Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CONSULARIS

CONSULAIIIS. On appelait conse laris, en droit public romain, celui qui avait antérieurement géré le consulat . Cette qualification s'appliquait aussi I. certaines provinces, destinées à être gouvernées par un consul ou un personnage de rang consulaire. De là une division naturelle de cet article en deux parties principales. 1. Le citoyen, honoré précédemment des fonctions de consul, prenait sous la république le titre de consularis, autrefois sans doute praetorius, puisque le nom primitif du consul était praetor [coNsual. Dans l'origine, les con sulares ne pouvaient être que patriciens, mais il en fut autrement quand les plébéiens eurent conquis le consulat [PLEISS]. Il se forma dès lors une noblesse de charge [NuBILes]. Suivant Niebuhr , l'ancien practor urbis aurait été élu parmi les consulaires. C'était encore parmi les consulares que le dictateur et le magister equitum devaient jadis être choisis, aux termes de la loi de dictatore creando, vue de l'organisation du sénat' [SENATUS], la qualité de consularis donnait un rang spécial dans les délibérations. Dans l'origine, parmi les sénateurs des anciennes pentes (seniores) , les consulares occupaient les dix premières places (decempritoi) , et donnaient d'abord leur avis, puis les autres senatoves du même rang 6 et avec eux les consulares sninorum pentium . De là l'expression de sententia consularis, ou locus consu lavis. Lorsque la composition du sénat fut confiée aux censeurs [cEason], ils devaient y faire entrer d'abord ceux qui avaient géré des magistratures curules 8 Quant à l'ordre des opinions, jus dicendae sententiae, les consutares passaient avant les pvaetorii, etc°. Bien plus, ceux qui avaient acquis cette qualité depuis le dernier lustre avaient entrée au sénat 10; par souvenir des anciennes distinctions entre les pentes, on les appelait )uniores, et ils figuraient à la fin de la liste sénatoriale. Ils n'avaient le jus sententiae dicendae que lors du vote définitif, et par discession, d'où le nom de senatores pedariitt. Depuis Sylla, figuraient parmi les sénateurs ceux qui avaient rempli une charge publique, à partir de celle de quaestort4, sauf exclusion de la part des censeurs. Au temps de Varron, le consul appelait à donner son avis le premier l'un des consulares, puis les autres consulaires par rang d'ancienneté 13 Remarquons en outre que le cotssislaris, comme tous les anciens magistrats curules, acquérait le jflS ireoayiluiS, s'il ne le tenait pas déjà de ses ancêtres c'est-à-dire le droit de faire dessiner son image ou sculpter son buste, au bas desquels une inscription rappelait ses titres et honneurs. Vers la fin de la république, les anciens consuls et les praetorii furent appelés à gouverner des provinces, en vertu de la loi Polnpeia de provinciis ou de jure magistratuum, rendue pendant le troisième consulat de Pompée, en 702 de Home ou 52 av. J.-C. Lorsqu'ils n'avaient pas déjà reçu de commandement à titre de proconsuls ou propréteurs ces consulares devaient se partager les provinces par la voie du sort ; c'est à ce titre que Cicéron fut envoyé en Cilicie avec le rang de proconsul 16, Sous Jules César, on vit pour la première fois, en 687 de Home 01367 avant J-C., le dictateur conférer les ornements consulaires (ornamenta consularia) à. des individus qui n'avaient pas été consuls, decein praetoriis vit-is Auguste développa cette institution pour satisfaire la vanité des patriciens. Il décerna les insignia consularia, praetoria n, etc., ou plaça des praetorii, etc. au rang des consulat-es (inter consulares referre ou ailegere), des personnages n'ayant géré aucun de ces emplois. Cette prérogative donnait non seulement droit aux insignes consulaires, mais à l'entrée et au suffrage inter consulares dans le sénat n. Les concessions de ce genre devinrent de plus en plus fréquentes 20; on voit accorder ce titre à un étranger, Agrippa, descendant d'l-lérode le Grand 5. Le code Théodosien fait de la dignité consulaire un honneur, insignia cooososlaritatiso2. Du reste, dès le temps d'Auguste, il donnait le droit à la concession par l'empereur du gouvernement de certaines pro vinces Ceux qui étaient envoyés dans les provinciae Gaesaris les plus importantes prenaient le titre " de legatt consulares ou de consulares 20, On le donna aussi aux généraux legati Caesaris, qui furent appelés plus tard magtstri militant". Depuis Sévère, l'attribution des consularia ornatnenta compta pour un consulat au profit de ceux qui devenaient ensuite réellement consuls27. La dignité consulaire se transmettait à l'épouse et demeurait à la veuve du consularis o. Il parait même qu'elle devint une sorte de noblesse héréditaire ° dans les familles consulaires, fanciliae consulat-es, comme les nomme déjà Tacite 50, CON 1483 CON Auguste créa d'ailleurs des fonctionnaires spéciaux avec le titre de consulares; tel fut le CURATOR ou consularis aquarum auquel il confia, à la place des censeurs 31, la surveillance des aqueducs, des pièces d'eau et la réparation des conduits. Ce curator avait sous ses ordres un grand nombre d'agents et d'esclaves publics 39. II y eut un consularis aquarum à Constantinople33. On trouve un consularis operum publicorum mentionné par une inscription 3k. Alexandre Sévère mit à la tête des quatorze quartiers ou regiones de Rome des curateurs avec rang de consulares n. Ils étaient chargés, en concurrence avec le PRAEFECTUS, de la décision de certaines affaires municipales 3s Au Bas-Empire, lorsqu'il n'existe plus de consules suffecti, on distingue encore le consul ordinaire et le consul honorarius 39 ; la dignité de consulaire, dignitas consularis 38, ou dignitas consularitatis 39, est même appelée dans un langage barbare consularitas 40. Kuhn 41 admet une différence entre l'adlectio inter consulares et le consulat honoraire. La consularitas appartient aux chefs élevés de l'armée et en général aux gouverneurs de provinces. Mais déjà auparavant les administrateurs de certaines d'entre elles avaient reçu le nom de consulares au sens strict. Ainsi, après l'éruption du Vésuve en 79 av. J.-C., Titus envoya pour porter des secours à la Campanie 42 des curatores restituendae Campaniae et consularium numero, pris parmi les consulares. De même Hadrien partagea l'Italie en quatre régions dont il confia l'administration à quatre consulares" . Ils furent remplacés plus tard par des juridicii Italiae, sous Marc-Aurèle. Après la division de l'empire en diocèses, il y eut une nouvelle classification des provinces sous Constantin. Les gouverneurs de certaines d'entre elles seulement eurent le titre et les honneurs de consulares", et par suite entrée au sénat". Le service dans certains emplois du palais 46 donnait le droit d'être allectus inter consulares senatores, mais avec dispense des charges sénatoriales. Du reste, l'empereur pouvait, indépendamment de tout droit acquis, concéder gracieusement la consularitas 47 [ADLECTIO]. Dans les villes capitales, à Rome et à Constantinople, l'ancien office du curator aquarum était encore rempli par un consularis aquarum 48, chargé de veiller à l'entretien et au nettoiement des aqueducs, avec l'aide d'un bureau spécial, o f ficium, et d'un nombre suffisant d'esclaves publics (servi publici) 690 La principale source sur ce point est, avec le code Théodosien, la Notifia dignitatum utriusque imperii Rappelons en terminant qu'en grec la dignitas consularis s'exprimait par l77ŒTtxs Ttç âpysj a1, les consulares parCive Ip.s i7faT-UxgT,°.ç n et plus tard U7L5tTtxOL 63, enfin on finit par les appeler 87cazst, consoles G4 II. Dès le temps de la république on distingua les provinces consulaires et prétoriennes. Les provinciae consulares étaient celles que l'on accordait aux consuls après leur année d'exercice pour y diriger une guerre, pro consuie, ou pour la gouverner en temps de paix 5', Cicéron (De prov. consular.) donne des exemples des deux cas. Elles étaient désignées par le sénat parmi les provinces les plus importantes ; mais, depuis la loi Sempronia Gracchi, il dut le faire avant les élections consulaires, pour éviter l'arbitraire et la faveur; ensuite les anciens consuls les partageaient ou les tiraient au sort 56, sauf le cas d'attribution extraordinaire faite à chacun d'eux par le sénat ou par le peuple 57. On avu que, d'après la loi Antonia de 702 de Rome, ou 52 av. J.-C., on pouvait aussi envoyer à titre de proconsuls dans des provinces, des consulares qui n'avaient point encore eu de gouvernement; enfin un ancien préteur 38 pouvait y être placé extraordinairement pro console [paoCONSUL]. L'Asie et l'Afrique étaient ordinairement provinces proconsulaires; pour les autres, cela dépendait des cir Sous Auguste, après le partage des provinces entre le peuple et l'empereur, les premières furent par excellence des provinces proconsulaires. Cependant, dans les provinciae Caesaris tributariae, gouvernées par des lieutenants legati Augusti pro praetore et plus importantes 60, ceux-ci avaient le titre de consulares ou legati consulares, ou legati consulari potestate et plusieurs légions sous leurs ordres 61 ; d'autres étaient confiées à des préteurs ou même à des chevaliers. Mais il y eut souvent des changements relativement à certaines provinces qui, suivant les événements, recevaient un legatus consularis ou praetorius 82. Après la nouvelle division de l'empire par Constantin, à côté des anciennes provinces proconsulaires, comme l'Asie, l'Afrique et l'Achaïe 63, il en restait un grand nombre d'autres simplement consulares, c'est-à-dire gouvernées par 1m consularis (proprio sensu). Nous en donnerons le tableau 64 à l'article PROVINCIA, d'après la Notifia dignitatum. Justinien changea ce système d'administration et, dans la plupart des provinces, plaça des gouverneurs 65 proconsuls ou préteurs, avec le rang de proconsuls et réunissant dans leurs mains le pouvoir civil et militaire 66. G. HUMBERT. CON 1484 CON