le dernier temple d'Éphèse, le fût de la colonne porte au tiers de sa hauteur une sorte d'astragale; l'exactitude de cette représentation a été prouvée par les découvertes de M. Wood. La médaille où se trouve cette particularité est de l'époque de Gordien 19.a. En général les membres de l'entablement des ordonnances sont indiqués sous forme d'épannelage 170 COL 1354 COL et comme contractés. Dans la corniche ionique les modillons sont fréquemment indiqués par une suite de petits disques''. A l'article CAPITUUyi, nous avons fait connaître les formes conventionnelles des chapiteaux; nous devons ajouter que dans quelques exemples ces formes sont plus nettement représentées ; une médaille de Corinthe offre la partie supérieure d'une colonne dorique que surmonte un ri. 1795 groupe d'animaux ; le fût cannelé de cette colonne porte un chapiteau dont l'échine et l'abaque reproduisent avec une certaine fidélité le profil distinctif de l'ordre (fig. 1796)i''. Nous avons peu de remarques à faire au sujet des ordonnances qui entrent parfois dans la composition des bas-reliefs à figures. Dans ces sortes de représentations, les colonnes n'ont en général rien de conventionnel; elles accusent au contraire les formes et les proportions canoniques. Il y a intérêt à en étudier les dispositions. Les basreliefs ont fait connaître certaines particularités curieuses qui caractérisaient l'entre-colonnement des temples monoptères. En ce qui regarde les colonnes que l'on observe dans les peintures, nous constaterons qu'elles y sont traitées de deux façons : elles reproduisent des formes réelles, comme dans certaines fresques du Palatin 197, ou des formes toutes de fantaisie comme dans nombre de peintu res campaniennes, «où sont changées toutes les relations et proportions ordinaires, où tous les membres sont dé tournés de leur emploi naturel et engagés dans des com binaisons qu'il serait impossible de réaliser (fig. 17(f7)'"® » Les modernes ont donné à ce genre de formes le nom d'arabesques. Vitruve s'indigne contre ces peintures qui étaient fort à la mode de son temps. « Ce sont là, ditil, des choses qui ne sont pas, qui ne peuvent être, qui n'ont jamais été Quelle apparence, en effet, que des roseaux soutiennent un toit, qu'un candélabre porte des édifices, que les ornements de leur faîte, c'est-à-dire des tiges si faibles et si flexibles, portent des figures assises ou que des racines et des tiges produisent des fleurs et des demi-figures»'"? Mais, quoi qu'en dise Vitruve, on doit convenir que ce genre d'ornementation est d'un excellent effet sur les murs des maisons de Pompéi. Après avoir défini et décrit les différents ordres, il nous resterait à en indiquer les origines si nous voulions épuiser notre su jet, mais cette question, encore contro versée aujourd'hui, n'est pas de nature à être traitée en quelques lignes; aussi, nous nous bornerons à rappeler certains aperçus auxquels elle a donné lieu. On tire peu de lumière des légendes qui, pendant l'antiquité même, avaient cours sur ce sujet Vitruve dit que l'ordre dorique a été établi suivant les proportions du corps de l'homme et l'ordre ionique suivant les proportions du corps de la femme70; c'est simplement faire allusion à la fermeté de I'un des ordres et à la gràce de l'autre. Une seconde version soutenue par des raisons plus spécieuses a été encore imaginée par les anciens l'ordre dorique reproduirait fidèlement les formes des édifices primitifs que l'on construisait en bois. « Toutes ces différentes pièces de bois, les architectes dans l'édification des temples en pierre en ont reproduit la disposition par des ornements sculptés et ont cru devoir en conserver l'invention 201. » Ainsi s'exprime Vitruve lorsqu'il veut expliquer par cette hypothèse la forme et la fonction de plusieurs des membres qui composent l'ordre dorique. Quoique la théorie de Vitruve contienne peut-être une part de vérité, on ne saurait l'accepter sans de formelles réserves. L'imitation des formes du bois sur des édifices de pierre n'est pas sans exemples dans l'antiquité, mais cette imitation, lorsqu'elle existe, est si apparente qu'elle ne peut laisser aucun doute dans l'esprit. Les modes suivant lesquels on assemble les matériaux ligneux diffèrent entièrement de ceux dont on fait usage pour réunir les matériaux lapidaires, et il en résulte des systèmes de construction complètement opposés. Aussi, lorsqu'ils ont élevé des tombeaux de pierre en employant les formes qui sont propres au bois, les Lyciens ont-ils taillé ces tombeaux dans des blocs monolithes. Ii n'y a donc, dans ce cas, ni assemblage ni réunion de matériaux. Mais telle n'est pas la condition des ordres grecs; ils sont construits suivant un mode qui, d'une manière générale, ne permet pas de substituer aux formes qui sont propres à la pierre celles qui conviennent au bois. C'est seulement dans des membres secondaires que l'on pour ' rait opérer une telle substitution, comme par exemple pour les modillons de la corniche ionique. Il est possible qu'il en ait été ainsi: dans tous les cas, cela ne confirmerait quo dans une bien faible mesure la théorie, si souvent présentée, de l'imitation absolue du bois dans les ordres grecs. Les hypothèses dont nous avons parlé jusqu'ici fendent à montrer les ordres comme s'ils avaient été produits d'un seul jet. On peut affirmer aujourd'hui qu'il en a été autrement. Longtemps avant la formation des ordres, l'architecture orientale avait atteint un haut degré de développement; les Grecs connurent de bonne heure certaines formes de cette architecture ; les unes, en effet, se répandirent, de proche en proche, de l'Assyr-ie dans l'Asie Mineure, puis de là dans l'Ilellade ; les autres pénétrèrent dans cette dernière contrée au moyen des menus objets dont les Phéniciens faisaient le trafic. Plusieurs de ces objets pouvaient provenir directement des bords du Nil ou de ceux de l'Euphrate; d'autres, en plus grand nombre, avaient été fabriqués dans les ateliers de Tyr et de Sidon; mais, de toute manière, c'étaient toujours les Chaldéens et les Égyptiens qui avaient fourni le principe et l'esprit des formes ornementales qu'affectaient ces objets; car, on le sait, l'art de la Phénicie ne fut qu'une contrefaçon de celui de ces deux peuples. De la sorte furent transmises aux Grecs nombre de formes étrangères dont ils surent tirer parti. Dans quelle mesure le firentils? C'est ce que. faute d'espace, nous ne pouvons examiner ici. Disons seulement que la volute ionique, ainsi que certains ornements de l'entablement des ordres, sont originaires de la Chaldée. Mais, qu'on le remarque bien, l'ar COL 13'à°5 COM chitecture grecque a moins imité les formes et les dispositions de l'architecture orientale qu'elle ne se les est assimilées. On peut considérer, par exemple, les ordonnances périptères comme une conception vraiment originale; de plus, le système de proportions canoniques d'après lequel les ordres sont établis a été créé de toutes pièces par les Hellènes, et nul peuple ne peut leur en disputer l'invention. CHARLES CHIPIEZ. COLUMNARIUM. -On entendait par coluulnariurn un impôt sur les colonnes, qui existait à Rome au temps de Cicéron', et particulièrement en province C'est ainsi que Scipion, gouverneur de Syrie, quittant cette province polir occuper l'Asie dans l'intérêt de Pompée, accabla les Asiatiques d'impôts de toute nature, ou plutôt de réquisitions de guerre, frumentuin, milites, colmnnaria, ostiaria, etc. On ne trouve plus de mention du columnarium sous l'empire. G. HUMBERT.