APATURIA (Aircero pta). Fête dont une tradition athénienne rapportait l'origine à la guerre des Athéniens et des Béotiens en l'an 1100 avant notre ère. Son nom venait, disait-on, de la ruse («77'c) par laquelle le Messénien Mélanthos s'était débarrassé du roi des Béotiens Xanthios, en combat singulier, et à laquelle il avait dû la royauté. On expliquait par les mêmes récits le sacrifice offert dans cette fête à Dionysos Mélanaigis : c'était lui qui, au moment du combat, disait-on, avait favorisé Mélanthos, en apparaissant couvert d'une peau de chèvre. Celui-ci reprocha à son adversaire de s'être fait assister d'un compagnon, et au moment où il se retournait, le tua '.
Cette légende, quelle que soit son origine, n'a été rattachée que par l'étymologie populaire à la fête des Apaturies, qui était à Athènes la fête des Phratries. II n'est pas douteux que le nom «7tx'rodpta (modification légère de «7taTiplx pour âµxmierdpta) ne soit tiré de celui du jour où les membres de chaque phratrie s'assemblaient dans une localité affectée à cet usage (cpp«Tptov), pour y traiter de leurs affaires communes A Athènes, à la vérité, les phratries ne représentaient plus une division politique : ces assemblées avaient un caractère purement religieux et ne touchaient aux intérêts publics que par l'enregistrement des enfants nouveau-nés qui avait lieu à cette occasion. Mais cette
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fête continuait à former un moyen d'union entre les villes ioniennes de l'Asie, qui toutes y prenaient part, excepté Colophon et Éphèse, exclues anciennement, à la suite d'un meurtre '. Elle se célébrait encore à Trézène à Samos', à. Chios °, à Cyzique et jusque dans la ville de Phanagorie, en Scythie 8.
A Athènes, la fête avait lieu dans le mois de Pyanepsion et durait trois jours, dont la date n'est pas connue exactement'; ils auraient, s'il fallait en croire Hésychius 10, été suivis d'un quatrième appelé Éai6Sa; mais ce nom désigne, d'une manière générale, le lendemain de chaque fêle. Les préparatifs de la fête étaient faits plusieurs jours d'avance ". Des trois jours consacrés à la fête elle-même, le premier s'appelait 10p7te(01ou iop7t(a n, à cause des repas où on avait coutume de se réunir le soir, et auxquels devaient pourvoir les 7tporévOat, 7tpoyeüar01t, i7t:IdeX.11Ta( choisis pour faire ces apprêts; parmi eux les olvd7tTat avaient plus particulièrement la surveillance des vins 13 Le principal sacrifice avait lieu le deuxième jour, appelé Avâguctç (on faisait dériver ce nom de âvtesty qui indiquerait le mouvement par lequel on tirait la tête de la victime que l'on allait abattre 74). Les frais de ce sacrifice étaient payés par l'État, et c'est pourquoi les grammairiens rangent les Apaturies parmi les fêtes publiques (I ore),ç iopn]) n. Le troisième jour, les pères ou leurs représentants (xuptot) amenaient les enfants légitimes nés dans l'année, pour les faire inscrire sur les registres de la phratrie. A cet effet, celui qui présentait l'enfant commençait par offrir une brebis ou une chèvre que l'on sacrifiait sur l'autel de Zeus Phratrios et d'Athéné Phratria, placé dans cette enceinte 16. La victime s'appelait xoupeiov n, parce qu'elle était offerte pour des enfants (mûe pot, xoûpat), et pour la même raison, le jour s'appelait épe4a xoupaî riç 1°. Une autre explication, d'après laquelle ce nom viendrait de ce que les jeunes gens se coupaient les cheveux à cette occasion pour les offrir aux dieux, paraît moins probable 19. Le même sacrifice s'appelait encore f,.eiov, nom qui, selon les uns, est le comparatif de fa.txpdç (petit) appliqué à la victime 20; mais qui, selon d'autres, signifie qu'elle était âgée d'un mois (ue(ç) 21. Celui qui l'amenait, s'appelait LoIayulyds. Si quelqu'un s'opposait à l'enregistrement de l'enfant et que ses raisons fussent agréées par l'assemblée, on renvoyait la victime de l'autel 22 Au contraire, s'il n'y avait point d'empêchement ni d'opposition d'aucune sorte, le père était admis à affirmer par serment la légitimité de l'enfant 23, et l'on procédait au sacrifice. Cette cérémonie terminée, les membres de la phratrie déposaient leurs suffrages sur l'autel de Zeus, et si la réception de l'enfant était refusée à la majorité des voix, le père pouvait porter plainte devant les tribunaux. S'il obtenait gain de cause, non-seulement l'enfant devait être reçu, mais de plus ceux qui s'y étaient opposés, devenaient passibles d'une amende 94.
Au contraire, si l'enfant avait été reçu, son nom avec celui du père était inscrit dans la liste des membres de la
phratrie (ppaTOptxiv ypa,a. aTeiiy 5z), après quoi la viande qui restait du sacrifice était distribuée avec du vin (Ois; -7i;pta 28) aux assistants. Il était d'usage aussi, ce jour-là, de faire réciter aux garçons en àge d'aller à l'école, des pièces de vers apprises par coeur et de distribuer des prix aux plus habiles 27. D'autres réjouissances et sacrifices avaient encore lieu alors, entre autres une course aux flambeaux accompagnée d'hymnes en l'honneur d'Héphaistos, où l'on avait l'habitude de paraître avec ses plus beaux habits 2t.