Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article AUTONOMOI

AUTONOgOI (Aûrévopot).Ce nom, à ne consulter que son étymologie, ne devrait être donné qu'à des États complétement indépendants 1. Mais, à Athènes comme à Rome 2, il était employé dans une acception spéciale et quelque peu mensongère (nugatoi'ia). Les États autonomes (ciè é'.ouot) étaient des États qui reconnaissaient la suprématie de la république athénienne, et qui lui étaient attachés par une alliance obligatoire et permanente ; toute tentative faite par eux pour secouer le joug d'Athènes était sévèrement réprimée. Seulement ces États jouissaient de plusieurs faveurs refusées aux autres États alliés, appelés îxr',xoot, et, grâce à leurs priviléges, ils s'imaginaient avoir Les petits États, alliés permanents d'Athènes, formaient, en effet, deux catégories; l'une comprenait les États dits autonomes, l'autre les États dits dépendants. Les États dépendants étaient soumis à la juridiction d'Athènes ; toutes les affaires, soit criminelles, soit civiles, qui avaient un peu d'importance, devaient être jugées par les tribunaux athéniens. On comprend aisément tout ce que cette obligation avait de vexatoire et de blessant pour l'amour-propre des alliés. Elle les astreignait à des voyages fatigants et à des dépenses dont les Athéniens profitaient exclusivement : elle ralentissait le cours de la justice ; elle était surtout le signe manifeste de la dépendance et presque de la servitude. Xénophon a pu dire que le peuple athénien, en obligeant les alliés à venir plaider devant lui, les avait faits ses esclaves (o€ auv,u.ayot oû}ot fou î o.ou') ; aussi y avait-il beaucoup de doléances. Isocrate, si jaloux cependant de l'honneur de son pays, était obligé d'avouer que les jugements rendus dans les procès des alliés n'étaient pas toujours à l'abri de la critique 3. Les États qui avaient obtenu l'autonomie étaient exemptés de cet te sujétion; ils avaient une juridiction propre. Première différence, à laquelle les Grecs attachaient un grand prix°. Quand il y avait lieu d'entreprendre une guerre ou de conclure une paix, les États alliés qui jouissaient de l'autonomie étaient consultés et prenaient part aux délibérations, au moins pour la forme, tandis que les alliés dépendants (b:i:,xoot) étaient tenus de se conformer sans discussion à la résolution adoptée par les Athéniens'. Dans les États dépendants, les Athéniens envoyaient des magistrats chargés de représenter la métropole, les é75isx077ot ou aéàsxEçe et les xpu7t'roi s. Rien n'autorise à croire qu'Athènes ait entretenu les mêmes fonctionnaires dans les Etats autonomes ". On peut signaler, au moins en principe, une autre différence caractéristique. Les États autonomes fournissaient à la république des vaisseaux et des marins 11, tandis que les États dépendants payaient un tribut,dontAthènes avait la libre disposition, et qui, au lieu d'être affecté à des préparatifs de défense, fut souvent employé à des travaux de construction et d'embellissement. Nous devons toutefois faire remarquer que l'autonomie exista quelquefois au profit d'États qui étaient obligés de payer un tribut1', et réciproquement il arriva souvent que les V7C7,xo0t furent requis de fournir un service personnel ". A ce point de vue, la distinction des États manquait parfois de netteté. Le nombre des États a3'r6vou.ot alla toujours en diminuant et presque tous devinrent i7r4xoot. Les uns se lassaient de fournir des vaisseaux et des marins et aimaient mieux payer des redevances en argent. D'autres s'insurgeaient pour échapper à la domination d'Athènes, et, quand leur révolte était comprimée, la république leur enlevait les priviléges dont ils avaient joui jusque-là. Au commencement de la guerre du Péloponèse, il n'y avait plus que trois alliés qui eussent conservé leur autonomie : Chios, Mytilène et Méthymne; Mytilène elle-même ne tarda pas à la perdre 1`. On pourrait également citer des États qui, de dépendants, devinrent autonomes"; mais cette transformation ne fut pas librement consentie par les Athéniens ; elle leur fut imposée par les Spartiates. En 405, la grande défaite d'A:gos-Potamos, qui anéantit l'empire athénien, lit disparaître l'intérêt qui s'attachait à la distinction en deux classes des alliés d'Athènes. E. CX5LLGmEu.