AERARIUM MILITARE. Trésor spécial institué par Auguste en l'an 6 après Jésus-Christ. Ce fut d'abord une caisse de retraite pour les soldats, dont le service avait été limité l'année précédente à vingt ans pour les légionnaires, et à seize pour les prétoriens 1. Cette institution paraît avoir été promptement généralisée; d'après Dion Cassius et Suétone, l'aerarium militare aurait été dès l'origine destiné à subvenir à l'entretien des troupes et aux récompenses qu'on
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était dans l'usage de leur accorder 2. Il fut alimenté par 1 divers impôts de nouvelle création, et d'autres ressources. Ainsi d'abord Auguste attribua à cette caisse une contribution déjà établie transitoirement par les triumvirs, puis devenue permanente, consistant dans le vingtième prélevé sur les hérédités et les legs, lorsque le défunt était citoyen romain [vIcEsIMA HEREDITATUM] 2. On y joignit un droit sur le produit des ventes aux enchères pusur le prix de vente des esclaves [QuINQUAGEsIMA] 4. En outre, l'aerarium militare recueillait naturellement le butin fait à la guerre [PRAEDA], et l'empereur pouvait aussi lui attribuer une partie du produit des confiscations [CCONFISCATIO] L'administration de cette caisse fut confiée à des praefecti ou praetores aerarii milituris6, d'abord pris parmi les anciens préteurs (praetorü), et tirés au sort, et plus tard nommés par le prince; ils perdirent alors le droit qu'ils avaient précédemment de se faire accompagner par deux licteurs'. Ils étaient nommés pour trois ans
L'empereur disposait entièrement du trésor de l'armée, comme chef militaire chargé de pourvoir à la solde et à l'entretien des troupes, et aux frais de la guerre en général. Du reste, l'État avait des magasins, des arsenaux et des dépôts d'armes dans trente-quatre cités °, et il ne faut pas oublier que presque dans tout l'empire les troupes étaient entretenues aux dépens des provinces. Plus tard, l'aerarium militare, à raison même de son insuffisance, tendit à se confondre avec l'aerarium Saturni; on le trouve mentionné pour la dernière fois sous Héliogabale'°; cependant, sous Constantin, on voit reparaître une institution analogue, l'arca praefecturae [ARCA]. G. HUMBERT.
AERARIUM PRIVATUM. Trésor privé.A l'époque de Constantin, le trésor public était appelé indifféremment fseus, ou sacrae largitiones, ou aerarium sacrum; mais on en distinguait soigneusement le domaine de la couronne (aerarium privatum, privatae largitiones), qui avait sa caisse séparée '. A ce trésor privé appartenaient les biens appartenant autrefois à l'AGER PUBLICUS, ou correspondants, et qui étaient concédés à des colons (colons), ou donnés à bail ou en emphytéose, ou enfin livrés au pâturage, (fundt reg privatae)'; en outre les immeubles spécialement affectés à fournir aux besoins du palais impérial (praedia tamiaca, praeclia rei dominicae ou doms Augustes) 3, des palais, et même des haras et des troupeaux 4; puis le domaine privé proprement dit, ou patrimonial des empereurs qui fut administré séparément depuis Anastase; enfin, les biens confisqués sur les criminels [BONA DAMNATORUM], et les choses vacantes ou les successions en déshérence'; quelquefois cependant une portion en fut attribuée à l'aerarium sacrum ou à l'area prae{ecturae [ARCA] 6. L'ensemble des revenus de ce domaine privé était consacré aux dépenses de la couronne, et spécialement à celles de la cour impériale. L'administration supérieure de la res privata apparte
autour de lui un of/icium considérable et suppléé dans les
provinces par des RATIONALES et PROCURATORES 10. Les pre
miers, chargés des écritures et de la comptabilité locale possédaient aussi un officium composé d'employés nommés caesariani id. La surveillance des haras, des bergeries et des palais impériaux était confiée à des comites'a provinciaux. Anastase confia le patrimoine privé au connes patrimonii t3. La rentrée des revenus du domaine, après diverses vicissitudes, fut opérée par les recteurs des provinces [PROVINCIA], qui employaient à cet effet un tabularius et des susceptores, chargés de verser les recettes dans les caisses des préposés du domaine [ARCARII] n. Les dépenses étaient ordonnées par le comte du palais (cornes castrensis), qui passait les marchés pour le service de la cour 18, revisait et faisait payer les comptes par l'intermédiaire de son nom
breux officium 17. G. HuMnERT.