Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

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COMA. --Go-les. Chez les(+recs l'histoire de la coiffure lxô,aq, yaicr;, Opi; peut se diviser en deux grandes périodes: Pavant lesguerresmediques,2°aprèslesguerres médiques. 1. Dans la première période, on remarquera dans la coiffure des Grecs, comme dans leur costume, dans leurs armes, dans tous les produits de leur commerce et de leur industrie, l'influence directe de l'Orient. Les Grecs, sans doute par l'entremise des navigateurs phéniciens, ont reçu les traditions des civilisations asiatiques et s'y conforment docilement. Les grandes robes de lin et les longues chevelures, qui distinguaient chez eux les principaux citoyens'. devaient leur donner un aspect assez semblable à celui des dignitaires égyptiens ou assyriens. Les épithètes homériques prêtent à tous les dieux ou héros une longue chevelure. Celle de Jupiter est abondante et parfumée d'ambroisie'; celle d'Apollon n'a jamais été touchée par le ciseau (axepeexéuré)3. Les déesses ont de belles coiffures épaisse chevelure (xapr,xou,2wvraç) 6, qui tombe sur le dos c Les poètes lyriques et tragiques prêtent ce genre de beauté à tous les héros mythologiques, Jason, Thésée, Oreste, etc. 9. La calvitie est notée chez Thersite9 comme un trait de ridicule. Toutes ces expressions tin peu vagues ne nous renseignent que sur la longueur de la chevelure. Sur l'arrangement même des cheveux nous ne saurions rien sans les monuments, et ceux-ci ne nous permettent pas de remonter aussi loin que l'époque homérique. Cependant la transition avec les coiffures égyptiennes et assyriennes est bien indiquée par les têtes chypriotes 16. Elles nous permettent déjà de saisir les deux caractères principaux de la coiffure archaïque : la coiffure des hommes et des femmes est longue et ne diffère pas beaucoup d'aspect ; toutes deux recherchent des arrangements symétriques et très réguliers. Le plus ancien monument grec qui reproduise quelques détails de la coiffure est, croyons-nous, une tête en ivoire servant d'applique, qui représente un personnage coiffé d'une tiare ; elle a été trouvée dans un tombeau de Spata avec d'autres objets semblables pour le style à ceux de la Troade, de lalysos et de Mycènes. La coiffure donne à cette tête un profil tout à fait oriental Si. Le caractère asiatique n'est pas moins marqué dans des ornements d'or, trouvés à Mégare, actuellement au Louvre, où ont été figurées par le repoussé des têtes humaines coiffées de longs cheveux retombant des deux côtés en larges ondes étagées (fig. 1798). Tout à fait semblables sont les coiffures qu'on peut observer sur des bijoux trouvés dans les fouilles de Camiros, dans l'île de Rhodes (voy. p. 789), appartenant comme les précédents au musée du Louvre. Dans la Grèce COM 1356 COM mémo, la statue d'Apollon trouvée à Ténée présente encore un pareil type 1'. Un bas-relief archaïque de Samothrace donne le même aspect aux coiffures d'Agamemnon assis et de ses deux hérauts (voy. p. 129, fig. 171). On retrouve encore, dans un bas-relief de l'ancienne école attique représentant un discobole 13 (fig. 1799), Ies ondes de la chevelure exprimées par le même procédé. Elles le sont aussi par la peinture sur des vases très anciens (voy. p. 667, fig. 782). Dans ces exemples, les sillons transversaux de la chevelure sont si marqués que l'on a pu croire qu'ils étaient creusés avec l'intention de montrer des ondulations artificiellement préparées. M. Helbig t4, rapprochant des monuments les expressions dont se sert Homère, en parlant de la coiffure d'Euphorbe 15, a même conclu que ces plis si visibles devaient être produits par la pression sur les cheveux de spirales d'or, d'argent ou de bronze, telles qu'on en a trouvé dans les sépultures en Troade, en Grèce et en Italie, auprès de la tête des morts : ce seraient les xpSaeot SesDxoi dont parle un ancien poète 18, et qui pour M. Helbig ne diffèrent pas des T€TTtyéç ou cigales d'or, qui furent en usage à Athènes, comme un reste du costume ionique, jusqu'à la fin du vie siècle 17. Une tête archaïque, publiée ultérieurement, semble justifier pleinement l'opinion émise par M. Helbig le L'épithète homérique (xa),Àrr,),ôxuy.oç) appliquée aux déesses trouve un heureux commentaire (fig. 1800) dans la plus ancienne statue signée que l'on connaisse, l'Artémis ailée de blikkiadès et d'Archermos, trouvée à Délos19: c'est une oeuvre de la fin du vil' siècle ou du commencement du vie. On y voit que les longues boucles, tombant autour de la tête et sur les épaules, et les enroulements ne sont pas dus au mouvement naturel des cheveux, mais à un arrangement artificiel et assez compliqué, qui suppose l'emploi de la frisure. Les coiffures des dieux ne sont pas moins laborieusement édifiées, comme nous le voyons par les figures de l'Apollon de Théra et de celui d'Orchomène 21, où se retrouvent les mêmes enroulements symétriquement disposés sur le front, la masse des cheveux rejetée en arrière en longues boucles, exprimées dans la sculpture par des traits parallèles creusés dans le marbre en sens vertical et horizontal. Ces coiffures recherchées ne sont pas propres seulement aux dieux et aux déesses: on les retrouve dans les plus anciens ouvrages de la sculpture où des hommes et des femmes ont été figurés, et longtemps après sur les vases peints. Les cheveux sont toujours longs et les différentes modes suivies dans leur disposition sont communes aux deux sexes 22. Tantôt ils flottent librement, divisés en mèches bouclées qui tombent toutes droites dans le dos ou sont ramenées en partie de chaque côté sur la poitrine (fig. 1801) fl3; tantôt ils sont qui forme au-dessus du front plusieurs rangs de petites boucles roulées avec symétrie. C'est souvent ce bandeau qui sert à tenir les cheveux relevés derrière la tête, tantôt, comme ici, bien apparent, tantôt caché par la coiffure. Dans la figure 1805, d'après une statue en bronze d'Apollon au musée du Louvre '1, on ne l'aperçoit que sur le côté : ,,dîs tîî COM 1357 -COM rejetés en arrière en une seule masse épaisse formant un noeud à son extrémité n, ou que tient réunie à cet endroit un ruban fortement serré, comme celui qu'on voit dans le fragment de bas-relief déjà cité où est représenté un discobole (fig. 1799); ou bien encore les cheveux descendent sans être ramassés derrière la tête, et ce sont des cordons croisés qui les maintiennent, comme on le voit à l'Apollon d'Orchomène 26 et à une figure ici reproduite (fig. 1802), d'un travail plus avancé, trouvée à Délos 26. Les boucles de cette dernière sont mieux détachées; des trous dans le marbre montrent que des appliques de métal devaient compléter l'ornementation. Le détail de la coiffure est intéressant à étudier sur une tête archaïque de marbre trouvée à Athènes (fig. 1803) ". Les cheveux ondulés et frisés sont plaqués en petites boucles très régulières sur toute la tête, ceinte d'une couronne de feuillage; celles qui couvrent le front et descendent sur les tempes forment une série d'accrochecoeur qui attestent des soins patients et coquets. Les cheveux sont plus courts dans cette sculpture, qui peut être du milieu du Aue siècle av. J.-C., que dans les autres ouvrages du même temps, peut-être parce qu'elle représente un athlète 28. Quand on voulait empêcher les cheveux de tomber dans le dos de toute leur longueur, ordinairement on les enroulait et on les relevait surla nuque. La figure 1804 reproduit une tête archaïque de bronze, trouvée dans les fouillesd'Olympie":les cheveux, qui descendent jusque sur les épaules, sont serrés par un double lien : outre le ruban noué autour des cheveux repliés à leur extrémité, un second, placé plus haut, entoure toute la masse d'où se détachent à droite et à gauche près de l'oreille " trois mèches (71aptéTlïuç) qui vont retomber en avant, comme dans la figure 1801. Le bandeau qui entoure le sommet de la tête sépare de la partie postérieure de la chevelure celle qui est dirigée en avant et il se perd, par devant, dans l'épaisseur des boucles du front et, par derrière, les cheveux relevés le recouvrent en s'étalant; le chignon qui tombe sur le cou est terminé par une rosette. D'autres fois les cheveux s'enroulaient autour d'une longue épingle xepôvr [aces], dont la place est encore visible (fig. 1806) dans la coiffure d'un Apollon qui occupe le centre du fronton ouest d'Olympie 32. Nous savons par Thucydide 3' que, peu de temps avant la guerre médique, les vieillards pore ient encore une coiffure de ce genre, appelée xpwéuà.oç et xôpµïoç, et que l'épingle d'or destinée à retenir leurs cheveux avait la forme d'une cigale /' Pont dit aussi "' que cet usage dura jusqu'aux guerres médiques, et l'on voit par une plaisanterie d'Aristophane " que ses contemporains en avaient gardé le souvenir. Pour quelques ar chéologues 36, cette coiffure serait celle gn'on rencontre si fréquemment, qui consiste à ramasser en chignon la masse des cheveux et à la ramener en haut, quelquefois jusqu'au sommet de la tête : on en voit (fig. 1807) la disposition ordinaire 37. Une des raisons d'y reconnaître l'ancienne coiffure nationale est le grand nombre même de représentations qui en existent dans les oeuvres de style ancien. Il semble, en effet, qu'une coiffure si généralement portée ne peut manquer d'avoir été figurée très souvent; toutefois celle qu'on Pin' 1897. r7phehe sur mi voit ne répond pas entièrement aux indications fournies par les écrivains anciens et par leurs commentateurs. D'après certaines descriptions 38, les cheveux, relevés sur le sommet de la tête, devraient se terminer par un noeud ou une touffe fixée au-dessus du front. La coiffure dans laquelle jadis on s'accordait généralement à voir 39 le xpéeéuaoç, et qui est celle d'un grand 1 COI -1358 COM nombre de figures d'Apollon, de Diane, de Vénus, se rapporterait mieux en ce cas aux renseignements des auteurs ; il est vrai que ces figures sont d'un temps plus récent; mais il n'est pas impossible que l'on ait conservé, dans certaines représentations de divinités, une coiffure depuis longtemps hors du commun usage. Nous ajouterons que, à considérer d'autres sculptures et surtout les peintures des vases, il semble qu'il y ait eu une période de transition dans la coiffure des hommes et qu'ils aient essayé plusieurs manières de porter plus commodément une longue chevelure, avant de la trancher tout à fait. Dans la figure précédente, elle est enroulée autour d'un bandeau; quelques mèches pendent ordinairement sur les tempes auprès des oreilles (75apeuTLGEÿ) Æ° ; une tresse de cheveux ou une double tresse (oi dpa, teroaerc-ipa) entourant la tête, tient lieu d'autres fois du bandeau 42, ou l'accompagne, comme dans la figure 1808, tirée de la belle coupe du musée de Berlin, signée du nom d'Euphronios "3. Dans cette peinture et dans d'autres du même temps 41, on peut remarquer que les cheveux sont ramenés de l'occiput vers le front et les tempes, qu'ils couvrent de bouclettes frisées : ce n'est qu'une légère transformation de la coiffure archaïque à plusieurs rangs de boucles disposées en diadème, dont on a vu plus haut des exemples. Peut-être est-ce celle qu'on appelait ttpéxosss45. II. Au début de la seconde période, le caractère particulier aux anciennes coiffures commence à disparaître. Une réforme complète s'effectue en assez peu de temps ; la coiffure des hommes est courte et toute différente de celle des femmes : on renonce aux arrangements symétriques. A Athènes les hommes ne portent plus les cheveux longs que pendant leur enfance. On coupe les cheveux aux enfants arrivés à l'âge d'éphèbe. Cette cérémonie avait lieu le troisième jour de la fête des Apaturia, nommée à cause de l'opération était précédée d'une Iibation à Hercule appelée oivtairpta 4T. Les cheveux coupés étaient consacrés à Artémis 4a ou à Apollon ; les légendes de la vie de Thésée placent pour ce héros le lieu de la dédicace tantôt à Delphes et tantôt à Délos". On les consacrait souvent aussi à un fleuve 50. Pareille offrande était faite quelquefois même par de jeunes enfants 51; mais en général, dans les monuments, on voit aux enfants des cheveux bouclés tombant jusque sur le cou, quelquefois avec une touffe de cheveux se dressant sur le front o2 ou une longue mèche tressée et ramenée en arrière, qui part du front et couvre le sommet de la tête (fig. 1809, 1810). L'Amour a été souvent ainsi figuré 63 C'est peut-être cette tresse que le scholiaste de Thucydide 5f désigne, sous le nom de axoprhoç (scorpion), comme étant propre aux enfants, à côté du apoi6uXoç et du xdpuu6oç, noms qui s'appliqueraient plus particulièrement, selon lui, le premier à la manière adoptée par les hommes de relever les cheveux sur le sommet de la tête, le second à la même coiffure chez les femmes. On désignant la partie des cheveux qui était entretenue jusqu'au moment où elle devait être offerte à une divinité. Arrivés à l'âge adulte, les hommes sont représentés avec une chevelure courte sans être rase, s'ils sont encore de ceux qui fréquentent le gymnase et la palestre 56 : c'est la coiffure d'Hermès [MimcuRlus], qui préside à leurs exercices et qui est leur modèle accompli, et plus tard, avec les cheveux d'une longueur moyenne, tombant sur le cou sans atteindre aux épaules. Nous emprunterons encore nos exemples aux sculptures d'Olympie. Dans la figure 1811, qui représente un jeune Lapithe 07, comme dans la figure 4812, qui montre la tête d'un homme plus âgé", les cheveux sont bouclés sans aucun arrangement artificiel. On regardait évidemment comme une beauté cette disposition naturelle des cheveux, car dans la plastique les dieux, les héros, les athlètes, sont le plus souvent 1 Cor -1350_._ COL celui qu'employaient les Grecs. Ce ne sont plus, comme dans les temples de cette contrée, des colonnes d'un même ordre placées les unes sur les autres, et le fût des colonnes supérieures n'est pas le simple prolongement du fût des colonnes inférieures. A Rome, quand elles sont superposées, les ordonnances sont constituées au moyen d'un ordre complet; de plus, les divers rangs d'ordonnance sont d'ordres différents. A la partie inférieure de l'édifice, c'est L'ordre dorique; l'ordre ionique le surmonte 1", puis, sur ce dernier ordre repose l'ordre corinthien, lequel supporte parfois, comme au Colisée, une ordonnance de pilastres dont les chapiteaux sont ornés de feuilles d'acanthe 166. Quoique les ordonnances romaines, ainsi superposées, produisent un très grand effet, on est obligé de reconnaître que le mode suivant lequel elles sont réunies est en opposition avec le principe même des ordres. Chez les Grecs, l'entablement de l'ordre est un membre de construction, c'est le couronnement de l'édifice ; comme, dans les ordonnances que les Romains superposent, chaque ordre a son entablement entier, il en résulte que les ordonnances offrent l'image d'autant d'édifices complets et achevés que l'on place les uns sur les autres. De cette manière, les colonnes ne peuvent plus être considérées que comme des divisions rhythmiques qui entrent dans la composition des lignes du monument. Particularités de l'emploi des ordres romains. Dans certaines ordonnances, où les colonnes sont adossées à un mur, comme dans la plupart des arcs de triomphe 161, l'entablement forme ce que l'on nomme un ressaut sur ces colonnes, c'est-à-dire qu'il se détache du mur pour constituer une saillie au droit des colonnes (fig. 1783). On observe même cette disposition dans des édifices où les colonnes sont seulement engagées, comme à l'amphithéâtre de Nîmes. En général les ordonnances comportent, même quand elles sont superposées, soit un piédestal ou stylobate 1n, sous chaque colonne 186, soit un soubassement continu (stéréobate) In, Il existe des colonnes corinthiennes dont le fût est entouré de feuilles d'acanthe à sa partie inférieure. On trouve un exemple de ce genre de colonnes dans l'édifice auquel on a donné le nom de Baptistère de Constantin 188. Al'époque de la décadence de l'art les cannelures des colonnes affectent souvent des dispositions particulières. Parfois des baguettes, des rudentures, les remplissent jusqu'au tiers de la hauteur du fût 189, ou bien elles se développent sur le fût suivant une courbe hélicoïdale (vo/utiles columnae) f84 (fig. 1784). Parmi les fragments de colonnes antiques qui ont été publiés par Piranesi, on voit des fûts couverts de branchages et quelquefois complètement revêtus de feuilles imbriquées f81. Les ordres romains offrent encore cette particularité que, lorsque des piliers quadrangulaires remplissent la fonction de colonne, le chapiteau qui couronne ces piliers, loin d'être constitué, comme celui des ordres grecs, au moyen de formes spéciales, reproduit au contraire des dispositions semblables à celles du chapiteau des colonnes 16a. Était-ce à ce genre de piliers que l'on donnait le nom d'attique? Rien ne le fait supposer ; PIine dit seul lement que l'on nommait ainsi certains supports dont les faces étaient égales16s Si l'on considère les ordres romains sous le rapport des matériaux dont ils sont formés, on constate que ces matériaux sont fort divers; les fûts des colonnes sont souvent composés de marbres précieux 184; parfois même CO )1 1360 COM rente de celle des Athéniens; mais il règne une assez grande incertitude à ce sujet. D'après Xénophon, la couturne qui paraît avoir été très anciennement celle de tous les Doriens78 fut de porter les cheveux longs, et selon Plutarque 1° Lycurgue en aurait fait une règle à ses concitoyens. Ils se coiffaient avec un soin particulier en temps de guerre, au moment d'aller au danger. Quand les coureurs de Xerxès arrivèrent aux Thermopyles, ils trouvèrent Léonidas et ses compagnons en train de peigner leur longue chevelure 80. Mais Hérodote 81 dit qu'après leur défaite de Thyrée (550 avant J.-C.), les Spartiates, qui portaient auparavant les cheveux courts, les laissèrent pousser. Au v' siècle, Alcibiade, au dire de Plutarque n, se fit raser la tête pour ressembler à un Spartiate. Au Ive siècle, Aristote 83 nous dit que les Lacédémoniens ont soin de leur longue chevelure, parce que c'est un signe de condition libre. Peut-être faut-il penser que les Spartiates avaient une coiffure différente en temps de paix et en temps de guerre, ou que la règle n'était ni absolue, ni la même pour tous les âges : de là viendraient les contradictions apparentes des différents textes ; mais nous ne saurions ici trancher la question. Les habitants de l'Eubée sont caractérisés par l'épithète ôate9oxéyat (qui portent les cheveux en arrière); les Thraces, par celle de âxpoxéµat (qui les relèvent sur le sommet de la tête) 84. Pour les Macédoniens, on sait que jusqu'au temps d'Alexandre le Grand ils portèrent la barbe [BARBA] et les cheveux longs. Ce serait après la bataille d'Arbelles que le roi aurait fait changer la tenue de ses soldats, ayant remarqué qu'ils donnaient trop de prise à leurs adversaires dans un combat corps à corps 8". On voit, en somme, que dans les pays grecs, pendant une longue suite de siècles, la coiffure des hommes reste à peu près la même. Il y eut sans doute des exceptions dues à la mode ou au caprice des particuliers. A Athènes, par exemple, les jeunes élégants comme Alcibiade se distinguent par une longue chevelure entretenue avec soin 86. Ce fut aussi le trait distinctif des philosophes que d'avoir une longue barbe [BARBA] et de longs cheveuxe7. Les athlètes, au contraire, les portent ordinairement très courts et quelquefois tout ras (EV xp~) Si. Pollux nous indique aussi par la variété des noms dont il se sert que l'usage ou la mode avait introduit dans la coiffure des hommes une assez grande diversité. II y avait le xr,7:oç, littéralement le « jardin u, qui était une coiffure recherchée, consistant, à ce qu'il semble, en cheveux tenus courts au milieu de la tête, frisés et relevés tout autour 89 ; le ax4tov, cheveux coupés courts autour de la tête et, comme nous dirions, « en écuelle o [sKAPmoV], qui était abandonné aux esclaves et aux gens de peu 90; la xoupâ 1CepITpéy.a),o; qui ne différait peut-être pas beaucoup de la précédente. On appelait `ExTops7a une coiffure dressée sur le front et se répandant en abondance autour du cou 9t; Orar;b une coiffure où les cheveux étaient coupés seulement sur le devant 99, etc. La coiffure des femmes, après les guerres médiques, change aussi d'aspect. Longtemps on voit se perpétuer dans les oeuvres d'art, et particulièrement sur les vases peints 93, la coiffure que nous avons signalée comme leur étant commune avec les hommes, c'est-à-dire les cheveux rejetés derrière la tête et soutenus par un bandeau, tandis que, sur le devant, plusieurs rangs de boucles frisées couvrent en grande partie le front, ce qui était considéré comme avantageux à la beauté''. Lorsque les hommes cessent de porter les cheveux longs, la coiffure des femmes est aussi moins apprêtée. Beaucoup les laissent tomber librement sur les épaules: telles sont plusieurs de celles qui font partie de la procession des Panathénées, dans la frise du Parthénon°', et l'on peut conjecturer par d'autres exemples que les cheveux étaient dans ce cas liés vers leur extrémité : ainsi le sont ceux des caryatides du temple d'Erechthée 96. On voit aussi par un grand nombre de vases du v0 et du Ive siècle, que le bout en était souvent ramassé dans une sorte de bourse (fig. 1817) 87. On trouve dans les ouvrages du même temps des exemples de cheveux relevés, enroulés en couronne autour d'une bandelette, ou maintenus par une tresse 98 ; nous en avons signalé de semblables dans la coiffure des hommes. Ailleurs ce sont des bou cles flottantes qui tombent de chaque côté, comme on le voit (fig. 1818) à la belle statue de la Paix 00 à Munich; ou bien les cheveux séparés en bandeaux unis vont se rattacher au chignon. C'est un des types les plus ordinaires; on le trouve dans les sculptures d'Olympie t00 dans celles du Parthénon 101; c'est celui des Amazones du Capitole et du Vatican 162 des Niobides 103 de la Vénus de Milo et de celle de Cnide (fig. 1819) 104, etc. Dans le 5 COM 1361 COM temps où les hommes commencèrent à tenir leurs cheveux plus courts, les femmes portèrent aussi les cheveux tombant en boucles autour du cou et atteignant à peine les épaules (fig. 1820) 163 Des bandelettes servent ordinairement à maintenir les cheveux; souvent aussi des résilles ou des sortes de mouchoirs disposés de manières très variées io6, ou bien de longues épingles, sont nécessaires pour consolider l'édifice de la coiffure que les femmes se plaisaient à porter fort élevée (fig. 1821) 107; mais nous n'entrerons ici clans aucun détail relatif aux accessoires de la chevelure [voy. EE%RV TAENIA, ACUS, etc.]. Une Simple touffe ramassée et nouée sur le sommet de la tête paraît avoir été une coiffure propre aux jeunes filles 108 (fig. 1822). Dans des monuments de toutes sortes où sont représentées Artémis 108 , la Victoire 110 Atalante 111, etc., elle est comme un attribut de la jeunesse et de la virginité. Winckelmann fait remarquer que des jeunes femmes ont été représentées ainsi coiffées le jour de leur ma riage 112. A. Sparte, les jeunes filles portaient les cheveux longs et libres; mais le jour du mariage la vup.rfeûrpta les leur rasait complètement 213 Nous ne pouvons indiquer ici que dans leurs traits généraux les différentes formes de la coiffure féminine ; il est certain que les femmes en surent varier à l'infini l'arrangement. Les ornements qui accompagnent la coiffure, sphendonés, diadèmes, couronnes, ampyx, mitres, bandelettes, sont des accessoires dont la mode usa de tout temps pour ajouter une parure à l'élégance naturelle de la chevelure. II ne faut donc pas croire que les femmes grecques se soient toujours contentées de la coiffure simple et élégante que la plastique reproduit de préférence à toutes les époques 114, c'est-à-dire les bandeaux plats et légèrement ondulés, avec un chignon artistement noué derrière la tête, ou dénoué et flottant sur les épaules (fig. 1819). Les peintures des vases, comme on l'a vu, et les figurines de terre cuite sont à cet égard beaucoup plus instructives et nous montrent (fig. 1823 à 1832) une étonnante diversité dans les coiffures de femmes 115; à l'époque grécoromaine, elles tendent même à revenir aux arrangements compliqués et indiquent un mouvement de retour aux formes orientales, que les impératrices romaines adopteront définitivement (fig. 1827 à 1832). III. Tous ces genres de coiffure, pour hommes et pour I1. femmes, nécessitent souvent le concours du coiffeur (xoo 1 71 ((0:V 1362 COM iifài,q ou la minus( ugxû,Cs5irj'Hé. t,c'uris ustensiles ordinaires eut "'in p' s (i g:vr i), 'es ciseaux à cheveux les r s jets çua'h), les miroirs (zAirozrpa), les ser viettes (P rs à friser (x aul , ai$ pA é rave) I ucien pa le des TS qulo rouf nonti 'Lou;einent chez le coiffeur pour t ,oie leur chevelure' 8 LTevvsou]. On parfumait la lie, • Mn arec des essences odoriférantes [i(Isf UENTUtii] ° ; on la peignait, on la frisait", Les teintures n'étaient pas non plus inconnues aux femmes gr-ec €lss et, dès le siècle. on savait, se faire des cheveux noirs ou blonds (;g.iArxâvetrtxt, sv~l~estI s) 1e', Les faux cheveux tGss;.rr,'i-a j citaient également en lisage; ils doivent remonter à une haute antiquité. Athénée prétend que les Iapyges, venus de Crète ei. Italie, furent les prerr.i,;ts à en porter'''. Il .'.st plus probable que cet usage est venu d'Orient, avec les autres arrangements de la coiffure, archaïque. D'après Xénophan13, .. age, grandpere de Crus, avait les o. :Fils peints et portait des maux cheveux. Elne auecdocte curieuse d'Aristote i11 sur Condalos, préfet de Mausole, roi de Carie, prouve que 'es princes orientaux avaient conservé cette habitude°'r. En Grèce nsfine, c'était une mode commune aux hommes et aux femmes12", On portait une perruque entière (guVxxr, ^trlvi«) ou bien de simples tours de cheveux (7repixslaec).aïut, xxçF ~a;., 7re.pttsrn, npoxAiiitov) 137. D'après quelques épigrammes de l'Anthologie, c'était une denrée courante qu'on achetait à. l'agora avec les mitres articles d, toilette' IV La coiffure étant l'objet de tant de soins, on devait considérer le désordre ou ta suppression file la chevelure comme l'indice d'un grave événement. Aussi est-ne un rite fort a r;ten que celui qui consiste à camper ses cheveux , n. signe do' deuil, Dans Homère''°Achille et les Myrmidons coupent leurs .'heveux sur le corps }te t'a-tr sc1e; et c'est un usage auquel il est fait allusion souvent par les auteurs16. On noierait se contenter de, couper une simple boucle i symbole du ac ;fi.se qui conrisier_-. toujours, quand une victime était iinmu.ie en réalité, l'ablation de quelques poils ch: front qui éiaient dari, Se feu Dans les cérémortîi",nabot, anse bornent souvent t, de rr., s les , mores ont lu' rheaeue cars ,ur? n•ruilas ei y Pestent ra main eut les ai. „bel ifl, pciue gréco-rorilaiue i p d'hommes se rasaient la barbe et portaient les cheveux très courts, ;ut au. contraire un signe de deuil que de laisser . ti.:e sa barbe et ses cheveux' [miCTUS]. '.rince d le chevelure était un rift. . Foire fur 'aient à se purifier d'un ,, rtre 20; Dion. Hal. Ani. rems Vil, 9; wlenand. Fragn,. 133, éd. ileineeke, p. 238; naitre quelque chose d'analogue s une perruque dans la coiffure de deux princes du Bosphore cimmérier, représentés sur un cas-relief athénien du w° .si, rie, BO,lt. 121 lie';'h. II, p. 111; Poli, IF, ï30; X, 170. .10 6nthol. Xi, 68, 310. Eaip. Alcest. 434. Plutareh. Consol. cd tonds, 4; Athen, XY, 15, p. 675; Lu Man.. De Judo, fi. 511 Soph, E._t. 90i, 1 ,;h. s. n. x .5;isulaa, Earip. . $:e, l'e s', sils; Fiente, 300 et, s, ; cf. Ale, 74 et a., n. 5p',;! ; x' ^,;. sen. Vi, C'est également sine pensée religieuse qui engageait parfois à faire un pareil sacrifice en l'honneur d'une divinité, soit pour en obtenir quelque gràee, soit pour la remercier d'un voeu exaucé. On a parlé plus haut de l'offrande faite par les jeunes gens qui arrivaient à la puberté, ou même ar de jeunes enfants. A Trézène, les jeunes gens et les jeunes filles offraient leur chevelure à Hippolyte, avant de se marierl '. A Délos, les jeunes fiancées consacraient aussi une boucle de leurs cheveux aux vierges hyperbonéennes 13i.A Mégare les mariées déposaient leurs cheveux au tombeau d'Iphinoé'0 ; à Athènes, elles les dédiaient à. Pallas 13H. A Sicyone, Pausanias vit la statue d'l1 gie couverte de cheveux de femmes [Ci On voit ici (fig. 1833) p' fit, monument trouvé à Tir 'bd' en Thessalie, .est un édicule rte marbre, où sont seulptaes entre deux pilastres deux chevelures soigneusement nattées'''. L'inscription placée au-dessus explique que Philombrotos et Aphtono os, hile de Dunomachos, ont fait cette offrande à Poséidon. La coiffure était, en outre, cher les Grecs un moyen de reconnaître les gens de corditio servile.. Les esclaves a oient fo,ijeers tes eh.-sCu l et eéfense leur était f ai tom, cl' r. I , ngs ' Il s, en eff_ ts assez dif ficile d, un homme du peuple d'un. e, Icve l'un s., . ail, 7Iénoolion, e habili.ent de même ; mais Platon fiait rv€,r qu'on rer;lonaht un esclave à deux chos==es, à sen nom et à sa coiffure 1,-2 Aristote dit qu'à Sparte un homme tient à avoir une belle chevelure, parce que c'est, un signe de liberté "'h Etresr lin dehors des Grecs fixés sur beaucoup de points c_,: littoral, les Étrusques seuls, parmi les peuples qui ont oeeup les diverses régions de l'Italie "' avant la 5'-13 -. iv3 Mon, d, p'. té, ' Ber .de.î. Gr. e -h Sica. i6, 17, 21, 2t, 39. .;; rua. Qarzest, vom. i€.nr éS Pans. ite , des 66.-l355 es,,. Hf, 3,.Cdhnach, In De?t.n. 296 et s.; Pa,se-1, 43, ,9; taus, 1. 1. -tus Stat. T2eb. n, 234 et s, .t Sehi. ; Lenormant et Lnawi motos.,. -l p1„ xrr, 2. -tr Sur tes cheveux des esclaves (is6mshsit2x, 0ft3), voy. iiuimken ad Dam_ Tex. Plat, p. 36, et Wieseler, Nette JnhrS. f;,' Philologie, 1935, p. 357 et s. -2x2 Xenoph. Bop. Ath. 1, 40; Plat, Alcib. Pt 148 et Qlpmpiod oe. an: h, _ 4Il 4, 4,5,1, Anet. 1, 9, 26; cf. Lucian. F,;git, 27, l14 Vox. cependant pour l'halle méridionale les peutures des tombeaux de n, 1477, fig. 14831; voy. aussi les peintures de quelques esses peints, anal. 1. l; e',,, -r.. 1, plxe; Gerha, d, Apt.t, Vas, 1, 2; Mus. Bart,. Pi, pL xxx,x. COM --1363 --d COM domination des Romains, ont laissé des monuments assez nombreux pour que l'on puisse grouper quelques observations au sujet de leurs coiffures. Dans les plus anciens on doit reconnaître une grande ressemblance avec les monuments archaïques de la Grèce, et comme dans ceuxci se fait sentir aussi une primitive influence asiatique. Les hommes portent (fig. 48344) les cheveux longs et flottants, étagés, dans certaines figures 14ti, par un travail conventionnel, pareil à celui qu'on a signalé plus haut dans les premières oeuvres helléniques (p. 13)5, 1356;; plus souvent des sillons régulièrement creusés (fig. 4835) expriment le mouvement des mèches ramenées du front vers la nuque 1". Les détails de la coiffure des femmes sont indiqués avec plus de soin dans quelques figures très anciennes; celles-ci s'éloignent aussi davantage des modèles primitifs de la Grèce. Celle qu'on voit (fig. 1836) surmonte le couvercle d'une urne cinéraire de terre noire de Chiusi 147, où elle est entourée de deux rangs de figures beaucoup plus petites, coiffées de la même manière. Les cheveux forment en avant deux bandeaux, qui tombent en s'enroulant de chaque côté du visage, et par derrière, ils tombent en une seule ruasse, bordée de deux tresses; au bas des épaules, ils s'insèrent clans une sorte de four reau terminé par un ornement qui descend jusqu'aux pieds. On petit observer le même arrangement des tresses dans une figurine de terre cuite de Vttlci 148 D'autres provenant de Cervetri, conservées au musée étrusque du Vatican 149, montrent (fig. 4837) par devant à peu près la même disposition que dans la. figure 1836, et par derrière toute la chevelure est réunie en tale tresse ou une double tresse descendant jusqu'à terre. 11 est intéressant de rapprocher de cos figures celles qu'on voit sculptées sur un morceau d'ivoire représentant des femmes coiffées de longues tresses semblables, parmi des sujets variés dans lesquels on ne peut méconnaître une origine orientale; ce morceau a été trouvé à. peu de distance de Chiusi 1"5. Nous reproduisons encore ici (fig. 1838) une statuette en pierre, de Vulci 1'1, dont les cheveux nattés couvrent le dos et sont réunis à Ieur extrémité par un lien fortement serré; deux tresses sont ramenées de chaque côté sur la poitrine; de petites boucles frisées couvrent le front. Un buste en bronze de même provenance 1", et non moins ancien, présente une disposition différente , les cheveux séparés en bandeaux tombent en boucles sur les épaules. Les coiffures qu'on peut observer dans les ouvrages COM ® 1364 -® COM d'un temps postérieur où l'art étrusque est arrivé à sa plus complète originalité, ne diffèrent pas beaucoup de celles qu'on vient de voir. Nous citerons le sarcophage en terre cuite trouvé à Cervetri Y6' et les grandes briques peintes (voy. fig. 783, p. 663), de même provenance", que possède le musée du Louvre. Les personnages qu'on y voit figurés ont les cheveux longs, tombant sur les épaules en une masse abondante, divisée, quand les détails sont indiqués avec plus de précision, en un grand nombre de mèches. Sur le front, on peut remarquer, dans quelques figures, cette touffe de boucles plus petites dont les ouvrages de l'art grec ancien nous ont of fert tant d'exemples; dans celle de l'homme couché sur le sarcophage de Cervetri (fig. 1839), les cheveux se séparent et sont relevés à cet endroit en deux bandeaux. Les cheveux de la femme sont en partie cachés par le haut bonnet conique si souvent représenté dans les monuments étrusques et dans lequel on croit reconnaître le TUTuLcS; deux mèches détachées de chaque côté sont ramenées sur la poitrine 166. A mesure que l'influence de l'art grec devient prédominante en Italie, au ve siècle, les monuments de tout genre en portent la trace. On n'est pas surpris de voir dans des scènes empruntées à la mythologie et aux légendes héroïques de la Grèce, les personnages représentés avec les mêmes coiffures qu'ils ont dans les ouvrages helléniques; celles mêmes où se reflètent les croyances ou les usages de l'Étrurie présentent le mélange des types nationaux avec Ies caractères de l'art étranger dont on copiait les modèles. Les cheveux des hommes, en conservant les dispositions dont on vient de donner des exemples, se raccourcissent graduellement. C'est ce qu'on peut observer en examinant les peintures des tombeaux de Corneto, d'Orvieto, de Vulci, de Chiusi. Nous citerons particulièrement, dans ce dernier endroit, la tombe dite de Françoislofi, où sont représentés des jeux funèbres, et celle de Casuccini 167, où, dans un sujet analogue, la transformation est de plus en plus marquée ; et. à Vulci, celle qui porte aussi le nom de François 155, où, à côté de scènes empruntées à l'Iliade, dans Iesquelles sont inscrits les noms d'Achille, d'Ajax, de Nestor, de Cassandre, etc., on en voit d'autres purement nationales, comme la délivrance de Caelès Vibenna par 31astarna, scène qui nous fait toucher à l'histoire des rois de Rome : c'est la tête du premier de ces personnages que l'on voit (fig. 1840). Les cheveux couvrent la nuque et ne descendent pas jusqu'aux épaules ; ils paraissent incultes. Les héros grecs, les captifs troyens immolés aux mânes de Patrocle, ne sont pas représentés différemment dans ces peintures, à l'exception d'Agamemnon, d'Achille,de Phoenix, qui ont les cheveux longs et bouclés. La même tendance à se rapprocher des types de l'art hellénique se fait sentir dans les coiffures des femmes. Quand elles rainassent les cheveux en chignon, ou les maintiennent par des bandelettes ou d'autres ajustements, au lieu de les laisser tomber librement derrière la tête, elles conservent volontiers des deux côtés du visage quelques boucles en grappe (fig. 1844)169. Le goût pour les nattes semble aussi s'être perpétué après que l'on a cessé de laisser pendre les tresses. La coiffure consiste même parfois en un grand nombre de tresses ramenées sur le sommet de la tête 160. On voit aussi (fig. 1842) des tresses disposées en bandeaux couvrant une partie de la Fig. 1841. joue et rattachées derrière l'oreille Coiffure étrusque. au bandeau qui maintient la chevelure 1fii Sur un sarcophage de Vulci 1" est figurée une femme couchée dont une tresse entoure deux fois la tête. Cette figure est certainement un portrait, de même que celle de l'homme placé sur le même lit ; celui-ci a les cheveux courts, à la manière des Romains du temps de la République. Dans les bas-reliefs qui ornent les faces du même monument,l'imitation de l'art grec du veet du Ive siècle est visible jusque dans les coiffures, quoique les sujets et beaucoup des détails qui les caractérisent appartiennent en propre à l'Italie, Les miroirs, les cistes, les urnes cinéraires en terre ou en albâtre, qui fournissent d'ailleurs des renseignements abondants pour la dernière période florissante de l'art étrusque, n'en donnent que de très peu sûrs pour les particularités du costume en général : ils doivent trop à l'imitation des Grecs. Les coiffures des personnages qui y sont représentés n'ont quelquefois une originalité apparente que grâce à ce qu'il y a de conventionnel dans le travail ou à l'inhabileté de l'artiste. On ne voit que rarement sur les miroirs 103 les cheveux séparés en bandeaux, noués au-dessus du front ou ramassés en chignon, comme les portaient si communément les femmes grecques dans le même temps : on y rencontre de préférence, pour les hommes comme pour les femmes, les coiffures plus an COM 1365 COM ciennes de la Grèce, flottantes et bouclées ; on retrouve aussi les cheveux réunis en une seule touffe et liés sur le sommet de la tête dans quelques figures de femmes, d'adolescents, de génies, dans celles de l'Amour en particulier. L'exemple que l'on voit ici (fig. 1843) est tiré d'une des cistes Barberini 16 Comme chez les Grecs et chez les Romains, la coutume paraît avoir aussi été observée chez les Étrus ques de garder une partie de la che velure intacte jusqu'à l'âge adulte; au moins voit-on des figures d'enFig.1843. Enfant étrusque. fants ,étrusques par le style et par les inscriptions, qui y sont gravées 166 portant sur le front une longue mèche nouée ou nattée (fig. 1844), comme on en a vu plus haut des exemples. Rome. -1. Chez les Romains, plusieurs mots servaient à désigner la chevelure coma, capilli, s'employaient d'une façon générale pour toute espèce de cheveux, longs ou courts, frisés ou plats; coma plus particulièrement pour les cheveux non coupés 16G; caesaries se disait d'une belle et abondante cheve pliqué même à la barbe avec l'idée de richesse et de beauté 168. Enfin crines, employé le plus souvent dans une acception générale, désigne plus précisément des mèches séparées naturellement ou artificiellement 169 par la coiffure. Les Romains paraissent avoir longtemps ignoré tout raffinement dans la coiffure. Pour caractériser le vieux temps et la rude simplicité des ancêtres, Horace et Juvénal se servent des mots incompti capilli 170, capillatus 171, etc., et nous savons qu'à l'époque de Varron et de Cicéron, il existait encore des statues remontant aux premiers siècles de la république et représentant des personnages avec tous leurs cheveux 172. Aussi, lorsque sous Auguste on voulut frapper des deniers à l'effigie de Romulus, C, Memmius, chargé de surveiller la fabrication de la monnaie, ne manqua-t-il pas de représenter (fig. 1845) le fondateur de Rome avec une longue chevelure descendant sur le cou 173. En l'an 454 de Rome seulement, s'il faut en croire la tradition, Ticinius Mena introduisit à Rome des barbiers, venus de Sicile 374. Beaucoup de citoyens se dépouillèrent alors de leur chevelure, en même temps que de leur barbe (BARBA, et cet usage devint bientôt si général, que les longs cheveux ne furent plus guère que l'indice extérieur d'un grand chagrin ou d'une profonde humiliation. T. Livius, disgracié et condamné par. le peuple, avait laissé croître ses cheveux. Quand il fut réélu consul, les censeurs exigèrent qu'il se rasât la tête avant de ps "abre au sénat (an 544 de R.)17', Il est vrai qu'à la même époque (516) Scipion l'Africain portait encore une abondante chevelore(promissacaesaries;) mais il ne la conserva que pendant son expédition d'Afrique, pour ajouter encore, dit Tite-Live, à la majesté de son visage, et se rendre plus imposant aux ennemis de Home Revenu en Italie, il se conforma aux usages établis et se fit raser la tête ; c'est ainsi que le représente son buste (fig. 1846) conservé au musée de Naples 177. A partir de cette époque, les Romains, tenant un juste milieu entre la chevelure inculte des ancêtres et les cheveux complètement rasés, commencèrent à porter la coiffure que nous montrent les bustes et les monnaies des principaux personnages de la république, tels que Marius 478 , Sylla 17.9 , Cicéron 180 , Hortensius 161, Pompée 182, César 163, Brutus 186, Agrippa 185, etc., les cheveux ordinairement courts, tantôt plats, tantôt crépus (crispas, crispatus), ou naturellement ondulés (capillo imiter in/lexo), mais sans frisure artificielle et ne couvrant ni le front ni le cou. C'est le portrait d'un de ces Romains fidèles observateurs des anciennes moeurs que l'on voit (fig. 1847) réuni à celui de sa femme dans le groupe du Vatican vulgairement désigné sous les noms de Caton et Porcia 166 Cependant les raffinés et Ies mondains ne s'en tinrent pas là dans les derniers siècles de la république. Forcés par l'usage de porter les cheveux courts, ils se déd.omma COM 1366 COM gèrent en imagluant une foule de raffinements, entre autres l'usage rie se faire friser les cheveux, à l'aide d'un f baud catit srnusli "7. C'était là, pour les gens sérieux, un indice certain de moeurs efféminées. On sait avec quel mépris Cicéron traite les amis et les complices de Catilina, jette tourbe de jeunes patriciens corrompus, débauchés, séditieux, capables de tous les crimes, mais élégants, aimables et fort soigneux de leur chevelure toujours bien peignée, luisante de parfums, assouplie en boucles par le fer à friser (peso capillo nitidos, unguentis affluons, au/amis/rata ruina, madentes cirecinnorum finl8riac, etc.1R5), A cette époque les tonsures avaient fort à faire. Ovide nous peint les élégants de Rome donnant à leurs cheveux, à l'aide du fer, une disposition savante 139; Quintilien dit qu'ils en étageaient les boucles (in gradus atque an0ulos) 190 ; Sénèque nous les montre passant la journée chez le coiffeur, délibérant pendant des heures sur la position d'une boucle, ei aimant mieux voir le désordre dans la république que dans leur chevelure 131. Dans le même temps (mais ce luxe dura autant que l'empire), les riches personnages avaient à leur service de jeunes garçons remarquables par leur beauté et particulièrement par leur coiffure toujours arrangée, parfumée, frisée avec le plus grand soin ( pueri capillati 197 conzati 127 calantislrati 12 i, vin Cinnal2Lli SOS) (fig. 18418), et les poètes chantaient les boucles ondoyantes des Earinus, des Encolptrs, devenus les favoris de leurs mrtitres los Les premiers Césars portèrent une coiffure très simple, semblable à celle des Romains sérieux de la république : cheveux ni longs ni courts, sans division et sans autre frisure que leur pli naturel. C'est ainsi qu'Auguste, dans ses bustes et dans ses statues aux musées du Louvre, du Capitole, duVatican 797, etc., est toujours représenté: ses cheveux courts sont légèrement ramenés sur le front. Il en est de même de Tibère, et de son frère Drusus 193. des petits-fils d'Auguste, Pains et Lucius 1P"', de Caligula", de Claude 501, et des principaux contemporains dont nous possédons les portraits, Corbulon 302, par exemple. Ceux que nous avons de Néron montrent qu'il était moins simple dans sa coiffure : ses chevaux, ordinairement moins courts *lue ceux de ses prédécesseurs, étaient quelquelbis disposés eu boucles étagées (romain in grades formatain) 20.,, tels qu'on les voit dans quelques bustes et sur un grand bronze du cabinet de France; quelquefois d'autres boucles encadrent son visage ; dans un buste du musée du Louvre, elles forment sur le front une rangée de coques régulièrement disposées; ou bien il les laissait croître et retomber sur ses épaules, quand il jouait le rôle d'Apollon, par exemple. et qu'il se faisait représenter dans le costume et avec les attributs du dieu 20' La coiffure de Trajan descend régulièrement urne et peignée du sommet de la tête jusque sur le front20'. Les Antonins, particulièrement L. Vérus (fig. 4819), !£lias C"-ar, MarcAurèle, Commode, sont représentés avec une chevelure très frisée, dont les boucles sont épaisses et serrées 200. Le dernier de ces prin( 1 avait les cheveux d'un blond ar dent, qui brillaient d'un singuli éclat au soleil. Les courtisans disaient que sa tête était ceinte d'une auréole divine 207: on prétendait qu'il la parsemait de poudre d'or. C'est ce que fit plus tard Gallien"' . Dès le milieu du ne siècle 700, beaucoup d'hommes à la cour de MarcAurèle se faisaient tondre les cheveux très courts , presque ras. (w 7n13 2'0. C'était la coiffure des stoïciens et depuis longtemps celle de tous ceux qui affectaient des dehors austères"1: ce fut aussi celle qu'adoptèrent les chrétiens 712. Cette mode ne se maintint pas tout d'abord, mais elle prévalut sous la dynastie syrienne. Si l'on consulte les portraits qui nous restent des empereurs dans la sculpture et dans les monnaies (fig. 48)0 et 1831), on voit qu'elle se, perpétua presque sans interruption jusqu'à la tin du siècle 213 Un monument de date certaine, car il fut exécuté, comme l'indique une inscription, à l'occasion des Vicennatia de Dioclétien et de Maximien Hercule, en 303, montre, avec une grande précision dans les détails, la coiffure encore 95, 24; Senec, Gp., Philo, De Mita rontempl. cités par brarquardt, Prie uef'eben d. Idôner, 1, p. 146, n.20, en l'on voit que ces jeunes gens distribués p fouztion .lauefo' ; u, dI te , se ,,ronr, ,o,aicut a leur coiffure comme a leu; costume. On -croit plusieurs de ces pages aux cheveux soignés, aux vétements luxueux, clans des peintures trouvées en 1780, à Rome (Cassini, nat n. 3121. 199 Camées ducabinet de Frar ce, no 104 et 205 du Catalogué. 200 Vis Monuna. ineal. V, 5, 201 Buste du Capitole, salle des empereurs, r 12; Visconti, 111, 4. 203 Buste du Vatican, Gratien, nuovo, n. 48; Visconti, pl. 36; Clarao, Quidam, ceoeptmn_ sont a faire pour llerogabale. Go,i,eu et I poque des Trente modo, il 3, 51; r;; ,ll, I, 6, _ , P.a,, 1 213 Pest. p. 271 1 °2e pic, ()ouest. r•r 14; rai. 3Max. si, 3, 90, 230 Cohen, Mono de ,ia,r.e, pl. 791.; Pe'p. t v, 83 et '. . Pa; a. F M., vite, ; 'asta coeit8o is; s lnut. Most, Ter', , 1, 1. ; Rosai' Ç()1I 130 COM fragment de disque en verre gravé 31a r Dioclétien y est re présenté assis à. côté de Constance, et, près d'eux. Stère, qs_=i f it César après la mort du second. Tous trois ont les 'cx aplatis sur la tête, coupés seulement par leur exti mité et arrondis autour du visage di ,'otae spe. On ne voit ici cette coiffure que de face : niais elle nous ev'_ connue par un très grand nombre de monuments, -.,, a osatques "', ainsi que par les effigies des emptireursgr axées sur leurs monnaies 2 su censeurs ont les ch veux de moyenne longueur ramenés en avant, taillés en rond sur le front et descendant sur le cou, qu'ils couvrent parfois en Pig. 1853. Constance. tièrement (fig. 1853). Julien, en sa qualité de philosophe et d stcôei'n, portait une longue barbe et des di veux incultes. Aux raillerie., eo,cilées par celte infra -ilion ? i'ussge, il répondit l:ri ua +r:ir' dans un painl.hit;t"9 Sous 'Valentinien et ;'acons, les barbiers et les Âri'.eurs reprirent leur mener, qui était extremement t..cratil2".Jusqu'à la fin de Jempire (l'Occident, et longtemps encore après en Orient, on rencontre dans tes monuments la r eprèsentation de corffui'es à peu )grès semblables. femmes gaedèrcrf dans l'arrangement de leurs cheveux_ la plus grande simplicité. Les frisures, les pommades et toutes les recherches delà coiffure(/îeti, coInpositi, cr°sp1, Plante considérées comme ne convenant qu'aux femmes passer pour des portraits; dans les monuments chrétiens, le Car ', est toejwxru exemples à ces ouvragcs et a .. recueils de n,onum'rts du ,.une temps. -217 Vox. 221 Ovid. Met. Vlri, 319: ,, Crinis erat nodum simples collectas ;n m um »; cest étrangères et aux courtisanes qu'il mettait en s; i-ne. Les jeunes Romaines jusqu'à leur mariage se contentaient de ramasser teui° t hevelure ton nœud derrière. la tête " et de l'assujettir au moyen de bandele, mi. 2'' [viTrAiEl ou d'Une épingle [Amis!: simplicité que ii ente -ur es conservèrent même au milieu d' dévergonda:il odes de l'empire, re commandaient aux vierges cl; aux 'femmes chrétiennes 222. Lorsqu'elles se mariaient, les femmes changeaient l'arrangement de leur coiffure 2-' ' c'était une des cérémonies des noces [ri trnimoxrusrl. Les cheveux divisés m six parts (sec' ccine.s), à l'aide de la ,asti eaeiibei'is, étaient Iiés de bandelettes nouvelles, différentes des premières et enroulés sur le sommet de la tête; ils fermaient. alors cette haute coiffure appelée TCTï;LUS, q-ie -Varron cons pare à une borne (net n?elain)'1". Le "tait an cienrienment propre à toutes les massier •• lorsque celles-ci n'eurent plus que les vittae 2' i's cérémonies du culte un insigne de la IL9mrl0rcA "B. Du. reste les femmes mariées ne se rnortraoient pas au dehors sans "mile'''. Cette circonstance, jointe h ra_ .bé dus monuments antérieurs à l'Empire, rend très difficile de donner des exemples certains pour cette période 1,5ua.rt à la coiffure des jeunes filles, on peut en ehereher le type sur des monnaies de la république oin sont représentées Diane la Iictoiro'2 1 fg. 1854) : les cheveux, unis ou nattés, sont relevés sur leurs racines liés à leur extrémité et forment derrière le sommet de la tete aine petite touffe.; sur le front ils se séparent en deux ban deaux enroulés Titi vont, en s'amincis sant, se rattacher au même endroit. 2aa C'est dans plusieurs compositions la coiffure des jeunes filles; souvent aussi l+surs cheveux sont entièrement relevés ses le sommet de la tète, sans bandeaux et sans raie : telle eu voit Psycur:, dans des monuments très hivers pendant tante la durée de l'art romain'''. Dans les derniers terre n'aliibliçi e ei, sous t' pire, la mode .t les g, ù,.~ ol ers va,ient s les coiffures féminines. lès id qui se comptait. a. dans sec moindres détails la parure d•e. clave qu'il serait plus facile de eoua,;fer ta; ;rouille; 1,13"ne ou i es atm ,tl s de l'h'b12 que les d r tr .ni' einventé:,_ j " "4. Cependant les témoignent quise rtue l'Empire la coiffure c encore de la sire t citéSi les femmes étaient sas i e1, varier les net a trouver, selon le u d'Ovide , ceux ttr'i convenaient ie mieux. à l'air visage, elles n'entassaient pas encore sur leurs têtes échafaudages d cheveux vrais ou emprunt être bientôt à la mode, Elles se rein prétendue Porcia (fig. 1847) du groin: COM 1368 Coi" Vatican "5, de séparer les cheveux par devant en deux bandeaux et de les nouer par derrière en chignon, ou d'en former une seule masse tombant librement, reliée seulement à son extrémité par un cordon : deux boucles allongées pendent quelquefois le long du cou jusque sur les épaules. Le goût des tresses resta très répandu ; une natte partant du front et partageant en deux la chevelure, allait se rattacher au chignon, comme on le voit dans un camée (fig. 1855) représentant Livie, femme d'Auguste 237; dans un autre où sont reproduits les traits d'Octavie, sa soeur 238, deux autres nattes ayant leur point de départ sur les tempes se réunissent avec la première pour former un noeud sur la nuque. Les cheveux sont fréquemment relevés au milieu du front, où ils forment une saillie assez proéminente tantôt comme un bouton, tantôt comme un épais bourrelet (fig. 1856) 239. Cette manière de relever les cheveux sur le front est propre aux derniers temps de la République et au règne d'Auguste. La tresse roulée ou ramassée en noeud qui descend sur la nuque resta à la mode sous les Césars ses successeurs, comme on le peut observer dans les monuments de la statuaire, de la numismatique et de la glyptique 240 qui offrent des portraits des deux Agrippine, des soeurs de Caïimula, de Messaline, de Poppée, et, plus tard encore, de Domitille, femme de Vespasien; on la voit reparaître, avec quelques intervalles, pendant tout ce siècle et jusque dans le suivant, accompagnant quelquefois des coiffures plus compliquées. Le goût pour les frisures va toujours croissant; celles-ci ne sont d'abord qu'un ornement qui s'accommode au visage sans en altérer le contour, comme dans la figure 1857, d'après un ri g, 165;. coiffure dn buste trouvé à Rome, il y a peu rommenoement dut• sièd'années, dans un tombeau du ele ap°' c' temps de Tibère 2,,. Des portraits d'Agrippine la jeune, de Messaline (fig. 1858), de Poppée, de Donlitia, nous montrent 242 ces princesses, le front et les tempes entièrement couverts de boucles symétrique ment rangées (czncznnz, capronae, antiae 243), dont l'amas grossit sans cesse et dont on varie l'arrangement avec une invention surprenante. Sous les Flaviens, elles arri vent à surcharger la tête au point d'en doubler la hauteur 2" : les figures de Julie, fille de Titus, peuvent servir de types pour cette période (fig. 1859 et 1860). Le nom d'orbis est appliqué par les poètes à cette accumulation de boucles qui forme au-dessus du front une sorte de diadème. On se rend compte, en voyant les bustes du temps, du soin et de la patience qu'exigeaient les coiffures qu'ils décrivent, et l'on comprend mieux leurs invectives contre la cruauté des femmes qui frappaient jusqu'au sang une malheureuse esclave [olNATiIx] pour une seule boucle mal fixée dans tout cet échafaudage 245 Ce qui caractérise surtout la coiffure des femmes à la fin du Iee siècle et au commencement du ne, c'est ce COM 1369 COM qu'elle a d'artificiel : les cheveux n'y sont jamais laissés à leur mouvement naturel; tout y est travaillé, dressé, ajusté par la main et le fer des coiffeuses. Sous Trajan, quoique les boucles aient encore une place importante sur quelques têtes, par exemple (fig. 1861) dans le buste de Marciane, soeur de cet empereur, qui est au musée du Capitole 249, on peut dire que désormais les nattes ont plus de faveur que les frisures. Les coiffures n'ont guère moins de hauteur et ne sont pas moins compliquées que précédemment. On en peut juger ici par un buste (fig. 1862) de Matidie, fille de Marcie, la soeur de Trajan 241, et par une monnaie (fig. 1863) à l'effigie de Sabine, femme d'Adrien 216. Les cheveux tressés sont disposés sur le front en diadème, quelquefois double et triple sur le sommet de la tête; leurs enroulements (spirae) s'élèvent comme une tour 2"9, ou, repliés sur eux-mêmes et rejetés en arrière, ils ont plutôt l'apparence d'un chaperon. On peut constater cependant quelques retours vers la simplicité : certaines coiffures de Plotine, de Sabine ellemême 250, rappellent plutôt celles du temps d'Auguste que celles des règnes qui suivirent le sien. On revint à la simplicité surtout dans la seconde moitié du siècle. Les images de la première Faustine (fig. 1864) et d'autres femmes du même temps 25' sont encore déparées par l'accumulation, reste des exagérations précédentes, de tresses contournées sur le sommet de la tête et for II. mant une sorte de dé, qui rappelle la comparaison que Varron faisait du tutulus avec une borne ; il n'est pas impossible que l'on ait appliqué à ce genre de coiffures le nom de l'ancienne, tombée dans l'oubli 202. Mais ensuite et pour longtemps on parut avoir renoncé aux hautes coiffures; celles qu'on voit à Faustine la jeune, à Lucilie, à Crispine 253 (fig. 1865), etc., ne sont pas toujours exemptes de recherche, mais elles sont simples dans leur ensemble et proportionnées au visage. Au me siècle, les femmes portent de larges et épais bandeaux aux ondes profondément creusées et qui semblent envelopper la tête, couvrent les oreilles (fig. 1866) 20" ou sont rejetés par derrière (fig. 1867) 255, et descendent jusqu'au bas du cou; là ils se replient et se réunissent en une tresse aplatie sur la nuque ; quelquefois au contraire épaisse et lourde comme une sorte de large tourteau 256 appliqué à la partie postérieure de la tête. Ce sont là les coiffures que Tertullien avait devant les yeux2J7, lorsqu'il reprochait aux chrétiennes, imitant en cela les païennes, les soins donnés à leur coiffure : « Eh quoi! leur disait-il, ne laisserez-vous jamais en repos vos cheveux ? Vous les tirez en bas, vous les tirez en haut, vous les couchez à plat. Les unes se plaisent à en former des frisures, les autres les laissent flotter au hasard et voltiger au vent avec une négligence affectée. Il y a encore ces énormités, je ne sais comment les appeler, ces ouvrages cousus et tissés en forme de chevelure, qui sont tantôt comme un bonnet servant à la tête de fourreau ou au crâne de couvercle, tantôt sont ramassés sur la nuque » ; puis il demande aux femmes de renoncer au moins à se «parer de la dépouille de têtes souillées peutêtre, peut-être criminelles et condamnées à l'enfer ». En effet, ces volumineuses coiffures étaient le plus souvent postiches. L'usage des faux cheveux avait été accepté à Rome au moins dès le commencement de l'Empire 256; et bientôt celui de perruques entières [GALEBUS], qui permettaient de substituer d'abondants cheveux blonds ou rouges venus du Nord, à des cheveux noirs, qu'on ne trouvait plus à la mode, ou gris, ou trop peu fournis. Al'époque où nous sommes arrivés dans ce rapide exposé de l'histoire de la 172 ramasser les cheveux sur la tête sans les séparer, mais elles attestent en même temps que plus d'une COA1 1370 COM coiffure, on rencontre des bustes et des statues dont la chevelure est mobile et s'enlève à volonté 263, comme si l'on as ait voulu rendre plus facile aux femmes ainsi représentées de se rajeunir dans leurs portraits, en se mettant au goût du jour. La mode des nattes relevées derrière la tête prévalut au temps d'Alexandre Sévère; elle eut plus de durée qu'aucune de celles qui Pavaient précédée. Tantôt la natte largement étalée s'avance jusqu'au-dessus du front ((tg 1868) 266 et, dans les monuments, fait moins l'effet de cheveux naturels que d'un chaperon on, comme on disait en France, au xvie siècle, d'une « coiffe de réseau»; tantôt, réduite à une bande étroite et plate, elle suit, de la nuque au front, tout le contour du crâne (fig. 1869), ou, plus saillante, nouée et maintenue par des rubans, quelquefois entremêlée de perles et de pierreries, selon le goût du temps, elle ressemble assez au cimier d'un casque (fig. 1870) tel C'est la coiffure des princesses dont les effigies sont gravées sur les monnaies jusqu'à Constantin 242 et, bien que Hélène, sa mère, et sa femme Faust a en aient adopté une un peu différente 243 (fig. 1871), elle reparaît encre après lui ; pendant plus d'un siècle on la trouve également figurée dans les bustes et dans les portraits sculptés sur les sarcophages et les autres monuments 261. Ce n'était pas la seule qui fût portée cependant, comme on l'a vu par un passage de Tertullien 265 ; d'autres paroles du même Père témoignent que la coiffure des jeunes filles, peu différente au me siècle de ce qu'elle était dans l'ancien temps, consistait encore à n'attendait pas le mariage pour en changer. Un siècle et demi plus tard, saint Jérôme 266 à son tour blâmait le dérèglement de celles qui laissaient flotter leurs cheveux et y ajoutaient des ornements. Les femmes avaient repris les hautes coiffures formées de tresses enroulées, et cet exhaussement ne se faisait pas sans qu'on y mit des cheveux d'emprunt 2G7 On peut observer les commencements encore modestes de cette coiffure dans les peintures des catacombes, où des saintes et des orantes ont les cheveux (fig. 1872) disposés en bandeaux unis qui descendent le long des joues et jusque sur le cou, et relevées en noeud 268, plus souvent en torsade placée comme une couFig. 1'72. Peinture des renne sur le sommet de la tète tas On remarque la même simplicité dans le plus grand nombre des monuments chrétiens; quelques-uns cependant, qui montrent, au ive siècle, la simple torsade remplacée par un triple ou quadruple enroulement (fig. 4873)2"0 et les bandeaux unis, par des frisures qui enlourera toutlevisage2"I nous font comprendre les expressions des écrivains contemporains, qui parlent de constructions comparables à des tours 2"2 et de bou cles éparses retombant sur le front s73. On peut voir ce que devinrent les hautes coiffures au -ve siècle, par la figure de Galla Placidia sculptée sur le beau diptyque de la cathédrale de Monza 274, où les cheveux enroul" font l'effet de deux bourrelets superposés (fig. 1874). Ailleurs, la fille de Théodose porte la natte relevée ru forme de cimier, coiffure qui continue à être figurée sur les monnaies jusqu'à la fin de l'empire d'Occident Nous ne suivrons pas plus loin les transformations de la coiffure fémiF'' . 1374' Galla Pie° nine. Quant aux enfants, nous avons dit 2'V6 que les filles portaient ordinairement toute la chevelure rassemblée en touffe sur la tête jusqu'à l'âge où elles devenaient nubiles ; on en voit aussi qui la laissent tomber, sans aucun apprêt, autour de la tète 21T. Pour les garçons l'habitude de conserver la chevelure intacte en partie jusqu'à la puberté COM 1371 -COM existait chez les Romains 278 comme chez les Grecs; c'est même dans des monuments des temps romains qu'on a rencontré la plupart des exemples de cette coutume. Nous ne répéterons pas ce qui a été dit plus haut à ce sujet; mais nous rappellerons que les jeunes assistants des prêtres, appelés cAMILLI et qui étaient impubères"79, sont toujours représentés avec les cheveuxlongs et soignés (fig.1875). Dans les bas-reliefs de la colonne Trajane2B0, quelques-uns de ceux qui figurent dans les sacrifices ont même les hautes coiffures en diadème quiétaient celles des femmes élégantes de la fin du Ier et du commence ment du u° siècle, et les cheveux flottants par derrière. On voit ici reproduit (fig. 1876) un verre peint du lv° siècle où est représentée une famille composée de six personnes. Tandis que le père ales cheveux courts, les deux jeunes garçons qui sont au premier plan les ont de longueur moyenne, flottants autour de la tête, mais coupés droit sur le front ; la mère a des bandeaux tombant sur le front; la cassure du verre ne permet pas de voir s'ils formaient sur le sommet de la tête la torsade en couronne qui était alors à la mode. On la voit à ses deux filles placées devant elle; mais celles-ci n'ont pas les cheveux pendants, ils sont relevés et crépés sans division apparente ; un ruban frangé et perlé descend au milieu du front. L'histoire de la coiffure romaine n'est pas intéressante seulement au point de vue de la mode et de l'art; elle l'est encore au point de vue des usages, des coutumes, de la superstition, qui avaient une si grande influence sur la vie publique et privée des Romains. C'est ainsi que des cheveux longs ou épais étaient un signe de deuil. Caligula laissa croître sa barbe et sa chevelure 281, et nous avons vu un Romain de la République faire de même après une condamnation. Les femmes aussi dans les grandes calamités détachaient leurs cheveux et les laissaient tom ber jusqu'à terre [LUCTUS]. Lorsque Annibal s'approcha des murs de Rorne, les matrones se rendirent en suppliantes dans les temples, balayant les parvis sacrés de leurs cheveux épars 292. Elles conservèrent cette coutume jusqu'à la fin de l'empire romain'''. Quelquefois, à l'imitation des Grecs, elles couvraient leur chevelure de cendre et de poussière, ou même la coupaient et l'arrachaient de leurs mains 284. La superstition jouait un grand rôle à Rome. Quand, en mer, on était assailli par une tempête, les passagers s'arrachaient les cheveux et les offraient à Neptune pour apaiser son courroux; si au contraire la traversée était calme, il était formellement interdit pendant toute sa durée de se faire couper les cheveux 235: c'est été un signe certain de naufrage : il fallait attendre qu'on fût arrivé au port. Il semble que l'esclave qui recouvrait la liberté ait été assimilé au marin échappé du naufrage V88: il coupait ses cheveux et se coiffait aussitôt du MECS de l'affranchi.