UTRICULARIUS
UTRICULARIUS 1. Ce mot, qui se rencontre dans un texte littéraire unique avec le sens de joueur de cor
p. 3151 parce que la cornemuse ressemblail, à une outre, ou même parfois en était une -, figure dans un groupe d'inscriptions dont l'interprétation de
meure très contestée. Seul M. O. Ilirschfeld a voulu voir dans les collèges d'utriculaires qu'elles mentionnent des sortes d' « orphéons » municipaux, ne jouant que de cet instrumenta. On a également traduit: marchands et fabricants de cornemuses`; mais l'emploi musical de l'outre est exceptionnel ; les peaux de bêtes servent surtout de récipients. On a donc proposé encore : négociants en vins, huiles ou autres liquides transportés dans des outres': un commerce si bizarrement spécialisé est peu concevable. Aussi l'opinion qui avait trouvé le plus de faveur, jusqu'à ces derniers temps, est celle d'A. de 13oissieu0, pour qui les utricularii étaient des fabricants d'outres 7 ; cette hypothèse soulève pourtant de fortes objections. D'abord ils sembleraient, chose étrang,e, ne fabriquer que de « petites » outres, car les gloses a
rapprochent ücxonot6 et utrarius (non utricularius). Et puis ces utricularii, groupés en corporations, et qui avaient, paraît-il, pour insignes des tessères de bronze destinées à être portées sur les vêtements (fig. 7'211) t, se rencontrent presque tous dans le sud-est de la Gaule: à Lyon", Vienne3, Arles, Antibes et ses environs', Riez6, Montélimar', Nimes R, Cavaillon et Narbonne d'après les tessères, puis dans quelques localités avoisinant la Camargue" et enfin près de la basse Saône 10. 11 est inadmissible qu'une industrie aussi simple que la fabrication des outres ait été presque limitée à ces contrées, car on trouve seulement deux autres mentions d'utriculaires en Dacie", oit le commerce des vins ou de l'huile n'a jamais été florissant t2. D'autre part, les utriculaires et leurs patrons appartiennent quelquefois en même temps à un collège de nautes, ce qui donnait à penser à J. Spon 13 et à Muratorif4qu'il s'agit là de bateliers se servant de barques en forme d'outre. Mais on se représente assez mal de telles barques, et si les « nautes » en avaient de différentes pour l'aspect, en quoi cela pouvait-il séparer les intérêts et les collèges? Les localités énumérées ci-des
sus sont généralement sur un rivage, au moins à proximité d'étangs ou de marais peu profonds, se prêtant à un genre de navigation particulier. M. de Villefosse fait encore remarquer qu'un bas-relief, trouvé naguère en Vaucluse, nous montre les expéditions d'un gros marchand de la région : sa péniche contient tonneaux, amphores, grands vases de verre, pas une outre 15. Tous ces faits rendent très vraisemblable l'opinion que Chr. G. Schwartz avait déjà émise15 et que Calvet" appuya d'arguments très sérieux : les utriculaires naviguaient sur des radeaux soutenus par des outres, comme les Assyriens sur le Tigre [LITER]. L'absence de tout nom de rivière, à la suite de leur qualification, n'est point embarrassante; elle portéà admettre qu'ils se bornaient à un parcours très restreint, tout près du point d'attache. Rien n'indique, en vérité, si ce mode de navigation est antérieur, en Gaule et en Dacie, à l'occupation romaine, mais il dura longtemps encore ", à moins que le mot n'ait survécu à la chose, alors qu'on ne se servait plus que de barques ordinaires.
VAC 618 VAD