Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article BRAURONIA

BRAURONIA (Bpaup,5vta). Il y avait chez les Athéniens, deux fêtes de ce nom, l'une célébrée par les femmes seules, en l'honneur d'Artémis Brauronia, l'autre mêlée de rites orgiastiques et dionysiaques, célébrée par les hommes aussi bien que par les femmes. On ne sait pas exactement si ces deux fêtes avaient lieu ensemble, ni à quelle époque de l'année elles se célébraient 1 ; il est pro BRE -749 BRE bable que c'était au printemps Ce qui est certain, c'est qu'elles revenaient tous les cinq ans (SA 7tEVTIXET7jpoÛç zpÔsou), et qu'elles se trouvaient placées sous la surveillance de La fête célébrée en l'honneur d'Artémis Brauronia, était ainsi appelée du nom du bourg de Brauron, dans le voisinage duquel se trouvait le plus ancien temple de cette déesses ; elle en eut ensuite un à Athènes même, dans l'enceinte de l'Acropole [ACROPOLIS]. C'est dans le premier de ces temples que l'on conservait l'image d'Artémis Taurique, rapportée de la Tauride, selon la légende, par Oreste et Iphigénie 5. La principale cérémonie de la fête d'Artémis était une procession de jeunes filles âgées de cinq à dix ans, habillées de vêtements couleur de safran, qui allaient de la ville au sanctuaire de la déesse e, ayant à leur tête une prêtresse et conduites parleurs parents, qui faisaient pour chacune d'elles le sacrifice d'une chèvre'. C'est sans doute pendant la procession d'une de ces fêtes qu'eut lieu le rapt des jeunes filles de la contrée par une troupe de pirates de Lemnos 8. Quant à l'origine de la fête, Suidas raconte que, dans un bourg de l'Attique, on gardait un ours apprivoisé, qui circulait librement. Une jeune fille l'ayant maltraité en jouant avec lui, fut déchirée. Ses frères, dans leur douleur, percèrent l'ours de coups de lance ; aussitôt une maladie pestilentielle survint à Athènes. Les habitants ayant consulté l'oracle, celui-ci répondit qu'ils seraient délivrés du fléau, si, à la place de l'animal tué, qui appartenait à Artémis, ils consacraient leurs filles. Dès lors aucune fille ne fut donnée en mariage avant d'avoir été, sous la forme d'un ours, consacrée fictivement à la déesse pendant les années qui s'écoulaient jusqu'à la fête suivante. Les filles étaient appelées dans cette occasion âpx' oi (ours) 10. Il est probable qu'elles recevaient pendant la fête la ceinture dont elles faisaient plus tard offrande à la déesse avant leur mariage 11. Le rite lui-même se nommait âpx,rEite ; consacrer se disait «pwrEUEty, et aussi SEx«re;eLv à cause de l'âge qu'avaient la plupart des enfants qui prenaient part à la cérémonie 12 et célébrer la fête âpxTEÛEVeat. Il est inutile de demander si ce récit est appuyé sur un fait réel ; ce qui paraît en ressortir clairement, c'est que le rite appelé etpKTcé0;v n'était que le dernier vestige de sacrifices humains semblables à ceux dont on retrouve ailleurs encore la trace dans un temps très-ancien". II. Tout ce que nous savons de la fête dionysiaque appelée Brauronia, c'est qu'elle avait un caractère fort licencieux: les hommes s'enivraient et cherchaient à enlever les femmes 14. Hésychius n dit aussi qu'on avait l'habitude de faire réciter ce jour-là, par des rhapsodes, les poésies•d'Homère. HUNZIKER.