Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article PETASUS

PETASUS (Il€iaaos). Les Grecs n'avaient pas l'habitude de se couvrir la tête dans les maisons, ni ordinal rernent pour sortir dans la ville ; mais dans la campagne et en voyage ils mettaient un chapeau. Les monuments nous montrent, ainsi couverts, des hommes de toutes conditions qui étaient exposés à affronter le soleil : paysans et bergers', chasseurs [VENATI0], pêcheurs [PISCATUBA', conducteurs de chars 3, et aussi des guerriers 4 ; les héros messager de Zeus, Hermès [MERCURIUS], portent le pétase Il était aussi à l'usage des femmes. Telle est la 8oa:a des femmes de Béotie, la aaa.a de celles de Sparte Sophocle fait paraître Ismène coiffée d'un chapeau thessalien, au moment où elle retrouve son père à Colone Il est vrai que ce chapeau est appelé par le poète xuv1 ; mais ce nom, appliqué d'abord exclusivement aux bon celui de naos qui désignait proprement une étoffe foulée, un feutre [PILEUS, coAC'rILIA] et enfin aé-caaos étaient pris de son temps l'un pour l'autre. Ce qui distingue le 7cé'maos (7tezâvvr,.it, étendre, déployer), c'est qu'il est plus étalé, soit que la forme descende tout d'une pièce assez bas pour ombrager le front (fig. 4925, 4935)', soit qu'un rebord prolonge ou contourne cette forme réduite aux dimensions d'une calotte conique arrondie ou pointue (fig. 2287, 4933, 4936, 4938, 4943, MFionnaye g. 5'Ét 4950) 8, qui emboîte la tête, ou souvent, encore plus petite, en touche seulement, sans s'enfoncer, le sommet (fig. 5605) 9. Elle est surmontée quelquefois d'une pointe ou d'un bouton (fig. 5603, 5605, 5609) d0 un ornement plus développé, comme celui du chapeau d'Arcésilas sur la coupe célèbre où ce roi est représenté (fig. 4925) 11 est tout à fait exceptionnel. On voit la calotte elle-même s'aplatir, se réduire, quand elle ne disparaît pas complètement (fig,116, 3840)t6, à une simple protubérance sem blable à l'ombilic (ô;t.paads) E3 d'une phiale [PIIIALA] :.c'est le type qui est figuré sur les monnaies d'Étolie (fig. 5606), de Thessalie S4, pays d'où le pétase était, disait-on, originaire 15, Mais on y trouve aussi figuré le pétase à grands bords (fig. 2730) que les monuments nous ont rendu familier, ceux d'Athènes en particulier (fig. 2680, 2712, 2721), où il était la coiffure des éphèbes [EPIIEBI] 11. Ce bord PET 422 PET s'abaisse ou se relève, se plie et se brise en tous sens : quelquefois il est échancré (fig. 5605 et 2287, 4944) '. Redressé devant ou derrière la forme 2, prolongé en visière en avant, il rappelle (fig. 4401, 4948, 6949) le bonnet, partout de mode au xve siècle, qu'ont popularisé les images du roi Louis XI; relevé des deux côtés, il arrive à avoir l'aspect d'un bicorne (fig. 5608, 5609)'. Au bord étaient fixées des brides, simples cordons noués sous le menton ou derrière la tête (fig. 5605, 5610, 5611) 4 pour assujettir le chapeau ou pour le retenir quand on le laissait tomber sur les épaules ; d'autres attaches en façon de poignée pouvaient avoir la même destination a. La coiffe du chapeau d'Hermès est, dans une peinture, entourée d'une ganse 6. On vient de voir (fig. 5609) un pétase orné d'une sorte de cocarde, avec un rameau d'olivier passé en travers. Le musée du Louvre possède un petit chapeau en terre cuite, provenant des fouilles de idyrina ', orné de petits Éros en relief. De pareils ornements pouvaient être appliqués par la peinture ou la broderie sur le cuir, le feutre, la paille, ou d'autres matières végétales e dont les chapeaux étaient faits. Les peintures de vases montrent des chapeaux et des bonnets dont la coiffe est blanche ou jaune et le bord noir ou rouge, d'autres qui sont tout blancs ou violets ; mais ces indications ne sont pas concluantes, si l'on tient compte de la manière conventionnelle dont les peintres céramistes se servaient des couleurs qu'ils avaient à leur disposition. Le pétase a été en usage en Italie aussi bien qu'en Grèce, et son nom a été Iatinisé Il était porté par les gens de la campagne 1Q, les voyageurs ". Auguste l'avait adopté ". A i-tome, les sénateurs furent autorisés, sous Caligula, à s'en couvrir au théâtre quand ils étaient exposés au soleil 33. Par extension, pelasus a signifié un toit rond rappe lant un chapeau par sa forme 14 [TuoLUSI, PIBner PARIS. PETAURUM (IIiraufov). 1° Juchoir pour les vo lailles (7tr2r,v2) I. Dans ce sens le mot s'écrit aussi ltE-rEUaw. Le juchoir, dit 'Varron, se compose de perches transversales (pali, perticae, mutuii), étagées les unes derrière les autres comme les gradins d'un théâtre entre la plus basse et le sol sont posées des échelles inclinées; au-dessus de la plus haute on peut encore fixer contre le mur des planches en consoles (tabulata), qui forment comme « le complément » de cet ensemble ; Varron détermine même la distance qu'il faut laisser entre les divers étages, dans la volière aux tourterelles 2° Appareil dont se servaient les acrobates pour faire des tours de voltige, Sur sa forme on a donné jusqu'ici les explications les plus contradictoires 3; l'incertitude serait en partie dissipée, si on avait observé d'abord que ce second sens est postérieur au premier (il n'apparaît que vers le milieu du n' siècle av. J.-o''.)4, et ensuite qu'il en dérive directement'. L'appareil des acrobates, comme le juchoir des poulaillers, devait se composer d'une ou de plusieurs barres transversales, fixées à une certaine hauteur au-dessus du sol et qui servaient de point d'appui ; on y accédait par des échelles° et peutêtre y avait-il aussi, à la partie supérieure, des planchers suspendus (tabulata) ; de telle sorte que dans un local couvert les acrobates arrivés au sommet touchaient presque le plafond`', et qu'en plein air ils dominaient de très haut les spectateurs. Un auteur ancien parle des exercices de deux acrobates qui se font contrepoids sur le petaurum, chacun d'eux montant et descendant par un mouvement alternatif. On en a conclu que le petaurum n'était pas autre chose qu'une bascule [oSCILLATIO] 8; mais de jeunes enfants peuvent sans risque se jouer sur une machine aussi élémentaire que la bascule ; tout nous prouve au contraire que le petaurum n'était abordable que pour des acrobates de profession, rompus depuis longtemps aux tours les plus difficiles et habitués à se donner en spectacle à la foule, Il est question aussi des « étroits sentiers » (graciles vicie) de cet appareil, où on ne pouvait s'aventurer sans une initiation toute particulière°; ailleurs nous voyons des équilibristes s'avancer au milieu des airs « sur le petaurum battu des vents », les mains et les épaules chargées de poids énormes 10. Ce qui paraît probable, c'est que le petaurum se prêtait aux exercices sans cesse renouvelés : certains acrobates se balançaient sur le petaurum, d'autres y marchaient, d'autres s'y suspendaient pour prendre leur élan L1, etc. Les petauristae fiuirauptov7:19 e) ou petauris Pausa Ais de de nettoyer ;du oeuvre PET ➢a2;â -cPHA trtt°ii l avaient en effet des talents multiples et tous les tours acrobatiques rentraient dans leurs attributions. Pétrone a mis en scène une troupe de ces baladins dans le destin rie Trima/niera ; l'un d'eux dresse une échelle et v fait grimper un enfant, qui, arrivé au sommet, chuinte des chansons, exécute des pas de danse, saute à. travers des cerceaux enflammés et porte une amphore sur ses dents ". Il y avait aussi des petauristae qui montraient des animaux savants 3. Leur nom semble donc avoir pris dans l'usage une assez large exLens ion.Peutétre conviendrait-il à cet acrobate qu'on voit sur une peintuie de vase (fig. b6I) exécuter le saut périlleux 4 Martial a décrit un exercice qui semble n'avoir aucun rapport avec les précédents ; il s'agissait probablement de lancer une perche (pelourum) à travers une roue sans la toucher Au temps de l'Empire,les exercices des pétauristes, comme ceux des bateleurs et des funambules de tout genre [cER'rues, t oxAllalLusl, faisaient ordinairement partie des spectacles que l'on offrait au peuple dans les grandes edies annuelles'. Plus ou moins soutenus par des cordes ils ont dû prêter leur concours à certaines pantomimes qui exigeaient, conformément aux données de la fable mise en action, des apparitions merveilleuses ce fut le cas de ce malheureux qui, chargé du rôle d'Icare dans un spectacle offert par\éron,vint s'abattre aux pieds de l'empereur et le couvrit de son sang G. Lar,Yi. PE+TORR1TUM, -Mot d'origine celtique, qui désignait ni, chariot a à. quatre roues ii 1 Ce mot s introduisit dans la langue laitue probablement à l'époque de la conquête de la Gaule s et fut très vite adopté par les meilleurs écrivains, sans qu'on en oubliât cependant l'origine étrangère 3. Il n'est pas sûr que le petorritum se soit distingué chez les Romains des autres chariots à quatre roues par une forme particulière; évidemment i1 était plutôt lourd, pouvait être couvert et servait au transport des personnes; c'était une voiture de voyage, assez large pour contenir une famille fiais elle semble avoir présenté beaucoup d'analogie avec d'autres, que les Romains ont aussi empruntées aux Gaulois, à savoir le ;e'l'. Er i'I.M, la exmuta,A et le e liIROs ', de sorte que petorrituett pourrait bien avoir été un terme générique servant ales désigner toutes. On attelait à ce véhicule des mulets aussi bien que des chevaux 6. Sous l'Empire on yappliquait des ornements en argent, sorte de luxe dont la Gaule avait donné l'exemple 7. GEoioer5 Lnr.nrt.. PETTEI-t (FlErr,;o, Sous ce nom générique, les Grecs 31._igna enc toute une crie de jeux, qui aient pour caract*ère, commun de e jouer avec des pions (tYETTGy i, sur un tablier divisé par des lignes cri un. certain nombre de compartiments [LATRLVCELI). G. L. d'origine grecque, dont le nom n`apparait qu'à une époque assez basse et qui fut adopté par les Romains. Les p?aaecasia étaient portés à Athènes et à Alexandrie par les prêtres et les g'rmnasiarques 2, à Rome par les jeunes gens ', les femmes', les paysans;; et les philosophes 6. C'est dire que le même nom s'appliquait à de; chaussures de genres assez divers. Comme les crépides [CREPIUAJ„ les phaeeasie allaient avec le pallium (i'SL_ LILla], le vêtement grec par excellence'. G. Lmux. PI-IAIDRYNTÈS (1 ,isovt iç). Les statues des dieux étaient, dans les temples grecs, l'objet de soins minutieux qui incombaient sans doute aux f' actionnaires commis à l'entretien des sanctuaires riz nias' nous apprend qu'à Olympie des Phidias, portant ce titre, étaient chargé. et d'entretenir en lion état l'image dr de leur glorieux ancêtre. Le mot est connu des lexicographes qui l'ont enregistré et expliqué s'est retrouvé aussi dans les inscriptions, mais seulement à l'époque romaine, et sous la forme légèrement modifiée lçzriuuT3,G'. C'est ainsi qu'à Olympie une dédicace de l'époque d'Hadrien mentionne un Titus Flavius llera.clitus, descendant de Phidias, ptcaicll/nies de Zeus Olympias'. Il est difficile de croire à l'inertie nticité absolue de tette généalogie remontant à plus tic cinq cents ans `' et l'on est plutôt amené à supposer due ces honneurs à de prétendus descendants d Phidias (latent d'une époque relativement récente. En tout cas, c'est, de l'époque impériale que proviennent les cible ip PHA PHA tions attiques mentionnant un phaidyntès de Zeus Olympien iv âctiel Il avait un siège au théâtre de Dionysos', comme le phaidyntès de Zeus iix IIeie7)ç 3. C'est aussi dans une inscription du temps de l'Empire que ,figure un phaidyntès des Déesses d'Éleusis, annonçant à la prêtresse d'Athéna que les objets sacrés arrivaient d'Éleusis avec la procession 4. Mais ici le titre pourrait bien remonter beaucoup plus haut. M. Foucart' restitue le mot dans un règlement des mystères datant du v° siècle av. J.-C. 6. Cu. MICHEL. PIIALANGA («aa,~ . Rondin de bois. On expédiait sous cette forme les bois précieux, tels que l'ébène de l'Éthiopie On appelait phalanga les rouleaux qui servaient dans les chantiers à faire avancer les fardeaux les plus lourds; c'est par ce moyen que chaque année on lançait les navires à la mer et qu'on les tirait à sec 3; par leur moyen encore qu'on approchait des places assiégées les machines et les galeries mobiles [OPPUGNATIO, p. 209], où les soldats travaillaient à couvert ; enfin, dès la plus haute antiquité, les rouleaux ont été employés à mouvoir les pierres de taille [MACHINA, p. 1463]. On conçoit aisément qu'à l'occasion ils pussent devenir des armes redoutables Ces sortes de gourdins furent considérés en général comme des armes de rencontre ou comme des armes démodées que les troupes régulières abandonnaient aux Barbares ; sur les monuments figurés, il ne manque pas de massues, auxquelles le nom de phalanga pourrait légitimement s'appliquer [CLAVA]. On en fabriqua même en métal : un bâton semblable, en fer, muni d'un anneau, a été découvert dans un tombeau de Paestum; un des murs portait une peinture, où la même arme était représentée suspendue par cet anneau à la lance d'un cavalier (fig. 5613)6 : c'est sans doute la dépouille d'un ennemi vaincu. Les rouleaux étaient fort utiles aux portefaix ; lorsqu'ils avaient de gros fardeaux à transporter, ils les suspendaient par une corde au milieu de la phalanga, dont chacun prenait une extrémité sur son épaule'. La figure 5614 reproduit un bas-relief de la colonne Trajane, où l'on voit deux soldats occupés à transporter des poutres pour un travail de fortification 6. GEORGES LAFAYE.