Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DII

DII. Nous croyons utile d'étudier ici les différentes catégories que l'antiquité latine établissait entre les divinités innombrables qui furent l'objet de son culte. Sans doute ces catégories sont toutes ou presque toutes soit l'oeuvre de théologiens, et en particulier de Varron, soit le résultat des préjugés ou des superstitions populaires ; fort peu ont un caractère officiel, et il n'y a guère, semblet-il, que les nH CONSENTES qui aient formé un groupe publiquement reconnu et déterminé. Toutefois, ces divisions tiennent une trop grande place dans la littérature et les croyances pour qu'on ait à les négliger; en outre, quelquesunes de ces divisions, notamment celle des dieux en nu CERTI, INCERTI et SELECT1, due à Varron, correspondent à peu près exactement au développement historique de la religion romaine; enfin elles peuvent permettre d'étudier ensemble des divinités similaires, mais trop peu importantes pour mériter chacune un article spécial [nu CERTI]. Dit ADvENTICU. Cette expression, qui n'est connue que par un passage de Tertullien', désigne vraisemblablement. des dieux de petite importance, étrangers à Rome, mais adorés par les Latins et les Italiens séjournant dans la ville ; leurs autels étaient groupés sur le mont Coelius 2. les lexicographes', les petits dieux et les petites déesses attachés au service des plus grandes divinités, en qualité de ministri ou de ministrae. Nous retrouvons çà et là les traces de ces serviteurs célestes dans les écrivains et les documents latins, quoique sous un autre nom. Les actes des frères Arvales mentionnent des Virgines Divae et des Faniuli Divi, dépendant sans doute de la déesse qu'adorait le collège, DEA DIA 4. L'expression de famuli's semble plus usïtée que celle d'anculus : Énée, apercevant un serpent, se demande, dit Virgile. si c'est le génie du lieu, ou le serviteur de son père divinisé, titCs!'tu8 g,-en sofurie 'utli fses s1t isi,iP, Paretat/, De même, Valerius Flacius regarde les serpents comme les u serviteurs des ombres », urnbrarum faut titi'. D'autres farnuli de divinités avaient une personnalité plus grande : Adonis était le serviteur de Vénus, Virbins de Diane, Erichthonius de Diane', Silène de Bacchus'. Du At)uiLi. -C'est-à-dire les dieux sombres et noirs. On donne quelquefois ce nom aux dieux des régions souterraines, nu INFERI9. Dll CAELF,STES. Ce sont les dieux du ciel dans la grande division classique des divinités suivant leurs demeures : en haut, dans les régions du ciel, dii eaelestes ou super.; en bas, dans les profondeurs de la terre au-des 111 sous du niveau du sol, les dii in feri ou in terni : entre eux deux, vivant sur la terre ou sur Ies eaux des mers, des fleuves et des lacs, les dieux terrestres, dii terrestres, que l'on appelle quelquefois, d'une expression ancienne et qui paraît empruntée à de vieux rituels, dieux intermédiaires, dii medioxumî9e. Cette division en trois groupes n'est pas seulement naturelle et logique, elle parait aussi antique et traditionnelle, car Tite-Live nous apprend qu'elle se trouvait dans une formule du collège des Fétiaux [FETIA-. Les] : « Ecoute, Jupiter et toi Janus, [et toi] Quirinus, et tous dieux du ciel (caelestes), et vous, dieux terrestres (terrestres), et vous, dieux d'en bas (in ferns), écoutez ". » Du CERTI. L'expression de dii certi est peut-être une création de Varron : en tout cas, il est le seul, dans l'antiquité, qui l'ait couramment employée, et, si elle se trouve dans d'autres auteurs, il est visible qu'ils la lui ont tous empruntée 12. 'Varron appelait de ce nom les dieux « qui dès l'origine sont certains (serti) et éternels" (sernpiterni) » ; ces dieux président aux actes, aux faits, aux choses de la vie matérielle et morale : chacun d'eux a sa fonction propre, ils sont aussi bien propris que serti et que sempiterni i4. Varron consacra aux dieux certains le xrve livre de ses Antiquités Divines. Il en fit là l'énumération, il donne. leurs noms, définit leur caractère, fixa leurs attributs 15. II les divisait en deux grandes classes : la première était celle des dieux qui président à la vie même de l'homme, depuis sa conception jusqu'au dernier jour de ses funérailles; la seconde était celle des dieux qui veillent aux choses matérielles nécessaires à l'homme, comme au blé et aux fruits dont il se nourrit, aux vêtements dont il se recouvre, aux villes ,ii il habite, aux demeures qui l'abritent'". L'oeuvre de Varron, on le sait, est perdue. Mais on la connut, on l'étudia à fond jusqu'aux derniers temps de l'empire romain. Les Pères de l'Église la lurent avec un soin Infini. C'est là qu'ils allèrent chercher de préférence, on peut même croire exclusivement, les notions religieuses qui étaient nécessaires à leurs oeuvres de critique ou de polémique. C'est à Varron qu'ils demandèrent les noms et les attributs des divinités bizarres, étranges ou immondes dont ils voulaient se railler ou s'indigner au profit de la propagande chrétienne. Le quatorzième livre de Varron fut l'arsenal où les docteurs de la foi nouvelle trouvèrent souvent leurs meilleures armes. Aussi est-ce presque uniquement gràce à Tertullien, Arnobe, Augustin, Lactance, que nous allons pouvoir reconstituer la liste des dieux certains de Varron, Aux noms de dieux fournis par eux et empruntés directement à l'écrivain païen, nous ajouterons ceux des divinités qui par leur appellation ou leur caractère paraissent avoir fait partie du même groupe et qui ont été réunies, avec assez de raison, aux dii certi de Varron par Ambroseh et, d'après lui ou après lui, par Preller et Marquardt. Nous devons,commeVarron,les distinguer en deux classes. 1. Le groupe le plus nombreux de ces divinités est formé de celles qui présidaient à la vie de l'homme, elles le prenaient, non pas seulement au moment de sa naissance, 9i1 ruais, bien au del',, à l'instant précis o,'1 c,ssontenc'sii 1., ç qui devait l'engendrer ° elles le conduisaient jusqu'à mort, en passant par la vieillesse et la décrépitude' . Janus commençait la série, Nenia la terminait'', dahus, en tant que dieu certain pro.. tir de la vin [i xusl, est celui 'Osi ouvre les -vcies à. lit. ,.ou dune existence humaine 'rdïtum aperat r'ecipic i(3 serf sn °. A côté de lui sue trouve C'onsioius (Conscvius), qui n'est peutêtre qu'un dédoublement de Janus et qui, en tout cas, joue absolument le même rôle ". A leur suite arrivent Saturne [SATURNI'S], en qualité de dieu de la semence", et le couple, de Liber et de Liberz, qui veille à la régularité et à la fécondité de cette même semence chez, l'h.omme et la femme ". L'enfant soncu appartient à de nouvelles divinités : Fluonia (on écrit aussi J n-i•imid ou F'bz.ion0) le nourrit en retenant le sang dans le sein dol sa rrére"; mono' pourvoit égaiement a sa. nourriture "; Amict et Décima veillent sur lui aux deux derniers nuis de le grossesse., Puis vient l'enfantement d4. Partulu assiste c prie.rnières douleurs" ; Laeeina dirige la. naissance " ; .tsi so'ter donne à l'enfant le jour, ['itumnus la vie, Senttnue e sentiment'''. Prés. de ces divinités, d'autres veillent aux_ moindres détails de la naissance : 'rosa (ou .Porrsma) et. Postverta, autrement dit les deux Carmentae, s'occupent de la sortie mème de l'enfant, l'une s'il se présente par l' tète, l'autre dans le cas contraire 28 [c,suoemExxxj ; .E'geria est adorée par les femmes, parce qu'elle est chargée de a veum c nee'ptam egerea _ ; LVvn'e'ia est la déesse des naissances rapides30; Natio, peut-étre celle des femmes fécondes°'. Enfin Crxndelife,a rappelle qu'au moment de a d liv'a.,ice ' te al.lurrll,it an flasmdbeau de °:ire 'Voilà donc l'enfant sorti sans danger du. sein de sa mère. Mais, les dieux rte l'abandonnent par; et continuent à l'accompagner en bataillons serrés. On craint que Sylvain ne vienne tourmenter sa mère et ne pénètre dans la maison oit elle repose : afin d'éloigner le sauvage esprit des bois, on lui rappelles le présence des bornoies dans la demeure,d'abord en frappant le seuil de la porte d'un coup de la hache du l'ùcheron, puis en le heurtant encore du pilon du ,meunier et enfin en le balayas_ avec le balai. J' i oi scnneur ; à chacune de ces pratiques et z chacun d' ces Instruments correspondait une divinité au n'r?3 si„.I .Ri.., eatif: I.teve-na•,5, ai' balai, Intescu.;'on,J, la hache, P,r "s,es, au mortier". Le dernier dieu avait un frère jumeau, i2e .,tihnu,s ce couple avait son lit dressé dans la chambre conjugale, peur veiller de plus près sur le noi,ve kn-né, et souvent on les regardait comme les dieux conjugaux flar excellence (dii conjugales, dis "it/'a ,'iurn), con =e les proteiis Leurs et les gages des unions fécondes et des naisse . heureuses". La mère une fois rassurée con' le sanie Sylvain, on s'occupait de l'enfant :«in ,'J tir eh,le sol, et alors la déesse .le la terre, ei l'accueillir et le reconnaitre''u. Veiicanus ou ~`au.earus lui ouvrait la bouche et lui faisait pousser son p nier s a;i'_.ement3 Levant:, le soulève de terre et le pr "-ente t. père qui l'accepte et en prend possession37. Cieidiei protège son berceau". Rumina l'habitue à la mamelle (que les anciens appelaient ruma) 39..Nundina.la déesse du neuvième jour, rappelle que neufjours après sa naissance le garçon,purifié, ayant reçu son nomL° et les amulettes qui doivent le garder du mauvais ail, entre véritablement dans la vie : à côté de Nundina, Geneta Mana" et les Fées, Fata scribunda promettent à l'enfant longue vie et heureuses destinées. L'enfant grandit. Pendant quelque temps, il semble que les dieux s'occupent moins de lui et l'abandonnent aux soins de sa seule nourrice. Mais le voilà sevré. Alors viennent de nouvelles divinités autour de lui. Deux lui apprennent à manger et à boire, l'une qu'on appelle Educa, Edula, Edulia, Edusa, ou même Victa; l'autre, à laquelle on donne tour à tour les noms de Potica, Potua ou Potina" (qui semble bien son vrai nom). Cuba le suit quand il quitte le berceau pourle lit ". Ossipago ou Ossipagina durcit ses os" et Cerna ses muscles45. Il ne craindra pas de tomber, quand il s'essayera à marcher : Statinus, Statilinus et Statina l'aideront à se tenir debout"; Abeona et Adeona, à aller et venir, sous la protection immédiate des bras de sa mère" ; Iterduca et Domiduca, à faire ses premiers pas hors de sa demeure48. L'âme de l'enfant se forme en même temps que son corps, mais avec l'assistance de nouveaux dieux, de Farinus, qui lui délie la bouche et lui inspire les premiers sons 49, de Fabulinus, qui lui enseigne les premiers mots60, de Locutius, qui lui apprend les premières phrases". Puis naissent tour à tour l'intelligence, la volonté et le sentiment : l'intelligence, avec Mens, Mens Bona, la déesse de la raison et surtout du bon sens fie, Catius, le dieu de l'habileté 53, Consus, celui des sages résolutions, Sentia, la déesse des bons avis ". La volonté se forme avec Volumnus, Volumna ou Voleta, qui semblent jouer le même rôle, de divinités inspiratrices des résolutions 55, Stimula, qui excite et entraîne ", Peta, qui préside peut-être à la première manifestation extérieure de la volonté 57, Agonius, Agenoria, Peragenor, qui veillent à l'exécution de l'acte voulus', Strenia, qui communique le courage pour triompher des obstacles59, Pollentia et Valentia, qui continuent son oeuvre F0, Praestana ou Praestitia, qui font enfin accomplir l'acte résolu G1. Les sentiments naissent avec Lubia ou Lubentina, et Liburnus, les divinités du plaisir ", Volupia, la déesse de la volupté Sa Cluacina, qui appartient à ce même groupe et qu'il faut peut-être regarder comme la déesse des passions brutales 64, Venilia, celle des espérances qui viennent se réaliser 65, et son opposée Paventia ou Paventina, celle des craintes et de la peur". Enfin quelques divinités au nom plus connu et aux destinées plus brillantes achèvent la transformation morale et physique de l'enfant, et font de l'adolescent un jeune homme : Numeria lui apprend à compterG7, Camena à chanter" : l'une est comme la divi nité des sciences, l'autre comme celle des arts. Minerva achève l'oeuvre de Mens, en fortifiant la mémoire 69: Juventas, la Jeunesse, et Fortuna Bar buta, la Fortune barbue, amènent le corps de l'adolescent au seuil de la virilité10. La théologie des anciens ne nous permet pas un seul instant de repos dans cette longue énumération. L'homme est en âge maintenant de prendre femme et de procréer. Voici de nouvelles divinités qui se présentent à lui, les dieux du mariage (dii nuptiales), chargés de veiller à tous les détails légaux, moraux et physiques de l'union, depuis les plus extérieurs jusqu'aux plus intimes. A leur tète et présidant, semble-t-il, à l'ensemble du mariage, Junon, invoquée en cette circonstance sous le nom de JuNO Juga ou Pronuba7t. Auprès d'elle ou plutôt après elle, nous rencontrons Aferenda, ainsi nommée parce qu'elle s'occupe de l'apport dotal 72 ; Domiducus (ou Domiduca ou Iterduca), Domitius et Manturna, trois divinités qui se suivent l'une l'autre, la première pour conduire la nouvelle épouse vers le toit conjugal, la seconde pour la décider à y entrer, la troisième pour l'obliger à y demeurer ". Unxia rappelle que le seuil de la maison est oint de parfums, en signe de bon présage74. Les deux époux sont en présence sur le lit nuptial. Cinxia dénoue la ceinture de la mariée 16, Virginiensis préside à la première atteinte portée à sa pudeur virginale76,Jugatinus l'unit à son époux". Alors viennent un certain nombre de divinités que saint Augustin appelle infâmes et obscènes, et dont on ne pourrait définir la fonction qu'en recourant au latin des Pères de l'Eglise : ce sont avec Venus78 et son corrélatif Mutunus Tutunus, que l'on rapprochait du Priape grec 74, Subigus80, Pretia 81, Pertunda 82, Per/Ica 63. Au delà du mariage, nous rencontrons beaucoup moins de dieux autour de la vie humaine, soit que les théologiens aient supposé qu'elle pouvait se suffire à elle-même, soit, plutôt, que les Pères de l'Église aient jugé les dieux qui venaient ensuite moins dignes d'attention et de polémique et aient à dessein négligé de nous conserver leur nom. Çà et là, nous trouvons seulement quelques rares divinités présidant à différentes circonstances de la vie de famille : Tutanus et Tutilina, qui protègent dans la nécessité S4, Viriplaca, que les époux adoraient aux jours de désunion ou de fâcherie 85, Orbona, qu'ils prient lorsqu'ils sont privés de leurs enfants" C'est ici, sans aucun doute, que nous devons placer les dieux qui donnent à l'homme honneurs, richesses, bonheur ou santé : Mena, qui veille aux accidents réguliers de la femme 87 ; Fessona, la déesse de ceux qui sont fatigués, Pellonia, qui est chargée d'écarter les ennemis de chacun 88, Quies, au soin de laquelle est confié son repos", Rediculus, peut-être à l'origine le dieu du retour90. La fortune matérielle est placée sous l'invocation générale des dieux du gain, dii Lucrii et sous l'invocation particulière de Pecunia, d'Argentinus, d'Aesculanus, les dieux de la monnaie, de l'argent et du bronze", d'Arculus,le dieu des cassettes n. Saint Augustin s'étonne, à ce propos, qu'il n'y ait pas de dieu Aurinus pour l'or, puisque l'argent et le bronze ont leur divinité. 11 est bien facile de répondre à saint Augustin : les divinités dont il s'occupe sont les plus vieilles divinités de Rome et du Latium, celles des temps primitifs. Or Rome n'a connu sous l'ancienne République que la monnaie d'argent et de bronze : l'or n'a été réellement introduit qu'en 217, et encore n'est-ce que sous César qu'il est entré dans le monnayage officiel et la vie courante, et, à ce moment, il y avait beau temps qu'on ne songeait plus à accroître le nombre de ces dieux obscurs et démodés. Plaçons à côté des dieux des richesses Honorinus, celui des honneurs et des charges politiques 93 Le dernier groupe par lequel Varron terminait cette longue nomenclature était celui des divinités de la mort. Au moment suprême, en effet, l'homme retrouvait, moribond, autant de dieux à son chevet, qu'enfant il en avait eus autour de son berceau : Caeculus éteignait la lumière de ses regards", Viduus séparait l'âme du corps°u, Mors ou Morta achevait l'oeuvre de mort", Libitina suivait les funérailles 87, Nenia accompagnait les dernières plaintes funèbres S8. A Nenia s'arrêtait certainement,dans le livre de Varron, la liste des divinités assignées à l'homme, liste qui commençait à Janus. II. La seconde série des divinités certaines renfermait, dit saint Augustin en se servant des expressions mêmes de Varron, « celles qui concernaient non pas l'homme même, mais les choses qui sont à l'homme, comme la nourriture, le vêtement et tout ce qui est nécessaire à la vie °9 n. En tête on trouvait les dieux des fruits de la terre, dieux qui suivaient le développement du grain de blé depuis les semailles jusqu'à la récolte, comme d'autres accompagnaient l'homme de la naissance à la mort. Les mêmes divinités inauguraient cette série : Janus et Saturnus, grâce auxquels la terre s'entr'ouvrait et recevait la semence 1" Puis venait Sator, qu'on ne distingue pas très bien de Saturnus101, Seia, Semonia ou Fructiseia, qui nourrit le blé dans le sein de la terre 502, Segetia ou Segetia, qui le nourrit à sa sortie du solf03. Une déesse destinée à une plus grande célébrité, Proserpina, n'était à l'origine, dans cette série, que la déesse de la germinationSO4. Nodules présidait au développement des tigesi0a; Volutina donnait aux épis l'enveloppe protectrice 406 ; Patelana (Patallana) et Patella ou Patana permettaient à l'épi de s'ouvrir au dehors' D7 ; Panda (ou Pandina, Empanda, Puntica), la déesse des épis ouverts et développés, était une des principales divinités de ce cycle et était regardée par beaucoup comme l'analogue de la grande Cérèsftt. Hostilina (de l'ancien mot hostire, qui correspondait à aequare) donnait aux épis la même han teurf02. Puis venaient Flora, la déesse de la floraison"' des blés; Lactans et Lacturnus, les dieux des jeunes épis encore lactescents 114 ; enfin Matuta, qui leur donnait la dernière maturité 412. Pendant que ces divinités suivent la lente transformation du blé et la protègent directement, d'autres la facilitent incidemment : Sterquilinius engraisse la plante à l'aide du fumier : c'était un dieu fort important, quoiqu'on ne s'entendît pas sur la manière dont on devait écrire son nom, qui nous a été transmis de différentes façons (Stercutus et Stercutius, Sterculus et Sterculius, Sterces 193) Robigus et la déesse Robigo avaient, à côté de Sterquilinius, un autre rôle fort important : ils défendaient le blé contre la rouille : aussi ces divinités, sauvegardes de la richesse des laboureurs, avaient-elles un bois sacré à cinq milles de Rome, et la fête qu'on y célébrait le 25 avril, les Robijalia, était une des grandes fêtes populaires du printemps9is Une place inférieure semble avoir été assignée à Picumnus et à son jumeau Pilumnus, que nous avons déjà vus près du berceau du nouveau-né et que nous retrouvons dans la liste des dieux des champs, celui-là pour engraisser les moissons comme Sterquilinius, celui-ci, que nous devrions mentionner plus tard, pour broyer le grain "6. Spiniensis écarte les ronces et les épines 116. Grâce à toutes ces divinités, le blé, enfin mûr, peut être livré à la main du moissonneur. La série des dieux de la moisson comprend Runcina, que l'on invoque soit quand les blés sont enlevés du sol, soit, plutôt, quand ils sont débarrassés des mauvaises herbes et de la stérile ivraie"7; Messia, qui veille à la coupe des blés mûrs"; Tutilina, qui les protège et les conserve à l'abri après la moisson 19; Ncduterensis, sous la protection de laquelle on bat le blé dans la grange 120 ; Pilumnus enfin, qu'il faut replacer ici, à son vrai rang. Le blé une fois broyé, la série des divinités de ce groupe se trouve naturellement close. Les autres groupes des dieux qui présidaient aux choses de la terre semblent avoir renfermé un nombre d'individus proportionnellement bien inférieur; peut-être cependant doit-on croire que les Pères de l'Église se sont moins arrêtés sur eux que sur les autres et ont préféré emprunter Ieurs citations et leurs arguments aux dieux de la vie et de l'agriculture. C'est ainsi que les forets n'ont que deux dieux, Silvanus (et encore je ne sais jusqu'à quel point on peut l'admettre dans cette nomenclature) ''21 et Nemestrinus1°2. Il y a deux déesses également pour les fruits, Puta423 et Pomona12'', une seule pour les fleurs et les prairies, Flora, qu'il est peut-être inutile de nommer ici de nouveau. Je n'en trouve qu'une seule pour la culture de la vigne, et encore bien incertaine, Meditrina923. L'élève des abeilles était confiée à la déesse du miel, Mellona ou Meltonia4Y6. Il y avait pour l'élève des bestiaux trois divinités, dont l'authenticité comme dii certi n'est pas cependantentièrement certaine : Pales, la divinité des brebis et des 182 Dll agneaux, Rabane, celle des boeufs 127, Epona, celle des chevaux "8. Nous connaissons en outre un certain nombre de dieux préposés au solde la terre en tant que destinés à l'habitation et à la marche des hommes, surtout des Romains : Ascensus et Clivicola rappellent les montées et les sentiers en pente si nombreux dans la Rome primitive129; Jugatinus 135 et illontinus i3", les sommets et les plateaux des monts de la Ville Éternelle naissante ; Collatina protégeait ses collines. Vallonia ses vallons, Rusina la campagne environnante. 2 La maison du Romain avait pour elle, aussi, tout un cortège de divinités protectrices. Sur le seuil, nous trouvons fana, comme nous avons déjà rencontré Janus sur le seuil de la vie humaine et de la vie végétale 1"; Arqués préside aux voûtes 1"; les portes appartiennent à Forculus, les gonds à Cardea, la pierre même du seuil à Lisnentinus 135, qui a auprès de lui Lima sa compagne'. A l'intérieur de la demeure, nous rencontrons au foyer Lateranus, le dieu du feu domestique i37. Enfin, et c'est par elles que nous terminerons cette série si longue, les Actes des Frères Arvales [ARVALES] nous font connaître quatre divinités qui veillaient au détail de certaines cérémonies sacrées, Adolenda, Commolenda et Coinquenda, Deferunda, pour la construction, l'abatage et le débit, le transport des arbres du bois sacré condamnés à périr ou frappés de la foudre 13e. Telle était, plus complète peut-être à certains égards qu'il ne l'avait donnée lui-même, la liste des divinités certaines, éternelles et définies, dressée par Varron ou suivant ses principes. On peut se demander quelle place ces divinités occupent dans l'histoire de la religion romaine, et quelle confiance ou quelle sorte d'autorité méritent le catalogue, les définitions et le classement imaginés par l'écrivain latin. Le catalogue paraît avoir été emprunté, en grande partic, aux anciens livres religieux des pontifes, les INDIGITAMENTA. Ces livres ne donnaient pas seulement le nom des divinités et la formule des prières qui devaient leur être adressées, mais aussi l'explication des noms de ces divinités, et par suite la définition de leur rôle et de leurs attributs A33 De fait, quoi qu'on en ait dit, il n'y a guère de divergence dans la manière dont les différents auteurs parlent et traitent des dii certi de Varron ; et Varron ne semble pas avoir eu de doute au sujet de la nature de chacun d'eux : à part quelques exceptions, dontil faut rejeter peut-être la cause sur les auteurs intermédiaires, chacune de ces divinités a son attribution bien nette et bien définie, ce qui doit nous faire croire qu'elle est empruntée à un livre de formules rigoureuses et immuables, comme devait être le recueil des Indigitamenta. Sans doute, Varron aura ajouté à la liste qu'il trouvait dans ce livre des dieux qu'il aura crus omis et qui par leur caractère se rapprochaient des vieilles divinités pontificales: il doit y avoir dans cette nomenclature plus d'une divinité étrangère au vieux rituel ou même à la religion des Romains : quelques grandes déités, comme Minerve, Junon, Diespiter, ont peut-être été introduites artificiellement dans la suite des divinités de la vie humaine ou de la vie végétale. Quelques personnalités augustes moins importantes, telles qu'Egeria, ont dû peut-être d'être admises dans ce cycle par suite d'une fausse interprétation donnée à leur nom.D'autres enfin semblent bien étrangères à Rome et importées après coup dans la religion italique, comme Epona, qui est bien une divinité essentiellement celtique. Mais il ne serait pas impossible, dans beaucoup de ces cas, de disculper Varron et de mettre ces erreurs, ces intrusions ou ces transformations de sens sur le compte des Pères de l'Eglise on des auteurs modernes. Dans l'ensemble, on peut dire que tous ou presque tous j les dieux certains de Varron sont empruntés aux recueils pontificaux : du reste, son respect et son amour pour ces vieux rituels ont dû le décider à s'écarter d'eux le moins possible, à ne rien déranger dans leur texte, leur liste, leurs formules. Les dieux certains de Varron doivent donc être regardés comme les dieux inscrits dans les plus antiques recueils pontificaux, ceux que la tradition regardait comme l'oeuvre du roi Numa. On pourrait croire encore que la plupart de ces divinités sont des créations philosophiques ou religieuses, que ces noms doivent être regardés moins comme désignant des personnages divins, que comme des épithètes attachées à telle action ou telle influence de la divinité : Vitumnus n'est pas le nom d'un dieu, mais le Dieu de la vie, la qualification d'un attribut divin, le pouvoir de donner la vie. En d'autres termes, toutes ces divinités ont été imaginées après coup par les pontifes, conformément à leurs principes théologiques et métaphysiques. Je ne puis le croire. Il semble bien, au contraire, que ces dieux aient réellement existé dans les croyances des Romains, qu'ils ont eu leurs jours de popularité et de gloire, qu'ils ont eu leur personnalité, acceptée et adorée de tous, autrement que dans les livres de prières. On y a cru. Ce qui le montre, c'est qu'un certain nombre d'entre eux se retrouvent sur les plus vieilles inscriptions de l'Italie : au fur et à mesure que les découvertes épigraphiques nous font pénétrer plus avant dans la vieille religion italienne, c'est en présence des dieux certains de Varron qu'elles nous replacent. De beaucoup de ces divinités, nous savons qu'elles avaient leurs petits sanctuaires à Rome, vieux et délaissés sans doute à l'époque classique, mais encore conservés; quelques-unes même possédaient leurs images dans le cirque. Plusieurs avaient vu leurs fêtes se conserver jusque sous l'empire, notamment celles qui présidaient à la vie des champs, dont le culte, cher surtout aux gens de la campagne, avait par suite eu plus de ténacité et offert plus de résistance. Il convient donc, semble-t-il, de voir dans ces dii certi de Varron les plus vieilles divinités, les déités primitives de la religion italienne. En somme, c'est en présence de l'antique croyance du peuple romain que ces listes de divinités nous ont placés. Le moment de grande popularité de ces dieux doit être antérieur à la fin de la seconde guerre punique. Nous avons remarqué qu'il n'est fait aucune mention du dieu de l'or, et que cependant l'or a été usité à Rome dès l'an 217 avant J.-C. Au temps des guerres d'Hannibal, on aimait encore les dieux, même officiellement, et quelques-uns d'entre eux, comme 7'utanus et Rediculus, ont joué leur rôle dans la seconde lutte contre Carthage. Toutefois la fin du ni° siècle avant notre ère marque DII -183 -DU bien la décadence définitive des dii certi, qui ne durent plus avoir dès lors qu'un nombre limité d'adorateurs. Les écrivains de l'époque classique les connaissent à peine; et si les auteurs contemporains d'Auguste, comme Varron, s'en sont occupés si longuement, si les actes du Collège des Arvales en mentionnent un certain nombre, et non des moins étranges, c'est par suite de ce mouvement de réaction qui entraînait alors les philosophes de Rome et les politiques du gouvernement deux ou trois siècles en arrière, vers les pratiques anciennes, les souvenirs du passé, les croyances primitives, c'est qu'alors il paraissait de l'intérét de tous de remettre en honneur tout ce qui rappelait l'antique Italie. DII COMMUNES. Virgile se sert de l'expression de dii communes ou de deus commuais pour désigner celles des divinités qui sont communes à deux peuples et que par suite ils peuvent invoquer également dans les traités et les stipulations 140. On peut rapprocher de cette expression celle dii quos Onnes colunt d'une inscription de Padoue DII COMPITALES [LARES, COMPITALIA]. Du COMPLICES. Arnobe désigne de ce nom les mi DII CONSENTES. ---Il y avait à Rome, à l'extrémité nordouest du Forum et sur le flanc du Capitole 943, un portique qui renfermait les statues dorées'" de dieux appelés dii consentes : ce portique et ces statues, dégradés ou détruits au me ou au ive siècle de notre ère, furent réparés et rétablis dans leur ancien état par Vettius Praetextatus, préfet de la ville, en l'an 367, et nous possédons l'inscription qui formait la dédicace du nouvel édifice f". Ce qu'étaient ces dii consentes, Varron et saint Augustin nous l'apprennent, le premier1" en flous disant qu'ils étaient au nombre de douze, le second '4'1, en les regardant comme le conseil céleste présidé par Jupiter. Ce sont les douze grands dieux du panthéon classique gréco-romain, dieux réunis pour la première fois à Rome dans le lectisterniurn de 217 "' et dont les noms sont groupés par Ennius dans deux vers célèbres '" : Juno, Vesta, Minerva, Ceres, Diena, Venus, Mars, Mercurius, Jovi, Neptunu, Volcanus, Apelle) et leur nom, consentes (ta ceux qui sont ensemble », consens devant être rapproché de absens et de praesens144), indique bien que le culte qu'ils reçoivent s'adresse, non pas à chu(lite divinité séparément, mais au groupe, au conseil tout entier, considéré comme une sorte d'individualité céleste, De Rome, le culte des dii consentes gagna tout l'empire, mais sans perdre jamais son caractère romain et public et sans cesser d'être associé à celui du Jupiter Optimus Maximus du Capitole "1, Du GENITALES. -Ennius appelle de ce nom les grands dieux, ceux qui engendrent toutes les autres divinités'". Dans un autre sens on désigne ainsi les dieux qui président DII INCERTI. -Cette expression, comme celles de DII CERTI et de Du SELECTI, était l'expression dont Varron se servait dans son grand ouvrage des Antiquités divines pour caractériser toute une classe de divinités : il s'occupait des dii incerti immédiatement après les dii certi, leur consacrant le xve livre de son travail. Voilà tout ce que nous savons de positif au sujet des dieux incertains de Varron, grâce à un seul passage de saint Augustin' ". Mais nous pouvons, à l'aide d'hypothèses, deviner quels sont ces dieux auxquels l'historien latin jugeait utile de réserver un livre entier de son oeuvre. D'une part, en effet, grâce au même Augustin, nous connaissons le début de ce xve livre ' « Je vais, dit Varron, émettre au sujet des dieux des opinions douteuses : qu'on ne m'en veuille pas'"» . D'autre part, nous savons, toujours par la même source, que Varron y exposait soigneusement les mystères de Samothrace". En troisième lieu enfin, on peut citer à propos des dieux incertains ce passage de Servius e Varron dit que, des dieux, les uns sont dès l'origine certains et éternels, les autres d'humains qu'ils étaient sont devenus immortels"' » il est évident que ces derniers ne sont autres que ceux que Varron, au dire de saint Augustin, appelait dii incerti. De ces trois passages on peut inférer que Varron groupait, dans son xve livre, sous l'appellation de dieux incertains : 1° les dieux contestés, sur lesquels on ne possédait pas de texte liturgique analogue aux INDIGITAMENTA, texte prouvant leur existence ou leur culte officiel et romain; 2° les dieux d'origine étrangère ; 30 les héros divinisés'''. Il est probable que les dieux étrangers occupaient la plus large place dans le livre de Varron, et que, par son intermédiaire, l'expression de deus ineertus a pu, jusqu'à un certain point, servir à désigner, dans la langue des Romains de l'empire, les diVrliiiîés mystérieuses, anonymes ou confuses des peuples orientaux. Ainsi quand Lucain appelle « un dieu incertain » le Jéhovah des Juifs 's, il n'est pas improbable qu'il eût à la pensée le xve livre des Antiquités de Varron. Mais l'expression est-elle une création de ce dernier ou l'a-t-il empruntée quelque part? C'est ce qu'il est bien difficile de dire, quoique la première hypothèse paraisse plus vraisemblable. Dis INVOLUTI. -On appelait ainsi les dieux supérieurs, ceux qui formaient le conseil intime et secret de Jupiter, ceux dont la puissance, l'action ou la volonté demeuraient toujours enveloppées de mystères et de terreurs, imam lutus ayant le sens d'enfermé, d'occulte. L'expression, qui se trouve chez Sénèque, semble empruntée à la théologie étrusque et étrangère à la théologie romaine 1u, NUTE. L'expression de dii magni, qui se rencontre assez souvent dans les textes comme sur les inscriptions, semble s'adresser non pas è un nombre fixe de dieux connus, mais d'une manière générale à toutes les grandes divinités. C'est ainsi qu'il faut également interpréter celle de dii majores ce sont à peu près les DII SELECTI de Varron, en tenant compte de la différence à établir entre une expression qui paraît vague et Dli 184 DIK populaire, et celle qui est le résultat d'une classification philosophique "0. On peut en dire de même de la locution dii majorum gentium, qu'on ne trouve que chez Cicéron'' : il faut entendre par là les dieux qui sont censés les chefs des grandes gentes divines, comme l'on appelait patres majorum gentium, les patriciens des familles primitives du patriciat romain f62. Par opposition à ces grands dieux, on appelle souvent les autres dii minuti'sa multitudo plebeia numinum, numina minora .1": il est évident que ces derniers doivent être cherchés surtout parmi les DII CERTI de Varron, quoique, là encore, il faille bien distinguer entre les deux expressions, celle-ci précise et philosophique, celle-1à populaire et indéterminée. DII MED1oxUMI. Plaute appelle ainsi les dieux inter médiaires entre le ciel et les enfers, autrement dit les dieux terrestres : [nu CAELESTES 96 °] DII NUPTIALES. Ce sont les divinités qui président au Du PUBLIC!. Tertullien 966 appelle ainsi ceux des dieux adorés à Rome qui recevaient un culte officiel, et les oppose aux nll ADVENTICII. Comme il place leur sanctuaire sur le Palatin, on peut croire qu'il songe surtout aux dieux de la Home primitive. Varron se sert de cette expression dans un autre sens, et l'applique aux Do Du SELECTI. Comme les expressions de mi CERTI et de mi INCERTI, celle de « dieux choisis », dii selecti, est particulière à la langue théologique de Varron. Grâce à saint Augustin, nous savons exactement ce qu'il entendait par ces dii selecti, auxquels il consacrait le xvie et dernier livre de ses Antiquités divines, et qu'il étudiait immédiatement après les deux autres groupes de dieux. « Je vais parler, disait Varron en tête de ce xvie livre, des dieux publics du peuple romain (dii publici populi Romani), de ceux auxquels on a dédié des temples et élevé le plus de statues 467. » Plus haut, saint Augustin nous a énuméré la liste de « ces dieux choisis » de Varron : il y en avait vingt, douze mâles et huit femelles : Janus, Jupiter, Saturne, le Génie, Mercure, Apollon, Mars, Vulcain, Neptune, le Soleil, Orcus, Liber, Tellus, Cérès, Junon, la Lune, Diane, Minerve, Vénus, Vesta 168. A ces vingt divinités seules, Varron consacrait tout un livre169. Il expliquait en effet leur origine et leurs attributs, indiquait leurs surnoms et leurs fonctions, définissait leur essence ; et l'on voit, par le vile livre de la Cité de Dieu de saint Augustin, que Varron s'étendait longuement sur chacune d'elles et qu'il les interprétait moins à l'aide de la théologie civile qu'au moyen des principes de la physique stoïcienne. « Les dieux choisis, dit Augustin, sont, aux yeux des païens (lisez Varron), les parties du monde'''. » En somme, les dieux choisis de Varron semblent bien avoir été choisis par lui parmi les dieux publics et officiels les plus populaires. Leur origine est diverse ; il y en a de Romains, il y en a de Grecs : à côté de divinités anciennes, comme Janus, on trouve des divinités relativement récentes, comme Apollon et Mercure. En outre, ces dieux concentrent en eux, d'après Varron, les fonctions et les attributs dispersés jadis dans la tourbe des dieux certains''' : Junon hérite de Lucina et de Mena ; plusieurs de ces dii selecti ne sont que des dii serti qui, plus heureux ou plus vivaces que les autres, ont survécu en absorbant les pouvoirs de leurs congénères, comme Saturne, Liber ou Janus. Enfin une d'entre ces divinités, le Génie, paraît absolument une sorte de création de Varron : on peut croire que, songeant au nombre infini d'inscriptions ou d'autels consacrés à des genii, il a cru indispensable de faire place à ces génies dans sa liste des dieux d'élite ; mais, comme d'autre part ces génies avaient en somme chacun son individualité propre, il a dû créer une sorte de Génie supérieur, dont tous les autres, génies de peuples ou génies d'individus, ne seraient que des émanations 172. Si bien qu'en résumé, s'il y a dans cette théorie des dii selecti de Varron une part importante de vérité historique, il faut aussi y reconnaître, beaucoup plus que dans celle des mi CERTI, la marque et l'influence de la physique stoïcienne. Dn URBANI. Varron, dans le seul passage où nous trouvions cette expression, appelle ainsi les douze grands dieux [DII CONSENTES], dont les statues se trouvaient en face du Forum. Il les oppose aux dieux adorés spécialement à la campagne, aux dieux en quelque sorte populaires, non ofÎlciels173. CAMILLE JULLIAN. DIIA (Ait«). Fête en l'honneur de Jupiter. Une fête de ce nom qui avait lieu à Pellène en Achaïe est mentionnée par un scholiaste de Pindare'. Des al« sont aussi indiqués à Teos E. S.