Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ANGIPORTUS

ANGIPORTUS ou ANGIPORTUM. -Ruelle étroite entre deux rangées de maisons 1. Cette ruelle pouvait n'avoir qu'une seule issue, ou conduire, comme une impasse, à une seule maison. Le nombre de ces maisons paraît avoir été très-considérable à Rome D. RAMÉE. ANGITIA.-Déesse des Manses qui habitaient auprès du lac Fucin. Des débris de constructions subsistant encore dans le petit village de Luco, et ce nom même, dérivé de locus, sont des monuments du culte qu'ils lui rendaient clans des bois sacrés'. Ils l'invoquaient comme une déesse des guérisons, qui leur indiquait les simples salutaires dont leur pays est riche et dans la connaissance desquels ils se piquaient d'exceller'. Ce pays abonde aussi en serpents dont ilssayaient conjurer la morsure par l'usage de ces herbes et par leurs incantations. C'est peut-être pour cette raison que le nom de la déesse, qui est Angitia ou Ancitia dans les meilleurs manuscrits et dans les inscriptions 3, a été quelquefois écrit Anguilla, et que des mythologues modernes en ont fait une déesse des serpents ; et de là sans doute aussi viennent les récits anciens qui la confondent avec la Médée grecque 4. Elle a aussi été identifiée avec la Circé de Circeü, dont le fils aurait clé l'auteur de la race des Marses. E. SAGLIO. ANNA PERENNA. Déesse romaine dont la fête, célébrée aux ides de mars' (15 mars), dans le bois qui lui était consacré près du Tibreparaît avoir été, à (tome, la fête du printemps. Le peuple répandu dans le bois, assis sur l'herbe par couples, quelques-uns sous des tentes ou sous des cabanes de feuillage, buvait, chantait et dansait, en s'abandonnant à une grande liberté. Ovide, qui nous a laissé de cette fête une peinture animée', confesse que de son temps on ne savait déjà plus qui était Anna Perenna. Les érudits rattachant ce nom à la tradition troyenne, alors à la mode, en fai' antde la soeur de Didon, la reine de Carthage. Après la mort de celle-ci, elle serait venue en Italie et aurait été favorablement accueillie par Énée ; mais effrayée par la jalousie de Lat inia elle se serait précipitée clans les eaux du Numicius "°. C'était là une interprétation de récente origine, mais le culte d'Anna, comme nymphe, était ancien à Lat inium auprès du Numicius, aussi bien quà Rome auprès du Tibre ; on l'honorait en mars, précisément au temps où les sources recommencent à couler et où les cours d'eau se remplissent'. D'après un autre récit, que rapportele même poëte', Anna était une vieille femme de Bot illae, qui, lors de la retraite des plébéiens sur le mont Sacré, les avait nourris en leur distribuant chaque jour les gâteaux (lita) cuits par elle : on lui avait élevé des autels. Dans cette tradition on reconnaît la trace d'un culte rendu à une déesse de la plèbe et à une déesse nourricière. On ajoutait, pour expliquer les chants très-libres que se permettaient les jeunes filles à l'ocasion de la même fête', qu'Anna, prise par Mars pour confidente de l'amour qu'il ressentait pour Minerve, s'était substituée à celle-ci, et avait réussi à tromper le dieu. Minerve est ici confondue avec la déesse sabine Neri). On disait encore «p mat'a Perenna était Thémis, la mère des Heures; ou bien Io; ou bien encore une Atlantide, nourrice de Jupiter'. Pour d'autres (et cette opinion n'est pas en désaccord avec les précédentes), elle était la Lune, et les évolutions de cet astre seraient une explication naturelle des légendes où elle apparaît tour à tour jeune et vieille. On fait remarquer que son nom répond au grec ia xai osé (la vieille et la nouvelle lune) 10 ; ivoç, est la même chose qu'annus : Anna Perenna serait la déesse des années, à laquelle on sacrifiait pour en obtenir un grand nombre. Les sacrifices des ides de Mars étaient publics et privés 'l. La tête de femme diadémée qu'on voit à la face des monnaies de la famille Annia " paraît être l'image d'Anna Perenna, adoptée par allusion à ce nom. E. SACcLio.