Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

CONTIO

CONTIO. I. Dans une acception très large, contio ou concio désignait toute assemblée du peuple romain', nommée aussi c0NVENTUS. II. Quelquefois aussi ce mot indiquait le discours2 pro CON 1485 CON noncé par celui qui convoquait une semblable réunion. III. Mais, dans son sens technique, le mot contio s'appliquait spécialement à des assemblées qui différaient des CONCILIA, vu qu'elles étaient convoquées et présidées par un magistrat et des comices [coMITIA], en ce qu'elles ne constituaient pas une forme constitutionnelle de réunion du peuple divisé et constitué comme tel, et qu'en outre elles ne procédaient pas à un vote. En général, tout magistrat avait le droit de convoquer le peuple per praetores à une contio (advocare contionem, jus contionis) 4. On en voit des exemples sous la royauté, après la mort de Romulus 5, et sous la république, immédiatement après l'ex pulsion des rois'. Depuis lors, ces convocations devinrent fréquentes, surtout de la part des consuls et des tribuns. Mais un magistrat, par exemple le consul ou le préteur, supérieur à celui qui avait convoqué la contio, conservait le droit de la dissoudre, avocare7, excepté pour les tribuns. Le président, après une prière publique 3, mais sans auspices, portait la parole, ou autorisait un tiers à parler au peuple in contionem producere, contionem alicui tiare 10. Ces réunions avaient pour objet des communications â faire aux citoyens en vue de décisions à prendre ensuite sur les projets soumis aux comices". C'étaient en quelque sorte des réunions préparatoires, auxquelles les Romains prenaient part fuse, sans être répartis en centuries ou en tribus. Elles avaient lieu pendant le temps fixé par le magistrat 12, ordinairement au forum, dans le cirque des Flaminiens, ou partout ailleurs13. Le magistrat prononçait aussi la levée de la séance, contionem dimittere, discedite. Les tribuns usèrent souvent de ce moyen d'agir sur l'opinion de la plèbe u, ad populum aÿere, suadere ou dissuadere, sans doute à raison de ce que dans les anciens comices, il n'y avait ordinairement pas de discussion. C'est aussi dans de pareilles assemblées qu'un triomphateur rendait compte de ses exploitsu, ou qu'un homme d'État invitait le peuple à faire la guerre ifi, ou à mettre un terme à des abus S7. Quelquefois on y lisait les dépêches des consuls'8, ou les censeurs y donnaient des instructions au peuple relativement à l'opération du CENSUS 19. Enfin, chaque consul, à son entrée en fonctions et à l'expiration de sa magistrature, faisait une contio au peuple 20. Ces assemblées furent très agitées à la fin de la république 21 et Sylla restreignit le droit de contio des tribuns". Il ne faut pas confondre avec les contiones dont nous venons de parler le deuxième acte des comices proprement dits, qui consistait dans une délibération 23 précédant immédiatement le vote, et nommée parfois aussi contio. Voyez à cet égard