Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FORDICIDIA

FORDICIDIA. Fête du calendrier romain, encore appelée Fordicalia, HordicidiaetHordicaliai;elle tire son nom de horda ou forda, expression de la langue rustique désignant une vache pleine ; on la célébrait le 15 avril en l'honneur de Tellus 2, dans le temps même des CEREALIA et des AMBARVALIA, quelques jours avant les rALILIA; elle faisait partie de tout un ensemble de cérémonies qui au printemps devaient pourvoir à la fertilité de la terre, à la fécondité des animaux et au bien-être des hommes. L'acte principal des Fordicidia consistait dans le sacrifice de vaches pleines; les veaux qu'elles portaient étaient ensuite brûlés par la Vestalis maxima, sans doute sur le foyer de la Regia, à l'aide de paille de fèves, et les cendres mêlées avec le sang du cheval d'octobre [OCTOBER EQUUS] fournissaient les su ffimenta ou februa casta que l'on distribuait au peuple pour la célébration des Palilies3. L'institution de cette fête était rapportée au roi Numa, à qui l'oracle de Faunus, interprété parla nymphe Egeria, l'aurait révélée comme un remède à plusieurs années de stérilité 4. Les Pontifes et les Vestales y figuraient comme dans toutes les cérémonies qui avaient pour objet le bien commun de la cité [ARGEI] 5. Le sacrifice avait lieu dans chacune des trente Curies, c'est-à-dire dans les plus anciens lieux de réunion du peuple romain Ces manifestations isolées était ramenées à l'unité par un sacrifice au Capitole et par la cérémonie finale au foyer de Vesta. Le caractère politique de la fête lui était commun avec les FORNACALIA et les PAGANALIA7. La signification n'en est pas douteuse ; la combustion des veaux mort-nés s'explique par ce fait que l'épi dans les champs est encore en espérance $, Les Grecs avaient, au temps de la moisson faite, le sacrifice du taureau [BOurIIONIA], qui s'inspirait d'idées analogues°. Mannhardt rapproche une fête du printemps en Chine, où il est d'usage de porter à la ronde l'effigie d'une vache en argile, que l'on brise ensuite pour retirer de son ventre un grand nombre de petites vaches qui sont distribuées parmi le peuple comme autant de gages de la fertilité de l'année'0. J. A. HILD.