Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ANDROLEPSIA

ANDROLEPSIA (Avôpo),r(a). Quand un citoyen d'Athènes était mort à l'étranger de mort violente et injuste', si l'État sur le territoire duquel le meurtre avait été commis laissait le meurtrier impuni et refusait même de l'extrader, les parents de la victime étaient autorisés par la loi athénienne à s'emparer de trois citoyens appartenant à cet État'. L'exercice de ce droit était l'&o),R i iz (nommé quelquefois «vipo),Mtov). De la définition que nous venons de donner et qui repose sur le commentaire ajouté par Démosthène au texte de la loi 3, il résulte, contrairement à l'affirmation de Pollux 4, que l'«vdpoar,'4,(a n'aurait pas été possible dans le cas où un meurtrier, après avoir commis un meurtre dans l'Attique, aurait cherché un refuge dans un pays étranger. Et cela est rationnel ; car la loi athénienne permettait au coupable, déjà poursuivi devant les tribunaux athéniens, même après une première défense, d'empêcher le jugement en prenant le chemin de l'exil. N'eût-il pas été vraiment ridicule d'accorder au meurtrier le droit de se retirer à l'étranger, et de déclarer ensuite que les parents de la victime pourraient exiger de l'État dans lequel il s'était réfugié, l'application d'une peine ou l'extradition 6? Le droit d'«v3poi,74(« était accordé, quelle que fût la nationalité du meurtrier. Était-il admis lorsque la victime était un isotèle, un métèque, ou un esclave athénien? M. Weber répond affirmativement ; en l'absence de textes précis, il nous paraît prudent de réserver notre jugement. Les seuls parents qui eussent la faculté d'«v'epo)(r.(a étaient les parents vTi; «ve~tôstifioç 7. L'évôpoar,J,(a pouvait-elle avoir lieu indistinctement sur le territoire de tout peuple étranger? La loi citée par Démosthène ne fait aucune distinction, et l'orateur semble admettre qu'elle s'applique à tous ceux 7«p' 0Sç âv Tà 7téOoç'çév Tat B. Cependant Meier et M. Weber croient qu'il faut AND distinguer. D'après M. Weber 9, l'«vôpm) (a n'était permise que chez les peuples qui étaient engagés avec la république d'Athènes par des traités internationaux. Meier donne une solution diamétralement opposée : en effet, dit-il, si un traité était intervenu entre Athènes et l'État étranger, il suffisait de se prévaloir du traité; sans doute, si les magistrats étrangers refusaient d'en tenir compte, ce refus entraînait l'annulation du traité, et l'«vpo),MJ(« redevenait possible, parce qu'on était replacé sous le droit commun des peuples avec lesquels aucune convention diplomatique n'avait été faite 10. Que devenaient les trois étrangers saisis par les parents de la victime? Il est probable qu'ils étaient traduits (levant les tribunaux d'Athènes ". Pollux présente, en effet, l'«vôpo),r4(a comme une procédure particulière 12, et l'Etymologicum magnum la définit une espèce d'action : aiim; éyxaiua'roç. Nous ignorons toutefois les particularités de cette procédure et les peines auxquelles étaient exposés les défendeurs, innocents du crime pour lequel ils étaient inquiétés. Pollux nous dit seulement 13 que celui qui avait eu à tort recours à l'«vôpoarI'ita n'échappait pas à la responsabilité de son acte; les étrangers injustement enlevés pouvaient sans doute lui demander des dommages et intérêts "°. L'institution que nous venons de décrire se rattache évidemment aux anciennes idées religieuses des Grecs. Il faut, disait la religion, que tout meurtre soit expié; autrement la victime poursuivra de ses imprécations les parents impies qui négligent de la venger. Lorsque l'État sur le sol duquel le crime a été commis refuse de poursuivre ou de livrer le meurtrier, il se rend en quelque sorte complice du meurtre et il faut qu'il en subisse la peine. Seulement, comme il ne peut pas être traduit directement devant les tribunaux, on l'y fera représenter par un ou plusieurs de ses membres'". Avec le temps et les progrès du scepticisme, cette poursuite dirigée contre des innocents dut tomber en désuétude; cependant Démosthène déclare encore que la loi sur l'«vipo),74Ma lui paraît une des plus belles et des plus justes lois de la République athénienne. E. CAILLEMER. ANDROMEDA(Avôpogéla).-Andromède, fille de Céphée, roi d'Éthiopie, et de Cassiopée. Cassiopée avait osé se vanter de l'emporter sur les Néréides en beauté. Tant d'orgueil irrita les filles de la mer et Neptune lui-même. Non content de submerger le pays, le dieu envoya un monstre marin pour le ravager. L'oracle d'Ammon consulté répondit que le fléau cesserait si Cassiopée livrait Andromède, sa fille, au monstre comme une proie. Contraint par son peuple d'obéir à l'oracle, Céphée fit enchaîner Andromède à un rocher. C'est là que Persée l'aperçut : il en devint amoureux et promit, si on la lui donnait pour épouse, de tuer le monstre : à cette condition l'Éthiopie fut délivrée Ce mythe était de nature à attirer les artistes: il est plastique, et, ce qui est assez rare dans la haute antiquité, il est chevaleresque; aussi les monuments qui s'y rattachent sontils assez nombreux. Nous citerons en première ligne un AND 269 -ANG bas-relief du musée du Capitole «fig. 323); il rappelle une épigramme d'Antiphile 3 et ces paroles de Lucien °, dont le vif esprit paraît toujours frappé des beautés de l'art : «Per sée détache les liens de la jeune fille et lui présente la main pour l'aider à descendre sur la pointe de ce rocher glissant. » A côté se placent trois autres bas-reliefs, en marbre comme le premier, l'un au musée de Naples 5, le second dans une des cours du palais Mattei c; le troisième a été publié par Inghirami 7. On voit la même scène représentée dans un bas-relief en terre cuite, provenant de la collection Campana, au Louvre 3. D'assez nombreuses peintures d'Ilerculanum et de Pompéi , nous montrent la délivrance d'Andromède 9, et dans ce nombre il en est deux dans lesquelles l'artiste e donné pour témoins à cette scène les nymphes de la mer. D'autres peintures 1° nous montrent une tradition moins connue du même mythe : Andromède et Persée sont assis au bord d'une fontaine; la fille de Céphée regarde dans le miroir des eaux la tête de la Gorgone, suspendue à un arbre ou dans la main de Persée. Nous signalerons encore trois peintures de vases''. Deux de ces peintures font partie de la collection Santangelo au musée de Naples 12. La troisième appartenait en 1838 à un particulier de cette ville. L'une des peintures du musée Santangelo a été publiée par Raoul Rochette. Cette peinture est d'une exécution barbare. CiIons encore une médaille de la ville de Deltum, dans la Thrace13. Persée délivrant Andromède est un des sujets de peinture dont Philostrate l'ancien nous a donné la description34; mais cette composition s'éloigne singulièrement des bas-reliefs du Capitole et des peintures de Pompéi. Là, suivant Philostrate, Persée à bout de forces était couché à terre et tout souillé du sang du monstre qu'il avait vaincu. On voit aussi Andromède enchaînée et son libérateur auprès d'elle sur des cistes gravées 75. ERNEST VINET.