Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FORFEX

FORFEX, ciseaux, en grec s cù , diminutifs for ficula 1, Ia)(Stov 2. On dit aussi, par périphrase, ôt77a-71 z2tpa, couteau double3. L'étymologie du mot forfex est obscure; suivant Fick, il se rattacherait à la même racine que forare et foramen de sorte qu'il y aurait eu passage de l'idée de percer à celle de couper °. Dans les manuscrits, les cas du pluriel de forfex sont souvent confondus avec ceux de forceps, et il semble que, dans l'antiquité même, on ait parfois pris ces mots l'un pour l'autre. Il existe cependant entre eux cette différence essentielle que le forceps sert à saisir les objets, tandis FOR 1242 FOR que le forfexa pour but de les couper'. Les équivalents français de forfex sont ciseaux, cisailles et forces; ce dernier terme est un dérivé de for lices. Les anciens n'ont pas connu d'instruments identiques aux ciseaux de nos jours, qui sont caractérisés par la mobilité de deux lames autour d'un pivot et la présence d'anneaux de préhension à l'extrémité de ces lames. Les cisailles des Grecs et des Romains étaient d'une seule pièce et comprenaient deux branches réunies par une partie courbée ou en forme de fer it cheval; c'est le modèle des forces usités aujourd'hui. On connaît cependant des cisailles, destinées probablement à couper des plaques minces de métal, qui présentent deux branches réunies par un pivot; le modèle que nous figurons a été découvert près de Mayence (fig. 3167) 2. La fig. 3168 reproduit des ciseaux de grandes dimensions en fer, que l'on a recueillis dans une villa romaine de la liesse Rhénane 3 et qui ont probablement servi à tondre des bêtes à laine. Des ciseaux tout semblables sont placés au-dessus d'un bélier (fig. 3169) sur une pierre gravée du Musée de Berlin 4. Nous réunissons deux paires de ciseaux, provenant les premiers (fig. 3170) d'Aegae en Éolide'', les seconds (fig. 3171) des environs de Mayence 6, qui donnent une idée des types les plus ordinaires de Fig. 3169. ces instruments. On peut en rappro cher deux paires de ciseaux, les uns en bronze, les autres en fer, qui ont été découverts dans l'Italie méridionale 7 et d'autres, en fer, provenant des mines de Vertillum 8 et d'une tombe romaine de la SeineInférieure. Comme les ciseaux étaient des instruments très usités, on conçoit que les anciens les aient souvent placés dans les tombes, à côté d'autres outils et ustensiles de toile tte.On aremarqué qu'ils sont particulièrement fréquents, à la fin de l'époque impériale, dans les tombes du nord de l'Europe, où t'on trouve aussi bien de grands ciseaux à tondre les brebis que des ciseaux de très petite dimension Les ciseaux et les cisailles servaient à des usages très divers. On les em ployait pour tondre les bêtes à laine ", pour couper les branches d'arbres et les plantes12, les grains avariés des grappes de raisin13, etc. Dans l'industrie, de grandes forces servaient à tondre le drap, comme on le voit sur une stèle du musée de Sens (fig. 3172)'x.• Une fresque de Pompéi montre des Amours coupant avec des ci seaux une guirlande de fleurs pour en confectionner des couronnes [cono NAIIIUS, fig. 2015]. Comme objets de toilette, les ciseaux servaient surtout à couper la barbe 16 et les cheveux 16; nous donnons ici (fig. 3173 et 3174) un joli groupe en terre cuite de Tanagra i7, ;où la forme des ciseaux du barbier est très distincte. Une épigramme de l'Anthologie, sur un homme à chevelure très hirsute, dit qu'il doit être tondu à l'aide de faux et non de ciseaux, ôoe7txvotst xxl oû 4d xatôeaat xxCïovxt 18. Une autre épigramme énumère les ciseaux, à côté des rasoirs et des canifs, parmi les objets de la toilette personnelle's Pollux compte les petits ci( seaux parmi les articles de la toilette féminine 20. Quelques femmes coquettes s'en servaient aussi pour régula riser leurs sourcils 21. Comme le forceps, le forfex était FOR 1243 FOR parfois employé par les chirurgiens '. Dans l'art de bâtir, on appelait forceps ou forfex des espèces de cisailles destinées à soulever les poids [FORCEPS]. Le mot grec Yaafÿ s'applique encore à des constructions voûtées, arcs et arcades [Ancus] 2 ; à l'époque byzantine, on donne aussi ce nom aux absides Dans la Bible des Septante, l'expression al vaÀiôeÿ ticôv c r ),(ov parait signifier les chapiteaux des colonnes 4. Le grec ta.),ts désigne aussi, par analogie avec la forme des ciseaux, les tendrons de la vigne 5, comme le latin forfex, souvent confondu dans les manuscrits avec forceps, désigne les pinces et les antennes de certains animaux, le crabe, la sauterelle, le hanneton °. Nous avons déjà parlé, à l'article FORCEPS, de l'ordre de bataille en forme de ciseaux ou de tenaille, que l'on trouve appelé tantôt forceps et tantôt forfex; les anciens paraissent avoir hésité eux-mêmes entre ces deux désignations également appropriées. SALOS1oN REINACn.