Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article CONTUBERNALES

CONTUBERNALES, CONTUBERNIUM. Ces mots formés de cum et de taberna, et signifiant proprement l'habitation dans la même cabane, ont plusieurs acceptions dans la langue du droit romain. Ils désignent : 1. Le mariage des esclaves entre eux. Ces unions n'étaient considérées par le droit romain que comme des faits purement physiques, n'engendrant ni droits ni obliga CON --1489 CON fions Leur seul effet civil était de produire plus tard des empêchements au mariage entre les affranchis parmi lesquels le rontuber ni ont avait produit des cognationes, parentés naturelles. Du reste les unions serviles ne comptaient pour rien, et il n'en pouvait résulter, par exemple, aucune plainte en adultère 2. Les mariages entre esclaves n'avaient lieu que du consentement du maître 3. Caton l'Ancien le leur faisait acheter sur leur eec; citai b. Quelquefois un maitre qui voulait marier ses esclaves les faisait tirer au sort pour apparier les couples 5. II. Le mariage d'un homme libre avec une esclave, ou d'un esclave avec une femme libre. [SENATUS CONSULTLr3I III. Contubernales était aussi le titre donné aux jeunes gens qui accompagnaient les généraux dans les provinces pour s'instruire à leur école F. BAUDRY. CONTUBERNIUM. La dernière subdivision de l'infanterie de la légion, la decuria ou contubernium, était commandée par le decanus I ou decurio, appelé capot contubernii 1. Sous les derniers empereurs plusieurs commentateurs ont dit que le décurion avait dix hommes sous ses ordres, ce qui eût donné au contubernium un effectif de onze hommes, mais ils n'ont pas remarqué que cette question était tranchée par un passage de Spartien 3. Pour donner une preuve de la rigueur avec laquelle Pescennius Niger faisait observer la discipline, il raconte que cet empereur, apprenant qu'un coq avait été volé et mangé par des hommes de son armée, donna l'ordre de décapiter les dix soldats composant le contubernium où le fait s'était passé; or, le décurion ne pouvait être excepté de cette mesure puisque sa responsabilité augmentait la faute qu'il avait commise. Ainsi, l'effectif du contubernium était en ce temps de dix hommes, et il est probable qu'il en était de même au temps de Polybe, puisque tous les manipules se composaient d'un nombre d'hommes exactement divisible par dix. A l'époque où écrivait l'empereur Léon, la décurie avait conservé son nom, quoiqu'elle se composât de seize hommes, nombre adopté, dit cet empereur, parce qu'il se prête aux subdivisions de moitié en moitié jusqu'à l'unité. Sous l'empire, le décurion commandant la turme ou escadron de cavalerie avait droit à deux chevaux, dans le corps des cavaliers prétoriens et dans celui des singulares b ; dans l'ala miliaria et dans l'ala quingenaria il avait droit à trois chevaux et on n'en accordait que deux à chacun de ses subordonnés, le duplicarius et le sesquiplicarius 5. Il avait 77 cavaliers sous ses ordres quand il commandait la première turme de l'ala miliaria, tandis qu'il n'y en avait que 37 dans chacune des autres turmes de ce corps; dans chaque turme de l'ala quingenaria il y en avait 27'; enfin, on en comptait seulement 24 dans chaque turme de la cohors II. equitata miliaria et 20 dans la turme de la cohors equitata quingenaria8. On appelait contubernales s les soldats qui faisaient partie du même contubernium, c'est-à-dire qui vivaient sous la même tente, sous le mente abri, sub eadena taberna. Ce nom, remplacé vers le temps d'Ammien Marcellin 10 par celui de concorporales, était aussi donné, sous la République II, aux amis du consul qui l'accompagnaient en expédition et qui, campant clans le praetorium, étaient dits e contubernio praetoris; c'étaient presque toujours des jeunes gens qui appartenaient aux premières familles de Rome et qui, en voyant de près les détails relatifs au commandement, se préparaient à l'exercer plus tard : c'est ainsi que Jules César servit comme contubernalis d'abord sous te préteur Thermus et plus tard sous Servilius l'Isaurien 12. Sous l'Empire, on appela confitesl3, comitati'4, comitantes 15, amici 16, ceux qui accompagnaient de la même manière l'empereur en campagne ou en voyage, c'est-à-dire ceux qu'en Grèce Xénophon appelle commensaux, 61o-roz7ce~ot 17. Les soldats qui formaient l'escorte des gouverneurs de provinces étaient appelés BENEFICIABII l3. Vegèce i3 dit que le préfet du camp avait à s'occuper des dépenses faites pour les malades qu'il appelle aegri contubernales : il est très probable qu'il a voulu désigner ainsi les malades de l'ambulance qui, dans les camps de marche, ne pouvaient être abrités que sous des tentes ; il semble naturel qu'il appelle contubernales les malades qui se trouvaient sous la même tente. L'expression qu'il emploie ne peut s'appliquer qu'à l'ambulance, car ce n'est que là qu'on pouvait trouver des tentes pleines de malades.