Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article OBRYZUM

OBRYZUM. L'or affiné et amené au degré de pureté que pouvaient lui donner les anciens était appelé par les Grecs des bas temps : yousbç Sôpu~oç, ypuaiov oépu~ov 1, et par les Latins : aurum obryzum ou nbrussum, aurum ad obrussarn 2. L'obrussa, suivant la définition de. Pline, est l'épreuve du feu pour l'or 3. L'origine du mot ii)Ppu.o est douteuse: d'après un passage de l'édit du maximum de Dioclétien, dans le fragment trouvé à Élatée, ce mot serait d'origine égyptienne`. L'argent affiné se disait, au contraire, argentum pusulatum ou pustulatusa On a trouvé en 1887, en Transylvanie, et en 1901 à Aboukir, des barres d'or affiné et préparé pour la frappe monétaire, sur lesquelles les probatores romains avaient appliqué leurs estampilles 6. On y lit, par exemple : LVCIANVS OBR. 1. SIG. (Lucianus obryzum primas signavit). Le mot obryzum est abrégé : OB, OBR, OBRV, suivant les cas. L'or de ces lingots est purifié à 980 millièmes [LATERES]. Des lingots d'argent affinés et contrôlés par des officiers de même ordre portent le mot pusulatum, abrégé : PV, PVS, PS, PST Sur les monnaies d'or de la fin de l'empire romain, à partir de Valentinien 1 on lit à l'exergue du revers les lettres OB, généralement placées à la suite du nom de l'atelier : CONOB, TROB, TESOB, ANOB, sur les pièces d'or des ateliers de Constantinople, de Trèves, de Thessalonique, d'Antioche, etc. Les monnaies d'argent de la même époque portent les lettres PS au lieu de OB; par exemple : TRPS, LVGPS, sur les pièces d'argent des ateliers de Trèves et de Lyon 9. C'est à partir de Valentinien I°r qu'on voit les empereurs se préoccuper constamment de l'aloi des métaux monétaires et prendre, en particulier, de nombreuses mesures législatives pour que l'or impérial soit obryzum. Nous citerons, entre autres, un rescrit de Valentinien et Valens en 3669; deux autres rescrits des mêmes empereurs en 367 10, et en 379 un édit de Gratien, Valentinien II et Théodose". Chez les Byzantins et en Occident, après la chute de l'empire, les lettres OB ont continué à être gravées par routine et habitude d'atelier, sur des pièces d'or à bas titre, et jusque sur l'argent et le bronze; la formule CONOB de l'atelier de Constantinople a même été couramment reproduite sur des monnaies frappées en Occident jusqu'à l'époque mérovingienne f2. Les dinars arabes euxmêmes, imités de la monnaie byzantine. portent en coufique le mot obriz (or pur)" . E. BABELON. OBVAGULATIO. Festus nous rapporte une disposition des Douze Tables relative au cas où une personne, comptant sur un témoin pour l'assister en justice, voit ce témoin se dérober et lui refuser son concours, quand il est requis de le fournir. Cette personne doit produire sa réclamation à grand renfort de cris : «Cui testimonimn defuerit, is tertiis diebus ob portum ohvagulatutn ito »). Cette réclamation bruyante porte le nom d'obvagulatio ou de 'vagulatio 2. Elle s'accomplit devant la porte (pertus) du témoin récalcitrant, et sans doute le troisième, jour (tertiis diebus'°) après la comparution des parties devant le magistrat, au moment où le procès va se dérouler devant le juge. L'utilité de cette procédure extrajudiciaire d'appel d'un témoin est une utilité de publicité : car le témoin défaillant est, par une sorte de talion, frappé d'intestabilitas 3, et il faut que les tiers en soient avertis. P. HuvELIN.