Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FORMA

FORMA. -Ce mot a diverses acceptions que nous examinerons successivement. 1. MOULE. 10 Moules pour les saumons ou lingots de métal. Quand les fondeurs traitaient le minerai dans les hauts fourneaux, le métal en fusion était dirigé vers des moules où il prenait la forme des saumons ou lingots destinés à être livrés, au commerce et expédiés souvent au loin. Nous reproduisons ici un haut fourneau dont les restes ont été retrouvés près de Wansford, en Angleterre (fig. 3175). L'entrée du four est obstruée par un amas de scories; au-dessous de ces scories se dégage le canal par où la coulée allait emplir les moules que l'on voit, plus en avant, creusés dans le sol'. Vers 1846, on a découvert, près de Carthagène, en Espagne, dans des mines antiques, plus de trente saumons de plomb argentifère 2, coulés évidemment dans des moules de même forme que ceux du haut four neau d'Angleterre.' Nous reproduisons (fig. 3176) un de ces saumons, du poids de 36 kilogrammes, de la collection de M. Dorda de Carthagène; il a figuré à l'exposition universelle de Paris, en 18673. Le cabinet de. France', les musées de Saint-Germain 5, de Londres de Berlin 7, de Madrid 8, possèdent des saumons provenant de cette trouvaille. D'autres régions de l'Espagnes, et surtout la Grande-Bretagne10 et la Gaule" 157 FOR 1214 FOR ont fourni'des lingots de matière et de formés diverses. Le musée de Saint-Germain et d'autres musées 2 en conservent des exemplaires. On en a dessiné deux à l'article FERRIIM (fig. 9.9M, 2055)3. MM. Perrot et Chipiez donnent le dessin d'un saumon de cuivre rouge trouvé en Sardaigne et analogue à ceux qu'on rencontre en Italie qat particulièrement dans les régions étrusques'. '2° Moules pour les armes, outils et objets divers en bronze. L'usage des moules remonte à une haute antiquité. Ils étaient déjà connus à cette époque, qu'on ne saurait pas désigner par une date précise, où l'on commença à fabriquer des armes, des outils ou des bijoux en bronze'. Les haches en bronze, dont on connaît de si nombreux exemplaires, se coulaient soit à cire perdue, soit dans des moules'. Le musée de Saint-Germain7 et d'autres musées' possèdent un grand nombre de ces moules, soit en originaux, soit en moulages. On a trouvé des moules destinés à la fabrication des armes et des objets en bronze les plus divers : épées°, têtes de lances!', poignards", faucilles1', couteaux'', épingles14, agrafesf', anneauxf6. Ces moules sont de matières très variées : on en connaît en pierre17, por phyre 18, schiste f9, talc 20, ardoise 27, terre 22, terre cuite 23, bronze 2t. Leurs provenances ne sont pas moins diverses2". A Ilissarlik, dans une des plus basses parmi les villes superposées qu'il a mises au jour, M. Schliemann a découvert un moule en pierre, de forme rectangulaire, intéressant parce qu'il pouvait être employé à la fabrication d'armes et d'outils de plusieurs sortes 26. Nous reproduisons ici (fig. 3177) un très beau moule provenant d'Ir lande; il donne une tête de lance avec sa douille, munie d'un anneau au point d'attache de la douille et de la feuille27. Mais le plus beau et le plus curieux moule pour bronze que l'on connaisse est un moule assyrien en bronze, se démontant en plusieurs pièces, dans lequel on fabriquait des têtes de lance avec leur douille; il provient de Mossoul et est aujourd'hui conservé à Londres au musée Britannique 28. 3° Moules à bijoux. Il faut donner ici au mot bijou un sens très large et entendre par là non seulement les bijoux proprement dits, mais des amulettes, des statuettes, des plaques de métal destinées à être cousues sur les vêtements, des boutons, etc. Ces objets, en effet, étaient moulés dans des creux pratiqués souvent dans les mêmes plaques et il serait impossible de les classer séparément sans s'exposer à de continuelles redites. Les moules à bijoux, généralement en pierre dure, étaient le plus souvent composés de deux plaques sur chacune desquelles était gravée une des faces de l'objet à reproduire; on adaptait exactement ces plaques l'une sur l'autre ; des chevilles ou des écrous, enfoncés dans des,trous pratiqués à cet effet, les maintenaient pendant l'opération du moulage. Les ouvertures creusées dans l'épaisseur du moule permettaient d'y verser le métal en fusion ; des rigoles tracées sur la surface des plaques facilitaient l'écoulement de la coulée et la conduisaient aux cavités dans lesquelles étaient gravées, au rebours, les figures dont le métal refroidi devait conserver les formes. On connaît aussi des moules composés d'une seule pièce; les figures à reproduire y sont creusées plus ou moins profondément, hais il n'existe aucun conduit pour verser le métal ou le diriger vers le creux du moule. Ces moules en effet servaient à fabriquer des bijoux, non par la fusion du métal, mais par le procédé de l'estampage, qu'il ne faut pas confondre avec celui du repoussé; le travail au repoussé s'exécute non avec des moules mais avec des poinçons en relief. Pour obtenir des bijoux estampés, on appliquait sur le moule des feuilles de métal et on les comprimait, on les frappait jusqu'à ce qu'elles aient pénétré dans tous les creux et en aient pris l'empreinte exacte. II existe au musée du Louvre, dans la salle des bijoux antiques, des feuilles d'or et des bandeaux dont les dessins en relief ont été certainement obtenus par ce procédé. Nous n'avons pas à parler ici des moules trouvés en Égypte 29, ni de ceux qui appartiennent à la Chaldée et à l'Assyrie30. Nous les rappelons toutefois à cause de l'in FOR 1241; FOR fluente que les arts de ces pays ont exercée sur ceux de la Grèce. Il en faut dire autant des Phéniciens qui ont répandu sur tous les rivages de la Méditerranée des bijoux de leur fabrication et particulièrement des bijoux en verre : cachets en forme de scarabée, perles, grains et pendants de collier, amulettes, anneaux, bracelets, boucles d'oreille, plaques destinées à être cousues sur des étoffes. Tous ces objets étaient modelés dans des moules', Le musée Britannique possède un de ces moules provenant de Camiros. On y fabriquait des boucles d'oreille Schliemann a trouvé à Mycènes deux moules d'orfèvre en basalte : l'un, de forme rectangulaire, est gravé sur ses deux faces': l'autre, en forme de dé, est gravé sur quatre faces'. L'un et l'autre servaient à la fabrication de petits bijoux et de plaques. Le lieu même de leur découverté leur assigne une date approximative. On connaît un certain nombre de moules à bijoux d'époques moins anciennes que ceux que nous venons de mentionner. A Ruvo, dans la Pouille, on a trouvé, en 1880, un fragment d'un moule en lave destiné à la fabrication de jolis bijoux : quatre modèles de boucles d'oreille circulaires, d'une ornementation et d'un dessin gracieux, une fibule, un pendant en forme de poire3 (fig. 3178). Le musée du Louvre possède deux moules en basalte, d'époque romaine, trouvés en Égypte et provenant de la collection Rousset-Bey. On en tirait de petits objets destinés à la parure : tête, poisson, dauphin, cheval, oiseaux sur l'un 6 ; sur l'autre, tête d'un travail assez bon, raisin, canthare, anneaux'. Une des planches du Recueil de Caylus' représente un moule qui n'a pas de rigole pour l'écoulement du métal; on y a gravé, avec assez de négligence, un semis de tètes. On a trouvé, près d'Ostie, deux moules en ardoise avec lesquels on fabriquait ces ex-voto que les anciens suspendaient dans les sanctuaires des divinités auxquelles ils attribuaient leur guérison. Ces ex-voto représentaient, souvent avec une brutalité repoussante, le membre malade, tel qu'il était avant la guérison. Un de ceux qui proviennent d'Ostie figure des jambes 0. Il existe, au musée de Lyon, un moule en stéatite, clans lequel sont gravées, entre un fleuron et un canthare, sept têtes destinées à être reproduites par l'estampage ; ce sont sans doute les divinités des sept jours de la semaine. M. E, Michon 10 a publié une pierre noire qui semble être un minerai de fer, polie sur une de ses faces où l'on a gravé en creux une représentation de la triple Hécate avec une légende. M. Michon reconnaît avec raison, dans ce monument, une pierre gnostique. Ce n'est pas, comme les pierres à sujets analogues, une amulette que l'on puisse porter, mais le moule dans lequel on coulait ces amulettes. Un autre moule, destiné à fabriquer des amulettes gnostiques, a été publié par Ficoroni 11 L'usage des moules à bijoux a été, comme on le voit par les exemples que nous venons de citer, constant pendant toute l'antiquité, depuis l'époque la plus ancienne jusqu'aux bas temps de la décadence romaine ; il a même continué pendant le moyen âge. Nous avons dit aussi que les moules à bijoux servaient à fabriquer des statuettes ; non pas seulement des figurines plates, plaques estampées ou coulées, comme celles des moules asiatiques mentionnés plus haut, mais de véritables statuettes. On a trouvé à Vertault (Côte-d'Or), une statuette en plomb de la Victoire, obtenue certainement dans un moule12. Je possède un moule en serpentine, encore inédit, dans lequel on peut couler une statuette montée sur un soc circulaire. 4° Moules de céramistes. -Moules pour la fabrication des briques [FIGLINUIu, p. 2019, LATER]. Moules pour la fabrication des vases avec ornementation en relief [FIGLINUM, p. 2029, VASA]. Les moules des vases se fabriquaient au tour, comme les vases euxmêmes; quand la pâte était encore molle, on y imprimait, en creux, à l'aide de poinçons, les figures, fleurons et ornements isolés; les cordons d'oves ou autres motifs formant des lignes non interrompues y étaient tracés avec des roulettes (fig. 3179, 3180 et 3181; voy. aussi fig. 304G, p. 2031, art. FIGLINUM)10. Poinçons et roulettes étaient en terre cuite. On connaît cependant de curieuses exceptions : M. Bulliot, d'Autun, possède, dans sa riche collection, une série FOR 1216 FOR d'écuelles avec les moules en terre et les poinçons en plomb qui ont servi à leur fabrication; il existe au musée de Rouen une roulette en bronze 1 avec sa monture, munie d'une longue tige (fig. 3180-3181). Moules pour figurines [FIGLINUM, p. 1035, et s.]. Les ateliers de céramistes explorés en Gaule ont fourni de riches collections de moules. Ceux de l'Allier ont été publiés par Tudot, dont les planches offrent une belle série de moules et de poinçons2. Ces moules sont aujourd'hui conservés partie à Moulins, au musée de cette ville3 et dans la collection de M, Bertrand, partie au musée de Saint-Germain'. A Lezoux, en Auvergne (Puy-de-Dôme), où l'industrie de la poterie était, comme aujourd'hui, très florissante, on avait, à plusieurs reprises, signalé l'existence de vastes ateliers de potiers romains °; le docteur Plicque les a explorés méthodiquement pendant de longues années6; les moules et poinçons qu'il y a recueillis sont d'un grand intérêt, à cause de leur nombre considérable et de leur provenance certaine. A côté de poinçons et de moules d'un art grossier, on en rencontre qui sont certainement l'oeuvre d'artistes habiles et formés d'après les bonnes traditions, dont les produits, livrés au commerce, étaient portés au loin et achetés par les potiers. Malheureusement les observations faites par le docteur Plicque sont encore inédites. Ses collections sont aujourd'hui déposées au musée de Saint-Germain'. Dans le canton de La Guerche (Cher), M. Roubet a exploré des ateliers de potiers où il a trouvé des moules intéressants que le comte Raymond de La Guerche a publiés avec le plus grand soin a. A BourbonLancy (Saône-et-Loire), des ateliers de céramistes romains ont fourni, en grand nombre, des moules semblables à ceux de l'Allier'. Nous reproduisons ici le moule d'un col de vase romain d'un beau style, conservé au musée du Louvre 10 (fig. 3182 et 3183; voy. aussi un moule de vase, fig. 3043 et 3044 et un moule de lampe, fig. 3045, p. 2030, art. FIGLINUM). 11 existe toute une série de vases ornés de grands médaillons intéressants par les sujets représentés, et souvent aussi par l'art avec lequel ces sujets sont traités. Le plus grand nombre de ces vases a été trouvé dans la région du Rhône. Ces médaillons étaient le plus souvent des appliques, faits indépendamment des vases et à l'aide de moules. Un de ces moules, qui faisait partie des collections de M. J. Gréau, représente Mercure assis sur un rocher et provient de Vienne 11 Le musée du Louvre en possède un autre sur lequel est figurée une Victoire dans un quadrige (fig. 3184 et 3185)12. M. Vaille a publié le moule, actuellement au Louvre, d'un joli médaillon trouvé à Cherchell". Enfin le musée de Saint-Germain conserve quelques moules de médaillonsl'. 5° Moules pour jetons. -Ces moules ressemblent beaucoup aux moules à bijoux. Comme eux ils se composent de deux pièces superposées, donnant chacune une des faces du jeton et assujetties par des chevilles passées dans des trous. Tous ces moules sont semblables. Un canal est pratiqué au centre du moule; des canaux plus petits, s'en détachant à droite et à gauche, conduisent dans les creux où il doit prendre la forme du jeton le métal en fusion que l'on a versé dans le canal central. On connaît un certain nombre de ces moules; les jetons qu'on y fabriquait sont quelquefois carrés, mais le plus souvent de forme ronde. Les sujets représentés sont très variés : sistre 16 ; prêtre d'Isis 16 ; Isis tenant un sistre 17; une chouette'' ; la légende ERA 19 ; la lettre Y"; la Fortune caractérisée par la corne d'abondance et le gou FOR 1217 FOR vernaili (fig. 3186). Ce dernier moule offre cette particularité que, à côté de la rigole et des creux destinés aux jetons, il existe une autre rigole avec des creux où l'on devait probablement couler de petits boutons. Le moule était donc en même temps un moule à bijoux. 6° Moules de monnaies. Ces moules en terre cuite, ont une forme toute particulière. Le moule complet d'une monnaie se composait de deux rondelles, portant, en creux, l'une le moule du droit, l'autre le moule du revers. On obtenait ces moules en imprimant sur la terre encore molle l'empreinte des monnaies à reproduire 2. La profondeur des creux était calculée de telle sorte que, superposés, ils formaient une cavité égale à l'épaisseur de la pièce que l'on désirait obtenir. Pour couler la monnaie, on plaçait l'un au-dessus de l'autre un certain nombre de ces moules et on les lutait avec de la terre glaise, pour que le métal ne pût pas s'échapper en bavure entre les deux pièces de chaque moule. Dans toute la longueur de la petite colonne formée par la réunion des moules superposés, on creusait une rigole, et, au fond de cette rigole, un petit trou correspondant à chacune des cavités où le métal devait prendre la forme et l'empreinte de la pièce. On n'avait plus qu'à verser le métal en fusion dans la rigole, pour qu'il se distribuât de luimême dans chacun des moules. Caylus a fait l'expérience sur un moule trouvé à Lyon, dont nous reproduisons ici le dessin d'après lui «fig. 3188), et a obtenu, à diverses reprises, des monnaies très bien formées. Mais, dans les ateliers monétaires, pour couler à la fois un plus grand nombre de monnaies, on réunissait les colonnes de moules par groupes de trois, disposés de telle sorte que les rigoles verticales, placées en vis-à-vis, formaient un canal unique par lequel le métal en fusion se distribuait à la fois dans les moules des trois colonnes. On a trouvé des moules ainsi préparés dans les ruines de l'atelier monétaire de Damery, près Épernay. Cet atelier, le mieux conservé qu'on ait pu explorer, a permis de se rendre compte des procédés de la fabrication des monnaies coulées 4. Il semble que cette manière de couler les monnaies n'ait été usitée qu'en Angleterre, en Suisse et en Gaule. C'est tout au moins de ces pays que proviennent les moules en terre cuite connus jusqu'à ce jour; on n'en a pas trouvé en Italie 5. En outre, ces moules n'offrent pas de types antérieurs à Septime Sévère. On a longtemps discuté la question de savoir s'ils étaient employés dans les ateliers impériaux ou s'ils appartenaient à des faux monnayeurs. Il semble maintenant établi que ces émissions étaient faites dans des ateliers non clandestins par des magistrats monétaires ou des particuliers autorisés, qu'elles purent quelquefois être frauduleuses sans que cependant leurs auteurs se rendissent coupables du crime de faux monnayage 6. Mais aussi il est bien probable que la facilité de contrefaire des monnaies à la fabrication desquelles suffisait un outillage si peu compliqué, dut, plus d'une fois, tenter les faussaires '.Aussi la substitution du moulage à la frappe fut abolie par les lois de 326-336 et 371 On conserve des moules de monnaies en terre cuite aux musées de Saint-Germains, de Nantes, de Rouen 10, de Boulogne 11, de Bar, d'Orléansl2, etc. 7° Moules pour cuisiniers et pâtissiers. Les cuisiniers et surtout les pâtissiers avaient des moules avec lesquels ils donnaient à leurs mets et à leurs gâteaux les formes les plus variées. Athénée 13 raconte que Nicomède, roi de Bithynie, ayant témoigné, dans un endroit éloigné de la mer et de tout cours d'eau, le désir de manger certaine espèce de poisson, son cuisinier en fabriqua un tellement bien imité que le roi s'y trompa. Quelques commentateurs pensent que ce poisson fut fait à l'aide d'un moule 74. Apicius donne une recette d'après laquelle le poisson doit être, après la cuisson, arrangé dans un moule 1J. Pétrone parle d'un cuisinier qui, avec de la chair de porc, faisait des poissons, des ramiers, des tourterelles, des poules. Tous ces mets se préparaient évidemment dans des moules 16 Mais, plus encore que les cuisiniers, les pâtissiers se servaient de moules pour donner à leurs produits les formes les plus variées. Suivant Athénée, les Spartiates servaient, dans les repas de noces, des gâteaux auxquels le moule avait donné la forme d'un sein i7. Pendant le siège de Carthage, on servit, à la table de Scipion le Jeune, un gâteau représentant une forteresse, image de la ville assiégée. Le général et ses officiers prirent ainsi et détruisirent Carthage en effigie. Ce gâteau avait sans doute été fait à l'aide d'un moule 18. Au repas de Trimalchion, on servit des pâtes cuites ayant la forme d'un marcassinis. Héliogabale avait des pâtissiers si habiles qu'ils imitaient, avec de la pâte, tous les mets et tous les fruits 20. Au musée Pompéien installé à Pompéi, on FOR 1248 FOR conserve plusieurs moules pour pâtés trouvés dans les ruines' ; l'un a la forme d'une coquille, les autres sont de forme elliptique. On peut voir au musée de Naples plusieurs autres moules de pâtisserie en forme de coquilles provenant d'Herculanum et de Pompéi'. Quatre autres moules du même musée 3, trouvés à Pompéi, ont IL. forme d'un lièvre (fig. 3188), d'un porc, d'un jambon, et d'un demi-poulet'. D'autres moules, provenant aussi de Pompéi, et dont nous reproduisons ici un spécimen, servaient à découper la pâte en lui donnant la forme de feuilles ou de palmettes creuses, aux bords repliés (fig. 3189, 3190); il est probable qu'on les remplissait de quelque matière comestible. Athénée mentionne un gâteau qu'il appelle ip.7I7LTxç et qui devait ressembler beaucoup à ceux qu'on fabriquait avec ce moule 6. 8° Moules à fromage. Les anciens faisaient les fromages dans des corbeilles ou dans des moules6. Ces moules étaient ordinairement en bois de buis7. Aussi bien qu'en pâte, les cuisiniers d'Héliogabale imitaient tous les mets et tous les fruits avec de la crème. 0° Moules pris sur le vif. Les anciens connaissaient l'art de mouler sur le vif. P. Delattre a récemment trouvé, à Carthage, un masque punique, en terre cuite, évidemment moulé sur le visage d'un défunts. Pour ce qui concerne les Grecs, le fait, plus d'une fois contesté, est cependant attesté par un texte de Pline, très clair sur ce point : Hominis autem imaginem gypso e facie ipsa primus omnium expressit, ceraque in eam formam gypsi infusa, emendareinstituit Lysistratus Sicyonius, frater Lysippi 1 °. » Que Lysistrate ne soit pas, comme certains auteurs l'ont prétendu, l'inventeur de ce procédé ", il n'en reste pas moins acquis que, du temps de Lysippe, le procédé était connu. Les Romains savaient aussi prendre un moule en plâtre sur le visage d'un défunt, et, dans le moule ainsi obtenu, couler de la cire pour reproduire son visage, Ainsi sans doute étaient faites les images des ancêtres; elles étaient en cire et Pline les appelle expréssi cera vultus, expressions qui supposent bien un moulage 1', Q. Ovidius, après avoir suivi en exil son ami Caesonius Maximus, impliqué par Néron dans la conjuration de Pison 13 et être resté près de lui jusqu'à sa mort, conservait, moulée en cire, son image vivante.' Un poète du ive siècle, Agathias, a laissé dans son Anthologie une charmante épigramme sur l'image en cire d'un enfant défunt". Ces deux portraits avaient sans doute été exécutés d'après le procédé indiqué par Pline. Le temps d'ailleurs a épargné une tête en cire, de l'époque romaine, trouvée à Cumes45 dans un tombeau : portrait du défunt, pris dans un moule, on n'en peut douter [GERA, fig. 1291]. D'ailleurs une découverte faite à Lyon, en 1882, a levé tous les doutes sur cette question, s'il pouvait encore en subsister. Dans la nécropole de Trion, mise au jour par des travaux de voirie exécutés dans ce quartier de Lyon, on rencontra dans la tombe d'une petite fille, avec d'autres objets, un moule en plâtre mélangé de chaux, pris sur le visage de l'enfant après sa mort 16 (fig. 3191). Ce moule est aujourd'hui conservé au musée de Lyon. 10° Moules de statuaires. Nous n'avons pas à étudier ici les procédés employés par les artistes pour couler les statues en bronze [CAELATURA, p. 790, STATUARIA ARS]. du moulage, mais de la frappe. Quelques textes d'auteurs17 permettent de hasarder l'opinion que, comme les moules, les matrices gravées, destinées à frapper la monnaie, étaient appelées formae. Ces matrices, en acier trempé, quelquefois en bronze, étaient encastrées dans un creux ménagé à l'extrémité d'un cône tronqué ou d'une sorte de barillet en bronze ou en fer18. Il existe ce FOR 1249 FOR pendant des coins impériaux d'une seule pièce, entièrement en bronze, y compris la matrice gravée 1. Sur un deniër de T. Carisius, monétaire vers l'an de Rome 706, 48 av. J.-C., on voit, comme type, parmi les autres emblêmes de la charge du monétaire, un coin de forme conique'. Le coin figure encore comme type sur un petit bronze de la colonie latine de Paestum 3. On a trouvé un certain nombre de ces coins. M. Ad. Barthélemy a décrit quatre coins destinés à frapper des monnaies gauloises : un coin de fer, trouvé à Avenches (Suisse), dans lequel est incrustée une matrice en bronze représentant une tête analogue à celle des imitations des statères macédoniens ; deux coins de monnaies arvernes trouvés à Corent, près Clermont-Ferrand, et le coin d'un denier à la légende Togiria provenant des environs de Bar-sur-Aube 1. M. G. Vallier a décrit un coin de monnaie des Volkes Arécomiques, trouvé à Moirans (Isère), en 1879'. Le musée de Grenoble possède un coin du même peuple, avec Vol sousle cheval, et le musée de Clermont-Ferrand, un coin en bronze donnant le droit et le revers d'une monnaie de César. On a trouvé, à Nîmes, deux coins en bronze de l'empereur Auguste G. Il existe au cabinet de France, une belle collection de coins de Tibère, de Néron et de Constant I, fils de Constantin 7 ; au musée d'Orléans, deux coins de Tibère, provenant d'Italie 8, et au musée de Lyon un coin de Faustine Jeune, trouvé à Fourvières en 1857, qui est le plus beau coin monétaire connu et le plus complet'. Des coins de Tibère, Caligula et Claude, aujourd'hui au Musée de Saint-Germain, ont été trouvés en 1863 à Paray-leMonial ". Le Père du Moulinet décrit deux coins en fer du cabinet de Sainte-Geneviève, l'un d'Auguste, l'autre de Constance Chlore ". Il n'ya pas lieu de s'étendre, dans cet article, sur la manière de frapper monnaie [MONETA]. Par extension, on appelait aussi forma la pièce de monnaie elle-même 12. C'est dans ce sens que Lampride 13 a dit que Sévère Alexandre émit des pièces d'or valant deux (foi'mae binariae), trois (ternariae), quatre (quaternariae) et même dix (dena7'iae) aurei 14 [MONETA1. IV. PLAN. On connaît des plans remontant à une très haute antiquité. Lepsius signale des plans relevés sur les monuments égyptiens". Le musée du Louvre possède la statue d'un architecte chaldéen, tenant sur ses genoux une tablette où est gravé le plan d'une enceinte fortifiée 16. Layard décrit des plans et des vues de villes et de camps assyriens 1''. Les architectes romains, avant de construire un édifice, en dressaient le plan etle soumettaient à celui pour qui ils devaient exécuter le travail. César, voulant faire élever une école de gladiateurs, en fit d'abord dresser le plan 18. Après l'incendie de Rome, Néron fit un plan de la ville à reconstruire 19. Aulu-Gelle Fait mention de plans d'établissements de bains depictae in membranulis, et Pline le Jeune de celui d'un temple 20 Nous possédons plusieurs plans antiques gravés sur marbre. Le plus célèbre est celui qui est connu sous le nom de Forma Urbis Ilomae 27, plan immense dont malheureusement on n'a retrouvé que des fragments, qu'il n'est même pas possible de réunir pour rétablir un quartier un peu étendu de la ville. Les premiers fragments de ce plan furent retrouvés entre les années 1561 22 et 1564 23. Des découvertes successives s'ajoutèrent aux premières ; des fouilles récentes, dont le but était de compléter les découvertes précédentes, n'eurent pas les résultats est pérés. Le plan de Rome fut exécuté, entre les années 203 et 211, sous les empereurs Septime Sévère et Caracalla, par ordre du sénat et du peuple romaine". Sévère avait, avant cette époque, relevé un grand nombre des édifices de la ville; de telle sorte que ce plan lut un monument élevé en son honneur et destiné sans doute à perpétuer le souvenir des travaux par lesquels il avait, pour ainsi dire, renouvelé Rome''. La Forma Urbis était gravée sur des plaques de marbre épaisses de huit centimètres, et couvrant une surface de trois cents mètres carrés au moins". Ces marbres étaient fixés, par assises, à l'aide de clous en fer, sur le mur de derrière du Templum sacrae Urbis 27. Ce mur, en briques, regardait le Forum de la Paix. Le plan indiquait en détail les insulae, ou pâtés de maisons, les grands édificesavec leurs noms, les rues, avec les noms des plus importantes, les portiques, places, jardins, escaliers, etc. C'était, en un mot, un plan des plus détaillés. M. Jordan croit, avec assez de vraisemblance, que ce plan fut exécuté d'après un plan des régions de Rome dressé par Agrippa, sur l'ordre d'Auguste, complété par Vespasien et conservé dans les archives de la ville 28. La Notitia Urbis regionum XIV, rédigée sous Constantin, serait la description et comme le livret de ce plan 28. Les fragments du plan de Rome furent transportés en 1742 au musée du Capitole 30 ; ils sont maintenant fixés sur les murs de l'escalier. Une partie des fragments, perdue avant ou pendant le transport au musée, fut rétablie d'après les planches de Bellori et des dessins conser FOR FOR CLAVDI A O C TAVI AE DIVICI I F•LIBPELORIS Tés; ils sont marqués d'une étoile qui permet de les AEDIS,~ GN I S 1 1~ 1 ~Z S a ~NF a nnmmnmrsmta • n r o e 11-en au s t s u -1250 11 existe d'autres plans de monuments qui, s'ils n'ont pas l'importance du plan de Rome, ne sont pas cependant dépourvus d'intérêt. On conserve au musée de Pérouse un marbre de provenance incertaine, mais probablement trouvé à Rome 2. Les caractères de l'inscription, les noms des personnages indiquent le ier siècle de notre ère ; le texte même dit que, les plans représentés sur la pierre sont ceux de la maison du gardien et du tombeau 3 (fig. 3193). On a trouvé, dans le cimetière de Sainte-Hélène, sur la Via Labicana, une plaque de marbre qui avait été employée à fermer un loculus 4. Elle représente le plan d'un monument funéraire derrière lequel s'étend un grand jardin, bien dessiné, planté d'arbres et entouré de murs; on y accède par une via privata qui s'embranche sur une via publica. Cet intéressant monument est aujourd'hui au palais ducal d'Urbino. On conserve à Rome, au musée du Capitole, un fragment de plan en mosaïque, représentant des bains dont chaque salle est marquée d'un numéro. M. Lanciani, qui le premier a publié ce plan, croit que les numéros correspondent à ceux des cohortes des vigiles et urbaines dont chacune avait sa salle spéciale 6. On a trouvé à Rome, entre les Thermes de Titus et le Colisée, un fragment du plan d'édifices privés, avec les noms des propriétaires 6. M. Klein a publié un curieux fragment d'un plateau en verre gravé, représentant le plan d'une ville, vue à vol d'oiseau, avec ses monudistinguer des fragments authentiques' (fig. 3192). ments et des légendes qui en indiquent les noms ETTI C L AVDIVSAVC IBEVTÏCHVSPROCAVCVSTOR x LXV xvi SORORIBVSETLI BLI BE RTABVSQPOSTERI S QEOIZ S'AEDIFI CFCVSTODIAEETMONVMENTI-RELIQVEKV (fig. 3194). Le mot Aureliana se lisant sur ce plan, l'auteur a exposé, sans l'admettre, l'opinion peu probable que ce plan serait celui de la ville d'Orléans 7. Le musée de Grenoble possède un gros bloc de terre cuite, sur FOR 1251 FOR lequel on a gravé, avant la cuisson, un plan assez com pliqué 1. On sait que les particuliers recevaient l'eau des aque ducs à certains jours et à des heures fixées, soit pour leur consommation, soit pour arroser leurs terres [CURA ratores aquarum faisaient • graver , sur marbre, des plans des aqueducs, portant indication des noms des riverains concessionnaires, de la quantité d'eau concédée, du jour et de l'heure où elle se déversait sur leurs terres. On peut voir un fragment d'un de ces plans à Rome, sur l'Aventin (fig. 3195 2). plusieurs endroits de sa géographie, expose les principes d'après lesquels on doit dresser une carte, soit sur une surface plane, soit, ce qui est préférable, sur une sphère 3. Il décrit aussi et soumet à une critique serrée les procédés des géographes plus anciens, Ératosthène et Hipparque " et attribue aux cartes de son temps une valeur bien supérieure à celle des cartes anciennes pleines d'erreurs'. Les Romains durent d'abord dresser leurs cartes d'après les traditions grecques. La plus ancienne carte romaine connue est une carte d'Italie peinte sur une des murailles du Temple de Tellus ; Properce' et Vitruve' font aussi allusion à des cartes géographiques. Nous arrivons ainsi au; célèbre Orbis pictus du règne d'Auguste dont nous parlerons plus longuement tout à l'heure. Suétone raconte que l'empereur Domitien fit mettre à mort Metius Pomponianus, parce que la constellation sous laquelle il était né le prédestinait à l'empire. Mais, dit Suétone, il y avait à cette condamnation une autre raison : Metius IV. Pomponianus portait ça et là un parchemin sûr lequel était peinte la carte du monde : Et quod depictum orbern terrae in membrana... circumferret 9; suivant Dion Cassius, cette carte du monde était peinte sur le mur de sa ctiambre 10. Les Romains faisaient même des cartes détaillées, qui contenaient des indications sur les principales productions des pays représentés. On offrit à Néron une carte de l'Éthiopie qui permit de constater que, depuis Syène, limite de l'empire, jusqu'à Méroé, dans un espace de_ 896 000 pas, l'ébénier est rare, et que, plus loin, on ne voit que des arbres de la famille des palmiers". Eumène parle des cartes géographiques qui ornaient 1esportiques d'Autun12. Dicuil, poète dulie siècle, dit que l'empereur Théodose II, la quinzième année de son règne, fit exécuter une carte de tout l'univers 15. Mais la carte ancienne la plus célèbre est cette carte, désignée sous le nom d'Orbis pictus, exécutée d'après les documents réunis par ordre d'Auguste sous la direction d'Agrippa, puis exposée au Champ de Mars, dans le portique dont sa soeur Poila avait commencé la construction ly. Il est généralement admis que la célèbre carte connue sous le nom de carte de Peutinger (fig. 3196) est la reproduction de l'Orbis pictus d'Agrippa. Cet Orbis pictus, plusieurs fois modifié, complété et recopié, fut la source principale de tous les documents géographiques qui suivirent, et c'est d'après lui qu'on rédigea les itinéraires''. Un exemplaire, dont on ignore la date, car toute trace en est perdue, serait parvenu entre les mains d'un moine de Colmar, qui vivait au temps de saint Louis, en 1265. Le moine copia la carte, en couleur, sur onzel9 feuilles de parchemin, qui sont aujourd'hui conservées à la Hofbihliothek de Vienne ; il y fit plusieurs modifications et surtout introduisit dans les noms géographiques de nombreuses fautes d'orthographe. Conrad Peutinger, le savant qui a donné son nom à cette copie, l'avait reçue en 1508 de Conrad Meissel, qui en avait fait la découverte à Worms et la possédait depuis l'année 1494. On ne sait pas quel a été son sort entre 1265 et 14494 17. La carte de Peutinger a une forme singulière et semble passée au laminoir, tant elle est disproportionnée dans ses dimensions de hauteur et de largeur (6m,82 sur Om,34 seulement) ; elle est donc extraordinairement allongée de l'est à l'ouest et non moins resserrée du nord au sud. Bien des fois on a émis l'opinion que le prototype, peint sur les murs d'un portique long et peu élevé, avait eu, aussi bien que la copie, ces proportions bizarres. Cette explication est peu satisfaisante, car il est plus que probable que l'Orbis pictus avait une forme circulaire 18. Que la carte de Peutinger ait été ou non la reproduction de celle d'Agrippa, il est indiscutable que le moine de Colmar a eu entre les mains et a reproduit une carte antique ou une copie d'une carte antique. Quelles que soient les altérations, les modifications ou les déformations dont celle-ci a eu à souffrir, la carte dite de Peutinger n'en reste pas moins un monument unique et du plus haut intérêt, et pour les renseignements géo 158 i, C -e r Pdl .h'; `vC ezt -ïa wiltl1''_' txii AA i 'i ~tu L fils to xvttt c Ilii tee ia's'ev o yoaLf xit' Aus Sols sitodetttttnm A L YWtt V TAa -~ kt• •orr,cxcalJt•~ ,r uiam tttt•vaar FOR 1252 FOR graphiques qu'il contient et pour l'étude de la cartographie dans l'antiquité 1. 2° Outre les cartes générales, les Romains faisaient des cartes particulières, des cadastres établis non plus dans un intérêt géographique, mais légal. C'est ainsi que P. Lentulus, préteur urbain en l'an de Rome 592, acheta, avec la permission du sénat, pour le domaine public, des territoires appartenant aux par ticuliers. Il en fit lever leplan, et, après l'avoir gravé sur des tables de bronze, le fixa aux murs du temple de la Liberté'. Nous voyons Claude et Vitellius, en qualité de censeurs, reprendre aux particuliers un terrain usurpé causa cognila ex forma 3. L'empereur Vespasien, d'après la forma de l'empereur Auguste, restitue au lem. pie de Diane Tifatina, près de Capoue, des terres données à ce sanctuaire par Sylla et peu à peu usurpées par les -_ng -_~ II Iller-~ ,,,,.• v"GafFi,to.yt o. ~ an • FS `=-" ' 1!•..ts v„• ~j .uo n~, 118~1a9~ `per kv ,l 4ïtus tin ~,t,~QrV]L16e Xg'CttU 1, t'ettaxtt CO n. vttu .t+ particuliers4. Il existe encore à Jdfu (Apollinopolis Magna), un temple sur le mur extérieur duquel est gravée la forma de toutes les terres dépendant de ce temple 5. VI. FORMA CoLONIAE. Quand le territoire cultivable d'une colonie était déterminé, on le divisait d'après des règles fixes qui nous ont été conservées par Hygin. Tous les rites accomplis, la division faite et les lots distribués, on établissait le plan (forma) très détaillé de la colonie, avec indication des lots. Un exemplaire de ce plan était destiné aux archives de l'empire ; l'autre, 1 Voici les principales éditions de la table de Peutingor : Marc Welser, Fragmenta tabulae antiquae, in quis gliquol per Rom. provincias, itinera ex Peutingerorum bibliotheca, Venise, Alde, 1591. Cette édition ne contient que deux segments. La première édition complète fut faite à Anvers, par Jean Morct, elle est intitulée : Tabula itineraria, ex illustri Peutingerorum bibliotheca, quae Angustae Vindel. est, beneficio Marti Velseri, septemviri Augustani, in lutent edita, Anvers, 1598. Les planches de Moret furent rééditées en 1618 par les Elzevirs, dans le Theatrum geographiae veleris, et en 1624 par les Plantin, dans le Theatri orbis terrarunt parergon d'Abraham Ortels. On grava une seconde fois des cuivres qui furent utilisés dans l'Atlas de Georges florn, Accuratissima orbis antiqui delineatio, Amsterdam, Jeansson, 1653, et dans la traduction française de cet ouvrage, Description de l'univers de G. Ilorn, La Haye, 1741. De nouveaux cuivres, moins bons que ceux de J. ➢foret, furent gravés en 1 682 pour l'édition des oeuvres complètesde Marc Welser; on en exécuta encore de nouveaux pour L'histoire des grands chemins de l'Empire romain, par Nicolas Bergier, 1632, 2' édit. 1728. Les cinquièmes cuivres furent faits en 1753, pour la belle édition de Scheyb : Peutingeriana tabula ittneraria, quae in Augusta bibliotheca Vindebonensi nunc serveur, Vienne, 1753. Ces mêmes cuivres furent utilisés pour l'édition du dominicain Podocatro Cristianopoulo, Tabula itineraria militaris romana antiqua Theodosiana et Peutingeriana nuncupata, Aesii in Piceno, 1809, puis pour l'édition de hlannert, l'abatte itineraria Peutingeriana primum aeri incisa et edita a Er. Christoph. de Scheyb 3IDCCLIIC; *nue cum codice Vindeboai eo llata, mandata et nova Conrad gravé sur bronze 6 ou sur marbre, restait dans la colonie [coLONIA, p. 1313-1314)'. On a retrouvé des fragments de la forma de la colonie d'Orange 8. Ce document, malheureusement très mutilé, est cependant assez complet pour qu'on ait pu reconnaître qu'il a été établi d'après les règles qu'Hygin nous a conservées',: il contenait le plan, l'indication des lots, marqués par des lettres, et des chiffres désignant peut-être des redevances 0. PORTRAIT 10[IMAGO]. On désignait sous le nom de forma 11, sacrae for Mannerti introducttone District a, studio et opera Academiae litterraum regiae 1lfonacensis, Lipsiae, 1824. Pour des renseignements plus complets, cf. Desjardins, 0. c. t. IV, ch. VI, § 3, p. 111 ; c'est à cet ouvrage que nous avons emprunté la bibliographie qui précède. Desjardins lui-même a publié une édition inachevée de la table de Peutinger, avec planches en couleur : Table de Peutinger, Paris, 1874, in-fol. Voy. du même, Géographie de la Gaule d'après la table de Peutinger, Paris, 1869 et Géographie de la Gaule, t. 1, p. 18 ; III, p. 481-485 ; IV, p. 72-159. -2 Licinianus, Annal. XXVIII, cité par H. Jordan, Forma U. R. II, 5', p. 10. 3 Corp. inscr. lat., VI, 919. -41bid., X, 3828. 5 Lepsius, Abhandl. d. Akaderaie, 1855, p. 69 et s. cité par Jordan, 1. c. ; Ilultsch, Scriptores metrologici, t. I,p. 46. 6 Cf. Mommsen, Die libri coloniarum,dans Die Schriften der rdmisehenFeldmesser, Berlin, 1848-1852, t. II, p 153. 7 Cf. aussi Hultsch, O. e., t. II, prolegomen. p. 7. 8 Corp. inscr. lat. t. XII, no 1244 et p. 821, add. ad 1244. 9 M. O. Hirschfeld a récemment donné au Musée de Saint-Germain les fragments de la forma de la colonie d'Orange. Cf. A. Héron de Villefosse, Ac. des iriser. et bell.-lett., C. R., 1893, p. 61. IO Cie. Pro Mil., XXXII : Clarissimorum virorum formae. II Forma perpetua, Corp. insu'. lat., VIII, 10570 ; col. 2, 1. 16, et 3, 7 ; cf. Mommsen, Decret des Commedia, dans Hermes, t. XV (1880), p. 402. Forma jaris, cdicti, constitutionum, rescriptif senatus consulti, juridictions, cf. Cod. Theod., éd. de Godefroy, t. 1, p. 432, coule mentarius, in fine. Forma proconsulis, Cod. Th., VIII, V, 15. Sur les formae du préfet du prétoire, cf. Mispoulet, Les inst. polit. des Romains, t. I, p. 286, II, p. 448; cf. aussi Capitolin. Anton. VI; Cod. Justin. I, II, 20; Cod. Theod. II, XXV, 1, § 2. FOR 1253 FOR mas 1, des ordonnances, des édits, rescrits, décrets impériaux. Le fameux édit de Milan, porté par Licinius et Constantin, est, dans le texte même, qualifié format. Les mots forma, formata epistola désignaient des lettres scellées d'un sceau à l'effigie de celui qui les avait écrites 3. Dans les bureaux de la chancellerie romaine où les employés montaient d'une classe inférieure à une classe supérieure, ces classes s'appelaient formee'. Le conduit de l'aqueduc était désigné sous le nom de forma'. Par extension, on donna le même nom à l'aqueduc lui-même 6. A l'époque de la Notitia, l'administration des eaux avait à sa.tête un cornes formarum7 et sa charge s'appelait comitiva formarum Urbis [cuRA AQuARUM]. XII. FORMA SUTORIS. Forme de cordonnier. La forme fut de tout temps un des principaux instruments du cordonnier70. Ulpien examine le cas d'un cordonnier peu patient, qui, pour corriger un apprenti indocile, lui avait crevé l'eeil avec sa forme". Ammien Marcellin regarde comme une preuve de la barbarie des Huns qu'ils portent des chaussures faites sans formes 12. L'édit de Dioclétien indique les prix des formes pour les souliers d'hommes, de femmes et d'enfants 13 Un certain nombre de monuments archéologiques représentent des formes de cordonnier. Un vase grec, trouvé à Orvieto, et faisant partie de la collection Bourguignon, à Naples, représente l'atelier d'un cordonnier; au mur sont suspendus des instruments, des chaussures et desformesl". Sur un hase grec du musée Britannique, à figures rouges, on voit aussi un atelier de cordonnier; une forme et une chaussure sont accrochées au mur, avec d'autres instruments du métier [BUTOR] 19. Dans une peinture d'Herculanum bien connue, deux petits génies ailés, assis à un établi, travaillent des chaussures; l'un entre la forme dans un soulier, l'autre pré pare une empeigne ; une planche, accrochée au mur audessus de leurs têtes, porte quatre formes, tandis que les portes ouvertes d'une armoire placée bu fond de la boutique laissent apercevoir des formes et des chaussures de toutes les dimensions {fig. 3197) 78. Le musée Brera, à Milan, possède la pierre funéraire du cordonnier C. Atilius Justus 77 ; au-dessous de l'inscription, on a représenté le défunt cousant une chaussure dans Iaquelle il a introduit une forme 18. Le 5 février 1885, on a trouvé à Rome, en creusant des fondations près de la porta Angelica, la pierre funéraire de C. Julius Helius, qui, comme nous l'apprend son épitaphe, était cordonnier près de la porta Fontinale. Au-dessus de l'inscription est placé le buste du défunt. Sur le fronton du monument, on a sculpté deux formes, symbole du métier exercé par C. Julius Helius. L'une de ces formes représente, avec beaucoup d'élégance et de°vérité, la forme du pied humain, l'autre est dans une crepida très soigneusement dessinée. Toutes les deux sont, comme les formes modernes, munies de leur tige en fer 19 (fig. 3198). On a trouvé à Ostie un sarcophage, avec inscription grecque20, et au musée de Latran se trouve un marbre sur lesquels sont également représentés les instruments du cordonnier, et, entre autres, la forme 21 VIII. FoRMACET Muai. On appelait ainsi des murs en terre, quoniam in forma cireumdatis duabus utrinque tabulis inferciuntur verius quart?, struuntur 22. Pline nous apprend que ce mode de construction était très usité en Afrique et en Espagne"; on bâtissait aussi des murs semblables dans le territoire de Tarente 2k. Dans le midi de la France, particulièrement en Dauphiné, on construit encore, dans des formes de bois, des murs en terre qu'on appelle murs de pisé. Pline vante la solidité de ces murs : ils durent des siècles, dit-il; plus solides que toutes les maçonneries, ils résistent au vent, aux pluies et au feu29. On construisait aussi, dans des formes en bois, des murs autres que les murs en terre, appelés formacei par Pline. On plantait en terre des poutres carrées, sur lesquelles on clouait des planches, de manière à enfermer ainsi un espace rectangulaire. On y jetait, en les tassant, du ciment et des petites pierres; quand la masse était solidifiée, on enlevait la forme et on continuait de la FOR 125! FOR même façon. Les poutres, placées à l'intérieur du moule, formaient des creux dans la muraille (fig. 3199) [CAEMENTum] '. On peut voir un beau spécimen de ce genre de construction dans la maison bien conservée qui a été découverte sous le péristyle du palais des Flaviens, sur le Palatin. Les figures scientifiques, géométriques, étaient appelées par les Romains formae2. Ralbus, qui vivait sous Trajan, a intitulé son traité de géométrie : Expositio et ratio omnium formarum 3. Tite-Live raconte qu'Archimêde, intentus formis quas in pulvere descripserat, ne s'aperçut pas que l'ennemi était entré dans Syracuse 4. Le mot forma, avec les adjectifs prima, secunda, etc., désignait la qualité des objets livrés au commerce. L'édit de Dioclétien mentionne des peaux de Babylone, prima' formae, secundae formae', c'est-à-dire de première et de seconde qualité. Suivant M. Waddington, ces peaux, de qualité exceptionnelle, étaient, comme nos maroquins, des cuirs de luxe préparés avec des peaux de chèvre ou de mouton 6. Les Romains connaissaient, comme nous, l'art de détacher les peintures murales.. Ils les enlevaient, puis les maintenaient, pendant le transport, dans des cadres en bois qu'ils appelaient formae. Par ce procédé, Murena et Varron, pendant leur édilité, firent venir de Lacédémone à Rome, pour orner les comices, une belle fresque peinte sur un mur en briques 7. Caligula tenta une opération semblable, mais sans succès, la nature de la peinture ne permettant pas qu'on l'enlevât'. On a trouvé à Pompéi des fresques détachées de la muraille, et toutes préparées pour être emportées quand survint la catastrophe 9. II. TrieDENAT.