MONTANT. L'histoire des montani se confond avec celle des origines de Rome. La Rome la plus ancienne, la Borna quadrata, située sur le Palatin, se divisait en trois districts appelés montes, le Palatium, la Velia, le Cermalus. Plus Lard la seconde Rome, plus étendue que la première, comprit sept hauteurs, montes, c'est-à-dire, outre les trois précédentes, les trois hauteurs qui constituaient l'Esquilin, le Cispius, l'Oppius, le Fagutal et le district de la Subura, le pagus Sana-sanas '. Cette nouvelle ville célébrait le H décembre la fête des Sept Monts, le SEPTIMONTIUM 2. Les habitants de chaque nions, les montani, formaient une sorte de communauté qui avait sa fête annuelle distincte'. A la fin de la République, les montes et les pagi comprenaient toute la population de Rome, c'est-à-dire, outre
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et quelquefois des haines inexpiables. La monomachie, considérée comme une sorte de jugement de Dieu, devient un article du droit des gens. En même temps une autre pratique, à qui étaient réservées de longues destinées et qui devait avoir une importance considérable sur le développement politique et moral du monde grec, l'arbitrage, apparaît à côté de la monomachie, parfois se combine avec elle pour amener la fin des querelles.
L'exemple le plus ancien que nous ayons d'une monomachie présentant un caractère sérieux de réalité, est le combat singulier par lequel Athènes et Mytilène décidèrent de régler le litige relatif à la possession de Sigée 1. Les deux champions étaient l'Athénien Phrynon, illustre par une victoire olympique, et Pittacos, tyran de Mytilène. Le récit de ce combat présente quelques particularités un peu étranges qui ont paru suspectes à quelques critiques E. On racontait que Pittacos avait mis un filet sous son bouclier, qu'il l'avait lancé sur son adversaire, l'enveloppant et pouvant ainsi le tuer facilement'. Cette monomachie n'eut pas le résultat qu'on avait espéré. La lutte continua entre Athènes et Mytilène ; enfin les deux villes résolurent de soumettre leur différend à un arbitre qui fut Périandre, tyran de Samos. Périandre trancha le débat en prononcant luté possidetés
Il serait encore plus difficile de contester la réalité de la monomachie par laquelle les Spartiates et les Argiens résolurent, en 316, de régler le litige relatif à la possession de la'Thyréatide, partie septentrionale de la Cymmie. Mais cette fois la monomachie se présente à nous sous une forme nouvelle`: on résolut de choisir, dans les deux armées prêtes à combattre, un nombre égal de guerriers, qui en viendraient aux mains pour décider la querelle : le peuple dont les champions seraient vainqueurs aurait cause gagnée et entrerait en possession de l'objet du litige. Ainsi, ce n'est plus la querelle de deux hommes, chefs ou rois, qui est considérée comme la cause de la guerre entre deux peuples; ce sont des raisons d'ordre politique, d'ordre économique qui les arment l'un contre l'autre. Comme on veut éviter l'effusion du sang, on en appelle à un jugement par les armes, et il suffit de mettre de part et d'autre en présence un nombre égal de combattants ; mais, comme personne n'est personnellement responsable du conflit, chaque cité choisit librement ceux à qui elle confie la défense de ses droits.
C'est en vertu d'un arrangement de ce genre que les Argiens et les Spartiates choisirent, chacun de son côté, 300 guerriers ; ensuite les deux armées se retirèrent pour laisser le champ libre aux combattants. Ces deux troupes d'élite déplo} èrent tant de bravoure que trois hommes seulement survécurent, deux du côté des Argiens, un du côté des Spartiates. La nuit étant venue, Ies deux Argiens, se supposant vainqueurs, coururent à Argos annoncer leur victoire ; pendant ce temps, le Spartiate dépouilla les cadavres ennemis, porta leurs armes dans le camp spartiate, puis il se mit à son poste sur le lieu
du combat. Le lendemain, chacune des deux armées réclama la victoire ; on ne put s'entendre ; on en vint à une bataille générale et les Argiens furent battus.
Ce combat, raconté en détail par Hérodote e, a été rappelé par Thucydide mais dans des circonstances qui font bien voir le changement d'opinion qui s'était opéré dans l'esprit public à propos des combats singuliers. En 420, les deux mêmes villes d'Argos et de Sparte étaient sur le point d'en venir aux mains encore une fois à propos de la Cynurie; les Argiens demandèrent à soumettre l'affaire à un arbitrage ; sur le refus des Lacédémoniens, ils firent la proposition suivante : « On conclurait une trêve de cinquante ans, pendant la durée de laquelle chacun des deux peuples aurait le droit, sauf le cas de peste ou de guerre à Lacédémone et à Argos, de provoquer l'autre peuple à un combat tel qu'il avait eu lieu autrefois quand les deux partis s'étaient attribué la victoire. » Les Lacédémoniens regardèrent cette proposition comme une pure démence ; mais comme ils avaient alors grand intérêt à ménager les Argiens, ils acceptèrent et le traité fut conclu à ces conditions.
Ce témoignage de Thucydide, en même temps qu'il confirme l'existence de la monomachie en l'an 546, nous révèle aussi, comme nous l'avons dit, combien le sentiment public avait changé sur cette question. Certainement, dans l'époque légendaire et dans l'époque homérique, la monomachie a pu être considérée comme un moyen très simple de régler les différends ; elle pouvait même présenter une certaine apparence de justice, quand les deux adversaires qui étaient la cause d'un conflit entre deux peuples proposaient de vider leur querelle en champ clos, comme par exemple Péris et Ménélas devant Troie. Il est infiniment probable, il est même certain que la monomachie, conçue comme moyen d'éviter une trop grande effusion de sang, a été pratiquée e. Cependant, déjà dans le combat entre les deux rivaux qui se disputent Hélène, des actes de déloyauté sont commis, et la guerre recommence avec plus de fureur entre les deux peuples. Nous avons vu que le duel entre Phrynon et Pittacos, que le combat entre les 300 Spartiates et les 300 Argiens n'avaient pas abouti à la paix. Bien souvent le vaincu pour pallier sa défaite n'a pas craint de recourir à la mauvaise foi. On peut croire que c'est là une des raisons qui, de bonne heure, ont dîi discréditer ce jugement par les armes. Il y a eu aussi une autre raison plus sérieuse et plus profonde. A mesure que les États se constituent, que l'esprit public se forme, on sent que le hasard d'une rencontre, oh sont engagés seulement quelques hommes, ne peut décider du sort des États. Un pareil procédé ne tarde pas à paraître comme un reste de barbarie. Quand du sort d'une guerre dépend l'existence même de la cité, il est nécessaire que la cité mette dans cet enjeu tout ce qu'elle possède de force et de ressources. Pendant les guerres Médiques, Mardonius, au moment d'engager la bataille de Platées, proposa aux Spartiates de régler le conflit par une monomachie
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son frère, le devin Hélénos, que l'heure de son trépas n'est pas encore arrivée ; rassuré par cette prédiction, il défie les Grecs, il provoque les plus braves ; une seule condition est indiquée dans le cartel : le vainqueur remettra le cadavre du vaincu à ses amis, pour qu'ils lui rendent les derniers honneurs. Longtemps les Grecs hésitent à affronter un adversaire tel qu'Hector; enfin, sur les pressantes objurgations de Ménélas et de Nestor, neuf guerriers s'offrent pour combattre ; le sort désigne Ajax : la lutte commence, et, après plusieurs engagements dans lesquels les deux adversaires montrent la plus grande force et la plus grande bravoure, les hérauts s'avancent des deux côtés et les séparent : ils sont tous les deux également chers à Zeus, également braves ; d'ailleurs la nuit arrive, les deux adversaires se séparent après s'être fait mutuellement de riches présents.
Toutes les monomachies que nous avons décrites jusqu'ici n'ont, en réalité, d'autre objet, dansl'esprit dupoète, que de faire éclater la gloire du héros. De pareils combats peuvent avoir assurément un résultat pratique : si les deux chefs de chaque armée, si les deux plus braves guerriers qui, des deux côtés, sont le centre de la résistance, en viennent aux mains, la mort de l'un des deux peut amener la défaite de son parti. Mais il peut ne pas en être ainsi: ce résultat n'est acquis que si les deux adversaires sont eux-mêmes la cause du conflit qui arme les deux peuples l'un contre l'autre. Dans un pareil cas, l'idée de faire décider la querelle par un combat singulier était la plus naturelle : elle a dit s'imposer tout d'abord à l'esprit des hommes. C'était là une des premières manifestations d'un droit des gens, le désir de réduire les maux de la guerre et d'éviter une effusion de sang inutile. Tel est dans l'Iliade le duel entre Pâris et Ménélas '. Le poète le décrit dans les plus grands détails. Rien n'y manque : d'abord la provocation ; elle est faite par Hector au nom de Pâris. Ce dernier fait proposer à Ménélas un combat singulier pour vider leur querelle : le vainqueur obtiendra Hélène et ses trésors; les deux peuples feront la paix et deviendront amis. Ménélas accepte. Le cartel ainsi lancé et relevé, ii y a à faire une convention par laquelle les deux peuples s'engageront à se soumettre à l'arrêt du destin. tel que l'issue du combat le révélera. Cette convention donne lieu à une cérémonie religieuse, à un sacrifice et à un serment solennel piété par Agamemnon et par Priam. Les deux peuples sont rangés en face l'un de l'autre, séparés seulement par l'espace qui doit servir de lice aux combattants. On tire au sort pour décider qui des deux guerriers aura l'avantage de lancer le premier son javelot. Le sort favorise Pâris ; le combat s'engage et se termine par la défaite de l'amant d'Hélène, qui est sauvé par Aphrodite. Cette défaite est suivie d'un acte de déloyauté commis par les Troyens : la guerre continue à sévir entre les deux peuples.
Si de l'épopée nous passons à la légende, nous trouvons la monomachie surtout sous cette dernière forme. Elle e presque toujours un résultat pratique, un but politique ; une guerre entre deux peuples est ordinairement terminée par un duel entre les deux chefs, et le sort de ce combat décide du sort des deux peuples. C'est ainsi que sont figurées et racontées les invasions, les changements de dynastie. On sait que la légende avait trans
formé l'invasion dorienne en un événement mystique, atténuant ainsi son caractère brutal : elle attribuait aux envahisseurs un droit sur le sol qu'ils avaient pris de force. C'était à la fois et justifier le vainqueur et consoler le vaincu. La monomachie était un moyen tout indiqué pour ce double objet. On racontait que les Héraclides, conduits par Hyllos, fils d'Héraclès, se présentèrent une première fois àl'isthme pour prendre possession du Péloponnèse ; ils trouvèrent, rangée en bataille pour lesrepousser, l'armée des Achéens et des Ioniens ; mais le conflit put être décidé par un combat singulier. Ilyllos provoque le plus brave soldat de l'armée ennemie. Échémos, roi des Tégéates, accepte le défi. On convient, sous la foi de serments solennels, que si Hyllos est vainqueur, les Héraclides seront rétablis dans le Péloponnèse ; s'il est vaincu, ils s'engagent à renoncer à leurs prétentions pendant cent ans. Hyllos est tué, les Héraclides se retirent. Les cent ans écoulés, ils reviennent, cette fois en traversant la mer de Corinthe, conduits par l'Étolien Oxylos. Pendant que les Héraclides s'emparaient d'Argos, de Sparte et de Messène, les Étoliens marchaient contre l'Élide : les Épéiens allèrent à leur rencontre. Les deux armées étaient d'égale force : on décida de s'en remettre à deux champions qui combattraient pour les deux partis, car c'était là un ancien usage des Grecs 2. L'Épéien Degménos se fiait dans la longue portée de son arc; mais l'Étolien Pyrechmès avait une fronde, arme jusqu'alors inconnue en Grèce et qui portait plus loin que l'arc ; il tua son adversaire et assura ainsi la victoire à Oxylos et aux Étoliens.
Les légendes relatives à Athènes nous présentent des faits analogues : c'est ainsi que l'établissement de la dynastie des Nélides de Pylos était dû, à ce qu'on racontait, à la victoire que Mélanthos remporta sur le roi béotien Xanthos. Ce dernier avait provoqué le roi athénien Thymétès, qui déclina le cartel. Xanthos releva le défi et vainquit le Béotien par un adroit stratagème 3.
Ces combats légendaires étaient considérés, par les Grecs du ve siècle et des siècles suivants, comme des faits historiques parfaitement certains. Ces souvenirs sont rappelés à chaque instant par les peuples dont ils constituent le patrimoine moral; ils sont pour eux de vrais titres de noblesse ; dans les relations internationales, on les invoque pour justifier des prétentions; ils constituent des droits qu'on n'oublie jamais de rappeler. Sur le champ de bataille de Platées les Tégéates demandent à occuper un poste d'honneur de préférence aux Athéniens ; et, pour justifier leurs prétentions, ils allèguent la victoire remportée jadis par Hyllos, le chef des Héraclides.
A l'époque héroïque et légendaire succède une période où la certitude des faits et la réalité des individus se dégagent déjà et s'accusent; l'histoire commence, encore mêlée, il est vrai, àla légende. La préoccupation d'adoucir les rigueurs de la guerre, l'existence d'un droit des gens s'affirment plus nettement. Dans ce monde de petits peuples de même race, de petites cités voisines, parlant la même langue, ayant les mêmes moeurs, participant aux mêmes fêtes, unies par des liens de toutes sortes, on a cherché de bonne heure à résoudre pacifiquement les différends qui peuvent faire naître des conflits sanglants
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des camées et des pierres gravées aux médailles (fig. 5138) 2 ; de telles parures furent encore portées par des princesses tant byzantines que carolingiennes 3.
Mais l'art franc et lombard n'a point enrichi cette classe de bijoux. C'est pour les hommes, pour les guerriers, que travaillaient ces orfèvres ; on négligea dès lors les colliers pour les fibules, les broches et les boucles, serties de gemmes et d'émaux. Les colliers, rassemblés d'éléments et de matériaux disparates 4, rappellent les parures barbares des tombes ombriennes à puits. La tradition classique se brise et disparaît G. KARO.